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^ '■ ^ i V
5fi
BULLETIN 6ÉNËRAL
THÉRAPEUTIQUE
MEDICALE ET CHIRURGICALE.
PARIS. — TYPOGRAPHIE A. HEMNUYER, RUE DU BOULEVARD, 7
BULLETIN GÉNÉRAL
DE
THÉRAPEUTIOlt;
MÉDICALE ET CHIRURGICALE
■•■>■
J :> -/ ^"^
BECDEIL PRATIQUE
PTOLIÉ
PAR LE DOCTBIJR FËLIX BRIGHETBAU
Chef de clinique médicale à la Facalté de médecine.
Ancien interne des hôpitaux de Paris,
Lauréat de la Faculté de médecine de I^aris, Vice-Présideni de la Société anatomique.
Secrétaire général de la Société médicale d'obserTation,
Membre de la Société d'hydrologie et de la Société d'anthropologie ,
Rédacteur en chef.
TOME QUATRE-VINGTIÈME
PARIS
AU BUREAU DU JOURNAL
RUE THÉRÈSE 9 5*
1871
i
— 6 —
savants, pas plus quç ceux qui précèdeatf Q^ donnent dans leur
mémoire le détail d'eipërienees précises qui puissent légitimer
cette assertion.
En présence de ces résultats contradictoires, nous avons pensé
qu'il fter»it intér^stint d« faire depouyellei redurchei sur le léné,
notammfnt à$ (l^tormioer |a pâture duporpf ou de$ corpi auxquels
il faut attrfbutr les propriétés purgatives de ce précieux médica-
ment.
Âpres quelques essais préliminaires qu'il est inutile de rappor-
ter ici^ voici la marche que nous $ivpns suivie dans ces recherches
délicates.
Un kilogramme de sépé de h V^\t&, PSond^ d'&rguel^ est traité
par dix fois son poids d*eau distillée bouillante; après vingt-
quatre heures d'infusion^ la masse est exprimée, et le liquide filtré
est évaporé au bain-marie de manière à obtenir 2 litres de pro-
duit. On y ajoute alprs squ volume d'alcool ordinaire« ce qui donne
lieu à la formation d'un abondant précipité que Ton recueille à
part. Le liquide, débarriij^^é d€ C^ priucipd ^i ramené au poids de
i J^ilo^r^mne par ^vtporatioo Wfê, désigné îei sous la nom de
Uquiiê êxtraeiif. C'est ee produit qui nous servira % prép^er»
d'une part^ la cathartine de Lassaigne et Feneulle , d'autre part
Ymàê iQfttblLrtiqttO de Oragendorff et Kubly.
Caeî i^é, npufl allons «xamio^ «ueeessÎTeralent dans ce mé-
moire :
i« La matière mueiUginftuse^
8* Lkt liquide cxiraotif ;
3* lift eathArttiia dit L^ssaigiift et 7en«ulle;
1* Uha raatièn peuvelle (catharto-raannite T) ;
5*» L'acide catharti que ;
0"» I/acidfi ehrysaphanique du i^né.
I. — HATIÈRX HUCILAGmEUSB.
La m^tièrd muaîlagiueuse existe en grapde quantité dans le
s^ué^ Q9X ^^luî-ci en contient râyiron la dixième partie de son
poids. Elle se sépare immédial^mepl Iprsque l'on ajoute à une in-
fuiion ^xmnivé^ 4^ féné «on volume d^aleool ordinaire ; par le re-
ppf aW^ sa rassemble à la iiurfaee du liquide ; on l'enlève avec faci-
lité et on la lave à plusieurs reprises avec de l'alcool pour U
débarrasser du liquida çxtr^^tif qui l'ioïprègnef &I la d}»/M)Want
M
«nsuite dans son Tûlume d'eau distillée, on obtient une solution
un peu louche et filante, d^une saveup mucilagineuse nullement
araère. G'e^t cette solution qui a été tout d^abord expéviœentéa; et
qui nous a donné les résultats suivants :
Effets physiologiques. — Nous avons donné la matière mucila-
gineuse du séné à quîfi|(§ çpfântg d§ fiii^q \ treize ans, à la dose
de 5 grammes^ de 6 grammes, de 10 et de 45 grammes.
Huit fois, o'est-à-dire dans la moitié des cas, il n'y a eu auoun
effet purgatif, et ches deuide ces enfants qui n'ont pas été purgés^
il y a eu seulement quelques coliques. A part cela, nous n^avons
observé aucun trouble appréciable de fièvre ni perte d^appétit.
Chez les sept autres enfants , il y a eu un léger effet purgatif earaor
térisé par une seule évaouatlon boueuse chez trois, et par deux à
qnatpci évacuations liquides jaunâtres chez les autres, mais auoun
de ces malades n'a eu de fièvre.
'Voulant coraparev Taetion purgative de cette matière mucila-
gineuse retirée du yéné au liquide extraetif dont nous parlerons
plus loin, voici oe que nous avons fait dans les deux cas 3
SuF un premier enfant de douze ans qui avait pris successive-
ment 6 grammes de matière mucilagineuse^ et le lendemain
40 grampies sans éprouver d^efifet purgatif, nous avens doniié le
troisième jour, 10 grammes de liquide extraetif, et nous avons
ainsi obtenu deoi évacuations liquides sans coliques ;
Sur un autre enfant de quatorze ans, après avoir donné la na-
tière mucilagineuse à 15 grammes, qui n'avait produit qu^une selle
demi-liquide, aous avons fait prendre le lendemain 15 grammes
de liquide extraetif. Il en est résulté alors une petite purgation ca-
ractérisée par cinq selles liquides et quelques coliques.
D sembla donc que si la matière mucilagineuse du séné ren*
ferme quelques-uns des principes purgatifs de la plante, son action
purgative n'est pas très-marquée, puisque à la dose de 15 gramnies
elle peut ne rien produire, et que sans dépasser cette dose, lorsr
qu'elle agit, cela ne va jamais jusqu'à déterminer d'abondaptes
évacitations. Remarquons, du reste^ qu^ 15 grammes de ce pro-
duit répendent à 150 grammes de séné.
On s'explique d^une manière très-simple comment la matière
mucilagineuse du séné peut exercer parfois une légère action purr
gitive* En efiet^ lé produit de DragendorfiT et Kubly, qui est pur-
gatify Comme on le verra, est insoluble dans Talcool concentré ;
•n eonfdit des 1ers qu'une petite quantité de ee produit puisse
— 8 —
accompagner h matière mucilagineuse et qu'il soit difficile d'en
priver cette dernière d'une manière rigoureuse.
En résumé, cette matière mucilagineuse ne doit pas être re-
gardée comme Tun des principes purgatifs du séné.
II. — LIQUIDE BXTRàCTIF.
L'infusion du séné, privée par l'alcool de la matière précédente,
a été évaporée au bain-marie à une douce chaleur, de manière à la
débarrasser en grande partie de l'alcool et à obtenir finalement une
quantité de liquide égale au poids de feuilles primitivement em-
ployé.
Le liquide ainsi obtenu, d'une couleur jaune brun foncé, pos-
sède une saveur amère, légèrement nauséeuse. Il ne précipite ni
par l'eau ni par l'alcool ; ordinaire, mais il donne un précipité
abondant par Talcool absolu^ comme nous Tindiquerons plus loin.
Effets physiologiques. — Les effets de ce liquide, qui représente
à proprement parler l'infusion de séné, sont, comme on devait s'y
attendre, bien plus marqués que ceux de la matière mucilagineuse
sur la sécrétion et les contractions de rintestin. Nous l'avons déjà
dit plus haut en comparant chez le même sujet l'action purgative
de l'une et de l'autre de ces préparations. Mais, même sans faire
d'observations comparatives, l'action plus énergique du liquide ex-
tractif se révèle d'une façon absolue par l'étendue des effets produits.
Ainsi nous avons administré le liquide extractif à trente enfants
de cinq à quinze ans, et nous n'avons eu que trois malades chez
lesquels il n'y ait pas eu d'effet purgatif.
Il a été administré à la dose de 6 à 30 grammes, et dans les
trois cas où il a été sans action, nous en avions fait prendre 10,
15 et 20 grammes seulement. Deux fois il n'y a eu qu'une selle ;
sept fois il y en a eu deux ; deux fois il y en a eu trois ; six fois il
y en a eu quatre ; cinq fois il y en a eu cinq ; trois fois il y en a eu
six ; trois fois enfin il y en a eu sept.
Ces évacuations étaient jaunâtres, liquides, plus ou moins abon«
dantes, et il n'y a eu après la purgation ni malaise ni fièvre.
Quelques malades ont eu des nausées, d'autres des coliques et
plusieurs un vomissement.
Ainsi un des sujets chez lequel le liquide extractif à la dose de
SO grammes n'a pas eu d'effet purgatif a vomi le médicament, et
c'est sans doute pour cela qu'il n'y a pas eu purgation. Les autres»
— 9 —
qui ont vomi avaient pris Tun 30 grammes et les deux autres 15.
Trois ont eu des nausées, Tun sans vomir et les deux autres
sont ceux dont nous venons de signaler le vomissement.
Quatorze enfin ont eu quelques coliques, ce qui montre l'action
convulsivante intestinale de la préparation employée.
III. — GATHÀRTINE.
Pour préparer ce produit, Lassaigne et Feneulle ont suivi un
procédé assez compliqué. Ils épuisent d'abord le séné par Téther^
puis traitent le résidu par Teau et distillent en partie. Le décoc-
tum resté dans la cornue, exprimé et filtré^ est ensuite traité par
l'acétate neutre de plomb, ce qui donne lieu à un précipité abon-
dant que l'on rejette. Le liquide/ débarrassé de l'excès de réactif
par l'acide sulfhydrique, est repris par de Talcool rectifié et la solu-.
tion alcoolique est ensuite évaporée jusqu'à consistance d'ex-
trait; celui-ci est repris par de Palcool acidulé avec de l'acide sul-
furique, puis filtré pour séparer le sulfate de potasa.e insoluble qui
s'est formé. Précipitant enfin l'acide sulfurique par l'acétate de
plomb^ isolant l'excès de ce dernier réactif par l'acide sulfhydrique,
filtrant de nouveau et évaporant à siccité, on obtient la cathartine^
corps qui^ suivant les auteurs, est au séné ce que Témétine est à
ripécacuanha.
Le traitement par Téther et la distillation sont deux opérations
inutiles. On peut préparer très-exactement le même produit, et
cela beaucoup plus simplement^ de la manière suivante :
Un kilogramme de séné est traité à deux reprises différentes par
huit à dix fois son poids d'eau distillée ; on porte à Tébullition^ on
laisse refroidir, et après vingt-quatre heures on filtre. On réunit les
deux liqueurs et on évapore de manière à obtenir 1 litre de pro-
duit, que l'on traite par son volume d'alcool ordinaire^ afm de sé-
parer la matière mucilagineuse. On chasse l'alcool au bain-marie,
et on ajoute au résidu de l'acétate neutre de plomb, ce qui donne
lieu à un abondant précipité que l'on sépare et que Ton rejette. On
sépare l'excès de plomb à l'aide de l'acide sulfhydrique ; puis le
liquide filtré, évaporé en consistance sirupeuse, est traité par de
Talcool à 85 degrés; on filtre et on ajoute avec précaution de
l'acide sulfurique très-étendu, jusqu'à cessation de précipité ; on
filtre de nouveau et on évapore au bain-marie.
La matière ainsi obtenue est d'une couleur jaune rougeâtre,
— 40 —
d'une saTeur amère et nauséeuse, rappelant celle de Tinfusion de
sënë. Elle est hygrométrique, soluble dans l'eau et dans Talcool^
incomplètement insoluble dans Téther \ enfin sa solution aqueuse^
qui précipite abopdan^meqt par le sousnacétate de plomb, ipais
non par le sel neutre, prend une coloration plus foncée sous Vinv
fluence des alcalis.
Effets physiologiques, m pffi voulant pas employer de doses ca-
pables de nuire aux malades que nous avions à purger^ nous avons
d'abord donné SO centigrammes^ puis 1 gramme à des enfants de
six à treiie ans. N^ayant rien obtenu, nous ^vops élevé la dose en
la portant à 5 et 10 grammes, selon Tâge des sujets.
Dans sept cas où la oathartine ^ été administrée à la dose de
5 grammep, il y en a eu un où nulle action n^a été observée ; chea
les six autres malades, il y a eu d'une h quatre évacuations liquides
deux fois accompagnées de nausées et trois fois 4c coliques^ maiii
chez aucun il n^y a eu de vomissements, de malaise nj de fièvre.
Trois fois la cathartine a été donnée à la dose de iO grammes,
chez les enfants les plus âgés. L'efifet purgatif n'a pas été plus
énergique, car il n'y a eu qu^une^ deux et quatre évacuations sans
nausées ni vomissements^ et une seule fois avec quelques coliques.
Si l'on observe que le séné ne fournit environ que la trentième
partie de son poids de cathartine^ on reconnaîtra que cette prépa-
ration n'a évidemment pas la puissance du liquide extractif, et que
par suite elle ne peut prétendre à représenter le principe actif du
séné.
IV. — H^TliRB KOUVEI.LE.
Cette substance, qui est très-soluble dans Feau^ insoluble dans
Palcool concentré et dans Téther, s'obtient comme produit secon-
daire dans la préparation de la cathartine. On opère ainsi qu'il
suit : Après avoir séparé de Tinfusion de séné la matière mucila-
gineuse^ on concentre la solution, puis on ajoute de Pacétate neu-r
tre de plomb; le liquide filtré étant débarrassé de l'excès do plomb
par l'hydrogène sulfuré^ on évapore en consistance sirupeuse et on
y ajoute de Talcool concentré : le résidu insoluble dans ce véhicule
contient le produit en question. Pour Pobtenir, on diss&ut le tout
dans un peu d'eau et on précipite par Talcool ; en répétant deux
ou trois fois cette opération^ elle est assez pure pour être soumise
à Texpérimentation. Elle a été dissoute dans l'eau^ dç manière à
obtenir une solution au dixième.
— il —
EfféH phf^iùhgiqueê. mm ^oug Pavons d'abord fiait prendre à la
doM de i gramme à cinq enfants^ qui n^en ont aucunement res-
senti lep effets. Ils n^ont au aucupe nausée, aueune colique et n^ont
pat eu d'évacuation.
Les mêmes enfants qui n-avaient pas éié à la garde-robe depuis
trois jours ont pris deux jours après tous les cinq 2 grammes de ce
produit et, comme la première fois, il n'y a pas eu d^évaçuation.
Le jour suivant^ nous avons donné aux mômes enfants la dose
de 5 grammes sans obtenir d^autres résultats ; il n'y a eu ni vo-
missement!, ni nausées, ni coliques, ni évacuation. Aucun malaise
ne a^eit produit. Ces cinq enfants nourseulement n^ont pas éprouvé
d*e&t purgatif, maii ont été constipés pendant six jours.
En présence de ce résultat, nous avons donné à chacun de ces
enfants iS grammes de liquide extractif, et tous ont eu des éva-
cuationSy dont le nombre a varié entre quatre et sept dans la jour-
née. Ces évacuations ont été accompagnées de quelques coliques,
mais il n'y a pas eu de vomissements ni de nausées. La première
évacuation était dure et difficile, en présencç de la solidification
des matières, puis If s évacuations suivantes ont été complètement
lûiuidei.
V. — ACmE CATOARTIQUI,
Nous avons préparé cet acide de la manière suivante :
Une infusion faite 4vçc 1 kilp^amme de séné de la Palte a été
concentrée de manière à obtenir! litre de produit, qui a été addi-
tionné de son vplume d'alcool à 78 degrés. La matière mucilagineuse
qui se prMpite a été sép»ée par ôltration, puis le liquide évaporé
en eonsistance sirupeuse a été précipité par de l'alcool absolu. Ce
nouveau traitement donne un corps noirâtre que Ton dissout dans
Fétu et que l'on précipite par de l'acide chlorhydrique étendu. Ce
produit, qui est Faeide cathartique impur de Dragendorff et Kubly,
a été dissous à chaud dans Talcool à 60 degrés ; enfin la solution
ainsi obtenue ayant été évaporée en partie et exactement saturée
par une solution étendue de potasse, Tacide cathartique a été de
nmiveau mis en liberté par Taeide chlorhydrique.
Un kilogramme de séné donne 6^7 grammes diacide cathartique
ainsi purifié.
Cet acide est insoluble dans l'eau. Afin de l'administrer en son
Intion aqueuse et dans un état analogue à celui dans lequel il parait
exister dans la plante, c'est^-dire à l'état {le sel, il a été exactement
— 12 —
saturé par une dissolution étendue de potasse^ de manière à obte-
nir une solution au centième, chaque gramme de ce liquide
répondant par conséquent à i centigramme d'acide cathartique.
Effets physiologiques, — Nous avons administré l'acide cathar-
tique, ou mieux la solution dont nous venons d'indiquer la prépa-
ration^ chez des enfants de six à quinze ans, et à la dose de 15 à
30 centigrammes.
Il a été donné à neuf malades, sept fois à 15 centigrammes et
deux fois à 30 centigrammes, en raison de l'âge des sujets.
Sur les sept malades qui ont pris la plus faible dose^ quatre fois
la préparation a été sans effet, et dans les trois autres cas il y a eu
une fois une selle^ une fois trois^ et une fois quatre, sans nausées
ni vomissements, mais avec quelques coliques.
Dans les deux autres cas, où nous avons cru devoir donner
30 centigrammes^ nous n'avons produit qu'une seule évacuation,
sans nausées ni vomissements et sans coliques.
Il résulte de là que l'acide cathartique ne peut à lui seul repré-
senter toute Faction purgative du séné; en effet, en admettant que
le séné en contienne la centième partie de son poids, ce qui est un
maximum, 30 centigrammes correspondent à 30 grammes de
feuilles et par suite répondent à 30 grammes de liquide extractif ;
or ce dernier exerce à cette dose une action beaucoup plus
énergique.
VI. — ACroE CHRTSOPHANTQUE.
Nous venons de dire que la cathartine de Lassaigne et Feneulle
n'était pas un principe défini^ qu'elle devait être considérée comme
un mélange de plusieurs corps dont Tun d'eux au moins était
purgatif.
Sans chercher ici à définir exactement la nature de ce mélange,
ce que Tun de nous se réserve le droit de faire ultérieurement, il
nous a paru intéressant de rechercher à quelle partie de ce produit
il fallait attribuer les propriétés purgatives de la cathartine. Nous
y sommes parvenus très- simplement de la manière suivante :
La cathartine a été agitée fortement avec de l'éther privé d'al-
cool et ce traitement a été répété [un grand nombre de fois, car
l'épuisement est difficile. La solution éthérée fortement colorée en
jaune a été évaporée au bain-marie ; le résidu ayant été repris par
de l'alcool absolu^ la solution filtrée a été évaporée en consistance
d'extrait. Nous avons ainsi obtenu un produit contenant deux prin-
— 43 -
cipes différents : Tun d'eux est une matière colorante soluble dans
Peau; Tautre' jouit de toutes les propriétés de l'acide encore assez
mal défini désigné sous le nom d'acide chrysophanique.
En effet, ce corps, presque insoluble dans Teau, est au contraire
soluble dans l'alcool et dans Téther; sa solution alcoolique, qui
rougit le papier de tournesol, est jaunâtre et prend une belle couleur
rouge sous l'influence des alcalis. Les sels ainsi formés sont inso-
lubles dans Kalcool et par contre très-solubles dans Teau, ce qui
permet d'en séparer l'acide organique au moyen de l'acide acétique.
Mais cet acide ne forme qu'une petite partie de la masse extraite
par Féther : il est accompagné d'une matière colorante rouge dont
la solution ammoniacale n'est pas troublée par l'acide acétique.
Ce mélange, obtenu comme il vient d'être dit^ a été transformé
en pilules contenant chacune 10 centigrammes de produit.
Ces pilules, données à la dose de 60 centigrammes, n'ont produit
aucun effet purgatif. Â cette dose^ elles ont même paru occasionner
de la constipation et il a fallu, pour obtenir des évacuations^ recourir
à l'usage de notre liquide extractif .
Ainsi, sur une petite fille de onze ans, 20 centigrammes donnés
à jeun n'ont rien produit; le lendemain nous en avons fait
prendre 40 centigrammes sans obtenir de résultat^ et au troisième
jour 15 grammes de liquide extractif ont donné trois selles.
Dans un second cas relatif à une petite fille de trois ans, 10 cen-
tigrammes et le lendemain 20 centigrammes ne firent aucun effet
purgatif, tandis que le jour suivant 15 grammes d'extractif pro-
duisent une selle et le lendemain une dose semblable amène trois
évacuations.
Sur une autre fille de quatre ans, trois pilules représentant
30 centigrammes ne produisirent aucune action^ et il y eut ce jour-
là une évacuation naturelle solide.
Enfin, dans un quatrième cas, chez une fille de onze ans^ après
avoir donné quatre et six pilules à un jour d'intervalle sans effet
d'aucun genre, notre liquide extractif à 15 grammes produisit de
nombreuses évacuations.
Ajoutons cependant qu'à haute dose^ en donnant par exemple
dix pilules, soit 1 gramme de produit, nous avons obtenu un effet
purgatif marqué.
Quoi qu'il en soit, il est évident que l'action de l'acide chryso-
phanique du séné ne saurait être précisée d'après ces expériences,
puisqu'il n'a pas été employé à l'état de pureté. Nous nous propo-
— t4 —
soBfe dans un autre mémoire d'expérknenteir suv de VênAiê chif «•
flophanique pur» retiré de la rhubarbe et non du séaé, car celui*ei
ne paraît en reàforkner qu'une irèb-faible quantitë» ce qui explique
pourquoi la prëseoce de cet acide n'a pu èive cootiatée par touâ les
isipérimetttateurfl*
il résulte de ce qui pi^écède que le principe purgatif ooateutt dans
la càthartine devait se retrouver dans ht partit ialoluble dans
Téther. Ctéi en ofifet Ce qui a lieu* La càthartine^ débanasée par
Féther de Tacidè chrpophaaique é( de la matière ooteranle^ a donné
lee nésultati suivants c
Sur une première makdo de qoàtôntt «nx, St grammes nn potion
ont amené du malaise av«o perte il^appiftit^ des naueées^ dei
coliques et cinq évacuations.
Dans un second cas^ ciiea une fille ée douae ans^ la ntème dose
produisit des coliques et cinq Oelles^ sans ainenar é^evÊxm nalaises
ni de perte d*appétit%
£nfin; sur une troisième malade de doiKe an8> il n'y eut à k
même dose aucun malaise^ pas de runissements^ quelqoos coiiqtiek
«I cinq évacuations.
GONCLUSIOl^S.
Il résulte de» ftiits «qtte nous ^«mom d^Kposer «hns <ee mimeîre
^ne te <5éAé ne peut être t«ittgé dsmti la «érîe des pleiMies qui nt pos-
sMent qu'un aetil principe <ietif« CftteKviàaiMiiiMrt Iàceq«d4e9cpii^e
les diffiêultét qui tmt été rekiconiré«s jusqu'à ce joier diois rsundyie
de ce eoi^ et l'iM^ertitiide q«i règm dain; la «cienoe s«r la mtaK
du principe purgatif du séné.
Notai ^mnons de kirè ^oir d'une nanièa^ tiès^nftle que l\inquel-
Odttque des principes co«istit«an^deiapla9ite, considéré isoléaenl>
ne peut prétendre à présenter l'enipemble des ydndipsles propriétés
de cette dernière; en d'autres lenaies, ^ Von tncft de côté Tacide
chrysophaniqué) qui n^isle qu'em petite quantilé, le séné renferme
au moins deux principes purgalifis ; Vmk ïeçréoenté par l'acide ca*
thartique ^ Tautre contenu dans la préparstion de Laoeaigve -et
FeneuUe imptopremeiA np^elée mJtfhurtmB.
En effet) la matière nancils^neiise pufig» 4 peine, Oiy dans k
moitié des cas^ elle ne produit aucun effet ; si paiMs ^e ftaegi^
c'<est qu'elle renferme une petite fi»l]rfeitéd^acîde cathtsrâqtie^dettt il
ostdi(6cile de la débarrasser complélemoHft»
Le liquide «attractif, MEifirmant tous les frnncîpes etetifc, p»ge
^ 48 -^
tirèê-biétt et ôcèftéîônlie dé nombreuses ëtAôttatiOûs jftanâtréd
lh}tiidô!(.
Là e&tbÀttittë détermiûe aUiisi d'à^sëK ftbondafitei^ titacttàtioiis^
ffldis l'effet punitif est tnoitis eâi^térisé que celui du iii)uide
eitràettf.
Lft màtièfe hôiitelie {mihairkhmMnitè?) i^tuble au coAtmiye
prodUil« Aé là ebâ»ii{yalio&.
L'àddèeàthàitiqUe pUi^ fkiÛetaefit; il et^ee UUâ àélioll b«àUa
coup itit>iûdlià què tBilé du liquidé eztfàCtif et do là càih6MiM.
Enfin l'acide chrysophanique semble aUiiâi pôSkédeT deft pft>priélél
purgàtité«> lûfiâd élled pà)^is«eiit faibleé, <àar il faut^ pôUI" ôblfànif ce
résultât^ dôûuet UUe doiiâ àdsel fôtle.
Eu téi»umé> ftàuf une seule dess pt^pàmiôuis que uous atout
retirées du séné, toutes les autres réunies possèdeut led pi1)priété9
puir^tités de là plautô ell«»iAémeft
Ajoutouâ eufiu, tomme tonséqueuce géuéràle de ee tfàtail, àu
point de vue clinique et thérapeutique^ que la meilleure prépàfàtioft
pharfiiâteutique du séné est Tinfusion avec ou sans la matière
mucilaginéuse, par exemple eeilè que nous avoUd étudiée douts te
nottk dft Kquiié ^sètmcHfy puisque seule elle renferme tous les
principes purgatifs de la feuille^
THtftÂniiTiQUE cHittimeieALt
»« pr— «lit «Ml lé«l*iui tMMiMuiMi|iiMi M d«a ffért^Èmmm
êhlrari^lcalès ehea les aleooliqiie* (i) ;
Par IL le profeMeur Ybbubijil.
0 y a quelqueii ««maines, jt ptoposats à {^Académie la Mprise
d^uMs ân)eu!tti«m inlem>mpue sur la pyohémie. La triste pe»pee-
tS^ de tombât» meuHfiers en taisait une question d'actualité.
11 fut répondu que, dans la disposition présente des esprilâ, il
était impossible d^abMrdèit un sujet ta taste^ si tontrot^rté, si dif*
Bcile.
t)epiufe têtte époque, vous avez, sans ouUi(fr vos angoisses pa*-
iriotiques> teeoutrê un calme apparent et poursuivi, sinon avec
ardeuf , au moini avec sang-froid, le tours accoutumé de vos tra-
(1) Lu à rittdèni3i« àe médecifte, séance du t^ décèmbirâ laiTU»
— 16 —
vaux; j'ai donc pense que vous accorderiez votre attention à une
question tout aussi importante, tout aussi actuelle que celle dont
vous avez décidé rajournement, mais beaucoup plus circonscrite
et n'exigeant ni lectures nombreuses^ ni expérimentations nou-
velles, ni travail minutieux de critique. Â l'observation clinique
revient surtout la tâche de résoudre les problèmes que je vais vous
soumettre. Vous y parviendrez sans peine en interrogeant vos sou-
venirs et en considérant de plus près des faits trop communs pour
vous avoir échappé, mais sur lesquels votre attention ne s'est point
sans doute assez appesantie.
Je formule d'abord la proposition fondamentale de cette note :
La pronostic des lésions traumatiques présente, toutes choses égales
dailleurSy une gravité exceptionnelle chez les sujets entachés d^ah
coolisme chronique.
Si la proposition est démontrée^ nous aurons à rechercher d'abord
les causes de cette gravité, puis les moyens de l'atténuer autant
que possible.
Ce qui est vrai des blessures accidentelles l'est tout autant des
opérations chirurgicales. Nous aurons donc à voir encore :
1*^ Jusqu'à quel point la notion acquise peut influencer les indi-
cations et contre-indications opératoires ;
2*^ Jusqu'à quel point les opérations pratiquées chez les alcooli-
ques peuvent prendre place dans les statistiques générales destinées
à juger la valeur relative et absolue des procédés et méthodes opé-
ratoires.
Je vous ai annoncé un sujet circonscrit, et voici que je trace un
programme étendu. Mon but étant de signaler l'importance de la
question, j'ai dû en montrer les faces diverses ; il dépendra de
vous de la restreindre ou de l'embrasser dans son entier.
L'actualité n'est point douteuse, puisque parmi les faits que je
vais prendre comme texte à commentaires, deux sont relatifs à des
blessures par armes de guerre et ont été observés dans ces derniers
temps.
Développons d'abord la proposition fondamentale.
Depuis une vingtaine d'années^ d'admirables recherches ont été
entreprises sur l'alcoolisme^ fléau redoutable de notre époque^ en-
démie de jour en jour plus envahissante, qui^ pour frapper spora-
diquement les sociétés modernes soi-disant civiUsées, ne les décime
pas moins que les épidémies les plus meurtrières.
Les hygiénistes et les médecins^ aussi bien comme moralistes ou
— 17 —
philosophes que comme savants, ont insisté et insistent sans cesse
sur les ravages toujours croissants de l^alcool et de ses composés.
Ils ont décrit toute une pathologie spéciale que la nature, malgré
sa funeste fécondité, n'aurait jamais créée et que Thomme seul a
eu la folie de s'imposer.
Us ont montré que, à la manière des agents toxiques les plus
nuisibles et les plus tenaces, Talcool altérait à la longue tous les
éléments anatomiques^ tous les tissus, et modifiait toutes les pro-
priétés organiques ; que cette ruine pouvait s'accomplir silencieu-
sement, sournoisement, de sorte qu'un beau jour Tédiflce, miné
molécule à molécule, s'eflondrait sous Tefiort de la moindre cause
occasionnelle. Ils ont prouvé que l'alcoolisme devait être range
parmi les états constitutionnels, à côté de la syphilis, de la scrofule,
de l'arthritisme, etc., et que, plus grave encore que ces maladies
générales, il place l'organisme dans une situation des plus précaires
et sous l'imminence d'accidents trop souvent mortels.
Ils sont allés plus loin encore, en indiquant, sans y insister, il est
▼rai, que la moindre lésion traumatique pouvait acquérir chez
l'ivrogne une gravité exceptionnelle.
La séparation si malheureuse de la pathologie en deux sections,
médicale et chirurgicale, ne permettait plus h nos confrères, mé-
decins proprement dits, d'en dire davantage. Mais on ne peut leur
reprocher une lacune dont la responsabilité retombe de tout son
poids sur les chirurgiens.
Ceux-ci, il faut bien l'avouer, sont restés muets; par indifférence
ou par toute autre cause, ils n'ont pas pris part à la discussion, et,
si l'on arguait de leur silence, on pourrait croire que l'intoxication
alcoolique et les lésions traumatiques, alors qu'elles coexistent,
ne s'influencent nullement.
Quelques observations éparses dans les recueils périodiques font
bien allusion à cette influence ; mais les livres classiques, qui de-
vraient, à défaut de descriptions complètes, mentionner au moins
les points nouveaux de la science, ne renferment à peu près rien.
Le seul côté entrevu est relatif au délire qui éclate parfois chez
les blessés et les opérés. On sait que Dupuytren Ta décrit sous le
nom de délire traumatique, mais qu'il en a méconnu tout à fait la
nature. Léveillé a été plus perspicace, ainsi que Robert; mais tout
ce bagage est bien léger, et d'ailleurs fort incomplet. Si les chirur-
giens avaient en réalité voulu s'occuper de la question, ils l'auraient
étudiée à deux points de vue :
TOMELXXX. i'*UVR. 2
lls aûtàiëtit rëchert^y dômméht lé§ lésions ttàUiiiâfiqUêi àgissëût
sUf là Constitution générale des ivrognes, et, fécipi*oquemént, quelles
iûôdiflcatibiiS Tétat antérieur d*àlcooIisthe apporte à là s^riô dés
pheiloitlëtlës t^patâteurë, ou dèslf UttëUi's, dont les blessUrëà devien-
nent inévitablement le siège pour s'acheminëf Vëi^s la gti^j^isôh où
pdtir etitMibét* la rdôtt.
Ce tàppbti réciproque më ptéoceiipé depuis piusiëùr§ anfiéé§. Ëh
1967^ dans une cômmunicatioh faite au Cotlgtës de t^àris, j^eii
pàt'làis iticidetUtliënt, càf j^avàis déjà ëonstâté bien èdUVeût Tissue
fatale des blessui'es et opérations chez les ivfogâes, qui se feùcoh-
trëtit ëii si grarid tiombî'e datlë nos services de chirurgie.
bépuis celte époque, tnotl attention, constamment (éveillée, à re-
cueilli d'auti*es pi'ëUVés^ et mes èonvictions se Sont affermies.
Certes, je tiens le plus graud côiUpte des conditions d'insalubrité
si évidente du tniliëU tiOsoCômial, je déploi'é Tencômbrëment et la
dissémination des germes moi'hides \ mais Conjointement et paral-
lèlement à ces causes d'iusuccès et d'accidents^ je placé sans hési-
ÏBt rétat organique déploi^ablë qU^engëhdre l^abUé dé Talcool chez
nos clients habituels de T hôpital.
C^ëst pôUi^quoi j'affirme hautement qU^un bon nombre dé nos
revers doivent être attribués à cette cause, dont la t'réquence extrême,
si elle est soupçonnée^ n'est à coup sûi' point exprimée en des
termes assez énergiques. Et notez-le bien^ ce n'est par seulement
dans les cas de cachexie alcoolique, d'ivrognerie avérée et invétérée,
que ces résuUats lamentables s^observent. On voit tous les jours^
chez des hommes de quarante à soixante ans^ à forte constitution^
à charpente athlétique, à santé inébranlable, suivant leur dire,
durs à la fatigue, ardents au travail comme au plaisir, on voit,
dis-je, les moindres blessures devenir, en dépit de la thérapeutique
la plus rationnelle, le point de départ d'accidents graves que rien
ne peut entraver: lymphangite, phlegmon diffus superficiel ou
profond, érysipèle de mauvaise nature, sphacèle envahissant, he-
morrhagies consécutives ; le tout accompagné de fièvre intense, de
septicémie rapide, de délire furieux, puis, à l'intérieur, de conges-
tions et de phlegmasies viscérales à marche foudroyante.
Si chez ces mêmes sujets la lésion primitive présente une grande
étendue ou des désordres profonds, comme dans les contusions
violentes, l'écrasement des membres, les fractures compliquées, etc.,
la mort peut survenir en quelques heures, deux ou trois jours au
plus, sans qu'on ait pu constater le développement de ces accidents
locâiix ^nùiiiërës plus haut. Â Pautopsie, on ne trouve souvent
datis les viscères aucun désordre de date récente, mais seulement
iés lésions anciennes imputables à Talcoolisme, c'est-à-dire l'épais-
sisëéhiënl des diéninges, Tinduration cérébrale, la teinte ardoisée
dé l*è$tbtiiàc, là dégénérescence granuleuse ou graisseuse du foie
ou dëd reihÈy ét6.
têi état antérieur des Viscères réagit non-seulenàent sur les
pideé biivertes^ mais encore sur des affections chirurgicales dans
Ies4ùëilës lés dégâts tràumatiques soht très*peu prononcés et les
sacriBces opératoires fort restreints.
J^ai traité, dès leur début, deux cas de pustule maligne, très-
circonsciîtè, siégeant à la tnain et à Tavant-bras; j'employai là
cautérisation avec vigueilr de façon à détruire sûrement le foyer
YÎfulént. hs mal ne fut point arrêté^ uii gonflement énorme s'em-
para rapidement du membre tout entier^ de nouvelles eschares se
formèrent^ le délire furieux s'alluma et la mort termina la scène
en quarante-huit heures environ. Dans les deux cas, les sujets^
employés à l'abattoir Rochechouart, étaient d'une vigueur exôëp-
tionnelle, âgés de ({uaraDte à cinquante ail^j mais buvetitâ éthé^
rites,
Uétrahglemënt hërrfiàire^ lésion purement mécanique en appa<-
rence^ est difficilement curable chez les ivrognes. La kélotomie, si
efficace chez les sujets ordinaires lorsqu'elle est pratiquée eti tefflps
Of^pottan, ne téusfeit pfissqtie jèimais chei ëtix. La levée de l'étrati-
glement n'atrête ni hë prévient la péritonite, et les malades suc-
combeiit bientôt après dans Pagitation ou dans la prostration.
Enfin est-il besoin de rappeler que les fractures simple^^ h^
phM bénignes en apparenœ et portatft sur le pét-oné, la t'tftUle^ h.
davicule, comme j'ëii ai ta des eïemplés, ptiïvdquent parfois chez
C6S malheureux une attaque de delirium tremens qui les enlève en
deux ou trois jours? Certainement^ vous avez tous vu des cas sem-
blables et vous devez vdus étonner avec tnoi qu^ils n'aient encolle
été Tobjet d'auctin travail d'éitseiîible.
Ce travail existé |)oiiitiant, mais seulement depuis une année à
peine. Mon élève et ami lé docteur Péronne a^ sur mes instances^
choisi pour sujet de thèse P Alcoolisme dans ses rapports avec k
tratanaHsme» Cette teuvre est magistrale et par le fond et par la
fotiné. C'est une moriographie remarquable que j'ai présentée na-
guère à PAcadémie. La communication que j'ai l'honneur de vous
faire aujourd'hui confirme et complète peut-être les données éta-
— 20 —
blies par M. Péronne. Je reviens sur ce sujet, parce qu'une thèse,
si bien faite qu'elle soit, n'a qu'une publicité restreinte et risque
d'être longtemps oubliée. C'est dans une compagnie comme la
YÔtre que les grandes questions retentissent et que les grandes
difficultés s'aplanissent; or M. Péronne, comme l'instigateur de
son travail, a laissé beaucoup de points indécis, et, entre autres, le
meilleur moyen de conjurer et de combattre les accidents si formi-
dables de Talcoolisme chez les blessés. Si mon appel est entendu,
Yous pourrez jeter sur cette question une vive lumière et faire ces-
ser mainte incertitude.
La thèse de M. Péronne renferme plus de trente observations la
plupart inédites ; quelques-unes m'appartiennent ou ont été re-
cueillies dans mon service et sous mes yeux. Je pourrais les re-
prendre, mais les cas de ce genre sont si communs, que j'ai pu sans
peine^ et dans l'espace de quelques jours, en colliger une nouvelle
série.
Je vais vous en donner une analyse sommaire.
Obs. 1. Contusions et déchirures du foie, du rein et de la cap-
sule surrénale; hématocèle périrénal du côté droit. Mort ra-
pide. Stéatose ancienne du ^foie, pneumonie à gauche. — Un
cocher de fiacre, âgé de cinquante-sept ans, est apporté à l'hôpital
Lariboisière dans la nuit du 3i octobre dernier. Deux heures au-
paravant, dans un état d'ivresse, il est tombé de son siège sur le
côté droit. A peine relevé, il se plaint d'une oppression très-vive
et d'une violente douleur de l'hypocondre droit. L'interne de garde,
soupçonnant une fracture des aernières côtes, fait appliquer dix
ventouses scarifiées et prescrit une potion calmante. La nuit fut
très- mauvaise. Le lendemain, à la visite, le calme est à peu près
rétabli. X*** est robuste et jouit d'un embonpoint marqué. Son
intelligence est nette ; il affirme être bien portant d'ordinaire, mais
reconnaît sans difBcultéson goût pour les boissons alcooliques. Le
visage est très-pâle, couvert de sueur, le pouls petit, fréquent, dé-
primé, l'opression et l'anxiété sont extrêmes.
L'examen, quoique pénible, permet d'écarter l'hypothèse d'une
fracture de côte. Le poumon et la plèvre de ce côté sont indemnes.
La douleur, très-intense et que le moindre attouchement exaspère,
siège plus bas, au niveau de l'hypocondre droit et de la région lom-
baire; elle s'irradie à la moitié correspondante de Tabdomcn, qui
est tendu et ballonné. Soif vive, quelques nausées, point de selles.
L'urine, rendue en petite quantité, n'a pas été recueillie. Je diagnos-
tique une contusion du foie ou du rein droit, des deux peut-être,
et, en raison des antécédents du sujet, je porte d'emblée un pro-
nostic très-grave, soupçonnant bien que les viscères contus sont le
siège d'altérations antérieures.
— 21 —
Dix nouvelles ventouses sur le flanc droit, cataplasmes sur le
ventre, lavement laxatif. Boissons délayantes. iO centigrammes
d'opium fractionnés.
La journée se passe tant bien que mal sans amélioration ni ag-
gravation, un peu de délire la nuit.
Le lendemain matin, 2 novembre, le ventre, plus ballonné que
jamais, est indolent à gauche^ très-douloureux à droite au niveau du
foie et du rein. Nausées sans vomissements. Constipation; le lave-
ment de la veille a été rendu sans matières^ il ne renfermait pas de
sang. Soif vive, inappétence absolue, langue sèche et couverte d'un
enduit brunâtre, face vultueuse non grippée, pouls petit, très-fré-
quent, sans concentration. Nulle trace d*ictère.
L'examen des urines offrait un grand intérêt. La somme totale
rendue en vingt-quatre heures est très-minime, à peine 300 gram-
mes, d'une couleur orangée; elle ne renferme ni sang, ni sucre, ni
albumine. Les envies d'uriner sont très-fréquentes, et comme le
malade se dit atteint d'une ancienne affection des voies urinaires
et de dysurie habituelle, j'explore l'appareil . Le calhétérisme et
l'exploration par le rectum ne révèlent aucun obstacle. Du reste, la
vessie est vide, il y a donc diminution très-notable de la sécrétion.
D'après cet ensemble de symptômes, je m'arrête à l'idée d'une
contusion rénale avec néphrite commençante et anurie. L'oppres-
sion augmentant, la poitrine est examinée à nouveau ; on ne trouve
rien à droite ; mais à gauche, au niveau de la base du poumon, du
souffle et du râle soûs- crépi tant sont perçus dans une étendue d'un
décimètre carré; Il y a là un point de pneumonie, ou tout au moins
de la congestion pulmonaire.
L'état général interdit toute émission sanguine et les douleurs
abdominales contre-indiquent les vomitifs. Je prescris l'huile de
ricin, de nouvelles ventouses à peine scarifiées, un large vésica-
toîre sur le côté gauche du thorax.
Tout reste inefticace, une selle abondante n'amène pas même
de soulagement.
La mort arrive dans la nuit, cinquante heures à peine après Tac-
cîdent.
Autopsie, — Intestins très-distendus. Nulle trace de péritonite.
Suffusion sanguine sous- péritonéale dans larégion lombaire droite.
Ecchymose du mésocôlon et du côlon ascendant dans l'étendue de
7 à 8 centimètres. L'intestin n'est que contusionné.
Le rein droit est entouré de sang infiltré dans son atmosphère
et formant même en arrière un véritable foyer. Ce sang, en partie
fluide, en partie coagulé, est très-noir et ne renferme aucun vestige
de pus. En recherchant la source de Tépanchement, on découvre à
la face postérieure du rein, un peu au-dessus du hile, une déchi-
rure transversale de 3 centimètres de longueur, de 4 à 5 milli-
mètres de profondeur, à bords légèrement écartés et remplie d'un
caillot noir et adhérent.
Plus haut, la capsule surrénale semble perdue au milieu des
caillots ; ceux-ci entraînés, on constate une lésion rare et grave de
cet organe. L^ caipçule s,ein|)le4'alv)rd aunipin^ c|out)1ée de Yo1i|ipe.
Son centre, en çffet, est occupé par un caillot solide, gros commue
une amande verte. En plusieurs endroits le tissu glandulaire est
déchiré, un fragnient de la glande est même copaplétement détaché
et flotte au milieu de Tépanchement sapguin.
Le foie présent^ des lésion^; analogues, d^ahord une longue fissure
à la face inféri^urf , puis une déchirure plus Is^rge et plus profonde
sur le bord postérieur. Èpfin, à diverses distances de ce ïiiord et dans
répaisseur de Torgau^, plusieurs foyers de contusion irréguliers et
de dimensions oui varient entre quelques inillimètres et 2 ou
3centinqètres. Fïssure^ déchirure et foyers interstitiels çont rempli^
de caillots très-noirs, trèç-adhérçnts, confondue à leurs limites avec
le parenchyme hépatique.
Quant 4u foie lui-niême, il est très-volumineux et offre un typq
accompli de la dégénérescence graisseuse; çtussi les diverses coupe^
au niveau des foyers sanguins reproduisent exactement Tapparence
que donneraient (qu'on lue passe cette compar9.ison) des tranche^
de pâté dQ foie gras truffé.
La néphrite que j'avais admise n'existait pas, mais les deux
reins présentaient à égal degré des traces non dputeuses d'altéra-
tions anciennes: adhérences de la capsule fibreuse, qui, de distance
en distance, offre des épaiçsissements et des taches bl^ncbes ; kystes
multiples disséminés à la surface et dans la profondeur; eu plusieurs
points, dépression atrophique de la substance corticale; un grand
nombre de tubuli remplis çà et là de granulations graisseuses, etc.
Plèvre et poumon droit sains, sauf un peu de congestion de ce
dernier. A gauche, congestion générale beaucoup plus intense, puis,
au point où nous avions spupçouné la pneunionie, ramolli Stseinent
rouge puissant même à son centre à Thépalisation grise.
La cavité çrânieunp n'a paç été ouveytp.
En résumé, contusion de viscèresi entièrement ?^ltéyés, et altéré^
éyjdçmmçnt p^r Tactiau d^ ralcQol, pneuflioniç intercurrente, cause
très-probable de la mort.
Voici encore un exemple de mort lapide, mais cette fois la lésion
traumatique atteignait exclusivement des organes externes.
Obs. il Fracture de thumérus droit par coup de feu. Symp-
tômes graves d* alcoolisme. Mort rapide sans complications locqles
apparentes. — M. W***, cinquante-trois ans, de taille élevée, de
constitution athlétique, est blessé au bras dans la nuit du 19 nor
vembre, vers minuit. Il est ^mené à Thôpital Lariboisière. à deux
heures du matin. L'interne fait un preniier pansement et fixe le
membre dans une gouttière. Le blessé, qui paraissait très-fatigué,
mais à peu près de sang-froid, s'endort et finit la nuit sans grande
agitation.
Le 20 novembre, au matin, je constate : une large plaie à la
partie externe du bras droit, au niveau de l'insertion du deltoïde ;
- 33 -
unQ seconde plaie iqoiQS étendue k 1^ f^Çe interne du bras^ çn pir-
rière 4u faisceau vasçulo-nerveux^ au niyeau du chef interne du
triceps, Les deux plaies^ siégeant à peu prè? h i^ Tnême hauteur,
sont réunies par un can^l direct trèg-jarg^ et dans lequel on popr-:
rait passer ^ans pein^ d^ux doigts réunis.
L'nuipéru§ a été bpsé en éclats par le projectile,
Poin^ d'hén)orrhagie notable, point dP gonflement au pourtour
des plaies ni dans Tépaisseur du ^epal^r^ ; |e pouls radjal persiste,
aucun nerf important n^aété lésp,
I^e blessé n'acçpse guère de douleurs, ipême pendant Texplora-
tîoiî de la plaie. Il jouit de toijte son intelligence, mais semble se
préoccuper mé4iQcrement de l'accident, du ïflpips il n^ m^nifestçi
ni crainte pour le présent ni inquiétude pour l'avenir.
n dit aVqir été frappé au pioruent pù i| rentrait naisiblemeut
chez lui. il ne connaît pas Tagresseur et pepsp ^voir été frappé d^
Iqin, car ayant enteudu une détonation d^rme à feu et se sentant
atteint, il ne vit autPUr de lui auçup homme armé, Il ajouta que,
auejqujs teipps après, i| a été secouru par plusieurs persqpups qui
1 ont conduit à l'hôpital,
Ce récit était peu vraisefubl^ble. Tout indiquait que le popp avai^
été tiré de très-j)rès avec une arme de gros calibre, car uu projectile
YQlumineux était seul ç^p^ble d'avoir fait une perte de substance
aussi énorme.
W*** était probablejneut en état d'ivressp; il Iç nje et ayquçî seu-
lement qu'il avait pris daus l^, soirée deu^ ou trois v^r^ps de bière,
A son eutrée à l'hôpital, il était, au dire de h sQRur 4e service, à
peu près à rétfit npru^aU
Le blessé, çomip^ je \%ï dit, est de constitution lierculéenue.
prendre uu çal^inet d'affaires et qu'il est fort actif et fort oc-x
cupé. Sa santé est çxpel|ente et peut braver tout. Il uiftpge ppu et
np se plaint c^ue de quelques troubles gastriques ^ son révpil. Mal-
S ré ces renseignements vagues, je soupçopu^i fQrtefUPPt le blessé
'^tre a4PUué à la débauche.
Le visage er\ porte l'empreinte, et la parole rapide, nn peu sac-
cadée, trahit une excitation cérébrale que le raéaecin seul est apte
à reconnaître. Le récit de rç^ccidcnt pst éyjdemrppîlt inexact. Entiu
la source principale d^ mon hypqtbèse se tire du changement de
position indique par le blessé, S^us n^époupaître les coups in^mé-
rités de la fortune, il faut bien avouer que !ps d^vibcî^nces sociales
8ont})ien souvent le fait de l'inconduite. Qr l'abandon d'unP pvor
fession feonorép et fructueuse en proviqpe pour des opératious sour
vent douteuses dans la grande ville ne [)laide pas d'ordinaire pour
la moralité du personnage.
Qpefy avec tp diagnostic de l'alcoolisme très-arrêté dans mon es-
prit, je poFtai le pronostic le plus grave.
l^ur peplus y revenir, je dirai que mon accusation n'était qua
trop fondée. J'ai appris, en effet par la famille de W^*'^, qu'il était
— 24 —
Irès-débauché et qu'avec tous les éléments du bonheur matériel e
moral, il menait la vie la plus déréglée; il avait déserté son domi-
cile depuis deux jours entiers quand il a été frappé^ sans doute à
la suite d'une rixe, dans un quartier malfamé.
Nonobstant ces conditions, il fallait prendre un parti chirurgi-
cal. L'expectation ne promettait rien de bon. La désarticulation de
Tépaule était une mesure bien radicale, puisque nerfs et vaisseaux
étaient respectés. Je pris un terme mixte.
Je débarrassai le trajet des nombreuses esquilles détachées e
projetées de toutes parts dans les masses musculaires et les inter-
stices celluleuxcirconvoisins. J'émoussai avec la scie à chaîne et la
pince de Liston les extrémités aiguës des fragments supérieur et
inférieur, lin gros drain fut passé dans le trajet pour assurer Té-
coulement facile des fluides. Enfin le bras fut convenablement as-
sujetti dans une gouttière coudée.
Pendant le cours de l'opération, j'avais constaté une particularité
de mauvais augure, je veux parler d'une crépitation emphyséma-
teuse dans la gaîne des vaisseaux à plusieurs centimètres de dis-
tance de la plaie. J'expulsai ces gaz à l'aide de pressions douces et
j'appliquai un bandage méthodiquement roulé sur Tavant-bras et la
partie inférieure du bras.
Le chloroforme avait été administré, mais le sommeil ne fut ob-
tenu qu'avec peine et après une agitation violente et prolongée :
nouvel indice d'alcoolisme (1). La journée se passa sans incident
notable. Le blessé fut cependant tourmenté par une soif vive et
quelques vomissements, mais il n'accusait point de douleurs au
siège de l'opération. A six heures, la fièvre était vive, la température
à 39 degrés. W*** me demanda avec instance une préparation
narcotique pour avoir du sommeil, dont il était privé depuis plu-
sieurs jours, disait-il. A neuf heures. M™® W***, ayant appris
Taccident survenu à son mari, vint le voir à Thôpital. Il est proba-
ble que cette visite agita le blessé, qui, assez tranquille jusqu'alors,
commença bientôt à délirer et passa une très-mauvaise nuit. Il
tenta à plusieurs reprises de sortir de son lit, défit son pansement
et fut en proie à la plus vive agitation, que n'apaisèrent ni 10 centi-
grammes d'extrait thébaïque ni une potion avec 2 grammes de
chloral.
Le 21, au matin, Tétat général semblait meilleur. Le blessé
avait la parole brève, mais ses réponses étaient claires et précises ;
il ne souffrait pas et la plaie n'était point enflammée. Cependant la
température avait encore monté et le pouls faible ci précipité battait
J30 fois; à quatre heures, on ne pouvait plus le compter. La
face était pâle, les extrémités froides. La mort survint à neuf heures
(i) On a avancé, j'ignore en vérité sur quelles preuves, que les ivrognes
étaient réfractaires à Tanesthésie : c'est un» erreur. Le chloroforme provoque
seulement une excitation souvent trës-violente, cl dans les heures qui suivent
nn malaise prononcé.
— 25 —
da soîr^ quarante-six heures environ après Taccident, trente-cinq
heures après Topération. L'agonie, de courte durée, fut calme. C'est
l'embarras progressif de la respiration qui termina la scène.
L'autopsie ne fut pas autorisée; elle eût, sans aucun doute, ré-
vélé des lésions viscérales anciennes. Je ne pus que constater Tha-
bitus extérieur. Le ventre était ballonné; malgré la saison froide,
la décomposition cadavérique marchait déjà avec rapidité. La plaie,
du reste, n'était le siège d'aucun travail inflammatoire ni répara-
teur, ses bords étaient flasques et livides, et la suppuration était à
peine ébauchée.
A défaut d'autopsie, les antécédents établissaient nettement l'exis-
tence de l'alcoolisme, que j'ai vu déjà plusieurs fois amener la mort
aussi promptement et avec le même cortège de symptômes.
Dans les deux observations qui suivent la terminaison fut moins
rapide. Les plaies devinrent le point de départ d'accidents bien
connus^ c'est-à-dire de phlegmons qui ne furent conjurés par au-
cun des moyens usités en pareil cas. L'inflammation traumatique
ne sut pas se borner, elle s'étendit sans relâche, et les opérations
radicales^ l'amputation de la jambe et du bras employées comme
dernière ressource ne firent peut-être que hâter le dénoûment.
Cette forme de mort lente ou du moins retardée est la plus com-
mune ; on l'attribue volontiers à des complications fortuites comme
peuvent en offrir toutes les lésions traumatiques. Mais, en réalité,
c'est la constitution des sujets qui la prépare et la rend souvent
inévitable.
Obs. m. Fracture de Vastragale par coup de feu. Extirpation
de eet os. Fusées purulentes. Phlegmon profond. Amputation au
tiers supérieur de la jambe. Pyohémie, Mort, — B***, quarante-
cinq ans, teinturier, blessé lei7 novembre, entre à l'hôpital La-
riboisière le lendemain. C'est un homme de petite taille, assez
chétif^ à teint blafard. Etant allé marauder près de Saint-Denis^ il
a reçu au pied gauche une balle, qui a traversé le tarse un peu en
avant des malléoles. De la situation des orifices, je conclus que
l'astragale a dû être atteint. Les tendons ont été ménagés, car le
blessé, qui d'ailleurs paraît peu sensible à la douleur, exécute tous
les mouvements du pied.
L'exploration avec le petit doigt permet de constater dans le
trajet de nombreux fragments osseux, que je me dispose à enlever
après avoir débridé les plaies d'entrée et de sortie. J'extrais en
effet la tête de l'astragale en plusieurs pièces, mais m'étant aperçu
chemin faisant que Tarticulalion tibio-tarsienne était ouverte à sa
partie antérieure, je crus utile d'enlever le reste de Fos, opération
qui m'a déjà donné de bons résultats. La manœuvre est assez la-
borieuse, mais dès qu'elle est terminée, la plaie, largement ou-
-?6-
verte, permet aq pus uii écoulenîent hçih^ que j'^sspre d'^illeurfi
ment assujetti ^a^ns une gouttière.
Les plaies sont remplies de çharpje alcoolisée, et 4^s compresses
moi^jUees (lu même H^uide r^couyrçi^t le pJ64 @t ]a partie inférieure
de la mmbe.
L'opération avait éfé pratiquée» h quatre Jie^res du spjr, l,a nuit
fut agitée et le i^ala^e eut 1^ délire pendant quelques heures.
Le lendeni^jn matip^ il était calme, inseuci^nt^ presque gai ; il
n'accuse aucune douleur, et, malgré ma défense, agitp continvielr
lemeqt ses orteil^ ppuf n^e papntrer quç tout va bien, ^.a fièvre est
modérée, l'appétit conserva,
Les jours suivants se p^ssept biçm q^^pt ^ Tétat général. l,e
sommeil seul fait défaut, en dépit de r opium donné à la dose de
10 centigrammes.
L'état local est moins satisfaisant. Les plaies sont blafardes ^ re-
couvertes d'un enduit grisâtre, et ne se détergent pas. La suppu-
ration est sanieuse et de mauvaise ojeur, nàalgré le renouvelle-
xnfsnt fréquent (}^§ pc^n^^P^enlset des injpciipi)$ av^c Talcool étendu
et la liqueur de Labarrf^nue.
Les gaîqes tendineusps périm^jléolaire^ se prennent, ainsi que
le tissu cellulaire lâcbe du dos du pied. Je pratique quelques
débridements que le malade supporte sans accuser dé souflfrance.
la^ 33^ |a ppit a ^té mauvaise et troublée par des rêves caracté-
risiiîjues. g*** fi YU d^s r^t^ dei^fiep^r^ 4tt plancher pt courir §ur
son ht. Les majps sont agitées d'un pefit tren^blemept aussi sigpi-
ficatif. La peau est chaude, le pouls fréquent, la tenipérature éle-
vée. Soif vive, inappétence absolue. Au reste, toujours le même
sourire un peu hébété. Nulle inquiétude sur son état, nul soupçon
de la gravité du mal. Réponses brèves et monosyllabiques. Le lau-
d^PUip, à l^ dose de 4û gouttes, adi^inistré dans du vin, produit
upe uuit meilleure, mais le phtegmen remonta toujours, et je suis
forcé da faire, le 27, de nouvelles ipcisiens vers la partie moyenne
de |a jaiphf , pour ouvrir une large fusée en nappe, qui sépare le
soléair^ des muscles de la couche profonde. Plusieurs drains sont
plfi^cés de haut en bas et transversalement, afin de pousser des in-
jections iadf^es matin et soir.
Cette opération, assez longue, est supportée avec stoïcisme ou
indifférenpe ; à peine le patient se plaint-il.
Le âQ, je constate une nouvelle fusée daps la gaine même des
vaisseaux tibiaux postérieurs. Le pied est tuméhé, ainsi que la
jambe dans les deux tiers inférieurs. La suppuration est Irès-
ahondante et infecte. Le malade maigrit et prend une teinte ter-
reuse. Je tente, comme dernière ressource, l^araputation de la
japahe au lieu d'élection, ayec l'aide du chloroforme, qui produit
une vive agitation.
Cette nouvelle secousse ne modifie l'état général ni en bien nj
en mal, et le lendemain nous retrouvons notre homme dans les
mêmes conditions que la veille. Le moignon n^est peint gonflé.
- 87 -
ppinl^ dou)Qureux^ cependant un frisson s'est rapntré là veille au
soir et la nuit a été encore agitée par des rêves. Le i*', ^ djx heure§
du matin, le malade s'éteint dans |e ca|me Ip plus parfait. qu^~
rant^-sept heures après l'amput^tioi).
Am^oasi^. — Foie et reiqs uq peu pâles, mpfis sans lésiqns pro-
fondes ; rate ass^z voluminei^, diffluente ; trois ^bcès mélastatiq^es
d^ns le poumon gauche. A droite^ cinq ou six abcès da^as le lobe jn-s
férieup. pleurésie exsudativeinte^lobaire e{ pariétale ; épanchement
sérQ-puruient peu ^bqndant. l|a cavité crânienne n'a pas été puyertjB,
Ppint de njiiébite d\\ moignqp ni de là cuisse. Nulle ébauche de
travail réparatsur à )a surface de la plaie.
' L'examen du membre amputé noqs ay^it montré des fusées pur
nflente^ fl^ps tous les interstices musculaires, une ipfiltraljoq de
ipême nature des mu^cle^ péronier et jarahier postérieur; de
3 ombreuse^ traces de phlébite dans les veines intramusculaives et
ans les veines tibiales aptérieures et postérieures. De plus, une
inflammation de |>rticulatiof) calc'anéo-cuboïdienne.
Bien que 1 alcoplisme soit évident, d'après l'ensemble des symp-
tômes, des lésions viscérales n'étaient pas encore très-prpnpncées j
aqssi qVt-on pa^ observé de syrpptômes violents.
La pjphémi'e ^ eu le temps de se produire. Elle a été préparég
par les lésions locales du paembre blessé, c'est:à-dire par le phleg-
mon diffus profond, \^ suppuration des muscjes^ et surtout les
nombreux foyers de phlébite. Le nombre et Tâge des collections
métastatiques pleurales et pulmonaires, Tabsence d'inflammation
du mpjgnon démontrent (jue cettp pyohéipie existait déjà cju^nd a
été pratiqué^ la section du membre, ipais elle ne s'était révélée par
aiicùn signp pathognomQniqqp, sans quoi je me serais certaincr
n^ent abstenq. Au reste, ie donne ce tait conirpe un type de ceux
où tous les efforts dp la thérapeutique spnt condamnés presque
^t^ement à l'impujssance.
Peut-être Tamputation susnialléplaire pratiquée le premier jour
eût-eU^ î§^y^ 1^ ^^e*) ^^js outre qu'une mesure aussi extrême eût
eîihremt tous fes préceptes de la chirurgie conservatrice, rien ne
prouve qu'elle eût pmpêché l'évolution funeste et prévenu le
phlegmon et iMnfection purulente, tant ces complications sont fré-
ouentes à la suite des aqiput£|tions traum^tiques primitives pra-
tiquées dans nos hôpitaux.
0^^, JY. Fraciifre dii çondyle humerai avec plaie* Pf^legmçm
superficiei et profond, Arthriiç purulente. Amputation. Mort. — :
M***, <ju£^rap(e-trqis ans, d^F^^r ^^^ ^\^^^' pntrp ^ l'hôpital le
!•' ^euibre, à ppjpp lieur§s du soir, eu état d'ivresse. Ôeu^f
h^ur«8 aupa^avfinf, \\ s^ ^té repyprsé par uqp yoitpfe et porte en
plusieurs pomt$ du corp^ des traces de contusion, |a plupart sans
^yité ; là seujp lésion s^rieqçe siège au coude. Là, M. Hichelot,
iDtisrne de servicp, reconnaît avec sags^çité une fracture du condyle
%v^ sublpxation du coudp ep dedans, ynp plaip de quelques miili-
m^rei^ à peine d'étendue se repiarque ^ 3 ceqtimètres environ de
— 28 —
l'interligne articulaire, au niveau du bord externe de l'humérus.
Elle fournit du sang noir en abondance ; partout ailleurs, sur la
périphérie de la jointure, les téguments sont indemnes.
La rédaction est faite avec la plus grande facilité et sans dou-
leurs notables. La petite plaie est obturée avec la baudruche et le
collodion. Le membre, convenablement immobilisé dans la demi-
flexion, est placé sur un coussin. La région blessée est couverte de
compresses résolutives. En un mot, les premiers soins sont donnés
avec autant d'opportunité que d'intelligence. Le lendemain matin,
j'approuve ces soins, et les choses étant en fort bon état, je n'en-
treprends pas même d'exploration nouvelle. La douleur est nulle
et le gonflement modéré; l'occlusion est parfaite.
Mon attention se porte surtout vers Tétat général. M*** est de
taille moyenne, grêle sans maigreur. La face est pâle, le pouls
apyrétique. C'est un de ces ouvriers intelligents, moitié artistes, à
figure énergique, à barbe longue, à œil brillant, s'exprimant avec
une certaine recherche empreinte d'affectation. Chez lui, point de
trace d'abrutissement, mais au contraire indices d'un état habituel
d'exaltation.
Quiconque a observé avec quelque soin la classe ouvrière de
Paris sait que le type que je viens d'esquisser se livre malheureu-
sement à des excès alcooliques, sinon violents, au moins continus.
J'énonçai tout haut mes soupçons; M*** protesta avec viva-
cité et dans des termes qui ne firent que les confirmer. J'appris
d'ailleurs que notre blessé vivait assez mal dans son ménage ;
que depuis six mois il était oisif, faute d'ouvrage, et qu'il me-
nait une vie peu régulière. Il m'avoua lui-même que depuis long-
temps il digérait mal, avait perdu l'appétit et surtout le sommeil.
Ses parents ajoutèrent quelques informations. M***, jadis excel-
lent ouvrier, quoique toujours très -excitable, avait éprouvé un
vif chagrin deux années auparavant ; alors il avait commencé à
boire de l'absinthe en petite quantité, il est vrai ; six mois de
ce poison avaient suffi pour amener des vertiges et de l'affaiblisse-
ment des membres.
Ces symptômes avaient beaucoup augmenté depuis la cessation
du travail.
Ces renseignements étaient déjà décisifs; le développement des
accidents locaux contribua, de son côté, à me convaincre.
Dès le lendemain, en effet, le mal s'était singulièrement aggravé.
La petite plaie, loin de se réunir, s'était agrandie et fournissait
sous l'opercule de baudruche une suppuration séro- sanguinolente.
Le coude avait gonflé ; les téguments étaient d'un rouge livide et
assez largement décollés. Une première eschare s'était formée au
niveau du radius, une seconde au niveau de Tépitrochlée. J'inci-
sai la première et passai un drain sous la peau décollée.
Le 4-, au matin, le phlegmon avait encore progressé ; la rou-
geur et le gonflement comprenaient les moitiés supérieure de l'a-
vant-bras et inférieure du bras. Le pus sortait en abondance des
ouvertures pratiquées ; l'arthrite du coude était évidente ; un sty-
— 29 -
et,, introduit avec p^^écaution, constatait la dénudation de Tépi-
condyle. Les injections, deux débridcments superticiels, les panse-
ments désinfectants réitérés ne purent arrêter les progrès du
phlegmon, et je dus, dès le 5, songer à une action chirurgicale
plus énergique.
L'état général s'aggravait simultanément. Soif presque inex-
tinguible. Appétit nul. Constipation opiniâtre. Vomissements mu-
queux de temps à autre. Inquiétudes continuelles. Insomnie per-
sistante, malgré Topium à la dose de 10 centigrammes. La
température et la fréquence du pouls étaient modérées le matin,
mais le soir il y avait une recrudescence très-marquée. Le ther-
momètre alors dépassait 39 degrés et le pouls montait à plus
de 100. M***, taciturne, stoïque, et résigné en apparence le ma-
tin, était atteint le soir d'une véritable divagation. Il se croyait
perdu, accusait des douleurs insupportables, certainement ima-
ginaires, et me suppliait d'employer le chloroforme pour l'exami-
ner, s'offrant à le payer si le médicament était trop cher. Il se
déclarait d'ailleurs préparé au sacrifice de son bras, redoutant
qu'il fût déjà trop tard pour l'amputation.
Le lendemain matin, cet éréthisme avait cessé, mais laissait
après lui une dépression très-considérable. L'opium étant impuis-
sant à procurer le sommeil, j'essayai la digitale à la dose de
â grammes de teinture ; même insuccès.
Voyant enfin que le phlegmon gagnait toujours, que le pus sor-
tait à la fois de rarticulation, de la région sous-cutanée largement
décollée, et même des interstices musculaires de l'avant-bras, je
me décidai à pratiquer l'amputation du bras. Il me fallait aller
jusqu'au quart supérieur dans l'épaisseur même du deltoïde pour
dépasser les limites de l'altération de la peau.
J'avais un instant songé à pratiquer la résection du coude,
mais je fus arrêté par la crainte d'une suppuration prolongée et
de la continuation des phénomènes inflammatoires. La chirurgie
radicale me paraît, dans ces cas, plus efficace et plus conserva-
trice elle-même. L'examen du membre démontra d'ailleurs que
Taraputation était indispensable. En etfet, tout autour de la join-
ture et à plusieurs centimètres de distance, tant sur le bras que
sur Tavant-bras, le pus avait fusé, détruit le tissu celluleux, in-
filtré les muscles et formé plusieurs foyers sans communication
avec la plaie principale, La résection eût donc été à peu près inutile.
J'amputai par le procédé à deux lambeaux, interne et externe,
qui s'affrontèrent naturellement et que je réunis dans la plus
grande partie de leur étendue avec quelques bandelettes de bau-
druche et le collodion.
L'opération, comme dans le cas précédent, n'apporta tout d'a-
bord à l'état général ni amélioration ni aggravation sensibles. Les
symptômes continuèrent et se compliquèrent d'un hoquet inter-
mittent très-incommode, phénomène commun chez les buveurs
d'absinthe et qu'on suspendit de temps à autre à l'aide de la glace,
de l'opium et des boissons gazeuses. La plaie ne fut à l'extérieur
-âO-
le siège d'aucuti travail inflammatoire, Ié§ làiribeâùx rëstëtéfit |>âlë§
et mous ; mais, dans la profondeur^ le tissU cëliulàire de là gaîâe
dés vaisseaux et des interstices musculaire^ deviht tioirâtt'e et ^il-
trilagineui^ comme s'il était fràppë de sphàdèJe. Ùti siiiiitëiâêât
sanguin apparut à la fin du troisième jour, et se rënoiivëlà (ilUé
intëtise le lendemain^ dUelqUës heures aVatit là rbort. Le iilâlddei
pris d^Uii délire tranquille et d^tlti àffaissëaléht prd^Fesëif, âiië-
colâbâ sàris àouffî'dncë, Uh peu p\\ïi de quatre joui'â djpfSs Plffl^
{)titation.
Lés ^aitâ qui (trécëdeiit fêpî'éâëtiiënt p^s^ûé tôuâ l6§ if^ê» de
i'évôlution inexorable que je voulais mettre en lumiëréi ils ènt éU
la même terminaison après remploi des méthodes variées de la
thérapeutiques chirurgicale; Il se ressemblent eticore en cek qne
leè lésions itiitialë^ épsti-giiaiit les Organes e^^ëtltiëls & la viëëtiêsëât
été, dans d'autres circonstances^ très-siisceptibles de giiérisoh. Ùnë
blessure du pied^ du coude^ du bras, alors même que les os sont
intéressés, ne compromet pas directement l'existenee^ et il lious
arrive bien souvent d'en obtenii* la eûtéi Ddils ëë tildttlënt lâéftlé,
je conduis à bien trois blessui-es d'àMës à feil à^àrit lé ndêftie
siège et que j'ai traitées par la resection de l^humérus, du coude
et des os du pied; A la vérité^ les sujets soht exempts de toute tare
organique.-
Che2 le cocher, les lésibns étaietit blu^ iéfiëd^e^, (luistîtî'éHës
atteignaient les viscères abdomitiaux. Mais, en sèmine,il n'y avait
que des fissures du rein, du foie et de la capsule surrénale^ avec
épatichement sanguin circonscrit. Le travail ré[iatateur aurait fort
bietl pu s'opérer à l'àhri dû fcontâct de Téir, cotnnjè là sëiëfice eh poè-
sède de nombreux eiemples. Il n'y avait d'îlilleiirS àii ëiégë iiiêihë de
ces désordres nulle trace d'inflammation, nul vestige de suppura-
tion, et c'est par le poumon, nbn atteint par la violenèe^ que la
mort paraît s'êtt-e produite.
Si dans les deux derniers ëalà là blessure où les oiJêfatidfis ffrâ-
tiquées ont pu faire naître des accidents locaux capables d^entraf-
ner la mort au bout d'un temps assez long, il n'en fttt pas de
même pour les deux premiers^ où la terminaisoti fatale est Sttt-
venue inopinément avec une rapidité telle (itie les cônipliëàiidtis
ordinaires n'avaient pas encore eu le temps de se montrer. U n'est
donc pas possible de refuser à. ces cas une physionomie spéciale
et de nier l'existence d'un élément particulier de malignités
Le lien coinmun dé toutes ëes issues funestes estj sttité âttèiiii
dotitë, l'àlcoôlisiûè.
-u -
En présence de tels faîis, plusieurs Questions s'imposent à î^es-
prit. Quelle peut être la cause d'une disproportion si évidente entre
là gravité dés lisions primitives et la gravité de leur évolution?
Fàht-il attribuer celle-ci aux lésions viscérales antérieures, à une
àltifâhôà siifaiguê du sang^ à Tadultération de ce fluide par les
liquides absorbés à la surface de la plaie? Toutes ces hypothèses ré-
pètent sûr dés bases acceptables, mais aucune d'elles ne peut s'ap-
pliquer k là généralité des cas. Admettons que les lésions du foie^
des i^insy ié l'estomac, des méninges amènent la mort ; comment
èxpliqiiet qiie deux ou trois jours avant la blessure ces lésions
soiéfit presque ignorées et compatibles avec une santé convenable en
àppà^ncë? comment expliquer qu'une fracture ou une plaie les
âg^avé aussi subitement ?
L^absorption des matières septiques est à coup sûr fort nuisible,
et lorsqu'elle s'effectue dans de grandes proportions par de larges
surfaces, que les fluides sont très- délétères et quasi virulents, la
mort s'explique assez bieri, quelle que soit la constitution des sujets»
Mais en cas de petites plaies et même de lésions sous-cutanées qui
n'engendrent pas dé matières putrides, on voit 'de temps en temps
surgir cbez les alcooliques des accidents tout aussi graves, tout
aussi foudroyants que ceux dont nos observations nous fournissent
des exemples.
J'aime donc mieux m arrêter dans la voie des suppositions et
fons laisser le soin de in'éclairer sur la pathogénie de la mort dans
de telles conditions.
tjne seconde question non moins pressante est celle-ci : Etant
donné un blessé, comment savoir aussitôt s'il est alcoolique? Il ne
faut guère compter sur ses aveux directs. Tel homme du peuple
se croit sobre en absorbant quotidiennement 3 ou 4* litres de vin
et une demi-douzaine de verres de liqueur. S'il a une profession
lin peu rude^ il s'imagine ne prendre qu'une quantité de boisson
tout k tèil raisonnable, utile même à Tentretien et à îa conservation
- "
de ses forcés. Dans une classe plus élevée^ on cache avec plus de
soins encore lés habitudes d'intempérance, ou bien on vit avec ce
préjugé que les boissons de bonne qualité ne sauraient être nuisi-
bles à la santé.
Toujours est-il que c^est par surprise le plus souvent et en pro-
cédant avec tact et perspicacité qu'on soupçonne et qu'on reconnaît
l'alcoolisme.
Lorsque je possédais moins d'expérience et que j'étais moins
- 32 —
préoccupé de cette grande question de Tétat organique des blessés,
j'arrivais bien à reconnaître les effets de Talcool, soit à l'apparition
du délire, soit en raison des anomalies du travail réparateur, mais
déjà il était bien tard et je m'attache aujourd'hui^ en diagnostic^ à
pre'voir avant de constater, comme je voudrais, en thérapeutique,
prévenir plutôt que combattre.
Par bonheur^ les difficultés du diagnostic précoce ne sont pas
très-grandes pour quiconque a Tes prit en éveil et s'est mis au cou-
rant de la symptomatologie de Talcoolisme si habilement exposée
par nos confrères les médecins. Mais après le diagnostic posé et le
pronostic établi, le redoutable problème de la thérapeutique médi-
cale et chirurgicale se dresse inévitablement et c'est ici que je fais
un appel direct à vos lumières, en déclarant avec humilité et regret
qu'après de longues méditations j'en suis encore à la période de
doute et d'incertitude.
Aux thérapeutistes, aux médecins, je demanderai, un alcoolique
étant blessé, ce qu'il convient de faire pour conjurer l'explosion
des accidents généraux, et au cas où ceux-ci ont apparu, comment
il les faudra combattre. J'ai essayé les alcooliques^ Topium à doses
faibles ou fortes, le bromure de potassium, le chloral^ la digitale ;
j'ai sauvé quelques malades ou du moins je le crois. J'en ai perdu
d'autres dans des conditions identiques en apparence. Alors j'ai
douté, j*ai varié les essais, j'ai employé, abandonné et repris le
même agent et aujourd'hui je n'ai plus guère de conviction ni
d'assurance.
Aux chirurgiens à leur tour, je demanderai de mettre un terme
à mes perplexités et de m'ofifrir un moyen de chasser le décourage-
ment profond dont je suis saisi.
J'ai essayé tous lès pansements, j'ai tenté l'expectation vigilante
avec toutes ses ressources, j'ai lutté pied à pied avec tous les acci-
dents locaux, avec toutes les complications prévues et imprévues.
En cas de fractures compliquées, j'ai fait des résections, puis des
amputations; j'ai été tour à tour conservateur et radical. J'ai agi
de bonne heure, puis j'ai essayé de n'opérer qu'après le premier
orage traumatique; et comme après toutes ces recherches j'ai con-
signé beaucoup de revers et à peine quelques succès, je n'ai pu en-
core me poser à moi-même que des préceptes empiriques sans bases
valables.
Au bout de six années pour le moins d'études consciencieuses,
je ne sais pas même à l'avance par quelle voie la mort va attaquer
~ 33 —
mes blessés. L'un succombe au delirium tremens^ Taulre à un élat
gastrique mal détermine, celui-ci à la scpliccmic aiguë, celui-là à la
pyobémie classique, un cinquième devient albuminurique , un
sixième hydropique par lésion du foie, rbéniorrhagie consécutive
prend aussi sa part dans les désastres, et devant tous ces ennemis je
ne suis assuré que de mon impuissance presque absolue.
H m'en coûterait peu, messieurs, de faire devant vous une aussi
triste confession et de m'accuser d'impéritie, si vous pouviez m'ap-
prendre ce que j'ignore et m'aider à réparer le mal que j'ai peut-
être commis innocemment. Je serais encore heureux si vous me
prouviez que j'ai assombri le tableau et que j'ai eu affaire à des
séries malheureuses. Bien que la classe des ivrognes ne soit pas
très-intéressante et que la mort ne soit pour un grand nombre
d'entre eux que le châtiment presque mérité d'une vie inutile, si-
non dangereuse à la société, nous devons comme médecins dé-
plorer la léthalité terrible qui les frappe.
Les insuccès ordinaires de la chirurgie chez les alcooliques ont
encore un grave inconvénient sur lequel j'appelle, en terminant,
votre attention.
L'expérience isolée d'uïi homme, si vaste qu'on la suppose, est
impuissante à faire la science. Jusqu'à l'époque encore bien éloi-
gnée peut-être où le dogme chirurgical sera définitivement fixé,
il faudra s'aider de la méthode numérique, c'est-à-dire de la statis-
tique, dont nous reconnaissons tous les importants services.
Pour juger comparativement les méthodes thérapeutiques, les
procédés opératoires, la chirurgie conservatrice mise en regard de
la chirurgie radicale, les résections opposées aux amputations, etc.,
il faudra rassembler beaucoup de faits, les classer et les compter.
Mais comment faire entrer dans les statistiques dichotomiques, telles
qu'on les dresse aujourd'hui, des faits où ni l'opportunité de l'ac-
tion, ni Texcellence des méthodes, ni l'habileté des opérateurs, ni
la sollicitude des aides, ne jouent le rôle principal, où tous les cal-
culs sont déjoués par l'usage antérieur du vin blanc, de l'eau-de-
vie ou de Tabsinthe, où comptent à peine dans les prévisions le
milieu^ la blessure, mais seulement l'état organique du blessé?
Mettre en série des faits aussi spéciaux, n'est-ce pas introduire
dans la méthode numérique un facteur évidemment vicieux pour
arriver à des résultats certainement inexacts et trompeurs ?
n suffit, je crois, d'énoncer une proposition aussi élémentaire
pour qu'à l'avenir une catégorie particulière soit instituée dans
TOME Lxxx. !'• uvn. 3
— 34 —
nos statistiques chirurgicales pour le cas où nos opérations, si elles
ne hâtent pas parfois la mort des malades, sont le plus souvent
impuissantes à les sauver, parce que ceux-ci, de leur fait même,
sont presque inexorablement condamnés à mourir.
Conclusions. — 1® Les lésions traumatiques offrent une gravité
exceptionnelle chez les sujets entachés d'alcoolisme ;
2° La mort survient parfois avec une rapidité foudroyante, sans
qu'il soit possible de la prévoir et de l'expliquer -,
3° Dans d'autres cas, elle est causée soit par des accidents
généraux ayant pour origine les organes internes, soit par des
accidents nés de la blessure et dus à Tabsence des phénomènes ré-
parateurs naturels ;
4® La cause première de ces accidents peut être attribuée sou-
vent, mais non toujours, à des lésions viscérales antérieures. L'alté-
ration primitive ou consécutive du sang joue sans doute un cer-
tain rôle, mais la|science ne l'a pas encore nettement établi;
5" Le diagnostic de Palcoolisme antérieur à la blessure est ordi-
nairement assez facile; il importe beaucoup de le poser avant le
développement des accidents locaux ou généraux ;
6® La thérapeutique préventive ou curative est encore mal fixée,
et ceci s'applique aussi bien au traitement pharmaceutique qu'au
traitement chirurgical ;
7° Les indications et contre-indications opératoires sont encore
vagues et incertaines. Avec toutes les méthodes, on recueille plus
de revers que de succès, et il en sera ainsi tant que la prophylaxie
et la thérapeutique médicale ne seront pas plus avancées ;
8° Les résultats obtenus par la chirurgie conservatrice ou radi-
cale chez les sujets alcooliques doivent être mis à part dans les sta-
tistiques générales.
CHIMIE ET PHARMACIE
Itccherelies hlstorlqaea «nr le« rhalMurbea,
Ci: OME FALSIFICATION DE LA ItHUBARBE DE CHINE
Par M. Starislas Martin.
Le plus grand fleuve de l'Europe, le Volga, portait dans Tanti-^
quité le nom de Rha ; ceux qui habitaient ses bords étaient en Rus-
sie considérés comme des barbares. La plante médicinal^ qu'ils
— 35 —
cultivaient portait dans le commerce le nom de rliabarbarum^
pour |exprimer le Heu où on la re'coltait et le nom de ceux qui la
vendaient : cette plante a été placée par les botanistes dan^ I^ far
mille des poljgonacées.
La culture du rheum palmcttum et du rheum rkaponticum est
très-importante sur plusieurs points du globe^ principalement efi
Chine, dans la Boul^harie, le Kokonoor^ en Russie, en AUemagpe,
en Hpngrie, ei> Angleterre et en France.
C'est à tort qu'on a donné le nom de rhubarbe de ftussie à pelle
qui esl récoltée dans le Kann-fou, le Kangou et dans le pays ipon-
tagneux qui est arrosé par le fleuve Jaune avant son entrée en
Chine ; elle est échangée contre des pelleteries à un taux que Pal-
las évalue à 16 roubles le poud, c'est-à-dire à 50 et quelques francs
les 20 kilogrammes.
Ce sont les Boukbares de Kbamil, de Kachagas^ de Tbotan, de
Tourfann qui l'apportent à Kiakhta ; le commerce en est libre aur
jourd'hui, tandis qu^en 1772 le gouvernement russe en avait le
monopole avec le droit d'en vendre la concession ; en dernier liei|
c^était la famille du Boukhare Abdrain qui l'avait acquis.
La rhubarbe de Chine vient des provinces de Sse-Tcbouèn, de
Yun-nan, de Chann-si, de Touang-si et de Kann-fou, ou on
l'apporte à Canton ; c'est même actuelleoient presque le seul port
où s'en fasse le commerce.
La rhubarbe est comme tous les corps organisés^ le climat et la
nature du sol influent sur sa forme physique et sa composition
chimique. Aucun climat n'est aussi inconstant et aussi variable
que celui de la Chipe; à Canton^ aux mois de juin et juillet^ le
thermomètre^ pendant la période des chaleurs^ monte presque tou-^
jours à 90 ou 95 degrés Fahrenheit (21°,30 ou25'',64 centigrades);
en août et septembre^ il tombe de temps à autre de fortes pluies
d'orage.
Les Chinois déterrent les racines de rhubarbe^ au commence^^
ment du printemps, avant la pousse des feuilles; ils les coupent en
travers longues et minces^ les font sécher pendant deux ou trois
jours^ les attachent ou les enfilent à des cordes, pour les suspendre
dans des endroits froids et aérés ; là se complète la dessiccation.
A Canton^ le prix de la rhubarbe varie de 38 à 40 dollars le pi»
cul (3fr. 69à3fr, 88 le kilogramme]^ les racines séchées et entières.
Pour les racines séchées et coupées, le prix est de 50 à 60 dolt-
lars (4 fr. 85 à 5 fr, 82). Plus de 1 500 piculs (92000 kilogramme^]
— 36 —
de rhubarbe sont apportés annuelîomo.nt à Canton pour être ex-
portés en Europe, au prix moyen de 56 dollars le picul (4 fr. 85 le
kilogramme).
Nous recevons en Europe la rhubarbe emballée dans des caisses
en bois très-mince doublées d'une feuille de plomb; les unes ren-
ferment 1 picul et cubent 173 décimètres ; les autres ne contiennent
qu'un demi-picul et n'occupent que 88 décimètres ; le droit d'ex-
portation est de i taël par picul, c'est-à-dire dé 12 fr. 60 par
100 kilogrammes. En 1855, la Chine avait expédié à l'Angleterre
11466 kilogrammes de rhubarbe, représentant une valeur de
719 925 francs. En 1869, l'envoi était un tiers en plus.
Les Chinois se servent peu de rhubarbe; cependant ils savent
fort bien qu'elle agit comme purgatif et comme tonique. Ce peuple
aime peu les médicaments simples ; il lui faut des drogues très-
composées ; celui dans lequel il entre cent et quelques substances
est le préféré.
La vraie rhubarbe de Chine contient une matière nommée par
Henry caphopicrite^ et que M. Caventou, plus tard, a trouvée for-
mée d'une substance jaune, peu soluble dans Teau froide, qu'il
nomma rhuburbarin, et d'une autre insoluble dans l'eau, très-
purgative; c'est sa rhubarbarine, La caphopicrite ne se trouve que
dans de très-minimes proportions dans la racine du rheum rha-
ponticum cultivée en Europe.
Les contrées centrales de l'Asie importent à Saint-Pétersbourg et
à Smyrne une rhubarbe sur laquelle on n'a pu nous donner des
renseignements.
Les rhubarbes d'Europe sont peu employées en médecine ; il en
est quelques-unes, cependant, qui sont très-préconisées dans les
colonies espagnoles. L'Angleterre leur en expédie de grandes quan-
tités ; l'Allemagne envoie en Russie et en Sibérie presque toutes
celles qu'elle récolte; les droguistes français font une ample con-
sommation de celles d'Avignon et de Paris pour falsifier les
rhubarbes de Chine. Dans le commerce le rhapontic de Paris porte
le nom de 7'kubarbe du pays; la médecine vétérinaire en fait une
assez grande consommation. Les Grecs et les Latins ont connu les
propriétés purgatives des rhapontics; au moins leur nom de péco,
je coule, en est bien la signification.
Les rhubarbes qui nops arrivent de Chine ne sont pas toujours
de bonne qualité ; il se trouve souvent des caisses qui, malgré leur
intérieur doublé de plomb, prennent de Thumidité; les racines y
— 37 —
moisissent^ sont piquées des vers^ contractent une odeur et une
saveur étrangères désagréables; il y a des rhubarbes dont la dessic-
cation a été imparfaite et peu soignée, d'autres dont le poids est
léger, la texture fibreuse, d'autres enfin qui, lorsqu'on les mâche,
sont mucilagineuses. Le pharmacien désireux d'avoir un médica-
ment actif rejette de tels produits ; le droguiste peu scrupuleux,
il y en a malheureusement quelques-uns^ les mêlent à de bonnes
rhubarbes, les pulvérisent ensemble pour les livrer au pharmacien.
La rhubarbe de Chine réduite en poudre a une belle couleur
jaune dorée^ une odeur spéciale, une saveur franche. Gomme on ne
peut obtenir tous ces caractères avec des rhubarbes altérées ou
allongées de rhapontics, les droguistes lui donnent la couleur dési-
rable par un moyen qu'ils considèrent comme très-innocent et que
nous qualifions de fraude fort coupable : ils humectent la poudre
avec de Teau qu'ils rendent légèrement alcaline avec du sous-car-
bonate de soude ; ce mélange est divisé sur des plaques, séché à la
douce chaleur d^une étuve; la masse est triturée dans un mortier
de marbre et passée au tamis pour obtenir une poudre homogène.
On voit par là que le pharmacien qui est désireux d'avoir une
poudre de rhubarbe jouissant de propriétés thérapeutiques réelles,
doit, autant que possible^ la préparer chez lui.
L'analyse chimique permet de constater la présence du carbonate
de soude dans la rhubarbe de Chine; on traite la poudre par l'eau
distillée froide; on filtre la liqueur au papier. Si la poudre est fal-
sifiée^ il se forme dans la colature, en versant une solution de nitrate
de baryte, un abondant précipité, qui, traité selon l'art, permet
J'en isoler tous les principes constituants. On arrive au même ré-
sultat par la calcination de la poudre. Si la cendre contient ce sel
alcalin, il est décelé par le bi chlorure de mercure, le nitrate d'ar-
gent ou le chlorure de platine.
BULLETIN DES HOPITAUX
Panaris tendineux du pouce droit ; suppuration de la gaîne
DU MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE ; OUVERTURE DE
cette gaîne ; GUÉRISON. — M. le docteur Nicaise, à l'occasion d'un
cas qu'il a observé, rappelle (1) une coraplicatiorj grave à laquelle
(1^ Gazette médicale de Paris, 1870, n» 51.
peuvent donner lieu certains panaris profonds^ ainsi que les règles
à suivre pour conjurer les dangers que cette complication est sus-
ceptible d'entraîner.
La suppuratioti de la gaine du muscle long fléchisseur propre
du pouce^ dit notre confrère, s^observe le plus souvent à la siiite
d'un panaris tendineux du pouce. L'inflammation est d'abord li-
mitée à ce doigt^ elle gagne ensuite la gaine synoviale du tendon
du long fléchisseur propre, puis bientôt toute la gaîiie du muscle.
A ce moment^ le tendon et le corps charnu du muscle sont entourés
ou infiltrés par le pus. Si un traitement convenable ne vient pas
arrêter la maladie, il arrive parfois que la gaine du long fléchisseur
propre se rompt, et que le pus se répand au milieu des couches
musculaires de l'avant-bras^ donnant lieu alors à des symptômes
locaux et généraux graves, qui peuvent nécessiter une amputation
ou même mettre la vie du malade en danger. Il y a donc urgence
à agir^ et à agir de bonne heure, aussitôt que Ton petit reconnaître
ou prévoir Texislence du pus dans la gaîne du fléchisseur propre.
J'ai eu dernièrement l'occasion d'observer un cas de ce génre^
dans lequel l'opération faite de bonne heure a donné de bons ré-
sultats.
Je rapporte d'abord l'observation de mon malade, qui a été re-
cueillie par M. Gouin -, je décrirai ensuite l'opération que je crois
applicable à tous les cas de ce genre.
Q***, âgé de vingt-deux ans, mobile d'Ille-et- Vilaine, est amené
le 15 novembre 1870 à l'ambulance de la Presse, rue Monceau,
dans le service de M. Nicaise. Ce malade est atteint d*un panaris
profond du pouce droit.
Pas de maladies antérieures ; constitution bonne ; tempérament
lymphatique î vacciné.
15 novembre. Q*** s'est fait, il y a huit jours, une piqûre à la
face palmaire du pouce droit, au niveau de l'articulation des deux
phalanges ; le corps piquant était la grosse extrémité d'une aiguille
qui, du reste, a été retirée entière.
Depuis quatre jours le malade éprouve des élancements.
16. On constate un gonflement considérable du pouce et de
Pertinence thénar ; ce gonflement est un peu moimdre sur la main
et Tavatit-bras. La peau de toute l'étendue de la face palmaire du
pouce est mortifiée et le cercle d'élimination commence à se des-
siner.
Incision de l'eschare sur la ligne médiane dans toute la lon-
gueur du pouce; écoulement d'une grande quantité de pus. Manu-
luve prolongé d'une heure; cataplasmes.
— 39 —
17. Le malade n'a pas dormi^ à cause des douleurs violentes qu'il
éprouve dans Tavant-bras. L'état général est bon.
La peau de l'avant-bras est rouge; il y a un œdème superficiel
limité à la partie inférieure de la face antérieure de cette région \
on sent, après quelques recherches, une fluctuation profonde.
Incision verticale de 4 à 5 centimètres au-dessus du poignet et
immédiatement en dehors du tendon du muscle grand palmaire;
après la section de l'aponévrose antibrachiale, l'opération est con-
tinuée avec la sonde cannelée, et bientôt on arrive sur la gaine du
muscle fléchisseur propre du pouce, qui est déchirée, et permet
l'écoulement du pus. Il y eut une légère hémorrhagie veineuse.
Manuluves prolongés ; cataplasmes \ purgation avec 40 grammes
de sulfate de magnésie.
iS. La rougeur a disparu; en pressant au-dessus de Tincision,
on fait sortir le pus en abondance.
21. Etat général très-bon; appétit revenu. L'écoulement du pus
ne se produit plus quand on presse au niveau de Téminence thénar.
23. L'eschare est enlevée avec la pince et les ciseaux; on voit
alors le tendon du fléchisseur à nu et mortiflé.
27. Le pus devient liquide et séreux, la cicatrisation se fait ré-
gulièrement.
28. L'extrémité mortifiée du tendon se détache de la partie saine
au niveau de l'extrémité inférieure du premier métacarpien.
29. La dernière phalange du pouce est nécrosée presque complè-
tement, et l'articulation des deux phalanges entre elles est complè-
tement ouverte.
Cicatrisation régulière. Pansement au cérat.
Ce malade a été opéré huit jours après la piqûre et quatre jours
après le développement des premiers symptômes. L'incision faite
au niveau du pouce était commandée d'urgence ; il n'y avait pas là
à hériter; mais on pouvait peut-être attendre, avant de faire l'inci-
sion sur Tavant-bras, que le foyer purulent fût mieux indiqué et
qu'il précisât lui-même le heu de l'incision.
En tenant compte d'un certain gonflement de Tavant-bras, de
l'existence de douleurs assez vives au-dessus du poignet et d'un
œdème superficiel au même point, je fis l'ouverture de la gaine du
muscle fléchisseur et il s'écoula une certaine quantité de pus.
Avant de décrire l'opération, rappelons quels sont les organes
qui sont en avant du muscle long fléchisseur propre du pouce.
Nous avons, de dehors en dedans^ le muscle long supinateur, l'ar-
tère radiale et ses deux veines satellites, le muscle grand palmaire
et enfin le muscle fléchisseur sublime.
D'un autre côté, la synoviale du muscle long fléchisseur du pouce
est indépendante de celle des autres muscles fléchisseurs; elle
— 40 —
s'étend de ^articulation des deux phalanges du pouce entre elles
jusqu'à i centimètre environ au-dessus du ligament annulaire
antérieur du carpe, mesurant une longueur de 10 à 12 centimè-
tres ; sa partie la plus large est au niveau et au-dessus de l'anneau
carpien.
L'extrémité supérieure de la gaine synoviale du long fléchisseur
propre, immédiatement au-dessus du ligament annulaire, est en
rapport avec l'aponévrose de Tavant-bras , dans l'intervalle qui
existe entre les tendons du grand et du petit palmaire. Mais bieatôr
le muscle grand palmaire croise obliquement le long fléchissent
propre, laissant en dehors de lui tout le corps charnu de ce dernier
muscle.
Rappelons encore que le tendon du long fléchisseur passe en
avant de l'extrémité externe du scaphoïde, et plus bas dans un
canal ostéo-fibreux creusé sur la face antérieure du trapèze.
Ces données anatomiques indiquent nettement les incisions que
Ton peut faire pour ouvrir soit la synoviale tendineuse, soit la gaîne
fibreuse du muscle long fléchisseur propre du pouce.
Si l'on veut ouvrir l'extrémité supérieure de la synoviale tendi-
neuse, on peut y arriver par deux chemins différents :
1° Faire immédiatement au-dessus du talon de la main, sur le
bord interne du tendon du grand palmaire, une incision verticale
de 4f à 5 centimètres. Après avoir coupé la peau et le tissu cellulaire,
on incise l'aponévrose antibrachiale, et avec la sonde cannelée, lais-
sant en dedans le petit palmaire et le fléchisseur sublime, on va
déchirer la synoviale tendineuse ;
2° Faire immédiatement au-dessus du talon de la main, sur le
bord externe du tendon du grand palmaire, une incision verticale
de 4 à 5 centimètres. Après avoir incisé l'aponévrose antibrachialo,
il faut prendre les plus grandes précautions, car on se trouve sur
le trajet de l'artère radiale. On continuera donc l'opération avec la
sonde cannelée, en ayant soin de là maintenir toujours en contact
avec le bord externe du tendon du grand palmaire. L'extrémité su-
périeure de la gaîne tendineuse est directement en arrière et sera
bientôt ouverte.
Si le pus s'est répandu dans la gaîne fibreuse du muscle, ce que
l'on pourra préjuger par le siège des douleurs et de l'œdème super-
ficiel, et aussi, dans certains cas, par une fluctuation profonde, c'est
alors cette gaîne qui! faut ouvrir, à une distance plus ou moins
éloignée du poignet.
— 41 —
D'après les rapports anatomiques que nous avons rappelés plus
haut^ c'est toujours en dehors du grand palmaire que Ton devra
faire l'incision. Il faudra encore se méfier de Tartère radiale et
achever Topération avec la sonde cannelée.
Chez le malade dont Tobservation est rapportée ci-dessus, j'ai
faut sur le bord externe du tendon du grand palmaire une incision
verticale de 4 à 5 centimètres, descendant à 1 centimètre du talon
delà main. Une fois l'aponévrose antibrachiale incisée, introduisant
une sonde cannelée entre le lendon du grand palmaire et les vais-
seaux radiaux^ j'ai déchiré les tissus et ouvert la gaine du muscle ;
il s'écoula une certaine quantité de pus.
On pourrait songer à introduire un tube à drainage entre Pinci-
sion faite au pouce et celle faite à Tavant-bras, mais l'étroitesse du
canal ostéo-fibreux, situé en avant du trapèze, rend cette opération
impossible.
En résumé^ dans le cas de suppuration de la gaine du long flé-
chisseur du pouce^ il y a de grands avantages à faire de très-bonne
heure l'ouverture de cette gaine. L'incision sera faite plus ou moins
haut, selon que les symptômes indiqueront une suppuration plus ou
moins étendue de la gaine; mais toujours il faudra avoir soin d'évi-
ter l'artère radiale, et pour cela il suffira de laisser toujours la sonde
cannelée en contact avec le bord externe du tendon du grand pal-
maire.
RÉPERTOIRE MÉDICAL
REVUE DES JOURNAUX
Iftétréelssemeiit cicatriciel
de la imlve ; débridement ;
accoochement maltiplc. Une
femme de vingt-quatre ans, rapporte
Il . Gomes Torres de Grenade, arrive au
terme d'une grossesse normale avec un
rétrécissement cicatriciel de la vulve^
permettant seulement l'introduction
de l'index. Ce rétrécissement était
consécutif à une gangrené de la vulve,
survenoe une année auparavant à la
suite d'un avortement au troisième
mois, qui avait surpris la malade dans
le cours d'une fiëvre grave.
La grande lèvre gauche, ainsi que la
petite du même côté, a disparu com-
plètement; elles sont remplacées par
une grande cicatrice de consistance
cartilagineuse. La grande lèvre droite
est détruite dans ses deux tiers anté-
rieurs et remplacée par une cicatrice
analogue à celle du côté gauche; il
reste un léger vestige de la petite
lèvre, et au niveau de la commissure
postérieure se trouve un appendice de
forme triangulaire de 2 centimètres
de longueur, complètement insensible
à la pression, ainsi qu'aux ponctions.
Le travail de raccouchement se fit
d'une manière régulière, la tête se
présentant en position occipito-iliaque
gauche antérieure; mais une fois que
le vertex eut atteint la vulve, les con-
tractions, chaque fois plus énergiques^
vinrent chaque fois aussi se briser
contre la résistance invincible oppo-
sée par le rétrécissement, quoique le
chirurgien eût essayé de ramollir les
parties pendant les derniers temps de
la grossesse avec de l'extrait de bella-
-42 -
doiie, des bains de siége^ des injec-
tions tnucilagineuseSi
M. Gomes Torres incisa alors toute
l'épaisseur de la cicatrice siir quatre
points, deux à gauclie et deux à droite,
tfne cinquième incision fut pratiauée
encore à gaiiche, là OU la cicatrice était
plus grande, et une énergique contrac-
tion amena l'expulsion d'une Glle ro-
buste; un formidable thrombus déve-
loppé à la dernière heure était encore
cependant venu compliquer les ct)Oses.
Les suites de couches ont été sim-
Îles. {Sud médical et Lyon médical^
870, no 16.)
Abcès du sinus frontal.
Homrtie de quarahte ans, entré le
4 juin à King's Collège bospital. Début
remontant à une douzaine d'années ;
gonflement de la paupière supérieure
droite^ puis apparition depuis six mois
d'une tumeur à l'angle interne de cette
paupière, à la base du nez. L'œil
droit est saillant en avant et de plus
déplacé en bas et en dehors ; ses mou-
vements sont diminués ; la paupière
supérieure est rouge et gonflée; à son
angle, interne tumeur ovale, du volume
d'une grosse noisette, remontant jus-
qu'au sourcil, ferme et tendue, mani-
festement fluctuante et douloureuse à
la pression. Légère injection de la
conjonctive; vue normale, pas d'alté-
ration du fond de l'œil; l'exophthal-
mie et le tiraillement consécutif du
nerf optique n'ont amené ni héperé-
mie ni œdème de la réllhè oU au iierf
optique.
Pensant à un abcès du sinus frontal
qui se serait frayé une voie par la p£l<^
roi orbitaire, M. Wells fait le 16 juin
une incision sur la tumeur, disséqué
la peau et les fibres de l'orbiculaire,
puis ouvre largement la tumeur; issue
d'une grande quantité de pus épais,
verdâtre ; retour graduel de l'œil à àa
position normale. Le petit doigt, in-
troduit dans l'incision, pénètre faci-
lement dans le sinus frontal par une
ouverture large et irrégulière ; une
grande quantité de pus s'étant écoulée
du sinus distendu, le petit doigt de
TaUtre main est introduit dans U na-
rine droite jusqu'à ce qUe sa pulpe ne
soit plus séparée du doigt placé dans
le sinus que par une lamelle osseuse
très-mince. Cette lamelle est ponction-
née à sa partie inférieure au moyen
d'un trOcart; puis un tube à drainage
est conduit de la narine dans le sinus,
et de celui-ci au dehors par Touver-
ture orbitaire et l'incision extérieure ;
Tune des exlréihités du tube 6st fixée
au fi*ont par uiie batidelette agglutl*
native, Tautre sort par la narine ; de
cette manière le pus s'écoula librement
par la narine et on put laver le sibas
par des injections aaueuses et astrin-
gentes. L'opération fut suivie dé (|uel-
ques symptômes inflamrhatoires qui
disparurent bientôt. Â partir du 3 juil-
let, le malade, sorti de l'hôpital eU
conservant le tube à drainage, le gon-
flement presque entièrement disparu et
l'œil rentré dans sa situation normale,
se présenta de lemps en temps à
M. Sœlberg Wells. Le drain est en-
levé le 25 septembre, tout écoulement
ayant cessé; l'incision extérieure se
ferme nipidement, l'œil a son aspect
normal et a recouvré sa parfaite mo-
bilité dans toutes les directions. Revu
au commencement de février 1870, il
est complètement guéri.
M. Wells fait suivre cette observa-
tion des remarques suivantes sur les
maladies du sinus frontal. Le sinus
frontal peut être distendu soit par des
tumeurs solides» soit par des coUec^
tiens de liquide, pus ou mucus ; l'in-
flammation de sa muqueuse, qui tnëue
à la formation du pus. peut être aiguë
ou chronique, et succède généralement
à un cOup ou à une chute qui peut
s'être produit assez longtemps avant
la manifestation des premiers symp-
tômes pour être à peu près oubliée
par le malade ou les siens. Dans le
cas ci-dessuji la maladie parait avoir
été spoHtânée et à marche chronique,
si on en juge par l'absence de symp-
tômes ai^us, la distension du sinus et
la lar^èiir de la perforation de sa pa-
roi orbitaire. Les symptômes fournis
par la dtstens^ion du* sinus frontal â0nt
soUveilt obscurs, et peuvent simuler
ceux d'une tumeur de l'orbite, au point
que le diagnostic rie puisse être fait que
par une incision exploratrice; l'abcëà
peut se frayer une voie à travers la
paupière supérieure, et l'on trouve
alors un tt*ajet fistuleux qui conduit
dans le sinus. D'autre part, si le gon-
flement s'étend plus bas, de manière à
être bridé par le tendon de Torbicu-
laire, on peut croire à une disten-
sion du sac lacrymal ; mais la méprise
est empêchée par l'absence d'épiphora
et de symptômes inflammatoires et par
la dureté de la tumeur due à la dis-
tension du sinus. Souvent le diagnos-'
tic ne peut être posé qu'à l'aide d'une
incision exploratrice ; si alors on
trouve un abcès du sinus frontal ayant
perforé la voûte orbitaire^ ou une dis-
— 43 —
tension da sinas par da tnticot, il Uni
Tider la cavité avec le doigt ou des
in|ectioD8 d'eau tiëde, et établir une
libre cotaimunication entre le sinus et
le nés au moyen d*un drain, comme
dans le cas actuel. Le drain doit être
laissé plusieurs mois en place, jusqu'à
la cessation de tout écoulement par la
narihe. (The Lancet, 14 mai 1870.)
Extirpation de là ctaTleuie.
Honime de trente-cinq ans. cultiva-
teur. Douleurs au niveau de l'épaule
Saucbe depuis plusieurs années. Pen-
ant l'été de 1868, il s'aperçoit d'un
léger gonfletnent de la clavicule gau-
che; état stationnaire jusqu'en oc^
tobre 1869. A partir de ce moment,
augmentation rapide, impossibilité
absolue de travailler. Le 9 mars 187U,
cet hotnme entre à Uriffreld cottage
bospital; M. Brilton constate au ni-
veau de la clavicule gauche une tu-
meur du volume d^une orange^ de
forme ovale^ d'une dureté osseuse^
sans mobilité^ adhérente aux parties
qui l'entourent, faisant sentir des
pulsations quand on comprime forte-
Ïient sa partie inférieure. Elle est in-
blenté, mais ii y a des douleurs et
de l'engourdissement dans l'épaule et
le bras; oedëme du bras et de la
inain. L'extrémité externe de la cla-
vicule pai*alt mobile et ses mouve-
gienls donnent une sensation de râpe.
'auscultation fait entendre dans
toute la poitrine un bruit de râpe
aigu, qui a son maximum au niveau
de rarticulation sterno-claviculaire
gauche. Le malade se plaint de dys-
pnée et de suffocation ; la déglutition
ae fiiit bien; toux spasmodique très-
fltlganté. Santé générale affaiblie par
nhe mauvaise habitation. Rien du
cOté de l'hérédité.
Le 16 avrils la santé générale étant
trë«-améiiorée et la tumeur augmen-
tant beaucoup, M. Britton se décide à
en faire l'ablation. Le malade chlo-
roformé, le chirurgien fait à la peau
une incision sur toute la longueur de
la clavicule, dissëque jusqu à l'os au
niveau de l'extrémité acromiale. passe
un manche de bistouri sous l'os et
scie dessus à un pouce environ de
l'extrémité. Il découvre ensuite la cla-
vicule du côté sternal^ éprouve assez
de difficultés à séparer la tumeur des
tissus environnants» qui sont dans un
état semi-cartilagineux, et achève l'ex-
àrpatlon de la clavicule. On voit Tar-
tèresous-clavière battre dans le fascia,
mais elle n^est pas découverte. De
nombreux vaisseaux appartenant à la
tumeur donnent une hémbt*rhap:ie
asset abondante. Torsion pour tous
les vaisseaux, pas de ligatures; sutures
de soie et bandelettes agglutinatives ;
compresse mouillée par dessus.
17 avril. Nuit bonne, pas de dou-
leur; pouls à 100; langue nette, res-
piration facile, bruit de râpe disparu.
18. Pouls à 86; on enlevé les su-
tures ; réunion presque complète ; pas
une goutte de pus.
30. L'opéré peut sortir; il peut
balancer le bras sans éprouver de
douleur; il sent seulement de la
roideur à l'épaule.
L'examen microscopique fit recon-
naître une tumeur cancéreuse. M. Brit-
ton attribue le remarquable succès de
la cicatrisation à la torsion des vais-^
seaux et à l'air pur de l'hôpital (cot-
tage bospital). {British Médical Jour-
nal, 21 mai 1870; Lyon médical^
n«> 13)
lie chloral en obstétriqae.
Par son action sédative et surtout hyp-
notique, le chloral a de nombreuses
indications, et, sa nouveauté aidant,
on l'emploie en tout et pour tout de-
Suis quelque temps. M. le dor-teur
lore Malden en a fait aiuSi une large
expérimentation gynécologique, dans
son service des fenames en couches, k
l'hôpital Rotunda, de Dublin, dont il
rapporte vin^t-cinq cas. Qu'il ait
réussi contre l'insomnie et les dou-
leurs consécutives à l'accouchement, il
n'y a là rien d'étonnant; l'indication
en est toute simple et rationnelle ;
mais quMl soit applicable dans Taccou-
chement même, cela ne s'était pas en-
core vu. Dans trois cas de rigidité du
col relardant le travail, dont deux
jeunes primipares, M . Malden donna
le chloral dans le but de calmer l'é-
nergie des contractions et, en procu-
rant le sommeil, de donner le temps à
la dilatation de s'effectuer. C'est ce qui
eut lieu dans le premier cas, après un
intervalle de huit heures et 4 gram-
mes de chloral en deux fois. Mais un
bain tiède eut un effet beaucoup plus
sensible sur la dilatation dans les
deux autres. D'oîi il suit que ce n'est
donc que comme calmant et hypno-
tique, c'est-à-dire très-indirectement,
que cet agent peut être employé en
pareilcas. (DubW» Quarterly JaiirnaU
mai 1870, et Union médicale, 23 juil-
let 1870.)
— 44 —
TRAVAUX ACADÉMIQUES
1^ De l'absorption par la ves-
sie. La muqueuse vésicale a été re-
gardée comme une de celles qui sont le
moins propres à l'absorption ; on a
même soutenu qu'elle lui était tout à
fait impropre et Ton faisait remarquer
que ce défaut d'absorption mettait
rorg9msme à l'abri de l'intoxication
urémique ; c'est en effet ce qui sem-
blait résulter d'expériences négatives
faites avec le curare par Kœlliker,
Eckart et d'autres médecins allemands
sur des chiens ; c'est aussi la conclu-
sion à laquelle était arrivé M ■ Suzini
dans un important travail publié sur
ce sujet^ en 1868, dans le Journal de
Vanatomie et de la physiologie.
Les expériences de MBi. Bert et Jo-
lyet ne sont pas favorables à la tbëse
de la non-absorption. Ces physiolo-
gistes ont injecté de la strychnine et
de Tiodure de potassium dans la
vessie de chiens el de chats, et les ani-
maux en expérimentation ont éprouvé
des accidents au bout de dix minutes
environ , ou bien ont fourni des
traces d'iode dans leurs sécrétions au
bout d'un temps également assez
court.
Ces faits sont d'accord avec ceux de
M. Ségalas përe et montrent l'heureux
parti que l'on peut tirer de la mu-
queuse vésicale pour l'administration
des médicaments lorsque la muqueuse
digestive n'est plus propre à l'absorp-
tion, dans le choiera par exemple.
Dans ce cas, M. Brown-Séquard dit
avoir eu recours avec bonheur à
l'absorption par la vessie. Toutes les
fois que l'urine était peu abondante^ il
injectait des carbonates alcalins et de
l'opium, et des phénomènes non dou-
teux d'absorption se produisaient une
demi-heure après l'injection. Cette
pratique a été suivie également avec
succès en Allemagne, en Italie et en
Russie.
M. Bert rappelle que M. Cl. Ber-
nard obtenait des accidents dix mi-
nutes après une injection de curare
dans la vessie d'un lapin ; il fait re-
marquer d'autre part que l'état de
concentration des urines du matin,
naturellement plus chargées que celles
de la journée, est une preuve d'absorp-
tion des parties aqueuses. Si M. De-
marquay a trouvé l'absorption par la
vessie si difficile, c'est qu'il expéri-
mentait sur des vessies malades. {So^
cieté de biologie et Gazette médicale
de Paris, no21, 1870.)
En terminantcet article, nous prions
nos lecteurs de revoir la note publiée
dans notre tome LXXV, par M. Alling,
sur l'emploi thérapeutique des injec-
tions de chlorhydrate de morphine
dans la vessie.
littxaUon de la rotnle $ ré -
duetlon par on procédé par-
ticulier. Le 30 mars 1870, M. Du-
play communique à la Société de
chirurgie une observation de luxation
de la rotuie en dehors, qu'il a réduite
par un procédé particulier. La rotule,
ainsi qu'on peut le voir par un moule
en plâtre que M. Duplay met sous les
yeux de ses collègues, était placée de
champ, la face antérieure tournée en
dedans, la face postérieure en de-
hors, le bord externe en bas et en-
gagé dans l'espace intercondylien, le
bord externe en haut, faisant sous la
peau une saillie considérable. Après
avoir fait à plusieurs reprises, avec le
secours de Tanesthésie chlorofor-
mique, des tentatives de réduction
prolongées et très-énergiques, M. Du-
play, se croyant dans l'impossibilité
d'ébranler la rotule dans sa position
anormale, eut l'idée de se servir d'un
instrument analogue à la griffe de
Malgaigne. Les griffes de l'instru-
ment étant implantées sous le bord in-
terne de la rotule, il est parvenu, par
des efforts considérables de tractioa
de dedans en dehors, à dégager le
bord interne de la rotule et à re-
mettre l'os dans sa position naturelle.
Les suites de la réduction ont été
très-simples ; le malade est aujour-
d'hui complètement guéri. {Union
médicale, 30 avril 1870.)
— 43 —
VARIÉTÉS
Arrestation de M. Paul Thénard par les PriASsiens ; protestation de Vlnsti"
tut. — Au nombre des notables habitants de province emmenés en Allemagne
comme otageset internés dans une forteresse, se trouve M. Paul Thénard, le
chimiste^ membre de l'Institut. Dans la séance de l'Académie des sciences du
26 décembre dernier, le président, M. Liouville, aprbs la lecture du procès-
yerbal, a prononcé les paroles suivantes :
c L'Académie a appris, par les récits des journaux, l'arrestation récente de
notre excellent confrère, M. P. Thénard, qui aurait été envoyé à Brème par
les ordres des généraux prussiens. Si M. Thénard a été pris les armes à la
main, en défendant son pays, nous n'avons qu'à l'en estimer encore davantage
et à nous incliner devant le sort des armes qui aurait trahi son courage. Mais
si le seal motif de cette mesure est la fortune connue de M. Thénard et son
titre de savant distingué et de membre de TAcadémle des sciences, alors je
n'hésite pas à dire qu'une pareille arrestation serait tout simplement une in-
famie, dont chacun de nous devrait se' souvenir jusqu'à sa dernière heure, et
dont un jour ou l'autre la justice divine saurait punir les auteurs, o
L'Académie a déclaré s'associer pleinement aux paroles de son président et
a décidé qu'elles seront inscrites au compte rendu de la séance. (Extrait des
Comptes rendus de l'Académie des scienceSy t. LXXl.)
fiouBÂBBEMBiiT DE Pabis. — Bombardement des hôpitaux. — Le Journal
officiel publie la note suivante :
Apres un investissement de plus de trois mois, l'ennemi a commencé le
bombardement de nos forts le 30 décembre, et six jours aprës, celui de la
ville. Une pluie de projectiles, dont quelques-uns pesant 94 kilogrammes,
apparaissant pour la première fois dans l'histoire des sièges, a été lancée sur
la partie de Paris qui s'étend depuis les Invalides jusqu'au Muséum. Le feu
a continué jour et nuit, sans interruption, avec une telle violence, que dans
la nuit du o au 9 janvier, la partie de la ville située entre Saint-Sulpice et
i'Odéon recevait un obus par chaque intervalle de deux minutes.
Tout a été atteint : nos hôpitaux regorgeant de blessés, nos ambulances,
nos écoles, les musées et les bibliothèques, les prisons, l'église de Saint-Sul-
pice, celles de la Sorbonne et du Val-de-Grâce, un certain nombre de mai-
sons particulières. Des femmes ont été tuées dans la rue, d'autres dans leur
lit ; des enfants ont été saisis par des boulets dans les bras de leur mère. Une
école de la rue de Vaugirard a eu quatre enfants tués et cinq blessés par un
seal projectile.
Le musée du Luxembourg, qui contient les chefs-d'œuvre de l'art moderne,
et le jardin, où se trouvait une ambulance qu'il a fallu faire évacuer à la hâte,
ont reçu vingt obus dans l'espace de quelques heures. Lies fameuses serres
du Muséum, qui n'avaient point de rivales dans le monde, sont détruites. Au
Val-de-6râce, pendant la nuit, deux blessés, dont un garde national, ont
été tués dans leur lit. Cet hôpital, reconnaissable à la distance de plusieurs
lieues par son dôme que tout le monde connaît, porte les traces du bombarde-
ment dans ses cours, dans ses salles de malades, dans son église, dont la cor-
niche a été enlevée.
Aucun avertissement n'a précédé cette furieuse attaque. Paris s'est trouvé
tout à coup transformé en champ de bataille, et nous déclarons avec orgueil
que les femmes s'y sont montrées aussi intrépides que les citoyens. Tout le
monde a été envahi par la colère, mais personne n'a senti la peur.
Tels sont les actes de l'armée prussienne et de son roi, présent au milieu
d'elle. Lie gouvernement les constate pour la France, pour l'Europe et pour
lldstoire.
Le Journal officiel publie également la protestation suivante contre le bom-
bardement des hôpitaux :
An nom de l'humanité^ de la science, du droit des gens et de la conven-
tion Internationale de Genève^ méconnus par les armées allemandes, les mé-
— 46 -
decins soussignés de Thôpital des Enfants malades (Enfant-Jésus) protestent
contre le bombardement dont cet bâpi(a|| fitteinl par cinq obus, a été l'objet
pendant la uuil dernière.
lis ne peuvent manifester assez hautement leur indignation contre cet attentat
prémédité à la vie de six cents enfants que la maladie a rassemblés dans cet
asile de la douleur.
Docteurs âbciawiault, Jules 8iho«^ \jÂBue, piMii
ROOIA, BoVCnUT, GiBALSiS.
Paris, li janTier 1871.
La Salpêtriëre est un hospice oh sont recueillies en temps ordinaire ;
io Plus de trois mille femmes ^^ées ou infirmes ;
2<> Quinze cents femmes aliénées, et par surcroît^ en ce moment de suprèine
douleur^ les populations réfugiées des asiles d'ivry, et trois cents de nos bles-
sés. C'est là une réunion de toutes les souffrances qui appelle et commande \^
respect; mats l'ennemi qui nous combat aujourd'hui ne respecte rien. Dans la
nuit de dimanche à lundi, du 9 au 10 janvier, il a pris pour point de mire 1^
hôpitaux de la rive gauche, la Salpêtriëre, la Pitié, les Entants malades, le
Val-de-Gràce et les cabanes d'ambulance. Â la Salpêtriëre, nous avons reçu
plus de quinze obus. Or notre dôme, trës-élevé, est surmonté du drapeau in-
ternational ; il en est de même du dôme du Val-de-Grâce.
C'est un acte monstrueux, contre lequel protestent les médecins soussignés,
et qu*il faut signaler à l'indignation de ce siècle et à celle des générations
futures.
Docteurs Cruveilhier, chirurgien en chef de la Salpêtriëre ; Ghabcot^
médecin de la Salpêtriëre; Luts, médecin delà Salpê-
triëre; Febmoh, pharmacien en chef; Â. Vois», médecin
de la Salpêtriëre; BAitLAfiGEn, médecin de la Saipêtriërei
Triplât, médecin de la Salpêtriëre ; J. Mqbeau (de Tours).
^' ■ - ■- ■■■■■
Les soussignés, médecins de l'hôpital de la Charité (annexe), protestent
contre le bombardement dont cet établissement a été l'objet. Huit obus sont
tombés sur cet hôpital, qui renferme huit cents malades et blessés, tant civils
que militaires. Plusieurs autres projectiles ont éclaté dans son voisinage im-
médiat.
Docteurs LAVNBLononB, F^R^ol, B. Ball, E, (jAHCBHieAirx^ p. Bboo^bdbi^
Ë. L^BBÉ, A. Ollivipii,
Paris, le 13 jauTler 1871.
Nous soussignés, médecins et chirurgiens de Thôpit^l Necker, ne pouvons
contenir les sentiments d'Indignation que nous inspirent les procédés infâmes
d'un bombardement qui s'attaque ayec une préméditation de plus en plus
évidente à tous les grands établissements hospitaliers de 1» capitale. Celte
puit, des obus sont venus éclater sur la chapelle de l'hôpital Necker, rem-
plie momentanément de malades; c'est |e point central et le plus élevé de ce
grand hôpital, qui sert ainsi de point de mire aux projectiles de reunemi.
Ce n'est plus là de la guerre : ce sont les destructions d'une barbarie raffi-
née qui ne respecte rien de ce que les nations ont appris à vénérer. Nous
protestons au nom et pour l'honneur de la civilisation moderne et chrétienne,
DfSOBXBAUX, GOTON^ PoTAIH^ DeLVECB,
liABOOLBiSB, GUAUrrABD.
Paris, le 13 janvier 1871,
LMnstitution nationale des Jeunes-Âveugles, sise boulevard des Invalides,
est un vaste bâtiment isolé^ parfaitement visible à l'œil nu des hauteurs de
Cbâtillon et de Meudon.
Ce bâtiment, hospitalisant deux cents blessés et malades militaires^ et sur-
monté du drapeau de la convention de Genève, a été hier, 12 janvier, vers
- 47 ~
trois heures ^e raprës-midi, par un temps clair, yisé et atteint par les capons
prussiens.
Plusieurs projectiles ont d'abord sifflé sur l'édifice et dans le voisinage ;
puis, le tir ayant été rectifié^ deux obus ont, coup sur coup, effopdré l'aile
gauche du bâtiment en blessant trois malades et deux infirmiers. Des n^alheu-
reux atteints de fluxion de poitrine et de fiëvre typhoïde ont àt être trans-
portés dans les caves.
Le personnel médical de Tinstitution proteste, au nom de Vbumapilé^ contre
ces actes de barbarie^ accomplis systématiquement par un ennemi qu| ose ii^n
Yoquer Dieu dans tous ses manifestes.
Docteur > Romand, inspecteur général des établissements de
bienfaisance, directeur de Tinstitution; Lombard, médecin en
chef de l'institution; DésoRiiEAux, chirurgien en chef; Mène,
médecin traitant; HARDt^ médecin (raitanl; Claisse, médecin
traitant et médecin adjoint de l'institution; Bachelet, aide-
major.
Depoii» de nouvelles informations sont venues apprendre au public que l'hô-
pital Gochin^ l'hôpital du Midi, celui de Lourcine et la Maternité elle-même
B'ont pas été épargnés.
Monsieur le rédacteur^
 la liste déjà trop longue de nos établissements hospitaliers atteints par
le bombardement, vous pouvez ajouter Tinstituiion Sainte-Périne, à Auteuil.
Depuis trois ou quatre jours, les obus prussiens font rage dans cette maison. Il
en est tombé dans le réfectoire, dans la cuisine, dans l'infirmerie^ dans la
diambre d'une pensionnaire, dans celle de l'interne, devant la porte de l'ho-
Dorable directeur de l'institution, sans compter les toits enfoncés, les dégâts
occasioonés dans les cours et jardins, etc.
On voudrait croire, pour l'honneur de l'humanité, que le hasard seul ici
est en ceuee. Mais cette explication est difficile à admettre, quand on songe
que Sainte- Périne est située sur une hauteur qui domine le cours de la Seine,
que les vastes bâtiments dont elle est composée attirent le regard à une grande
distance et se distinguent avec la plus grande facilité des hauteurs de Cbâtil-
lon el de Meudon.
11 y a Uea de se demander, en présence d'un tel acharnement, sMl n'y a pas
là un véritable parti pris. Les Prussiens, croyez-le bien, connaissent Sainte-
Périne aussi bien que vous et moi. Chercher à jeter l'épouvante dans une mai-
son de retraite oii trois cents vieillards inoffensifs comptaient achever paisible-
ment leur carrière^ n'est-ce pas là un des moyens psychulogiques familiers à
nos ennemis? inutile de dire que le drapeau de Genève flotte sur la maison;
nous savons depuis longtemps le cas qu'en font les Prussiens.
Quoi qu'il en soit, je crois utile de signaler le fait à l'indignation de l'opi-
nlott pnblique.
• Yeoillei agréer ^ ete.
Pocteur Maurice Ratnaïïd,
Médecin de l'instituMon Sainte-Périne,
Enfin on lit encore dans le Journal officiel :
Pendani toute la nuit du 8 au 9 janvier, l'hôpital de la Pitié a été criblé
4'oIhu. Lo bâtiment de radmiuistration et les divers bâtiments qui contien-
atnt des malades ont été gravement atteints.
I^ns une salle de médecine affectée au traitement des femmes, les projec-
tiles prussiens ont fait une morte et deux blessées : les dames Morin, tuée
tn place ; Mirault, qui a eu le bras droit emporté ; Ârchambault, atteinte au
l>ns et à la cuisse (fracture) et grièvement blessée au bas-ventre.
L*b6pital de la Pitié se trouvant placé à l'extrême limite du tir de l'ennemi,
•n n''avaJt pas supposé, dès le premier jour, qu'il eût une intention particu-
lièrement hostile à l'établissement ; mais la nuit dernière, les obus, envoyés
exactement dans la même direction, sont venus tomber et éclater sur les
mêmes points ; et s'ils n'ont pas occasionné de nouveaux malheurs, c'est que
les précRUtione avaient été prises pour mettre les malades en sftreté.
— 48 —
Cet acharnement semblerait démontrer quMl ne s'agit plus d'un bombar-
dement ordinaire, mais d'une cruauté sauvage qui s'attaque de préférence
aux établissements hospitaliers, dans la pensée d'atteindre plus profondé-
ment la population et de lui occasionner les plus dures et les plus poignantes
émotions.
aucune guerre
Société médicale des hôpitaux. — La Société a procédé, dans sa dernière
séance, au renouvellement de son bureau pour l'année 1871. En voici la com-
position :
Président, M. Marotte; ~ vice-président, M. Moissenet; — secrétaire gé-
néral, M. Lailler : —trésorier, M. Labric;— secrétaires des séances, MM. Bail
et Brouardel.
Conseil d'administration : MM. Besnier, Colin, Desnos, Laboulbbne,
Moissenet.
Conseil de famille ; MM. Bergeron, Rlachez, Ghampouillon, Gubler.
Comité de publication : MM. Bail, Brouardel, Dumontpallier, Lailler,
Villemin.
Léciok D'HONKEnn. — Par décret en date du 16 décembre 1870^ rendu sur
la proposition du ministre de la guerre, ont été promus ou nommés dans
Vordre national de la Légion d'honneur les médecins dont les noms suivent,
qui prendront rang du 8 décembre 1870 :
Au grade d'officier: M. Combes ( \rincent-Dominique), médecin-major de
l^e classe: chevalier du 14 août 1865. — M. Mutel (Alexandre-Guillaume),
médecin-major de V^ classe, chargé du service de santé de la 3« division du
2^ corps de la 2« armée : chevalier du 29 décembre 1860; 23 ans de service,
14 campagnes. — M. Ohier (Célestin-Servant-Pierre^, médecin-major de
Ire classe, chargé du service de santé de l'artillerie du 1^^ corps de la 1^^ ar-
mée : chevalier du 14 septembre 1855 ; 28 ans de service, 11 campagnes.
Au grade de chevalier : M. Sarazin (Gharles-Âuguste Marie), médecin-
major de i^^ classe à l'ambulance du grand quartier général : 17 ans de ser-
vice, 2 campagnes. — M. Pallé (Jean-Pierre), médecin-major de 2« classe à la
3^ division du i^^ corps de la 2« armée : 20 ans de service, 3 campagnes.
— M. Simonnot (Denis- Cyrille), médecin aide-major de 2^ classe à l'ambu-
lance du grand quartier général : 7 ans de service, 2 campagnes. — M. Mo-
reau, médecin requis.
Par décret en date du 27 décembre 1870, rendu sur la proposition du ministre
de la marine et des colonies, le docteur Leroy (Osmond-Oiivier-Marie-Oné-
Négbologib. — Le corps médical et l'enseignement libre viennent de faire
une perte bien regrettable par la mort de M. le docteur Martin-Magron, l'un
de leurs plus distingués représentants. Aux obsèques de ce savant confrère as-
sistait une foule nombreuse de médecins et d'amis qui sont venus honorer la
mémoire de cet homme excellent, aussi estimable par le caractère que par le
savoir. Les cours et conférences ue M. Martin-Magron, destinés surtout aux
élèves qui se destinaient au concours de l'internat, étaient devenus célèbres.
L'enseignement libre n'a pas eu de professeur plus suivi et plus estimé. Son
ami, M. le docteur Poterin de Motel, a prononcé sur sa tombe une allocution
dans laquelle il a payé à sa mémoire le tribut d'éloges et de regrets qu'il a si
|)ien mérité.
Pour les artieles non signés : F. BRICRETEAU.
— i9 —
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
9e l'empolsonnenieBi par la slryehiiliie ) doses des préparalions
de noix Tomlque «oseepllbles de le produire) el moyens de
miiemeai proposés %
Par le docteur Dblioqz db Satignac.
Les cas récents d'empoisonnement par la strychnine, qui ont jus-
tement ému Fopinion publique, en mettant une fois de plus en re-
lief Tactivité effroyable de ce poison, donnent un intérêt d'actualité
aux considérations qui vont suivre. Elles ont pour but : d'exposer
succinctement Tétat de la science sur cet empoisonnement ; d'exa-
miner à quelles doses les diverses préparations de noix vomi que
sont susceptibles de le produire; de constater les tentatives faites
pour conjurer ses effets, et de rechercher si, malgré les insuccès à
peu près constants de ces tentatives, il ne resterait pas encore quel-
que espoir de sauver l'individu empoisonné, dans les cas au moins
où les accidents toxiques ne seraient point parvenus au summum
de gravité.
On sait que la strychnine est Tun des alcaloïdes les plus actifs
extraits des substances végétales, lesquels, aux doses les plus mi-
nimes, produisent d'énergiques effets physiologiques et doivent à
cette énergie môme d'être utilisés en thérapeutique : agents de
médications qui, à côté de leurs incontestables avantages^ ont
aussi leurs dangers virtuels; car ils deviennent instruments de
mort dès que Thabileté médicale cesse de présider à leur emploi,
lorsqu'il y a méprise ou imprudence dans leur administration,
lorsqu'enfin le suicide ou le meurtrier s'en emparent.
C'est à la strychnine que les préparations de noix vomique doi-
vent la majeure partie de leurs propriétés pharmacodynamiques ;
rigasorine et la brucine n'y concourent que pour une moindre
proportion. L'igasurine n'a pas^ à ma connaissance, reçu d'ap-
plications thérapeutiques : d'après des expériences nouvelles, elle
serait un mélange de plusieurs alcalis organiques. La brucine,
malgré les essais favorables de Magendie^ d'Andral, de Bricheteau,
est très-peu employée ; elle a des propriétés pharmacodynamiques
analogues à celles de la strychnine, mais moins actives; ce qui serait
im motif pour la placer chez les sujets trop sensibles à l'action de
TOIR LXXX. t* UYR. i
— 50 —
la strychnine. Tout nous engage donc à avoir spécialement en vue,
dans ce travail, ce derniei* alcaloïde, mieux connu, mieux étudié,
et par suite objet de nombreuses applications.
La strychnine est presque insoluble dans Teau, puisqu'elle ne se
dissout sensiblement que dans 2500 parties de ce liquide bouil-
lant, et, à froid, dans 6687 parties. Elle est même peu soluble
dans Talcool. Mais, à en juger par la réalité de ses effets phy-
siologiques et thérapeutiques, et surtout par la promptitude de
son action toxique, elle se dissout, probablement en se trans-
formant en sel, dans les sucs acides de Testomac^ et ne tarde pas
à être absorbée.
Cependant on a remarqué que la strychnine et les préparations
à base de strychnine présentent souvent le phénomène de Taccu-
mulation médicamenteuse : c'est-à-dire, que les doses successive-
ment ingérées, au lieu d'agir au fur et à mesure qu'elles sont con-
fiées à l'estomac, restent parfois inertes pendant un certain temps,
pour laisser ensuite, à un moment imprévUj^ éclater aveo excès
l'action dynamique qui leur est propre» On peut expliquer ce ré*
sultat en admettant que, vu leur composition variable, les liquides
digestifs n'attaquent pas toujours immédiatement, pour en provo^
quer la dissolution, soit la strychnine, soit tout autre principe
insoluble. Que si alors, et après un temps d'arrêt dans Tahsorption,
l'action dissolvante s'exerce sur une somme quelconque de parti-
cules médicamenteuses tenues on réserve^ accumulées dans Tester
maq, il devra en .résulter une explosion d'effets consécutifs supé-
rieurs en intensité à ceux que Ton attendait de chaque fraction de
cette somme de particules actives ; le s^jet alors se trouve dans les
conditions de celui à qui l'on a administré un médicament, non
plus à doses filées, mais à dose massive ; et pour peu que le médi-
cament soit énergique comme l'est la strychnine, on comprend que
quelques phénomènes d'intoxication puissent se manifester*
En prévision de ces accidents possibles» il y a donc liett de
renoncer à l'emploi thérapeutique de la strychnine et de lui pré-
férer l'un de ses sels solubles. C'est au reste ce qui se fait de nos
jours, où le sulfate de strychnine est généralement substitué à la
strychnine pure.
Mais que ce soit l'un ou l'autre de ces deux médicaments que
l'on mette en usage, on devra les manier avec une extrême réserve.
Si nous avons vu tout à l'heure que, pendant l'administration des
préparations strychniques, on peut avoir à compter avec l'accunsu-
— 51 —
lation des doses, nous devons en outre nous tenir pour avertis que
les différents sujets présentent une sensibilité très-inégale à Tin-
fluenoe de ces préparations ; que tel éprouve des soubresauts fibril-
laires oa de la raideur musculaire aux moindres doses^ tandis que
tel «atre en accepte d'élevées et les supporte en vertu d'une tolé-
rance naturelle ou momentanément conférée par quelque état
mwfaide spécial. On voit même certains individus tellement in-
flaaiçables, que des doses presque infinitésimales de l'alcaloïde en
question suffisent à provoquer des accidents toxiques. Que tout pra-
ticien prudent se pofie donc comme règles : de débuter par des doses
très-inférieures de médicaments strychniques^ 'inférieures à celles
consd liées dans plusieurs traités de matière médicale ; de ne les
élever que graduellement, en tâtant la suceptibiiité des sujets ; de ne
pas s'effrayer sans doute de quelques secousses et d'un peu de
rigidité musculaires qu'il n^est pas mauvais d'obtenir comme signes
du degré d'action nécessaire pour vaincre'certains spasmes et sur-
tout les paralysies du mouvement ; mais en revanche de suspendre
la médicamentation^ dès que la rigidité envahit, même à un degré
&ibie, l'articulation temporo-maxillaire^ les muscles vertébraux et
pectoraux^ à la première menace de trismus et de gêne dans les
mouvements respiratoires^ en un mot dès le début d'un véritable
strychnisme : ici l'intoxication commence.
Oa ne peut établir d'une manière absolue à quelle dose la
strychnine devient toxique ^ cette dose variant selon Timpression-
nabîlité des sujets, l'état de santé ou de maladie, et l'accoutumance
établie par la progression de doses antérieures. On a eu beau dire
qu'il n'y a pas d'accoutumance pour les médicaments strychniques,
il y en a une, moins marquée seulement que celle déterminée par
d'autres médicaments. En effets telle dose de strychnine, de sulfate
de strychnine, d'extrait alcoolique de^noix vomique, qui est parfai-
tement supportée par un individu à une période avancée de son
tnûtement, ne lui aurait pas été donnée sans quelques risques au
début de ce même traitement.
Je crois que Von peut considérer la dose de 5 centigrammes de
strychnine conoune toxique au point de produire la mort pour tous
les individus de l'espèce humaine, si elle est donnée d'emblée et en
une seule fois. Au-dessous de cette dose, à 4 et 3 centigrammes^
des accidents très- graves pourraient encore se produire et aller
jusqu'à la mort.
Parmi les cas d'empoisonnement par la strychnine relevés par
— 52 —
M. Tardieu {Mémoire sur r empoisonnement par la strychnine^
Annales d'hygiène publique, i 856-57, t. VI et VU, 2* série), et
parmi ceux rappelés par les médecins anglais à propos du procès
Palmtr {ibid), on en voit plusieurs où des doses inférieures à 5,
à 4, et même à 3 centigrammes, ont suffi pour déterminer la mort,
ou tout au moins des accidents très-graves.
Dans un cas cité par le docteur DiiT\aL\i( Etude clinique et médicO"
légale sur l'empoisonnement par la strychnine, Ann, d*hyg. pubL
et de méd. lég.^ 1862, 2« série, t. XVII, p. 428) , 1 centigramme
de strychnine^a failli causer la mort à une femme de trente-huit
ans ; et, conséquence rare et exceptionnelle, il en est résulté une
paralysie avec atrophie musculaire durant onze mois. 1 centi-
gramme de sulfate de strychnine en deux prises a déterminé la
mort d'une jeune fille de douze ans et demi (Gallard, De r empoi-
sonnement par la strychnine, Paris, J.-B. Baillière, J865, p. 27).
Dans les expériences instituées par M. Andral, il a même été ob-
servé des symptômes inquiétants chez quelques individus à la suite
de l'administration de 4 à 5 milligrammes seulement de strychnine.
C'est assez dire combien il importe d'être prudent et réservé dans
la posologie d'un médicament qui se convertit si facilement en ua
poison redoutable, et de se défier à son égard de la susceptibilité si
variable des sujets.
Toutefois, ce qui prouve, comme je le disais tout à l'heure, que
l'on peut jusqu'à un certain point accoutumer l'économie à l'in-
fluence de la strychnine, c'est que, en débutant par une dose très-
minime, de 2 à 5 milligrammes par exemple, on a pu donner
graduellement jusqu'à 10 et 15 centigrammes par jour. Toutefois,
ces doses, autorisées par MM. Trousseau et Pidoux {Traité de ma-
tière médicale et de thérapeutique, art. Noix vomique), me semblent
excessives, et je ne les conseillerai ni ne les emploierai. A plua
forte raison faut-il laisser, non dans les exceptions, mais dans les
faits inexpliqués, et ne pas prendre pour exemples les cas cités par
M. Devergie, où il aurait vu des malades supporter jusqu'à 35 cen-
tigrammes de strychnine par jour sans en éprouver aucun effet. Il
est vraisemblable que, dans de pareils cas, la strychnine, ou du
moins la plus grande partie de la strychnine, n'avait été ni dis-
soute ni absorbée. 15 centigrammes de strychnine, avalés par
méprise, ont suffi pour amener la mort chez une femme au bout
d'un quart d'heure (Journal de chimie médicale, 1849). 5 cen-
tigrammes ont fait mourir en une demi-heure une fille de sept ans
— 53 —
et demi (obs. du docteur Dan vin, Ann. d'hyg, publ.^ 1864 ,
t. XV, 2« série).
Pour évaluer la puissance toxique des sels solubles de strych-
nine, il faut moins calculer la quantité de strychnine qu'ils con-
tiennent que leur solubilité , et par suite leur absorbabilité plus
facile. Il se pourrait donc que, aux mêmes doses que la strychnine,
et même à doses inférieures, ils produisissent les mêmes accidents.
liais les faits manquent jusqu'ici pour bien apprécier ces difié-
rences.
D'après Soubeiran [Traité de pharmacie)^ une partie de strych-
nine équivaut à
Sulfate cristallisé 1,51
Citrate cristallisé 1,17
Chlorhydrate cristallisé 1,16
Le sulfate de strychnine est efilorescent ; le chlorhydrate est
inaltérable à Tair. C'est donc ce dernier sel qui devrait être préféré
pour Pemploi médical. C'est pourtant le sulfate qui est usité.
Le sulfate de strychnine, déjà essayé à diverses reprises lors des
apparitions antérieures du choléra en Europe, fut de nouveau pro-
posé et employé par M. Abeille dans l'épidémie de 1854. Les
doses étaient : 15 milligrammes matin et soir, ou même, selon la
gravité des cas, 1^ 2, rarement 3 centigrammes, également matin
et soir. Le sel était administré dans 60 grammes d'eau distillée ou
de solution de gomme ; la potion devait être prise en quatre heures,
c'est-à-dire par quart à chaque heure. Ce médicament était donné
surtout pendant la période algide ; il fut continué quelquefois pen-
dant la période de réaction. D'après le rapport de M. Gérardin à
l'Académie de médecine (séance du 5 septembre 1854), il ne ré-
pondit pas aux espérances qu'il avait fait concevoir ; et le chiffre
des guérisons annoncé par M. Abeille lui-même ne s'éleva pas au-
dessus de celui qu'on obtient généralement du traitement métho-
dique du choléra. Néanmoins, l'idée de M. Abeille me paraît ra-
tionnelle. La strychnine pourrait agir, dans le choléra, en excitant
la moelle épinière comme foyer de chaleur, ainsi que les vaso-mo-
teurs intestinaux dont Tasthénie détermine la déperdition du sérum
du sang.
La vogue momentanée accordée au sulfate de strychnine comme
spécifique du choléra, eut pour résultat de donner une fréquence
insolite aux empoisonnements strychniques, et de démontrer spé-
— 54 —
dalement ractivité, aux plus petites doses^ du sulfate de strychnine^
jusqu'au jour où le préfet de police finit par intervenir et défendre
aux pharmaciens de la capitale de vendre aucun remède à hase de
strychnine sans ordonnance de médecin. La surveillance médicale
elle-même ne mit pas toujours les cholériques à Fabri des accidents
toxiques^ et, comme on aurait pu le prévoir^ les doses de strychnine
restant inahsorbées pendant la période algide, s'accumulaient dans
l'estomac chez certains malades, et occasionnaient ultérieurement
des symptômes d'intoxication que Ton dit avoir favorisé ou même
provoqué une terminaison fatale.
Trousseau, qui a introduit avec avantage les préparations de
noix vomique dans le traitement de la chorée, administrait aux en-
fants atteints de cette maladie un sirop contenant 5 centigrammes
de sulfate de strychnine pour 100 grammes de sirop de sucre. Les
jeunes malades prenaient de ce sirop strychnique une cuillerée à
café, puis deux, puis trois, et la dose quotidienne pouvait être éle-
vée graduellement à six et même jusqu'à dix cuillerées à café. Or en
évaluant que 100 grammes de sirop contiennent à peu près vingt-
cinq cuillerées à café, chaque cuillerée renfermerait t milligram-
mes de sulfate de strychnine. Trousseau a donc pu élever la dose
quotidienne de sulfate de strychnine, chez des enfants, à 2 centi-
grammes. Cet éminent praticien recommandait toutefois d'être pru-
dent dans l'emploi du remède, et indiquait les précautions à pren-
dre pour éviter tout accident sérieux; ce qui n'a pas toujours eu
lieu cependant^ comme l'a fait remarquer M. Gallard dans son
savant et intéressant mémoire sur la strychnine. Je partage Pavis
de Réveil, qui regarde le sirop de Trousseau comme trop actif, et
propose de le formuler ainsi : 5 centigrammes de sulfate de
strychnine pour 500 grammes de sirop simple {Formulaire des mé-
dkàmenis nouveaux, 1865).
Il résulte de ce qui précède que, pour les sels de strychnine
comme pour la strychnine pure, il ne faut s'élever que progressive-
ment et avec réserve jusqu'à la dose de 5 centigrammes, si même
elle peut être atteinte ; qu'il est très-hardi de dépasser cette dose,
téméraire de la doubler ; et que ces hautes doses^ en tout cas^ si
elles étaient données d'emblée et en une seule fois, causeraient in-
failliblement une intoxication des plus graves.
La tendance de la pharmacologie moderne est de substituer aux
préparations qui contiennent tout ou partie d'une substance végé-
tale, les principes isolés dans lesquels se concentrent les propriétés
— 55 -
thérapeutiques. Cependant on ne saurait déposséder la pratique de
plurieurs préparations complexes dont Texpérience a démontré Tef-
fieacitë. L'extrait alcoolique de noix vomique est de ce nombre; il
a même, au moins pour certains cas^ sur la strychnine et ses sels
une vëritable supériorité. Il est plus facile à manier, plus doux,
quoique souvent aussi sûr dans son action ; et par sa complexité
même il peut satisfaire à des indications qui^ elles aussi^ sont dé-
duites de la considération de plusieurs éléments morbides. Cet
extrait a enfin l'avantage de réunir et de contenir à Tétat soluble les
trois alcaloïdes de la noix vomique, qui, dans Tordre de leur acti-
Tité^ sont : la strychnine, Pigasurine et la brucine^ tous les trois
combinés avec l^acide igasurique (qui pourrait bien n^être que de
l'acide lactique, selon MM. Pelouze et Frcmy). Or ces combinaisons
étant solubles dans Teau et dans l'alcool, les extraits de noix vo-
mique, et particulièrement l'extrait alcoolique, représentent toutes
les propriétés actives de la semence du vomiquier. Je dirai même
que^ vraisemblablement par suite de l'absorption facile de ces iga-
surates^ je n'ai jamais été témoin de ces phénomènes inquiétants
d'accumulation médicamenteuse dont ont parlé d'autres thérapeu-
tistes^ pendant les nombreux traitements que j'ai basés sur l'em-
ploi continu et prolongé d'extrait alcoolique de noix vomique. Pour
cette préparation^ comme pour les autres dont il a déjà été ques-
tioa, il est difficile de déterminer où finit la dose médicamenteuse.
J'ai toujours commencé par de petites doses, m'élevant peu à peu à
des doses supérieures, selon le précepte posé plus haut; je n'ai ja-
mais dépassé 75 centigrammes ; c'est la limite à laquelle les phar-
macologistes conseillent généralement de s'arrêter. J'ai eu rarement
besoin d'aller au delà de 50 à 60 centigrammes pour Tobtention
des effets thérapeutiques que je recherchais. En tout cas, du reste^
avec l'extrait alcoolique de noix vomique, les accidents qui aver-
tissent de diminuer ou de suspendre la dose arrivent plus gra-
duellement, sont moins brusques, moins intenses que ceux qui
suivent l'administration de la strychnine ou de l'un de ses sels ; il
semble que Ton puisse attendre avec plus de sécurité la manifesta-
tion de ces accidents, et que l'on ait plus de marge pour les combat-
tre et prévenir leur aggravation.
Lee empoisonnements par l'extrait alcoolique de noix vomique
sont fort rares. On en trouve deux exemples dans une lettre adres-
sée au Bulletin de thérapeutique, 1853, (t. XLIV, p. 366)^ par le
docteur Gorré^ de Boulogne-sur-Mer. Une malade de la Salpêtrière
- 56 —
succomba en moins d'un quarl-d'heure^ après avoir avalé en une
seule fois, par méprise , 40 ou 50 centigrammes d'extrait de
noix vomique. Un domestique^ après avoir pris, également en une
seule fois, avec l'intention de se suicider, quinze pilules de cet ex-
trait^ de 5 centigrammes chacune, éprouva les accidents toxiques
les plus graves, mais fut rappelé à la vie ; saguérison fut attribuée
à remploi du lait, dont nous aurons plus tard à apprécier la va-
leur^ dans Tespèce, comme antidote.
L'extrait aqueux de noix vomique est très-peu employé^ et ne se
trouve guère dans les officines. Il est beaucoup moins actif que l'ex-
trait alcoolique. Cette différence tient principalement à ce que l'ex-
trait aqueux renferme tout le mucilage des semences^ de sorte que,
à poids égal^ il renferme moins d'igasurates de strychnine, d'iga-
surine et debrucine. Mais ces composés étant, d'après Soubeiran,
tout aussi solubles dans Teau que dans l'alcool, il faut encore se
défier, plus que ne le font certains pharmacologistes, des propriétés
toxiques de Textrait aqueux, et n'en point exagérer les doses. Des
quantités assez petites^ 5 à 20 centigrammes, ont suffi à M. Lésant,
pharmacien à Nantes, pour tuer des chiens et des chats , animaux,
du reste, très-sensibles à l'action de la noix vomique. Les expé-
riences de Magendie et Delille^ d'Orfila, ont démontré que cet ex*
trait, ainsi que la décoction aqueuse de noix vomique, ont un pou-
voir toxique considérable. L'extrait aqueux est préféré par quelques
thérapeutistes dans les circonstances qui réclament les amers^ et
notamment dans les névroses de Testomac, avec atonie de Tor-
gane^ dyspepsie, flatulence, se liant plus ou moins à l'état chloro-
anémique.
Dans les mêmes circonstances^ et dans d'autres encore que
nous n'avons pas à examiner ici, on emploie aussi la poudre
de noix vomique. Cette préparation officinale, à la condition
d'avoir été bien exécutée et d'être en bon état de conservation,
est très-active; on la conseille aux mêmes doses que l'extrait
alcoolique ; mais on peut cependant la porter plus haut, jusqu'à
18,50, ,par exemple, selon quelques auteurs, progressivement,
et toujours en surveillant attentivement ses effets. Plusieurs cas
d'empoisonnement par la poudre de noix vomique sont cités par
Murray (Apparattis medicamentorum)^ cas se rapportant surtout
à l'époque où Ton donnait cette poudre contre les fièvres inter-
mittentes. Mais les doses toxiques sont mal indiquées par cet au-
teur; deux doses de 15 grains chacune (75 centigrammes) font périr
— 57 —
une jeune fille de dix ans; 1 scrupule (1^,20) cause des accidents
graves à un homme adulte ; des doses qui paraissent avoir été
moindres encore n'en ont pas moins provoqué des phéno-
mènes toxicologiques. Dans une observation communiquée par le
professeur Jules Gloquet à Orfila {Traité de toxicologie)^ on voit
qu*un homme de quarante-cinq ans^ qui avait pris une quantité
considérable^ mais inappréciable (pour 60 centimes), de noix vo-
mique concassée, dont il avait saupoudré ses aliments, ne meurt
qu'au bout de soixante et une heures. Dans un autre cas cité par
Orfila, une femme meurt plus rapidement après avoir pris 30 gram-
mes de poudre de noix vomique. Dans un cas récent^ publié par le
docteur Pellarin {Ann. d'hyg. pub, y 1860, t. XïV, p. 431),
20 grammes de noix vomique concassée n'ont été suivis d^accidents
convulsifs qu'au bout de deux heures, mais le sujet meurt dès le
second ac«ès tétanique. En revanche^ et comme preuve de la diffé-
rence d^impressionnabilité des individus, une autre femme avale
16 grammes de cette même poudre délayée dans un peu d^eau,
éprouve bientôt les accidents les plus graves, mais ne tarde pas à
guérir complètement (The London Med. Gazette^ 7 mars 1819,
citation d'Orfila, loc, cit.) ; enfin un ami de Murray, dit cet au-
teur (loc. cit.), avale une noix vomique tout entière, et n'en est
aucunement incommodé.
La teinture alcoolique de noix vomique (noix vomique râpée, 1 ;
alcool à 80 cent., 5 : quinze jours de macération, filtrez),
tient en dissolution tous les principes actifs, et se trouve consé-
quemment susceptible d'agir comme médicament énergique et
comme poison. Elle est plus ordinairement employée à ^extérieur,
en frictions, qu'à l'intérieur. Cependant elle peut être fort bien
utilisée pour Tusage interne, ce que, à l'exemple de Trousseau, je
fais souvent. Je ne connais pas d'empoisonnement par cette pré-
paration.
En résumé, de toutes les préparations de noix vomique, c'est
l'extrait alcoolique qui est le plus généralement prescrit comme mé-
dicament ; ce sont la strychnine et la poudre de noix vomique qui
ont été le plus employées comme poison.
[La suite au prochain numéro.)
— 88 —
THÉRAPEUTIQUE CHIRURCIOALE
Be la valemr thérapeatiqae da ■éCon dans le IraltemenC
de* ffiraelares non «•■■•lld^es (i);
Par le doeteur BiaviiaBR-PiKAUD, médecin principal de la marine.
Le séioQ est un moyen de traitement qui a joui et jouit encore^
pour bien des chirurgiens, d'une importance très-notable dans le
traitement des fractures non consolidées ou pseudarthroses. Nous
aTons besoin de nous occuper de lui avec un soin extrême^ car^
ainsi que nous allons le voir, il y a une certaine difficulté à inter-
préter les faits qui ont été fournis pour et contre la méthode^ et ce
n^est qu'avec une logique sévère que Ton peut espérer d'arriver à
dégager la vérité de la question.
Il paraît que Winslovr, en 1787, et Percy, en 4799, ont eu, les
premiers, recours au séton dans le traitement des pseudarthroses ;
mais leurs opérations passèrent inaperçues, et ce n'est qu'en 18()3
que Pbysick, de Philadelphie, ignorant très-probablement que cette
idée avait eu des applications déjà, fit un essai que le succès cou-
ronna ; les chirurgiens, instruits de la tentative de Physick, prati-
quèrent cette opération avec des résultats différents, et la méthode
subit afec le temps assci de modiGcations pour qu'à côté du nom de
ses inventeurs il faille aujourd'hui en citer d'autres.
Mais disoQs d'abord qu'il existe, dans la grande majorité des
auteurs qui ont écrit sur les pseudarthroses, une confusion très'^
regrettable h Tendroit du séton ; en effet, une opération très-diffé«*
rente, celle que j'appelle Yécrasement linéaire du cal, n'a pas été
distinguée de lui le plus souvent, ce qui a une importance assez
grande, car cette confusion est de nature à fausser les résultats
statistiques touchant les chances de guérison, d'insuccès et de mort.
L'écrasement linéaire du cal, opération pratiquée par Seerig et
Sommé, d'Anvers, consiste dans la formation d'une anse de fil mé-
tallique ou organique autour du foyer de la pseudarthrose, anse qui
est serrée peu à peu jusqu'à ce qu'elle ait divisé entièrement les
(1) Ce travail est un extrait du livre que le docteur Bérenger-Féraud
publie actuellement cher A. Delahaye sous ce titre : Traité des fractures non
consolidées ou pseudarthroses, in-8o, 700 pages et 402 figures dans le texte*
— 59 —
tissus interposés aux fragments, tandis que le sëton est une simple
mèehe destinée à irriter le foyer de la non-consoHdation.
Physick, ayant à opérer une pseudarthrose de Phumérus, fit faire
l'extension pour mettre les extrémités osseuses en rapport convena-
ble ; il passa alors entre elles une aiguille à séton enfilée d'un fil
de soie^ en choisissant pour rentrée et la sortie de Taiguille les par-
ties les moins épaisses du membre et en ayant soin d'éviter les
Taisseaux. Ce séton fut entretenu pendant cinq mois, au bout des-
quels la consolidation |se faisant il fut retiré. Voilà un premier
procédé applicable à un membre qui ne présentait pas un volume
considérable, et Physick ayant ultérieurement une fracture non con-
solidée du fémur à traiter par la même méthode, fit une incision
avec le bistouri d'abord et passa ensuite son séton. De sorte que
voilà un second modus faciendi de l'opération.
D'antres chirurgiens se sont servis d'un trocart pour faire un
canal à la mèche du séton, et Oppenheim, de son côté, a imaginé
un nouveau procédé. Ne pouvant passer son aiguille à travers la
pseudarthrose, comme cela est arrivé à Malgaigne lorsqu'il a essayé
Tacupuncture^ Oppenheim modifia l'opération primitive du séton
en employant deux rubans au lieu d*un^ et il a agi ainsi sur une
plus large surface; il a fait en réalité deux sétons différents, qu'il a
passés à peu de distance l'un de l'autre, de chaque côté de la fausse
articulation.
Dans un cas où il ne pouvait introduire son aiguille à sëton par
une simple ponction, Saaurer (Norris), en 1833, a employé une
autre modification de l'opération : il fit une incision au côté externe
et une autre au côté interne de l'os, et de l'une à l'autre il fit pas-
ser par-dessous le tibia une aiguille à séton, large d'un demi -pouce
et un peu recourbée. Il y eut une inflammation et une suppuration
considérables^ le séton fut retiré le dixième jour, et trois mois après
le malade pouvait reprendre les travaux des champs (Malgaigne,
Traité des fractures y ^. 311).
Enfin, dans eea dernières années, M. Denucé, de Bordeaux, a
fait une opération de séton qui se rattache à la méthode par inci-
sion, mais qui est assez particularisée pour mériter d'être décrite à
part.
Si nous cherchons à classer les diverses applications de séton que
nous venons d'énumérer, nous voyons qu'il y la trois variantes
principales : i^ la ponction à Faide d^une aiguille ; â"" l'incision du
membre à l'aide d'un bistouri ; 3* enfin, le double séton qui se fait,
— 60 —
lui^ soit par ponction (procédé d'Oppenheim), soit en combinant
rincision et la ponction (procédé de Saaurer). Cette classification
est plus facilement présentée dans le tableau suivant :
l avec une aiguille. | Premier procédé de Physick.
Ponction | avec un trocarl.
f avec un couteau, aiguille, scie. | Denucé.
^****"' , . . ( Procédé de Physick.
incision. ., . J p^^^édé de Saaurer.
Djubleséton. I Procédé d'Oppenheim.
Voyons en quelques mots le manuel opératoire du séton dans
les pseudarthroses ; il est peu compliqué^ assurément, mais néan-
moins la description achèvera de nous familiariser avec les parti-
cularités diverses de la méthode.
1** Ponction. — Ce groupe comprend trois procédés distincts : le
premier est celui qu'employa Physick ; le second est le procédé par le
trocart ; enfin ^ le troisième est le procédé de M. Denucé^ de Bordeaux.
Premier procédé de Physick. '^D*SL^Ths ce que nous avons dit
déjà, il est facile de tracer le modits faciendi de cette opération. En
efiet^ une aiguille à séton suffisamment longue et enfilée d'un fil de
soie, de coton ou de telle autre substance qu^on juge convenable^
est seule nécessaire ; les fragments de la pseudarthrose sont placés
de telle sorte que Taiguille puisse traverser facilement le foyer, et
l'opération se fait en choisissant le point où le membre présente le
moins d'épaisseur, en même temps qu'on évite les vaisseaux et les
nerfs de la région:
Procédé par le trocart. — Les instruments nécessaires sont :
1o un trocart droit et sa canule d'une longueur plus grande que le
diamètre du membre ; 2*^ une mèche de fil^ de coton, de soie, etc.^ etc.,
enfilée à une aiguille ordinaire de trousse; les fragments sont placés
comme précédemment, le trocart enfoncé comme on enfoncerait
l'aiguille à séton dans le procédé voisin, puis la canule sert à diri-
ger l'aiguille de trousse et finalement la mèche se trouve au contact
des chairs.
Procédé de M, Denucé (Mém. Soc. de ckir.^ t. V, p. 518).—
M. Denucé place au préalable le membre dans un bandage inamovi-
ble, puis pratique au niveau de la fracture une fenêtre en forme de
valve qui permet de découvrir un peu plus delà moitié externe de la
circonférence du membre. A ce bandage est joint un appareil à exten-
sion continue, composé : V d'une guêtre, garnie sur les côtés de
— 64 —
deux courroies terminées par des anneaux ; ^<* d'un sous-cuisse ;
3* d'une longue attelle de! mètre et demi^ terminée à chaque bout
par une poulie. Une corde passant dans l'anneau du sous-cuisse et
les anneaux de la semelle^ puis dans chaque poulie de Tattelle, per-
met une extension facile et simplement obtenue. Ces dispositions
étant prises, M. Denucé plonge dans le membre un cou-
teau-scie (fig. 1) qui détruit les parties molles interposées
aux fragments, et, avant de retirer ce couteau^ il passe dans
l'œil qui est près de sa pointe un séton ou drain qui doit
rester à demeure pendant un certain temps. Le dessinateur
n'a pas suffisamment indiqué les dents de scie sur le côté
de l'instrument.
S<* Incision. — Ce groupe comprend le procédé que
Physick employa en second lieu, quand il eut affaire à
une pseudarthrose du fémur, et le procédé de Saaurer^
qui n'est applicable qu'à certains os, comme ceux de
l'avant-bras ou de la jambe.
Opération du séton par incision. — Les procédés
précédents n^étant possibles que sur des membres d'un
Tolume assez restreint, on a songé à pratiquer le séton
à Taide d'une incision; pour cela il faut : l"" un bistouri^
à l'aide duquel on ouvre de dehors en dedans un trajet
plus ou moins large qui fait communiquer le foyer de la
pseudarthrose avec un côté du membre^ même chose est
faite de l'autre côté ; 2® et alors on introduit à travers le
membre^ dans le trajet créé par l'instrument tranchant,
une aiguille à séton^ s'il y a encore quelques obstacles à
diviser, ou une aiguille de trousse ordinaire, et l'on fait
passer ainsi la mèche qui doit provoquer l'irritation que
Ton cherche à faire naître. (ij]
Procédé de Saaurer. — Ainsi que nous Tavons dit \J
tantôt, en 4833, Saaurer^ ayant une pseudarthrose du ^
tibia à traiter par le séton^ imagina de faire une incision l^ig* 4 .
le long du bord externe de l'os, entre le tibia et le péroné ; une
autre incision fut faite le long du bord interne de Tos, et, à Taide
d'une aiguille à séton courbe, il fit passer une mèche de coton.
30 Double séton. — Ce groupe est caractérisé par le procédé
d'Oppenheim. Je pourrais décrire trois ou quatre variantes con-
nues des opérations, mais il vaut mieux^ je crois, pour abréger,
ne pas entrer dans tant de subdivisions.
— 6Î —
Procédé (fOppenheim. •— Dans le cas où le chirurgien ne peut
ou ne veut pas traverser le foyer même de la pseudarthrose, il peut
employer le procédé d'Oppenheim, qui consiste à faire deux sétons
parallèles par incision ou par ponction, et comprenant les frag*
ments osseux entre eux; il y a naturellement plusieurs variantes
de ce procédé ^ en efiet^ ou bien on fait senlement deux incisioiii
cutanées^ ayant soin de faire passer une mèche à la face externe «ht
foyer et une autre mèche k sa face interne, ou bien on fait deux
trajets séparés et parallèles, ou bien encore on fait une premi^
incision de la peau aux os, et par cette incision on conduit, à
Taide d'une aiguille ou d'un .trocart courbe, une mèche le long de
la face interne des fragments et une autre mèche le long de sa
face externe, on a ainsi trois ouvertures cutanées pour lé passage
des deux mèches. Une, faite par le bistouri^ comprend le chefter*
minai des deux mèches placées côte à côte, et les deux autres faites
par le trocart ou Taiguille contiennent chacune et séparément le
chef initial de chaque mèche.
Quel est le procédé qui aura notre préférence ? Telle est la de-
mande qu'il faut se faire, maintenant que nous les connaissons
tous. Mais on ne peut y répondre d'un mot ; en effets maintes con-
sidérations peuvent faire pencher la mesure dans un sens ou.dans
Tautre. Circonscrivons d'abord le débat, en disant que les divers
procédés du séton se partagent en deux catégories : 1* sétoa
unique ; 2* séton double. Le séton de la première catégorie est pré*
férable à celui de la seconde toutes les fois qu'il est praticable ; dâ
sorte que le double séton est une méthode de nécessité^ à laquelle
on ne songe, bien entendu^ que quand on ne peut faire autrement.
Le séton unique se divise en deux séries : le procédé par pono
tion et le procédé par incision. Le premier, plus simple, plus rapt*-
dément pratiqué, est préférable « à ce titre, dans les cas où le dia«
mètre du membre est peu étendu, qu'il est facile de traverser le
foyer de la non-consolidation, et qu'on est sûr de ne pas rencoa^*
trer une branche vasculaire ou nerveuse notable sur son parcourt.
Ces dernières conditions sont assez rares à trouver^ on le voit, et
dans toutes les autres le séton par incision mérite la préférence^
pour la raison que l'opérateur sait très-exactement ce qu'il fait et ne
met rien sur le compte du hasard.
Norris a recherché si l'opération des pseudarthroses par le sétott
était plus grave quandy au lieu de passer la mèche à l'aide d'ut
trocarty on faisait une incision aux téguments, et il est arrivé à ce
— 63 —
résultat que^ sur âl opérés par i'incision, il y a eu 47 guërisons,
3 insuccès et une mort; tandis que, sur 24 opérés par le trocart, il
y a eu 18 guérisons, 6 insuccès et une mort; d'où il résulte pour
lui que Tincision ou la ponction sont éqtÛTalentes^ au point de Yue
de la gratitéy dans l'emploi du séton.
Après l'opération du séton, le membre est placé dans Timmobi-
liié, car il va être le siège d^une inflammation assez vive, et sou-
TeQt il faut non-seulement l'immobilité, mais même les antipblo-
gistiques pour maintenir cette inflammation dans les limites d'une
réaction coUTenable. Quelques chirurgiens ont placé sur le siège de
l'opération des compresses mouillées, froides^ manière de faire utile
et qui peut prévenir quelquefois l'extension de la réaction ; mais
qu'on me permette de ne pas insister davantage sur les questions
secondaires dans le moment présent; elles nous entraîneraient trop
loin et ne présentent pas d'utilité.
Dans les opérations du séton qui ont été pratiquées pour le
traitement des pseudartbroses , on a employé des
mèches de substances diverses. Ainsi l'on s'est servi
de brins de coton^ de fil , de soie^ de charpie, de
crin, de bande effilée sur les bords, de cuir même ;
les résultats n'ont pas paru à la plupart des chirur-
giens être sensiblement influencés par cette diversité
de substances. Mais cependant on peut penser à
priori qu'il n'est pasindifiérent de se servir de Tune
ou de Pautre, et Brainard^ de Chicago, a cherché
à juger la question expérimentalement. Or voici les
réioltats auxquels il est arrivé :
i* Ayant mis un séton composé de gros fils de
coton double à la surface du radius d'un jeune chien,
sous le périoste^ entre le radius et le cubitus, il trouva
au bout de dix-huit jours une profonde excavation
qui Gomprttiait environ le tiers du diamètre de l'os ;
le cubitus^ distant du séton à peu près d'une ligne^
n'avait subi aucun changement. (Fig. S.)
^ Ayant mis un séton composé d'un bout de laine ^'^* ^*
en contact avec le tibia et le péroné d'un jeune chien, il trouva,
au bout de vingt*4ieuf jours, une profonde excavation au fond de
laquelle l'os était nécrosé et l'épiphyse de l'extrémité inférieure de
Tes éiait en partie séparée. (Fig. 3.)
3* Ayant mit un séton composé de fils de soie en contact avec la
— 64 —
Fig. 3.
surface du tibia et du péroné du même chien ^ il trouva^ au bout de
vingt-neuf jours^ une légère excavation parfaitement polie et uni-
forme. (Fig. 4.)
Brainard a conclu de ces expériences que les sétons de laine, de
coton et de soie agissent en enflammant Tos et en le faisant résor-
ber^ la laine produisant le plus d'effet, le coton venant
ensuite, et la soie agissant le moins ; opinion qui semble
bien naturelle à priori, et qui, je crois, est Texpression
de la vérité.
Le volume de la mèche du séton a varié aussi dans
de grandes limites; tantôt on n'a employé qu'un simple
cordonnet à peine plus gros qu'un fil ordinaire; tantôt
on s'est servi d'une mèche assez forte, et d'autres fois
on a commencé par plusieurs fils réunis qu'on a enlevés
successivement, de manière à diminuer peu à peu le
calibre de la mèche jusqu'à sa réduction extrême et
son enlèvement complet.
Mais une question autrement plus importante est celle de la du-
rée de l'application du séton. Cependant rien n'est plus important
peut-être et rien n'a été plus variable que cette durée^
car dans tel cas la mèche est restée en place deux ou
trois jours à peine^ tandis que dans d'autres elle a
passé deux^ trois semaines, un, deux^ cinq, treize
mois même^ au contact des tissus. (Liston^ Pratie.
Surgert/, 3» édition, 1840, p. 100.)
La durée d'application d'un moyen aussi énergique
que le séton ne saurait être indifférente^ on le com-
prend ; et puisque nous avons entrepris de faire l'his-
toire des pseudarthroses^ il nous faut chercher à dé-
terminer combien de temps la mèche doit être laissée
Fig. 4. gjj ^hce quand on veut obtenir le plus tôt et le mieux
possible la guérison. C'est là assurément une idée éminemment
utile dans la question, car mille chirurgiens ont formulé à diverses
reprises le regret que les règles d'application et de durée du séton
ne fussent pas clairement énoncées dans les livres qui traitent de
l'emploi de ce moyen.
Nous suivrons ici la marche qui nous est familière ; ainsi nous
verrons les divers documents qui se rattachent à la question, et
nous chercherons ensuite quelles sont les conclusions auxquelles
on arrive par l'analyse des faits et par le raisonnement.
— 65 —
Jobert (de Lamballe) Youlait que le sëton fût laissé peu de
temps en place dans le^^foyer des fausses articulations, et il le re-
tirait du cinquième au douzième jour, en général. Il a lu , le
46 ayril 1860^ à TÂcadémie des sciences, une observation où la
mèche fut retirée dix jours après ^ et où la guérison fut com-
plète en un mois et demi; il fit remarquer que, dans ce cas, il
n'y eut pas nécrose et exfoliation des os, mais simplement excita-
tion du périoste, ce qui abrégea infiniment la durée de la suppu--
ration et du traitement.
Jobert (de Lamballe) avait dit déjà que, lorsque le sëton reste
plus longtemps que huit ou dix jours en place, comme le vou-
laient Physick et Percy, par exemple, il se forme un trajet osseux
organisé, dont la guérison est très-longue et très-difficile à obtenir.
{Bull, Acad. méd.j 1" septembre 1840.)
Malgaigne regardait, de son côté, la longue durée d^application
du séton comme un véritable contre-sens, car, disait-il, qu'est-ce
donc qui entrave, qui retarde, qui empêche la consolidation dans
les fractures compliquées, sinon la suppuration prolongée? Et, en
effet, on comprend que l'irritation produite par le corps étranger
durant au delà d'un certain temps, soit aussi souvent capable de
proToquer la résorption du commencement du cal formé déjà, que
de favoriser la prolifération osseuse que Ton recherche pour la
consoUdation. Mais Malgaigne signala un autre écueil : c'est la
durée trop minime de l'application de ce séton, qui ne produit pas
alors la somme dMrritation suffisante pour imprimer une. modifi-
cation favorable à la vitalité de la pseudarthrose. Et nous ferons
remarquer que Tétude des diverses observations où le séton a été
mis en oçuvre, appuie d'ailleurs ce raisonnement de Malgaigne, en
montrant que, quand il a été retiré trop peu <ie temps après son
application^ il a assez fréquemment échoué par insuffisance.
Voici les chiffres donnés par Malgaigne, touchant cette question
de la durée d'application du séton :
BRAS. AYAKT-BRAS. iUISSE. JAMBE. TOTAL.
imaétaa» j^^ Guéri». Total. Guérii. Total. Guéris. TolaïrîaériirTÔuarGuérîr
8 à 10 Jouit. 32 »» il 9N 43
13ài4— »» »» 2 2 »» 2 2
22àS0— 2 1 »» 2» »» 4 1
2 k 12 aois. 03 »»43 xnioe;
Totanz.. «HO » » 96 » » 20 12
TOMB LXXX. $• UVR, ^
— 66 —
Gurlt s'est occupé du même sujets et i| ei^t arrivé k des coqolu-
siQps ua peu différentes^ comme nous allons le voir :
""" BRAS. AVANT-BRAS. CUISSE. JAMBE. y^'^^^' ^
!• séton est resté. Total Guéris' Total. Caeris. Total. Guéris, total. Guéris, total. Guérit.
Jusqu'à 7 jours. ..8 S j» » » » 1 1 A)^ 9»
De 8 à U -^ . . , il « i i 4 t i 4 SO) iki
15 il 80 — ... 4 8 i i 8 1 4 4 12. 9,
1 à 2 mois. ..3 8 2 2 8 2 8 8 iir' lOJ*'
Aa-dflsnude 2noii. 84885488 19 14
Totaux. , . 29 18 7 7 15 10 15 15 66 50
Q résulte de là que, pour upe durée de quinze jours, il y a eu
17 guérisous sur 34 opérés ; pour upe durée supérieure à quim^
jours et ne dépassant pa9 deux mois^, 23 opérés ont dooué 19 gué-«
risons.
Au-d^ssu8 de deux pioisj 19 opérés comptent 14 guérisons.
J'ai voulu^ à mon tour, étudier la question à l'aide des 1005
observations qui ont servi de base à mon travail sur Thistoire dfi»
fractures non consolidéesji et j'ai trouvé les chiffres suivants :
™J* BRAS. AVANT-BRAS. CUISSE. JAMBE. TOTAL,
le séton est resté. Total. Guéris. Total Guéris. Total. Guéris. TotaL Guéris. TotfdTooAriv.
Jusqu'à 7 Jours. ..68 li »» »» 6)_ ^\
De 8 à 10 — ... 12 6 9. 9 4 |i 7 6 u[ is'^^
15à30->...4 8 4 8 10 8 6 8 24| 42)
1 k 2 mois. ...95 21 48 »» isl lO)**
A»-<es8U8 dftSiMii. 58 il T| 88 |f |f
Indéterminé. ...,488 61 94 % S. «5 %i
«otau. ... 78 28 14 8 84 18 88 28 149 ft
Ces chiffres ne sont, dans l'état actuel^ qu'une curiosité scienti-
fique; je Its ai faits, afin de ne pas laisser une îacune dans vokoxk
étude pour ceux qui auraient été préoccupés par les résultats de
Malgaigne et de M. Gurlt. Mais j'avoue que, pour ma part;» quand
je vois, comme au bras, 43 observations sur 78, par exemple, où
la durée de l'application du séton est indéterminée, je ne suis pas
disposé à considérer les résultats indiqués par les autres chif&es
comme bien concluants. ly ailleurs, en faisant deux catégories avec
les quatre premières lignes du tableau, on a les résuhats suivant^ :
Malgaigne. Gurlt. L*auteur.
Moini del5 joursi 50 70 62 p. 109
De 15 à 60 jours 25 82 56 p. 100
Au-dessus de 60 jours. ... 60 70 62 p. 100
Temps indéterminé ..... » » 27 p. 100
— 67 —
qui ne signifient rien en somme, puisque nous voyons que les
pensons sont à peu près dans les mêmes termes, soit que l'on ait
laissé le sëton peu ou beaucoup en place. Il n'y a d'infériorité
réelle que pour la dernière ligne^ dont nous parlerons tantôt.
Je ne puis m'empêeher de saisir Toccasion pour appeler Patten-^
tion du lecteur sur quelques idées qu'on méconnaît^ ou qu'on ou*
hUe trop facilement. En efiEet, nous avons ici une preuve de la dé-
plorable habitude qu'ont beaucoup d'auteurs d'accumuler des
chiffres^ des raisonnements et des faits sans discernement, et^ au
liea de prendre la peine de faire des tableaux si compliqués pour
n'arriver à rien, n'eût-il pas mieux valu avouer tout simplement
que ks données de la science sur ce point sont encore insuffisantes
pour chercher à appuyer une opinion quelconque sur les faits ?
Cette méthode numérique est assurément une des meilleures ,
lorsque ces chifi^s sont bien divisés et suffisamment élevés ; mais
elle est aussi le plus détestable moyen quand elle est torturée par
des esprits superficiels qui sont plus empressés à faire des tableaux
enchevêtrés de colonnes inutiles qu'à songer à mettre dans leurs
catégories des chiffres comparables.
.Enfin, s'il était encore nécessaire de le démontrer, je pourrais
m'appuyer sur ce tableau pour montrer qu'en vertu d'une ten-
dance très-naturelle de l'esprit humain^ les auteurs parlent aussi
volontiers des succès qu'ils ont ol)tenus, qu'ils se taisent systéma-
tiquement sur les faits où ils n'ont pas réussi. En effets n'est-on
pas frappé que pour le bras^ par exemple^ le séton séjournant
BM>ins de deux mois ait donnée d'après le tableau, de 56 à 62
pour 100 de guérisons, tandis qu'appliqué durant un temps indé-
tarrainé, il n'a donné que 28 pour 100 de succès. L'explication de
cet écart est que, lorsqu'un séton a réussi, nous en avons eu l'in-
dication par l'auteur kii-même^ qui a donné soigneusement des
délAÎU sur la question, ne se défendant peut-être pas toujours d'un
MQtiMent de bienveillance à l'égard de la méthode^ tandis que
quand le séton n'a pas réussi, nous n'en avons connaissance
^'indirectement , et dans le cas où une autre méthode ayant
lémsi^ le chirurgien a cité l'insuccès du séton, comme des autres
moyens, pour faire litière^ qu'on me passe le mot^ à l'opération
dont il vante le succès, et alors les détails afférents aux méthodes
qui ont échoué sont très-sommaires.
Tout ceci nous montre combien , dans l'étude des questions
scientifiques, il est nécessaire d'avoir pour première qualité un
— 68 —
discernement et une prudence que le bon sens, plus que Tërudi-»
tion, savent donner, et que, tant qu'on n'a pas des chiffres nom--
breux et rigoureusement comparables, il vaut mieux formuler une
opinion basée sur le raisonnement, en faisant toutes les restric-
tions nécessaires , que de jeter à la face du lecteur des chiffres
prétentieux, sinon faux. Mais terminons cette digression pour
reprendre le fil de notre élude.
Puisque les chiffres sont impuissants à déterminer jusqu'ici
combien de temps le séton doit être laissé en place, et puisqu'en.
même temps il est important de savoir la durée que doit avoir le
contact de la mèche, nous devons chercher à élucider la question
avec d'autres moyens d'appréciation, et c'est au raisonnemeail,
ainsi qu'à l'expérimentation de quelques chirurgiens, que nous
allons faire appel.
Il est hors de doute aujourd'hui que les corps étrangers mis au
contact des parties de nos tissus, et particulièrement des os^ ont
pour effet d'entretenir une suppuration qui dure tant qu'on ne
retire pas le corps étranger. Les exemples de tolérance de nos or-
ganes sont si rares et soumis à des conditions si complexes, qu'on
ne peut les considérer que comme des exceptions. Donc, la suppu-
ration étant la loi commune des effets du séton, nous devons re-
chercher l'influence que peut avoir cette suppuration sur les os, et
cette influence n'est pas difficile à déterminer. En effet, les parties
osseuses voisines du foyer de suppuration, vivement influencées
tout d'abord, ont une tendance à l'absorption ou à la nécrose, sui-
vant le cas, et cela est si bien démontré par mille expériences et
mille observations, qu'on peut l'accepter sans conteste.
Or la connaissance de ces faits me paraît, comme à Brainard^
de Chicago, qui a fait un mémoire important sur le sujet, capable
défaire juger la question de l'opportunité du séton dans les pseu-
darthroses, et, en effet, c'est d'abord un moyen irritant pouvant
faire naître dans le foyer d'une non-consolidation une activité qui
n'existait pas avant, si on l'emploie pendant un temps assez court,
tandis que c'est un des plus puissants moyens d'absorption des os
que nous connaissions lorsqu'on l'entretient pendant un temps
assez long. Il résulte logiquement de là que les sétons laissés en
place pendant un temps assez long sont un non-sens chirurgical.
Qu'on se servît du séton pour créer ou entretenir une fausse arti-
culation, nous le comprendrions ; mais qu'on tienne une mèche
dans les tissus pendant des mois, dans le but de guérir une non-
— 69 —
<OQ8olidatiou des os voisins, nous paraît être une pratique radica-
lement mauvaise. Si nous avions besoin d'appuyer notre dire
^e faits, nous pourrions accumuler de nombreuses observations.
Jious en citerons une seule, remarquable assurément, pour bien
montrer qu'en efiet le séton a pu réduire la propriété ossifiante, si
je puis m'exprimer ainsi, au lieu de l'exciter :
Cal volumineux et raccourcissement de la cuisse traité par le
séton. — Jean X*** R***, âgé de dix-huit ans, se fractura le
iémur vers la moitié de cet os environ, et, jusqu'à la fin de la
€|uatnème semaine, fut traité à lafmanière ordinaire par un chi-
rurgien du voisinage. A cette époque, ce dernier fut forcé de céder
aux pressantes sollicitations du malade et lui permit de reprendre
le cours de ses travaux accoutumés.
Au bout de six semaines, le membre s'était raccourci de deux
pouces, et le cal avait augmenté au point d'égaler le volume de la
tête d'un enfant nouveau-né. Alors le malade fut obligé d'inter-
rompre ses travaux et alla consulter le docteur Weinhold. Le cal
avait dix-huit pouces et demi de circonférence ; le tissu cellulaire
environnant était surchargé d'un épanchement de lymphe, et il y
avait dans plusieurs points des indurations des parties molles qui
finirent par suppurer et donner lieu à des fistules. La maladie était
regardée comme au-dessus des ressources de l'art; cependant
le membre fut placé dans un appareil convenable. Au moyen
de poulies, on pratiqua l'extension, qui fut continuée pendant
huit jours consécutifs sans qu'elle agît en aucune façon sur le
cal, dont la solidité était telle qu'aucun moyen mécanique ne
pouvait en opérer l'allongement. Le chirurgien se voyait donc forcé
ou d'abandonner le malade ou de recourir à quelque moyen nou-
veau et qui n'eût pas encore été essayé. Dans cet état de choses,
il se décida à perforer le cal et à le traverser ensuite avec un séton
enduit de substances stimulantes, dans Tintenlion de provoquer
Vinflammation et la suppuration de l'os; en dernier résultat, de
déterminer le ramollissement et l'absorption du cal et de rendre à
l'os sa longueur primitive en opérant sur lui une extension conve-
nable. En conséquence, le il novembre il percales parties molles
à \m pouce environ en dehors de , l'artère fémorale, avec la pointe
d'une aiguille à trépan, montée sur un vilebrequin qu'il fit tourner
lentement lorsqu'il eut atteint le cal.
Aussitôt que les couches externes eurent été perforées, Tinstru-
Œent traversa tout à coup une cavité de quatre pouces de pro-
fondeur à peu près, avant de parvenir de l'autre côté, et lorsque
celui-ci eut été percé comme l'avait été le premier, les muscles et la
peau furent traversés et le selon fut introduit. Une once de sang
au plus s'écoula pendant l'opération ; la partie fut recouverte de
cataplasmes froids pendant les trois premiers jours ; après ce
temps, le séton fut enduit de baume d'Arcéus et avancé matin et
^ir au travers de la plaie. Pendant la cinquième semaine, le tissu
— 70 —
cellulaire endurci suppura abondamment^ le pus trouvant une
issue facile par une ouverture au-dessus et au-dessous du cal^ et^
peu de temps après que Tendurcissement du tissu cellulaire eut été
dissipé, ces fistules jfurent guéries par l'emploi de la compression.
Vers la sixième semaine, le cal étant devenu très-douloureux et
la température de la partie s'étant considérablement élevée, des
cataplasmes froids furent employés pendant quarante-huit heures,
et les symptômes qui les avaient nécessités cédèrent sans peine.
Dans la septième semaine, la suppuration du cal eut lieu, et en y
exerçant une pression avec le doigt, on y sentit évidemment une
large ouverture qui indiqua que le moment propice était venu de
mettre Textension en usage ; Tappareil fut appliqué, et, pendant la
dixième semaine, il opéra un allongement tel que le membre n'eut
plus que deux lignes de moins que celui du côté opposé. Pour plus
grande sûreté, le séton fut laissé dans la partie jusqu^à la douzième
semaine ; alors il fut ôté et la plaie se ferma quelques semaines plus
tard. Le cal était considérablement diminué, le malade se prome-
nait sans béquilles et la cuisse affectée offrait presque l'état naturel
de celle qui était saine. Le malade, enfin, recouvra ses forces. Il ne
fut pas, il est vrai, en état de travailler aux champs comme il le
faisait autrefois, mais il put gagner sa vie comme cocher. {Joum»
der prackt. Beilkunde, mai 1827; Arch. génér.^ !'• série, 1828*
t. XXVII, p. 446.)
Le séton n'est donc mis que pour faire naître une réaction in-
flammatoire dans le cas de pseudarthrose qui ne renferme pas de
séquestre qu'on a besoin d'éliminer. Par conséquent, dès que cette
réaction inflammatoire est produite à un degré suffisant, le séton
n'a plus de raison d'être, et nous sommes donc ramenés, par le
raisonnement et l'examen des faits, à l'opinion de Jobert (de Lam-
balle) et de Malgaigne, qui étaient, nous l'avons vu tantôt, pour la
courte durée des sétons.
C'est ici le lieu de parler des accidents qui ont pu survenir dans
l'emploi du selon, car il est incontestable qu'un moyen, qui, comme
lui, n'a pour but que de faire naître une réaction inflammatoire,
doit, dans certains cas donnés, dépasser le but et donner lieu à des
phénomènes que l'on redoute avec juste raison. Nous trouvons
dans les pièces justificatives, qui sont à la fin de ce livre, cinq morts
qui peuvent être mis au passif du séton, et, par conséquent, on
peut dire à priori qu'une opération capable de donner cinq morts
sur cent cinquante-neuf observations, c'est-à-dire environ le 3
pour 100, dans une affection qui n'est généralement pas mortelle
par elle-même, est une opération sérieuse et sur laquelle il fau
méditer avec soin avant de se décider à l'employer le cas échéant.
-^ 71 —
Ces faits de mott nous montrent quels sont les accidents à draindre ;
en efibt^ suppuration abondante, fusées purulentes s'étendant plus
on moins loin, inflammation des os^ iréritable arthrite traumatique
même ; tout cela Joint à des hëtnorrhagies provenant de lésions
Tasculaires ittiportantes^ sont autant de conditions qui exposent à
l'infection purulente ou putride, et qui peuvent venir à bout de
l'existence du malheureux que Ton cherchait à guérir de son in->
llnmté.
Ces mauvaises chances sont assez rares, dîra-t-on. Nous pour-
lions soutenir peut-être la thèse contraire, si nous lisions atten-
tivement les observations 129 et 224 de la série ^um^rtis^ Tob-
strtation 50 de la série Atant-hras, les observations 188^ 243,
248« 251 de la série Fêmur^ enfin l'observation 159 de la série
Jambe, dans mon livre sur les pseudarthroses.
En effets dans les observations 459^ série Jambe, et 50, série
Avant-bras, nous trouvons des hémorrhagies inquiétantes. Dans les
observations 243 et 251 de la série Fémur y nous voyons que Topé-
nation était assurément aussi grave qu'une résection. Ënfîn^ dans
les observations 248 de la série Fémur, nous voyons que l'opération
était assurément aUssi grande qu'une résection. Enfin, dans les
observations 248 de la série Fémurs 429 de la série Humérus nous
trotmms Pindice d'une infection purulente incontestable. Ces rai-^
«oui sont suffisantes, j'espère, pour faire admettre la gravité de
Fopération et pOùr faire réfléchir sérieusement le chirurgien au
moment où il doit se décider à employer ce moyen de préférence à
ttti antre.
Les accidents semblent, dans Topération du séton, dépendre de
deux séries de conditions : A^ la nature de la non-consolidation ;
B, la région où elle existe. Ces conditions doivent nous arrêter un
instant.
A. Nature de la pseudarihrose, -^ D'après ce que nous avons
^jusqu'à présent, il est incontestable que la nature de la pseudar-
ihrose doit influer sur la facilité de production de certains accidents
dans l'opération du séton. En effet, si la pseudarthrose flottante est
g^éralement peu influencée par le passage d'une mèche entre les
(ngnients, si la pseudarthrose fibreuse n'en est généralement
^'âssez peu irritée, il n'en est pas de même des autres. Ainsi,
par exemple, dans le retard de la consolidation ou première classe,
k foyer de la fracture est encore assez vasculaire pour qne la pré-
sence d'un corps étranger provoque parfois une réaction intense.
— 72 —
dont rinflammation excessive et une suppuration abondante peuvent
être la conséquence. Dans la pseudarthrose ostéophy tique, les
dangers sont infiniment plus grands et plus imminents; en efGet^
la forme anfractueuse du foyer de la pseudarthrose est une raison
déjà pour que les produits de Pinflammation que pcovoquera le
séton stagnent dans les parties profondes et aillent former des fu»
sées purulentes extrêmement fâcheuses. Et notons que ce n'est là
qu'un des moindres accidents à craindre^ car si la pseudarthrose
était guérie depuis peu, d'ostéite ou de carie, on comprend que tout
pût être remis en question et que la réapparition de la suppuration
devînt la cause de très-fâcheux accidents. A fortiori, les accidents
sont plus à craindre si la non-consolidation est entachée de quel-
qu'un de ces vices constitutionnels comme le tubercule, la syphi-
lis, etc., etc., et je n^ai pas besoin d'insister longuement pour faire
prévaloir cette idée« que la pseudarthrose ostéophytique est assu*
rément, de toutes, celle dans laquelle les accidents apparaissent le
plus facilement sous Tinfluence du séton.
Dans la pseudarthrose de la cinquième classe, ou fibro-syno-
viale, le passage du séton provoquera assurément une arthrite avec
toutes ses mauvaises chances; de sorte que, quoique moins dange-
reuse que la pseudarthrose ostéophytique, elle n'en est pas moins
une forme dans laquelle des accidents menaçants peuvent prendre
facilement naissance, ce qui fait que le chirurgien hésitera plus
dans ce cas^ que dans le cas de pseudarthrose fibreuse simple^ à
recourir au séton.
B. Région ou siège la pseudarthrose. — Il tombe très-naturel-
lement sous le sens que le séton est une opération d'autant plus
grave que la partie du membre sur lequel on l'applique est plus
volumineuse. A la rigueur, il n'est pas nécessaire de développer
plus longuement cette idée^ qui sera admise par tout le monde
à priori, et d'ailleurs les chiffres que nous possédons, tout incom-
plets et insuffisants qu'ils sont par ailleurs, peuvent déjà apporter
ici un appoint sérieux. En effets constatons d'abord que, sur
459 cas d'opération de séton, il y a eu 5 morts, répartis ainsi :
cuisse, 3 ; jambe, \ ; bras, \ . En revanche, la guérison est sur-
venue plus fréquemment à ravant-bras.Il est inutile de pousser les
spécifications plus loin, parce que les chiffres sont trop peu élevés;
néanmoins, constatons que si on rapporte par la pensée le nombre
des diverses opérations de séton à un même dénominateur, on
trouve que :
— 73 —
La jambe a guéri dans les proporlions de 57 p. 100
L'aTant-bras — 60 p. 100
La caisse — 47 p. 100
Le bras — 35 p. 100
Or ces chiffres sont très-remarquables à notre avis ; en effet,
ils me semblent montrer d^abord que la jambe et Tavant-bras, ré-
gions moins volumineuses que les autres, guérissent plus facile-
ment, ou, en d'autres termes, sont moins exposées aux terminaisons
fâcheuses des accidents que développe le séton, ce qui pourrait faire
admettre peut-être à quelques-uns, par extension, que les acci-
dents y sont moins intenses.
Mais il y a un autre point de vue qui est offert par l'examen de
ces chiffres, et quoiqu'il constitue une digression, je ne puis
m'empécher d'appeler un instant l'attention du lecteur sur le détail
curieux qui nous est révélé ici incidemment; la jambe est de tous
les segments de membre celui qui fournit le plus de guérisons. Or
ne peut-on pas penser que c'est parce que la jambe est la partie
du corps la plus facilement immobilisable en cas de fracture
arec plaie? Tavant-bras^ qui est presque aussi facilement maintenu
au repos absolu, présente un chiffre très-voisin, tandis que la
cuisse et le bras sont beaucoup plus mal partagés à ce point de vue.
Quand Tesprit est lancé dans cet ordre d'idées, on est frappé na-
turellement de ce que l'humérus a fourni moins de guérisons que
le fémur^ et, pour expliquer ce résultat, il faut faire intervenir ici
une autre raison.. C'est le ramollissement du tissu osseux, suite de
l'impotence du membre; j'ai développé suffisamment cette idée
dans mon livre pour n'avoir pas à y revenir; il me sufQt de dire
ici que ce chiffre, que nous trouvons actuellement^ vient corroborer
ce que je disais à ce sujet dans le chapitre qui traite de Tétiologie
des pseudarlhroses.
Recherchons maintenant dans quelles limites le séton peut se
rendre utile dans le traitement des pseudarthroses, puisque nous
connaissons déjà quelles sont les règles de son application et de sa
durée^ quels sont les accidents qui peuvent suivre son emploi,
nous arriverons ainsi à faciliter davantage Pétude de ses indica^
tions et de ses contre-indications.
La méthode numérique a été mise en œuvre ici comme dans
bien des points de l'histoire des fausses articulations^ et il faut
convenir que souvent une étude plus approfondie des détails des
— 74 —
ê
observations eût fait formuler d'autres conclusions que celles
qu'ont fournies quelques auteurs.
OppenhQiip {Gasf* méd., d837^ p. 487) a trouvé que48 opérations
par le séton ont donné 26 guérisons et 22 insuccès.
M. Gurlt a trouvé dans sa statistique que, sur d43 emplois du
séton, il y a eu 69 succès, 68 insuccès et 3 morts; en voici le
détail :
Goérto. Inraoeèe. Morts. ^^^, ïoW.
Bras 24 4^ 1 2 70
Avant-bras. . . 9 5 » » 14
Cuisse 17 13 2 b 51
Jambe 19 8 i 1 28
6d 68 3 3 143 (1)
J'ai naturellement voulu consulter sur ce sujet les observations
justificatives qui ont servi de base à mon Traité des fractures non--
consolidées ^ et voici les chiffres que j'ai trouvés pour 459 cas :
Mrfi. Iiineeèf. H6Ha. £^J^^ Total.
Bras 28 47 1 2 78
Avanl-brts. • . 8 6 > » 14
Gui99e 16 15 ^ a 34
Jambe 20 12 1 & 33
ToUux. . .72 80 a 2 1119
Ici encore mes résultats sont un peu moins bons que ceux de
l'auteur allemand, parce que J'ai recherché avec plus de soin peut-
être les cas où la méthode n'avait pas réussi. De sorte qu'au lieu
de trouver que le séton a guéri dans la proportion de 48 pour 100^
je suis entraîné à admettre que c'est 45 pour iOO qu'il faut
compter; mais la différence est par trop faible pour que nous y at-
tachions une importance quelconque. N'otiblions pas cependant de
dire que, bien que les chiffres indiquent 45 à 48 pour 100 de gué-
risons dans l'emploi du séton à la cure des pseudarthroses, il faut
penser qu'en réalité on guérit moins souvent. En effet, d'une part,
cette tendance de Tesprit humain à taire ses insuccès doit entrer
(1 ) J'ai réuni dans une même catégorie les deux dernières séries qu'il éta-
blit^ n'ayant pas trouté de raisons pour justifier eelte séparation. Je ne com-
prends pas dans ce tableau la première de ses séries de séton^ qui se rapporte
bien évidemment à ce que j'ai appelé V écrasement UnécAre du eal.
— 75 —
pour quelque chose dans les indications que nous transmet la
science touchant les succès et les insuccès; d'autre part^ il faut
songer aussi que le séton a dû être employé infructueusement dans
la moitié an moins des pseudarthroses traitées par la résection ou
l'amputation ; de sorte que si nous avions des indications plus pré-
cises, ce ne serait pas 45 ou AH, mais peut-être bien 25 ou 28
pour iOO^ que nous aurions pour les résultats heureux de Topé-
ration, relativement au nombre de fois où le séton est mis en
œuvre.
C'est ici le lieu de passer en revue les diverses formes de non-
consolidation^ pour déterminer dans quel cas le séton peut se
rendre utile ; nous avons déjà vu les accidents auxquels ces formes
semblent prédisposer^ mais nous avons besoin de dire encore un
mot de l'action physiologique du séton dans les différents cas où il
est mis en œuvre, pour formuler ce que nous avons formulé déjà.
Première classe. — Retard dans la consolidation»
Dans le retard de la consolidation, le foyer de la fracture a be-
soin d^être excité par son encroûtement de matière calcaire^ mais
le séton n^est pas indiqué pour la raison qu'il constitue un moyen
trop violent et exposant trop le sujet à une inflammation réaction-
Délie et à la suppuration qui^ loin de favoriser la sécrétion phos-
phatique interstitielle^ ne ferait au contraire que la tarir ou la
repdre impuissante pour la guérison.
«
DBUulniE CLASSE. -^ Pseudarthrose flottante.
Dans la pseudarthrose de la seconde classe ou pseudarthrose
flottante, les extrémités osseuses ont besoin aussi d'une excitation
qui fera naître le mouvement réparateur capable de provoquer la
consolidation, mais le séton ne pourra, on le comprend, produire
ce résultat qu^à condition d'agir sur les extrémités fragmentaires
elles-mêmes, et alors ce n'est plus le séton simple, mais une véri-
table rugination ou scarification des fragments. Or c'est en parlant
de ces procédés que nous verrons les détails afférents à la question ;
dans le moment présent, nous devons nous borner à dire que, si le
chirurgien y a recours, il devra se bien pénétrer de l'absolue néces-
sité qu'il y a à ne pas laisser la mèche dans le foyer de la fracture
pendant un temps trop long.
— 76 ^
TROisdEKE CLASSE. — Pseudartkrose fibreuse.
La troisième classe est peut-être de toutes celle qui est le moins
fâcheusement influencée par le séton.
Mais nous devons bien faire observer que ce n'est qu'autant qu^il
est parfaitement prouvé au chirurgien que les soins les plus bénins
sont insuffisants, que le séton peut se présenter à son esprit, sur-
tout s'il s'agit de la cuisse ou du bras, car on ne saurait oublier
que le séton" est une opération assez grave, puisque, sur i59 cas,
nous avons pu constater 5 décès. Nous ne pouvons dans le
moment présent insister davantage sur les indications et les contre-
indications; c'est alors que nous nous occuperons de la valeur
comparative des divers moyens de traitement des pseudarthroses^
que nous compléterons ce que Ton peut dire là dessus pour étendre
l'opportunité de l'opération.
Quatrième classe. — Pseudartkrose ostéophy tique.
La pseudarthrose ostéophytique^ dans laquelle il y a des ai-
guilles dont on veut produire ou hâter l'élimination et sur laquelle
on ne peut pas porter ^instrument tranchant pour une raison
quelconque^ se trouve bien du séton ; mais remarquons qu'alors le
séton n'est pas dirigé directement contre la non-consolidation, si je
puis m'exprimer ainsi^ mais il n'est utile que secondairement»
c'est-à-dire comme simplificateur de la lésion osseuse. A l'excep-
tion de ce cas, on peut dire hardiment que le séton est une mau-
vaise opération contre la pseudarthrose ostéophy tique, car, réveil-
lant dans les cas les plus bénins une susceptibilité mal éteinte
encore des fragments, il expose à des accidents sérieux. A fortiori j
si la pseudarthrose est entachée de quelque inflammation , si le
sujet est sous le coup d'une diathèse ou même d'une mauvaise
constitution, le séton doit-il être proscrit en faveur soit de moyens
infiniment plus doux^ soit dans quelques cas que je n'ai pas à spé-
cifier actuellement^ mais dont j'aurai à parler ultérieurement;
dans quelques cas, dis-je^ où il vaudrait mieux recourir à une opé-
ration plus sérieuse, mais aussi offrant plus de chances de succès,
je veux parler de la résection.
— 77 —
CiMQUiÈiEB CLASSE. -— Pseudartlivose fibro-synoviale.
Enfin le selon agit dans la pscud arthrose de la cinquième classe
par l'arthrite qu'il développe, et ici comme ailleurs nous devons
ajouter que ce n'est que quand il est bien démontré que les
moyens plus bénins seraient insuffisants qu'on peut songer à y
recourir, car c'est une arthrite traumatique avec plaie que le chi-
rurgien Ta faire naître^ et ce nom seul est bien capable d'arrêter le
plus hardi^ pour peu que la fausse articulation soit étendue ou
sî^e près de la racine d'un membre.
CONCLUSIONS.
Nous avons besoin de résumer cette longue étude de l'emploi du
séton dans le traitement des pseudarthroses, pour condenser en
quelques mots les principales considérations qui se rattachent à la
question. De cette manière nos recherches sont plus fructueuses^
il nous semble, étant présentées synthétiquement à la fm du travail.
Nous avons vu d*abord que le séton peut être pratiqué d'après
trois procédés différents : 1° ponction, 2° incision, 3° double séton;
et que le procédé par ponction^ plus simple et plus rapide^ est à
préférer dans les cas de volume restreint du membre et d'assu-
rance parfaite qu'on ne rencontrera pas sur sa route un rameau
vasculaire ou nerveux de quelque importance. Mais nous avons
dit que ces conditions sont assez restreintes, de sorte que Tincisiou
est souvent préférée. Quant au double séton, c'est une opération de
nécessité^ et par conséquent indiquée dans les cas où les autres
sont impraticables.
Le séton^ ayant pour but d'exciter la vitalité du foyer delapseu-
darthrose et y arrivant par la réaction inflammatoire intense qu'il
fait naître, doit être laissé en place le temps nécessaire pour pro-
duire le résultat cherché, temps qui est assez court et qui en géné-
ral se compte par jours ou au plus par semaines. Nous avons vu que
la longue durée est un non-sens^ à moins qu'on n'ait la pensée
de provoquer ainsi l'élimination de portions nécrosées qu'on ne
peut extraire sur le moment.
Le séton n'agissant^ comme nous l'avons dit, que par le déve-
loppement d'une inflammation qu'il occasionne^ il est naturel que
dans quelques circonstances fâcheuses cette inflammation dépasse
la limite désirée et produise des accidents qui sont le cortège
— 78 —
fréquent de Tinflamination : douleur, suppuration des parties
molles et des parties dures, fusées purulentes, etc.^ etc., avec toutes
les chances de purulence et de putridité qui y sont attachées ; il est
à peine nécessaire d'ajouter que ces accidents sont d'autant plus
fréquents et plus graves que la pseudarthrose est placée dans une
région plus volumineuse ou plus proche du tronc, ce qui impliqua
qu'on devra^ toutes choses égales d^ailleurs, se décider moins faci<*
lement pour l'opération à la ouisse et au hras, plutôt qu'à l'avant-
bras ou à la jambe.
Les accidents sont, d'autre part» en relation aussi avec la nature
de la pseudarthrose, et c'est ainsi que, moins à craindre en géné-
ral dans les cas de pseudarthrose fibreuse simple et de pseudar-
throse flottante, ils sont naturellement trop fréquents dans le re-
tard de la consolidation, la pseudarthrose fibro-iyQoviale, et surtout
la pseudarthrose ostéophytique, quand les fragments osseux sont
le siège d'une irritation, ou que le sujet est d'une mauvaise constî^
tution ; toutes raisons qui font que, si nous voulions établir un«
échelle d'opportunité du séton dans les pseudarthroses, nous meU
trions au premier rang la pseudarthrose fibreuse; au deuxième^
mais très-loin d'elle, la première et la cinquième classe (retard de
la consolidation et pseudarthrose fibro-synoviale) ; enfin, en troi<^
sième ligne, la deuxième et la quatrième classe (pseudarthrose flot-
tante et pseudarthrose ostéophytique)^ qui repoussent le séton
également pour des raisons bien opposées^ la deuxième classe à
cause de son inutilité^ la quatrième à cause du danger qu'il fait
courir. Il est bien entendu que je ne parle pas ^des cas où^ dans la
pseudarthrose ostéophytique, il y a des «squilles ou des corps étran«*
gers qu'on désire faire éliminer, cas auxquels le séton est une opé*
ration à laquelle il faut recourir vdontiers»
CHIMIE ET PHAMIAOIE
PHARMACIE PRATIQUE
NouTean moyen de eonserrer les blanea d^CBufo ;
Par H. Staxtislas Martiit.
Le dranoe sanglant qui a eu lieu sous les murs de Paris doit
difier, nous l'espérons^ nos rapports avec rAllemagne. Jusqu'à ce
jour nous avons accueilli comme frères tous les Prussiens qui vo-
— 79 —
naient s'asseoir sur lés bancs de nos écoles et de nos académies
pour s'initier à nos sciences, à nos lettres, à nos arts, à notre in*^
dustrie. Bien mieux, chaque année nous allions cheis eux acheter
une infinité de produits^ que nous aurions pu fabriquer, parce que
leur fisc, plus intelligent que le nôtre, sait dégrever à propos de tous
droits les marchandises dont il veut fayoriser Texportation ; l'alcool
est dans ee cas^ et déjà nous arons demandé à la Société de phar-
macie de Paris qu'elle Teuille bien prendre l'initiative d'une péti-
tion lorsqu'un gouyernement sera régulièrement constitué, et dont
le but sera d'enlever tous les droits d'octroi sur les alcools em-
ployés à composer quelques produits chimiques ; il en résultera que
nos droguistes^ n'étant plus attirés par le bon marché^ n'iront
plus chercher des alcaloïdes et quelques produits tinctoriaux qu'ils
pourront les préparer^ supérieurs en qualité et au même prix;
BOUS disons qualité, car nous avons eu l'occasion de signaler
la digitaline^ la strychnine et quelques autres alcaloïdes de cette
provenance comme médicaments défectueux. Que faire contre
Tappât du gain ?
Ctomme il pourrait résulter des fraudes et des pertes énormes
pour l'Etat en détournant les alcools de leur destination, il serait
spécifié que cette substance serait dénaturée, c'est-à-dire qu'on lui
ajouterait une huile aromatique telle que Tessence de térébenthine,
qui empêcherait qu'on la Ht entrer dans les liqueurs de table, ou
qu'en le transformât en eau-de-vie^ kirchv^asser ou rhum.
n est encore une autre substance que nous faisons venir de
FAllemagne et quelquefois d'Espagne^ c'est le blanc des œufs
desséché.
La dessiccation des blancs d'oeufs exige de grands soins. Pour
l'obtenir, on les étale au moyen d'un pinceau sur des plaques en
tdle ou dans des assiettes que Ton porte dans des étuves ou dans
des chambres chaudes, bien aérées } lorsque cette première couche
est sèche, on hti en ajoute deux^ trois, quatre^ jusqu'à ce qu'on ait
obtenu l'épaisseur dVm centime. L'albumine desséchéeest en écailles
on en plaques de diverses grandeurs, d'une couleur jaunâtre, sans
odeur, d\ine saveur partkuUère ; elle est brillante à la lumière.
Un œuf de poule laisse^ après la dessiccation de son albu-*
mine, un résidu qui pèse 3 à 3^,50, rarement 4 grammes. Dans
ce cas^ il faut que l'oeuf soit très-gros. Le prix marchand de l'al-
bumine est de ÏOO francs le kilogramme. Pendant le siége^ cette
iul»tance était devenue un aliment de luxe ; messieurs les épiciers
- 80 —
semblaient faire une très-grantle faveur au public en la vendant au
détail sur le prix de 600 francs le kilogramme.
Aujourd'hui beaucoup de confiseurs, au lieu de blancs d'œufs,
se servent d'albumine desséchée pour blanchir la pâte de gomme
dite pâte de guimauve. L'essai que nous en avons fait nous a par-
faitement réussi. Pour 1 kilogramme de gomme arabique et au-
tant de sucre, nous avons mis ^2 grammes d'albumine^ qui repré-
sentent douze œufs. Voici comment on opère : on met l'albumine
dans une capsule avec de l'eau ordinaire, 150 grammes à peu près.
On chauffe le mélange au bain-marie en remuant continuellement
avec une spatule de bois ; il est une condition à observer, c^est
que les deux liquides n'arrivent pas à TébuUition; on laisse re-
froidir la solution, puis on la fouette avec un balai pour l'amener
à Tétat de neige.
Nous savons que la richesse d'un pays consiste à attirer chez
lui des acheteurs, à encaisser le plus possible de numéraire de
l'étranger, à ne lui en rendre que très-peu ; aussi loin de nous la
pensée de blâmer l'exportation des œufs que nous faisons à TAn-
gleterre et de l'entraver : elle nous en achète pour 3 millions de
francs par année. Nous souhaitons qu^elle continue. Il en résulte
que l'hiver, dans les villes et surtout à Paris, les œufs sont tou-
jours chers, et déjà nous avions proposé deux procédés pour avoir
de l'albumine que l'on peut employer en thérapeutique et en
pharmacie dans la clarification des sirops; le premier moyen con-
siste à faire avec des blancs d'œufs et du sucre un sirop dont les
proportions sont si bien définies, que le médecin peut le prescrire
pour combattre la diarrhée. L'autre formule consiste à diviser les
blancs d'œufs dans du charbon animal purifié ayec de Tacide hy-
drochlorique. Ce charbon albuminé jouit de la propriété de colorer
et de clarifier le sucre en même temps ^ bien des fois il a rendu de
grands services aux raffineurs qui manquaient du sang des animaux
que Ton tue dans les abattoirs pour notre alimentation.
Ce nouveau moyen de conserver l'albumine de Tœuf est d'une
exécution simple, facile ; il n*exige aucune manipulation^ aucun
appareil; les médecins, les pharmaciens qui habitent les campagnes
peuvent s'en occuper d'une manière fructueuse ; les fermiers et
tous les agriculteurs y trouveront une source de grands bénéfices.
On opère de la manière suivante : on prend du grès ou du sable
très*fin^ on le lave de manière à ce qu'il ne contienne plus de
matières végéto-animales ou minérales solubles ; lorsqu'il est sec,
on Tétale sur une table. Supposons qu'on opère sur 10 kilo-
— 81 —
grammes^ chaque jour ou mélange à ce sable des blancs d'œufs,
les jaunes peuvent servir, sous mille formes, à Talimentation de
l'homme et même à celle des animaux, ou à la préparation des
peaux destinées à faire des gants. Leur dessiccation est prompte,
parce que l'opération doit se faire dans un endroit chaud^ aéré,
exempt d'humidité; on continue ainsi jusqu'à ce que chaque grain
de sable ait acquis un certain volume. Pour se rendre un compte
exact de la valeur de ce sable et de la quantité d'œufs qu'il repré-
sente, l'estimation en est facile ^ on en prend iOO grammes, on
les met dans un vase en terre ou en faïence avec une suffisante
quantité d'eau , on chauffe en remuant continuellement et en
n'élevant pas la température au delà de 60 degrés ; on jette le
mélange sur un filtre, on lave ensuite le sable à grande eau, puis
on le laisse sécher ; en pesant le sable restant, on se rend un compte
exact de la quantité d'œufs qu'on a employés, par conséquent de
ce qu'il coûte, de ce qu on doit le vendre. Les pharmaciens, les
confiseurs, les liquoristes, les teinturiers, les apprèteurs de tissus
qui emploient, de grandes quantités d'albumine, doivent l'isoler par
le même procédé qu'on emploie pour en estimer la valeur. On doit
le conserver dans des boîtes en bois ou en ffer-blanc ; on peut se
servir de vases en verre, en grès ou en terre, pourvu qu^ils ferment
hermétiquement.
Il y a vingt ans nous avons proposé le même moyen pour con-
server le suc des plantes exotiques que les naturalistes désirent
analyser. On opère de la manière suivante : on broie la plante
verte entre deux pierres, avec l'aide des mains on exprime le suc
de la plante dans du sable, que Ton fait sécher. Nous savons que
ce mode d'obtenir des extraits a déjà rendu des services à la science,
nous espérons qu'il en sera de même des blancs d'œufs pour Pin-
dostrie.
Déflinffectloii du sulfare de earlioiie.
On arrive à purifier parfaitement le sulfure de carbone en le met-
tanten contact pendant vingt-quatre heures avec 0,005 ou un demi
pour 100 de son poids de sublimé corrosif en poudre fine,en ayant
soin d'agiter de temps en temps le mélange; le sel mercuriel se
combine avec la matière sulfurée à odeur fétide, et la combinai-
son se décompose au fond du flacon ; on décante alors le liquide
dair et l'on y ajoilte 0,02 de son poids d'un corps gras ino-
TOHELXXX. 2° LIVH. G
— 82 —
dore ; on distille ensuite le mélange au bain-marie & une tempe-»
rature modérée, en ayant soin de bien refroidir les vapeurs, afin
de les condenser complètement.
Le sulfure de carbone ainsi purifié possède une odeur éthérëe
bien difféi*ente de celle du produit brut ; on peut Remployer dans
cet état pour le traitement des produits oléagineux, il abandonné
par évaporation la matière grasse dans le même état que si elle
avait été obtenue par la pression. {Répertoire de pharmacie.)
Mixlure coulre la carie dauloorcuae den denta.
Voici deux formules que nous empruntons à M. le docteur
Magitot :
Pr. Teinture d'aconit ) ^ ^
Liqueur des Hollandais ) "
Teinture de benjoin 8 —
Pr. Ghlorofocme -. 5 grammes.
Laudanum de Sydenham 2 —
Teinture de benjoin 10 —
On place dans la cavité de la dent cariée une boulette de coton
imbibée de Tun de ces mélanges, et ou en réitère l'application
matin et soir jusqu'à ce que Tinsensibilité soit obtenue. Ce résultat
atteint, on peut obturer définitivement la cavité deataire y mais
quelquefois on n'arrive à ce but qu'après avoir recouru à des cau-
térisations superficielles. (Répertoire de pharmacie,)
Phénate de potaane.
Ce sel peut être préparé par deux procédés : soit par solution,
soit par fusion.
Si des solutions alcooliques de 94 d'acide phénique et 56 de
potasse caustique sont mêlées et évaporées, par le refroidissement^
on a une masse cristalline composée de petites plaques micacées
transparentes et très^Hnes. Ce sel, séché au-dessus de Tacide su!-
furique^ constitue le phénate de potasse pur.
Pour préparer le même sel^par voie sèche^ on prend 37,4 par-
ties d'hydrate de potasse ajoutées peu à peu à 62,6 parties diacide
phénique^ jusqu'à ce que la masse cesse d'êt^p parfaitement ho-
mogène.
•
— 83 —
Ce sel, quel que soit le modus faciendi qui Ta créé, attire l'hu-
midité de l'air et se colore en jaune, puis en brun. Très-soluble
dans l'eau et Talcool, moins dans Péther. Il ne renferme point
d'eau de cristallisation, mais il retient^reau de composition de ses
constituants respectifs, et cette eau ne peut lui être enlevée sans
d^omposition du sel. Quatre analyses ont formulé sa composition
ainsi qu'il suit :
Acide phénique 56s^60
Hydrate de potasse 31 ,30
Eau 12 ,00
99gr,90
Ce qui amène l'expression GWO,KHO.
Ce sel entre de plus en plus dans l'usage médical. Comme désin-
fectant, il remplace avantageusement Tacide phénique lui-même.
(Anntuiire pharmaceutique et Journal de médecine de Bruxelles,)
PhéDaté de potasse, réaeilf de la présence de l'eau daim Téf her.
Comme le phénate de potasse est absolument insoluble dans
Mher anhydre, pendant que l'éther hydraté le dissout partielle-
ment, il en résulte que l'éther anhydre reste incolore^ tandis que
Télher hydraté prend une couleur rouge à cause du phénate de
potasse qu'il a dissous. Par ce moyen, l'auteur reconnaît la présence
de 2,5 pour 1000 d'eau dans l'éther. {lôid,)
CLINIQUE DE LA VILLE
Blessure de l'artère huuéràle par arme a feu; gubrison
spontanée de la plaie artérielle; absence de suppuration dfi
lA PLAIE DES PARTIES MOLLES (1). — Il S 'agit, daus ccttc obscrva-
tioD^ d'un jeune officier de la garde nationale mobile qui fut blessé
au bras gauche dans la matinée du 18 octobti*e dernier par un coup
, de revolver involontairement déchargé sui* lui.
La douleur fut minime; mais une hémorrhagie abondante se
déclara^ que Ton arrêta au moyen d'une pression modérée, du
repos et des applications froides.
(1) Gommanication de M. le professeur Verneuil à la Société de chirurgie^
féaiice du 7 déceinbre 1870 (compte rendu de l'Union médicale).
— 84 —
Appelé auprès du blessé par le médecin bal)il!iel de ce dernier,
M. Verneuil le vit dans la soirée du même jour. Le bras, fléchi à
angle droit, reposait sur un coussin ; l'hémorrhagie ne s'était pas
reproduite ; quelques caillots peu voluniineux recouvraient seule-
ment la plaie d'entrée. Pas de douleur, sensation d'engourdissement
etde pesanteur dans Tavant-bras et la main, avec légère diminution'
de la température appréciable au toucher, mais conservation de la
sensibilité et du mouvement dans toute l'étendue du membre.
Absence complète du pouls aux artères radiale et cubitale, au pli
du coude et dans le tiers inférieur du bras ; il reparaît au tiers su-
périeur. Au tiers moyen, on constate une légère tuméfaction sur le
trajet de Tartèrehumérale, et là, dans une étendue de plusieurs cen-
timètres de longueur, sur trois de largeur, existent des pulsations
très-évidentes avec expansion appréciable. L'auscultation n'est
point pratiquée dans la crainte d'imprimer au membre des mouve-
ments nuisibles.
M. Verneuil conclut de ces constatations qu*il y a section de Tar-
tère humérale avec commencement d'anévrysmc faux primitif.
Ce diagnostic s'appuie sur les commémoratifs v\ sur l'examen de
la blessure. En effet, le projectile est cylindro-coniquc et de petit
calibre (7 millimètres de diamètre). Les blessures faites par ce»
balles ne donnent lieu qu'à une hémorrhagie insignifiante quand
elles ne traversent que les tissus cutané et musculaire. Or le blessé
affirme que le sang est sorti en abondance et en bouillonnant. Un
vaisseau important a donc été atteint, et comme en ce point Tartère
humérale ne donne pas de branche notable, elle seule a pu fournir
l'hémorrhagie. D'ailleurs la balle entrée par la partie antérieure du
bras, vers la partie moyenne, à l'union du tiers interne avec les
deux tiers externes de la face antérieure du biceps, est sortie à
l'union de la face interne avec la face postérieure du bras. En
raison du grand développement des muscles, la distance entre le
trou d'entrée et celui de sortie mesure environ 9 à 10 centimètres.
On comprend très-bien que l'artère humérale ait été atteinte,
étant comprise dans ce trajet. On peut seulement s'étonner que les
nerfs satellites n'aient point été tranchés. Le petit volume du pro-
jectile explique seul cet heureux hasard.
Les trous d'entrée et de sortie sont à peu près égaux et de petite
dimension, remplis seulement par un caillot de quelques milli-
mètres.
Malgré la bénignité apparente de la blessure, on pouvait craindre
— So-
ie retour de Thémorrhagie ou raccroissement de ranëvrysme faux.
M. Verneuil songea donc à prévenir au plus tôt Tune et Pautre de
ces éventualités en découvrant le point blessé et en liant les deux
botits de la plaie artérielle.
L'absence de gonflement;et d'inflammation, la proportion minime
Je l'épanchement sanguin auraient rendu facile cette petite opéra-
lion, le point blessé devant se trouver nécessairement à Tintersec-
lion du trajet de la blessure et de la ligne fictive qui indique la
situation normale du vaisseau. Diverses causes firent ajourner
l'opération, qui d'ailleurs n'était pas urgente.
Une attelle de bois léger en forme d'équerre et convenablement
garnie fut placée sous le membre et assujettie de façon à assurer
l'immobilité complète. Des compresses pliées en plusieurs doubles
et imbibées d'un liquide résolutif et réfrigérant furent appliquées
«ur le bras avec recommandation de les renouveler sans cesse. Quel-
ques grains d'opium furent prescrits pour assurer une nuit tranquille.
Le lendemain, à onze heures, aucun changement notable n'était
survenu dans l'état du blessé , Fépanchement sanguin n'avait pas
augmenté; les battements semblaient même amoindris; pas de
douleur locale, pas d'indice d'inflammation ni aux orifices, ni dans
la profondeur de la plaie. M. Verneuil crut devoir attendre encore,
encouragé d'ailleurs par le conseil de M. Larrey.
Les jours suivants ne furent marqués par aucun incident. La
tumeur sanguine disparut peu à peu, remplacée par une induration
diffuse assez étendue. Les battements cessèrent vers le quatrième
jour, et les plaies recouvertes d'une petite croûte noirâtre se cica-
trisèrent sans suppuration. L'immobilisation complète du bras à
l'aide de Tatlelle coudée fut néanmoins maintenue pendant une
quinzaine de jours.
M. Verneuil a revu le malade le 5 et le 20 novembre. Sauf Tab-
seocedu pouls et une légère raideur tenant à l'immobilité prolongée
et à l'induration persistante de la gaine du vaisseau^ le membre
ëtait dans des conditions telles qu'il lui a paru apte à reprendre ses
fonctions normales.
Cette observation fournit un exemple assez rare de guérison
spontanée d'une blessure artérielle par projectile de guerre. Le
petit volume de celui-ci, l'étroitessc et la longueur du trajet, sur-
tout Tabsence d'inflammation et de suppuration, Timinobilité du
membre, ont certainement contribué à divers litres à l'héniostase
pontanée, d'abord provisoire, puis définitive.
— 86 —
Ce fait peut êlre rapproché d'un fait semblable communiqué Pan-
née dernière par M. Yerneuii à la Société de chirurgie, et dans
lequel une balle de revolver ayant blessé la carotide et la jugulaire,
il en résulta un anévrysme artério- veineux, qui persiste encore
aujourd'hui^ mais qui n'a jamais déterminé d'accident grave. La
plaie s'était également cicatrisée sans suppuration. La chance
d'arrêt définitif d'une hémon^hagie après hémostase provisoire ne
doit pas cependant faire abroger la règle d'aller à la recherche du
vaisseau blessé et d'en lier les deux bouts. Un ou deux faits excep-
tionnels ne peuvent pas faire loi.
L'abstention est réellement indiquée si le trajet de la plaie n'est
pas exposé à s'enflammer et à suppurer, si le malade est d'une bonne
constitution et n'est pas menacé d'accidents généraux, si enfin le
milieu est favorable. Dans les conditions contraires, les hémor-
rhagies secondaires sont si menaçantes et si probables, qu'on ne
doit pas hésiter à prendre contre elles la précaution par excellence,
c'est-à-dire la hgature des deux bouts du vaisseau blessé.
RÉPERTOIRE MÉDICAL
REVUE DES JOURNAUX
Variole mortelle ehez un
enfant vacciné depuis dix
Jours.-— Revaccinations
nombreuses avec du vaccin
emprunté À cet enfant. — Suc -
ces de ces dernières sans
transmission de la petite vé-
role. Un enfant de vingt-sept jours^
doué des plus belles apparences de
santé, fut apporté le 28 février 1870
à l hospice des Enfants assistés, et
vacciné des le lendemain. Deux bou-
tons seulement se développèrent sur
le bras g^auche.
Le 8 mars, en raison da bel aspect
de ces boutons et de la vigueur de
l'enfant, celui-ci fut choisi par les re-
ligieuses de l'hospice pour servir à
leur propre vaccination. Ce choix
d'ailleurs ne fut définitif qu'après ren-
seignements favorables sur la santé
des parents. Bref, il s'agissait d'un
spécimen rare de beau vaccinifëre.
Une vingtaine de religieuses de
vingt à soixante-cinq ans furent donc
revaccinées par l'une d'entre elles.
De plus, le même enfant servit, con-
curremment avec un autre, à la revac^
cination d'une quinzaine d'inrirroiëres,
âgées de vingt à trente ans, de même
qu'à celle de tout un pensionnat de
jeunes filles. Ces diverses inoculations
furent toutes pratiquées le même joar,
8 mars, alors que l'enfant ne présen-
tait aucun signe de maladie.
Cependant, des le lendemain an
soir apparaissait, sur le corps du vac-
cinifëre en question, une éruption qnî,
d'ai)ord douteuse, se caractérisa bien-
tôt de façon à ne laisser aucune hési-
tation sur sa nature; il s'agissait
d'une petite vérole. Le 12 mars, lors-
que l'enfant me fut présenté, je consta-
tai, dit M. Guéniot, que l'éruption
avait envahi toutes les régions da
corps et se composait de boutons apla-
tis, dont un bon nombre étaient om-
biliqués. Très-abondante au visage^
discrète sur le tronc et sur les cuisse»,
elle se montrait confluente à la partie
inférieure des jambes, oii, chose sin-
gulière, les pustules étaient pins dé-
— 87
▼•loppées que partout ailleurv* Ven-
liiil était dans la prostration.
Les deux boutons de vaccine, re-
CMYerta d'une croûte mince et bru-r
nàtro^ oonservaient leur forme régu-
lière ; mais ils n'offraient pas d'au-
réole inflammatoire. Ils semblaient
dépourvus de vitalité.
Le 13 mars, l'enfant, de plus en
eus affaissé, était dans la torpeur.
D6 tuméfaction légëre se remarquait
au visage, et l'éruption, quoique se
disant avec difficulté, paraissuit un
pen plus abondante, La mort survint
dans la soirée.
Quant aux personnes revaccinées, la
plupart d'entre elles eurent de la vac-
cinoîde: un bon nombre (parmi les
jeunes filles), de la vraie (?), et quel-
ques-unes seulement une éruption à
peo près iusigiHfiante. Nais aucune
d'entre elles ne fut atteinte de variole,
Aijourd'boi même, 3 juillet, je ne sa-
che pas qu^une seule des revaccinées
ait payé le moindre tribut à Tépidé-
mie régnante.
Cette observation me semble venir
à Tappui de plusieurs vérités déjà
eonoaes. quoique toujours contestées.
Elle tend à prouver, en effet : i° que
le poison variolique peut exister dans
l'organisme pendant plus de huit jours
sans se révéler par aucun symptôme
(i moins que l'on n'admette l'hypo-
tbëat, d'ailleurs acceptable, d'une con-
tagion postérieure de quelques jours à
la vaccination) ; 2^ que l'éruption vac-
cinale, quoique datant de f>ept jours,
l'a pi conjurer ni l'explosion de la
varÎMa ni sas conséquences funestes ;
3» enfin que le vaccin pris sur un su-
jet en puissance de variole est aussi
efficace que tout autre, et n'expose pas
à 11 transalssion du poison variolique.
{Gm. des Adp., 1870, n^ 100.)
Uéwm^^pijmîm de Datnre In-
teemiUrace. Il est du devoir de
toat médecin, -dit M. le docteur Fou-
rëre de Courson, de, relater les faits
rires 4e sa pratique; aussi allons-
iMs parler d'une forme d'hémop-
lyaie peu commune.
Mais fûmes appelé le !«' janvier de
tttte année auprès d'un cultivateur,
âgé d'environ quarante-cinq ans, qui
ttpoia deux jours expectorait du sang
m grande quantité. (Notons en pas-
sait qae le malade, d'une (rës-bonne
coistîtiition, n'a jamais eu de fièvre
iatermitlente, et que la préscncf^ de
liberealce dms les poumons doit être
Uni à fait écartée comme cause d'hé-
moptysie.) Nous pratiquons imipé-
diatement une saignée d'environ
200 grammes. A notre visite du len-
demain matin, l'hémoptysie continue,^
Nous employons successivement la
ligature des quatre extrémités, les
préparations de perchlorure de fer,
ratanbia, pilules au seigle ergoté et à
la digitale. Inutilité complète de tous
ces moyens.
Le malade est trës-affaibli et sur-
tout trfes-effrayé.
Néanmoins, depuis quatre à cinq
jours que cela dure, nous remarquons
avec le patient que c'est surtout le
matin, vers six ou sept heures, que la
quantité de sang expectorée est plus
considérable.
Alors, aidé de nos souvenirs, nous
nous rappelons un cas absolument
semblable, observé dans les hôpitaux
de Montpellier, et nous n'hésitons pas
à poser le diagnostic : Hémoptysie de
nature intermittente.
En effet, le malade prend le soir
1 gramme de sulfate de quinine en
quatre pilules, et l'hémoptysie di-
minue notablement. Celte dose est
répétée trois fois, et l'hémoptysie
cesse complètement pour ne plus re-
venir : Curationes naturam morbo-
rum ostendunt.
Dans le pays oii nous exerçons, les
fièvres intermittentes étaient trës-
communes il y a quelques dizaines
d'années, mais depuis que la culture
des céréales a fait place à celle de la
vigne, que les marais sont assainis par
leur transformation en riches prai-
ries, le type classique de la fîf>vre in-
termiltente à trois périodes devient
l'exception. C'est ainsi que nous ob-
servous le plus souvent dîes névralgies
du trifacial, sciatique, intercostale,
lombo-abdominale. des diarrhées in-
termittentes, et enfin, pour que rien
ne manque a ce tableau de fièvres lar-
vées, rhémoptysie intermittente.
Pourquoi ce déguisement de la fiè-
vre paludéenne? Nous ne saurions le
dire.
Quant à l'hémoptysie, on peut con-
cevoir son mode de formation. Dans
l'empoisonnement miasmatique, il se
fait un mouvement fluxionnaire qui se
porte, dans la majorité des cas, sur la
rate ou le foie ; si le courant est di-
rigé sur les poumons, une hémop-
tysie ou même une pneumonie inter-
mittente peuvent en être la consé-
quence.
Cette observation prouve que, dans
les pays oii les fièvres à accès régnent
— 88 —
endémiquement, le médecin doit tou-
jours avoir à sa pensée Fidée de l'élé-
ment intermittent pour tant que la
maladie qu*il aura à combattre s'éloi-
gne en apparence. (Gaz, des hôp,,
1870, no 69.)
Doit- on toajonrs chercher
it, g^uérir la fn^astralgie ? Et d'à-,
bord il importe de ne pas confondre la
gastralgie avec la dyspepsie doulou-
reuse. La gastralgie est la névralgie de
l'estomac caractérisée par des accës
dont la durée est limitée et que séparent
des intervalles dosante parfaite. Le gas-
tralgique pur n^est pas dyspeptique :
en dehors des accbs et quelquefois
même pendant les accës, la diges-
tion s'opère trës-bien, aussi l'état gé-
néral du malade est-il excellent, il ne
maigrit pas, son teint reste bon et ses
forces intactes, surtout si les accbs sont
séparés par d'assez longs intervalles.
Cette distinction a son importance
pratique. Dans la véritable gastral-
gie les eaux bicarbonatées sodiques,
fortement minéralisées , réussissent
trës-bien. Dans la dyspepsie doulou-
reuse^ au contraire, elles augmentent
la douleur et donneraient^ si Ton n'y
prend garde, un caractère inflamma-
toire : il faut débuter par une eau
alcaline presque indifférente et au
besoin même la couper avec du lait
ou un sirop quelconque.
Ceci étant établi, cette question se
pose tout d'abord : Doit -on toujours
chercher à guérir la gastralgie?
M. Bourgarel répond : non. Toute
affection de nature névralgique, lors-
qu'elle est trop brusquement suppri-
mée par une médication imprudente,
ou qu'elle disparaît elle-même subi-
tement^ est souvent remplacée par
une affection de même nature ou de
nature différente ayant pour siège le
même organe ou un organe plus ou
moins éloigné : et souvent le malade
ne gagne pas au changement.
L'auteur cite plusieurs exemples à
l'appui de celte assertion :
lo Une vieille femme souffrait
horriblement d'une névralgie faciale
gauche: des applications calmantes
enlèvent la douleur, mais il survint
de violentes palpitations, deToppres-
sion, un sentiment d'angoisse ex-
trême et l'état de la malade devint
très -alarmant. Tous ces accidents dis-
parurent en même temps que revint
la névralgie lorsqu'on eut cessé les
pansements calmants ;
2o Un homme souffrait depuis sa
jeunesse d'une gastralgie qui fat en-
tièrement guérie au bout de deux
saisons passées à Vichy ; mais bien-
tôt survint une dyspepsie intestinale
très -grave qui céda à un traitement
institué à Vais, pour être remplacée,
par une gastrorrhée sans gravité,
mais désagréable;
30 Une dame de trente- cinq ans
souffrant d'une vive gastralgie, fait
disparaître plusieurs années de suite
sa névralgie stomacale, mais chaque
fois la voit remplacée soit par de vio-
lents accès hystériques, soit par une
névralgie de la face ou une névralgie
de la grande brauche abdominale du
plexus lombaire droit, et surtout du
rameau pubien de cette branche.
{Marseille médical^ mai 1870.)
Epllepsie slmalée, son dia-
gnostic par les caractères
graphiques dn pools. M. Voi-
sin indique ainsi ces caractères :
1° Les accès épileptiques, les at-
taques de vertige sont caractérisés
sphygmographiquement par une
courbe brisée , par une longueur
plus grande des lignes ascendantes et
par un dicrotisme marqué qui per-
siste une ou plusieurs heures après
l'accès :
2<> Ces caractères ne se présentent
pas chez le malade hors de l'accès,
ni sur l'homme sain dont la circula-
tion est troublée par une course lon-
gue et rapide ou par un effort mus-
culaire prolongé ;
30 Ces caractères manquent anssi
daus les cas d'épilepsie simulée.
{Scalpel,)
Contracture réflexe ascen-
dante par traumatisme ar-
ticulaire, par Duchenne, de Bou-
logne. A la suite d'une chute sur le
dos, du poignet par exemple, et du
traumatisme articulaire plus ou moins
marqué qui suit, apparaît une con-
tracture, d'abord des muscles de la
région atteinte par le traumatisme,
f»uis des muscles voisins ; la dou-
eur se joint à la contracture et peq^
même lui survivre, indiquant un état
morbide persistant de la moelle;
force et sensibilité en général sont
en même temps diminuées. Le tra-
vail de Pauteur est basé sur cinq
observations, se ressemblant beau-
coup, dit-il, et dont il en rapporte
une dont voici le sommaire : a Con-
tracture réflexe d'un grand nombre
de muscles moteurs du membre su-
- 89
périear droit, datant de deux ans,
consécutive à une arlhrile du poignet
de ce côté, produite par une chute
faite sur le dos de la main droite,
rebelle à des médications variées et
à Papplication pendant trente séances
de courants continus , constants (sui-
vant la méthode de Remak). guérie
en quelques séances par la faradisa-
tiou énergique et à intermittences ra-
pides, des antagonistes des muscles
contractures, persistance des dou-
leurs rachidiennes. d
M. Duchenne rappelle que les con-
tractures réflexes observées dans la
coxalgie, la tarsalgie, le valgus dou-
loureux, le pied creux par contrac-
ture du long péronier, etc., se sont
localisées.
M. Brown-Sequard a signalé les
paralysies réflexes d'origine arthri-
tique; or, dans les malades de M. Du-
chenne, à rélément contracture était
joint aussi Télément parésie. Peut-
être la paralysie réflexe arthritique,
et la contracture réflexe ascendante
que décrit M. Duchenne, ne sont-
elles que deux formes d'une même
maladie médullaire. Outre le succès
que M. Duchenne a retiré de la fara-
disalion des antagonistes des mus-
cles contractures, il formule encore ce
précepte thérapeutique, c'est que des
le début de la contracture réflexe as-
cendante par traumatisme articulaire,
un traitement soit antiphlogistique,
soit énergiquement révulsif (ventouses
scarifiées ou sèches, vésicatoires ,
cautérisations ponctuées), doit être
appliqué au niveau de la région spi-
nale qui innerve le membre affecté,
car il s'agit ici d'un processus mor-
bide qui affecte la moelle.
Dans le même numéro est publiée
une observation de M. Dubreuil, sous
le titre : iyune observation peu con^
nue de contracture siégeant sur les
interosseux palmaires, survenue aussi
à la suite d'une chute sur le dos du
Soignet comme dans l'observation de
[. Duchenne. {Gaz. des hôp. , 1870,
janvier. )
TRAVAUX ACADÉMIQUES
Ocelnsion intestinale; éli-
mination d'une portion d'in-
testin tS'éle Ionise de
49 centimètres. Gnérison.
« M. le docteur Henri Dubois, de Vil-
lers-Bretonneux (Somme), en a trans-
mis à l'Académie un exemple remar-
quable dans une observation d'occlu-
sion intestinale avec élimination d'une
portion d'intestin grêle longue de
40 centimètres et suivie de guérison.
« En voici le résumé fidèle : le 8 juil-
let 1860, un jeune homme de quinze
ans, dans un pari, avale, avec les
noyaux. 500 grammes de cerises noires;
le lendemain matin il en avale encore
500 grammes sans rejeter un seul
noyau.
« Tout se passe bien jusqu'au 10 au
matin, quoique depuis le -8 au soir il
n'y ait pas eu de selle. A ce moment se
déclarent tout à coup des coliques
vives siégeant à Torobilic, d'oii elles
8*irradieut dans tout le ventre avec
violents désirs d'aller à la selle, im-
possibles à satisfaire; angoisse extrê-
me, borborygmes bruyants, ventre
sensible, sueur froide de tout le corps,
accélération du pouls. Boissons adou-
cissantt's, aussitôt revoraies ; onctions
huileuses sur le ventre, lavement
huileux.
« Le 11 , aggravation des symptômes;
les vomissements continuent. Mêmes
prescriptions.
« Les jours suivants, les douleurs
de ventre deviennent de plus en plus
vives, principalement vers la fosse
iliaque droite; Tabdomen, sensible à
la moindre pression, est de plus en
plus tendu, rendant à la percussion
un son tympanique, excepté dans la
fosse iliaque droite et sur le trajet du
côlon ascendant et transverse, et, le
15, on sent au palper une tumeur
globuleuse qui, de la région du c»-
cum, s'allonge dans la direction de
la partie ascendante du côlon. Face
grippée, hoquet (le 15), prostration
des forces; pouls fréquent, petit,
serré, s'élevanl à 128 (le 15); vomis-
sements de matières muqueuses et
bilieuses le 12, stercorales le 13, ren-
fermant, le 14, une grande quantité
de matières fécales. Et pendant tout
ce temps pas de selle, malgré les pur-
gatifs, tels que sulfate de magnésie
(60 grammes) les 12 et 15, pilules
de croton, de gomme -gutle et de sa-
vou médicinal, lavement au miel de
— 90 —
mercuriale et friction d'onguept iDer»'
curiel belladone.
< Vu rinsuccëft de ces moyens éner-
giques, et dans la crainte qu'ils ne
deviennent plus nuisibles qu'utiles,
on leur fubstitoe, le 15, un peu d'huile
de ricin, des lavements huileu][, des
suppositoires de beurre de cacao, des
cataplasmes, un grand bain, de l'eau
pure pour boisson.
1 Le 17, améliorstion,Tentre moins
tendUj pouls à 118; les vomissements
ont cessé, et le malade rend par l'anus
quelques vents et des matières jaunâ-
tres, sanguinolentes^ exhalant une
odeur gangreneuse, TAèmu pres-
criptions émoUient^; bouillon d«
pigeon.
c Le 18 au matin^ sueurs abondantes
suivies d'une syncope de quelques
instants ; dans la matinée, étal sa-*
tisfaisant, pouls à 80; ventre plus sou-
ple, moins sensible; selles de matières
jaunâtres avec débris de membrane
muqueuse intestinale.
« Le 19, selles de même nature,
pouls 72. Même prescription.
« Le 20, le malade va bien, et, au
milieu des matières fécales rendues la
nuit, on trouve une portion d'intestin
grêle de 40 centimètres de long, sur
laquelle on distingue visiblement les
trois tuniques qui la constituent.
a X partir de ce moment, améliora-
tion de tous les symptOraes ; Tappétit
se rétablit; le ventre est souple, indo-
lore et les selles sanguinolentes ont
disparu.
« Le 26, le malade rend des matières
moulées, mais il n'a pas encore rendu
un noyau de cerise.
« Ainsi voilà un fait dans lequel une
portion de rinlestin est détachée,
éliminée, et la voie des matières al^
vines est rétablie.
« Mais que sont devenus les noyaux
avalés? il serait curieux d'avoir la
suite de celte observation intéres-
sanle. » (Acad. de méd,, rapp. de
M. Barth!)
Obserwation de céphalé-
matome. L'A c;i demie a reçu de
M. le docteur Danvin (de Saint-Pol)
une curieuse observation de ctfphalé-
matome dont voici l'analyse très-
succincte. Une femme de trente et un
ans, fortement constituée, primipare
et à terme, met au monde (le 7 juin),
par un accoucberocnt facile et rapide,
après trois heures de doulturs et à
peine une demi-heure d'efforts expul-
sifs, un enfant bien développé, por-
tant, au-dessus et en arrière de U
bosse pariétale droite, une petite Lu-
meur, oblongue d'avant en arrière,
du volume d'une amande, qui s'accroH
les jours suivants, traitée seulement
par des compresses .de vin et d'eaa
salée.
Appelé (le 19 juin), douze Jours
après la naissance de l'enfant. M. Dan-
vin trouve une petite fille bien por^
tante, ne présentant rien d'anormal
que la tumeur précitée. Celle-ci est
fiuctuanie, peu distendue, indolore 4
la pression, sans chaleur, sans batte*
menls, et la peau qui la recouvre n'a
point changé de couleur.
Saillant*; de deux centimètres et
demi, elle mesure 9 centimètres d'à*
vant en arrière, 8 dans le sens trans-
versal et 21 centimètres de circon-
férence à sa base, qoi est circonscrite
par un cercle dur, régulier dans sou
pourtour, sauf â la partie antérieure,
où il est inégal et rugueux.
A ces caractères, le docteur Danvin
reconnaît un céphalématome, et il
conseille des applic:ilions astringentes
et un appareil légèrement compressif.
Cinq jours après ^'24 juin), la tu-
meur étant encore dans le même état,
ponction avec une lancette à la partie
déclive; issue de 50 grammes de
sang, qui présente, le lendemain, un
caillot sans coueqne pesant 12 gram-
mes. Après l'opération, on sent plus
distinctement le bourrelet osseux, qu|
a environ 4 millimètres de relief. Ap-
plications de compresses imbibées de
vin salé.
Les jours suivants, aucun incident^
l'enfant se porte bien ; l'épanchement,
qui s'étiit un peu reproduit le lende-
main de l'opération, djminueenmême
temps que le bourrelet osseux de-
vient moins sensible, et le ^ il n'en
reste plus veslige.
Le 4 juillet, reproduction de la
tumeur, avec des caractèreit inflam-
matoires ; on sent de nouveau le bour<r
reict osseux, mais moins saillant et
plus mousse. Nouvelle incision ; issue
d'un sang noir mêlé de pus, beaucoup
de grumeaux gris et lie de vin^ et des
bulles de gaz inodore. Petite mèch«
dans la plaie : cataplasme de farine
de riz.
Du 5 au 10, amélioration de l'état
général^ expulsion à chaque panse-
ment d'une certaine quantité de céro-
sité roussâtre et ôt^ pus mal lié. Ap-
parition, lo 11, sur le sommet de la
tête, d'un petit abcès, incisé le 12,
avec issue u'une cuillerée à dessert de
— 91 —
pis louable. Le 17, Vabcës s'est ou-
tert dans la poche du céphalématome.
Les deux cavités fournissent un pus
de bonne nature, s'aplatissent peu à
peu ; récoulement diminue^ tarit en-
an, et, le 21 juillet, la guérison est
eomprete.
A la suite de Texposé trës-détaillé
de ce fait curieux, M. le docteur Dan-
vUi relève ce qu'il offre de plus inté*-
ressant :
La reproduction, avec des carac-
tère! inflammatoires, de la tumeur et
de son bourrelet osseux, après une
guérison complète en apparence. La
rapidité de la disparition définitive
du cercle saillant à la base du cépha-
lématome.
L^ formation d'un petit abcès sans
relief osseux, contigu a la tumeur san-
guine, s'ouvraht plus tard dans la
poche principale, qui dès lors sup-
pure franchement et arrive à bonne
guérison, en ne laissant après elle
qu'une légère déformation du crâne
par exagération de voussure du côté
malade. {Acad. dt méd., Rapport de
M.Barth.)
VARIÉTÉS
Etude médicale «ar réquitatlOD (i);
Par M. le docteur C. Ridbr.
Avant d'examiner rinfiuence que Téquitation exerce sur l'homme, il est
offle de rappeler d'abord les rapports qui existent entre elle et les autre^
modes d'exercices ainsi que les effets que ces derniers produisent dans l'éco-
nomie. Les physiologistes divisent les exercices en actifs, passifs et mixtes.
Les exercices actifs, tels que la marche, la course, la danse, etc., sont ceux
qnl résultent exclusivement des contractions musculaires. Les exercices passifs
consistent dans l'agitation ou la gestation du corps, au moyen de machines
dans Issquelles se place le sujet, et qui le transportent d'un lieu à un autre.
Les exercices mixtes sont ceux qui exigent que l'individu, quoique supporté et
mis en mouvement par une puissance étrangère, agisse cependant, soit pour
conserver certaines attitudes, soit pour communiquer le mouvement à la ma-
chine sur laquelle il est placé : telles sont l'équitation et la promenade dans
VU bateau quand on fait mouvoir les rgmes ; tel est aussi l'exercice du véloci-
pède. Ponr apprécier exactement l'influence de l'équitation sur l'économie, il
est nécessaire d'étudier d'abord les effets locaux et généraux produits par les
exerciees actifs et passifs.
Effets des exercices actifs. — Pour se faire une idée de l'influence des exer-
cices actifs sur l'économie, il suffit d'examiner l'état dos membres que l'on
exerce beaucoup. Lorsque l'on fait agir une partie pendant quelque temps, on
It voit d'abord se gonfler par l'afflux d'une plus grande quantité de sang ; la
chaleur y devient plus vive, et si l'on répète habituellement les mêmes mouve-
ments, on voit se développer dans la partie qui les exécute une plus grande
perfection d'action, un surcroît de nutrition et d'énergie. C'est ainsi que les
bras des boulangers^ les jambes des danseurs, etc., acquièrent bientôt un
développement remarquable.
Ce ne sont pas seulement les organes des mouvements actifs qui en ressen-
ti) Extrait des Annales d'hygiène^ numéro de juillet 1870.
— 92 —
tent les effets ; les fonctions nutritives se perfectionnent et deviennent plus
actives sous leur influence ; et lorsque les muscles s'exercent beaucoup, ils
communiquent en général un surcroît d'énergie aux viscères. Par le travail et
la fatigue^ le besoin des aliments devient plus fréquent et plus impérieux;
l'estomac, plus actifs en digère de plus grandes quantités. Un exercice modéré
de ce genre, après le repas, rend aussi la digestion plus facile, et par suite
la nutrition plus parfaite, si bien que les personnes qui en ont contracté Ttia-
bitude ressentent le besoin impérieux de s'y livrer, et digèrent mal lors-
qu'elles ne peuvent pas le satisfaire.
Les exercices actifs déterminent toujours l'accélération de la circulation et
de la respiration. Beaucoup de mouvements modifient d'une manière bien puis-
sante cette dernière fonction; les uns en l'accélérant seulement, les autres en
exigeant des dilatations soutenues et fréquentes du thorax, indispensables à
Texécution des efforts.
La calorification, qui n'est qu'un résultat des fonctions nutritives, est nota-
blement augmentée par la force, la durée et surtout la fréquence des exercices
actifs. On sait que la perspiration cutanée est toujours plus ou moins accrue
par ces exercices. Les autres sécrétions ou exhalations ue sont point plus abon-
dantes; quelques-unes même semblent diminuées.
L'exercice actif modéré rend la nutrition plus parfaite dans tous les organes
de réconomie; il n'en est aucun qui n'en ressente TinOuence, puisque tous
participent aux agitations moléculaires que le mouvement des membres déter-
mine dans tout le corps. Cette augmentation de nutrition est d'ailleurs une
conséquence de la plus grande activité que déploient les principales fonctions
viscérales, dont elle est, à proprement parler, le but principal. Mais c'est sur-
tout dans le système musculaire que se manifeste de la manière la plus remar-
quable cette activité de la nutrition ; les muscles acquièrent plus de volumes
de densité et de puissance.
L'exercice actif, pratiqué dans le jeune âge, parait aussi activer la nutrition
du système osseux. Les contractions musculaires le développent en totalité et
augmentent la saillie des éminences des insertions. Au développement du
système musculaire, se joint toujours celui du système circulatoire : de la pré-
dominance de ces deux appareils organiques résulte une constitution robuste,
et ordinairement exempte d'infirmités.
En résumé, les exercices actifs portent d'abord leur influence sur les mus-
cles qui exécutent les mouvements, et ils augmentent ensuite Taclion et
rénergie des organes assimilateurs, parce que les muscles, en exigeant de
ceux-ci une plus grande quantité de matériaux propres à leur développement^
redoublent nécessairement leur travail, et parce qu'ils communiquent encore
aux organes de la nutrition des secousses favorables à Texécution de leurs
fonctions et à la nutrition de leurs tissus.
Effets des exercices passifs. — Ces exercices ont lieu sans que les muscles
se contractent ; le corps n'est alors soumis qu'à des agitations et à des se-
cousses plus ou moins vives et fréquentes, qui le pénètrent pour ainsi dire, et
agissent sur toutes ses parties. Ces ébranlements stimulent les tissus, accrois-
sent l'activité organique, et rendent l'exécution des fonctions nutritives
plus facile. Ils ne déterminent point, comme les grands exercices actifs, de
troubles dans la digestion, dans la circulation et dausla respiration; ils n'aug-
mentent pas la chaleur animale et la perspiration cutanée ; ils ne déterminent ni
■ — 93 —
i déperditions ni fatigue ; ïïs conviennent donc beaucoup mieux aux convales-
cents et aux individus d'une constitution faible.
Les mouvements passifs donc, ébranlant doucement les viscères, excitant
les organes digestifs, favorisent l'absorption du chyle^ la circulation, la res-
piration, et rendent par conséquent la nutrition plus parfaite. Aussi l'on ob-
serve que les individus qui passent une partie de leur vie en voiture, ac-
quièrent beaucoup d'embonpoint et se font remarquer par Tétat florissant de
lenr santé.
Effets des exercices mixtes.^ Les exercices mixtes, et notamment Véquita-
tion, réunissent les avantages des mouvements actifs à ceux des mouvements
communiqués. Ils ont sur les muscles et sur les viscëres une action plus puis-
sante que ces derniers, et cette action n'a pas, comme les fortes contractions
musculaires, l'inconvénient de déterminer une grande fatigue et une déperdi-
tion abondante de matériaux nutritifs : aussi les exercices mixtes convien-
nent-ils à presque tous les âges, à presque tous les tempéraments^ et surtout à
tons les individus qui, accideniellemenl ou par constitution, ne sont pas assez
forts pour se livrer à de grands exercices actifs, et qui ont cependant besoin
de plus de mouvement que n'en déterminent les gestations.
I. ATTITUDE BT modveubrts DU CAVALIER. — Daus Tactc de l'équitation,
Thomme suit les mouvements de la base mobile qui le supporte. Chaque fois,
que l'animal sur lequel .il se trouve se déplace^ à l'instant oii ses membres
portés en avant, rencontrent le sol et sont ainsi forcés de supporter le poids du
corps^ un cboc a lieu, c'est-à-dire que tout ce mouvement d'impulsion donné
aa corps de l'animal se trouve répercuté sur lui-même, et lui fait éprouver une
secousse qui se communique au cavalier. Ces secousses se répètent à des inter-
valles plus ou moins rapprochés, suivant la rapidité de la marche de l'animal^
et elles sont plus ou moins fortes, suivant l'allure de ce dernier, la nature du
terrain^ la qualité du cheval et Thabileté de celui qui le monte.
On a prétendu que l'homme reçoit, comme un corps privé de vie, la somme
de mouvement que le eheval lui communique à chaque déplacement; c'est là
une erreur^ et Tart du cavalier consiste précisément à modifier, même à neu-
traliser par les attitudes les effets du choc^ à se lier au cheval de manière à
ioivre aussi exactement que possible les contractions et les ondulations de son
corps, sans en recevoir trop d'ébranlement. 11 faut donc considérer dans l'équi-
Ution deux ordres de mouvements^ ceux que le cheval exécute ei ceux que fait
le cavalier pour se maintenir en équilibre sur une base éminemment mobile,
^i que pour gouverner sa monture.
1<* Influence des allures du cheval, — Examinons les modifications qu'ap-
Porlent au mouvement communiqué à l'homme les diverses allures de
«heval (1).
IHuis le pas, les jambes du cheval se meuvent alternativement et en diago-
^6, et elles se posent de même, c'est-à-dire qu'au membre droit antérieur,
Vd se lève le premier, par exemple, succède le gauche postérieur, à celui-ci
^gauche de devant, et enfin le droit postérieur. Cette marche, où le centre de
(riTité n'est que peu ou point déplacé, est la plus douce ; le cavalier ne reçoit
(1) Voyez G» Colin, Traité de physiologie comparée des animaux dômes-
^, 2« édition. Paris, 1870, t. I, p. 421.
— 94 —
que des ébranlements modérés et qui se répètent à des intervalles distincts, ré-
guliers, faciles à compter; c'est la seule allure qu'on doive permettre au che-
val si on lé monte après le repas ; c'est aussi celle qui convient aux personnes
faibles, aux convalescents et aux vieillards. Dans l'amble, l'animal effectue la
progression en levant et en posant ensemble les deux membres du même côté,
alternativement droits et gauches; cette allure, trës-allongée et trës-peo déta-
chée de terre, parait naturelle au chameau et à la girafe ; les jeunes chevaos
vont généralement l'amble jusque vers l'âge de deux ans ; plus tard, cette al-
lure n'est plus guëre que le résultat de l'éducation ; elle ne fait que ballotter
très -légèrement le cavalier de droite à gauche et réciproquement ; les ébranle-
ments sont un peu plus répétés que dans le pas, mais n'ont pas beaucoup plus
d'intensité.
Le trot est le mode d'équitation le plus fatigant ; j'entends le trot à la fran-
çaise, car le trot à l'anglaise cause peu de fatigue, même sur un cheval dur, à
la condition que l'allure du cheval soit bien franche et que l'animal, ne se
déplaçant pas hors du plan vertical, ne communique pas à son cavalier de^
réactions irrégulières, et déviant de droite à gauche et de gauche à droite.
Dans celle allure, chaque membre antérieur a^it toujours diagonalement
avec le membre postérieur du côté opposé ; leur lever et leur poser sont simul-
tanés : le cavalier reçoit à chaque mouvement des secousses rudes qui lui font
souvent quitter la selle; du reste, la violence de ces secousses varie singulië*
rement suivant la nature du terrain, l'habitude que l'on a de ce mode d'équi-
tation et surtout suivant la qualité du cheval. Celui qui est volumineux, qnf
n'est pas habituellement consacré au service de la selle, soulève la masse de
son corps avec plus d'effort, retombe sur le terrain plus lourdement et commu-
nique à son cavalier des secousses plus violentes. On peut remarquer, d'ail-
leurs, d'une manière générale, que chaque race de chevaux a ses propriétés
particulières, déterminées par sa conformation : les chevaux limousins, haut-
jambés et long-jointés. c'est-à-dire ayant les pâturons un peu longs, ont des
allures très- douces; il. en est de même des chevaux arabes, andalous, porto*
gais, tandis que les chevaux anglais, normands, mccklembourgeois, hano-
vriens, etc., impriment à ceux qui les montent des secousses très-fortes (1).
Dans le galop, la plus rapide et la moins fatigante de ses allures, le cheval
s'élance du train postérieur sur le train antérieur et ne fait éprouver au cava-
lier que d'agréables ondulations; je parle là en général, car il est des chevaux
dont le galop est plus désagréable que le trot, ce qui dépend de certaines par-
ticularités de structure, de certains vices du dressage, ou plus souvent de cer«
laines maladies ou déTecluosités des membres, surtout à Tarrière-main.
Cette allure, lorsqu'elle est très-rapide, gêne cependant la respiration, par
l'obstacle que parait apporter à cette fonction la force avec laquelle l'air atmos-
phérique est pressé dans la course du cavalier.
Le pas relevé est encore une allure assez douce : c'est une espèce d'amble
rompu, qui ne diffère de Tamble ordinaire que parce que le cheval repose pen-
dant un temps fort court sur les deux jambes opposées dans la diagonale.
2o Influence de la nature du soL — La nature du sol influe beaucoup sur
(1) Voyez A. £• Brehm, lavis des animaux ; les Mammifères. Pafls^ 1870,
t. II, p. 559.
— 95 —
la quantité et la qualité des ébranlements communiqués aii cavalier t la terre
molle absorbe une portion du mouvement à l'instant où le cheval y pose; un
terrain dur, compacte et résistant rend la répercussion du mouvement plus
complète et plus efficace.
5* Attitude du cavalier. — L^attitude de l'homme sur la monture déter-
mine en grande partie les effets de Téquitation ; les maîtres en cet art dis-
patent sur le plus ou moins de verticalité à donner au corps, sur la courbure
des reins» sur les points d'appui de Tassielte et la direction des cuisses. Dans
réquîtation militaire, en particulier, le corps du cavalier est divisé en trois
parties : deux mobiles, le tronc et les jambes^ et une immobile, les cuisses.
Comme nous l'avons vu plus haut, Téquitation est un exercice mixte, c'est-
l-dire que, outre les mouvements que subit le cavalier, il faut que les muscles
agissent pour conserver au tronc, à la tête et aux bras les attitudes conve-
nables, et ses efforts musculaires sont d'autant plus énergiques, qu'il a moins
d'expérience et que par suite ils sont moins bien coordonnés et moins bien
appliqués : ces efforts s'exercent surtout dans la partie postérieure du tronc,
dans la partie interne des cuisses, dans les bras et les jambes ; il existe dans
tontes les parties du tronc un état de contraction presque continuel pour lui
conserver la rectitude nécessaire à la demi-station ; les muscles des membres
agissent tant pour le maintien de l'équilibre que pour la direction du cheval.
Du reste, les mouvements actifs et passifs sont plus ou moins nombreux, plus
ou moins intenses, suivant le mode d'équitation que l'on adopte. En Angle-
terre, oii les chevaux ont généraleiiicnt le trot assez dur, on a adopté une mé-
thode dite à ^anglaise, et qui consiste à briser chaque choc du cheval par un
mouvement alternatif de flexion et de redressemeut du tronc ; les supports des
étriers sont courts, les jambes et les cuisses fléchies, le bassin ne porte que
fort peu sur la selle, que les tubérosités ischiatiques touchent à peine, et le
tronc s'élève et s'abaisse alternativement dans chaque mouvement du cheval sur
les membres pelviens qui, les genoux fixés aux quartiers de la selle, prennent,
ï l'aide des pieds, d'autres points fixes sur les étriers. Cette méthode est au-
jourd'hui bien connue et très-usitée en France.
la méthode française, par la longueur des porte -étriers, fait du bassin le
point d'appui principal et met surtout en action les muscles du tronc et de la
ptftie interne des cuisses ; elle prête mieux au déploiement des grâces équés-
1ns et à la noblesse des attitudes; mais, le cavalier ne pouvant éviter aucun des
mouvements ni atténuer aucune des secousses que l'animal lui transmet, ce
Bode d'équitation agite les organes des trois cavités splanchniques par des
SQccassioiis plus violentes, dont les effets sur la sauté peuvent être vraiment
periicieux et funestes ; la fiatigue qui survient chez le cavalier novice ou après
l'exercice prolongé de l'équitation, provient et des secousses passives et des
^tractions exécutées pour en amortir l'effet.
(La suite au prochain numéro,)
GoimssioH d'hygiène. — Par arrêté du 3 février 1871, M. Gavarret, profes-
Mv à la Faculté de médecine, a été nommé vice-président de la commission
centrale d'hygibne et de salubrité.
— 96 —
L^Gioif d'hokmbdr. — Par divers décrets ont été promus ou nommés dans
l'ordre de la Légion d'iionneur :
Au grade de commandeur : M. Lustreman, médecin inspecteur.
Au grade d*officier : MM. Perrin, médecin principal de 2^ classe;— Massié^
pharmacien-major de i^^ classe;— Poignet, chirurgien -major au 24<> bataillon
de la garde nationale de Paris;— Grenet, médecin de i^^ classe de la marine;
— Bonnet, médecin de i'« classe de la marine; — Braquié, médecin de
V^ classe de la marine ; — M. le docteur Filhos.
Au grade de chevalier : MM. Quod, médecin aide-major de l'<> classe ; —
Beaumanoir, médecin de l'*' classe de la marine ; •— Loro, aide-médecin de
la marine ; — Goustan^ médecin de 2® classe de la marine ; — Thaly, médecin
aide-major au 3^ régiment d'infanterie de la marine ; — Gazalis, pharmacien
de 2« classe de la marine; — et MM. les docteurs Moynier^ Boutin, Gahours,
Pondevaux, Roussin, Terrier, Le Maguet^ Duplessis, Delaunay^ Leménager,
Borchard, chirurgiens-majors de bataillon dans la garde nationale.
NiGROLOGiE. — Un noble cœur vient de cesser de battre, une belle intelli-
gence vient de s'éteindre, l'Âeadémie de médecine vient de perdre une de ses
lumi^eres. M. le docteur Falret^ qui, pendant sa longue et laborieuse existence,
a été parmi nous un des plus respectables représentants de la science médicale
et de la dignité professionnelle, a succombé, le 8 octobre dernier^ âgé de
soixante-quatorze ans, à Marcillac (Lot), son pays natal, à la longue et doulou-
reuse maladie dont les progrès visibles affligeaient ses amis. Son digne fils,
M. la docteur Jules Falrel, l'un de nos plus savants et distingués confrères^
resté à Paris, n'a connu qu'à la fin de janvier le malheur dont il avait été
frappé trois mois auparavant. {Union méd.)
— Le 26 janvier dernier, ont eu lieu les obsèques de M. Goindet, médecin
principal de U^ classe, qui a été tué le 22 janvier. Il se rendait à l'hôpital
Saint-Martin, oh il secondait avec une rare intelligence M. Gabrol, le savant
médecin en chef. Par malheur, il avait oublié un instrument. M. Goindet re-
monte chez lui, traverse un salon, et tombe frappé par une balle française^ qui
tranche l'artère crurale. En vain le baron Larrey, Gabrol, son maître et son
ami, Verneuil, Panas^ ont prodigué leurs soins au blessé : il n'a pu survivre à
cette blessure, et ce savant, qui avait bravé les périls des campagnes de Grimée,
dn Mexique, et s'était échappé de Sedan au prix de mille périls pour venir se
consacrer à l'armée de Paris, a été frappé par un projectile parisien.
— Nous avons aussi le regret d'annoncer la mort du docteur RaciborskI
Tantenr d'un livre estimé Sur la puberté et Vùge critique chez la femme, -^
et du docteur Gocteau, jeune chirurgien des hôpitaux très-distingué, agrégé de
la Faculté.
Pour les articles non signés : F. BRICHETEAU.
97 —
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
Bn trallemenf des •yphilldes iileéreiMes cireoiMcrltefl
par le sparadrap de Vîgo (i) ;
Par H. le docteur ConstantiD Paul, agrégé de la Faeallé, médecio des hôpitaux.
Nous voyons trop souvent qu'un médecin qui reconnaît à une
préparation mercurielle quelque avantage, la prône bientôt pour
guérir toutes les affections syphilitiques quelles qu'elles soient, si
bien qu'il me serait facile de citer les nombreux services de nos
hôpitaux où la syphilis^ quelle que soit sa forme et même sa pé-
riode, reçoit un traitement qui ne varie pas.
Tel de nos collègues refusera^ par exemple, de donner du mer-
cure à ses malades, tel autre n'emploiera que le protoiodure de mer-
core, tel autre que les frictions, tel autre que le sublimé, tel autre
que les injections sous-cutanées^ etc.^ si bien qu^une fois que le
sort a désigné un malade pour une de ces sections^ il est fatalement
îoué à tel ou tel traitement. Il est pourtant évident que ces moyens
ne sont pas tous identiques, que leurs avantages et leurs inconvé-
nients ne sont pas les mêmes^ que chacun d'eux doit demander,
pour agir efficacement, certaines conditions. En un mot, en pro-
voquant cette discussion sur le traitement de la syphilis et de ses
différentes manifestations, je n'ai pas pensé qu'on devait recher-
cher quelle était la meilleure préparation mercurielle à opposer à la
vérole. Je pense au contraire que, pour que cette discussion soit
fructueuse, il faut prendre une à une chacune des modalités sous
lesquelles la syphilis peut se montrer et rechercher pour chacune
d'elles le meilleur traitement.
Telle préparation qui réussira, par exemple, dans une forme ou
^e période de la syphilis, n'est pas pour cela celle qui réussira le
nueux dans une autre période.
H. Liégeois nous a dit dernièrement que, pour lui, les cas où les
nijections sous-cutanées avaient leur action la plus favorable étaient
^ syphilides à forme néoplasique, qu'au contraire ce moyen était
moins efficace dans les syphilides à forme ulcéreuse.
(i) Mémoire la par Tauteur à la Sociélé de Thérapeutique ^ séance du
V oti 1870.
TOMB LXXX, 3« UVR. 7
— 98 —
Je viens à mon tour vous fdire connaître une autre indication
des mercuriaux (]ui 8*ft[)t)lique ptédisëniétit A\it formes ulcéreuses
tardives. Cette méthode consiste dans Tabsorption du mercure par
les ulcères^ au moyen de pansements avec le sparadrap de Vigo,
c^est -à-dire d'un emplâtre qui contient environ 30 pour 100 de
mercure^ puis de ^emplâtre simple^ dg la cire ot de la résine.
Obs. I. — Fille cachectique atteinte de syphilis depuis trois ans,
affectée à cette époque d'une syphilide tuberculeuse circonscrite et
aune syphilide gommeuse ou nydrosadénite syphilitique^ guérie
en tfois semaine^ pnr des applications d'empiâtfe de Vigo. —
La première malade à. laquelle j'aie anpliquë la méthode dont
il est ici question est une fille nommée Ei***^ âgée de vingt-cinq
ans, domestique. Cette fille, qui n'était pas d'une robuste consti-*
tution, avait été affreusement éprouvée par les maladies. Dè^
Tâge de quinze ans, elle avait souffert d'une angine couenneuse;
puis^ devenue enceinte à vingt ans^ elle avait vu son enfant mou-
rir le lendemain de Taccouchement^ A vingt-deux ans^ elle avait
été atteinte d'un érysipèle de la face^ suivi bientôt d'une sorte de
fièvre pyogénique avec formation de neuf abcès à la tête et de trois
abcès au bras.
A peine remise de cette grave affection, le 44 juin 1866, elle
était rentrée deux mois après à l'hôpital, atteinte d'une fièvre ty-
phoïde. Elle fut deux mois à se remettre* et dès qu'elle fut à peu
près rétablie, la malheureuse contracta la syphilis. Au mois de
mars 1867, on put constater des syphilides vulvaires, et l'admettre
à Thôpital de Lourcine, où elle entra dans le service de M. Desprës.
Ob diagnostiqua des plaques muqueuses vulvaires.
Pendant le séjour qu'elle fit dans ce service^ elle fut traitée sans
mercure. On lui donna d'abord des préparations ferrugineuses^
puis du quinquina vers la fin. En outre, on cautérisait chaque
jour les plaques avec du chlorure de zinc.
Au bout de trois mois de ce traitement, les accidents avaient dis-
paru; elle sortit de l'hôpital en apparence guérie.
Malheureusement, à la première menstruation suivante, les ac*
cidents syphilitiques se montrèrent de nouveau ; la malade rentra
alors dans le service de M. Després, et y resta jusqu^au 14 dé-
cembre 1867.
La pauvre fille ne tarda pas à tomber de nouveau malade ; elle
était entrée comme domestique ches un marchand de rin^ et dès lé
mois de février 1868, elle contracta une pneumonie qui la fit ren*>
trer encore une fois à l'hôpital pour six semaines.
Néanmoins et malgré tous ses malheurs, cette fille jouit d^une
santé passable pendant près d^une année.
Au mois de janvier 1869, la syphilis reparut; cette fois, les ac-
cidents semblaient siéger plus profondément^ elle vit survenir aux
deux jambes des tumeurs rouges et molles.
— 99 —
Le il mai 1869, elle entra à l'hôpital de la Charité, salle Sainte-
Madeleine, n® 45, dans le service de clinique du professeur Bouil-
laud, que je suppléais alors.
La syphilis datait de deux ans ; elle avait dû être marquée peu
de temps après son début par des plaques muqueuses vulvaires qui
n'avaient pas subi le traitement mercuriel^ et avaient duré douze
mois.
Il y avait donc une année que ces accidents avaient disparu. Cette
fois Ils manifestations syphilitiques étaient d'un autre ordre. Il y
en avait de deux espèces. Il y avait premièrement une syphilide
cÎTeonscrite tuberculeuse dont un groupe occupait la tempe droite,
et fantre l'épaule gauche au niveau de la région sous-épineuse.
Cette syphilide tuberculeuse circonscrite était caractérisée par des
boatons durs, rugueux, couverts de croûtes épidermiques molles.
Les tubercules étaient groupés circulairement et teintés de la cou-
leur de la chair de jambon.
Outre cette syphilide tuberculeuse, il y avait à la cuisse gauche
ime tumeur faisant une saillie de la grosseur d'une amande de noi-
actte. Cette tumeur, qui s'était développée lentement et sourdement,
était molle au centre ; la peau qui la recouvrait était d'un rouge
violacé, très-amincie. Cette tumeur, adhérente à la peau et libre
à sa face profonde, était, à n'en pas douter, une gomme syphilitique.
En troisième lieu, on pouvait constater deux ulcères à bords
taillés àpic, d'une profondeur d*un bon centimètre. L'un d'eux, large
comme une pièce de cinquante centimes^ siégeait à la jambe gauche
CI8 de la tête du péroné. L'autre, beaucoup plus étendu^ de la
geur de la paume de la main, se trouvait au-dessous et en dehors
iu mollet; il était aussi profond que le précédent, mais sa forme
dentelée et l'inégale profondeur de ses différentes parties mon-
Irnent qu'il n'était que le résultat de la réunion de plusieurs ulcères
semblables au premier. Le liquide qui en sortait était un peu
dair, fluide et sanguinolent.
Nous avions affaire ici à des ulcères consécutifs, à des gommes
<Kjà détachées. Ces ulcères étaient bien évidemment des ulcères
syphilitiques et non pas des ulcères scrofuleux. Le diagnostic diffé-
f^ticl en fut établi sur les signes suivants. Ces ulcères avaient été
^gs à se former ; ils occupaient une région très-limitée et se dé-
licoaient nettement des tissus voisins. La suppuration avait été
(Pikord centrale, et oe n'est que peu à peu que Tulcère avait gagné
ks bords de la tumeur. Les bords étaient taillés à pic et encore indu-
^. Le pus était sanieux, liquide, sanguinolent, mais transparent.
Os étaient entourés d'un cercle rouge cuivré.
Le diagnostic s'établissait donc ainsi : syphilis datant de deux ans
ÇUactérisée actuellement par deux groupes de tubercules syphili-
li<]Qes^ une tumeur gommeuse, un ulcère gommeux et un autre
ulcère consécutif à l'élimination de plusieurs gommes.
En outre^ on pouvait constater des adénopathies indolentes aux
^oùs inguinales, axillaires, cervicales et mastoïdiennes, entin de
Timpétigo du cuir chevelu.
— 100 —
Les antëcédcnts déplurables de celto pauvre fille permellaieni de
comprendre comment chez elle la syphilis avait pris un aspect pour
ainsi dire scrofuleux. C'est-à-dire que ce qui frappait, c'était Ta-
bondance des adénopathies, la forme de l'impétigo et les ulcères.
Il fut bien établi toutefois que tous ces accidents étaient bien sy-
philitiques et non pas scrofuleux, et je pensai seulement que si la
syphilis avait pris cette forme, on devait l'attribuer à Tétat cachec-
tique de la malade.
Le traitement était difficile. Le mercure en pareil cas me^em-
blait nécessaire, mais il fallait, à mon avis, en donner le moins
possible, pour ne pas fatiguer une économie déjà si éprouvée*
Je pensai qu'en pareil cas, le mieux était de faire absorber le mer-
cure par les plaies de manière que les parties malades reçussent
tout le mercure qui pénétrait dans l'organisme. C'est pour cette
raison que j'ordonnai de panser les plaies avec de l'emplâtre de
Vigo.
J'avais déjà acquis, par des expériences antérieures, la conviction
que quand on a affaire à des accidents syphilitiques tardifs et cir-
conscrits, on a grand avantage à faire pénétrer le mercure par les
parties malades.
On se borna donc à laver les plaies avec du vin aromatique et à
les couvrir de sparadrap de Vigo.
L'effet de ce traitement fut des plus satisfaisants. Dès le qua-
trième jour, il nous fut possible de constater une amélioration con-
sidérable dans les ulcères ; les bourgeons charnus commencèrent à
se développer, les bords ne furent plus à pic, et l'on vit un com-
mencement de cicatrisation à la périphérie.
Au bout de douze jours, l'ulcère le plus petit était complète-
ment guéri .
Au bout de quinze jours, l'ulcère le plus important, qui au début
avait la largeur de la main, était aux trois quarts cicatrisé. La gué-
rison était même si avancée, que la maladie se mit à se lever et à
marcher dans la salle. Nous en fûmes averti par une rougeur éry-
sipélateuse qui apparut autour de l'ulcère, et une destruction d'une
partie de la cicatrice. On lit alors observer rigoureusement le repos
au lit, et, cinq semaines après, la guérison des ulcères était défi-
nitive.
Pendant la durée de ce traitement, la malade n'eut pas de sali-
vation ; son appétit et ses forces reprirent promptement, et elle
quitta l'hôpital dans un état très-satisfaisant.
Encouragé par ce succès, je me proposai d'employer ce traite-
ment à une prochaine occasion ; elle ne se lit pas attendre.
Obs. II. — Peu de temps après, je reçus dans mon service une
femme âgée dequarante ans, scrofuleuse, qui portait derrière l'épaule
droite une cicatrice provenant d'une ancienne scrofulide; elle en
avait d'autres semblables à la tempe et sur le cuir chevelu. Cette
femme était atteinte de syphilide depuis deux ans ; elle avait eu
— 101 —
d'abord des douleurs rhumatoïdes^ suivies bientôt de roséole et de
boutons au visage. On Tavait traitée dans son pays, pour cette af-
fection, au moyen de Tiodure de potassium.
Elle vint à Paris avec son mari, celui-ci dut aller se faire soigner
à Pbôpital du Midi. Quant à elle^ elle vit survenir une nouvelle
éruption au visage et des plaques dans la gorge.
A son entrée à l'hôpital, elle montre des accidents qui se sont
produits peu à peu.
Cette atfection, qui est circonscrite, se compose de plusieurs ul-
cères qui correspondent à ce qu'on a décrit sous le nom de syphilide
ulcéreuse circonscrite, de lupus syphilitique, et que M. Bazin nomme
syphilide tuberculo-ulcéreuse.
Trois de ces ulcères siègent, Tun sur l'épaule droite, le second
sur la région lombaire droite, et le dernier sur la partie postérieure
à gauche du thorax.
Chacun de ces ulcères est large comme la paume de la main, ar-
rondi en fer à cheval, le centre étant beaucoup moins altéré que les
bords.
Il existe des ulcères semblables à la tempe gauche et sur le cuir
chevelu.
Je me décide à pratiquer le traitement par Templâlre de Vigo ; je
fais couvrir chaque ulcère d'un morceau de sparadrap de Vigo qu'on
renouvelle deux fois par jour à cause de l'extrême abondance de
suppuration que provoque ce mode de pansement. Seulement,
comme je tiens à ne pas provoquer une abondante salivation mer-
curielle et que les surfaces à couvrir sont assez grandes, je ne fais
couvrir d'abord que les ulcères du dos. Le mercure ainsi absorbé
par la plaie a donné aux gencives un peu d'inflammation et de sé-
crétion purulente, et pendant que ces ulcères marchaient rapide-
ment vers la cicatrisation, les plaies de la face et du cuir chevelu se
modifiaient d'une manière très-favorable, si bien qu'il n'a fallu que
peu de temps pour les guérir ensuite par l'application du spara-
orap de Vigo.
Ce qui a été frappant dans ce cas, comme dans le précédent, c'est
h rapidité avec laquelle les bourgeons charnus se sont développés,
la cicatrisation produite et le bon aspect qu'ont pris les ulcères au
bout de trois ou quatre jours.
La malade a complètement guéri dans l'espace de deux mois.
Eu quittant, au mois de novembre dernier, la suppléance du pro-
fesseur Bouillaud, je fus appelé à remplacer M. Vidal à l'hôpital
Saint- Louis, et là je ne manquai pas de mettre à profit l'expérience
précédente ; je n'ai eu qu'à m'en louer.
J'apporte ici les observations des malades soumis à ce traitement
et sortis guéris de l'hôpital.
Ces observations ont été recueillies par mon interne, M.Demeules.
0b8. IIL — Le sieur E***, âgé de trente-six ans, sculpteur, est
entré dans mon service, salle Napoléon, n° 26, le 9 janvier 1870.
— 102 —
Cet homme a contracté un chancre il y a six ans ; il a eu dans la
même année des plaques muqueuses.
Six semaines avant son entrée à l'hôpital, il a été pris d'une
éruption spécifique.
A la paupière supérieure droite, il existe une tumeur du volume
d'une noix surmontée d'une croûte épaisse brunâtre stratifiée.
A la queue du sourcil droite il existe une tumeur de la grosseur
d'un marron recouverte d'une croûte brunâtre, noirâtre et dure au
centre, jaunâtre et molle à la périphérie. Ces deux tumeurs sont, à
n'en pasdouter^ des tumeurs gommeuses, suppurées et recouvertes
de croûtes. Il y en a une semblable à l'avant-bras droit sur le trajet
du cubitus. Il en existe trois autres sur les cuisses.
A la partie supérieure et interne de la jambe droite^ il y a, en
outre, deux bulles de rupia.
Traitement : pansement deux fois par jour avec le sparadrap de
Vigo ; à rinlérieur, 1 gramme d'iodure de potassium.
Dès le lendemain (10 janvier), les croûtes de la paupière et du
sourcil sont tombées, en entraînant comme une sorte de bourbil-
lon. Il reste un ulcère profond, laissant suinter une sanie purulente
visqueuse et mélangée de sang.
Les autres croûtes tombées laissent voir des dépôts blanchâtres
ressemblant à des eschares et entourées d'un sillon d^élimination.
Au bout de quinze jours, il ne reste plus que des ulcérations super-
ficielles formées par des bourgeons charnus de très-bon aspect. Au
bout d'un mois la face est complètement guérie.
Le 19 février, quarante jours après son entrée, le malade sort
compléteqfient guéri; il a pris des forces et de l'embonpoint.
Obs. IY. — Celle-ci est plus concluante encore par la marche
lente de la maladie sous l'influence d'autres traitements.
La nommée Ernestine p***, âgée de vingt-quatre ans, brodeuse,
a contracté il y a cinq aps un chancre infectant.
Quatre mois après, elle a vu survenir une éruption pustuleune
occupant les cuisses, les bras et le front.
On la traite par le protoiodure de mercure ; elle met six mois à
guérir de son affection.
Six mois après, survient une large ulcération à marche serpigi-
neuse qui occupe le mollet diroit.
On la traite par l'iodure de potassium ; elle guérit au bout de
quatre mois. Deux ans après le début de la syphilis, nouvelle ulcé-
ration à marche serpig[ineuse occupant la partie supérieure du cou.
On ne fait pas de traitement interne, on se contente d'appliquer
une pommade.
Trois ans après le début, en 1868, survient une syphilide pus-
tulo-crustacée. Des croûtes épaisses, jaunâtres, couvrent le cuir
chevelu, les joues, les oreilles, les paupières, etc.
La malade entre à l'hôpital Saint-Louis dans le service de
M. Hardy.
I4. le professeur Hardy lui ordonne des pilqles de Sédillot et de
— 403 —
Pio4nre de potassium. Ce traitement est continnë pendant sii mojs
sans an^élioration ; on y renonce et Ton donne le sirop de Gibert au
biiodure et à Tiodure de potassium pendant trois mois.
Au bout d'un an de séjour à Thôpital (septembre i869), la nja-
lude demaude sa sortie; les croûtes sont tombées, il ne reste plus
que des macules syphilitiques.
Pendant ce temps, une large plaque de syphilide pustulo-crus-
tacée était apparue à la région épigastrique. Au moment de la sortie
de la malade^ il reste encore sur les bords des croûtes ambrées très-
épaisses entourées de petites pustules.
Deux autres ulcères se sont montrés en même temps aui jarrets
et n'ont pas guéri ; ils sont encore profonds avec des bords taillés
ipic.
Au mois de janvier 1870^ la syphilide pustulo-crustacée de la
face et du cuir chevelu s'est montrée de nouveau. Elle entre dans
mon service, salle Saint-Thomas^ n® 5!^ le 5 février.
Toutes les plaies sont recouvertes de sparadrap de Vigo, les che-
veui sont coupés et une calotte du même sparadrap est appliquée
sur le cuir chevelu.
Douze jours après le début du traitement, les ulcères des jarirets
sont guéris^ les ulcérations du cuir chevelu sont cicatrisées et pré-
sentent une peau luisante violacée, une véritable cicatrice,
Au commencement de mars, une nouvelle poussée de tubercules
se montre à la lèvre supérieure avec tendance à l'ulcération ; nou-
velle application de Vigo, guérison aujourd'hui.
Si l'on compare la résistance que ces afieçtions opt opposée au
traitement interne et leur rapide guérison par Iç sparçidrap de Yigo,
on ne pourra manquer de voir là un des plus heureux effj^is de
Outre méthode.
Obs. V. Hydromdénite syphilitique guérie par le sparadrap
de Vigo, — R*** Jean-Baptiste, âgé de soixante- (pâtre ans, en-
tre dans mon service, salle Napoléon, n*» 56, le 29 janvier 1870.
Cet homme a contracté, il y a cinq ans, un chancre du filej.
Il est atteint depuis six mois d'une hydrosadépite syphilitique,
Les avant-bras présentent sur le trajet du cubitus de petites tu-
meurs ulcérées ou recouvertes de croûtes brunâtres, laissant suinter
du pus lorsqu'on soulève leur bord.
Même lésion sur la partie antérieure du thorax.
Il y a, en outre, une gomme ulcérée au mollet droit.
Pansement avec le sparadrap de Vigo.
Cinq jours après, les croûtes sont tombées, entraînant de petites
eschares ; il reste une ulcération cupuliforme, bourgeonnante. 1.0
fO février, au bout de trois semaines, la cicatrisation est cornpjète.
Ois. VI. Syphilide pustulo-crustacée guérie par le pansement
— 104 —
à l'emplâtre de Yigo. — L*** Angélique, âgée de vingt et un ans,
blanchisseuse, entre le i9 février 1870 dans mon service, sallo
Saint-Thomas, n<* 43.
Cette fille a été atteinte d'accidents syphilitiques dès Tâge de dix-
huit ans ; elle est venue se faire soigner à Thôpital Saint-Louis, où
elle a dû faire un séjour d'un an.
Pendant dix-huit mois, la guérison s'est maintenue.
Six mois avant son entrée à Thôpital, elle a vu survenir à la cuisse
droite un petit bouton, suivi bientôt d'une ulcération à marche ser-
pigineuse. En même temps une plaque de syphilide crustacée se
produisait au niveau du sacrum. Ces accidents ont persisté jusqu'au
moment de son admission à l'hôpital.
Nous observons, en effet, au niveau du grand trochanter droit,
deux ulcérations arquées, à fond grisâtre, à bords taillés à pic, en-
tourées d'une auréole rouge cuivrée.
Ces deux ulcérations forment chacune le quart d'un cercle qui
aurait 5 centimètres de diamètre.
La partie ulcérée mesure 2 centimètres en largeur. Le centre de
ce cercle est occupé par une cicatrice luisante et violacée. Cette
plaie gêne les mouvements de la marche.
Il existe encore une plaque de syphilide pustulo-crustacée au
niveau du sacrum.
Le traitement consiste purement et simplement dans l'application
de sparadrap de Vigo, sans traitement interne.
Au bout de deux jours, l'ulcère a changé d'aspect, ses bords se
sont affaissés et la suppuration est devenue très-abondante.
Au bout de six jours, la cicatrisation s'est faite dans la moitié
de rétendue de la surface ulcérée. Le reste bourgeonne activement.
L'amélioration survenue dans la plaie rend la marche bien plus
facile.
En même temps les croûtes qui recouvrent la syphilide de la ré-
gion sacrée tombent et ne laissent à leur place qu une simple tache
brunâtre.
Au bout de onze jours les deux ulcères sont presque complète-
ment cicatrisés. Après trois semaines de traitement, tout était fini.
Obs. vil — Le sieur Pierre B***, employé, âgé de trente-
quatre ans, est entré à l'hôpital Saint- Louis, salle Napoléon, u® 10,
le 18 janvier 1869.
Ce malade est atteint de syphilis depuis près de six ans.
L'accident primitif a été un chancre phagédénique du prépuce
pour lequel il a été traité à Thôpital du Midi par M. Puche. Le trai-
tement a consisté dans l'administration du protoiodure de mercure
et des ferrugineux.
Après avoir eu de la roséole et des plaques muqueuses, il fut at-
teint, deux ans après, d'une hémiplégie pour laquelle il entra à
Saint-Louis dans le service de M. Féréol. Cette paralysie Ta retenu
dix mois au lit, mais a fini par disparaître à peu près complète-
ment*
— 105 —
Au mois de janTÎer i869^ cinq ans après \e début de sa syphi-
lis^ il rentra à Saint-Louis pour un rupia syphilitique et y fut traité
par M. Bazin au moyen du sirop de Gibert. Mais on y a ajouté de
rhuile de foie de morue et du vin de quinquina, parce que de-
puis deux ans le malade tousse et a craché du sang à plusieurs
reprises.
Au mois de septembre 1869, lorsque je prends le service, le ma-
lade est manifestement phthisique ; les deux sommets sont pris de
pneumonie caséeuse, surtout le gauche. Le malade a Tasnect ca-
chectique^ les membres inférieurs sont œdématiés, le malaae porte
des traces de syphilides profondes ressemblant à des traces de
scrofule.
Il est atteint de rupia syphilitique sur le front ; il y a des gommes
dans les environs du lobule de Toreille.
On applique le sparadrap de Yigo sur les ulcères syphilitiques et
la cicatrisation s'en fait rapidement ; le malade engraisse et a
boDne mine;' au bout d'un mois les plaies sont guéries et le malade
a pris des forces et de l'embonpoint.
Les syphilides tuberculeuses ont perdu de leur importance^ les
douleurs ostéoscopes qui existaient ont disparu. Le malade est
beaucoup mieux; non-seulement ses ulcères ont guéri, mais son
état s*est amélioré.
Très-frappé par ces résultats^ j'en fis part à mon maître, M. Bazin,
le doyen des médecins de Thôpital Saint-Louis, et je suis heureux
de pouvoir dire que M. Bazin a employé ce traitement et en a con-
staté l'efficacité.
Voici le résumé de cinq observations qui ont été recueillies dans
*on service par son interne^ M. Thorens.
Obs. Vin. — Sarah D***, âgée de dix-neuf ans, entre à la salle
Sainte-Foy, n® 20, pour une syphilis.
L'accident initial remonte au mois d'août 1869. En novembre
de la même année, apparaissent des syphilides phagédéniques sur
wn genou et une paupière. M. Bazin emploie d'abord les pansements
*ïec le vin aromatique, le cérat opiacé, le stéarate de fer, sans ré-
sultat, bien que la malade prenne à l'intérieur d'abord des pilules
de protoiodure, puis du sirop de biiodure.
Sur mon invitation, au commencement du mois de mars, M. Ba-
onfait panser l'ulcère avec le sparadrap deVigo-, un mois après la
cicatrisation était complète sans qu'il y ait eu trace de salivation.
Ois. K. — Victorine C***, âgée de quarante-six ans, entre à la
S4lle Sainte-Foy, n® 18, le 14 mars 1870, pour une hydrosa-
dénite syphilitique ulcérée, représentant une syphilis qui date de
bnit ans.
M. Bazin la soumet au traitement par le sirop biiodure et Tem-
— 106 •-
plâtre de Vigo. Ce traitement lui permet de sortir guérie le
a ftyril.
ÛBg; X. — Le sieur B*** (François), âge de quarante-neuf ans,
entre à la salie Saint-Matthieu^ n^ 26, pour une syphilis datant d'un
an. Il est en ce moment atteint d'une syphilide tuberculo-crustacée.
M. Bazin le soumet à l'emplâtre de Vigo et au sirop de biiodi)re
iodurë. Au bout d'un mois, le malade est guéri.
O^s. XI. -1- Le sieur P*** (Arsène), âgé de quarante ans,
entre à l'hôpital Saint-Louis, salle Saint-Matthieu, n® 50, pour une
syphilis ancienne'qui en est arrivée aux lésions viscérales. Le ma-
lade a subi de|)uis longtemps le traitement mercuriel.
Il entre à l'hôpital SaintrLouis pour une syphilide généralisée
ulcéreuse qu^ M. Bazin désigne par le nom d^n^pétigo cerclé.
M. Bazin prescrit le sirop de biiodure ioduré et obtient une amé-
lioration lente. M. Bazin prescrit ensuite le pansement par te spa*
radrapde Vigo, et dès ce moment l'amélioration se fait d'une ma-
nière très-rapide. La surface à couvrir d'emplâtre étant assez
considérable, de la salivation se produit. Cela n'empêche pas le
malade de sortir guéri au bout de trois semaines.
A ces onze observations j'en joindrai une douzième^ elle in'a
été fournie par M, Cfimpenon, interne à l'hôpital des Eïifaqts
malades.
M. Campenon, qui était Tannée dernière l'un de mes externes à
\^ Clinique, avait été frappé des beaux résultats que j'avais obtenus
dans le traitement des syphilides ulcéreuses par le pansement avec
le sparadrap de Vigo. Un cas semblable s'étant présenté à son ob-
servation, il a appliqué le mèm^ traitement, et le succès ncoui^oné
sa tentative.
Voici l'observation de M^^^^^P^^^^*
Obs. XII. Syphilide tubercufo-crusiacée,-^ M, X***, 4gé de qua-
rante-cinq ans, de boqne constitution, a 6u, il y a d^ux ans epviron,
une blennorrhagie accompagnée d'ulcération de pâture douteuse
sur le prépuce.
Depuis cette époque jusqu'au napis d'octobre dernier il pe re-
marque aucun changement dans sa santé^ cepepdapt il croit se
rappeler une éruption « de points rouges disséminés vers le prin-
temps 1869. »
Au mois d'octobre 1869^ il remarque une sorte de petite boule
dure, indolente à la partie externe de la jambe droite vers la tôte
du péroné; bientôt une autre se montre clans le creux du jarret à
la partie inférieure, puis une troisième enfin vers le tiers moyen d%
la jambe à sa régioa antéro-externe.
— 107 —
Peu à peu ces petites tuipeurs se ramollissent, se perforent, puis
elles se couvrent de croûtes qui ne sont détachées que pour être
remplacées bientôt par d'autres de même aspect, c'est-à-dire blanc
grisâtre^ d*aspect corné, irrégulières. ,
Entourées au début d'un cercle « d'inflammation )>, le malade
continuant à marcher et h se livrer à ses occupations qui le tiennent
delK)i|t une partie de la journée, ces ulcérations deviennent bientôt
indolentes p^r le repos, mais çouseryent leur caraptère et tendent
à augmenter surtout en profondeur.
Au mois de janvier, ces ulcérations apparaissent à bord à pic,
taillé à l'emporte- pièce ; elles sont rondes, à fond grisâtre, en^
tourées dVn liséré rouge-cuivre, ou plutôt rappelant la teinte du
jaipbon ; ses bords sont durs ; la plus petite a la dimension d'une
Sièce d'un fr^nç î U plus large atteint environ celle d'une pièce
p deux francs; leur profondeur est d'environ un demi-centimètre.
Rien à la jambe gauche.
Sur les cuisses, sur les jambes, mais moins, et aussi sur le
tronc, des taches de la forme d'une lentille, de teinte rouge brun,
ne disparaissant pas sous la pression.
Quelques ganglions inguiqaux.
Rien du côté de la gorge ni du cuir chevelu.
Il n'y avait pas encore eu de traitement, à moins de considérer
cemme tel des applications de cataplasme ou d'alcool selon le ca-
fqrice du jour* @t aussi quelques pots de houblon.
Penser les plaies deux fois par jour avec emplâtre de Vigo.
Les laver avec du vin aromatique.
Pas de traitement interne.
Guërison complète en trois semaines. « Le malade voyait mar-
cher la cicatrisation.» Depuis deux mois, il a vu la cicatrice se
PUUQteiiir parfaite, quoique depuis six seniaines il ait repris ses
(occupations.
ta teinte grisâtre et cuivrée des macules s'est sensiblement
tmendée.
Pas de salivation.
Pour ne rien ôter de sa valeur à cette méthode et la montrer
Idle qu'elle est en réalité, je ferai connaîtra également un cas où
die a échoué.
Obs. XIIL — Le sieur Emile F*** entre à Thôpital Saint-Louis,
>dle Saint-Matthieu, n** 26, dans le service de M. Bazin. Ce ma-
lade, qui a eu un chancre il y a trois ans, est atteint aujourd'hui
de paraplégie, de gommes et d'une syphilide ulcéreuse (l'hydrosa-
dénite syphilitique). Le malade a été traité antérieurement à l'hô-
pital du Midi par M. Liégeois à l'aide de quatre injections sous-
CQtanées par jour faites avec la solution de sublimé.
Le 28 février on commence l'usage de l'emplâtre de Yigo et du
rifop de biiodure. Ce traitement, continué pendant un mois, n'a
— 108 —
Ï>as donné de résultat. On retourne au pansement simple. Ce roa-
ade est encore en traitement.
En résumé, treize malades atteints de syphilide ulcéreuse ont été
traités par le sparadrap de Vigo.
Ces malades ont présenté les trois formes particulières à cette
sorte de syphilide. En effet, sur treize cas nous trouvons la syphi-
lide gommeuse arrivée à la période d'ulcération ou, comme l'ap-
pelle M. Bazin, Thydrosadénite syphilitique cinq fois, la syphilis
tuherculo-ulcéreuse cinq fois et la syphilis pustulo-crustacée trois
fois. On sait que ces affections, en général circonscrites et tardives^
résistent au traitement interne, surtout au protoiodure et au su-
blimé, et qu'elles ne sont guère améliorées que par le sirop de Gi-
bert qui contient, pour 1 000 grammes, 0,40 de biiodure de mer-
cure et 20 grammes d'iodure de potassium. On peut voir qu'une de
nos malades, entre autres celle qui fait le sujet de Tobservation
n® 4, a été traitée sans succès pendant six mois par l'iodure de po-
tassium et les pilules de Sédillot, c'est-à-dire par des pilules qui
contiennent de 5 à 8 centigrammes de mercure métallique. On sait
que ces affections résistent encore activement aux préparations io-
Hurées, c'est-à-dire à l'iodure de potassium donné à l'intérieur avec
ou sans application de teinture d'iode sur la plaie.
Par notre méthode, la guérison est survenue douze fois sur
treize, et elle a été obtenue dans un temps relativement très-court :
quatre fois en trois semaiqes ; quatre iois en un mois ; une fois
en cinq semaines; une fois en six semaines; une fois en deux
mois ; une fois en trois mois, chez la malade dont la guérison
avait exigé une année par le traitement de M. Hardy pour une
affection semblable.
J'ajouterai que cette méthode a un autre avantage, c'est qu'elle
amène une grande amélioration presque immédiatement et que par
conséquent les malades l'acceptent avec plaisir.
Je conclus en disant : Je crois que, quand on a affaire à des sy-
philides circonscrites et ulcéreuses, à ces syphilides tardives qui, en
général, résistent si longtemps au traitement interne, il faut faire
un traitement dans lequel tout le mercure qui entre dans l'orga-
nisme pénètre par les ulcères.
Le sparadrap de Vigo est pour ce traitement d'un usage très-
facile. Les malades peuvent se panser eux-mêmes sans aide ; il leur
suffit d'appliquer sur leurs ulcères du sparadrap de Vigo qu'ils en-
— i09 —
lèvent deux fois par jour, à cause de TabondaDce extrême de sup-
puration que provoque cet emplâtre.
Je leur conseille en outre de laver chaque fois la plaie avec du
vin aromatique et de débarrasser les bords- de la plaie des fragments
d'emplâtre qui peuvent y adhérer; il suffit pour cela de faire alen-
tour des frictions avec de la ouate imbibée d'un peu d^huile d'a-
mandes douces.
II y a là^ à mon avis^ une ressource précieuse pour la thérapeu-
tique^ si Ton veut bien ne pas oublier que malgré les moyens ordi-
naires^ ces ulcères tendent à s'agrandir et surtout à s'éterniser.
Je me garde bien, comme on peut le voir^ de faire du sparadrap
de Vigo le remède de tous les accidents de la syphilis; je ne fais
que proposer son application toute spéciale pour une forme déter-
minée de syphilis^ et je serais heureux de connaître pour chaque
affection syphiUtique en particulier un moyen aussi efficace (i).
THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE
Bta indleatlonsdela réseetlon dans les fractures non consolidées;
Par M. le docteur Bbrbrgbr-Fbraud, médecin principal de la marine.
La résection est un des moyens thérapeutiques les plus énergi-
ques dans la cure des fractures non consolidées^ moyen de grande
chirurgie à coup sûr et capable de beaux résultats comme de for-
midables accidents. L^idée de cette opération est extrêmement
simple : mettre à nu le foyer de la non-consolidation par une in-
cision suffisante des parties molles et retrancher successivement les
portions malades ou cicatrisées des deux fragments osseux ^ qui
sont ensuite replacés, bout à bout^ au fond de la plaie dans les
conditions d''immobiHté nécessaire à leur fusion. Voilà le principe
de la résection, et ajoutons que, abstraction faite des dangers in-
Iiérents à Tou^verture du foyer d'une fracture^ on comprend que ce
soit un moyen qui plaise à un opérateur. En eiiet, non-seulement
il est radical, mais encore il permet de se rendre compte très-exac-
tement de la cause qui empêchait la guérison, connaissance qui
met souvent à même de remédier efficacement aux désordres. Mais
(1) In Gazette médvcale de Paris.
- 110-
n'oublioDS pas que, pour peu que la tégioil soit volumineuse, roif*
ganisme est très-fâcheusement impressionné par l'agression qu'on
inflige aux parties et que des accidents réactionnels très-^Ates
peuvent en être la conséquence.
La pensée de pratiquer la r($section des extrémités osseuses da&«
une pseudarthrosé peut retnontei* pour les critiques aux tetiips léÊ
plus anciens. On en trouverait peut-être des indication^ tàgtte!^
che£ les Arabes et particulièrement dans Ali-Abbas ; tnais eomtne
il vaut mieux s^en tenir à une chronologie moins étendue pdttf
donner plus de précision aux faits qile Ton étudie, il vaut bien
mieux admettre que cette idée Appartient à White, qui la mit en
pratique sur un enfant de neuf antl, en 4760, pour une pseudaf»
throse de Phumérus, et qui la pratiqua aussi, en 1769, pour une
fausse articulation du tibia. White réussit très-heui'eUsement dan!l
les dpux cas, et ses succès étaient bien de nature à exciter TattentiOd
des chirurgiens. Aussi, la résection a été depuis Tobjet de l'étude
et des expérimentations d'un grand nombre de chirurgiens, ce qui
a donné naissance à de nombreuses observations qui permettent
assez bien aujourd'hui d'apprécier la valeur de la méthode.
Il y a plusieurs variétés de résection, et nous avons, en effet, à
étudier deux grandes catégories de l'opération qui nous occupe «
A, la résection simple; B, la résection avec auxiliaire. Dans la
première entrent : i° la résection d'un seul fragment; 2° des deux ;
3® le grattage ; 4® la cautérisation. Dans la seconde nous trouvons :
1° la suture du périoste; 2* la suture de« os : 3' la ligature des M.
Cette résection est un moyen radical de guérison dans certafimili^
circonstances; mais nous devons aussi faire ressortir qn*il ei4
d'une gravité telle, qu'il expose à des accidents si nombreux et
parfois (i terribles que le chirurgien n'est autorisé à y recourir qotf
lorsqu^il est bien avéré que les autres moyens plus bénins setmtUi
tout à fait insuffisants, et celte raison n'est peut-être pas de ftafioM
à faire décider l'opérateur à elle seule. Je crois, pour ma paart, qirïf
faut qu'elle soit doublée de cette autre considération :• la nécessité
absolue d'agir ; car, toutes les fois qu'un appareil paiHiaitil pouVMI^
satisfaire aux exigences du moment, j'estime que l'eu aurait USt$
de ne pas y recourir de préférence.
Dans cette étude de ia résection, nous allons dire d'abord M»
mot rapide du manuel opératoire de chaque variante. £^ ceUItt*
manière, nous pourrons suivre plus fructueusement les diverses-
phases de la discussion d'ensemble que nous iwons k la tin de ce
chapitre, touchant les arantages et lés incotivëtiients de la résec-
tion, discussion qui mettra ainsi en relief les indications et lés
contm-iDdications de Topération.
RfiSBGTION SIMPLE.
Nous comprenoh» 6ous cette déhdmidàtidti les divers pf oc^dés de
résteiion qui ont été mië en uëage depuis White jusqu'à ces déN
mkiteê années, et que^ pout mieux nous tendte compté des partiéU-
iarttétf d6 chaque Tafiainte de Topëration, nous partageons, comme
nous Tenons de lé dire, en quatre Catégories : 1* résection des detlt
fragments; 2<> résection d*un seul; S"* grattage; 4"* cautérisation.
On Gompi^nd qu^il serait facile, en combinant un à un ces divers
procédësi de faire une énumération beaucoup plus longue ; mais
eHe n'aurait aucune utilité, et ce que nous allons dire de ces di-
verses manières de pratiquer la résection sera parfaitement sui&«-
lant pour en apprécier les avantages et les inconvénients.
Résection simple des deux fragments, —Cette opération, qui re-
monte, avons-nous dit^ à White, consiste dans la mise à nu du
foyer de la pseudarthrose à Faide d'une incision des parties molles^
et quand les extrémités osseuses sont à la portée de Topérateuf,
elles sont coupées à Taide d'une scie, soit perpendiculairement, soit
obliquement, à la direction de l'axe de Tos^ mais toujours de ma-
nière à se correspondre par deux surfaces semblables, ce qui faci-
litera leur fusion ultérieure. Nous n'avons pas besoin d'étudier,
même sommairement^ le manuel opératoire de la résection simple
des deux fragments^ nous savons qu'elle se compose de trois temps :
1* division des parties molles ; 2<* section des os ; 3° pansement.
Une fois la résection pratiquée et le pansement fini^ le membre
est placé dans un appareil immobilisateur qui a varié, on le com-
preod, avec tous les chirurgiens^ et si nous voulions passer en re-
T«e ici tous les systèmes employés ou proposés, nous aurions à
présenter totis les appareils à fracture que la chirurgie possédé.
D'ailleurs^ les indications à remplir par l'appareil immobilisa-
teor du membre après la résection étant à peu près les mêmes pour
toutes les variantes de résection, nous les présenterons une seuld
fob, et il sera facile, on le comprend, de rattacher successivement
à tous les cas particuliers ce que nous aurons dit une seule fois et
l'ime manière générale.
Nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer ici que
comme il est de notoriété générale et incontestée que Timmobilité
— H2 —
de la région réséquée est la condition la plus nécessaire au succès
de l'opération, l'idée de Ti m mobilisation directe des fragments est
extrêmement logique, et que, par conséquent, elle se présente tout
naturellement à Tesprit; mais n^insistons pas davantage sur ce
point, nous aurons à y revenir ultérieurement.
Résection simple d'un seul fragment. — Le germe de cette ré-
section simple, appliquée à un seul des fragments de la pseudar-
throse, se trouve dans la seconde opération de White^ qui peut
servir de type aussi pour une autre catégorie de résection ; mais
cependant un exemple plus parfait est celui de Dupuytren. Nous y
voyons que Tillustre chirurgien de THôtel-Dieu ne pouvant parve-
nir à faire saillir le fragment inférieur, se décida^ après bien des
efforts infructueux, à ne faire qu^une demi -résection. Craignant
lui-même beaucoup pour le succès d'une telle opération, qui guérit
pourtant le malade.
Il est à remarquer que la résection d^un seul fragment n'a donc
été engendrée que par une impérieuse nécessité^ et elle est telle-
ment irrationnelle, que nous voyons, en recherchant les faits de
cette opération enregistrés dans la science, que quand les opéra-
teurs n'ont pu réséquer qu'un seul fragment, ils ont cherché^ au
moins par le grattage, à le mettre dans des conditions favorables
pour la fusion osseuse.
C'est donc tout à fait un procédé de nécessité, et les succès que
l'on peut mettre à son actif sont assez rares et assez extraordinaires
pour devoir être mis plutôt sur le compte du hasard ou des bonnes
dispositions du sujet, que sur le compte de la demi-opération pra-*
tiquée.
Lorsqu'on se borne à réséquer un seul fragment^ celui dont on
a fait choix est attiré à l'extérieur^ comme nous Pavons dit, pour
la résection des deux fragments^ et à l'aide, soit d'une scie ordi-
naire^ d'une scie spéciale, ou de la scie à chaîne, on pratique la ré-
section. Mais n'oublions pas de répéter encore que cette résection
d'un seul fragment est une opération tout à fait irrationnelle, qui
ne doit jamais être employée dans les cas où le second fragment ne
peut être réséqué pour une raison quelconque ; et répétons encore
que le grattage, la rugination, etc.^ etc.^ seront le complément
nécessaire de l'opération; d'ailleurs^ la chose tombe tellement
sous le sens, qu'il est inutile d'insister longuement sur la nécessité
d^aviver les deux fragments osseux pour les disposer à la fusion
intime, qui est le but cherché par le chirurgien.
— 113 —
Je ne dois pas manquer de faire observer ici encore que Tadjonc-
lîon d'un moyen d'immobilisation directe des deux fragments met
Je malade dans des conditions infiniment meilleures pour la
guérisoD, et, comme pour le procédé précédent^ je dirai ultérieu-
rement que cette immobilisation directe se présente comme un
complément plus indispensable peut-être ici encore qu^ailleurs,
puisque, dans le procédé de la demi-résection^ les os ont moins de
tendance que dans les autres à se souder. Mais, d'ailleurs, il est
inutile d'insister, car la rugination, le grattage sont des opérations
si faciles à pratiquer dans tous les cas, que les opérateurs ne vou-
dront pas désormais, j'en suis sûr, se borner à employer la ré-
section d'un seul fragment^ quand ils se seront décidés à une
intervention aussi grave que celle que constitue l'opération du re-
tranchement d'une portion d'os pour guérir une pseudarthrose.
Grattage des fragments, — White avaitimaginé de gratter Textré-
mité d'un des deux fragments de la pseudarthrose avec la lame
d'un couteau épais^ pour suppléer à la résection proprement dite ;
il excitait de cette manière suffisamment la vitalité de ce fragment
pour qu'il aidât aux efforts de l'autre^ dont on avait enlevé une
tranche plus ou moins épaisse. Par cet artifice^ White espérait
(â>tenir la consolidation avec une moins grande perte dans la lon-
gueur du membre, considération importante dans bien des cas et
notamment quand il s'agit du membre inférieur. Cette idée d'éco-
nomiser la longueur d'un membre que l'opération doit raccourcir
d'une manière fâcheuse devait naturellement frapper et séduire
plus d'un chirurgien, d'autant plus que l'opération ainsi modifiée
est en somme plus facile à pratiquer, d'une part , et^ d'autre part^
semble devoir être moins agressive pour le sujet ; nous ne devons
donc pas être étonné d'apprendre que quelques opérateurs ont voulu
alors élever le grattage des deux fragments à la hauteur d'un pro-
cédé particulier, espérant qu'en pratiquant ce double grattage,
l'excitation des fragments serait suffisante pour leur consolidation^
tout en étant moins vive^ condition à prendre en grande considé-
ntion dans une opération qui a quelquefois occasionné la mort par
ocès d'inflammation ou de suppuration ; ils ont pensé aussi que^ la
consolidation effectuée, la longueur du membre resterait d'autant
pias voisine de Tétat normal qu'une moindre quantité d'os aurait
Aé enlevée^ et, on le voit, le procédé du grattage des fragments
âait constitué. Bien plus^ les chirurgiens ne se sont pas arrêtés dans
cette voie de chercher à rendre l'opération moins dangereuse, et
TOUS LXXX. 3« LIVR. 8
— 414 —
bientôt Vidée de faire un grattage sous-cutané des fragments a été
formulée; mais^ par cette modification^ Popération a perdu les ca*
ractères proprement dits d'une résection pour se rapprocher de la
méthode de Brainard, qui appartient à une autre classe de moyens
de la thérapeutique chirurgicale des pseudarthroses, et, par consé^^
quent, elle est sortie du champ que nous avons h étudier et ne doit
pas nous occuper actuellement.
Si Ton pratique le grattage sur les deux fragments^ on se genrirt
d'un couteau à dos épais, avec lequel on lacérera les anciens traits
de cassure, jusqu'à ce que leur surface soit saignante et bien avif*
vée, débarrassée naturellement des tissus fibreux et du périoste qui
pouvaient les recouvrir. A défaut de couteau, tout corps métallique
tranchant ou piquant, une rugine, un poinçon, pourra servir*
L'indication est, on le comprend, de détruire la surface cicatricielle
des fragments, et il n'est pas nécessaire d'entrer dans plus de dé-
tails sur ce sujet.
Avons-nous besoin d'ajouter que si Ton veut réséquer un frag-»
ment et gratter l'autre, l'opération rentre dans la catégorie précé*
dente, dont nous avons déjà dit un mot et sur laquelle nous n'avons
pas à revenir?
Rappelons ici, comme précédemment, que l'immobilisation dî*
recte des fragments augmente tellement les chances de succès d«
ropération, qu'elle doit être désormais considérée comme son con*
plément indispensable,
M. Gurlt fournit les chiffres suivants touchant les opérations dt
grattage des fragments dans les pseudarthroses :
RéfulUtf
Guéris. Insaccèt. inconnuf. Morti. Told.
Haméras ... 2 » 2 > 4
Avant-bras . . S » » i s
Fémur .... 1 » t t %
Jambe , . • • 2 2 • » 4
Totaux. . . 7 2 2 2 13
4
Dans les pièces justificatives réunies à la fin de ce livre, je
trouve :
Guérit. lumiccéf. Morti. Total.
Humérui .,.•••• 1 » » t
Âvant-bras i > 1 %
Fémur 1 » » |
Jambe 2 2 » 4
Totaux. . . 5 2 1 S
.
— il5 —
RemarquQDS que ces chiffres sont tout à fait insuffisants pour
fixer l'opinion sur la valeur du grattage dans la cure des pseudar*
throses ; mais il est à noter cependant qu'une méthode qui fournit
un décès sur huit opérations, ou deux décès sur treiae, présente
une certaine gravité, et nous verrons ultérieurement que celte raii-
son porte à considérer le grattage comme n'étant pas sensiblement
différent de la résection proprement dite à ce point de vue.
Résection avec cautérisation des fragments. «^ On s'accorde gé<-
néralement à attribuer l'idée de la cautérisation des fragments de la
fracture non consolidée à White, qui aurait ainsi proposé toutes
les modifications possibles de la résection.
Norris a dit, au contraire, que c'est Cline^ de Londres^ qui, le
premier, a songé à faire une incision à la peau pour extirper la
matière ligamenteuse intermédiaire aux fragments, et appliquer
ensuite de la potasse caustique sur les surfaces osseuses.
Quoi qu'il en soit, l'idée est fort naturelle, et les chirurgiens ont
eu maintes occasions d'y recourir. Nous pouvons voir, dans les
pièces justificatives qui servent de base à ce travail, qu^ils en ont tiré
parfois de bons résultats. Il a été fait pour cette cautérisation des
fragments ce qui avait été fait pour le grattage, c'est-à-dire que
quelques chirurgiens ont eu Tidée d'employer la méthode sous-
cutanée, mais alors Popération a perdu en grande partie le carac-
tère qui distingue la résection, et s'est approchée, au contraire, de
cette classe que nous avons étudiée précédemment sous la dénomi-
nation d'irritants intérieurs du foyer de la pseudarthrose. Il y aune
assez grande difiérence au point de vue de )h portée comme de la
gravité des deux méthodes, pour qu'il soit bien nécessaire de faire
une distinction très-précise entre elles ; par conséquent, il est bien
entendu que nous ne nous occuperons ici que de la cautérisation
des fragments qui a été faite apr^ une incision des parties molles^
mettant les fragments de la pseudarthrose à jour, de même que
nous n'avons parlé précédemment que des opérations de Mayor et
de celles qui se rapprochent du procédé de M. Bourguet, c'est-à-dire
de ces opérations dans lesquelles la cautérisation des surfaces os-
seuses s'est faite par l'intermédiaire d'une solution de continuité
extrêmement limitée des parties molles.
L'emploi de diverses substances pour cautériser les fragments ne
constitue pas des procédés différents ; l'action est en somme tou-
jours b même, quelle qu'ait été la matière employée ; tout au plus
pounait->on se retrancher sur le degré, c'est-à-dire sur l'intensité
de celle caulérisalion, et encore on n'aurait pas là un crilérium bien
satisfaisant, car tous les moyens employés sont des caustiques es-
charifiants, et nous savons qu'à un certain degré d'énergie tous
les désorganisateurs chimiques produisent un seul et même effet
surnotre organisme, la mort des tissus atteints.
La cautérisation des fragments ne mérite pas, d'après quelques
chirurgiens, d'être considérée comme un procédé régulier et dis-
tinct de résection ; mais nous ne voyons pas pour notre part pour-
quoi on ne l'accepterait pas, car son action est assez énergique et
assez spéciale pour mériter une attention particulière.
M. Gurlt a noté les chiffres suivants dans ses statistiques tou-
chant l'emploi et les effets de la cautérisation dans la pseudarlhrose :
Guéris. Insuccès. Total.
Huméros 1 2 3
Avant-bras » » »
Fémur » 9 d
Jambe 5 1 3
Totaux. ... 6 3 6
Si nous jetons un coup d'œil sur les pièces justificatives qui
sont à la fin de ce livre, nous trouvons les chiffres suivants :
Guéris. Insuccès. Total.
Humérus • • 1 2 5
Avant-bras » » »
Fémur 3 » 3
Jambe 10 1 il
Totaux* ... 14 3 17
Mais, une fois de plus, nous avons ici la preuve que les statistiques
mal faites donnent des indications sur lesquelles il serait téméraire
de se fier. En effet, notons que cette cautérisation, guérissant qua-
torze fois sur dix- neuf, c'est-à-dire quatre-vingt-deux fois sur cent,
serait un moyen souverain de traitement des fausses articulations.
Or nous ne craignons pas d'affirmer que, même en diminuant de
moitié ce chiffre, nous serions encore hien au delà de la réalité. La
statistique de Gurlt et la nôtre ne doivent donc pas servir de pré-
texte à une appréciation quelconque sur la méthode, et c'est à un
autre élément d'appréciation qu'il faut forcément recourir.
RÉSECTION AVEC AUXILUIRE.
Les résultats fournis par la résection dans les pseudarthrôses
n^ont pas été aussi beaux que semblait le promettre la méthode, et
— il7 —
il ëtait tout naturel que les chirurgiens^ qui étaient séduits d'une
part par l'horizon que leur ouvrait Tinvention de White et qui
cependant voyaient les insuccès se multiplier à mesure que la mé-
thode était employée plus fréquemment, cherchassent les moyens
d'obtenir plus sûrement la guérison.
Or, en étudiant les causes d*insuccès après les résections, on
s'aperçut bientôt que le manque de fixité [dans les rapports des
fragments entre eux est une grande cause de non-réussite, et on
redoubla de soins pour obvier à cet inconvénient. Boyer déjà avait
cherché si, par diverses positions données au membre, on ne
pourrait pas assurer une coaptation plus facile et plus solide des
fragments. Roux engagea la pointe d'un fragment dans le canal
médullaire de l'autre. Mû par le même désir, et en 1825, un chi-
rurgien américain, Kearny Rodgers, imagina de réunir les os par
une véritable suture des fragments ; à partir de ce moment l'immo-
bilisation directe était entrée de droit dans le traitement des pseu-
darthroses, et bientôt les chirurgiens essayèrent soit la suture des
os, soit la suture du périoste, soit la ligature des fragments, avec
des succès divers.
Nous connaissons aujourd'hui trois auxiliaires à joindre aux
résections : 1® la suture des os ; 2° la suture du périoste ; 3® la li-
gature des os. A cela, ajoutons que, pour assurer la fixité de coap-
tation, on a pu recourir à la pointe métallique, d'après les idées de
Malgaigne, et Ton peut, par conséquent, dire que les moyens de
maintenir les fragments en contact à la suite des résections sont
aussi nombreux que variés.
Résection avec suture des os. — Nous venons de dire que Kearny
Rodgers a eu Tidée de fixer les fragments osseux d'une pseudar-
throse réséquée avec un véritable point de suture, et c'est un auxi-
liaire de la résection que nous avons à étudier actuellement.
On entend par suture des os cette opération qui consiste à tra-
verser les extrémités des fragments d'une fractui*e avec un corps
métallique destiné à les rapprocher et à les maintenir solidement
en rapport ; elle ne diffère de la suture des parties molles que par
la densité des tissus que parcourt le lien coaptateur ; car en dehors
de ce point de divergence, il y a identité parfaite entre la suture des
os et la suture des organes mous dïie suture à points séparés.
Quand on étudie la suture des os, on voit bientôt que les auteurs
n'ont pas toujours procédé de la même manière, et recherchant
toutes les variantes opératoires venues à ma connaissance, j^ai
— 1^8 —
trouvé qu'on peut en distinguer trois différentes catégories, dont
voici rénuméraition :
d* La suture proprement dite des fragments, celle qui est en tout
semblable à la suture à points séparés des parties molles ;
2" La rivure des fragments, ou procédé dans lequel on introduit
dans les fragments mis en contact et percés à Taide d'un foret qui
les transperce tous deux à la fois^ soit des chevilles d'ivoire ou des
clous métalliques^ soit des vis d'acier ;
3^ La perforation des fragments, dans laquelle des chevilles sont
introduites dans chaque extrémité des fragments, non pas de ma-
nière à les fixer directement et immédiatement Tun à l'autre^ mais
de façon que, liées ensemble au dehors de la plaie en même temps
qu'introduites dans la substance osseuse, elles y développent un
travail irritatif qui doit donner un essor nouveau à la sécrétion
des éléments du cal.
Cette troisième catégorie, ou procédé des chevilles, est très-
différente des deux premières, on peut facilement s'en assurer ; en
effet, si on ne lie pas ensemble les chevilles après les avoir mises
en place, elle manque absolument de ce caractère capital de la su-
turation proprement dite, c'est-à-dire de rapprocher et de main-
tenir en contact solide les fragments dès le premier moment de son
application ; elle n'agit plus alors que par l'irritation des os qu'elle
produit, et c'est à ce point de vue que j'ai cru devoir la comprendre et
l'étudier dans la partie du traitement qui s^ occupe des irritants inté-
rieurs; mais le procédé que M. Rigaud (de Strasbourg) a imaginé
fait du procédé de Dieffenbach une véritable suture des os.
Chacune de ces trois catégories de procédés de suture des os com-
prend des subdivisions à son tour; ainsi, par exemple, la première
peut être pratiquée, soit avec un fil métallique, soit avec un fil
organique ; les fragments peuvent être mis en contact tels qu'ils
sont, ou bien réséqués chacun de leur côté de manière à présenter
une surface très- favorable par son étendue et sa direction à la so-
lidité de la coaptation.
Mon excellent ami, le docteur Fauvel (du Havre), aussi habile
qu'ingénieux opérateur, a eu l'idée de combiner la suture et la liga-
ture des os. Ce procédé peut avoir dans quelques circonstances son
utilité.
La deuxième catégorie a aussi ses subdivisions, suivant que la
rivure est obtenue par une cheville d'ivoire ou de métal, ou par une
vis introduite dans l'os.
- il9 —
Enfin^ la troisième »e partage, si l'on aime les subdivisions, ea
autant de procédés qu'on peut trouver de matières différentes pour
fixer les chevilles ensemble à l'intérieur du membre. Ces diverses
subdivisions seront plus facilement retenues en les présentant leus
forme de tableau :
i« Procédé avec an fil métallique tdfdtt, la
surface de sectien étant perpeadicu-
fM GAîCOORtfi. \ ^^î**® ^ 1'*»® <ï« l'w»
2o Procédé avec un fil orgaiii<{tte notté.
30 Résection oblique à l'axe de l'oe.
4« Combinaison de la anture et de la liga-
ture des os, ou procédé de M* Pauvel,
du Havre.
!lo Rivure par des ebevlllea Uaaes orga-
niques.
2o Rivure par des chevilles listes métal-
liques.
2o Rivure par dea vis métalliques.
S* GiTÉQORIE. ( Chevilles enfoncées séparément dans cha-
j que fragment et réunies à l'extérieur.
Perforation j ou procédé de M. Rigaud, de Stras-
des fragments. [ bourg.
Dans mon JVàité de f immobilisation directe deê fragments
Oiseux ions lis futures, j'ai discuté assez longuement la ques-
tion dô t'agressiou de Tos par la suture des os pour n'avoir pas
besoin d'y revenir ici, et je me borne à formuler laconcluaion : que
cette agression constitue une si minime complication, qu'elle ne
saurait faire hésiter un moment désormais les chirurgiens. D'ail-
leurs, quelque chose de plus que mon opinion personnelle peut
être invoqué à Pappui de ce que je dis, c'est le fait suivant : dans
mon livre, j'ai rapporté quatre-vingts observations de suture des
os. Aujourd'hui, c'est-à-dire un an à peine après sa publication,
j'en pourrais ajouter cinquante autres ; à la liste des trente-neuf
chirurgiens qui avaient employé la suture des os, à ma connais-
sance, Je pourrais ajouter vingt autres noms. Ou voit donc que la
notoriété chirurgicale est en faveur de Topération, et je suis sûr, à
la faveur avec laquelle Tidéeest accueillie, qu'elle fera très-large-
ment son chemin.
Suture du périoste. — Un chirurgien disliogué de la Grande-
Bretagne, le docteur Jordan (de Manchester), pensant que la suture
des 03 constituât une agression trop profonde contre les frag-
ments, a voulu aiTÎver à la fusion des eitrémitès de la pseudar-
throse en utilisant les propriétés ostéogènes du périoste, et a pro-
posé une opération qui doit nous arrêter un moment.
— i2i —
Je n'ai pas besoin de décrire ce procédé^ dont les quatre figures
ci-contre nous donnent une idée très-suffîsante.
L'autoplastie périostique^ qui a été employée dans très-peu de cas
jusqu'ici, ne paraît pas destinée à un avenir bien brillant. M. Né-
laton pense qu'elle est surtout destinée aux pseudarthroses simples ;
car la dissection du périoste^ si délicate par elle-même^ aurait
peu de chances d'être faite convenablement dans le cas de com-
plications venant soit des os^ soit des parties molles de la fausse
articulation.
Résection avec ligature des os, — Un autre moyen direct d'assurer
la coaptation des fragments à la suite des résections est la ligature
des os, dont je me suis occupé très-complètement dans mon Traité
précité de V immobilisation directe des fragments osseux (p. 365
à 424) ; je renvoie à ce travail pour les détails que je ne puis don-
ner ici.
Pointe de Malgaigne. ^- La. pointe de Malgaigne peut être mise
en œuvre pour maintenir les fragments réséqués de la pseudar-
throse^ comme elle les maintient dans les cas où l'on recourt à l'im-
mobilité prolongée avec compression des fragments. Nous n'avons
pas besoin de décrire en détail cette pointe de Malgaigne^ que l'on
connaît assez.
(La suite au prochain nuniéro.)
CHIMIE ET PHARMACIE
mmr la prèM^atlon des llmoiiadefl pursatlFeu an elirate
de masnéflie ;
Par N. H. Duquesnel* pharmacien.
M. le docteur Delioux de Savignac a publié, dans un des der-
niers numéros du Bulletin de Thérapeutique y une note sur la pré-
paration et l'administration du citrate de magnésie comme purga-
tif. D'après cette note^ le citrate de magnésie doit être administré à
rëtat neutre et non acide^ parce que les sels acides purgent moins
bien que les sels neutres^ et dans un véhicule non gazeux, parce
que l'acide carbonique, agissant comme anesthésiquc , diminue
l'effet purgatif du sel.
•
— iM —
Il est aBsez difficile en pratique de résoudre la première ques-
tion, c'est-à-dire de taire un citrate neutre de magnésie, produit
peu soluble dans Teau froide, ayant, à l'état sec, une tendance à
se décomposer en citrate basique insoluble, et, dans Teau, à fk*oid
ou à chaud, en un citrate acide soluble et un citrate basique into^
lubie.
Cependant^ parmi les différentes méthodes que Ton suit pour la
préparation des solutions ou limonades citro'-magnésiennes, il eu
est une qui permet d'obtenir un citrate sensiblement neutre, tandis
que les autres ont principalement pour but la préparation rapide
ou la bonne conservation du produit. Nous allons d^abord citer
deux de ces dernières :
L'une consiste à employer le citrate de magnésie tel qu'il est livré
par les fabricants et à le dissoudre dans Peau. Ce moyen est de
beaucoup le plus défectueux, à cause de l'inégalité de composition
d'un semblable produit.
On trouve^ en effets dans le commerce le citrate de magnésie à
Tétat amorphe, granulé ou pulvérulent, ou bien encore à l'état
cristallisé. Souvent transformé partiellement en sel basique pres-
que insoluble, il contient plus souvent encore un certain excès
d'acide citrique destiné à en assurer la solubilité. On obtient done
avec un semblable produit des limonades dont la proportion d'acide
en excès augmente avec la dose, et modifie par conséquent l'effet
purgatif.
La seconde méthode que l'on suit pour préparer les solutions
citro-magnésiennes consiste à employer une solution titrée de ci-
trate de magnésie que Ton sature en partie, au moment de l'enfer-
mer dans des bouteilles, à l'aide du bicarbonate de soude.
L'acide citrique est saturée en partie et l'acide carbonique, mis
en liberté, sert à rendre gazeuse la limonade.
La solution titrée contient un excès d'acide tel que^ pour une dose
représentant 50 grammes de sel purgatif, il faut employer 4 gram-
mes de bicarbonate de soude destiné à saturer l'acide. Si, pour
chaque dose de sel purgatif autre que 50 grammes, on ne prend pas
la précaution de modifier celle du bicarbonate^ l'acide citrique ne
sera plus saturé, et pour des doses supérieures à 50 grammes il
sera en excès.
De plus, cette solution titrée s'altère assez facilement au bout de
quelques jours, et subissant une sorte de fermentation visqueuse,
peut, après un certain temps, contenir des sels nouveaux, proba-
— 123 —
blement acétate et pxalate^ dotit la présence explique la sateur
amère que l'on retrouve dans une solution un peu ancienne.
n est^ avons^nous dit d'abord , une troisième méthode , que
nous considérons comme la meilleure, et que Ton devrait em-
ployer à Texclusion des autres ; mais elle demande un peu plus de
temps^ et nécessite une opération pour chaque limonade ou tout au
moins la préparation quotidienne d*une solution. Nous Tavons
employée souvent, et avec succès, pour préparer les purgations
CJtro- magnésiennes sous un très-petit volume.
Elle consiste à prendre du carbonate de magnésie bien sec^ et à
le délayer dans Teau, puis à ajouter de Tacide citrique entier ou,
mieux^ grossièrement pulvérisé. Lorsque la solution est complète^
ce qui exige, à froid, environ vingt minutes, on filtre, puis on édul-
core la solution avec un sirop aromatique.
Les proportions de carbonate de magnésie et diacide citrique va-
riant avec les doses de sel purgatif, nous suivons le tableau ci-dessous,
qui a été fait expérimentalement et avec beaucoup de soin par
'mon premier maître, M. Belin, pharmacien à Versailles.
Ajoutez
UflKmtde
aefde
Carbonate de Eau.
/ Solution
Sirop
Alcooiature
à
citrique.
magnésie.
' de:
simple.
de citrons.
16
11»,20
7»,20
50g,00
60«,00
I2g,00
2
gouttes*
90
U,00
9,00
75,00
a
120,00
18,00
2
—
25
17,00
11 ,25
90,00
u
m .
140,00
20 .00
2
—
»
Sf ,00
13,50
100,00
o
170,00
25 ,00
3
— .
35
S4,50
15,50
120,00
OS
ta
200 ,00
30 ,00
3
—
40
28,00
18 .00
150 ,00
O
0*
225 ,00
35 ,00
3
—
45
31 ,00
20,50
160,00
250,00
40,00
3
—
50
55,00
22,50
180,00
H
270 ,00
45,00
4
—
85
58,50
24,50
190,00
g
310,00
50 ,00
4
—
60
42,00
27,00
200 ,00
340,00
55,00
5
—
65
45 ,50
29,50
210 ,00
370 ,00
60 ,00
5
—
70
49 ,00
31 ,50
220,00
\ 380 ,00
65,00
5
—
Si l'on veut employer la magnésie calcinée au lieu de carbonate
de magnésie, il faut se conformer au tableau ci-joint.
Limooade
à:
Acide
citrique.
Magnésie
calcinée.
30
17g,50
5g,00
40
23,00
7,00
45
26,00
7,80
50
29 ,00
8,50
60
35,00
10,50
— 124 —
11 est essentiel, dans les deux cas, de goûter la solution ainsi ob-
tenue avant de Tëdulcorer^ une saveur trop acide devant être
corrigée par l'addition de carbonate de magnésie jusqu^à cessation
d'effervescence^ et^ par contre^ une saveur alcaline et amère devant
être corrigée par Taddition d'acide citrique, jusqu'à disparition de
la saveur alcaline amère.
Ces additions sont souvent rendues nécessaires par la composition
du carbonate ou d'une, magnésie plus ou moins hydratée, ou bien
encore par une pesée un peu lourde.
Ainsi obtenue, la limonade au citrate de magnésie n'a pas de
saveur acide^ et convient beaucoup aux malades par son volume,
qui ne dépasse généralement pas celui d'un verre.
Un goudron an émulslon ancrée ponr l'nsage Interne^
Par M. Roussuï.
Pour éviter les inconvénients inhérents à l'eau de goudron, qui
est un médicament éminemment variable, M. Guyot a proposé dé
séparer par distillation la partie aromatique du goudron, de com-
biner la partie résineuse avec le carbonate de soude et enfin de réu-
nir le tout ; préparation que M. Jeannel a simplifiée en triturant
le goudron avec le carbonate de soude et en émulsionnant ce mé-
lange avec l'eau.
Ces deux préparations ont l'inconvénient de faire intervenir la
distillation du goudron ou tout au moins son association à un
carbonate alcalin, ce qui nécessairement doit modifier sa compo-
sition chimique et par conséquent ses propriétés thérapeutiques.
Il serait préférable d'émulsionner le goudron au moyen d'un corps
neutre : M. Adrian a proposé le jaune d'œuf ; M. Roussin donne la
préférence au sucre, qu'il avait déjà proposé en 1863 pour favoriser
Témulsion du baume de copahu.
L'émulsion sucrée de goudron s'obtient facilement en triturant
dans un mortier de porcelaine de manière à obtenir une pâte ho-
mogène : du goudron purifié, du sucre pulvérisé, de la gomme
pulvérisée. On ajoute l'eau par petite quantité, de manière à obte-
nir Témulsion, on laisse reposer et on décante.
Cette émulsion sucrée n'a pas la saveur repoussante des mu/-
sions chimiques , elle possède l'odeur franche du goudron ainsi
que sa saveur débarrassée du principe acre et amer. Elle est en
toute proportion miscible à Teau ; dès lors, avec une émulsion
mère parfaitement dosée, on pourra préparer instantanément des
solutions renfermant la quantité désirée du principe actif. (Sud
médical^ juin 1870.)
BULLETIN UUi HOPITAUX
PfiRIGÀBDITE. ËpàNCHEHBNT DE SÉROSITÉ PURULEIVTE. PONC-
TIOK AYBC l'àPPÀREIL DU DOCTEUR DiEULAFOY, GuÉRISON. — La
paracentèse du péricarde, bien que déjà depuis longtemps con-
seillée par Sénac, n^est entrée dans la pratique que depuis un
Dombre d'années fort restreint^ grâce à Skoda, Trousseau et Aran,
qui a consigné dans ce journal le fait qui lui est propre (t. XLIX).
Depuis, elle a été faite un nombre de fois relativement assez con-
sidérable, mais avec des résultats qui , croyons-nous, n'ont pas été
favorables dans la majorité des cas. C'est un motif de faire connaî-
tre les succès (faute de pouvoir publier tous les cas indistincte-
ment)^ afin d^encourager les praticiens à ne pas négliger une
opération qui^ souvent, est la seule voie restante pour sauver la vie
des malades. Voici le fait emprunté au service de M. Frémy.
R*** (Jacques), vingt et un ans, fumiste. Jeune homme d'ap-
Sarence robuste ; il n^a jamais été alité; il n'a jamais souffert de
oaleurs articulaires*
Il entre à THôtel-Dieu, dans le service de M. Frémy, le 28 fé-
vrier 1870, se plaignant de points douloureux dans les deux côtés
de la poitrine^ et présentant de la fièvre, de la toux, un peu
d'abattement^ un peu d'oppression. On trouve à Tauscultation des
Tâles muqueux et un peu de souffle dans les deux poumons en
arrière. Le début de son affection remonte à quinze jours. On
diagnostique une bronchite avec points pneumoniques en voie de
résolution. Cinq jours après, deux vésicatoires et une potion
kennétisée en avaient eu raison.
La convalescence, franche d'abord, semble bientôt ne plus se
r>Doncer que lentement, et enfin suivre une marche rétrograde :
pouls s'élève, la langue se sèche, rabattement se montre; le
ventre semble légèrement ballonné. Les symptômes du début ne
reparaissent cependant pas dans la poitrine ; et, dans l'embarras
où l'on se trouve pour prononcer le diagnostic, on se rattache à
l'idée d^une dothicnentérie dans la période prodromique^ atten-
dant tout d l'expectation.
Cette idée préconçue eut malheureusement pour résultat d'at-
tirer Tattention trop particulièrement sur les organes de l'abdomen^
— Iâ6 —
et fit raëconnaîlre (rès«probablement la véritable lésion qui
développait.
En effet, la série des symptômes de la dothiénentérie ne se dé-
voilait pas.
Le pouls était devenu petit et vite, rabattement persistant^ sans
être arrivé jusqu'à la prostration ; pas d^épistaxis, pas de diap-
rhée ; le malade mangeait un peu^ se levait pour aller au cabinet.
Cependant il se plaignait de nuits passées sans sommeil, il avait
un peu d'oppression et présentait une légère teinte cyanosée.
Quoi qu'il en soit^ ce n'est que le 19 mars^ après Texamen du
thorax^ que fut découverte la véritable lésion. Il existait un épan-
chement péricardique considérable et un épanchement pleurétî-»
que occupant seulement la hase de la plèvre gauche.
Voici du reste quels étaient les symptômes locaux de cet épan-
chement du péricarde : voussure de la région appréciable ; maiité
caractéristique, franche^ avec perte d'élasticité. A rauscultatioo,
bruits du cœur sourds^ éloignés^ mais réguliers ; leur nutiimum
d'intensité est entendu dans un point situé bien au-dessus de U
base de la matité. /
Traitement : un vésicatoire, vin diurétique, julep extrait de
ratanhia.
Les jours suivants les symptômes^ tant généraux que locata^
prennent une intensité croissante ; la teinte cyanosée du maga
augmente, le tissu cellulaire s'infiltre de sérosité, la soif devient
très-vive, l'appétit se pefd^ les nuits sont mauvaises, elles se pas*
sent sans sommeil, grâce peut-être à la gêne de la respiration, qui
se prononce de plus en plus. Les urines du malade, examinées à
plusieurs reprises, sont sans albumine.
Le 28 mars, diarrhée peu intense qui dure jusqu^au 3 avril et
cesse sans traitement spécial.
Enfin, après avoir appliqué cinq véskatoires sur la r^on du
cœur sans avoir pu arrêter la marche des symptômes^ il faMut
songer à la ponction. Voici du reste Pélat du malade le 7 avriti
jour où l'opération fut pratiquée :
Il est couché sur le côté gauche, indifférent à tout ce qui l\m«
toure ; Tanasarque est considérable, au point que les membres in-
iérieurs sont doublés de volume, et que les paupières sont ternes,
fermées ; la dyspnée est intense.
La teinte générale de la peau est très-pâle^ les lèvres sont vio-
lacées, le pouls est hliformc, i 16 pulsations. Il n'y a jamais eu
de syncope, même à cette période de la maladie. A ka région (hi
cœur, voussure considérable ; la pression détermine de la douleur
au niveau des cinquième et sixième côtes. La matité s'éteud à
droite, à 6 centimètres en dehors de la ligne médiane du stemuv^
sur la ligne du mamelon ; en bas elle a refoulé le diaphragnoie eC
elle descend au-dessous de l'appendice xiphokie ; à gauche, elle s€
confond avec la matité du poumon. On se souvient qu'il a. été
signalé un léger épanchement à la base du poumon gauche. Avec
la péricardite Tépancbement a grandi, i\ occupe maintenant ht
— 127 —
moitié inférieure de la plèvre gauche en arrière. A ^auscultation^
on trouve les bruits du cœur sensiblement diminués, mais ils ne
sont pas étouffés comme semblerait le faire croire Tintensité des
autres symptômes* A la base du poumon gauche, il y a absence
de murmure vésiculaire, diminution des vibrations thoraciques ;
à sa partie supérieure, des râles muqueux, pas de souffle, pas
d'égophonie.
Le poumon droit fonctionne bien, il n'offre les symptômes d'au-
cune lésion.
Avec des symptômes généraux très^graves^ une langue sèche
comme uo copeau et une soif des plus vives, il n'existe pas de
diarrhée.
D'après ce tableau, on comprendra que le seul espoir qui restât
fût dans la ponction. C'est le 7 avril qu'elle fut pratiquée, avec
l'appareil aspirateur du docteur Dieulafoy^ à Taide d'une canule
mesurant 2 millimètres de diamètre, c'est-à-dire à peu près du
Yoluroe d'un trocart capillaire de trousse.
Cette canule est fortement taillée en biseau à sa partie inférieure ;
cette disposition permet de la faire pénétrer sans qu'il soit besoin
. d'un poinçon intérieur. A sa partie supérieure, elle est pourvue
d'un ajutage qui peut être mis en communication directe avec
le bec d'une seringue en verre, dans laquelle on a préalablement
fait le vide.
Grâce à l'étendue de la matité, et surtout grâce à la perfection
des instruments, la ponction offrit peu de difficultés. Cependant
Tanasarque était telle , qu'il fut impossible de compter les
eipaces intercostaux à travers les téguments épaissis de plusieurs
cimtimètres. Le lieu d'élection fut pris 1 centimètre au-dessus de
1^ base de la matité^ et 6 centimètres environ à gauche de la ligne
médiane du sternum. On enfonça la canule inclinée de bas en
faautj en lui imprimant un mouvement de rotation ; elle pénétra
facilement^ sans faire éprouver plus de résistance dans un point
que dans un autre, et disparut sous les téguments dans une
longueur de 7 i 8 centimètres. Un peu de liquide sortit en bavant
par l'extrémité externe, on était dans le péricarde ; appliquant
alors la seringue directement à la canule , l'aspiration fut pra-
tiquée.
Cette ponction donna environ huit centi grammes d'une sérosité
fluide, il est vrai, mais parfaitement opaque et de couleur blanche-
jaunâtre ; en un mot, un liquide parfaitement purulent. Un peu dé*
courage par l'apparence purulente du liquide, et préjugeant que
ropération devait être inefficace, vu l'état général, on renonça à
toute injection. Le Uquide avait cessé de jaillir. La canule retirée,
on n'est pas peu surpris de la voir bouchée à son extrémité infé-
rieure par une rondelle de cartilage qui n'avait pas moins de
4 centimètre de longueur^ et était engagée en entier dans l'ouver-
ture, comme dans un emporte-pièce. La canule avait donc passé au
travers d'nn cartilage costal^ et l'écoulement du liquide n'avait eu
lieu que grâce à une ouverture qui, heureusement pour ce cas^ est
— 128 —
placée sur le côté de la canule. Encore cette ouverture était-elle à
demi obturée par la partie supérieure du cartilage.
Le malade ne semble pas ressentir un mieux immédiat ; la dys-
pnée et l'abattement persistent; cependant le pouls est moins petit.
Si la maiité existe toujours, elle est moins étendue ; elle dépasse à
peine le bord droit du sternum ; la perte d'élasticité est moius
complète. A gauche, la matité du péricarde se confond toujours
avec celle de la plèvre. A l'auscultation, les bruits du cœur sont
manifestement plus éclatants, tandis qu'à la base du poumon on
trouve toujours les mêmes signes de pleurésie.
Le soir, le mieux se prononce : la dyspnée est moins considéra-
ble ; Tanasarque a diminué, le malade manifeste un peu d'appétit,
mais^ d'un autre côté, une toux quinteuse le tourmente^ et le
pouls est toujours à 116.
Le lendemain, 8 avril, l'anasarque a encore diminué ; persistance
delà toux, vomissements des aliments dans les quintes. Le pouls
donne 95 le matin, 108 le soir. On trouve une différence de 2 de-
grés entre la température du matin et celle du soir dans l'aisselle.
A l'auscultation du cœur, pas de bruit de frottement; le premier
bruit est dédoublé à la base ; la pleurésie persiste avec tous ses
symptômes.
Les jours suivants, on assiste en quelque sorte à la résurrection
du malade : l'anasarque tend à disparaître ; la dyspnée^ la toux
cessent; la soif diminue ; le sommeil est bon.
Le 10 avril, légère épistaxis. Le malade est mis à une portion
d'aliments, sur sa demande.
Le 13^ il se lève. L'anasarque est réduite à un peu d^œdème
périmalléolaire. Des symptômes de péricardite, il ne reste qu'on
peu de matité très-limitée. L^état aigu a disparu, mais il a fait
place à un état chronique qui fait prévoir que la guérison complète
sera longue à venir. Le malade est très-amaigri, très-anémié ; le
moindre effort Tépuise ; en outre, la teinte de son visage est celle
d'un homme dont Thématose se fait mal ; ses lèvres sont bleues.
Le pouls, qui le matin donne 80^ monte le soir à 100. La nuit^ il
a des sueurs profuses.
A quoi est dû cet état de marasme qui se prolonge sans amélio-
ration longtemps après la guérison de la péricardite ?
Ce malade a-t-il des tubercules dans les poumons ? Fait-il du
pus quelque part ? Devons-nous croire à un cœur altéré dans ses
éléments ? Ou bien la pleurésie, dont le liquide se résorbe lente^
ment pour s'organiser en fausses membranes, ne suffirait-elle pas
pour expliquer ces symptômes d'épuisement et d'asphyxie lente? C est
à cette dernière idée qu'on se rattache^ et la raison^ c'est que l'on
ne trouve de lésions que dans la plèvre. En effet, du côté du cœur^
pas signe d'adhérence ni d'hypertrophie ; un simple prolonge-
ment du premier bruit à la base, du côté des poumons ; jamais on
n'a pu saisir un symptôme de tuberculisation aux sommets,
tandis que, au contraire, voici ce que donne à observer répanche»
ment de la plèvre gauche :
429 —
plus considérable se développer dans les points que le liquide aban-
donne. De temps en temps^ la toux, les points douloureux repa-
raissent et disparaissent après application des vésicatoires. En un
mot, on assiste à la formation de fausses membranes dans la
plèyre gauche ; aussi cette plèvre en est pleine quand le malade
quitte rhôpital pour aller à Vincennes, le 27 mai.
La veille de son départ, le malade est toujours amaigri^ toujours
cyanose ; ses ongles sont devenus hippocratiques.
Le soir, ses malléoles présentent de Tœdème ; en même temps
le pouls s'élève, la sueur arrive et se continue la nuit. Cependant
le sommeil est assez bon, Tappétit assez considérable pour que le
malade mange trois portions. Les digestions sont bonnes ; pas de
diarrhée.
Oa peut résumer : guérison, après ponction, d'un épanchement
séro- purulent considérable du péricarde.
Mais est-ce bien là un cas de péricardite? Nous le croyons, et
^oid^ du reste^ à ce sujets les réflexions que Tauteur a mises à la
mite de l'observation :
«Certes, ce n'est pas là un cas d'observation journalière^ il n'est
qoetrop facile de s'en assurer par la lecture des ouvrages qui trai-
tent de cette matière. Mais c'est cette rareté même qui doit nous
bire admettre comme possible toute alternative contraire au dia-
pottic que nous avons porté. D'autant plus qu'on pourrait accuser
ce diagnostic de pécher dans ses éléments , soit que les signes
n'aient pas été donnés avec toute la précision possible , soit même
foe certains signes aient été complètement négligés^ à ne citer que
le tracé sphygmographique. Essayons de prévoir quelques contra-
ctions. En face du petit nombre de péricardites purulentes^ que
^ pleurésies purulentes terminées par guérison ! Aurions-nous eu
one pleurésie purulente, mais sans hydrothorax ? Gomment sup-
foier on liquide qui passe de l'autre côté du sternum au devant du
ttBor? Peut-on supposer un kyste du bord antérieur de la plèvre
guche, disposé de telle sorte qu'il donne lieu à tous les signes lo-
caux et généraux de i'hydrothorax^ y compris Tanasarque ? Il nous
lemUe qu'il faudrait supposer un nombre assez considérable de
cifeonstanGes bien heureuses. Enfin rappelons le cas d'une collec-
tioD purulente entre le sternum et le péricarde. Etait-ce notre cas ?
Hdas ne le croyons pas^ et nous nous appuyons sur les seuls carac-
tères du liquide, fluide, filant, composé^ selon toute apparence, en
TOME UXX. 3* UTR. 9
— i30 -
grande partie , de sérum liquide comme on n'en trouve qu
une cavité séreuse.
((Ainsi unQ affection qui a été reconnue par tous ceux qui
le malade pour un épuisement purulent du péricarde a pu
après une ponction. QuMI nous soit permis de croire que Taspi
appliquée à cette ponction n'est pas étrangère à ce succès, et
malade doit en partie son salut à ce que le liquide a pu être
peut-être complètement^ grâce à ce moyen (1). »
RÉPERTOIRE MÉDICAL
REVUE DES JOURNAUX
manière partlenlière de
pratiquer le taxis. Ce procédé
opératoire consiste à attirer la partie
herniée de l'inteslin dans la cavité ab-
dominale, au lieu de^ihtrcber à l'y
repousser. Le malade e^l couché sur
le dos, les cuisses pliées sur le bassin,
les reins, le thorax, la tète fléchis en
avant, de manière à ce que le corps
soit pour ainsi dire pelotonné et les
parois abdominales dans l'état de f^là-
cbement le plus complet.
Alors, avec les doigtsde la main
gauche, le chirurgien saisit la tumeur
herniaire à sa base, en la comprimant
léghrement; en même temps, avec la
main droite, il rapproche autant que
possible les téguments de l'abdomen
vers l'oriGce ventral du canal herniaire,
et, par un mouvement simultané avec
le rapprochement de ces téguments, il
produit une traction sur les intestins
hernies, à l'effet de les ramener dans
riutérieur de la cavité al)dominale. On
Eeut, pour faciliter la réduction, com-
iner la pression de la hernie avec
ceUe traction des intestins dans Vab-
domen.
Tel est le procédé mis en usage par
SA. GrvDfeUt père, en 1846. et publié
par lui dans la Revue médicale fran-
çaise et ëirangère de cette même an-
née. M. Grynfellt Gis, agrégé à la
Faculté de Montpellier, a eu l'occasion
de mettre k répreuve ce mode opéra-
toire^ et cela avec le plus entier succès.
Onvoilquela prsitiquedeMII
feltt a la plus grande analogie av
que M. LanneloDgue a soumit
nièrement à la Société de chi
dans un travail iutitulé : D9 la
tion des hernies à l'aide de U
pression continue de la paroi a
nale immédiatement au^-dess
pédicule herniaire, aidée par le
M. Lunneloogue conseille de c
ter les manœuvres du taxis d
compression faite avec le bora
de la main sur la paroi abdoi
au-dessus du pédicule de la
Dans plusieurs cas, le chirurgi
remplacer avec succès la comp
de rabdomen avec la main p
compression pratiquée au moy<
sac de toile contenant 2 ou i
grammes de grenaille de plom
pendu à un cerceau placé an-
du ventre du malade, pesant
son poids sur le point indiqué,
moyeu, on obtient une pressic
tinue et uniforme, qui peut éti
longée pendant cinq, aix ou
minutes et i)lus, sans être trop ]
ftour le patient, et qui facilite
ièrement le taxis si elle ne le n
complétemeot inutile.
M. Gryofeltt fait remarque
M. Labbé que l'idée d'attirer
testins t^eraiés dans le ventre
être antérieure aux travaux d
père. Dans l'Inde, le doeteqr '
dû comprimer le ventre avec ni
(1) Gazette des hôpitaux, observation recueillie par M. Ponroy» él
sei*vice.
— i3i —
Tiette et le faire remonter vers l'om-
bilic comme pour attirer la masse
intestiDale en haut. M. Sédillot con-
seille aussi les tractions des intestins
hernies dans la eaviié abdominale
comme moyen de réduction des her-
lies. IMontpdSer médiccU.)
WSmmphjuémke Insolite des
êtmx paupières & drelte*
I. F**% âgé de vingt-quatre ans^ né*
goeiant à Rio de ^heiro^ vient, dit
H. le docteur Pires Ferreira» me
consulter le 26 décembre 1869 pour un
cas d'emphysème des paupières. Il
raconte avoir l'habitude de prendre
toos les matins des bains de mer, et
foe ce jour-là. en entrant dans l'eau,
fl voit approcher une grosse vague
qu'il veut fuir en plongeant, mais
celle-ci l'attrape et lui donne un vio-
lât coup à la figure.
11 a pu cependant rester encore
qielque temps dans Veau, mais en
Milaot il avait fort mal à la tète, et
pei de temps après les paupières
onites, surtout la supérieure ; com-
AeBcérent à trembler ; il se moucha et
Pcnlit un peu de sang par la narine
En même temps les paupières de-
însieot grosses, lourdes et augmeo-
ttet de volume à mesure que le ma*
bde se mouchait.
Osand je Tai examiné, quelques
^res après l'accident, j'ai constaté
^h\i suivant : les deux paupières,
■Vtoiit la supérieure, étaient le siège
fil gonflement indolent, sans rou-
iptt et sans chaleur. Le malade fai-
^én efforts pour ouvrir l'œil et
l'y parvenait pas, la paupière supé*
I rtâve tombant au devant du globe et
I ^ cachant entièrement.
i le récit du malade et la date toute
' rtceate de l'accident éloignèrent tout
de uite l'idée d'une inflammation
pUegDoneuse ou d'un gonQemenlœdé-
Wai, d'autant plus qu'il existait une
imde dépressibilité des tissus, oui
eâdiient bellement à la pression des
M|ts et revenaient aussitôt q,tte ces-
nttla pression. J'ai employé, pour en-
tendre la sonorité, le procédé de la
cUqaenande, que j'ai vu mon savaat
■lure, M. Te professeur Gosselin, em-
ptsyer souvent dans le diagnostic des
bfiltratioBs gazeuses, et il m'a été fa-
cile d'entenilre un son aérique très-
^tinct J'ai cnerché alors la crépi-
tafioB emphysémateuse sans la pouvoir
MUir, ce que j'attribuai à la lâcheté
di tim œllalaire de la région.
La couche de tissn cellttlaire qui
s'étend de l'arcade orbitaire àt l'oreille,
offrait le même état emphysémateux,
et dans cette région j'ai parfaitement
senti la crépitation.
Le malade se rappelle avoir reçu,
dans son enfance, un coup de bâton
sur le nez sans qu'il en fût résulté la
moindre incommodité. La région na-
sale ne présente aujourd'hui aucune
difformité.
Je pense qa'il y a en ici quelque
rupture de la paroi externe du nez et
de la partie correspondante de la mem-
brane de Schneider, et que le malade
se mouchant avec force, l'air passa
directement de la fos^ nasale ou dn
canal nasal dans le tissu soos-jacent à
la membrane muqueuse du sac lacry-
mal et gagna de proche en proche ce-
lui des paupières.
J'ai employé un traitement fort sim-
ple,et qui m'a donné une cure complète
et très-rapide. J'ai commencé par tran-
quilliser mon malade, qui s'effrayart
beaucoup en voyant tout à coup son
œil dans un état pareil. J'ai pratiqué
ensuite une petite incision dans la ré-
gion externe de la paupière supérieure,
à 3 millimètres du rebord ortHtaire
externe. L'air s'échappa immédiate-
UMBt par l'incision et le malade put
ouvrir l'oeil facilement J'appliquai un
bandeau compressif que le malade leva
le soir pour aller dîner en ville. En
rentrant il se fit de nouveau appliquer
l'appareil jusqu'au lendemain matin.
L'emphysème n'existaK plus vingt-
quatre heures après, laissant l'œil et
les parties voisines dans un état d'in-
tégrité parfaite. J'ai revu H. F*" cinq
mois après l'accident, il est parfaite-
ment guéri. {Gaz, des hôp., 1870,
no 82.)
Corps étranger ▼elami»
neux de l'orbite. Une femme de
trente ans, en jouant avec son mari,
reçut de lui un violent coup de pipe
dans la région orbitaire 3 l'instru-
ment avait été lancé eu pointe le
tuyau en avant: une grande quantité
de sang s'écoula aussitôt et le mari
effrayé jeta loin de lui la pipe an*
dessus de la muraille; elle n'a pu
être retrouvée.
Quelques remèdes locaux et des
dérivatifs sur le tube intestinal fu-
rent employés pendant dix jours sans
amendement, mais sans aggravation
considérable dans l'état de la malade.
C'est à ce moment que M. Borel la
vit ; il la trouva dans TéU^ suVs«&\\
— 432 —
paupières tuméfiées et closes ; ché-
mosis assez considérable avec état
sain de la cornée; mouvements di-
rects en bas du globe oculaire diffi-
ciles et incomplets ; l'exploration du
cul-de-sac inférieur de la conjonc-
tive fait pénétrer le stylet par une
petite ouverture de la muqueuse dans
laquelle la sonde rencontre un corps
dur» lisse^ facile à déplacer ; la ma-
lade affirme qu'elle a un tuyau de
pipe dans l'œil depuis dix jours, elle
dit que depuis ce temps elle ressent
dans le nez et dans la gorge, sans
ftouvoir s'en délivrer , le goût et
'odeur acre d'une pipe imprégnée
de jus de tabac.
L'auteur, après avoir fixé Toeil,
charge le corps étranger entre les
mors d'une pince et extrait à la se-
conde tentative un bout de tuyau
d^ambre long de 3 centimètres, large
de 8 millimètres et muni encore à son
extrémité inférieure du fil qui ser-
Tait à le fixer à la pipe.
Les suites de cette petite opération
furent trës-simples et la malade était
complètement guérie cinq ou six jours
après. ( Union médicale de la Seine-
Inférieure, 15 avril 1870.)
Effet abortif d*an morceau
d'alun dissons par mégarde
dans une tasse de café. Les
propriétés de l'alun^ employé tant à
l'intérieur qu'à Textérieur, sont bien
connues, et nous n^avons pas à les
rappeler à nos lecteurs. Mais, parmi
ces propriétés, nous n^avons vu fi-
gurer nulle part celle de provoquer
Tavortement. Que faut -il donc voir
dans le cas suivant: une simple
coïncidence , une action directe de
cette substance sur l'utérus gravide,
ou bien la conséquence des troubles
gastriques provoqués par elle, et
telle qu*elle aurait pu être si la cause
de ces troubles eût été autre? C'est
ce que nous ne saurions dire, en l'ab-
sence de tout fait semblable.
Une jeune femme enceinte de trois
mois et demi, ayant pour mari un
homme parcimonieux, eut, en l'ab-
sence de ce dernier, la fantaisie bien
excusable de prendre une tasse de
café. L'infusion prête , elle ouvrit
furtivement une armoire pour y sai-
sir un morceau de sucre, referma
l'armoire, sucra le café et avala ce-
lui-ci d'un trait, dans la crainte
d'un retour soudain du mari. La
jeune femme avait bien trouvé un
goût singulier au café ; mais, crai-
gnant uue surprise, elle avait bras-
que l'ingestion du breuvage, qui n'é-
tait autre qu'une solution vigoureuse-
ment chargée de sulfate d'alumine et
de potasse. Or il arriva ici ce que
nous avons indiqué plus haut: des
douleurs ou plutôt des pincements
douloureux à l'épigastre , puis des
vomissements. De plus, la malade
éprouva au bout d'une heure une
sensation inconnue dans Thypo-
gastre; il lui semblait que Tutérus
se portait dans une des fosses ilia-
ques. Enfin les symptômes précur-
seurs d'une fausse couche se mani-
festèrent et, au bout de deux jours,
le travail se termina par l'expulsion
d'un fœtus, qui semblait littérale-
ment tanné. Le placenta était, lai
aussi, flétri, déformé, ratatiné. Cet
avortement n'a pas eu d'autres suites.
^ Placé dans de meilleures condi-
tions d'observation, nous aurions pu,,
dit le docteur Mauzelte, de Chamoa*
Dix, auteur de cette relation, acqaé*
rir, par un examen anatomique du
fœtus et du délivre, des notions cer*
tainement instructives. Nous avouons
n'avoir pas cherché si l'alun dans
ce cas avait produit les effets coa-
gulants qu'on lui a supposés, ou
exercé une simple astriction sur les
vaisseaux. Cette dernière manière d'a-
gir nous a semblé trouver un témoi*
gnage en sa faveur dans l'état phy-
sique apparent du fœtus et da dé-
livre, et nous nous en sommes tena
à cette impression. Mais, nous le ré-
pétons, il nous suffira peut-être d'a-
voir signalé ce fait pour qu'il de-
vienne le point de départ d'études-
importantes au point de vue de la
contre-indication de l'alun à haate-
dose dans le cours de la grossesse.
(Joum. de méd, et de chir. prat.^
janv. 1871.) '^
Emploi thérapentiqne do
l'hématoslne, par M. Taboarin*
L'hématosioe , matière colorante
rouge du sang, est une substance
protéique dont la composition chi--
mique est voisine de celle de l'aUiu-
mine et de la fibrine, mais qui con-
tient en plus une certaine quantité
de fer , le dixième environ de son
poids.
Pour la préparer, on pétrit le cail-
lot sanguin avec la solution d'un sel
coagulant inoffensif; la pâte est sou-
mise à une forte pression ; le gAteaa
retiré de la presse est émielté et mia
en digestion dans de l'alcool ordinaire
— 433 —
additionné de deux ou trois cenliëmes
d'un adde quelconque ; rbématosine
entre en dissolution dans le liquide
alcoolique, qui se colore fortement,
tandis que la globuline reste indis-
«onte et se dépose au fond du vase.
Le liquide séparé du précipité dé-
pose, après neutralisation, des flocons
roQgeàtres abondants ; c'est de rbé-
matosine brute, qu'on. recueille sur un
filtre et qu'on lave successivement
«vec de l'eau, de l'alcool et de l'é-
tker. L'hématosiue est alors pure, il
ne reste plus qu'à la dessécber et à
la réduire en poudre.
Ainsi obtenue , elle se présente
<ous forme d'une poudre inodore,
insipide^ d'aspect métallique, inso-
Inble dans l'eau et dans l'alcool, mais
soloble dans l'éther, les essences et
les corps gras quand ils sont addi-
tionnés d'une petite quantité d'acide
oa d'alcali.
La poudre d'hématosine peut faci-
lement être administrée en pastilles,
en pilules, en bonbons, eu sirop, en
liqoeur, dans le chocolat, avec les
aliments, les condiments ou les bois-
sons.
Elle est supérieure au fer en ce
qo'elle est bien mieux tolérée par
les organes digestifs, qu'elle ne fa-
tigue jamais et en ce qu'elle est plus
ticilement absorbée. C'est un tonique
poissant et un excellent reconsti-
taaat du sang ; elle est indiquée dans
tons les cas qui réclament les toni-
ques analeptiques. (Société de ihéra-
peuiique de PaHs, février 1869.)
Dii perchlorare île fer dans
le traitement des fièvres ma-
qiaeiisea A forme torpide. Sui-
Tant H. Maurin, lorsque Téconomie
est affaiblie par la longueur de la
fiëYre muqueuse, frappée d'inertie
radicale par les secousses successives
qo'elle a subies^ dans cet état de
prostration qui rappelle la fièvre hec-
tique avec exacerbations vespérines
peu marquées, petitesse du pouls,
vertiges, lipothymies , sensation de
froid interne, le perchlorure de fer
administré à doses fractionnées ra-
nime les forces, facilite Thématose et
rend le malade à la saule en agis-
sant, suivant toute vraisemblance,
comme antiseptique.
Voici la formule dont se sert
V. Maurin : Ëau, 120 grammes ; si-
rop simple, 40 ; perchlorure de fer,
tt gouttes. Â prendre par cuillerée à
café toutes les heures.
Dans le principe il prescrivait une
simple solution de perchlorure de
fer dans de l'eau sucrée , mais le
sel minéral précipitait en contact di-
rect avec le sucre, inconvénient que
l'on évite en employant le sirop (?).
(Sud médical, juin 1870.)
De la eompreasion da nerf
vag^ne an eon eomme mojen
d'arrêter le vomiesement.
Partant de cette idée que le vomisse-
ment est le résultat d'un action ré-
flexe transmise à l'estomac par le nerf
vague, M. Waller propose de compri-
mer ce nerf sur le trajet de la caro-
tide dans certains cas de dyspepsie
avec vomissements fréquents.
Ce moyen, dit-il, ne réussit pas
toujours, mais a souvent de très-heu-
reux effets.
Sur une femme qui rejetait tous ses
aliments, la compression exercée pen-
dant la digestion arrêta les vomisse-
ments ; l'auteur put alors profiter de
ce moment pour administrer de la
morphine qui fut tolérée et absorbée,
taudis que, sans la compression, le
médicament était vomi aussi bien que
la nourriture.
Dans un second cas analogue, la
compression du nerf vague pratiquée
une seule fois pendant la digestion
empêcha le vomissement, qui depuis
lors ne s'est jamais reproduit.
M. Waller exerce la pression sur la
carotide ; il en attribue les effets au
pneumogastrique seul et nullement au
grand sympathique, non plus qu'à
l'interruption de la circulation san-
guine ; lorsque la ligature de la ca-
rotide produit des modifications dans
le rhythme de la circulation et de la
respiration, dans les fonctions diges-
tiyes et sur la température, c'est que,
suivant l'auteur, des filets nerveux ont
été compris dans la ligature. (Société
médicale de Genève.)
Traitement de l'héméralo-
pie par l'huile de foie de
luorne et l'essenee de téré-
bentliine. L'auteur, le docteur Du-
pierris, prescrit la mixture suivante :
Uuile de foie de morue, 50 grammes ;
essence de térébeuthine, 4 grammes;
à prendre trois cuillerées à café par
jour. Il a eu l'occasion d'employer
un très-^rand nombre de fois ce trai-
tement k la Havane sur des colons
chinois.
Lorsqu'en effet les nègres furent
émancipés, on songea à remplacer le
~ 134 —
travail esclave par le travail libre, et
pour cela on fit venir à la Havane des
colons chinois : ceux-ci, sous l'influence
probable des privations d'une tra-
versée longue et pénible, arrivaient
à destination presque tous atteints
d'ophthalmies calarrhales et d'bémé-
ralopie; les paupières étaient en-
flammées ; la pupille^ dilatée et lente
à se contracter, avait perda en partie
sa teinte noire, et des que le soleil
était couché, les Chinois ne pouvaient
se conduire seuls.
M. Dupierris employa d'abord
rbuile de foie de morue unie à la té-
rébenthine dans le but de guérir
rophthalmie catarrhale, suivant la
méthode de Blecker; mais, ayant
constaté que sous Tinfluence de ce
traitement. Théméralopie cédait ainsi
que rophthalmie. il appliqua à tous
les béméralopes ce mode de traite-
ment et guérit, avec la formule que
nous avons indiquée, ses malades en
deux jours environ.
L'auteur fait remarquer qu'il a
conseillé Thuile de fuie de morue
contre l'béméralopie dans un tra-
vail imprimé en 1857, un an avant
celui que M. Desponts a inaéré dans
l'Union médicale. {Union médicale de
la Gironde, avril 1870.)
K;fBte d'an des eondoUs
excréteors de la glande la-
erjmale. Les iiystes des conduits
excréteurs de la glande lacrymale
sont, dit M. Dubrueil, chose peu com-
mune, et personne, je le pense, ne
doutera de leur rareté, lorsque je
dirai que M. de Graefe n'en a rencon-
tré que deux dans son immense pra-
tique. Aussi la relation d'une obser-
vation de kyste de cette nature m*a-
t-elle paru avoir un certain intérêt.
Ëlisa R***, domestique, âgée de
trente-cinq ans. est venue, le 1 1 mai,
se présenter à la consultation de
l'hôpital Beaujon.Elle portait au-dessus
de l'angle externe de l'œil une tu-
meur à peu près sphérique, du volume
d'une grosse noisette, placée entre le
globe oculaire et la paupière, tapissée
par la conjonctive, un peu rougeâtre
dans sa moitié inférieure, qui faisait
saillie au-dessous du bord libre de la
paupière supérieure, lorsque celle-ci
était relevée. Lorsque les paupières
étaient rapprochées, elle se c;ichait
sous la supérieure, à travers laquelle
elle faisait un relief des plus mani-
festes.
Cette tumeur avait débuté, il y a un
an, sans eanse apparente. Elle était
fluctuante, translucide, indolente; et,
d'après les remarques de la malade,
elle grossissait notablement chaque
fois que cette femme pleurait. Les
larmes coulaient cependant en quan-
tité à peu près normale à la surCace
do clobe oculaire, qui était un peu
fènedans ses mouvements. La visloii
lait intacte, la santé générale ex*
oellenle, et ce n'était guère, en somme,
qne la difformité produite par le kyste
qui engageait la malade k s'en faire
débarrasser.
Le 12 mai, la paupière supérieure
étant maintenue relevée par un aide,
je fis sur la tumeur, avec un couteau
à cataracte, une incision dirigée dans
le sens de la fente palpébrale, et tr^-
superficielle. Je pus ainsi séparer
dans une certaine étendue une mem- '
brane très-mince ou très-amincie. qui
n'était autre que la conjonctive du
cul-de-sac repoussée par la tumeur.
Au-dessous, il restait une mem-
brane plus ténue encore, une vraie
pellicule, que je finis par crever, et
dont la perforation donna issue à une
petite cuillerée environ d'un liquide
séreux que je recueillis pour le faire
analyser, mais qui, malbeureusement,
fut répandu. J'excisai alors avec des cî-
seauxcourbestoutelaportionantérieure
du kyste. L'œil fut fermé, recouvert
d'une finecompresse et d'un plumasseau
de charpie maintenus par un monocle.
Le lendemain le pansement fut enlevé ;
il était survenu, au niveau de la partie
du kyste demeurée en place, un léger
gonflement qui ne tarda pas à se dis-
siper.
La malade quitta l'hôpital le 14 et
revint nous voir tous les deux jours
jusqu'à sa parfaite guérison, qui fut,
du reste, des plus rapides. La seule
précaution à laquelle j'eus recours fut
de cautériser deux ou trois fois la
partie du kyste laissée en place.
Oii s'était formée cette collection de
liquide?
Etait-ce un de ces kystes conjoncti-
vaux que l'on observe rarement, il est
vrai, mais que l'on observe quelque-
fois sur les différents points de la
conjonctive, et qui ont été étudiés par
Sichel {Mémoire sur les kystes séreux
de Cœil et des paupières, in Archives
de médecine, 1856)? ou bien s'était-il
développé dans un des conduits excré-
teurs de la glande lacrymale? En fii-
veur de cette dernière hypothèse, on
pourrait invoquer ce fait^ signalé par
la malade, que cbaqne fois qu'elle
— i35 —
pleurait la tumeur augmentait nota-
olemenlde volume, et aussi le lieu où
elle s'était développée.
L'opération ne nous éclaira guëre
k ce sujet. L'examen du liquide con-
tenu dans la poche aurait pu lever les
Routes, mais j'ai dit que ce liquide
avait été perdu.
C'est k ranalyse microscopique que
je me suis adressé en dernier ressort,
et l'examen que j'ai pratiqué avec le
docteur Leg[ros est venu établir d'une
façon indubitable la nature de oe kyste,
en nous montrant que sa face interne
était tapissée d'un épiihélium cy1in>
drique, c'est-à-dire identique à celui
des conduits excréteurs de la glande
lacrymale.
En somme, lé liquide lacrymal s'é*
lait collecté dans un de ces conduits
excréteurs, oblitéré dans sa portion
terminale ou codjonciivale et commu-
alquânt encore avec la glande, comme
le prouvait Taugmenlation de volume
soryenant quand la maldde pleurait.
{GoM. éB9 hop , 1870, no 92.)
*^^M*iH^^
FlqAire de la eeolopendre
i«rdaate. La scolopendre mor-
dante est un petit animal, genre des
■rrriapodes, de Tordre des chilopodes,
Tulgairement appelé mille-pieds.
Le corps de cet insecte est mince,
illongé, aplati, divisé en plusieurs
segments. Dix paires de pattes, dont
les deux premières, prës de la léte,
sont terminées par un crochet dans le
genre du scorpion.
Ces animaux, d'une agilité remar-
quable et très-communs dans le Midi,
vivent sous les pierres humides et au
pied des vieux murs. Leur couleur est
d*nn gris de fer légèrement verdâtre,
et il ne faut pas les confondre avec
les autres variétés de scolopendres,
qui sont toutes inoffensives. Ce petit
animal, étudié au microscope, présente
des particularités assez curieuses,
entre autres son appurell venimeux,
placé dans l'intérieur de la petite mâ-
choire, et dont la disposition offre
beaucoup d'analogie avec celui de la
tlpëre.
Dans ces derniers temps, dit M. Sé>
bastiany, il m'a été donné d'observer
deux cas extrêmement graves de pi-
qûres de la scolopendre mordante.
Le premier était nu enfant de huit
ans, qui fut mordu au peiit doigt de
la main droite, et qui a tutalement
nerdu la seconde et la troisième pha-
lange.
ht second est un homme de qua-
rante-neuf ans, et qui est encore ma«
lade. Il a été piqué sur le bras, un
peu au-dessus du coude. Ce dernier a
pris. son ennemi sur le fait pour me le
faire voir»
Les accidents produits par le venin
de la scolopendre me semblent dignes
d'être signalés aux praticiens, non-
seulement à cause de la gravité , mais
encore pour ne pas confondre cette
morsure avec une autre affection qui
lui ressemble.
Aussitôt après la piqûre> le blessé
éprouve une démangeaison à laquelle
succède une douleur vive qui s'étend
à tout le membre. La piqûre forme
une tache rouge qui s'agrandit peu à
peu et devient noire dans son centre.
L'eschare, dans le dernier cas dont je
parle, offre les dimensions d'une pièce
de cinq fhnncs.
Les accidenis généraux qui accom^
fiagnent ces manifestations locales dé
a blessure revêtent un aspect effrayant,
tels que anxiété précordiale, douleurs
articulaires, fréquence et irrégularité
du pouls, vertiges, céphalalgie intense
et vomissements de matières bilieuses.
Vers le second jour, Taspect de la
blessure présente tous les caractères
d'une véritable pustule maligne, et je
suis persuadé qu'il est même très-
difficile de ne pas s'y tromper.
Il y a un fait que j*ai observé chez
ces deux malades, c*est l'engorgement
et rinQammalion des vaisseaux lym-
phathiques du membre et des gan-
glions de l'aisselle. On remarquera
que ce caractère ne manque jamais
dans la pustule maligne.
Le traitement a consisté eu applica-
tions sur la blessure et le membre de
compresses trempées dans une forte
décoction de feuilles fraîches de noyer.
Comme traitement général, j'ai ad-
ministré l'acide phénique à la dose
de i gramme, et2grammesdechloral
dans une potion de 140 grammes. Je
n'ni eu qu'à me louer de l'emploi de
ce moyeu.
Les phénomènes généraux ont cessé
assez rapidement, et après la seconde
potion, mes malades étaient hors de
danger. [Ga%, des Adp., 1870» n» 91).
dmpotsoniienient par le
nnlfate de cnlvfe. Une femme
de trente- deux ans avale une verrée
d>au contenant en solution 15 gram-
mes de sulfate de cuivre. Les gémis-
sements qu'elle pousse, les hoquets
qu'elle a attirent sa domestique, qui
pénètre dans l'appartemenL On court
— 136 —
chez le pharmacien, qui délivre de la
magnésie calcinée, et M. Vergely^
mandé anssitôt, constate l'état sui-
vant : faciès non trës-altéré, légère
teinte bleuâtre de la muqueuse buc-
cale; pouls petit et n'offrant pas la
fréquence qu indiquent les différents
traités classiques, 80 à 90 pulsations
seulement; sensation de chaleur à
l'épigastre, signes d'irritation gastro-
intestinale du côté de Tabdomen ;
les matières vomies ayant été jetées
ne peuvent être examinées.
On continua la magnésie calcinée ;
le pouls diminua de fréquence et les
selles devinrent nombreuses, tant sons
l'influence de Tentérite provoquée par
le toxique que sous celle du sulfate de
magnésie calcinée. L'ingestion de
quelques morceaux de glace fit dis-
paraître les nausées et modéra la sen-
sation de chaleur à l'épigastre; dei
cataplasmes de farine de lin sur l'abdo-
men, quelques gouttes de laudannm à
rintérieur calmèrent les accidents
gastro-intestinaux, et la guérison eat
lieu en quelques jours. (Union méé^
cale de la Gironde, mai 1870.)
TRAVAUX ACADÉMIQUES
Gnérison depuis dix ans
d'une invagination intesti-
nale avec expulsion de
9 5 eentimètres d'Intestin
l^éie. Une observation bien plus
remarquable encore que celle qui
a été donnée dans notre dernier fas-
cicule, par la durée et le bon état
de la santé , après l'élimination
d'une notable portion de l'intes-
tin invaginé, est celle que M. le
docteur Halleguen (de Ghâteaulin) a
communiquée à l'Académie en 1853,
avec pièce pathologique à l'appui, et
qui a fait le sujet d'un excellent rap-
port de M. le docteur Gaultier de
Glaubry.La malade dont il s'agit s'était
heureusement rétablie après l'expul-
sion de 75 centimètres d'intesUn
frêle, et dans une note en date du
1 novembre 1862, complétant cette
intéressante observation, M. le doc-
teur Halleguen nous apprend que sa
malade, qui approchait alors de l'âge
de soixante ans, se portait de mieux
en mieux, menait une vie active, sou-
vent pénible, bravant les intempéries.
La guérison remontait donc à dix an-
nées, et constitue probablement
l'exemple le plus extraordinaire qoe
la science possède jusqu'à ce jour,
sinon pour la longueur de l'intestin
élimine, au moins pour la longue do-
rée d'une santé complète à la suite
de cette élimination. {AcçLd, de méd^^
Rapport de M. Barth.)
VARIÉTÉS
Etnde médicale sur l'équiCatloa {i)\
Par M. le docteur G. Rider.
II. Effets physiologiques de l'£qditation. — L'équitation détermine dans
l'économie une série de modifications que nous devons noter, afin d'apprécier
l'influence qu'elle peut exercer comme moyen hygiénique et même théra-
peutique.
Le moment le plus favorable pour s'y livrer serait, en été, de sept à dix
heures du matin, et en hiver, de onze heures à deux, dans des manèges cou-
verts. On comprend que ces heures n'ont rien de fixe, et que l'exercice pratiqué
en plein air produit des effets plus heureux que dans un local clos, oii s'élève
toujours une poussière qui ne peut être que nuisible aux organes respiratoires.
i» Influence sur la nutrition, — L'exercice du cheval, pris avant le repas,
(1) Suite. Voir le numéro du 50 janvier 1871, p. 92.
— 137 —
exdte Fappétit, développe les forces digestives ; après le repas, si le cheval
ne sait point d'autre allure que le pas, Téquitation favorise Télaboration des
aliments, rend la digestion plus rapide et plus parfaite^ en même temps que
rexdtalion déterminée dans les organes abdominaux par les secousses modé-
rées qu'ils reçoivent favorise la progression des fluides^ l'absorption du chyle
et l'égale répartition des matériaux nutritifs.
2^ Influence sur la circulation, les sécrétions, — En outre, elle entraîne
pea ou point de pertes : si les exercices purement acti&, comme la marche^ la
coorse, la danse, produisent^ par l'accélération de la circulation et de la res-
piration, une excitation que le grand physiologiste Haller compare à un mou-
vement fébrile, et donnent lieu, quand ils sont violents, à une vive chaleur^ k
la rougeur de la peau, à la sueur^ etc., l'exercice mixte de l'équitation^ tout
en augmentant la force impulsive du cœur et rendant le mouvement artériel
lensîblement plus fort, ne rend pas le pouls plus firéquent : Equitatio pulsum
parum augety neque corpus calefacit, dit Haller. C'est un des grands avan-
tages de cet exercice de fortifier les tissus^ de donner plus de développement
et de perfection aux principales fonctions de l'économie^ sans déterminer cette
bttgne et cet épuisement que les grands exercices actifs occasionne/it, et dont
les inconvénients contrebalancent bien pour les individus faibles les avantages
qa'ils peuvent procurer. Aussi le cavalier qui se porte bien, et surtout dont les
furees sont proportionnées aux mouvements et aux réactions du cheval qu'il
aonte,n'éprouve-t*il pas d'augmentation notable dans l'activité de la circula-
tioB et des sécrétions; la nécessité de réitérer incessamment les efforts muscu-
laires l'oblige à faire des inspirations plus profondes, qui augmentent l'hématose;
Vappétit, rendu plus actif, invite à une alimentation plus abondante, qui,
Btieox élaborée, fournit avec luxe à l'assimilation. L'équitation a donc, en dé-
fiaitive, comme on le voit, une influeuce des plus heureuses sur la nutrition,
qu'elle accroît en réduisant les pertes organiques, en favorisant la digestion,
l'absorption et la respiration, surtout en imprimant à tous les tissus un ébran-
lement tonique qui augmente nécessairement leur énergie vitale.
Si l'on objecte la maigreur et la fin prématurée des postillons, des cour-
riers, etc., il faut se rappeler que ces individus abusent de l'équitation, qu'ils
>oal fréquemment privés de sommeil, adonnés aux excës alcooliques et autres,
joor et nuit en butte aux intempéries de l'air, etc. : ce sont des hommes sur-
menés. On observe généralement, au contraire, que les individus qui montent
^itaellement k cheval ont une constitution robuste et que beaucoup ac-
^aiërent dans toutes leurs parties un grand développement. C'est surtout parmi
Itt officiers de cavalerie que l'on trouve des exemples de l'influence favorable
^ l'équitation employée avec ordre et méthode ; ils montrent en général une
constitution pléthorique et replète. Il faut cependant ici faire une restriction
et ajouter que ces effets heureux ne se produisent évidemment que dans les
organisations qui tout d'abord ont pu supporter les fatigues de cet exercice et
diei lesquelles aucun vice organique n'était une contre-indication.
III. Effets thérapeutiques de l'équitation. — C'est en développant cette
forme de santé et en augmentant l'activité de la vie nutritive que l'exercice du
eheval peut remédier et remédie en effet, en le forliCant, à l'exciiabilité mor-
bide du système nerveux, à des affections spasmodiques, etc.; aussi l'a-t-on
recommandé, d'une manière générale, aux convalescents, et, en particulier.
— 138 -
dans des cas d'hystérie, de chorée» d 'hypocondrie, etc. On sait <)iié tout ee
qui est propre à distraire le tealade^ à rappeler la vitalité du systbme muscu-
laire, à exciter Tappétit^ à favoriser la digestion, est toujours alors d'un im-
mense secours. Sans doute^ l'exercice actif ne convient pas moins dans le trai-
tement de ces affections ; le sujet se trouvera fort bien, en particulier, des
promenades à pied, des travaux de jardinage en plein air; mais les malades
souvent répugnent à s*y livrer^ soit par faiblesse, soit, ce qui est le plus ordi-
naire, par indolence, et dans ces cas on les voit rechercher avec plaisir l'exer-*
cice du cheval, dont il est aisé, d'ailleurs, de graduer et de mesurer l'efTet.
Celte action s'explique aisément : un de nos hygiénistes rappelle qu*il y a dana
la plupart des névroses deux éléments solidaires, tellement combinés, qu'en
neutralisant l'un on guérit l'autre, savoir: éréthisme et faiblesse. En don-
nant de la tonicité à tous les systèmes vasculaires, en faisant pénétrer plus
facilement le sang dans tous les tissus et jusque dans les derniers ramuscules
capillaires, en sollicitant par la succussion des viscëres abdominaux la sécré-
tion des finides gastrique, biliaire et pancréatique, l'équiiation relève les forces
organiques. En même temps, et cela va sans dire, l'espèce de gymnastique
qu'elle commande contribue au développement des muscles et de leur vigueur,
particulièrement pour ceux du tronc et des membrss : c'est ce que tons les
voyageurs ont observé chez les GauchoSf ces Scythes du nouveau monde, qui
passent leur vie à cheval.
Le moral lui-même, comme le remarque si bien M. Sfichel L^vy (t), le
moral se trouve heureusement modifié par l'équitation, d'abord en vertu de la
réaction que l'état matériel des organes exerce sur lui, ensuite en raison des
excitations directes quMl reçoit. L'émotion timide du noviciat dans les manèges,
l'étude inquiète des mouvements du cheval, l'espèce de lutte qui s'établit entre
lui et le cavalier, .les élans et les prouesses dus à Témulation, rattachement
même que peut lui inspirer Tanimal qu'il monte habituellement, les impres-
sions plus rapides et plus variées que procure cet exercice, la fierté quW
éprouve involontairement à dominer l'espace de plus haut et avec une plus
grande puissante de locomotion : voilà autant de sensations inconnues du
piéton, pour qui la promenade n'est souvent, comme l'a dit Voltaire, que le
premier des plaisirs Insipides. Cette Influence spéciale est particulièrement re-
marquable chez la femme. Pour elle, il y a d'abord à triompher de cette
crainte innée, développée surtout dans les organisations délicates et nerveuses.
Mais aussi, une fois que cette première terreur est surmontée, à mesure qu*un
peu d'habitude affaiblit progressivement l'impression produite par la peur, on
voit souvent les femmes qui se livraient avec le plus d'appréhension h cet exer-
cice passer subitement de la crainte au plaisir, du plaisir à la passion, et
par une sorte de réaction, la femme la plus timide devient, presque sans tran-
sition, une intrépide cavalière. Ce sont là des particularités que doit connaître»
entre autres, le médecin qui prescrira, suivant les cas, l'équitation.
L'exercice du cheval apportant à l'économie des modifications aussi impor-
tantes et aussi heureuses, il est donc tout naturel que les médecins aient cher-
ché à en tirer parti, eu dirigeant et surveillant ses effets, non-seulement
comme d'un moyen hygiénique propre à la conservation de la santé, mais en-
Ci] M. Lévy, Traité d'hygiène, 5e édition. Paris, 1869.
— 139 —
oore comme d'un agent thérapeutique elBcace dans certaines maladies; et, à
ces deux titres^ il a trouvé d'enthousiastes fauteurs, parmi lesquels il faut sur-
out signaler Sydenham : désobstruant pour les viscbres abdominaux^ grâce à
l'actltité qu'il imprime à la circulation de la veine-porte, plus efficace contre
U phthisie que le mercure et le quinquina contre la syphilis et la fièvre inter-
mittente^ emménagogue, antiscrofuleux, antichlorotique, spécifique des né-
irroses et des diarrhées atoniques, etc., cet exercice parait conslituer à ses
5eox le traitement de la plupart des affections chroniques et un moyen souve-
rifai de régénération du sang : Quod sanguis, perpétua hoc motu indesi--
mniêr exagitatus eu: permixtus, quasi renovalus ac vigescit (1).
Enfin» il prétend (2) que, si quelqu'un possédait un rembde aussi puissant
que l'est cet exercice, lorsqu'on le répbte souvent, et qu*il en gardât le secret,
Il pourrait aisément amasser de grandes richesses : Opes ille exinde amplis^
êknas facile accumulare posset.
L'équitation n'est point applicable au traitement des maladies aiguës, quand
bien même la débilité actuelle des organes ferait désirer son infiuence forti-
ianle; outre que, le plus souvent, le malade n'aurait pas la force nécessaire
pour la supporter, l'agitalion qu'elle produit ajouterait à l'irritation locale et
à l'excitation générale que déterminent ces affections. Cependant les fîëvres
Intermittentes doivent faire exception : l'exercice du cheval, entre les accès,
devient un auxiliaire puissant des autres remèdes que l'on applique ; il donne
Heu souvent à des modifications avantageuses, retarde les accès et même les
prévient quelquefois entièrement.
L*équltation, croyons-nous, a été trop exclusivement condamnée dans les
phlegnasies chroniques; il en est certainement dans lesquelles elle procure de
très-grands avantages : nous pouvons mettre au premier rang les gastro-
entérites. Nul doute que les malades ne se trouvent fort bien aussi des pronje-
flides à pied; mais l'exercice du cheval, pris chaque jour au pas, ou tout au
plus à l'amble, détermine une révulsion favorable dans les tissus extérieurs,
prMore d'agréables distractions, nécessaires surtout dans les maladies des
organes de ia digestion, qui rendent toujours les individus qui en sont atteints
enclins à la tristesse et à Thypocondrie. li sollicite aussi l'appélit, comme
Boos l'avons vu, et prépare de bonnes digestions. Il n'est pas moins avantageux
dans les diarrhées rebelles, ce qui avait été remarqué depuis bien longtemps :
Seque mim tUla res magis intestina confirmât^ dit Gelse, en parlant des bons
effets de Téquitation dans ces diarrhées (5).
Souvent aussi l'exercice du cheval a contribué à la guérison d'inflammations
dironiques delà rate et du foie. Aussi Sydenham l'a-t-il préconisé, en parti-
culier, contre les maladies chroniques de ces organes. Ramazzini (4) rapporte
m exemple de guérison d'engorgement de la rate obtenue par ce moyen : a Je
rappelle, dit-il, avoir soigné un écuyer qui, après une fièvre aiguë, fut at-
[i] Sydenham, Dissert, epistol, ad GuUielmum Cote {Op, med,, Genève,
1749, t. I, p. 274).
(2) Sydenham, Tractatus de podagrà. Londini, 1683.
(3) A. Corn. Gelsus, liv. IV, chap. i, sect. vu.
(4) Ramazzini, Traité des maladies des artisans ^ par Ph. Pâtissier. Paris,
1822, p. 292.
— 140 —
taqué d'engorgement à la rate et se trouvait menacé d'hydropisie; il reprit son
métier d'après mes conseils, malgré sa faiblesse et sa mauvaise mine, et il re-
couvra la santé après un mois d'exercice. »
Les secousses que reçoit le tronc dans Téquitalion se transmettent nécessai-
rement aux poumons, et celte circonstance est importante à noter, car elle dé-
termine assez fréquemment, comme nous le verrons plus loin, des maladies de
ces organes et est au moins une cause d'inconvénients très-graves pour les
individus dont les poumons sont délicats; elle ne peut donc pas convenir à ceux
qui sont déjà affectés de quelque maladie de poitrine. Elle exerce cependant
sur les organes thoraciques, dans un grand nombre de cas, une influence sa-
lutaire, lorsque le cheval va seulement au pas, à l'amble ou au pas relevé, ou
même quand le cavalier a le soin de trotter à l'anglaise et qu'il est exercé à
cette allure. Dans les pblegmasies chroniques, si fréquentes dans le système
pulmonaire, Texercice du cheval mal dirigé augmenterait encore l'intensité da
mal ; il vaut donc mieux le proscrire en principe , car il faut bien reconnaître
que Véquitation augmente l'oppression quand il en existe déjà, détermine une
toux plus fréquente et plus forte^ et quelquefois des crachements de sang ; on
ne peut s'empêcher d'être surpris des éloges que Sydenham lui a prodigués
dans le traitement de la consomption, de la phthisie, même accompagnée de
sueurs nocturnes et de diarrhée coUiqnative. Dans les cas où il en aura obtenu
des succès, il aura sans doute eu affaire à quelques-unes de ces affections ca-
tarrhales chroniques que les médecins traitent avec succès par l'exercice et les
médicaments toniques. C'est surtout dans ces dernières affections que Texercice
du cheval répété tous les jours procure un bien extraordinaire, surtout lorsque
le régime est régulièrement institué, et que le malade emploie des chevaux
doux comme les chevaux limousins, arabes ou autres d'allures analogues.
L'équitation doit encore être conseillée dans la plupart des maladies dans
lesquelles se remarquent le relâchement et la décoloration des tissus, l'inertie
des mouvements organiques, maladies si fréquentes surtout dans les grandes
villes comme Paris, chez les jeunes gens des deux sexes : la chlorose, l'ané-
mie, la scrofule ou le lymphalisme poussé quelquefois très-loin, le scorbut, etc.
Les ébranlements et les secousses de l'exercice du cheval peuvent alors, on le
conçoit, réveiller l'activité vitale dans les tissus et les organes.
Le docteur Fi!z-Patrick (1), qu'une longue expérience et des études spéciales
et consciencieuses avaient convaincu des incontestables bienfaits qu'on peut re-
tirer de l'équitation, avait fondé à Paris, il y a une quarantaine d'années^
un manège hygiénique pour le traitement des convalescents, des maladies chro*
niques et des affections nerveuses. La tentative n'eut guère de succès^ et le
moyen thérapeutique dont il s'était fait le propagateur enthousiaste est tombé
dans l'abandon où le laissent généralement les médecins.
Enfin il est une classe d'hommes à qui les physiologistes et les hygiénistes
s'accordent tous à conseiller l'exercice du cheval, dont Londe (2) résume ainsi
pour eux les effets : a Ce sont surtout les gens de lettres qui doivent pratiquer
cet exercice : ils y trouveront un moyen propre à opposer aux dangers de leur
(1) Fitz-Patrick, Traité des avantages de Véquitation considérée dans ses
rapports avec la médecine. Paris, 1858.
(2) Londe, Gymnastique médicale. Paris, 1821.
genre de vie; car la position qu'exige l'équitation et les mouvements qu'elle
détermine^ étant très- favorables à la libre expansion des poumons, détruisent
avec efficacité l'effet nuisible de la position nécessitée par les travaux de ca-
binet. Cet exercice est d'ailleurs un des plus propres à reposer le cerveau,
puisque, sans fatiguer les membres, sans «onsumer d*influx nerveux^ il apporte
dans les mouvements vitaux qui se dirigent vers Tencéphale une diversion sa-
lutaire, mais trop peu considérable pour empêcher cet organe de reprendre
lûentAt, avec la même énergie, son activité accoutumée. 9
Mais pour retirer de ce moyen^ dans les circonstances oii il convient, les
avantages qu'il peut procurer, il faut le faire entrer comme élément dans un
régime suivi, régulier ; il faut que les malades s'y livrent une fois par jour,
sinon les modifications organiques qu'il détermine sont trop fugaces pour pro-
earer des résultats avantageux, et leur action, sans aucune continuité, reste
nulle on presque nulle. 11 faut aussi, évidemment, que cet exercice soit pris
avee précaution, et dosé, pour ainsi dire, par un homme de l'art secondé,
suivant les cas, par un écuyer intelligent et attentif; il est nécessaire que le
dieval soit docile, que ses allures soient douces et soigneusement mesurées.
On doit commencer par de petites promenades, dont on augmentera progressif
Tement la durée. L'allure du cheval devra aussi être proportionnée aux effets
«pe Ton veut retirer de l'équitation et à la nature de la maladie.
{La suite au prochain numéro.)
covFOsrrioif du conseil 6éh£bal des hôpitaux et hospices.
Le gouvernement de la défense nationale ,
Considérant que le décret du 29 septembre dernier portant réorganisation
de l'assistance publique à Paris et dans le département de la Seine n'a con-
stitaé le conseil général des hospices qu'à litre provisoire, et qu'aux termes
de l'article 9 le principe électif doit être la base de l'organisation définitive
de ce conseil,
DâcBàTE :
Article 1«'. Le conseil général des hospices sera désormais composé ainsi
iin'il suit:
Deux membres du conseil municipal de Paris, élus par le conseil ;
Denx maires ou adjoints d'arrondissement , élus par leurs collègues des
Tingt arrondissements municipaux ;
Un maire ou adjoint de l'arrondissement de Saint-Denis , élu par ses col-
Ibgnes de l'arrondissement ;
Quatre administrateurs des comités d'assistance des arrondissements muni-
cipaux de la ville de Paris, élus par leurs collègues ;
Deux administrateurs des bureaux de bienfaisance des arrondissements de
Sceaux et de Saint-Denis, élus par leurs collègues, à raison d'un par arrondis-
sement;
Deox médecins des hôpitaux et hospices de la ville de Paris^ élus par leurs
cdllfcgues ;
Deux chirurgiens des hôpitaux, élus par leurs collègues ;
On professeur de la Faculté de médecine de Paris, élu par la Faculté ;
Un médecin élu par la réunion des médecins des bureaux de bienfaisance de
la ^iUe de Paris ;
~ 442 —
Un membre de la Cour de cassation, éiù par la cour ;
Un conseiller d'Ëtat ou un maître des requêtes^ élu parle conseil;
Un membre de la cbambre de commerce ;
Un membre de la chambre des notaires ;
Un membre da conseil des prud'hommes^ élu par ses collègues ;
Quatre membres n'appartenant à aucuoe des catégories ci-des&us indiq«é«b
et qui seront choisis, k la majorité des voix, par le conseil géaéral, conpoté
comme il vient d'être dit.
Art, 2. Les membres; du conseil sont renouvelés par tiers (mia les amt.
Art. 3. Le conseil est présidé parle préfet de la Seine, ei à ton délîi«l»tar
un vice-président, élu tous les ans par le conseiL
En cas de partage^, la voix du président est prépondérante.
Le secrétaire général de l'administration remplit les fianctiois de &ecrél»ift
du conseil.
Art. 4. L'agent général des hospices assiste de droit anx séaneiiB du G««aiil
général, auquel il fait rapport de toutes les affaires.
Art. 5. L'agent général des hospices a sous ses ordres toni le p«rs«MMl
de l'administration centrale, de l'inspection et celui des établissements.
Les employés de tout grade, tant de radniuislralion centrale qiàe de l'un
spection et des établissements, sont xkommés par le préfet» Bar la proposiliMi
de Tageut général et l'avis du conseil général.
L'agent général a la nomination des surveillants et gens de service.
Art. 6. La direction du service des secours à domicile dans la ville de Pa-
ris et dans les communes du département ée la Seine est atlrlbaée au conseil
général des hospices et à l'agent général. Un arrêté préfectoral réglera l'orga-
nisation du service. ,
Art. 7. Le membre du gouvernement délégué à l'administratioa du défMir'^
tement et à la mairie de Paris est chargé de l'exécution du préssEl déereL
Fait à Paris,, le 18 février 1871.
Général Troghu, GLAis-Buon^
Jules Fbjuix..
Lft éélégné à la mairie dt Paris a adressé à II. I& docteur Broea, président
du conseil général des hospices, la lettre suivante :
Paris, le 20 févrierl&71.
Monsieur le président, au moment oh son mandat allait expirer, le gainer-
nement ne pouvait laisser inachevée la réglementation dont le décret da 29 sep-
tembre 1870, sur la réorganisation de l'assistance publique, avait posé les baeeft.
Un décret réglementaire vient de consacrer d'une manière définitive le ré-
gime nouveau que vous expérimentez depuis plus de quatre mois : créer aa
conseil général des hospices une situation indépendante, lui donner la meil-
leure part de pouvoir sans dépouiller la hante administration da centrale wot'
périeur qui lui appartient nécessairement, concilier le principe de la directÎAik
collective avec les nécessités d'une action administrative énergique et viglUate,
tel est le but que nous nous étions proposé en commençant l'épreave et ^pa
nous croyons avoir atteint.
Le principe d'élection, nettement posé pour la première fois dans une cmi-
stitution hospitalière, et la représentation de tous les corps qui peuvent utile-
ment concourir au développement des institutions charitables : voilà les trait»
— 143 —
essentiels du système inauguré par la république. On peut affirmer que la ges-
tion du patrimoine des pauvres trouvera dans celte combinaison tous les élé-
ments d'autorité, toutes les garanties d'indépendance et de stabilité, toutes les
sources de perfectionnement qui lui sont indispensables.
C'est grâce au conseil général qui administre depuis quatre moia^ grâce au
dévouement, â la bonne volonté, aux lumières des membres qui le composent,
que cette voie nouvelle a pu s'ouvrir. Les circonstances étaient des plus difQ-
ciles qu'une administration improvisée pût affronter. Le zèle du conseil a triom-
phé de tout. Au nom de la ville de Paris, au nom du gouvernement, au nom
des pauvres, je vous prie de transmettre à vos collègues l'hommage de la pro-
fonde reconnaissance qui leur est due.
J*ai Thonneur de vous informer, en terminant, que les élections des mem-«
bres qui doivent composer le nouveau conseil général des hospices auront lieu
le mardi 2i et le mercredi 22 février.
Agréez, etc. Jules Feurt,
mmmm^
La mortaUié pendant l» siège de Paris. — Le Moniteur universel publie
les chiffres des décès survenus à Paris pendant les dix-neuf semaines du
siège et pendant les quatre semaines de l'armistice.
Ce document montrera à la France et, à l'histoire ce que Paris a souffert
pendant cette longue période d'iuvesUssement ;
Décès coitsiaiéa à P«irii Saruiioes
du 18 septembre 1S70 corespondantes
•u 83 février 1871. de l'année prdcédeiile.
Du 18 au 24 septembre 1272 820
Du 35 septembre au («^ octobre. , . 1 344 713
Bu 2 au 8 octobre , 1 483 737
Du 9 au 15 octobre 1610 752
Bu 16 au 22 octobre 1 746 825
Bu 23 au 29 octobre 1 878 880
Bu 30 octobre au 5 novembre ... 1 762 921
Bu 6 au 12 novembre ,..,.., 1 885 877
Buis au 19 novembre 2 064 900
Bu 20 au 26 novembre 1 927 935
Bu 27 novembre au 3 décembre . • 2 023 846
Btt 4 au 10 décembre 2455 882
Btt 11 au 17 décembre, .,..,. 2728 955
Bu 18 an 24 décembre 2 728 980
Du 25 au 31 décembre , 3 280 921
Bu 1« au 6 janvier 1871 3 680 1 106
Bu 7 au 13 janvier 3982 998
Du 14 au 20 janvier 4465 980
Bu 21 au 27 janvier 4 376 1 044
Bu 28 Janvier au 3 février 4 671 1105
Bu 4 au 10 février 4451 1139
Ba 11 au 17 février 4 103 1 292
Bu 18 au 24 février 3 941 1 362
Total des décès pendant
oetta période. ... 64154 21978
— 144 —
Académie de médecine, — La séance du 27 décembre dernier a été en parlie
employée à TélecUon du bureau pour l'année 1871. M. Wurlz, vice-président
en 1870, passant de droit président, M. Barth a été élu pour le remplacer à la
vice-présidence. M. Béclarda été élu, par acclamation, secrétaire des séances,
et MM. Richet et Reynal nommés, aussi par élection, membres du conseil.
Dans la séance du 20 décembre^ l'Académie a nommé pour la place d'associé
national M. Ehrmann (de Strasbourg], et pour celle de correspondant natio-
nal M. Tonrdes (de Strasbourg)^ double élection qui a le sens d'une manifes-
tation patriotique.
Dans la séance du 14 février^ ont aussi été élus: M. Chauffard (d'Avignon)
pour la place d'associé national, et pour celle de correspondant national
M. Seux (de Marseille).
M. Falret» dont nous avons eu le regret d'annoncer derniërement la mort, a
légué par testament à l'Académie de médecine une somme de dix mille francs,
pour la fondation d*un prix de mille francs à décerner tous les deux ans à
l'auteur du meilleur mémoire sur les maladies mentales et nerveuses.
Légion d'honneur, -^ Toute la profession apprendra avec la plus grande
satisfaction le retour à Paris et la nomination au grade de chevalier de la
liégion d'honneur de M. le docteur Liégeois, chirurgien en chef de la première
ambulance de la Société internationale de secours aux blessés. — M. le docteur
Léon Le Fort avait reçu la même distinction à la fin d'août.
Nécrologie. — L'Académie de médecine et notre profession viennent de^
Caire une nouvelle perte, et des plus regrettables, dans la personne de M. Da-
nyau^ décédé le 19 février dernier. D'aprës la volonté expresse du défunt, les
funérailles ont été célébrées sans apparat ; aucun discours n'a été prononcé.
— M. Danyau était connu surtout par la traduction d'un important mémoire de
Nsgelé sur le bassin oblique ovalaire, et par les recherches qu'il avait entre^
prises à cette occasion. Mais sa valeur réelle était en lui, et n*a pu être bien
appréciée que par ceux qui Tout pu suivre à l'hôpital et dans sa clientèle.
Une longue pratique^ servie par un esprit des plus judicieux, lui avait acquig
une expérience consommée, à laquelle ses confrères faisaient souvent appel .
Ajoutons que l'aménité de ses formes, la douceur de son caractère, qui ne (ai-
salent pas tort en lui à l'esprit de décision^ le rendaient éminemment apte à
l'exercice de la spécialité qu'il avait choisie. Il laisse un gendre, presque un
fils, M. le docteur Bucquoy, qui^ dans une autre carrière, s'est déjà conquis
une notoriété des plus honorables.
On annonce également la mort de M. Ledieu, directeur de l'Ecole préparatoire
de médecine d'Arras, président de la Société locale des médecins du Pas-de-
Calais^ enlevé k sa famille et à ses amis à l'âge de cinquante-neuf ans.
Pour les articles non signés : F. BRICIÎETEAU.
145 —
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
•e l*ciiipol0onneiiieiit par la strychnine ; doseii des préparait ob«
de aaix Tomlqne sasecptlblefl de le produire 9 et moyens do
mUiewent proposés (1) ^
Par le docteur Duioux db Satigivac.
Les trois alcaloïdes qui préexistent dans la noix vomique ayant
des propriétés physiologiques analogues et qui ne diffèrent que
par leur degré d'activité, il en résulte que ^empoisonnement par
la strychnine et celui par une préparation contenant toute la sub-
stance de la noix vomique ont un mode d'expression identique. De
mème^ la médication qui convient à Tun^ conviendra également
à l'autre.
Donc^ dans tous les cas^ les principaux symptômes sont les sui-
vants : sensation de rigidité musculaire se développant progressi-
vement^ affectant d'abord le cou et les muscles qui meuvent la
mâchoire^ s'étendant ensuite au thorax et à Tabdomen, plus tard
aux membres ; secousses fibrillaires comparables à celles produites
par le choc de Fétincelle électrique ; bientôt accroissement de la
rigidité, laquelle se généralise de plus en plus ; spasmes convulsifs,
secousses tétaniques d'une véhémence extrême, s^accompagnant de
vives douleurs^ s'exaspérant ou même faisant explosion au moindre
contact, au moindre bruit, se produisant par accès ; ordinairement
sueur abondante, couvrant la face et le corps (est-ce l'effet de la
strychnine elle-même, oulaconséquence des violents efforts auxquels
se livre le malade ?)^ pupilles dilatées, surtout pendant les spasmes
eonvulsifs ; dans les intervalles de calme^ persistance de la rigidité;
inteUigence nette d'ordinaire ; parfois un peu de stupeur, celle-ci
plus prononcée aux approches de la mort ; le spasme s'emparant
surtout des muscles de la mâchoire et du pharynx^ des muscles respi-
rateurs, du cœur lui-même, compromet finalement la respiration
et rhématose, et la^mort arrive par suffocation.
Si cet état a quelques analogies avec les paroxysmes de la rage
et plus encore avec une attaque de tétanos, il diffère du moins com-
(i) Soile. Voir le BtiUetin de Théraipeiaiqw, numéro da 30 janvier, p. 19.
TOME LX1K. 4* UVR, iO
«- 146 ^
plétement de ceux que déterminent les actions variables des autres
substances toxiques* j |^§ phénofi|^nç§ §j Ip4|i6h4i Qui révèlent Tin-
toxication strychnique ne permettent pas de la méconnaître et la
distinguent de toute autre intoxication.
Si à la physionomie caractéristique de cet empoisonnement on
ajoute i^ f^ilité avep laquelle il est permis aujourd'hui de déceler
les moindres particules de strychnine dans les matières soumises à
Pexpertise médico-légale, on ue pourra ^'^nnpôcher de reconnaître
l'à-propos de cette saillie du professeur Stevenson Mac Adam :
H Si je devenais, dit-il^ un chimiste malhopnête et si un empoi-
tonneur me demandait quelle substance il pourrait employa*
avec le plus de sûreté afin de se débarrasser de sa victime et
d'échapper en même t^mps à la justice^ je lui dirais : u Prenei
M ce poison^ci ou ce poison^là^ ou encore tel autre; mais si vous
a lenes à votre vie, n- essayez pas de la strychnine, n (Leçon sur la
strychnine, PharmoceuiicalJournaly vol. XVI, n<*ii, août i8K6,
traduite dans le Journal de chimie médicale de Chevalier^ 1856,
t. 11, p. 707, et 4857, t. m, p. 43.)
La strychnine porte donc spécialement son action sur les fibrai
axcitormotrices de la moelle épinière et sur les cordons nerveus
eouducteurs de la motilité^ en les stimulant outre mesure ; elle
eonvulse ainsi la fibre musculaire, mais de manière à y amenei
bientôt une sorte de ^pasnoe fixe qui, rendant impossibles les alter-^
natives H» contraction et de relâchement, équivaut à une para^*
lysie, laquelle, portée sur les puissances respiratoires, doit fatale**
ment aboutir à la cessation de la vie.
C'est donc à rompre ce spasme, tout en calmant réréthism«
de 1^ moelle épinière, et à rendre un libre jeu auit organes d6
mouvement annexés à la respiration et à la circulation pour ai
assurer Texercice, que doivent s'appliquer tous nos efforts jûéàâ"
cateurs ; e est donc aux médications anesthésiques et antispasmo*
diques, mais à leurs agents les plus énergiques^ qu'il semble ra**
iioanel de recourir pour conjurer les effets d^uno sorte de décharge
nerveuse sur les tissus contractiles et rendre à ceuxH^ileur resiCft
naturel.
Maïs avant de dire le bien qu'ont fait et que pourraient faire
encore les antispasmodiques, voyons quels sont les autres moyens
que Ton a dirigés ou proposé d'employer contre cette terrible intoxi-
cation,
ReproditîsoRS d'abord le traitement conseillé par Orfila, dont
r^Utorité sera toiijqurs cQ^sicJérablç en to]p(U)lQgiej mais dont
Pœuvre cependant, ipiparfajte et in^cbevée, eat loii) d'ayoir dit le
dernier mot sur Tempoisonnement qui nous occupe.
Orfila copseille le môme traitement contre Tenopoisonpement par
h strychnine j hèrucine, )a noix vomiquè^ la fève de Saint-Ignace ^
fes upas^ la fai^$e angusture^ le ticunas, le worara^ le curare,
le camphre j la coque du Levant fit )a piorotoxine. Cela 8uppose->
rait que toutes ces substances oqt une nature et une action identin
ques. Or, il n'en est rien. S'il est permis d'errer en pareille matière
poarde^ 9ui>slances mal connues, d'une origine ignorée ou con**
M^» i) n^ l'fi^t pas pour des produits parfaitement définis^ tels
que le canapbre et la picrotoxine, qui ont un mode d'action> le
campbire surtout, très-différent de celui de la noix vomique, et qui,
lorsque eette action est portée au degré toxique, doivent néoessain
rament réclamer P^pplication des moyens appropriés aui phé-
pomènes spéciaux qui se ipanifestent. Il faut encore mettre à
part le wor^ra ou curare (c'est le même poison) qui détermine
des effets plus ou moins différents de ceu^ que produit la noix
Tpipique. }^e ticunas^ extrait formé des sucs de diverses plantes
vénéneuses, et dont 1a véritable origine est aussi peu connue qufi
H composition^ semble posséder des propriétés toxiques ana^
logues, tant à. celles du curare qu'à celles de la coque du Le*
Yiiqt. Restent donc la fève de Saint-Ignace (du itrychnos ignatia)
^ les Hpag (1 ), où Pelletier et Caventou ont démontré l'existence de
l& strychnine ; |e bois de couleuvre {sirychnos colubrina) ; la fau$9e
9fi§u$ture, reconnue aujourd'hui n'être autre chose que récoroet
dn vomiquier (sirychnos nux vomica) et contenant de la brucine |
f^kmx vomigue enfin, pour former nn groupe de substances
Cliquais qui développent, après leur introduction dans Torganisme,
1^ piêmes phénomènes physiologiques, le même genre d^intoxiea*
tioq, et qui| par conséquent, réclament les mêmes moyens thérapeun
l^^s en cas d'epipoisonnement.
(f) Uaess intéressant d'empoisoBBement psr Topas tîeaté s été okssrvé tén
ffttQept k la clinique du professeur Frerif^|is^ à P^r^n ; 1^ pe»tigr|IP9l#l^
prit par un médecin^ k titre d'expérience, déterminèrent bientôt def symptOi^ei
'intoxication semblables à ceux que produit la strycbnine, alcaloïde quel'og
fttrotiva d'ailleurs dans l'urine. Les accidents furent conjurés par an vomiUf
*^P08é de tartre stibié et d'ipéca^ et par des dotes répétées de laiaters
— 148 —
C'est le choix, empirique ou rationnel, c'est la valeur de ces
moyens qu'il nous reste maintenante apprécier.
Magendie et Delille, dans des expériences sur les animaux,
avaient constaté que les moyens qui réussissaient le mieux pour
annuler les effets de la noix vomique et des poisons analogues,
étaient d'abord de faire vomir le plus promptement possible, à
l'aide des émétiques et du chatouillement du gosier, puis de s'op-
poser à l'asphyxie, cause principale de mort, en pratiquant la tra-
chéotomie et en insufflant de Tair dans les poumons. Orfila adopte
et recommande ces moyens, après en avoir vérifié l'efficacité ; il
insiste particulièrement sur l'insufflation de l'air dans les poumons
et déclare avoir sauvé par ce moyen quatorze animaux sur vingt
Mais si Ton peut, sur les animaux et dans un but expérimental,
pratiquer sans hésitation la trachéotomie, on y regarderait à deux
fois avant de risquer sur l'homme une opération qui n'est pas
sans quelque danger, et dont le résultat serait douteux d'ailleurs
pour peu que l'intoxication fût grave. Ce serait donc, chez Thomme,
à l'insufflation de bouche à bouche ou exercée avec le tube laryn-
gien, qu''il faudrait se borner. Orfila recommande en outre les pur-
gatifs en potions et en lavements, et les a vus contribuer quelque-
fois à conjurer la mort. Ainsi donc, évacuants par l'estomac et par
le rectum pour provoquer promptement et activement l'élimination
du poison, insufflation pulmonaire pour combattre l'asphyxie im-
minente, telles sont les bases principales du traitement d'Orfila^ et
l'on ne peut y voir rien que de parfaitement rationnel. De contre-
poison il n'est ici nullement question ; mais le célèbre toxicologiste
fait remarquer que l'eau éthérée et l'essence de térébenthine lai
ont paru exercer une influence salutaire pour rétablir entièrement
la santé des animaux empoisonnés par les substances vénéneuses
dont il s'agit ; l'inspiration de Teau chlorée (chlore liquide, 1 par-
tie ; eau, 4 parties) a été trouvée par lui excessivement utile pour
combattre les accidents que déterminent ces substances.
Dans Tétat des connaissances chimiques, on a dû nécessaire-
ment rechercher un contre-poison de la strychnine, c'est-à-dire, une
substance capable de former avec cet alcaloïde une combinaison '
insoluble et par suite présumée non nuisible à l'individu empoi-
sonné. Malheureusement, comme nous l'allons voir, cette présomp-
tion ne s'est trouvée jusqu'ici qu'en partie réalisée ; car les com-
binaisons insolubles résultant des contre-poisons proposés sont
promptement attaquées par les liquides acides de l'estomac, et
— 149 —
livrent ainsi à l'absorption de nouvelles particules de poison qui
renouvellent ou continuent l'intoxication. Tout au moins faut-il
donc s'empresser de provoquer par le vomissement l'expulsion du
composé formé par le contre-poison, sans se faire d'illusion sur la
possibilité que celui-ci neutralise les particules du poison déjà pas-
sées dans les voies de l'absorption. Sous ces réserves, examinons
les contre-poisons ou antidotes de la strychnine.
1^ Le tannin^ qui précipite à l'état insoluble les alcaloïdes orga-
niques, devait ici se présenter à l'esprit, et il est même étonnant
qu'on n'y ait pas songé plus tôt. Guibourt paraît être le premier
qui l'ait proposé comme contre-poison de la strychnine, dans son
Histoire des drogues (4* édit,, 1849, t. Il, p. 516).
Un fait favorable à l'appui a été publié par les Annales de la so-
ciété de médecine de Gand (mars 1851, et BulL gén. de Thér,^
1851, t. XL, p. 477). Même succès signalé par le docteur Sudicke
[Britisk and Foreing Medico-Chirurgical Review, juillet 1842).
Hais c'est le professeur Kursak [Zeitschrift der jErzte zu Wien^
n? 11; BulL gén, de Thér,, 1860, t. LIX, p. 271) qui a particulière
ment insisté sur l'utilité du tannin contre Tempoisonnement par la
strychnine, prétendant que le tannate de strychnine ne se dissout
pas dans les liquides digestifs. Mais une expérience de M. Gallard
(Mémoire cité) certifie le contraire. Un chien a succombé rapide-
ment après l'ingestion du précipité formé par la réaction du tannin
sur la strychnine. Toutefois, on peut dire en faveur du traitement
proposé par M. Kursak, que ce médecin recommande d'employer
une plus forte proportion de tannin, 20 à 25 parties pour 1 de
strychnine, que celle expérimentée par M. Gallard', 4 parties
de tannin pour 1 de strychnine. Si ces dernières proportions
dfi tannin suffisent pour saturer la strychnine, Texcédant de
tannin conseillé par M. Kursak peut reprendre et précipiter de nou-
veau les parcelles de strychnine que tendent à dissoudre les liquides
digestifs. Â défaut de tannin pur, on emploierait une infusion ou
une décoction d'une substance tannifère, tormentille, bistorte, brou
de noix, et particulièrement la noix de galle, mais toujours en
grand excès, ce qui d'ailleurs favoriserait en même temps le vo-
missement. M. Kursak recommande d'éviter concurremment l'em-
ploi des acides végétaux et des alcooliques, qui favoriseraient la dis-
solution du tannate de strychnine.
2* Quoi qu'il en soit, le degré de confiance très-limité que, dans
Vespèce, inspire le tannin, a fait songer à des neutralisants plus
-180-
éffleaM. Viodë A^ità précipite les alcaloïdes végétaux, et t)btiné
l*a¥ait indiqué contre les empoisonnements détertfnidés par eux, ël
Aôtamment contre l'empoisontiement par la strychnine.
M. lé professeur BoUchardat a repris celte question intéressabte,
et^ lui donnant tous les développements qu'elle pouvait compoHelrau
dbUble péikit dé^uë chimique et toiiéologique {Mém, de tAùai.
des scienceSy compta irendus^ t. IX, p. iTB, et Annuùi'nde thérû'
pMiqHes ll342), il a cril dëvoii^ conseiller sa solution d^iodurê de
piitàsstnm ioàùréè comme applicable à tous les empoisonnemebts
^kf léft alcaloïdes tégëtaiix. Voici sa formule :
lodare de potassibm * 48,00
lode.i 0,30
Eau 1000,00
U pfêsèrït cette solution par Vert'e ou clemi-verre^ à coups t^p^
prôchéë, et de niatiière à remplir Testomab d*uh ^excès de contré-
p6isoii. Mais Tiodure d^iodhydraté dé strychnine qui résulte de la
féàclioh, tout en se préséntahl dans lé verl'e du laboratoire coknme
tih précipité insoluble, est toxique, même à petites doses, ainsi que
M. Botichardat Ta reconnu lui-même et que l'a constaté M. Gai-
htû dans se» expériences; il se redissout donc dans les liquides di-
gestifs^ et, par conséquent, dès que cette combinaison est supposée
èbtèhue , il flBiud^à encore s'empresser d'en provoquer Texpulsion
1^ Uh v6hiitif. Je tae vois donc pas trop en quoi ici belté solution
iëdùrlié ^ehiit préférable à une solution tannique, et je crois l{Ue^
lé cas échéant; j\^ptérais pour tetle dernière.
3^ Le tkarboh ou Hoif animal, antérieurement proposé phf
FbUiicrtty, k été préébnistê par le docteur Garrod, qui Ta employé
ûUe fois aiëc succès éhez rhomhie ; mais le sujet avait pris en
tnéMé tetnps 20 béntigrariitnes de strychnine et 30 centigraniraés
de nnnrphinë, pniîi bn aVail vidé Testotnac à l'aide de la poirtpe std^
mÀcÀlè; On né peut donc pas fairâ bien nettement ici au chatboil
\i, part qui lui revient dans lé Succès. M. Gallaird se montre assek
favorable à l'emploi du charbon animal, et il dit avec raison que sA
propHété d'absorber certains <iôrps, et en partiôùlier les alcaloldei
VégélauX; peut \e tetiAte utile pour entraver l'absorption de Ift
strychnine ingéfée^ en attendant l'application d'agents plus actifs oa
plus efficaces que Ton n'a pas toujoùt-s à sa disposition au pnemier
nioment.
4* Les dOcteuH Kndell {Journal de chimie médicale, i8S6)^ et
— 451 —
himdeThoiï [Gazette hebdomadaire^ 1862) ont prétèiidtt cfiiè iés
corpB gras neutralisaient ou tout au moins atténuaient ràctiôn
toxique de la strychnine. Ils n^ont. Tun et l'atitt-ci, eïpëriiriënté qtle
snt des chiens et des làpiris. On coiUpréhd, jusqu'à un certain poiht,
^u'en donnant à ces animaiix, ainsi qti'ils Torit fait, de la stry-
chnine empalée dans de la graisse, ils 6n aient un peu retardé
l'absorption -, mais comme il n*y a ici aucune action chimique neu-
tralisante à invoquer, il est évident que tôt ou tard Tabsorplioti dU
|H)ison se ferd; et il est improbable, quoi qu'on ait dit M. Riehder-
hoff, que, cette absorption Une fois effectuée, les corps gras puift-
aent déterminer des modifications physiologiques capables de pré-
venir les effets de l'empoisonnement. Tout au plus pourtàil-dh
concéder qu'il y eût quelque utilité, chez l'homme, à administrer
de Fhuile, tant pour tâcher de retarder l'absorption de là strychriitife
qne pour provoquer son expulsion par le vomissement, si Ton
n*avait pas sous la mdin un vomitif ou un neutralisant plufe effi-
cace^ et en attëtidant que Ton se fût procuré ces deux agents.
5* Les mêmes objections doivent être opposées à l'influence fa«-
Torable attribuée clu lait par le docteur Gorré, dans Tempoisonne-
inent për les ptépàratidtts de tiôix vomique {Note sûr les bons effets
du lait dans Vempoisorinetnent par la noidc vomique, Boll. (îén.,
dbThérap., 1853, t. XLIV, p. 266). J'y aurais même encore ttitjitts
de confiance que dans les corps gras. Les expériences de M. Gallard
sur des chiehs, auxquels on a donné simultanétneilt et du lait et
de la strychnine, ont démontré, comme il était facile de le prévoir,
<iue le lait n^exerce aucune action spécifique contre l'empoi^on-
nement par la strychnine, et que s'il peut quelquefois relarder la
iDiuiifestation des accidents caractéristiques de l'empoisonnement,
^tt^est que comme le ferait tout autre aliment ingéré en grande
f^uuitité dans l'estomac^ soit avec la substance toxique, soit iitlmé-
di'tlement après elle (Lettre à r Académie de médecine^ séance du
* novembre 1862).
^H. Bardet, pharmacien, a proposé le chlot*e liquide administré
^llntërieUr; il en aurait puisé l'idée au cours de chiniie professé
^ 1840 à la Faculté de médecine de Paris par M. DumaS) lequel
^aii alors signalé l'action décomposante du chlore sur la strych^-
njne, et indiqué le premier comme devant probablement servir avec
•uccès d'antidote contre la seconde. Cependant, voici tout ce que l'on
trouve relativement à Faction du chlore sur la strychnine, dans le
tome cinquième (p. 760), paru en 1835, dU Traité de chmve de
\
— 182 —
M. Dumas : a Lorsqu'on fait passer un courant de chlore dans delà
strychnine délayée avec de i*eau, elle se dissout parfaitement et
donne par évaporation spontanée une cristallisation d'hydrochlorate
parfaitement blanc. » J'ai consulté plusieurs ouvrages de chimie
où il n'est pas davantage fait mention de la décomposition de la
strychnine par le chlore. Je crois donc que l'idée théorique de
M. Bardet laisse à désirer; yoici^ du reste, comment il la met en
pratique ; il n'a eu à expérimenter que sur des chiens. On admi-
nistre d^un seul coup 5 grammes de chlore liquide^ étendu dans
250 d'eau distillée; dix minutes après^ 5 centigrammes de tartre
stibié dans six à huit cuillerées d'eau tiède ; aussitôt après le pre-
mier vomissement^ A autres grammes de chlore dans même quan-
tité d'eau distillée; au bout de dix minutes, 5 nouveaux centi-
grammes de tartre stibié, et après ce dernier vomitif, lait coupé
d'eau, le plus possible, pour provoquer de nouveaux vomissements.
M. Bardet dit avoir sauvé par ce traitement seize chiens empoi-
sonnés sur vingt {Annales de chimie et de physique^ 1852, t. XXXV^
3c série, p. 364).
7° M, Thorel, pharmacien d^Avallon, a cru trouver dans k
kermès un contre-poison delà strychnine, et dit en avoir obtenu def
succès en l'expérimentant sur les chiens. Voici la formule qu'il 2
adoptée et conseillé d'employer :
Kermès no 1 jg^OO
Emélique 0 ,10
Sirop de nerprun 15 ,00
Eau 60,00
Cette potion fait vomir et purge; elle a donc une action complexe^
dont Tun des modes est de favoriser l'expulsion du poison. Mais
M. Thorel prétend qu'en outre une partie du soufre du kermès se
porte sur la strychnine et sur la brucine^ pour former un sulfure
insoluble, dont la partie non décomposée du kermès, unie à l'émé-
tique, provoque l'expulsion par le vomissement. Le mémoire de
M. Thorel fut l'objet, à la Société de pharmacie de, Paris, d'un
rapport, dont les auteurs, MM. Bouchardat et Gobley, ne jugèrent
point les expériences chimiques indiquées par M. Thorel suffisam-
ment catégoriques, et la solution ioduro -iodée leur donna des ré-
sultats plus satisfaisants. Le kermès ne paraissant pas d'ailleurs
jusqu'ici avoir été essayé sur l'homme, nous devons rester dans le
doute sur sa valeur réelle dans reropoisonnement par la strychnine
— 153 —
(Répertoire de pharmacie y mars 1850, et Bull. gén. de Thérap,y
1850, t. XXXVIIÏ, p. 427, et t. XXXIX, p. 263).
{La fin au prochain numéro.)
THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE
Des IndleaClons de la résection daus les fractureis
non eonsolldées (i);
Par le docteur BxaEHGBa-FÉRAUD, raédecin principal de la marine.
ÀFPRÉGUTION DES DIVERSES MÉTHODES DE RÉSECTION.
Après avoir dit un mot des diverses variantes de la résection des
fragments applicables au traitement des pseudarthroses, nous de-
vons jeter un coup d'oeil synthétique sur elles pour arriver à déter-
miner quelles sont celles qui méritent la préférence des chirurgiens,
suivant les circonstances très-diverses qui peuvent se présenter, La
questionestassezdifficileàtraiteràcause de la complexité des points
^ vue sous lesquels il faut Tenvisager tour à tour, et à cause aussi
"C l'abondance des assertions contradictoires qui ont cours dans la
science sur son compte. C'est pour cela qu'il nous faut appeler à
l'^de les lumières de la physiologie en même temps que les indica-
tions fournies par les expériences, par les faits et par le raisonne-
ment, afin de bien comprendre tout ce qu'on peut tirer de l'opéra-
tion.
lUais tout d'abord demandons-nous quels sont les phénomènes
1^ se produisent sous l'influence de la résection des fragments os-
8^Ui d'une pseudarthrose, et pour cela nous avons besoin de par-
^^ger l'étude en deux catégories : A. phénomènes qui se passent du
^tédes parties molles; B. phénomènes qui se produisent du côté
A. PARTIES MOLLES. — Lcs phénomènes qui se passent du côté
^ parties molles dans la résection ne diffèrent en rien de ceux qui
Bont habituels à toute opération sanglante assez étendue, et sans
iHms occuper de la douleur, de Thémorrhagie, des accidents, en un
Diot, qui peuvent survenir, nous voyons qu'il y a gonflement, in-
(i) Suite et fin. Voir la Uvraison du 15 février 1871, p. 109.
— 184 —
flamiuâtioii des tissUs tnous atteints par le couteau, gonflement et
inflammation qui se iermiiléront toujours et sans exception par la
suppuration. Cette considération nous porte d'abord à penser que^
toutes choses égales d'ailleurs, la gravité d'une résection se mesu-
rera au volume des parties nlolles qiii environnent les os, et, en
effet, les chances de suppuration, de fusées purulentes et d'infec-
tion^ soit putridéj ëoll t)UrUtënte, sët^bilt d'àdtdilt t)ltis grandes que
Pincision aura compris une épaisseur. de tissus mous plus consi-
dérable. D'ailleurs, la chose est si naturelle et se comprend si
bien, que nous n'avons pas besoin, d'insister, d'autant quec'esta
on en conviendra, un point fort secondaire de la question qui nous
occupe.
B. PARTIES DURES. — Lcs fragments mis à nu et réséqués par un
des procédés que nous avons étudiés précédemment, réagissent de
lA même manière que les parties molles, en somme ; mais, à cause
dé la moins gl*atidé rapidité d'évolution de leurs phénomèmes bio-
logiques, ce n'est que plusieurs Jours (de six à quinze jours) après
l'dpératioti que Thyperhémie qui est le premier terilie de Tinflam-
Hiation, se manifeste d'une manière appréciable.
L'évolution de la réaction inflammatoire des extrémités osseùsOi
né diffôre, avons-nous dit, que pat* le temps de la réaction inflam-
matoire des parties molles, de sorte que c'est toujours le mêtne phé-
nomène qui se produit eki diéflniitve. Seulement, cette questiob de
teMps à iiiie gravité que Ton né saurait méconnaître. En effet, la
douleur et la supputation sont de puissantes causes d'afFdiblissé^
métit de iWgâtiisiUe, et pour peu que la maladie osseuse sbit ététi»
due, intense ou de longue durée, elle atteint plus qu'une aUU^
affection lés ressorts de la vie. D'àuti-e pàt't, la forme, là natûhB^ la
situation du tissu osseUx et des régions daUs lesquelles se ttoUvettl
les pseudatthroses ne se prêtetit pas à la facile circulation deé li-
quides, et pat* cdnséqUôht, dans ce cas plus que dans d'auirei^ le
croupis^emeut des matiètts pUi^Ulëntes peut se produire, ce qui eut)
à mon avis, une des plus grandes causes d'accidents. £t qu'oti Uë
ctoië pas qu'il faille de biëU grandes quantités de matière puru-
lente; eu etfet, c'est ici, plUs que par ailleurs peut-être, qUô Tdn
peut dire que la qualité réUlplace l'aboUdahce.
Cette gravité dé là sUppuratioh osseuse, qlte noUs veiiOHs de si"
gnaler, llbUs explique ilaturellemeht pourquoi certaines résecliUtts
ont été si facilement suivies d'accidents funestes, et la conséquence
logique de ce que nous avons dit est que la résection des fragments.
^ 15» —
pour avoir de bonnes chances par devers elle , doit porter sur des
extrémités osseuses saines. Nous voyons réapparaître ici cette grande
loi pathblôgi(}ue, sur laquelle on a toujours appelé avec succès Pat-
tebtion des opérateurs, la nécessité d'emporter tout le mal. Or,
comitié dans certaines pseudarthroses, il n'est 'pas possible d'em-
portëi* tout Ce mal par la simple résection. On comprend qu'il faut
fôXït elles renoncer à Topétation qui nous occupe, et je crois que,
lors€!lue Cette considération sera admise et prisé en sérieuse réflexion
dâilB la pratiqué, le chiffré des succès de la résection s'accroîtra
i^iine manière sensible.
CéquenoUs venons de dire touchant faction physiologique, si je
puis tn'expriiner ainsi, de la résection nous montre déjà une bonne
partie des véritables points saillants de la question, et nous poU-
YOils dès à présent en tirer des conséquences utiles pour établir
d'une manière précise les indications et les contre-indications de
l'opération. Ainsi, du côté dés parties molles, nous avonâ vu que
l)ss chances de réussite sont, toutes choses égalés d'ailleurs, en rela-
tion iiivérsÊ avec le volume de la région.
Du côté des parties dures, non-seulement cette condition est de
ndUveau feh première lighe, mais encore Tétàt de santé des frag-
B^ttlsest, toutes choseâ égales d'ailleurs, Une Condition importante
podr le succès. Il n'est pas nécessaire de faire une discussion à part
pour ce qui est de la constitution; ce point rentre implicitement dans
laquestion de l'état de santé des fragments, car on peut direque, si
lôMijeteSt vétolé, scrofuleux, tuberculeux, etc., les ft'agmentsde
^pteudarlhroisô, en quel()Ue bon état qu'ils paraissent de prime
wh], ne isont pas moins dans une triste situation, au point de vue
«fis thancBs d'accidents locaux.
PiBhons actuellemeht la question à Un autre point de vue pour
li^ sinlpliBôr dans quélqUes-unés de ses parties, et hous reviendrons
®^8uiie aux indications que nous venons de dégager par la précé-
Aaite étude, pbur les joindre à ciô que nous aurons appris de nou-
^u, et constituer ainsi le faisceau de connaissances qui nous sôht
nfcfessaites pouf arriver à entrevoir la vérité dans son ensemble.
Nous avons cité plusieurs variantes de la résection précédem-
^Mt, et quoique nous ayons dit, chemin faisant, à propos de
ài^we procédé, quelques mots qui pouvaient faire connaître l'opi-
^lOD que noUs avions sur leur compte, il est nécessaire actuellement
«6 les envisager de nouveau, afin de bien déterminer lesquels
i'tnite eux me semblent destinés à exciter la préférence du chfrur-
— 156 —
gien^ sinon dans tous les cas^ au moins dans certains cas bien dé-
terminés.
La résection des deux fragments est le type le plus complet en
même temps que le plus ralionnel de l'opération qui nous occupe.
Et, en effet, avivant également les deux fragments de la pseudar-
tfarose, elle les met d'abord dans les meilleures conditions pour la
fusion osseuse, toutes choses égales d'ailleurs. On peut reprochei
deux choses^ il est vrai, à la résection* des deux fragments : 1® la
plus grande surface traumatique osseuse ; ^^ raccourcir davantage
la longueur du membre ; et ces deux accusations sont assez gravai
pour que nous devions nous arrêter sur elles un moment : car si
elles étaient fondées en tout point, nul doute qu'elles ne jetassent
une défaveur sérieuse sur le procédé.
i® Etendue de la surface traumatique osseuse. — Cette étendue
n'est plus considérable que relativement à ce que donne le procéda
de la résection d'un seul fragment^ car on comprend que le grat-
tage fournit une surface traumatique aussi vaste^ s'il est fait dam
les conditions où H doit être pratiqué. Mais nous avons montré pré-
cédemment que la résection d'un seul fragment^ qui n'avait d'ail-
leurs pris naissance que comme opération de nécessité, est fonciè-
rement une mauvaise pratique sous le rapport du résultat. En effet
un des deux fragments n'étant pas mis par le chirurgien dans d<
bonnes conditions de fusion osseuse^ on comprend que la réussite
doive logiquement être moindre.
Donc^ la résection d'un seul fragment lui est inférieure très-na
tablement, et il ne reste plus que le grattage et la cautérisation i
mettre en parallèle. Or^ remarquons que^ dans ces procédés, la sur
face traumatique n'est pas moindre ; nous verrons ultérieuremeiï
qu'elle est dans de moins bonnes conditions, etdonc^ pour ce qa
est du premier point, la résection des deux fragments mérite la pré-
férence.
2° Longueur du membre réséqué. — Ce reproche n'est pas ap-
plicable aux résections du membre thoracique ; on comprend, ei
effet, que dans des affections aussi sérieuses, aussi fâcheuses qu'uni
pseudarthrose^ le malade et le chirurgien doivent se féliciter telle-
ment du succès^ quand ils l'obtiennent, qu'ils n'ont pas à marchan-
der quand, comme pour le membre thoracique, les fonctions m
sont absolument pas altérées, gênées même par un raccourcisse*
ment de 2 à 5 centimètres. Mais il reste le membre abdominal qu
ne peut pas être diminué sensiblement de longueur sans devenii
— 457 —
aussitôt très-insuffisant, sinon impropre à la déambulation. Il est
▼rai que l'adjonction d'un talon ou d^une semelle plus éleve'e peut
permettre un raccourcissement de 3 à 5 centimètres aussi sans
grsnd inconvénient, et remarquons que la résection n'enlève proba-
blement pas souvent une telle longueur de la diaphyse ; de sorte
que le reproche du raccourcissement perd considérablement de sa
ndeur, et on peut dire que neuf fois sur dix peut-être, la résection
des deux fragments pourra être pratiquée. Mais pourtant, comme
il faut prévoir toutes les conditions possibles^ disons que dans le
cas où la résection des deux fragments devrait entraîner une trop
grande perte de longueur de la diaphyse^ un autre procédé, et parti-
eulièrement celui qui s'en rapproche le plus, c'est-à-dire la résection
d'un fragment, le grattage de l'autre, pourra lui être substitué ;
mais, ajoutons que cette distinction est plus théorique peut-être que
pratique, et que les opérateurs savent bien au fond que la rondelle
oiseuse excisée, peut être si mince, que vraiment elle n'est pas à
craindrci relativement surtout à la défectuosité du grattage des frag-
lûents.
Nous arrivons donc à cette conclusion que la double résection est
▼Mtablement le moyen préférable rationnellement, et ajoutons que
n cette résection des deux fragments est accompagnée de l'auxiliaire
pûssant que lui donne la suture osseuse, c'est-à-dire du contact
^médiat solide et de l'immobilité des deux portions osseuses mises
^ présence^ on peut dire à priori que la pseudarlhrose est dans les
ineillenres conditions possibles, toutes choses égales d'ailleurs^
pour la guérison ; et, en effet, si tel accident, comme la suppura-
tion et ses fâcheuses conséquences, l'inflammation excessive, etc., ne
^t pas détruire ou empêcher la production des phénomènes de la
ï^Mffation osseuse, il est logique de croire que la prolifération aura
Ok»Q8 que dans tout autre procédé besoin de faire de grands efforts
Poor arriver à la guérison.
Le grattage des fragments s'est présenté, avons-nous vu, comme
^ artifice opératoire pour mettre les os dans les conditions de cir-
^tion et de vitalité nécessaires à la fusion osseuse de la pseudar-
^se, tout en conservant le plus de longueur possible aux frag-
*(^;aussi^ comprend-on que, suivant les régions, toutes les
Nantes possibles aient été essayées, et que nous ayons vu em-
ployer, soit le grattage des deux fragments, soit la résection propre-
^t dite de l'un et le grattage de l'autre, etc. Ce procédé est, à mon
^t assez voisin de la double résection, mais il lui est néauavovcA
— 1^ rr-
ipférieur soqs bjeq des rapports pour ne deyoir être mis en 9^9
tique que dans les cas où le premier procédé est inapplicable ; )ç
grattage entraîne, en effets une dilacérationj, une contusion des ^\-7
trérnités auquel le traumatisme de la scie ne saurait être comparé|
et je crois que, toutes choses égales d'ailleurs, la réaction osseuse
dpit être plus grande quand on a ¥ioIemment déchiré et broyé les
surfaces fragmentaires que quand on les a coupées nettement ^^^
une ^cie bien affûtée.
Jja réfection d'un seul fragmept est^ nous l'ayons yu, un uoih
seqs chirurgical^ ep cela que c'est une opération incomplète ; celui
des deux fragmepts qui a été ^vivé par la scie fait tops l^P ^rais 4c
la réparatiopi m^is il se trouve en présence de sop congénère qui n'a
pas été placé dans de bonnes conditions pour s'unir ayec lui, de
§prte qu'il y a bien des chances pour qu'il épuise infructueusenieni
ses tifforts de réparation et qu'en fin de compte la coasolid^li^
p'ait rien gagné.
La cautérisatiop des fragmepts n'est pas upe opération k ccm^
seiDer pour les cas ordinaires. D'ailleurs, si nous jetons un ÇQUf
d'œil ^ur les faits dans lesquels op a cru deyoir y recourir» nous
Yoyops que le plus souvent cette cautérisatiop a été un pro<^^
4e pécessiié imposé par une maladie des fragments ; c'est plutôt
Upe pratique afférente à la fracture compliquée qu'à la pseu4|ll''
tbrose propremept dite. D'ailleurs, cette cautérisatiop a pour bllt
4'aviver les surfaces fragmentaires cqpipie |^ double résection, ft
remarquons qu'elle n'arrive à ce résultat qu'après une éliminiitioA
assez abondante et une suppuration d'assez longue durée; degQrli
(ipe, quoique l'pn ait dit que les plaiejs par brûlure avaient la prpY*
priété 4'^xposer pioips que les autres aux accidents d'ipft^ction pu*
rulente^ pous sopimes disposas à ne vpjr dans la cautérisation 4iM
fragpients qu'une port4e 4veptue||e, t^pdis que la résection q^
naire nous paraît l'opération classique à préférer le plus spuv^fitt
Quant aux auxiliaire^ que nous avons vu paettre ep œuvre pçor
le^ résection», nous dirons que la suture des os se présente #091
des auspices favorables, et j'ai déj^ assez parlé de^ bopa effl^tf iê
cette suture pour n'avoir p^s besoin d'y revepir encore.
La suture du périoste p'a pas ep jg^rand §uecèf jusqu^i^ mlgftf
l'autorité de ses pronioteurs.
Tout le monde est d'accord aujourd'hui sur l'action ostéqpl^
tique du périoste ; on sait que cette enveloppe fibreuse joue^ un rAI^
capital dans la nutrition et }a reproduction des os; mais }i. foriw
— 459 —
ne s'est-il pas un peu exagéré^ comme bien d'autpes, ee rôle, tout
important qu'il est, en lui donnant un exclusivisme qu^ii n*a pas,
et en déshéritant les autres éléments d'une certaine puissance de
formation et de réparation? Quand Thabile chirurgien de Manches-
ter conclut au rapprochement des fragments osseux jusqu'au con-
tact immédiat, de peur que le manchon périostique seul ne puisse
produire un cal suffisamment solide, il juge, sans y penser peut-
être, le débat dans un sens qui n'est pas tout à fait celui qu^il adopte
dans ses conclusions^ et nous porte à penser que Tintervention du
périoste dans la consolidation de la pseudarthrose réséquée est as-
sez secondaire^ puisque la seule conservation de la manchette n'as-
rare pas le succès^ et qu'il faut, pour avoir plus de chances^ rap-
procher les fragments l'un contre l'autre, c'est-à-dire pour que le
ti^Bu osseux proprement dit puisse sécréter par la tranche de la
résection les éléments d'un cal suffisamment solide. Quand M. Jor-
daq'dit que la suture du périoste présente encore cet avantage,
qu'elle rerpplsice jusqu'à un certain point la suture des os, et qu'elle
maintient les fragments dans un rapport plus intime^ il avance
une idée qu'un peu de réfiexion conduit à repousser immédia-
tement. En effet, que la suture du périoste puisse remplacer jus-
qu'à Hn certain point la suture des os^ le fait est incontestable, si
iious ajoutons qu'elle remplace ainsi un moyen énergique par un
ipoyen qui Test moins. Mais dire que la suture du périoste main-
tient les fragments dans un rapport plus intime, c'est consacrer une
ittexactitude. Gomment est-il possible que le point de suture plaeé
BUF QDe gatne molle périphérique à l'os et rendue assez indépendante
délai par la dissection, soit plus solide que le point qui passe dans
le tissu osseux lui-même?
D ne reste donc en faveur de l'ostéoplastie périostique de M. Jor-
dan qae ce point, qu^il a indiqué en ces termes : « Nous rejetons
le procédé opératoire (la suture des os) pour un motif très-impop-
^t. Dans une semblable opération, il faut avant tout éviter la
topparation. La suppuration est le plus grand obstacle à la pro-
'oclion du cal. Or, que faiteer-vous quand vous introduisez un fil
Diôallique entre les deux boutir d'une pseudarthrose? Vous provo-
V^ un travail inflammatoire et suppuratif dans le foyer de la 00-
talion de continuité ; vous dépassez le but, qui était d'irriter seu-
*''>eiit, et votre opération est suivie d'insuccès d'une manière
P^ue certaine, d Certainement, il est incontestable, en théorie^
T^'unt «uture qui traverse le tissu de Tos le di«pose, plus eiti'usA
— 160 —
qui ne traverse que le périoste^, à la suppuration, et personne ne
songe à mettre en doute que la suppuration du foyer d^une fracture
ou d'une résection ne soit une chose fâcheuse; mais, cependant,
croit-on de bonne foi que la méthode de M. Jordan melte dans la
pratique bien mieux que la suture osseuse h Tabri de cette suppu-
ration? Non, car la dissection du manchon périostique^ Faction de
la scie pendant la résection ont^ dans cette méthode comme dans
Tautre, porté une telle atteinte à Tos, que le point de suture de l'os
n'est plus qu'une question du plus au moins si petite qu'il ne vaut
vraiment pas la peine de s'en tant préoccuper.
En résumé, nous devons dire que la suture du périoste expose
aussi bien que la suture proprement dite des os à la suppuration ei
à la réaction inflammatoire ; et comme par ailleurs il n'est pas,
d'une part, toujours commode de disséquei' la manchette périos-
tique^ surtout quand on a affaire à des fragments d'os sains ; que,
d'autre part, on n'obtient^ avec la suture du périoste, qu'une im-
mobilité bien moindre que celle que procure la suture ou la liga-
ture des os^ cette suture du périoste doit être tout à fait délaissée
en faveur de la suture ou de la ligature des fragments osseux eux-
mêmes.
La ligature des os est moins fréquemment applicable que h
suture dans lès résections^ par la raison que l'obliquité des frag-
ments nécessaire pour son emploi nécessiterait un raccourcissement
trop considérable du membre. Pour ne pas donner à mon étude
une étendue trop considérable^ je renvoie le lecteur à la page 470
de mon Traité de l'immobilisation directe des fragments, où j'é-
tudie en détail la question de la valeur comparative de la suture et
de la ligature des os.
Je me bornerai ici à dire que la ligature n'est guère applicable
que dans les cas de fracture très-oblique, s'étant terminée par une
pseudarthrose de la deuxième catégorie *, dans ce cas, après avoir
mis les fragments à nu et avoir avivé les tranches de cassure par
la rugination ou le grattage, la ligature des os peut assurer la con-
solidation sans raccourcissement appréciable. Dans tous les autres
cas, c'est la suture des fragments qui me paraît préférable à la
ligature des os.
La pointe de Malgaignepeut, daosmaintes circonstances, produire
la coaptation des fragments d'une manière très-solide et sans faire
subir aux os une agression aussi violente que celle qu'impose la
suture } mais songeons que la pointe de Malgaigne n'est applicable
— 164 —
qu'à certaines régions et à certaines formes de fracture ; d'autre
part^ cette pointe de Malgaigne, appliquée extérieurement au mem-
bre, peut être dérangée par un mouvement intempestif ou pendant
les pansements, de sorte qu'elle présente une intériorité marquée
sur la suture, quoique dans maintes circonstances elle puisse être
mise en œuvre avec succès.
En résumé^ nous arrivons à formuler que la résection des deux
fragments ou bien la résection de Pun d'eux et le grattage de Fautre^ .
ou bien encore le grattage des deux, suivant les cas, avec Tadjonction
de la suture des os comme moyen complémentaire^ est la variante
qui nous paraît préférable aux autres ; c'est elle qui doit désormais
être la résection classique de la pseudarthrose^ et les autres va-
riantes ne seront que des procédés de nécessité.
Les auteurs qui se sont occupés de la résection dans le traite-
ment des pseudarthroses, en se basant sur un certain nombre de
bits, ont eu naturellement le désir de consulter la méthode numé-
rique pour lui demander un contrôle qui semble d'autant plus sé-
rieux qu'il a des allures mathématiques et qu'il semble que rien ne
respire un air de vérité comme les indications que fournissent les
chifiùres^ et c'est pour cela que déjà Malgaigne, en 1847, a donnée
d'après JNorris, les chiffres suivants, qu'il a pu recueillir, poui' 62 cas
de résection :
Total.
27
17
9
8
1
62
Gorlt a trouvé, par Tinspection des chifires de ses tableaux sta-
^ques^ les résultats suivants pour 121 cas de résection :
Guéris.
iDsuecéf.
MOI
Homénu. • • •
. . 11
14
2
Fémur ....
. . 10
3
4
Avant-bras. . .
7
2
>
Jambe
8
»
»
M&choire. . . .
1
>
>
Totaux. . .
. . 57
19
6
Gnéiii.
Insnoeài.
Morts.
Indétermioéi.
Total.
Hamérus • • . •
. 25
26
3
2
56
^éniar
. 14
6
7
1
28
Avaat-bras . . •
. 16
2
9
2
20
Jambe
. 12
5
9
»
17
Totaux.
. 67
39
10
121
TOME LXXX.
4* LIVR.
V\
De mon tôié, j'ai voulu faire le même travail^ et ji3 suis arrif i
aux chiffres ci-après, pour 239 cas de résection :
Guéris. Insacoèâ. Morts. Indélermioés. TotaL
Humérag 44 52 3 5 104
Avant-bra» .... 23 6 1 b 30
Fémur 32 9 11 » 52
^ambe 38 15 d » 53
ToUux. .137 82 15 5 239
Mais les statistique^ faites ainsi sont trop obscures et trop vagues
pour donner un enseignement réel; aussi ai-je voulu étudier plus l
fond la question, et nous allons voir les resuhals auxquels je suij
arrivé : il était important, il me semble, en effet, de déterminei
avec plus de précision dans quelles conditions les succès, les insuc
ses, les morts se sont rencontrés plus fréquemment.
J'ai fait remarquer précédemment que les chiffres indiqués poai
la cautérisation des {"ragments semblaient montrer l'opération soa:
un jour èï favorable ^our ce qui est des succès comparativemen
aux insuccès, qu'il ne fallait pas leur prêter une grande confiance
donc on me permettra d'éliminer d'abord les résultats indiqués pouJ
cette opération. Cette élimination faite, il nous reste les chiifrei
suivants :
Gaéris. Ibsuccés, Morts. Indéterminés. Total.
Huinéras. . . ; . 43 50 3 5 191
. Avânt-bras . . . . ' 23 6 1 d 30
Cuisse 32 9 11 \>. 52
Jambe 33 14 o » 47
Totaux. .151 79 15 5 230
qui sont plus exacts que les précédents, et qui portent sur des cas
qu'on |>eUt un peu mieux comparer entre eux^ quoiqu'ils M^at
encore très-différents souvient l'un de l'autre.
Nous avons vu tantôt les phénomènes physiologiques de la résec-
tion des fragments dans les pseudarthroses ; jetons maintenant un
cdfiip d'oeil sur les accidents qui peuvent compliquer rop^tfttMn^
afin d'avoir Une connaissance aussi complète que possible du inoyen
que nous avons entrepris d'étudier.
Les tableaux statistiques que nous venons de voir touchant la ré-
section, nous montrent que cette opération n'est ptt dépourvue
— 103 —
d'iin certain danger. Eti effet, quand elle peut cotnpter 15 mortft
sur 230 opérations^ i4 serait téméraire de conseiller ati chirurgien
d'agir »ans avoir réfléchi aux conséquences de son intervention.
Toyons donc quels sont les accidents qui peuvent survenir dans la
résection.
L'hémorrhagie a été observé^ quelquefois, soit comme accident
primitif, soit comme accident consécutif de la résection ; c'est tou-
jours une fâcheuse chose que la lésion d'un vaisseau, pour peU
que son calibre ait une certaine importance, et le chirurgien devra
tpportet* toute son attention et toute sa prudence pour Péviter. Mais
ajoutons que comme, d'une part^ un opérateur instruit saura tou-
jours assez bien éviter une artère de gros calibre, et que, d'autl%
part, il est encore possible^ après la lésion d'un vaisseau asseï vd-
lumineux, d^obtenir la guérison, pourvu qu'on n'ait pas affaire à
Tartère principale du membre; la cminte de l'hémorrhagie ne sau-
rait être donnée comme une condition condamnant absolunièiit
Topération.
La lésion des nerfs a été constatée quelquefois dans la résection :
ùnsi dans certaines régions même elle a été assez fréquente, ptli9-
<|u'à l'humérus, par exemple^ nous n'en trouvons pas moins de
quatre cas parmi les faits que nous avons examines. La cotiséqtiétloe
d'ba pareil accident est la paralysie, qui est le plus souvent pëf^
listante^ et qui est temporaire par exception, conditions qui fotit
qu'on doit redouter la lésion d'un nerf à l'égal de celle d'Un vais-
ttau sanguin important.
Vinfiammation est toujours la suite d'une opération Aiissi Së-
fv^iiie qu'une résection^ et, tant qu'elle reste dans certaines Uiilites,
fille n'est pas inquiétante ; mais parfois elle dépassé les bdrhés et
iait courir aux sujets des dangers plus ou moins grands. Q'ëst
Wout à la cuisse et à l'humérus qu'on a noté cette inflammàtiOti
ttagérée^ et remarquons que comme elle ne facilite pas la cotisoli-
^on ultérieure quand le suiet a surmonté les accidents auxqtiels
filk l'a exposé, c'est un accident fâcheux à tous les titres^ conditioti
qui fait qu'on doit doublement chercher à la prévenir et à i'earâyttr^
À c'est possible.
La mûri est survenue^ avons -nous dit, 15 fois sur 930 obter-
ntioDs et plus exactement sur 225 cas, puisque dans cinq cîrcoa^
stances, nous ne connaissons pas le résultat de la résection \ elle
est donc entrée pour un peu plus de 6 pour 100 dans le total des
opérations^ chiffre élevé assurément* Nous avons vu que c'est sur-
— i64 —
tout par excès d'inflammation entraînant l'infection putride ou pu-
rulente que la mort est survenue, de sorte que c'est une raison de
plus pour que le chirurgien s'attache plus encore à prévenir celte
inflammation, si cela lui est possible.
V insuccès a été trop souvent, on peut le dire, le résultat de l'opé-
ration (le la résection, si Ton note qu'il a été constaté soixante- neuf
fois sur deux cent vingt-cinq opérations; mais en songeant que la
résection n'a été mise en œuvre généralement que dans des cas où
tout autre moyen était impraticable ou avait échoué, on est porté
à considérer la résection d'un moins mauvais œil. Pour ma
part, je croîs que le chifiTre des insuccès pourra assez facilement
être réduit dans l'avenir par quelques précautions assez faciles à
prendre.
£n effet, quelles sont les causes d'insuccès de la résection ? Eq
étudiant avec soin les pièces justiticatives sur lesquelles est basé ce
travail, et surtout en faisant appel soit à nos souvenirs, soit au rai-
sonnement, nous voyons que l'insuccès provient généralement ou
bien du manque d'immobilité qu'il y a eu entre les fragments, ou
bien du ramollissement du tissu osseux et de l'atrophie des parties
voisines de 1 1 pseudarthrose. Je sais bien qu'il y a nombre d'autres
causes d'insuccès, mais on me passera que je viens d'en citer deux
très-influentes et qui se présentent souvent. Or, grâce à l'immobi-
lisation directe des fragments, d'une part, et en songeant à ce que
nous avons dit de 1 importance du traitement palhatif pour l'ac-
complissement des fonctions biologiques du membre atteint de
pseudarthrose, on aura la possibilité, d'une part de maintenir
les fragments dans une coaptation exacte, et d'autre part d'opérer
sur un membre dont les parties dures et les parties molles sont
dans un état physiologique satisfaisant pour le succès que l'on
désire.
Ce que nous venons de dire touchant les accidents qui peuvent
survenir dans la résection, nous montre assurément que c^est là
une opération grave dans tout état de chose, et à laquelle il ne faut
se décider que lorsqu'il est bien démontré que les moyens plus
bénins ne peuvent avoir chance de guérir. Bien plus, il faut, comme
nous le dirons plus tard, que le sujet ait besoin à tout prix de la fonc-
tion de son membre pour que le chirurgien soit autorisé à y re-
courir.
La résection est loin d'avoir la même gravité, suivant qu'elle est^
7>rati9uée sur une région ou sur une autre et il nous faut l'étudier*^
— 165 —
dans les diverses parties des membres pour compléter nos con-
naissances sur la valeur absolue et relative.
Si nous partagions les membres suivant le segment sur lequel a
porté Topération^ nous trouvons les chififres suivants :
Gaéris. Insuccès. Morts. IndétermiDés. Total.
Cuisse et bras. ... 75 59 14 5 153
Jambe et avant-bras . 56 . 20 1 » 77
Totaux. . . 131 79 15 5 9m
c'est-à-dire que la résection a guéri 48 pour 100 au bras et à la
cuisse, tandis qu'elle a gucri 72 pour 100 à Tavant-bras et à la
jambe^ de même qu'elle a fourni 9 pour 100 de morts à la cuisse
et au bras, tandis qu'elle n'en a fourni que 1/2 pour iOO à l'avant-
bras et à la jambe.
Mais il est absolument nécessaire que nous entrions»dans des
spécifications plus précises pour arriver à des résultats acceptables
par les esprits les plus positifs. Envisageons donc séparément la
résection dans chaque partie de membre, au bras comme à la
jambe.
La cuisse est la partie où la résection est le plus grave, au point
de vue des dangers que court la vie du sujet : en effets les tableaux
précédents nous montrent quMl y a eu 32 guérisons, 9 insuccès^
11 morts pour 52 opérations, et nous savons que les morts sont
survenues le plus souvent par excès d'inflammation, de suppuration,
infection putride^ purulente, etc. A priori^ donc, on peut dire
qu*une opération qui fournit 19 pour 100 de morts^ est une opéra-
tion très-grave, et^ pour ma part, j'avoue qu'il faudrait que je
fosse pressé par des considérations bien majeures pour me laisser
aller à la pratiquer ; dans tous les cas^ ce ne serait jamais dans un
grand hôpital, à une époque de Tannée où Ton peut craindre une
épidémie, que j'y aurais recours, et je dois dire même que, me
apposant à la campagne^ à une époque favorable, en face d'un
mjet placé dans de bonnes conditions, je ne m'y déciderais pas
Unt que j'aui-ais l'espoir qu'un autre moyen pût réussir et tant
<iu'il ne me serait pas démontré que l'opération est absolument
indispensable.
L'humérus est loin de présenter^ au point de vue du danger que
court la vie de l'opéré, la gravité qu'ofl^re la cuisse; en effet, nous
soyons que pour 43 guérisons il n'y a eu que 3 morts ; mais
— 166 —
notons quMI y a eu 50 insuccès. La résection de rhumërus entraîne
donc environ 7 pour 100 de mortalité, chiffre élevé^ déjà et qui
nous porte à formuler tout d'abord que le chirurgien n'est autorisé
à y recourir qu'en cas de nécessité bien constatée, mais qui cepen-
dant ne fera pas taxer de témérité extrême celui qui se décidera à
y recourir, surtout lorsqu'il y aura une nécessité bien démontrée
h opérer. Si la vie n'est pas aussi fréquemment menacée que dans
la résection de la cuisse^ Tinsucccs est assez souvent le résultat des
tentatives du chirurgien sur Thumérus : nous en savons la cause.
En effet, c'est cette atrophie des parties molles et dures, ce ra-
mollissement du tissu osseux qui^ joints à l'extrême difficulté qu'il
y a de maintenir les fragments dans un contact immobile, em-
pêchent la guérison. Or^ nous connaissons maintenant les moyens
d'obvier à ces deux inconvénients, et, d'une part, en faisant au
préalable porter au sujet un appareil palliatif qui rendra au
membre une grande partie de sa force en lui rendant ses fonc-
tions; d'autre part, en faisant accompagner la résection d'un
point de suture, on arrivera certainement à de meilleurs résul-
tats^ et le chiffre des guérisons atteindra, j'espère, alors un chiffre
relativement assez élevé pour encourager les tentatives qui ont pour
but de guérir le sujet.
La jambe a fourni, ainsi que nous Pavons vu par les tableaux
précédents, 38 guérisons contre 15 insuccès, chiffre assez encou-
rageant pour que le chirurgien se décide assez facilement à recourir
à la résection lorsque les autres moyens ont échoué ; ces succès si
nombreux tiennent assurément à la facilité de la contention, à
l'étendue des surfaces osseuses mises en contact à l'état de con-
servation, des parties qui n'ont généralement pas perdu toute fonc-
tion ou qui au moins sont restées nourries suffisamment sous
l'influence des mouvements que faisait le sujet, même alors qu'il
marchait, soit avec une jambe de bois, soit avec des béquilles ;
enfin, ajoutons que la jambe est une partie qu'il est très-facile
d'immobiliser parfaitement, et il n'y a rien d'étonnant que le suc-
cès ait assez souvent couronné les tentatives.
Quant à l'avant-bras, les résultats sont plus beaux encore, car si
nous laissons de côté le fait de mort qui lui est imputé, et qui peut
bien être regardé comme un accident assez rare dans le cas qui nous
occupe, nous voyons qu'il y a eu vingt-trois gut-risons pour six in-
succès, chiffre assurément très-beau et qui est dû évidemment,-
d'une part à la conservation facile de quelques fonctions de la
— i67 —
main^ malgré la pseudarthrose de Tavant-bras; d'autre part à
l'extrême facilité avec laquelle on peut maintenir au contact les
fragments osseux d'une fracture ou d'une résection dans cette ré-
gion.
De cette étude des diverses régions des membres, relativement
à la résection des fragments dans la pseudarthrose, il ressort que pour
l'avant-bras et un peu aussi pour la jambe, Topération, quoique pré-
sentant une assez sérieuse gravité, offre néanmoins des chances de
succès assez grandes pour que le chirurgien soit autorisé à y recou-
rir volontiers quand les autres moyens ont échoué, et qu'il est im-
portant d^agir chirurgicalement ; mais pour Phumérus la chose est
infiniment plus sérieuse, et si sérieuse surtout pour le fémur, que
vraiment il faut que le chirurgien et le malade soient poussés par
des considérations d'une absolue nécessité pour y recourir.
CONCLUSIONS
Pour en finir avec cette longue étude que nous venons de faire de
la résection, disons en quelques mots ce qui est ressorti de la dis-
cussion ;
1® C'est la résection des deux fragments avec la suture des os ; ou
bien, si ce procédé est inapplicable, c'est la résection d'un frag-
ment avec le grattage de l'autre, ou le grattage des deux fragments
toujours avec la suture des fragments, qui est le procédé opératoire
applicable quand on est décidé à recourir à la résection des frag-
ments dans le traitement des pseudarthroses ;
2<» A Tavant-bras et à la jambe^ le chirurgien peut se décider
assez facilement à cette résection, quand les auties moyens ont
échoué ; mais au bras^ et plus encore à ia cuisse, il faut une abso-
lue nécessité, l'opération étant très-loin d'être sans danger ;
3® On ne saurait considérer la résection comme une opération
de gravité moyenne d^une part, et d'efficacité assurée d'autre part.
En effpt, le chififre de la mortalité est, nous Tavons vu, assez élevé
pour que le chirurgien hésite longtemps avant d'y recourir; et
quoique, par les recofnmandations que j'ai faites plusieurs fois de
recourir d'abord à un apparej} palliatif pour ramener la vie locale
"Ws des conditions normales, le succès doive^couronner désormais
p'us souvent les teptatives, le chirurgien ne doit pas perdre de vue
"u seul instant que la résection fait courir des chances très-fâ-
^<^Uses, qu'il n'est autorisé à y recourir que lorsque les autres
— 168 —
moyens plus bénins ont échoué , que le traitement palliatif ne peut
être mis seul en œuvre, et que le malade a non-seulement un grand
désir, mais aussi un besoin indispensable d^être guéri de son infir-
mité.
CHIMIE ET PHARMACIE
Du miel ro«ai et «le ma ffeisiflcatioii t
Par M. J. Patkl, pharmacien.
Le prix très -élevé des roses de Provins a suggéré aux droguistes
et autres de nombreux modes de préparation du miel rosat, qui
tous tendent à dénaturer ce produit ; de sorte qu'il est rare de ren-
contrer aujourd'hui des mellites de roses préparés selon la formule
du Codex.
Le pharmacien peut et doit toujours, il est vrai, préparer le miel
rosat dans son-laboratoire, et, par suite, l'avoir tel qu'il doit être;
mais il doit pouvoir aussi, au besoin, reconnaître les falsifications
qu'on lui fait subir, ainsi que les caractères distinctifs d'un bon
miel rosat.
Les diverses falsifications consistent, tantôt à diminuer notable-
ment la proportion de roses prescrite; tantôt à remplacer Tinfusion
de roses rouges par une décoction d'écorces de chêne, mêlée à une
infusion de roses pâles et colorée artificiellement; tantôt à fabriquer
un miel rosat avec une infusion de coquelicots ou de roses tré-
mières^ additionnée de tannin, et parfumée soit avec l'essence de
géranium^ soit avec Teau de roses, ete.^ etc.
Toutes ces préparations sont loin de remplir le but que le mé-
decin se propose en prescrivant le miel rosat^ et, du reste, les
rempliraient-elles^ n'en sont pas moins des falsifications.
Il m'a donc paru utile de chercher les caractères distinctifs d'un
miel rosat bien préparé, caractères qui permettent de le distinguer
facilement des mellites plus ou moins altérés qui sont employés
chaque jour. C'est le résultat de ces recherches que je viens donner
ici en quelques lignes.
Prenons d'abord un miel rosat préparé d'après la formule du
— 169 —
Codex. Le mellite que donne ce procédé possède une odeur pro-
Doncëe et très agréable de roses de Provins ; sa saveur est tout à
la fois celle du miel et de la conserve de roses ; sa couleur est d'un
rouge un peu terne^ mais non brun ; une couleur brune serait l'in-
dice d'une falsification, ou elle prouverait au moins qu'on a em-
ployé un miel coloré pour sa préparation. Le miel rosat est rare-
ment limpide vu en niasse^ quelque précaution que l'on ait prise
pour filtrer l'infusion; vu en petite quantité, il doit être cependant
clair. Ce défaut de limpidité ne tient pas toujours au miel que Ton
emploie ; ainsi du miel de mercuriale préparé avec le même miel
que le mellite de roses pourra être clair, tandis que le dernier sera
légèrement terne ; ce qui me fait supposer que c'est l'infusion de
roses qui nuit à sa limpidité.
Ces caractères physiques n'ont rien de bien précis \ mais j'arrive
à des caractères plus tranchés.
Si à 4 grammes de miel rosat du Codex on ajoute 4 gouttes
d'acide chlorhydrique, on obtient par l'agitation un mélange très-
limpide d'une belle couleur rouge -framboise ; après quelques
instants, ce mélange se prend en une gelée claire, mais peu con-
sistante.
Avec l'acide sulfurique aux mêmes doses, on observe à peu près
les mêmes phénomènes, avec cette différence, toutefois, qu'au bout
de deux minutes, on obtient par l'agitation une gelée transpa-
rente^ très-consistante, et de cette belle gelée couleur de framboises.
Cette réaction est caractéristique.
Avec l'acide nitrique, le mellite prend une belle couleur rouge,
comme avec les deux acides ci-dessus^ mais il ne se prend pas en
gdée; ce n'est qu'après douze heures de contact que le mélange
s'épaissit un peu^ et au bout de deux jours, la couleur rouge a fait
place à une teinte cai'amel, qui elle-même s'affaiblit de plus en
plus avec le temps.
Le nitrate acide de mercure, toujours à la même dose, coagule
immédiatement le mellite du Codex, et le mélange prend une teinte
Inhd sale qui présente par la suite des taches grisâtres provenant
<lc la réduction du sel de mercure. Cette réaction est aussi très-
Cttractëristique.
Si l'on agite avec 4 grammes de miel rosat i gramme d'une so-
lution de nitrate d'argent au vingtième, on obtient après quelques
instants un mélange de couleur brun, noir, qui passe assez rapide-
>>^«a gris sale^ par suite de la réduction du sel d'argent; les
— 170 —
parois du flacon se tapissent d'argent réduit; le mélange conserve,
du reste, la consistance primitive du mellitc.
Les alcalis (ammoniaque, carbonate de potasse) font éprouver
un léger changement de couleur au miel rosat ; il prend une teinte
tirant un peu sur le vert; mais si Ton sature Talcali par un acide,
la belle teinte rouge reparaît aussitôt.
Le sulfate de fer y détermine^ comm(3 on doit s'y attendre, une
couleur noire ; c'est, du reste, ce qui arrive avec tous ou presque
tous les miels rosats, que Ton se garderait bien de ne pas addi-
tionner de matière astringente.
Les miels rosats falsifiés ont en général une teinte, rouge tirant
sur le brun, ou bien une teinte violacée ; leur parfum est d^ordinaire
ou trop fort ou trop faible; leur saveur ne rappelle que très-peu
celle du miel rosat ; ils présentent, du reste, de grandes différences
avec ce dernier, si on les traite avec les réactifs déjà employés.
Ainsi, tandis que l'acide sulfurique donne une réaction si carac-
téristique en produisant avec le mellite du Codex une gelée couleur
framboise, très-consistante, on n'obtient, avec les miels rosats faU
siiiés qu'un changement de couleur se rapprochant plus de U
teinte groseille; mais jamais le mélange ne se prend en gelée. On
trouve même des miels rosats qui n'éprouvent aucun changeaient.
Les acides chlorhydrique et nitrique sont aussi très-loin de pro-
duire les changements observés avec le véritable mellite ; la teiute
ne fait que s'éclaircir un peu et passer légèrement au rouge, seu-
lement avec certains mellites.
Le nitrate acide de mercure, qui donne instantanément une gelée
très-épaisse avec le miel du Codex, ne coagule pas, ou après plusieurs
minutes seulement, les mellites altérés. Jamais, du r-este, le codi-
gulum n'est aussi consistant. La réduction du sel mercuriel ne
s'opère aussi que difficilement, et l'on n'observe pas de fâches gri-
sâtres comme dans le premier cas.
Le nitrate d'argent ne produit la teinte gris sale qu'au bout dô
quinze minutes, et encore cette teinte n'est-elle jamais aussi nette
qu'avec le mellite du Codex; ce qui revient à dire que les mellile»
falsifiés réduisent moins facilement les sels d'argent.
Si l'on a affaire à un mellite dont la seule falsification njB pon.-
siste qu(î dans la suppression d'une partie des roses prescrites, c>n
reconnaîtra encore facilement cette altération.
Ainsi un pareil mellite ne dctnnera avec l'acide sulfurique qii'i-a> w
gelée derai-cou§ist4nle et de couleur groseille, taudis que peljcs ^
— 471 —
meilite vrai est plus ferme et plus foncée; du reste^ cette gelée ne
se formera qu'après cinq minutes au lieu de deux minutes.
Le nitrate acide de mercure ne coagulera ce meilite que diffici-
lement, et jamais le coagulum ne sera ferme comme dans le pre-
mier cas.
Enfin ce même meilite ne réduira le nitrate d'argent qu'au bout
de dix minutes.
J'ai passé en revue les différents miels rosats que l'on rencontre
le plus souvent; sans doute, j'en ai omis; mais ces recherches
n'ont qu'une importance relative; elles doivent être complétées. Je
me crois néanmoins autorisé à résumer mes observations ainsi
qu'il suit :
Tout meilite de roses qui, additionné de 4 gouttes d'acide sulfu-
rique pour 4> grammes de meilite, ne donnera pas, au bout de deux
ou trois minutes, une gelée consistante, limpide, de belle couleur
framboise, pourra être regardé comme falsifié, ou comme ne con-
tenant pas la quantité de roses prescrite.
Tout meilite de roses qui, additionné de 4 gouttes de nitrate
acide de mercure pour 4 grammes de meilite, ne donnera pas instan-
tanément un coagulum très-consistant de couleur brun sale, pourra
être regardé eomme falsifié ou comme ne contenant pas la quantité
de roses prescrite, (Archives médicales belges.)
BIBLIOGRAPHIE
TnAté MHoriquê et prtUique de la syphilis, par le docteur B. Lahcsrbavz,
ebef de clinique de la FacuUé de méUeciue de Paris ; lauréat de riustitut
de France^ de la FacuUé de naédecioe et de rÂcadémie de médecine, membre
de la Société de biologie ; accompagné de planches gravées et coloriées.
Nombreux, trop nombreux peut-être sont les ouvrages qui trai-
tent spécialement de la syphilis et d'une manière plus générale des
D»aladies vénériennes. En plusieurs, en effet, il est facile de lire
«*ns les interlignes que les auteurs y sont plus préoccupés de
donner à leurs leçons un retentissement lucratif, que d'éclaircir les
points douteux de la science et de travailler à son réel progrès. Il
•ttttt d'embrasser d'un coup d'oeil le vaste et complet programme
lie s'est tracé dans son livre noti'e très -distingué confrère, M. Lan
— 172 —
cereaux, pour reconnaître de suite que, si Fauteur vise ici à éclai-
rer, à assurer la pratique dans ses applications, il ne le fait pas
en y sacrifiant la science proprement dite, qui reste toujours l'objet
principal de sa laborieuse enquête.
Un historique inévitable de la syphilis précède le grand travail de
M. Lancereaux; nous n'en dirons rien, sinon qu^il est aussi com-
plet qu'il peut Têtre. Les lacunes qui se rencontrent sur plusieurs
points dans cette sorabre histoire, notre savanl confrère les a-t-îl
fait disparaîtie? Nous ne le croyons pas; et cette impuissance^
nous aimons mieux qu'elle s'avoue ingénuement, plutôt que de se
voiler sous le masque de théories qui se heurtent à chaque pas à
des faits qui leur échappent. Dans tous les cas, Fauteur n'a voula
rien laisser en dehors de son cadre et nous l'approuvons d'autant
plus d'avoir tracé largement cet historique^ que son livre n'aspire à
rien moins^ et non sans raison, qu'à être un traité complet de la
maladie dont il traite.
La plus grande partie de cet immense volume est consacrée à
la nosologie ; c'est que M. Lancereaux, partant de la lésion locale^
porte d'entrée de la syphilis, la poursuit dans toutes ses métamor-
phoses, depuis les manifestations cutanées ou muqueuses les plus
ordinaires, jusqu'aux manifestations viscérales les plus imprévues.
C'est même là, si nous ne nous trompons, ce qui donne sa véritable
originalité à son livre. Plusieurs des émules de notre laborieux con-
frère, plus habitués que lui à la pratique des manifestations vul-
gaires de la syphilis, ont pu en tracer un tableau au moins aussi
complet, au moins aussi vivace ; mais nous ne croyons pas qu'au-
cun d'eux^ et nous entendons parler ici des plus aulorisés, ait jeté
autant de lumière sur une des questions les plus graves de l'in-
toxication syphilitique, celle qui, par un progrès lent, insensible^
a fini par atteindre les viscères les plus importantes^ et en altérer la
vitalité de la manière la plus grave. C'est une chose étrange qne
cette incubation silencieuse d'un virus au sein de l'organisme^ et
qui tout à coup, au lieu de s'exprimer par ses manifestations cuta-
nées ou muqueuses ordinaires, traduit sa présence par les troubles
fonctionnels les plus graves^ soit du côté de l'appareil de la circu-
lation^ soit du côté du foie, soit du côté des centres nerveux, etc.
M. Yirchow, fidèle à sa doctrine de l'infection progressive^ pense
que, dans ces cas^ le virus ou quelque ferment, plutôt idéalement
connu que constaté^ cantonné dans quelque repli de l'organisme^
s'est propagé sourdement loin de son lieu d'origine^ et est vena
— 173 -
ainsi peu à peu troubler ces instruments principaux de la vie dans
leur rénovation moléculaire. M. Lancereaux s'abstient à cet égard
de toute hypothèse et se contente de constater le fait ; mais il le
constate par un nombre relativement considérable d'observations
presque toutes authentiques, et qui nous paraissent propres à faire
la conviction dans les esprits jusque-là les plus réfractaires à cette
conception. Convaincu d^ailleurs que les symptômes qui se mani-
festent en semblable occurrence se lient à .un traumatisme quel-
conque des organes dont ils traduisent la vie troublée, Fauteur
s'applique à rechercher en quoi consiste ce traumatisme^ et montre
qu'il consiste en des altérations dont le mode ne révèle pas la na-
ture spéciale sous l'influence de laquelle elles se sont produites.
Bien que l'illustre médecin de Berlin, dont nous parlions tout à
llieure, se soit efforcé d'appliquer le microscope à l'étude de ces
Déoplasies, et qu'il se soit livré à cette étude avec l'intention de
marquer^ s'il se pouvait, les caractères originaux qui pourraient les
distinguer^ il ne paraît pas qu'il y ait réussi. Notre attentif confrère
s'est proposé le même objectif, et sauf quelques circonstances de
forme des gommes syphilitiques^ siégeant dans les centres nerveux^
et évidemment insuffisantes au point de vue d'une caractérisation
sérieuse^ nous ne voyons pas qu^il ait été plus loin que le professeur
allemand dans cette délicate recherche. Mais heureusement le
succès de ces fines investigations importe plus à la science propre-
ment dite qu'à la pratique qui^ par la haute efficacité du spécitique
qu'elle emploie dans ces cas^ en révèle clairement l'incontestable
originalité.
Si nous avons cru devoir, dans cette esquisse rapide^ appeler
nurtout l'attention des praticiens sur cette partie du remarquable
ouvrage de notre savant confrère, c'est que c'est là surtout qu'ils
trouveront compendieusement développée cette page si importante
de l'histoire nosologique de la syphilis. Non que dans les ouvrages
<pii ont même de tcès-loin précédé celui-ci^ on ne trouve d'inté-
Kisantes données sur cette dernière étape de la syphilis ; mais nulle
part, même dans les livres les plus récents et signés des noms les
plus autorisés, on ne trouve aussi judicieusement colligés des faits
>i nombreux et si propres à forcer la conviction de ceux-là mêmes
fu inclineraient le plus au scepticisme. Ces localisations tardives
^ ferment syphilitique^ on en trouve donc de nombreux exemples
"*n8 l'ouvrage de M. Lancereaux; mais épuisent-elles toutes les
^'"^ilestations possibles de la maladie? Nous ne saurions le ^eivc^t»
— 174 -
Maintenant que les yeux des observateurs sont ouverts sur les faits
de cet ordre, et, nous aimons à le répéter, grâce surtout aux labo*
rieuses enquêtes de notre laborieux et sagace confrère^ nous ne
doutons pas que Tavenir n'étende encore les limites de cette féconde
observation. Sans prétendre, pour notre compte, à reculer ces
limites, qu'il nous soit permis de signaler à notre savant confrère
un cas d'ataxie locomotrice progressive déjà assez avancée dans ses
manifestations, et qui disparaît assez rapidement, et sans laisser
de traces^ à la faveur d'un traitement antisyphilitique méthodi-
quement employé. Quand on pense que cette grave affection aboutit
presque constamment à un terme fatal, bien que tardif^ on est heu-
reux de penser que des cas peuvent se présenter à l'observation où,
s'il sait s'informer suffisamment^ le médecin peut tempérer un peu
la gravité de ce pronostic.
Nous voudrions pouvoir suivre Fauteur dans maintes autres
pages de son livre^ par exemple dans le judicieux tableau qu'il
trace de la syphilis héréditaire^ dans le jugement qu'il porte sur la
sypliilisation^ dans tout ce qui a trait à la prophylaxie de la
syphilis , dont il est temps de s'occuper sérieusement, dût-on^ dans
les mesures qu'elle commande^ porter quelque atteinte à la liberté,
qui^ en somme, n'est ici que la liberté dans le mal, etc. Mais le
temps et l'espace nous manquent tout ensemble, et nous nous con-
tenterons des indications qui précèdent,, bien qu'elles n'expriment
que d'une manière fort incomplète tout ce que nous pensons de
bien de ce livre. Un long temps se passera peut-être avant que les
livres, nos livres surtout^ puissent arriver à se rééditer^ heureu-
sement pour celui-ci, quoiqu'on y pût signaler quelques lacunes
et y rectifier quelques vues un peu aventureuses^ le fond en est so-
lide, et la pratique, pendant de longues années, pourra y puiser
des enseignements sûrs, comme la science y trouvera un point de
départ certain pour s'avancer encore, s'il se peut^ dans la voied'mi
nouveau progrès.
SULLETIM DES HOPITAUX
Deux cas bb delirium tremens dans lesquels, après l'échk
DE l'opium, la 6UÉR1S0N A ÉTÉ OBTENUE AU MOYEN DE LA DIOI*
TALE. — Le Bulletin de Thérapeutique est le premier journal en
— i75 —
France qui ait fait connaître au public médical (1860^ t. LIX) le
traitement dii dclirinm ircméns par la digitale à haute dose. On se
rappelle que ce traitement révélé par le hasard au docteur Jones,
de Jersey^ puis expérimenté par ce chirurgien dans Un grand
nombre de cas^ a donné à notre confrère anglais des efEets qui lui
ont paru si satisfaisants^ qu'il a cru devoir le recommander comme
étant supérieur aux autres moyens mis en usage jusque-là. Il pa-
rait avoir été adopté, en Angleterre et avoir procuré en général
de irÈs-bons résultats, tandis qu'il a été, sinon tout à fait^ du
moins presque tout à fait négligé en France, malgré la recomman-
dation si pleine d^autorité de M. le professeur Gubler, qui^ dans ses
commentaires thérapeutiques du nouveau Codex^ a pris le soin de
spécifier les cas pour lesquels la médication par la digitale doit être
réservée. Sans aucun doute, un des motifs qui ot)t pu et dû retenir les
praticiens français, c'est la crainte de donner lieu à des accidents
toxiques par l'emploi d^ aussi hautes doses de teinture de digitale
que celles indiquées par M. Jones, dans l'incertitude où nous
sommes si la teinture de digitale^ en Angleterre et en France, ren-
ferme les mêmes proportions de principe actif. On verra dans les
observations suivantes que les quantités élevées recondmandées par
le chirurgien de Jersey ne sont pas nécessaires, puisque les doses
qui ont été administrées dans ces cas furent beaucoup moins con-
sidérables.
Qltt. I. — C*** P***, âgé de quarante-deux ans, employé, est
mxé à rbôpital Saint-Barthélémy, Ghatham^ le 3 Juillet 1869.
Aretatrée, le malade présentait tous les symptômes ordinaires du
MiHtttn tremen8> dont le début, d'après les renseignements reçUs^
lemontait déjà à quatre jours. On lui prescrivit XXX fninims de
liqueur sédative d'opium dans une once d'eau à répéter toutes les
trais heured. Durant toute la nuit, il fut en proie à Une agitation
incoercible, et on fUt dans la nécessité de mettre auprès de lui Un
hobimé pour le surveiller d'une manière incessattte. La miiture
ti-nlessus désignée fut continuée aux mêmes doses jusqu'au 7 juil-
kt} c'est-à-dire pendant quatre jours, mais sans aucun résultat
avantageux. Bien au contraire, il devint de plus en plus violent,
E attisant des cris de toutes ses forces ; une fois même il sortit de son
l^et, en dépit des efforts de son gardien, îl parvint à ouvrir une
des fenêtres de la salle.
U 7 juillet, aucun effet n'étant obtenu au moyen de Topium,
on prescrivit : teinture de digitale 2 drachmes (1 drachme = 3b^88)
<^8 une once d'eau à faire prendre toutes les trois heures. Ce
^icament, commencé le soir, fut continué aut intervalles qui
^iconeut d'être indiqués jusqu'au lendemain, trois heUlres du solt^
— 176 —
oîi le sommeil arriva. Le malade se réveilla le matin, parfaitement
calme et ayant repris tout à fait l'usage de sa raison. Il sortit guéri
le 10 juillet.
Obs. II. — Le nommé G*** M***, âgé de quarante-deux ans, est
admis à Thôpital le 16 février 1870, présentant également les
mêmes symptômes du delirium tremens. Les renseignements por-
taient que, depuis un mois^ cet individu avait été presque constam-
ment en état d'ivresse. Pouls à 80, langue saburrale, nausées. On
lui administre immédiatement des pilules de coloquinte composées,
10 grains; puis, à cinq heures quarante minutes du soir, on fait à
la partie interne du bras droit une injection sous-cutanée d'un
quart de grain de morphine. Â huit heures cinq minutes du soir,
garde-rohe abondante; beaucoup de nausées; pas de sommeil.
Injection d^un demi-grain.
Le 17 février, à minuit et demi, pas de sommeil. Nouvelle in-
jection d'un demi^rain. A six heures du matin, le malade e&t tou-
jours sans sommeil et très-agité. Injection de trois quarts de grain.
A dix heures et demie du matin, continuation des nausées. Il n'y a
pas eu un instant de repos durant toute la nuit. Potion efferves-
cente^ fragments de glace, injection de 1 grain de morphine. A une
heure cinquante minutes^ disparition des nausées, mais toujours
aucun repos. Nouvelle injection de 1 grain, répétée, les symptômes
ne se modifiant pas, à^cinq heures cinq minutes, puis à huit heures
quinze minutes. La nuit, le malade dort à ditférents intervalles, et
le matin venu^ de bonne heure, nouvelle injection de 1 grain.
L'augmentation de Tagitation oblige à injecter encore trois fois la
même dose.
Le matin suivant (19 février)^ l'excitation et l'insomnie persis-
tant, on cesse les injections hypodermiques et Pon fait prendre une
drachme de liqueur sédative d^)piumy puis toutes les trois heures
XXX minims de la même préparation, le jour et la nuit, et néan-
moins c'est avec la plus grande difticulté qu'on parvient à mainte-
nir le malade dans son Ht. C'est pourquoi, le lendemain, âO février,
Topium est laissé de côté et remplacé par 2 drachmes de teinture
de digitale dans de Teau qu'on administre à midi ; le même médi-
cament est répété à la dose de 1 drachme toutes les trois heures
jusque vers onze heures du soir où le malade s'endort d'un som-
meil paisible et profond qui dure jusqu'à six heures du matin. A
dix heures et demie, le malade paraissait avoir toute la liberté de
son intelligence -, on lui administre néanmoins encore une dose
de teinture de digitale. Il y eut à la suite cinq heures encore de
sommeil dont il sortit tout à fait remis et en état de manger un bon
repas.
Cet homme partit guéri le 2 mars , n'ayant laissé voir aucun
retour des symptômes de sa maladie.
Ainsi ces faits démontrent, comme a soin de le remarquer
M. Nankiwetl, dans le service duquel ils ont été observés, qu'il est
— 177 —
des cas où le médicament généralement regardé comme méritant
d'être placé au premier rang des moyrns à opposer au delirium
tremens, l'opium, peut se montrer impuissant à faire cesser les
symptômes de cette grave affection.
CSela peut être une question de doses : car si ^généralement encore,
il est admis que dans cette grave maladie l'opium peut et doit
être administré à haute dose, et si dans beaucoup de cas il a été
employé en effet très -largement et, paraît -il, avec succès, on sait
que des médecins des plus autorisés, entre autres M. Galmeil, sont
d'avis qu^il convient de ne l'administrer qu'à des doses beaucoup
plus modérées qu'on ne Ta fait souvent.
Quoi qu'il en soit, dans les cas dont nous venons de donner
Fanalyse, Topium n'a donné aucun résultat satisfaisant.
Dans le premier, le malade s'est montré beaucoup plus agité et
phis violent pendant le temps qu'a duré l'administration de l'opium,
qu'il ne Tavait été auparavant, tandis que la digitale amena rapide-
ment le sommeil.
Dans le second, l'injection sous -cutanée de morphine procura à
dieax ou trois reprises un peu de sommeil pendant un court espace
de temps, après quoi le malade se montra, chaque fois, beaucoup
plus violent qu'auparavant. On essaya, en conséquence, d'admi-
nistrer l'opium par une autre voie et on le fit prendre par la bou-
che ; mais cela ne réussit pas davantage, car le délire et Tagitation
allèrent plutôt croissant jusqu*au moment où l'on se décida à re-
courir à la digitale.
n est bon de remarquer que dans aucun de ces deux cas la di-
^ftale ne fut administrée aux doses élevées recommandées par
M. Jones, mais seulement à celle de 1 drachme répétée toutes les
trms heures, ce mode d'administration ayant paru à M. Nankiwell,
d'après son expérience à l'hôpital Saint-Barthélémy, présenter à
U fois toutes les conditions désirables de sécurité et de succès.
RÉPERTOIRE MÉDICAL
REVUE DES JOURNAUX
Aakylose de la hanche i 1870. 11. W. Adams a présenté k la
!^«lUMi soMë-cMianée da col Société médicale de Londres un
1; gaériaon. Le 25 avril homme auquel il a pratiqué ayec
TOU hXXX. 4* LIVR. 12
- 17S —
ÉQCC^ h réseclion soos-cntanée du
col du fémur, dans Tiatérieur de la
capsule, pour remédier à une diffor-
mité considérable et à une ankylose
osseuse de rarticulation coxo-fémo-
raie. Le sujet est un homme de vingt-
quatre ans; Taultylose a dél)uté il y a
sept ans et demi à la suite d'une
attaque de rhumatisme. On fut con~
vaincu que Tankylose était osseuse
par ce fait que, le sujet étant chloro-
formé, l'extensloD forcée échoua, bien
qu'à trois reprises successives on y
eût employé une force considérable.
Le1*r décembre 1869, M. Adams
sectionne à Tintérieur de la capsule le
col fémoral, en se servant d'un long
ténotome, puis d*une étroite scie sous-
cutanée à lame de 1 pouce et quart de
long. L'os sectionne, il fallut, pour
pouvoir placer le membre dans rex-
tension, diviser le tendon du droit
antérieur, celui du long adducteur, et
enûn le tenseur du fascia lata ; le
membre fui ensnite fîxé à une longue
attelle droite. Celte opération a été
faite à Great-Northorn bospital ; le
chirurgien en a communiqué les dé-
tails et montré les instruments à la
Société the Lancet ne fait connaître
ni les uns ni les aufres). Le 7 dé-
cembre on fait le premier pansement,
il s^échappe quelques gouttes de pus
de la plaie superficielle, mais il ne se
forme pas de suppuration profonde.
Pansement avec solution phéniquée.
Le 16, on enlève Tattelle; Topéré
peut soulever la jambe presque aussi
bien que la saine; il se passe des
mouvements à la hanche. Le 22 dé-
cembre, la plaie superficielle est à
peu prës cicatrisée et le malade se lève
pour la première fois trois semaines
après l'opération.
Pendant une quinzaine de jours, k
{)artir de celte date, M. Williams fit
iaire des mouvements; mais voyant
qu'on ne pouvait les conserver et qoe
le membre commençait décidément à
s'enroidir, il abandonna l'idée d'ob-
tenir des mouvements, et essaya d'ar-
river à une ankylose osseuse avec le
membre dans l'extension. L'opéré fut
tenu au lit, la jambe étcndite^ 0i dea
tractions faites sur elle par un poids
de 3 livres; au bout de trois se-
maines le col du fémur semblait soli-
dement uni, et, le 24janvier, le malade
est transféré à Royal-Orlhop^dic
hospital, oti il est encore. Depuis cette
tfale jusqu'amourd'har, Topéré a été
lenu généralement au lit, la jambe
mainteaue par un poids extenseur;
mais on Ta laissé faire cfaaque jour
un peu d'exercice, d'abord avec deux
béquilles, puis avec une ou deux
cannes. Aujourd'hui il ne se sert plus
que d'une seule canne et marche
beaucoup chaque jour. Jl peut mar-
cher dans la salle sans canne et sans
aide quelconque, mais il n'a pas en«
core assez confiance dans ses forces
fiour en faire davantage. En somaoe,
e succès est aujourd'hui complet, et
cet homme est eu voie de recouvrer
un membre utile et solide. (Lyon
médicaX)
IVoyaox de cerises «rrélés
ii la iralvale lléo-eœeale ; naf
le docteur Eroery. — Le 5 juillet
1863, M"» B***, femme d'un chef de
bureau à une compagnie de ehemlo
de fer, me présentait sa petite fille,
âgée de deux ans environ, laquelle,
dans les premiers jours du moia de
juin, avait mangé des cerises aaia
qu'on eût eu soin de Tempécher d'ea
avaler les noyaux.
Quelques jours après l'iogestion de
ces cerises, la petite fille avait été
Îirise do diarrhée, puis de téneamOf
equel s'était progressivement accru,
au point que depuis huit jours Ten-
faut ne restait pas un quart d'beare
sans s'accroupir et faire des eflbrta
de défécation qui n'aboutissaient qd*i
l'expulsion de quelques gouttes de
liquide jaunâtre et poisseux.
Cet enfant, qui avait toujours été
forte et avait joui d'une bonan santé*
était très-amaigrie ; elle mangeait
peu et seulement des aliments demi-
liquides (lait, panade) ; elle ne pa*
raissait éprouver des douleura qn'at
moment où elle faisait des ellorta potf
aller à la garde-robe.
L*abdomen était tendu sans être
trop ballonné. A la palpation (la
mère a été la première à me le fiiire
observer) on troavait, aa niveaii de
la fosse iliaque droite, une tumeor
assez volumineuse, molle, et sous la
pression des doigts on sentait mou-
voir des corps arrondis que l'on dé-
plaçait facilement.
le Ile saurais mieux faire, pour
donner une juste idée de l'impression
produite par le déplacement de ces
corps, que de la comparer à celle
qu'on éprouve en pressant le jabot
d'un poulet gorgé de grains de mais.
Evidemment cette tumeur était pro-
duite par les noyaux de cerises acctf-
mnlés dans cette partie de l'intestin,
formant bouchon et ne donnant
— 179 —
sage qu'aux matiëras liquides du
produit de la digestion.
Les premiers noyaux de cerises in-
gérés, ayant parcouru rinlestiOigrêle^
s'étaient arrêtés à la valvule et avaient
opposé un obstacle à ceux que la petite
fille avait avalés les jours suivants et
il tous les corps non réductibles par la
digestiutt.
L'enfant avait déjà reçu les soins
de deux médecins, qui avaient eu re-
cours aux lavemeuts. aux purgatifs
et aux émollients (bains, cataplas-
mes, etc.).
Je ne crus pas devoir de nouveau
aiBployer cette médication, et je
prescrivis une potion avec la strych-
iiioe« qui produisit des contractions
évidentes des membres et probable-
■ent de l'intestin, mais sans aucun
résultat pour l'expulsion des matibres.
Le surlendemain^ j'ordonnai des
ÏHctlons sur la fosse iliaque droite
avec une pommade à l'extrait de bel-
ladone et du sirop de belladone ii
ViUtérieuri à prendre dans de la
tisane de tamarin.
Vin|Strquatre heures aprës, l'enfont
rendait quelques noyaux de cerises
({*avais prié sa mëre de conserver le
plus qu'elle pourrait des matières
«puisées).
Le traitement fut continué, et au
bout de sept jours la mëre m'appor-
tait trois rent huit noyaux de cerises
el UD fragment d'os de côtelette ; c'é-
tait, me disait-elle, tout ce qu'elle avait
pa garder, car la petite fille en avait
rsadîi quelquefois liors de chei elle,
•t elle n'avait pu les recueillir.
Ces corps étrangers étaient done
nslés impunément, pendant près
é'nn mois, en grande partie vers la
vilvale iléo-coecale et le reste au-
éMsasi
Depais lors la santé de cette enfant,
ipi est aujourd'hui une jeune fille,
a'i pas paru se ressentir de cet accl-
émt. {ÂbeiUê mêdiccUei)
Troie céis de giiérlsoD de
héntle. Aux cas de guérison de
Fyémie récemment cités par Guérin
tt pir Broca, on peut ajouter trois
nires faits décrits par J. Bell.
Le premier se rapporte à un jeune
«KDme de vingt- trois ans, chez lequel
^•Bvrit un abcès osseux du tibia. 11
K produisit alors une sécrétion trës-
PJ|flde, accompagnée de fièvre et d'un
J]f^e firieux : bientôt suivirent deux
>^utoui. j. fiell fit alors i'ampuU-
tion de la cuisse aa tiers inférieur {
plus tard, quatre abcès secondaires
se formèrent dans la cuisse; puis le
malade se plaignit de douleurs tho-
raciques et fut pris d'une toux assez
vive; dans un effort de toux assez
violent^ il cracha une certaine quan->
tité de pus mêlé de sang. Mais bientôt
les lésions pulmonaires diminuèrent
d'intensité et les abcès, qui avaient été
traités par l'acide phénique« guérirent
rapidement; enfin, deux mois après
l'opération, le moignon était entière-
ment cicatrisé.
Le deuxième malade est un jeune
homme de dix-sept ans qui, dans une
ehute. s'était fait une fracture iotû-
pliquée du tibia gatiche avec dlie dé-
chirure de Tartère tlbiale antérieure.
Quelques jours après survint une
gangrène humide du membre, qui
s'étendit, en peu de temps^ Jusqu'àti
milieu de la cuisse. L'amputation ftit
faite près du trochanteri
Après l'opération, le malade fut
extraordinairement agité; du onzième
au quatorzième jour, il fut pris de
trois frissons, puis Survint dans là
moitié gauche du thorax une inatlté
très-nette; quelque temps après, il
rendit une certaine quantité de pus
en toussant. Cependant son état s'a^
méliora rapidement, etj deux mois
après l'opération, le malade qttltUI
l'hôpital, complètement guéri.
Le troisième malade est tm Jeana
garçon de quatorze ans, à qui l'du fat
obligé de faire une amputatieh pH^
mitive de la cuisse pour un éorase^
ment de la jambe.
Mais la plaie fut bientôt prise àê
gangrène nosocomiale; le malade sa
plaignit denombreui frissons; le pied
gauche se tuméfia, devint ddoîda-
reux; une diarrhée abondante tint
encore Tépuiser davantage ; cepen-
dant Tappetit était toujours bon^ et^
dix jours après, tous ces symptômai
graves diminuèrent petit à petit d'in-
tensité, puis disparurent. Le malade
rendit aussi dans ce eas par la bouché
une certaine quantité de pus prete-^
nant de la rupture d'un ab«ès piilflid-<>
naire.
La région hépatique était atliai
très-douloureuse^ et, pendant qoèl^aa
temps, on observa dans les selles une
certaine quantité de pas qai, d'après
l'auteur, pouvait bien provenir de la
rupture d'un abcès hépatique dans Itf
canal intestinal; les urines dontettaieflt
aussi de notables quantités de pas)
peu à peu l'état du mAlajii«%'«nJ^9Awt«L%
— i80 —
quatre mois aprbs, il était en com-
plète voie de guérison.
Un séquestre de la surface de sec-
tion fut alors extrait, et la guérison
fut bientôt définitive.
Le traitement suivi fut, dans les
trois cas, le même. Localement. Bell
employa Tacide phénique ; une nour-
riture forte, des boissons alcooliques
servirent à remonter Tétat général.
Le chirurgien anglais regarde des
soins judicieux et constants comme
un des meilleurs adjuvants ; jamais
aucun spécifique ne lui a paru être de
quelque avantage. {Abeille médicale,)
ObserYatioB d'Uéos guéri
par rélectriclté s par le docteur
Macario. — M. M*'\ âge de soixante et
onze ans, d'un tempérament nerveux,
d'une constitution sèche, demeurant à
Mice, avenue du l'rince- Impérial,
no '2b, est atteint depuis longtemps de
dyspepsie hypocondriaque et sujet
à une constipation opiniâtre pour la-
quelle il a trbs-souvent recours aux
purgatifs et aux lavements simples ou
irritants, dont il abuse d'une manière
étrange. Dans la matinée du 21 fé-
vrier, il s'administra, en effet, six
lavements dans Tespace de quelques
heures/ afin, dit -il, de vider complè-
tement son intestin j il garda les deux
derniers, puis il déjeuna comme d'ha-
bitude, et, une demi-heure après,
c'est-à-dire vers onze heures, il fut
pris tout à coup d'une vive douleur
dans la région ombilicale, qui alla
toujours en augmentant. Cette dou-
leur suivait le côlon transverse et lui
barrait le ventre, suivant son expres-
sion.
Vers quatre heures du soir, le
malade commença à vomir et eut en
même temps une garde-robe liquide,
reliquat sans doute des lavements pris
dans la matinée; puis les selles furent
complètement supprimées, ainsi que
l'issue des gaz par l'anus ; il y eut en
•utre suppression des urines pendant
la nuit et des crampes violentes aux
mollets ; ses traits étaient fort altérés,
le regard était fixe, hagard; en même
temps, les vomissements se succé-
daient à de courts intervalles, tous les
quarts d'heure environ, d'abord bi-
lieux, pois stercoraux.
Le lendemain matin 22, M. le
docteur Massiera lui prescrivit un
purgatif, qu'il vomit aussitôt avec des
matières stercorales. — Mon confrère,
jugeant avec raison le cas très-grave,
Youloi s'entourer de conseils, et il
me fit l'honneur de m'appeler en con-
sultation. Lorsque j'arrivai, il y avait
vingt huit heures que les premiers
symptômes étaient apparus; le patient
était plongé dans une sorte d'assoa-
pissement. d'oîi il était tiré tous les
quarts d'heure par des douleurs ab-
dominales crampoldes, suivies de yo-
missements. H n'y avait çoint de
fièvre, mais le pouls était petit, misé-
rable, le ventre ballonné ; les circon-
volutions intestinales se dessinaient
à travers les parois abdominales ; il y
avait du hoquet; des vomissements
stercoraux eurent lieu en ma pré-
sence. J'explorai avec soin le ventre
et ne trouvai point de hernie d'aucane
sorte. Le matin: il lui fut administré
un lavement purgatif avec 2 gouttes
d'huile de croton tiglium, qui fat
aussitôt rendu.
En présence d'un cas si grave
d'iléus, l'idée me vint d'appliquer
l'électricité; elle fut acceptée par le
docteur Id assiéra. Je courus chez mol
chercher l'appareil d'induction volta-
faradique de Gaiffe et je procédai de
suite à l'opération. A cet effet, j'in-
troduisis dans le rectum un réopbore
métallique à olive, que je fis commu-
niquer tantôt avec le pôle positif^
tantôt avec le pôle négatif, et promenai
l'autre réophore, garni d'une éponge
mouillée, sur les parois abdominales,
le long du côlon transverse, partfca-
lièrement oii était le siège de la dou-
leur. Je donnai de prime abord le
courant en entier. Sous son influence,
les parois du ventre se soulevaient
comme une 'mer agitée ; le patient
poussait des cris et nous priait en
grâce de cesser. L'opération dura dix
minutes. Immédiatement après, la
douleur en barre avait disparu, les
vomissements ces.«èreut et l'état gé-
néral s'améliora notablement. Nous
crûmes devoir suspendre l'électricité
et attendre les événements. Le calme
se maintint, les vomissements ne re-
parurent pas. Dans la soirée, quatre
heures après l'opération, il y eut une
première évacuation alvine, liquide et
spontanée, qui fut suivie de deaz
autres, également liquides, dans le
courant de la nuit, et le lendemain
tout était rentré dans l'ordre. Le
ventre était souple; mais il resta
légèrement douloureux à la pression
pendant deux ou trois jours. {Lyon
médical,)
lie permanganate de
tasae dans qnel^nes
— iSl —
dUes des iemnies % tradait par le
docteur Y. Dubois. — Le docteur Wil-
liams, de Sprinborg, appelle l'atten-
tiou des pratieieos sur quelques ap-
plicalioDs du permanganate de potasse
dont les auteurs ne parlent pas. Ce
médicament, vanté depuis quelque
temps pour les services qu*il a reudus
à la pratique chirurgicale, n'est pas
moins utile en obstétrique et en gyné-
cologie, -et l'auteur en a retiré de
grands avantages contre les locbies
purulentes abondantes et de longue
durée. Il y a un an, il fui appelé
auprès d'une femme accouchée de
quinze jours, primipare, «et d'une
constitution scrofuleu^e; un homœo-
palhe l'avait assistée dans son accou-
eberoent, qui fut^ du reste, très-facile.
liais les lochies, abondantes au dé-
but, devinrent, vers le cinquième ou
sixième jour, purulentes et extrême-
ment fétides, et s'accrurent si fort,
att'on manda le docteur Williams,
lotre homœopatbe, consulté par le
mari et sa femme, justement alarmés,
avait déclaré qu'il n'y avait rien à
faire, que l'intervention du médecin
f courrait tuer la malade et que l'af-
èction guérirait d'elle-même. A la
Ïiremière visite du docteur Williams,
es lochies étaient tellement fétides,
que, même à distance, on ne pouvait
pas rester dans la chambre. Pour
chasser cette fétidité et bien déterger
les parties, il prescrivit une solution
de permanganate de potasse (0e,50
dans i litre d'eau tiède) et ordonna,
des injections abondantes doux fois
par jour. Deux jours après, à sa
seconde visite, toute odeur mau-
vaise avait disparu et les lochies,
d'apparence normale, étaient beau-
eoap moins abondantes. On continua
le même traitement pendant deux au-
tres jours, et la guérison fut assurée.
fleoreux de ce succès, l'auteur .
eiaya du même remède dans plu-
liears autres cas et réussit parfaite-
Kent. Non-seulement le permanga-
ute de potasse eulève la fétidité et
■odifie la qualité de la sécrétion,
ttis en diminue la quantité. Aussi
poamit-il être utile dans le cas de
tinple hypersécrétion lochiale: deux
^ de l'auteur confirment cette idée,
^acoup d'accoucheurs font dépen-
^ cette hypersécrétion d'ulcérations
do canal cervical ou du museau de
ISDche, et Cazeaux, entre autres,
propose à cet égard l'emploi du spé-
^iâmetde la pierre infernale. Bien
VM ces nlcérations n'existent pas
toujours, peu importe, le permanga-
nate de potasse sera également efficace,
sinon pour guérir radicalement, du
moins cour activer considérablement
la guérison. On pourrait donc l'em-
ployer aussi contre les ulcères de
l'utérus dépendant de causes diverses,
et l'auteur cite, à l'appui de ce qu'il
avance, trois cas guéris par lui. Il ter-
mine en exprimant l'espoir que d'au-
tres praticiens von()ronl bien essayer
ce remède et publier leurs observa-
tions. {Journ, de méd, de BruxeUes.)
Mëtaax électriques dans
les maladies nerveascs ; par
le docteur Miergues. — Voici com-
ment M. Miergues applique le couple
électrique : pour une gastralgie, par
exemple, il fait appliquer sur Tépi-
gastre un disque de zinc sous lequel
est placée une rondelle de drap hu-
mectée d'eau vinaigrée , et un disque
de cuivre, accompagné aussi d'une
rondelle acidulée, est placé entre les
épaules ; ils sont réunis tous les deux
au moyen d'un fil conducteur et le
tout est maintenu par une ceinture.
Bien des fois il a employé le couple
galvanique, et toujours avec succès,
dans des cas de gastralgies, de né-
vralgies capricieuses et souvent re-
belles à tout traitement, de crampes
des membres inférieurs chez les
femmes enceintes, etc.
Entre autres faits, il cite l'histoire
d'une canlinière du génie atteinte de
gastralgie; cette affection avait résisté
pendant plusieurs années à tous les
traitements qu'on lui avait opposés,
la malade était devenue anémique, sa
douleur ne lui laissait pas de repos,
sans être aggravée ni diminuée par
l'alimentation. La malade a gardé
huit jours le couple galvanique, au
bout desquels une éruption pustuleuse
développée sous la plaque de zinc la
força de lever l'appareil La douleur
avait disparu pour ne plus reparaître.
[Journ. de méd. de Bruxelles.)
De riodare de potasslani
dans le traitement de la pa-
ralysls a8(ltans ; par le professeur
Villemin. du Val-de-Grâce. — Il
s'agit d'un soldat de trente ans, chez
lequel la maladie débuta, en 1865,
par des douleurs dans l'épaule, le
bras et la j ambe droite, avec vive
céphalalgie. Le 24 septembre 1869, le
tremblement commença à se mani-
fester dans le bras, et le 30 décembc^
dans la tète ; lo» do\i\«MX% ^\&^^t^yc^\]Xv
— 183 —
Bitis le tremblemtiil empira pregres-
slvenent.
Au moment deradmission k l'hôpi-
tal, le tremblement occupe la tèle et
le membre supérieur droit; il consiste,
pour la téte^ en des mouvements de
fotation continuelle vers la droite,
accompagnés d^a^aissement et de re-
dressement sur le cou, et, pour le
membre supérieur, en mouvements
de pronation et de supination de la
totalité du membre combinés avec des
mouvements de flexion et d'extenuion
des doigts sur la main, de la main sur
l'avant-bras, et de Tavant bras sur le
bras. Le membre inférieur n*est le
siège (l'aucun mouvement patholo^i-
crue, mais la coniractiMté y est bien
diminuée. Les diverses sensibilités
font complètement perdues ou très-
notablement diminuées dans toute la
moitié droite du corps.
La maladie, soumise successivement
au^ eaux de pourbonne, au bromure
de potassium jusqu'à la dose de
iO grammes par jour^ au nitrate d'ar-
fent. jusqu'à commencement de teinte
leuaire de la peau, ne fut nullement
influencée et continua ses progrès;
M. Villemin administra alors l'iodure
de potassium, qu'il porta rapidement k
Z grammes par jour. Dès lors un
amendement sensible n'a pas tardé à
se manifester; Tagitatipn de la tète a
comipeQiïé ^ diminuer; elle était com-
plètement suspendue au bout de trois
semaines; la sensibilité avait aussj
lég^reiqen^ paru dans le bfas droit ;
mi|is je niaïade, qui était réformé, a
^oula gbs^luroent sortir de l'hôpital.
L'aotçur ne donne aupûn renseigne-
ment sqr l'état dé son malade au point
de vue de U ^philis.
Quoique l'observation de M. Ville-
n)ln ne soit pas cpmplëte^ elle nous
pafalt intéressante par les heu peux
r^sujtata que l'iodure de potassium a
paru obtenir dans uue affection aussi
grave que la paralysie agitante;
M. Âxenfeld avait déjà pu suspendre
pend^ut dix-huit mois les manifesta-
tions morbides dans un cas de para-
lysis agitans par l'usage combiné de
nodure de potassium, des bains sul-
fureux et (Tun cautère à la puque.
{X(Uon mèdica\,)
Pansemefit des plaleit an
chlprpre de zinc. La question du
traitement des plaies est toujours et
plus que jamais à l'ordre du jour.
t)ana le numéro dq 15 octqbre du
MrMsh AHkHcàl Journal, M. Camp-
bell de Morgan, chirurgien de 11
sex hospital à Londres, a faàX
rer la note suivante sur le TVati
des plaies d'armes à feu par le
rure de zinc. Apres avoir fait <
ver que la guerre actuelle foun
occasion pour témoigner des n
de divers désinfectauts, et qu
impossible, dans les pansemén
suivent les batailles, d*employ<
cide phénique avec le soin et 1
tails minutieux nécessaires à soi
ces, il demande que l'on essj
chlorure de zinc, que pour sonc
il emploie encore de préférence
autre désinfectant. Pour les
récentes, il emploie une solutj
30 à 40 grains pour 1 once d'es
tillée; au moyen d'une éponge
arrose largementla plaie, surtou
ses angles et ses anfractuosités,
les cavités osseuses comme ail
jusqu'à ce que toute la surface
aspect crémeux. Gela amène ui
sudation sanguine passagère ;
les vaisseaux importants, on
comme d'habitude, puis on re<
d'une compresse trempée dans u
lutionde5 grains de chlorure d
pour 1 once d'eau, et que l'o:
tenir constamment humide. SI h
6Ht contuse, on doit agir de i
sauf la réunion qu'il ne faut pas
La plaie réunie se remplit en
ou vingt-quatre heures de a^
sanguinolente; on l'évacué en
chant un point de suture, puisoi
nit et on panse comme précéder
En agissant ainsi, M. de Mor
obtenu la cicatrisation rapide e
suppuration de plaies confuses (
chirées, la réunion parfaite pai
mière intention dans de grande:
rations comme l'opération de la c
et fort souvent la réunion ave
très- faible suppuration. U pens(
sans faire disparaître absolum
pyohémie, ce mode de traitem
rend beaucoup plus rare, en a'
sant efficacement à la putréfactii
liquides produits à la surfac
plaies. (Lyon médical.)
Un noairel anflsepth
traduit du Lancet, par le d<
H. de Br... — Le chlorure h]
d'aluminium, sur lequel M.'
Gamgce vient d'appeler l'atU
des praticiens et du public, »
être un important antiseptique.
Il est aussi puissant que lechl
de zinc ou l'acide phénique, el
sente en outre l'avantage de n
— 183 —
être vénéneux el d'être dépourvu de
tonte odeur désap^réable. Os qualités
De peuvent manquer de lui assurer une
vofiTue aussi prompte qu'étendue.
IJ est étrange que les propriétés de
cet agent n'aient pas été reconnues
plus tôt. Gela lient probablement à ce
qu'il ne constitue pas un produit inu-
tile dans les manufactures cbimiques :
anhydre, il sert à la fabrication de
l'aluminium, et partant il est trës>coù-
teux.
Le procédé le plus économique
pour préparer le chlorure d'alumi-
nium hydraté consiste à faire réagir
le sulfate d'alumine sur le chlorure
de calcium du commerce. Il se fait
une double décomposition. Au mo-
meot du mélange des solutions des
deux sels, le sulfate de chaux formé
«e précipite^ tandis que le chlorure
d^alaminium hydraté reste dissous.
^e liquide filtré est évaporé à une
douce température, et il se forme des'
^fistaux d'hydrate. Si, à la faveur
d QQe forte chaleur , on essaye d'éli-
'^*ner l'eau du produit, il se décom-
P^«e. Il se forme d'abord de l'acide
jînJorlïydrique et de Toiychlorure d'a-
lumine; en dernier lieu^ de l'alumine.
l^Q traitement «les plaies
J^ii^trantes de la poitrine et
dea ponmons; par ?I. Jacinko.
"^Toutes les opinion? qui dominent
^4ourd'bui dans notre littérature sur
je traitement chirurgical des plaies de
''j>oitrin.e se réduisent aux questions
'■'^antes: a) Doit-on^ oui ou non, pra-
Mqner la réunion dans une plaie pé-
^•^''aiite de la poitrine? t) Une her-
*'* du poumon doit-elle être réduite?
wUo|t-on extraire les corps étran-
S^ introduits dans la cavité pleu-
nle?
Les golutioQs que Ton a données à
^ importants problèmes sont dia-
^tr^Iemenl opposées. Quelques uns
J* <îonlenteiit d'appliquer un simple
vaiKdage, d'autres réunissent la plaie
C'^^née; les uns repoussent dans la
civité le poumou hernie ; les autres,
sv Contraire, s'abstiennent de cette
^tique ; quelques-uns sondent la
P[*^e, el vont avec une pince à la re-
^w^'rcbe des corps étrangers dans la
'^^Uéde la plèvre, et pénètrent même
^Us le lissu pulmonaire; d'autn;s, au
wntralre, croient toujours contre-in-
^i<luée et très -préjudiciable toute ma>
nœuvrc faite dans ce but. Mais il y a
vue autre question qui est bien loin
4'itre résolue, c'est celle de savoir la
manière par laquelle doit être réac-
tivée la fonction du poumon flétri
par l'entrée de l'air dans la cavité
pleurale, cl la manière d'arrêter l'hé-
morrhagie de la plaie. Mes recher-
ches depuis quatre ans sur cet objet,
de même que les expériences sur les
animaux, ont donné des résultats bien
arrêtés et tr'es-signifîcatifs; et le pro-
fesseur Bardeleben croit qu'elles ont
fait faire un notable progrès au trai-
tement des plaies delà poitrine. QuMl
me soit donc permis de rendre public
chacun des résultats obtenus.
Si la plèvre est incisée, le poumon
tombe sur lui-même et se contracte.
Si Tair pénétré dans la cavité s'é-
loigne, le poumon se distend de nou-
veau. On réussit facilement à enlever
l'air de la cavité pleurale au moyen
d'un entonnoir muni d*une valvule
dans une seule direction, ou bien avec
un instrument peu différent d'une
pompe stomacale. La possibilité d'une
extraction complète de l'air de la poi-
trine est assez démontrée sur les ani-
maux, chez lesquels les plèvres des
deux côtés furent incisées, et qui à la
suite de ces plaies se trouvaient sur le
point de succomber à l'asphyxie : à
peine l'air était-il retiré du thorax
que la respiration se rétablit complè-
tement. Il est'beaucoup plus difficile
d'empêcher la rentrée de l'air dans
la cavité pleurale à travers la plaie
externe; cependant j'ai assez bien
réussi a fermer hermétiquement la
plaie, et à interdire complètement la
rentrée de l'air; dans ce but, je me
suis le mieux trouvé de la suture avec
le fil de fer. L'influence qu'exerce
l'extraction de l'air sur la vie de l'ani-
mal se démontre clairement par Tex-
périence comparative faite sur ley
animaux blessés à la poitrine en même
temps, et chez lesquels l'air fut ex-
trait pour quelques-uns, tandis que
les autres étaient abandonnés à eux-
mêmes. Les premiers restèrent en vie
et guérirent, les autres moururent.
Quelque temps après, mais à des
époques variées, les lapins qui avaient
survécu furent tués, et à l'autopsie
on rencontra toujours la cavité pleu-
rale libre de tout ex»udat pleurétique
et un poumon à Tétat normal : ces
conditions se vérifièrent aussi bien
immédiatement après l'extraction de
l'air ({ue huit jours apr'es, et persis-
taient même apr'es une année. Dans les
plaies de la poitrine compliquées de
fracture de côte, nous avons toujours
constaté les bons effets de Véloigiie-
- 184 —
«eatde l'air pénétré dans la cavité.
Tontes les expériences aassi bien
que les autopsies des animaux bles-
sés de cette façon ont été pratiquées
en présence du professeur Svyma-
nowsky, et toutes permirent de con-
stater rintégrité de la cavité pleurale.
Ainsi donc, les poumons reprenaient
leur fonction aussitôt que l'extraction
de l'air renfermé dans la plèvre était
faite. Cette fonction peut se rétablir
Îilus lentement, en substituant de
'eau à l'air pénétré. Mais, n'ayant pas
institué d'expérience à Tégard de ces
deux méthoaes, je m'en tiens pour le
moment aux résultats obtenus. Je dois
pourtant noter que ces expériences
réussissent fort bien chez les ani-
maux supportant peu les plaies de la
poitrine , comme le sont les lapins.
Non-seulement les expériences de
blessures de la plèvre^ mais encore des
poumons, ont démontré que nous ne
aevons pas, en présence de ces lé-
sions^ rester spectateurs inertes, parce
que non- seulement nous sommes dans
le cas de devoir arrêter Thémorrhagie
provenant de la plaie du poumon,
mais aussi, ce qui est le plus impor-
tant, parce que nous devons rétablir
les actes fonctionnels du poumon sain
comme du poumon lésé. Gomme exem-
ple, je rappelle l'expérience suivante :
Je pratiquai une plaie sur la partie
droite de la poitrine d'un lapin, de
manière à blesser la plèvre et le pou-
mon ; je dilatai la plaie extérieure et
celle de la plèvre, et la partie du pou-
mon lésé retranchée, je l'attirai .et la
liai avec un fil de soie ; de cette fa-
çon je réussis à prévenir toujours
l'hémorrhagie ; ensuite de l'eau- tiède
fut injectée dans le cavité pleurale.
J'appliquai à la plaie extérieure un
entonnoir de verre, muni d'une val-
vule et d'un tube de {!omme^ au moyen
duquel je retirai de la poitrine le
sang et l'air pénétré de l'extérieur^ et
finalement je réunis la plaie par la
suture. Douze jours après, le lapin fut
sacrifié, et à l'autopsie je ne constatai
pas la moindre trace de pleurésie ; le
poumon était crépitant dans toutes ses
parties, et la plaie était guérie an
moyen d'une cicatrice rayonnante et
légèrement rétractée.
Une autre expérience fut faite à Ber-
lin, le l«r janvier 1870, avec l'habile
coopération du docteur Nachtigal :
Je pratiquai une plaie pénétrante lon-
gue de 1 centimètre et demi au côté
droit du thorax che^ un lapin ; le pou-
mon se présente à travers la plaie ; la
partie procidente du viscère i
avec un fil de soie ; l'air est exi
moyen de Tentonnoir de verre
plaie extérieure est suturée. Â
trième jour, la suture tombe et
pin est très-vivace.
L'animal ayant été sacrifié le i
1870, l'autopsie donne les mèn
sultats que dans la première
rience. {Ann. de la Soc, de n
Gand.)
Flexion forcée pour
ter une hémorrhagie :
du the Médical Gazette^ par le (
H. de Br... — Le docteur Ai
rapporte six cas d'hémorrhagie
matiques arrêtées par la flexion
du membre blessé. 11 s'agit de
de l'artère radiale et de l'arca
maire, d'une blessure au nivi
l'articulation du coude et d'u
de feu dans le pied droit ; dai
ces cas, la flexion a été sui
succès .
L'auteur conclut comme suit
l» La flexion forcée est un
aussi sûr qu'expoditif pour faii
ser les hémorrhagies artériel
membres ;
2o On aura recours à cette m
avant de s'adresser aux causti(|
à la ligature ;
3o On peut l'essayer avec con
alors que la ligature reste san
ces;
4o La flexion forcée est surt<
commandable dans la chinirgi(
taire ;
5o 11 serait à souhaiter c
moyen hémostatique fût popu
afin qu'un blessé sache comn
comporter en attendant le cbiri
Cnre abortlire de V4
pèle, an moyen dn «11
de potanse ; par Piazza. —
avoir décrit les symptômes d'un
pèle primitif de la face, intense
venu chez une femme de treni
ans, de constiiution forte, et ay
enfant à la mamelle, l'auteur no
conte qu'il se décida à tenter 1
abortive de cette affection, en <
sant de deux à trois couches
solution peu concentrée de s
de potasse les surfaces ma
malgré la présence de petites j
tènes.
Le premier effet de la médi
fut la disparition de la rougeu
surface de la peau, recouver
verre soluble à la manière d'un
— i86 —
épjifs; dès lors, la douleur diminua la même manière. Et le docleor Fi-
el finit par cesser avec le prurit in- glioli a réussi tout aussi bien, avec
tolérable qui chagrinait la malade, ce seul remède, dans le traitement
Vin^ft-quatre heures après l'invasion des érystpèles consécutifs aux plaies
des accidents, l'inflammation dispa- et aux traumatisroes.
raissail peu à peu, et l'on n'avait plus Dès lors, continue M. Piazza, dans
k redouter, pour les tissus voisins, la notre hôpital, la cure abortive de
diffusion du processus morbide. Dans ' l'érysipèle primitif ou secondaire, par
h nuit, la fièvre tomba, l'état saburral le silicate de potasse, est devenue une
le modifia et les souffrances se dissi- pratique banale: toujours les résuU
fièrent au point que la malade^ guérie, tats ont été les mêmes, sans qu'on
pat sortir de l'hôpital le quatrième ait jamais eu à se plaindre des effets
jour, sans avoir cessé d'allaiter son si redoutés de la répercussion et sans
enfant. avoir le moins du monde recours à
Cinq autres cas d'érysipèle, dont une médication interne ou générale.
trois de la face et deux des membres [Journ. de méd. de Bruxelles,)
inférieurs, ont été traités et guéris de
■.K
VARIÉTÉS
Etude mrclicttle «ur l*équitation (i)^
Par M. le docteur C. Rider.
I^. Dargbrs et AcciDEMTs. PROPHYLAXIE. — Si l'équilation, employée dans
m liflutes^ a ses avantages, elle a aussi ses inconvénients, même ses dangers
'^tqui, pourtant, se réduisent, en somme, à peu de chose pour l'individu
QBi&'en fait pas sa profession, pour l'homme du monde qui n'y cherche qu'une
ditlractiou ou un exercice hygiénique agréable, tout en évitant l'excès ; et il y
> ttcès^ non-seulement quand l'équitation se prolonge journellement outre
B^re, mais encore lorsqu'il existe une disproportion entre l'intensité des
noQTements et des réactions du cheval et les forces du cavalier. Après avoir
^poaé les ressources que l'on en peut retirer, soit pour la conservation de la
*ttté, soit aussi pour la guérison de certaines maladies, nous devons faire
^Uullre les accidents auxquels le cavalier peut être sujet et les moyens pré-
^tifiqu^il peut employer pour s'en préserver. C'est en indiquant les causes
^^llnflaenee desquelles la santé de l'homme de cheval peut être dérangée,
^ttoyens d'éloigner ces causes et de corriger l'influence de celles dont il ne
Mm garantir, les précautions à prendre pour empêcher le développement
^ Mladies et s^opposer à leur accroissement ou à leur dégénération, que
i^ lurons occasion de voir que, de ces maladies qui attaquent le cavalier,
^vnes sont suspendues par l'emploi de quelques précautions ou soins hygié-
^Mi, tandis que d'autres ne peuvent guère voir leur guérison s'effectuer
^ par la cessation complète de l'exercice du cheval, venant en aide à l'action
^traitement approprié.
^* flitfmop/]/«tef . — Rappelons d'abord, sans y insister, car c'est là un acci-
^t relativement rare dans la pratique de Téquitation civile, que les jeunes
(i)SQite. Voir le Auméro du 15 février 1875, p. 136.
9 - 186 -
soldats, qqi n'oBt point encproVb^bjtude du cbetal, et dont la copslUation Qst
délicate, que raènie les postillons et )es courriers de profession, lorsqu'ils ont
fait de longues courses sans prendre de repos, sont assez fréquemment affectés
d'hémoptysies, causées par cette allure si pénible, surtout avec certains chs-
Taui, du trot à la française. Dans l'armée, si raccident se répète, on prend le
parti de faire passer le cavalier dans l'infanterie, ou bien l'on s'expose kle
voir périr de pbtbisie pulmonaire. La pblbisie, en effet, est un des résultats
fréquents des fatigues de Téquitation. lorsque surtout cet exercice est repris
trop tôt et sans ménagement à la suite de diverses maladies des organes de
la cavité tboracique, p^r des sujets prédisposés déjà à la tuberculisation.
On a reprocbé à l'exercice du cheval, même dans l'allure du pas [placida €t
lenta êquitatio), de déterminer une fatigue excessive et d'altérer les fonctions;
telle est du moins l'assertion, inexacte, à notre avis, de quelques médecins an-
ciens, Âëtius, par exemple, assertion répétée par Mercurialis (1). Il est certain
que ce serait plutôt dans les autres allures qu'on pourrait trouver des causes
de maladies; le irot fatigue^ imprimant des secousses trës-rudes au cavalier,
et même le désarçonnant à chaqp§ fénotion. I^e galop est tout à la fois plos
rapide et moins pénible, mais occasionne, en particulier, dans la respiration^
des troubles qui ne peuvent provenir que de la force et de la vitesse avec la-
quelle est pressée alors la colonne d'air opposée au mouvement.
2o Anévrysmes, — Morgagni dit n'avoir vu chez aucune classe d'hommes
un plus grand nombre d'anévrysmes de l'aorte que chez les postillons, les
courriers et ceux qui passent une grande partie de leur temps à cheval : a Cela
n'est pas étqnnant, ajoute-t-il, car, sans parler des chutes, des efforts, des
injures de l'air auxquels ils s'exposent, l'agitation du sang doit nécessairement,
à la fin« pelftcher le tissu des parois artérielles et vaincre leur résistnace. Ce
genre de lésion survient enoore plus facilement lorsque l'ineontinence et lei
maladies se joignent ii oes circonstances (9). t
Beaucoup d'autre^ auteurs, Ramazzini et Palissjer, Cabanis, Londe, etc.,
s'aecordent pour classer parmi les effets pathologiques d'une équitation exMi-
sive, les anévrysmes du cœur et des gros vaisseaux.
Qorvisart (5) a remarqué également que les postillons et les courriers étaient
trës«rsujets aux maladies du eceur. 11 cite l'histoire d'un homme de trente ans,
d^un^ constitution vigoureuse, qui avait quitté une profest^ion sédentaire fAW
se faire courrier. Livré à ce genre de vie trës-pénihle^ il voyageait siina cflfie
dans les différentes oours de l'Kurope. Quand il entra à l'hôpital de laGl|%<
rite, il venait de faire mille lieues à cheval, sans prendre de repos ; ayiint ei«>
suite lait le voyage de Londres à Paris, il avait éprouvé, pour la premi^rt
fois, dans la traversée, de la gène dans la respiration et un craobemeRt dt
sang. Il continua pa route malgré ces symptômes; le mal s'aggrava et^ d^ un
arrivée à Paris, les étouffements et les douleurs qu'jl ressentait dans la poi*
tHne augmentèrent; il fut saigné cinq fois dans l'espace de trois jours anni
éprouver aucun soulagement. Les jours suivants se passèrent dans une horfildê
agitation; la suffocation devint imminente et il mourut. A l'ouverture du ca**
(1) MercurialjSj De qrfe gymnastica l^hri sex. Parisiis, 157'
(2) Morgagni, De sedibus el rausis morburum, epist. XVII.
(7y)McUadies du cœur et d$s gros vaisseaux.
— 487 —
ilfnm, An trooYa dio» le «œur une lésion peu ancienne expliquant parfaile-
sant^aatre lea phénpmënea d'étouffement, la mort elle-même (1).
5^ AfffdUonf d$9 voies respiratoires. — Une course rapide contre le
vant, répétée ou contiaue^ peut déterminer des lésions pius ou moins sé-
HeoMM des voies respiratoires, bronchites, laryngites^ se manifestant par la
taa^f l'enrouement, la raucité de la voix et quelquefois mâme Vaphonie. Un
•ainiar qui avait fait à frane-étrier, sans se reposer^ le voyage de Paris à
liaone, fu(, quifiie jours aprës, affeeié d'une apiionie complète accompagnée
4^atie djspné§ dep plus incommodea,
4^ I^i^ies, — De tous les accidents spéciaux k la profession de cavalier, ou
fai aUeignant le plus fréquemnient eeui qui sa livrent à cet CKercice, le plus
cwiUBqa ai «usai un des plus graves, e'est eertainement la hernie^ et en par-r
Hllllisr la herilia Inguinale.
P^ro^t (ml A fait un trës«grand uoiuhre de recherches sur ce sujet, a
•aaslaté qu'qn vingtième environ des soldats d^ cavalerie en était atteint.
llvtia a éial^li une statistique des hernieux existant k l'hôtel des Invalides
ta 1859, atatistique qui donne lea résultats suivants : sur 896 hernies consta-
tée, 96 recnnpaisaent pour eaMse Véquitation \ 5S, des contusions de Tabdo-^
ien{25, des fotigues et des n^archaa forq^es| 36, des chutes ou des efforla
poar les éviter ; 58, des sauts de fossés ou d'ohstaeles ; 68, des faux pas ;
iS6, la toux ; 3643 ^^> efforts musculaires pour aoulever das fardeaux ; t80 sont
Wveaaes seules ou sans causea appréciables, etc.
Qd voit par cea chiffres que si le pombre des hernies eaiisées par Téquitatloq
n'Mtiei qna le trente-quatrième environ du nembre tptali il mérite cependant
4'étpe ligqalé. Hnlin a noté, en outre, que cea hernjos. chez les oavaliera,
^^^^ apparnea à dea ftgea différents, dans ipa prepertions auivantes <
De se à 10 ans •
oe le i 40 aqi,..,,,, ,,.,.,,,. ...^ •
pa 4q i 50 ans-. t-ti-t- .m .•••• «
De 50 à 60 ans ^ ,.,,.,,,,..*... ^ Sf
Pe 60 i Ç?. «qs.,. ,..,,,,,,..,. .,,t. ^
U (réquenee da o^a acoidenta peu| s'at|ribner tant a^^ changements variéa
4* (liaiaBaions de la eayité abdominale par suite des roouyemenls de coqtrao-
% JBiitiBctifs et forcés de aes parois^i qu'aux secousses plus ou moins violent ea
^Piaées eontinqellement aux viscères du bas-ventre ei au ballottement que
^Ipiastins éprouvent dans les différentes allures duchevalj la position même
^ cavaliar faisant qu'ils retombent sans cesse et de tout leur poids vers lea
Nrlipi lea plus déclives de la paroi de l'abdomen. Il faut accuser aussi, très-
^veqt, la forme vicieuse du pantalon, inconvénient qui peut êtra dlfninué,
PtRFlant, dans une certaine mesure, par l'emploi du caleçon.
Nrle pantalon, en effet, la ceinture, d'ailleurs étroite, remontant quelque-
^ fiprt haut, a pour premier et nuisible résultat d'exercer une copstriction
(i) Gorvisart, E^sai sur les maladies et les lésions organiques du cœur
Paris, 1818.
— 188 —
sur la base de la poitrine^ et d'empêcher la dilatation horizontale de la eafKé
thoraciqiie ; elle oblige par là le diaphragme à s'abaisser plas qu'il ne devrait
le faire dans la respiration, qui, par suite de ce développement incomplet du
thorax, se trouve gênée, surtout dans les exercices violents du cavalier. Cou-
courant avec ce mode d'action du diaphragme, qui presse de haut en bat, la
ceinture du pantalon, au lieu de soutenir la paroi abdominale dans sa rèfjiM
hypogastrique, la comprime dans la zone supérieure, refoulant la masse dM
viscères vers les parties antérieure et inférieure du bas-ventre, surtout vert
les régions inguinales, qui offrent précisément le moins de résistance. Parla
continuité d'action des agents d'impulsion, cette résistance, à un momeit
donné, est vaincue, et d'autant plus aisément, dans cette circonstance, que les
ouvertures formées par les anneaux inguinaux ne sont pas exactement ren-
plies par les cordons spermatiques, et que ceux-ci non-seulement ne s'oppo-
sent pas à la sortie de ces parties, mais encore dirigent en quelque sorte lear
marche (1). C'est là ce qui, joint à Faction des diverses causes sous l'influence
desquelles se développent généralement les hernies, ne contribue pas pen à
rendre ces maladies relativement fréquentes chez les soldats des troopes i
cheval. C'est pour cela aussi que les hernies inguinales sont plus communes
que les autres chez les cavaliers; leur attitude à cheval rend raison du pen de
fréquence des hernies crurales.
Certains auteurs ont dit que les hernies étaient plus fréquentes dn cdié
gauche que du côté droit chez les hommes adonnés à l'équitation ; d'antreiy
au contraire, ont remarqué que le côté droit en était plus souvent affecté qne
le gauche, et ils ont voulu expliquer ce fait par les tiraillements qu*éprooTe«
raient les fibres de l'anneau inguinal, à droite, lorsque le cavalier, ayant le
pied gauche appuyé à l'étrier, fait effort pour se soulever et passer la Jambe
droite par-dessus le troussequin de la selle ; mais tous les chirurgiens saTent
que dans les autres classes d*individu8, les hernies inguinales sont aussi ploi
communes à droite qu'à gauche. Et lors même qu'il existerait à cet égard nne
différence chez les cavaliers, les conditions anatomiques de la région ren*
d raient peu admissible cette explication.
On a dit aussi que l'équitation française, à ce point de vue, faisant tenir les
étriers un peu longs, était dangereux. La manibre dont les Anglais montent à
cheval, avec les étriers courts, semblerait donc devoir les préserver des her-
nies ; et cependant il paraîtrait que leur cavalerie en présente encore un pins
grand nombre que la nôtre. Quelques auteurs ont attribué cette fréquence des
hernies chez les Anglais à la laxité de la fibre et des tissus ; mais on en trou*
verait peut-être une meilleure raison dans les mouvements continuels d'éléfa-
tion et d'abaissement qu'ils exécutent sur la selle à l'allure du trot, les jambes
écartées et les pieds prenant un point d'appui sur les étriers. Le roi Georges H,
surpris de voir admettre quatre-vingt-deux réformes pour cause de hernies
dans un seul régiment de cavalerie, proposa un prix de 100 000 écns pour
celui qui trouverait un moyen d'obvier à cet accident. Un de ceux qui rempli-
raient le mieux le but serait l'emploi de pantalons bien confectionnés, surtout
à la partie supérieure, afin d'éviter le refoulement des viscères vers la région
inférieure de Tabdomen.
(1) RenottU, Des causes de hernie dans la cavalerie.
— 189 -
Ue panialon des cavaliers ne devrait pas dépasser en hauteur les deux der-
iS^es côtes asternales. Le rang vertical des boutons de la brayelle^ ou qui fixe
Il ceinture derrière le pont» sur le trajet de la ligne blanche, devrait descendre
ti^prësdu pubis, afin de soutenir la région hypogastrique, sur laquelle d'ailleurs
Ve vilement devrait se mouler et s'ajuster aussi parfaitement que possible. Les
yattes, espèce de demi-ceinture que Ton serre sur les reins au moyen d'une
boade, devraient, par le même motif, être fort larges et placées sur Tos iliaque
■ême et non au-dessus de cet os. Par là, elles fourniraient au bas-ventre un
piiiit d'tppui qui contre-balancerait Teffort des muscles inspirateurs, par les-
qeels les viscères de Tabdomen sont chassés vers sa partie inférieure. On
fownit encore, d'ailleurs^ donner un peu plus d'ampleur à la partie supé-
rieure, de manière à faciliter les mouvements de dilatation du thorax; des
bretelles ne pourraient ainsi amener aucun inconvénient; du reste^ la pression
iicenmode qu'elles exercent habituellement sur les épaules est à peu près
nUeehei le cavalier, le pantalon tendant de lui-même à remonter par l'effet
del'eierciceà cheval.
Nous ne parlerons que pour les proscrire de ces moyens de contention^ de
eeieersets qu^emploient de vieux ^eatio; pour dissimuler leur obésité^ com-
prlnerlear abdomen et se donner k cheval une tournure jeune et élégante.
IlyaUipour eux une source d'inconvénients graves auxquels ils s'exposent
^ gaieté de cœur par une ridicule coquetterie. Mais ce que les cavaliers de-
^nraient s'astreindre à porter^ c'est une ceinture destinée à concourir, avec les
ivtres moyens indiqués ci -dessus, à fixer autant que possible la masse intesti-
laledansla cavité qu'elle occupe, et à la soustraire ainsi, dans une certaine
■Mare, à Taction des secousses violentes qui, outre les accidents plus ou
■oiaa sérieux que nous signalons, causent au moins des points de. côté plus
MBoins gênants ou même douloureux, ainsi qu'une fatigue que la ceinture
^ à diminuer beaucoup.
Pour que cette ceinture, toujours en étoffe, atteigne bien son but, il faut
fi'dle soit large, qu'elle corresponde à la partie la plus basse de l'abdomen,
^6 ion bord inférieur, soit placé au-dessous de Tépine antérieure et supé-
fî^rede l'os des lies, au niveau des épines pubiennes, et qu'elle couvre toute
la baaleur de la région hypogastrique. Si on a l'attention de la serrer plus en
^qa^en haut, on sent qu'elle s'applique* plus exactement à la partie infé«
rieore du ventre, qu'elle contient les viscères, les porte en haut et les éloigne
^forifiee supérieur du canal inguinal, dans lequel les intestins pourraient
^ poossés à s'engager. Du reste, les individus affectés de hernies et qui sont
^^ofns obligés de monter à cheval ou qui tiennent à ne pas se priver de
^exercice, ne doivent jamais le faire sans porter un bandage, ou bien ils
>^ttpoient à tous les accidents et à tous les périls d'un étranglement. Ce ban-
Ne peat maintenir les parties en position ; mais, malgré tout, il y a là un
Wilable danger à continuer l'exercice du cheval et à se livrer à de grandes
Si les Arabes et les peuples orientaux semblent être' rarement atteints de
Waies. c'est, a-t-on dit, parce qu'ils portent des étriers fort courts et que
^ région abdominale est libre sous leurs amples vêtements. D'ailleurs, ils
•W de larges ceintures, et c'est surtout à la manière d'en serrer les tours,
cdadée sans doute d'après les inconvénients à combattre, que la cavalerie
— 190 —
asiatique et africaine, ainsi qoe certains corps de cavalerie européenaei doitèn^
de présenter moins de sujets hernieux.
5« Hématurie.*- CheiXes hommes forcés d'être sodvent et longtempsà ohevali
l'hématurie est extrêmement fréquente. On conçoit facilement qu'elle doit m*
Tcnt être déterminée par les secousses réitérées d'an cheval dur» fougueaJLori
indocile^ la forme de certaines selles, sur lesquelles le périnée est soumil I
une compression continuelle ; par l'exercice longtemps prolongé sous les ar^
deurs du soleil, la soif qui en est le résultat, et, pour les soldats en partictUirt
par rimposslbilité de satisfaire au besoin d'uriner lorsqu'il se fait leatlr. Hm
cavaliers eA ont été souvent attaqués pendant la campagne d'Egypte. Rtu
n'insisterons pas sur les phénomènes intimes de cet accident^ sur les lésiMU
spéciales de la vessie ou du canal de l'urèthre qui peuvent se naniftistar pÉi
et signe. Van Bwieted dit avoir donné des soins A on fiimeox éenyo* qi!
éprouvait des pissements de sang si considérables, qu'ils lui faisaient pflrdri
pouf longtemps ses forces et ses couleurs. Lorsque cet accident se prodtilj
même sans apparence de gravité, l'exercice du cheval doit être sttapéMI
quelque temps, sans préjudice da traitement approprié, s'il y a lien, et loraqm
le cavalier le reprend, il doit tenir ses étriers très-courts, afin de peser 11
moins possible sur le périnée (1).
60 Abcès de la région scier o~coccygiennei — La manière même de moittl
à cheval peut avoir les plus graves inconvénients : si le cavalier s'élanoe i
cru sur sa monture et qu'il ne tombe pas d'aplomb sur le do;) de raniiiMl|il
peut y avoir des contusions à la suite desquelles on a va snrvenir des aMbi
de la région sacro-coccygienne.
7» C'on/tt«tofi des tesiioutes. — La compression simple, le froissemeitj 11
contusion des testicules, qui arrivent assez souvent, lorsque le eavalier tÈÊk
aur le cheval sans se servir des étriers^ comme dans les exercices du BMégi
lorsque le trol est très-dur, ou que certains mouvements irréguliera, ttruaqw
et violents de l'animal viennent changer subitement l'assiette du cavalier^ êh
terminent de fréquentes maladies da scrotum et des organes qu'il renfefaa
des hydrocèles, des hématocèles, des orchiles et même des vaHcocèlee.
Le suspensoir a été conseillé par plusieurs médecins militaires pouf vmfM
cher la compression et les froissements des testicules dans Texereioe da dkm
val. A première vue, l'emploi de ce bandage parait indispensable et sambtol
seul moyen, moyen d'ailleurs déclaré déjà par beaucoup très-efficaee, d'obrifl
à tous les accidents que nous venons de signaler, en prévenant les Ufuil
lements du scrotum, abandonné sans cela k son propre poids et pouvant sim
prendre» par rapport à la selle et au siège, des positions vicieuses' et dasi
gereuses. Tout eu partageant cet avis an point de vue de l'utilité du sa^
pensoir dans certains cas, nous ne pouvons que condamner ici, en prid
cipe, sa confection et son mode d'action, et voici pourquoi : il a ptfl
effet de relever les bourses et les testicules jusqu'au niveau du pnbiSi ^
les y fixant, pour ainsi dire; or, si le cavalier qui s'en sert monte an sM
val rétif qui fait volte-face devant le plus petit obstacle, à Timprovit^
qui se cabre tout à coup et pointe plusieurs fois de suite quand on V9
le ramener, il peut arriver que l'homme glisse de la selle et tombe h pft
ventre sur le dos de l'animal : les testicules, qui ne peuvent fuir ni se d«
(1) Âran, D$ l'hématurie chex les gens de cheval.
— 191 —
p\ftcer, sont nécessairement pressés avec violence. Le chévât fait-tl ce qu*dh
appelle un saut de mouton, ou seulement quelques ruades, le cavalier petit
6lre jeté sur le pommeau de la selle ou sur le cou de Tanimal ; le même acci-
^nt a Heu, enfin, lorsqu'il s^agit de sauter un fossé ou un obstacle, et le inême
Inconvénient peut encore :<e présenter. De plus, à peine est-on à cheval^ que
la sueur a mouillé les sous -cuisses du suspeosoir, qai se roulent sur eut-
mfcmes par la succession des mouvements variés; les-poils sont pris dans leut*s
replis, et. à chaque déplacement, ces poils s*arrachent et causent une vive
doolear. Puis le frottement continu de ce corps rond suffit bientôt poût pro-
duire des excoriations, pour peu qu'on reste à cheval. En outre, chez les ôâ-
nliers de profession, chez ceux qui ne peuvent toujours s'astreindre à des soins
de propreté rigoureuse, le suspensoir^ qui Joumellettent Siora été imbibé de
Mwar, se durcira en séchant, et par son contact tveo la peau déterminera ra-
pidement I la fhcé Interne des caisses et âu sorotum une irfitiitlon qni paot
^ suivie d'ulcérations difficiles à guérir.
Userait cependant bien nécessaire d'obvier aux accidents auxquels sont
tt|MMè8 les testicules, par un moyen ne pouvant causer aucun fiSioheux résul-
lit A notre avis, aucun moyen ne donnera nne pleine sécurité tii tié mettra
complètement à l'abri de tout froissement et de toute côntustob ,* ce qui est
belle à admettre lorsqu'on a pratiqué un peu l'équitation et qu'on veut bien
M rappeler les cas de déplacements que nous avons pris plus haut pour
exemples. Tout ce que Ton peut faire, c'est de prévenir, dans la mesure du
pûMible, la trop grande mobilité du scrotum sans le fixer exactement. On a
proposé, dans ce but, Temploi d'un caleçon à bretelles confectionné de ma-
>i^ à bien s'adapter au périnée et qui aurait une espbce dé poché d'un côté
^ de l'antre pour recevoir les testicules et même la \er^e, les relever un peu
^ ttt maintenir sans les serrer. Ce vêlement paraîtrait avoir tous les avantages
^'i mpetasoir tins en avoir tous les inconvénients que nous avons notés plus
^t. Ifôlis pensons qu'il serait suffisant de porter un pantalon bien fait et
te^Bsté, s'adaptant exactement atik régloâd publeniie et pèrlttéale.
{La suite prochamev/mt.)
é II > ^M ■ ■
la Faculté de Strasbourg. — C^est du fond du ctjftur que lions nous atoo-
chità la pensée exprimée dans les termes suivants, pai* M^ Dechambre, dans
^OrnaUê hêhdomadaire :
t Otke TÂlsace ne noas doit pas arrachée Bhns que la pressé médicale ellvoie
» Boins une triste parole d'adieu à nos saVahts et patriotes cônfrbres de cette
Mrtie de la France, et surtout ik la Faculté de Strasbourg ! Cette faculté avait
Nr luItsIOB spéciale d'opérer la fusion entre le génie de la science allemande
ttedni de la science française, et d'établir un doublé courant de t)rogri» pa-
^le entre les deux grandes nations. Elle y réussissait à merveille. Quel-
fMi-UM de ses professeurs sont la personnification vivante de cette alliance
'fcb médetlne physiologique et de la médecine clinique, dont nous cherchons
^teeejonrnal à servir la cause.
* Ponrquoi ne nommerions-nous pas ceux qui nous sont le plas connus :
t* Séhatzemberger (qui a fbit du point de vue que nous lAdiquoni le lujet
^ son enseignement et de ses écrits], MM. Coze, G. Tourdes, Fée, Stoèbér,
^te, Heoht, HirtXj etc.? Et en chirurgie, n*est-il pas dur de voir se détacher
^ notre couronne des noms comme ceux de Sédillot^ de Rigaud^ de Bach ?
— 192 —
Que tous ces honorés, ces aimés confrëres et leurs dignes émules de- la FacuLlt
sachent du moins que cette séparation ne s'opérera pas sans qu'un déchire-
ment soit senti à Paris, à Montpellier et dans lout le corps médical ! Qui Bsd>
d'ailleurs si plusieurs d'entre eux, maîtres après tout de leur personne^ ne
refuseront pas d'abandonner la patrie française ? Ce seraient là, en un sens, d0
nobles victimes de la guerre, d'illustres orphelins ; que ne devrait-on pa»
faire ici pour leur venir en aide ? »
M. le comte Jaubert a écrit la lettre suivante à M. le président de VAcadé-
mie impériale des Curieux de la nature^ en session à Dresde :
« Bordeaux, 20 février 1871.
c Monsieur le président,
c Je me suis senti grandement honoré lorsqu'on 1858 j'ai reçu le diplôme de
membre de votre célèbre Académie^ sous le cognomen de Gundelsheimer, compi-
gnon de Tourneforten Orient.allosion obligeante à mes travaux comme botaniste
voyageur dans ces contrées. La- guerre actuelle entre nos deux nations a prii
un tel caractère, qu'un Français ne peut plus, sans compromettre sa propre
dignité, entretenir de relations, même scientifiques, de l'autre côté du RUÉ.
En conséquence, je vous prie de vouloir bien retrancher mon nom de la llale
des membres de votre Académie.
a Agréez personnellement, monsieur le président, l'assurance de ma ooofll-
dération très-distinguée.
a Comte Jaubert,
c Membre de l'Institut, député da €3ier
k l'Assemblée nationale. >
Une lettre dans le même sens a été adressée par M. le comte Jaubert à la
Société royale de botanique à Ratisbonne.
ï
Nécrologie. — Nous avons appris la mort de M. le docteur Blain, médednlÉ
Thôpital de Vincenues, qui a succombé aux suites d'une piqûre anatomiqoe vm
doigt qu'il s'était faite .en donnant des soins à un blessé allemand. Ses obië-
ques ont eu lieu le 6 février, et les derniers adieux lui ont été adressés pac
M. Mire, médecin aide-major au même hôpital.
Nous avons aussi le regret d'annoncer la mort de M. le docteur Hardml
deCharenton), décédé le 2 mars, à Paris, où l'investissement l'avait contraini
e se réfugier. Il a succombé à une brunchile chronique dont les fatigues «fi
les tristesses du siège ont précipité la terminaison funeste.
Nous apprenons encore la mort bien regrettable de notre honoré confîrèrfl
parisien M. Destouches, qui a succombé, nous assure-t-on, aux fatigues d'os
service médical qu'il avait volontairement accepté dans l'armée de la Loire.
M. te docteur Déguise père, ancien chirurgien en chef de la maison d'ali^
nés de Charenton, serait également une victime indirecte de la guerre : rétif*
dans sa maiijon de campagne, à Châteauneuf, il aurait succombé par suite des
mauvais traitements que les Prussiens lui auraient infligés.
Enfin, à la liste des victimes médicales de cette guerre, ajoutons le nom d
M. le docteur M illiot, médecin-major de première classe au premier régimetf
de tirailleurs algériens. Pendant la bataille de Frœschwiller (6 aoftt 1870^
ce dévoué confrère, après avoir épuisé son approvisionnement de linge i paiv
sèment, se rendit, au milieu d'une grêle de projectiles de tout calibre, Jusoi^
l'ambulance du quartier général,située dans le château du comte de 'Tnrckeiaa
c'est quelques instants après, au sortir de cette ambulance, et alors qu'il njofl
gnait les blessés de son régiment couchés sur le champ de bataille, que M. M
docteur Milliot reçut un éclat d'obus qui détermina une plaie pénétrante 0
l'abdomen avec hernie épiploïque, dont la mort fut le lendemain la triste
séquence.
Pour les articles non signés : F. BRICHETEAU.
— 193 —
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
Bm reaipolMOBiieiiieBf par la «(ryehnine ; do«e« de« préparation*
mm nalx ToniKiae soseeptlble* de le produire 9 ci moyen* do
tTSUenenf proposés (1) ;
Par le docteur Dblioitz db Sayigrac.
Anglada avait proposé entre le contre-poison et Yantidote une
distinction qui mériterait d'être admise dans le langage scientifique.
Le contre-poison est Tagent qui décompose^ neutralise chimi-
quement une substance toxique, en la transformant en une autre
non nuisible ou moins dangereuse. L'antidote est un modificateur
physiologique, antagoniste du poison^ ou développant dans Torga-
nisne des phénomènes à la faveur desquels s'atténuent ou s'éva-
nouissent, et les symptômes^ et les dangers de l'intoxication.
Anglada avait aussi engagé à distinguer V empoisonnement, action
fempoisonner^ de ^intoxication^ effet du poison.
Nous venons de voir que la science n'oppose, quant à présent^
anx alcaloïdes de la noix vomique que deux contre -poisons ou
neutralisants chimiques bien avérés, et encore d'une efficacité rela-
tive : le tannin et l'iode. Voyons maintenant si nous pouvons
iDettre plus dé confiance dans le traitement antidolique^ ou, en
iUntres termes y s'il existe des modificateurs physiologiques suscep-
tibles d'entraver, de rompre le strychnisme, de le combattre avec
plus ou moins de succès.
8* La substance sur laquelle on a cru un moment pouvoir fonder
kphifl d'espoir comme antagoniste de la strychnine, c*est le curare.
K, Harley [Archives générales de médecine ^ décembre i856),
M. Vella {Académie des sciences, 3 septembre 1860) opinent en fa-
veur de cet antagonisme; M. Vulpian (Union médicale, i5 jan-
^ 1857) et M. Pélikan {Comptes rendus de r Académie des
ttimeei, 1857^ t. XLIV, p. 507) sont d'un avis contraire; et
HM. Hartin-Magron et Buisson ont déduit de leurs expériences
ftli existe une parfaite similitude d'action entre les deux poisons
y^muU de physiologie de Brown-Séquard^ 1859 et 1860, et
fitttete médicale de />am/ 1859, p. 103). Pour le médecin d'ail-
(i) Suite et Dn. Voir les livraisons des 30 janvier et 28 février 1871.
TONI I.XXX. 5* LIVR. V^
■-- 194 -^
leurs il n'y a vraiment pas là une question pratique; il est eilré-
mement difficile de se procurer du curare, et il Test encore plus
de le manier avec sécurité chez Tbomme. Songeons donc à des
moyens d'une efficacité moins discutée et surtout moins dan<
gereuse.
9<> On a beaucoup cherché à combattre par les stupéfiants et les
narcotiques les effets de la noix vomique. S'il faut s'en rapportei
aux expériences sur les chiens de M. Rofoldo-Rofoldi, la morphine^
Tatropide, Is^ jusquiame, Taconit auraient triomphé des symptàmei
d'intoxication strychnique provoqués chez ces animaux [Gù%n m^,
lombarda et Gazette hebdomadaire ^ juin i855; BulL gén. d
Thérap.y 1855, t. XLIX, p. 41). Mais d'autres expérimentatenn
ont obtenu des résultats moins satisfaisants.
Uopiurriy utile dans le tétanos, qui a tant d'analogie avec \\
strychnisme, a souvent en conséquence été essayé dans ce deroiei
cas. Mais les opinions diffèrent sur son degré d'efficacité. On a va-
rié les préparations opiacées, on a expérimenté particulièremeni
la morphine. M. Gallard dit n'avoir jamais trouvé sur les animaiu
la morphine capable de neutraliser en aucune façon l'action
toxique de la strychnine. Mais n'en peut-il pas être autrement siii
l'homme? Ainsi, par exemple, un cas récent a été rapporté pi^rk
docteur Pusey, de Livcrpool, où la morphine, en injection hypo-
dermique, a triomphé rapidement d'un empoisonnement strychpîqn*
[Médical Times et BulL gén. de Thérap., 1868, t. LXXV). Je k
répète, Tefficacilé, non constante assurément, mais parfois constata
des opiacés contre le tétanos justifie TinductiQn en faveur de kcs
application au traitement des effets de la noix vomique. Il me sembl
donc que ce sont des moyens à essayer de nouveau, ne fût-ce qu'^
l'absence ou dans Tinsuflisance d'autres moyens.
10° L'essai de V atropine^ par la méthode des injections hypcs
dermiques^ dans le traitement du tétanos^ a porté M. Gallani
l'essayer de même sur un chien empoisonné par la strychnine^
n'y a eu qu'insuccès absolu dans les deux cas.
11° Plusieurs médecins anglais ont recommandé le tabac ; t^
sont M. Haughton^ de Dublin, qui a cité un cas [Dublin QuarteiT^
Journ. ofMedic. Science, août 1862, et Mémoire de Gallard, p, 9^
dans lequel une pinte d'infusion d'une once de tabac aurait gi)^
un jeune garçon qui avait pris une dose de strychnine évaluée
4 grains; M. O'Reilly [Med. Times and Gaz., 1866), et M. Ck^e
vers {The Indian Annales of Med, Science, 1866^ et Gazette kebdà'
— 195 —
maiairêy 1866^ p. 828), rapportant l'un et l'autre un cas de gaé-
risôn par une dose moindre de tabac. Dans tous les cas^ ce remède
détermina d'abondants vomissements. La propriété réellement an-
tîdotique du tabac reste donc en question, malgré les raisonnements
théoriques de M. Chevers (voy. loc. cit.) ; et, dans le doute, on
devra hésiter à recourir à une plante qui, surtout à la dose indi-
quée par M. Haughton, étant éminemment toxique^ peut com-
pliquer l'a situatioji au lieu de l'améliorer. C'est avec la même
réserve, en tout cas d'intoxication^ que doit être accueilli dans la
pratique tout antidote prétendu qui, n'ayant pas fait suffisamment
ses preuves d'efficacité, est susceptible en revanche d'aggraver l'in-
toxication. La première condition du contre-poison chimique est de
ne pas nuire ; c'est la première aussi pour Tantidote physiologique.
d^ Ces objections^ applicables au curare, à l'atropine, au ta-
bac et à la nicotine, le sont également à la ciguë et à la coniciney
préconisées par quelques médecins anglais. Les expériences de
M. Gallard sur les animaux constatent la complète inefficacité de ce
dernier alcaloïde.
i3* MM. Wookes et Hanson ont recommandé Vaconit comme
antagoniste de la strychnine; ils ont employé à cet effet la teinture
dcoolique d'aeonit. M. Gallard a expérimenté sur les animaux
Ptconitine en injections hypodermiques ; elle a diminué les symp-
^mes de l'intoxication, retardé la mort; il n'y a pas eu de succès
positif, mais néanmoins ces tentatives autoriseraient quelques espé-
niDees. En outre, MM. Liégeois et Hotlot, dans leurs observations
ttur Taconitine, lui ont trouvé des propriétés physiologiques com-
plètement opposées à celles de la strychnine {Action de Vaconitine
<M* f économie animale, Journal de phtsiologie de l'homme et
^ ANIMAUX, janvier 1865^). il est donc à désirer que Ton étudie,
difei rhomme, Tinfluence des préparations d'aconit, tant dans le
Wtement du tétanos que dans celui de l'empoisonnement par la
strychnine.
14* Voici maintenant le cannabis indica qui nous est signalé
ptr M. Stacy Hemenway comme un nouvel antidote de la strych->
Bine. Un malade ayant pris une forte dose de strychnine, et vivant
encore douze heures après l'accideqt (ce qui nous paraît bien sin-
(ulier), est soumis à des doses répétées (mal spécifiées et ayant
Pair de s'être élevées aux environs de 3 grammes) d'extrait alcoo-
lique de eawnabis indica en pilules, et guérit en quelques heures.
Noos ne pouvons que relater ce fait, il en faudrait d'autres plus
— i9« —
explicitement exposés pour conclure [Gazette hebdomadaire^ iSffl
p. 767, extrait du Pacific. Medic, and Surg, Journal^ août 1867]
15° L'antidote le plus récemment proposé et qui paraît mérite
une attention particulière est la fève de Calabar. D'après le pn
fesseur Ëben Watson, de Glascow, cette substance serait Tantagi
niste physiologique de la strychnine^ par suite de la faculté que I
première possède de diminuer le pouvoir excito-moteur de I
moelle, tandis que la seconde Texalte. Dans des expériences sur àk
chiens et des lapins, cet antagonisme s'est en eiïet assez bien nu
nifesté; mais il n'en ressort pas moins qu'il est encore délicat i
difficile d'en faire l'application à l'homme ; car, d'une part, Tactio
de la strychnine est plus prompte que celle de la fève du Galabai
et pour triompher de l'action de la strychnine et Tarrèter à temp
il parait nécessaire de lui opposer la fève du Calabar par la méthoc
des injections hypodermiques ; d'autre part, la fève du Calabar e
aussi un poison, et le secret, qu'il importerait de dévoiler au pic
tôt, est de n'en donner que la quantité nécessaire pour vaincre I
strychnisme, et non pour causer une autre espèce d'intoxication,
y a donc de nouvelles études à faire pour préciser la valeur de la fèi
du Calabar comme antidote et les proportions dans lesquelles on
pourrait compter avec toute sécurité. Déjà quelques faits autheii
tiques de guérison du tétanos traumatique par la fève du Galabfl
autorisent à croire à la possibilité ^d'un succès pareil contre I
strychnisme, sorte de tétanos artiticiel ; et une fois même ce sucd
a été obtenu par M. Keyworth, qui a pu rappeler à la vie, par 1
teinture de fève du Calabar, une femme empoisonnée par nn
poudre très-répandue en Angleterre pour la destruction des ani
maux nuisibles, Batlte's vermin Killer, laquelle contient de I
strychnine (Mémoire sur l'action physiologique de la fève d
Calcbaretsur son antagonisme avec le tétanos et le strycànisnu
par le docteur Ëben Watson , ëdinburgh medic. Journ., 18OT
trad. Fonssagrives, in Gazette hebdomadaire, 1867. — Cas d^em
poisonnement par la strychnine traité avec succès au moyen à
la fève du Calabar, Bull. gén. de Thérap., 1869, t. LXXV]
p. 278. — Deux cas de tétanos traumatique traités avec succès pa
la fève de Calabar, ibid., 1867, t. LXXII, p. 272).
Si jusqu'à présent, en définitive, les stupéfiants et les narco^
tiques n'ont pas fourni de résultats bien concluants en leur faveui
voyons si Ton peut être plus heureux en recourant aux anesthd
siques et aux antispasmodiques. Trois substances de cet ordre oc
— 197 —
ea et ont encore leurs partisans : le camphre, le chloroforme et
Tëther.
i&* Quelques médecins anglais et américains ont vanté le
camphre, entre autres M. Prilchard {Gazette des hôpitaux ^ 1857),
M. Rochester {Bull, gén. de Thérap., 1857). M. Arnelt signale le
camphre comme lui ayant servi à conjurer un empoisonnement
strychnîque chez un nègre (Gazette des hôpitaux ^ iS^S). Depuis
cette guérison, il dit avoir eu occasion de renouveler Temploi du
camphre pour combattre l'action délétère de la strychnine, avec les
mêmes avantages que la première fois. En outre^ toutes les fois
qyie la strychnine, donnée comme médicament^ produit des effets
ph-ysiologiques dépassant la limite à laquelle il veut s'arrêter^
M. Arnett administre le camphre pour dissiper les accidents. Il
pi^oportionne la dose à la quantité de strychnine ingérée et à la
▼iolence des symptômes d'intoxication. Les partisans du camphre
le donnent, tantôt en nature, tantôt en dissolution dans l'alcool;
ttiais on remarque aussi que, en même temps, ils font vomir ou
▼ident l'estomac par la pompe stomacale. Partageant l'avis de
M. Gallard, je n'aurais pas une grande confiance dans ce médi-
cament.
17* Les inhalations de chloroformey déjà appliquées avec succès
*u traitement de diverses affections convulsives : éclampsie, téta-
'^os, convulsions de l'enfance, etc., pouvaient par suite inspirer
Quelque confiance dans le traitement de l'empoisonnement strych-
nîque. Le fait suivant, emprunté au Boston Médical Journal par
*'Oiibn médicale du 35 novembre 4852, est très- favorable à l'em-
ploi de ce moyen. Un homme de quarante ans avala par erreur une
gorgée d'une potion qu'il croyait contenir de la morphine et qui
^ntenait de la strychnine ; la quantité ingérée de celle-ci fut envi-
*t>n de 1 ou 2 grains. Vingt minutes après, M. Matinson trouva
"C-sujeten proie aux symptômes caractéristiques d'un empoisonne-
raient très-grave, contre lequel divers moyens avaient été employés
^ns résultat. M. Maunson songea alors au chloroforme. 4* grammes
^ ce liquide furent versés sur un mouchoir de soie et on l'appro-
cha de la bouche du malade. L'effet en fut décisif: le malade^ qui
^tait assis et dans l'impossibilité de se déplacer, sous peine d'être
plis des convulsions les plus effrayantes, demanda à être couché,
^qui fut fait sans exciter le moindre spasme. Le chloroforme fut
continué pendant quelques heures, le malade tenant lui-même le
^vtOQchoîr la plupart du temps pour prévenir les spasmes affreux.
— 1©8 —
auxquels il avait ëté en proie. La guérison fut très-rapide ; deux
jours après ce malade avait repris ses habitudes. Les inhalations
de chloroforme ont encore ëté employées avec succès par M. Jervit,
de Boston, et par M. Dresbach^ de TOhio [Mém. de Gallard). Le
docteur Part a relevé cinq cas de guérison par le chloroforme, quatre
fois en inhalations, une fois à l'intérieur (iitV/.). Enfin un autre cas
tout récent de guérison par les inhalations de chloroforme a été
publié par la Gazette médicale de Turin, et reproduit en extrait
par Y Union médicale^ 1870, et le Bulletin de Thérapeutique du
30 novembre i870. Il y aurait donc lieu, à mon avis, de recourir
à ce moyen, tout en employant en même tcmps^ parmi les anti-
dotes qui viennent d'être passés en revue, l'un de ceux qui paraî-
traient pouvoir être le plus efficaces. Dans le dernier cas, on a ad-
ministré simultanément la teinture d^aconit à Pintérieur.
18^ Véther agirait probablement dans le même sens que le
chloroforme. C'est Tagent auquel j'ai eu recours lorsque^ dans les
traitements par les préparations de noix vomiqué, j'ai vu leurs
effets dépasser les limites physiologiques désirables et revêtir un
caractère de strychnisme plus ou moins inquiétant. J'ai administré
alors Téther à l'intérieur, en potion^ depuis 4 et 8 grammes jus-
qu'à 15, selon Tintensité des accidents, et j'ai toujours vu ceux-ci
disparaître assez rapidement. Je pense donc que l'éther^ dont il
a été peu parlé à ce sujet, serait appelé, sinon seul, du moins
concurremment avec d'autres moyens, à rendre de bons services
dans l'empoisonnement par la strychnine.
En résumé^ on voit que la strychnine est un poison d'autant
plus redoutable que nous ne sommes assurés d'en conjurer les
effets par aucun des contre-poisons ou des antidotes proposés jus-
qu'ici. Raison de plus pour s'empresser d'en débarrasser l'estomac
au plus vite; si l'on arrive à temps^ l'administration d'un vomi-
tif est la première indication à remplir. Si le vomissement ne pou-
vait être obtenu, il ne resterait de ressource qu'en vidant l'estomac
à l'aide de la pompe stomacale. Nous avons^ dit M. Part (The Lan-
cet y 6 avril 186i, e{ Mémoire de Gallard), dans l'acte du vomisse-
ment le véritable et réel antidote de Tempoisonnement par la
strychnine, et c'est en maintenant l'économie dans l'état dans le-
quel la place l'acte de vomissement que nous pouvons raisonnable-
ment espérer de combattre les effets morbides du poison. Sur dix-
huit cas de guérisons authentiques d'individus empoisonnés pa:
la strychnine, relevés par M. Part^ dans trois cas les vomitifs o»
— 199 —
été administrés seuls, et dans six autres ils -ont été employés con-
curremment avec d'autres moyens.
Toutefois, si Ton a sous la main Tun des contre-poisons chi-
miques que nous avons considérés comme les meilleurs, tannin^
iode, noir animal, on l'emploiera; mais comme Ton sait que le
pirdcipité formé ne tardera pas à abandonner une partie de la strych-
ni ne pour la livrer à l'absorption, on administrera aussitôt après
uzi vomitif. Le choix du vomitif n'est pas indifférent. Nous devons
à IM. Gallard, expérimentant de concert avec M. Mayet, les excel-
lentes observations qui suivent : le sulfate de zinc et le sulfate de
cuivre redissolvent sensiblement le précipité; le tartre stibié le dis-
sout moins ^ celui-ci serait donc préférable. L^'ipécacuanha, qui
li'agit aucunement sur le précipité, serait meilleur encore, selon
M. Gallard, et c'est lui qu'il recommande. Mais qu'il me soit per-
mis d'ajouter que l'action vomitive de l'ipécacuanha est généra-
lement trop lente pour un cas où il faut obtenir prompteraent Teffet
désiré. Il résulte de mes observations cliniques que le vomitif le
plus prompt et le plus certain est le mélange de tartre stibié, 10 à
^ ^ centigrammes, et de poudre d'ipécaçuanha, J à 2 grammes,
dans de l'eau tiède et non sucrée; c'est celui que je recommande,
' ^ est celui dont je me suis servi avec avantage dans des cas d'em-
poisonnements divers.
Je crois que le tartre stibié jouit d'une autre propriété dont peut
"énéficieM'individu empoi?onné par la strychnine; à petite dose,
®t c'est précisément la do<ïe vomitive, il excite le pouvoir excito-
^oteur de la moelle épinière, mais autrement que la strychnine ;
^^r, tandis qu'il résulte de l'action de celle-ci une rigidité coiitrac-
^Urale et permanente des organes innervés par la moelle, le tartre
•tîbié sollicite des contractions alternantes, d'un rhylhme plus phy-
siologique pour ainsi dire, qui peuvent se substituer dans les puis-
•îinces respiratoires à l'état tétanique, et par suite modifier les
^uses d'asphyxie et ranimer l'hématose. En outre, l'acte du vomis-
semienl, en rompant, au moins momentanément, le spasme lixe dé-
^cjTniné par la strychnine, produit dans l'état du sujet un ébran-
lement favorable. Le tabac, dans les cas où il aurait guéri, senible
ftifbir agi autant, sinon plus, par ses propriétés émétiques que par
*C8 propriétés stupéfiantes. Sous ce rapport les émétiques, et à leur
*«e le tartre stibié, doivent entrer en ligne avec les antagonistes
physiologiques de la strychnine, et être comptés, dansTintoxicalion
par cet alcaloïde, autant comme des modificateurs du système ner-
— 200 —
▼eux que comme des ëvacuants. A eux donc^ à tous les titres, le
premier pas dans Tempoisonnement par la strychnine, avec l'em-
ploi simultané d'un contre-poison chimique s'il est possible; à
d'autres antagonistes ensuite, judicieusement choisis et prudem-
ment appliqués, d'achever l'œuvre de salut, lorsque les premiers
n'y auront pas suffi.
fVouToaa niodA de frallemenf de la pbtblnfe tiibercalea«e,
aa moyeu de Tbaile de ffole de morne «aponlOée par la ehaax %
Par M. le docteur yar dbn Corput,
prorcsseur de clinique médicale à l'hôpital Saint-Jean de Bruxelles • etc.
Quelle que soit la théorie que l'on adopte quant à la genèse et
au développement de la tuberculisation pulmonaire, il est un point
sur lequel tous les praticiens sont d'accord, c'est le peu de succès
des différents moyens recommandés pour combattre cette cruelle
maladie et le résultat trop souvent funeste de son évolution.
Parmi les innombrables substances auquelles la thérapeutique a
eu recours jusqu^à présent pour tenter d'enrayer la marche fatale
de cette afieclion, Thuile de foie de morue produit, comme Ta dit
Walshe, a une amélioration plus réelle et plus prompte que n'im-
porte quel autre médicament. » (Traité clinique des maladies de
potirine, trad. par le docteur Fonssagrives, p. 596.)
Mais s'il n'est guère de praticien qui n'ait pu apprécier les bons
effets de cet agent dans certains cas de phthisie pulmonaire, il n'en
est pas non plus qui n'ait éprouvé le regret de devoir s'abstenir
de son emploi chez bien des malades, qu'une répulsion invincible
oblige de renoncer aux bénéfices de ce puissant modificateur, on
dont Tappareil digestif se montre réfractaire à son absorption.
Le docteur Williams , de Londres, estime à 5 pour 100 le
nombre des phthisiques chez lesquels on est obligé de renoncer à
l'huile de morue.
Si Ton y ajoute ceux chez qui l'on est forcé d^en suspendre l'a*
sage avant qu'elle ait eu le temps de produire quelque efiet favo-
rable, cette proportion sera certes beaucoup plus élevée.
L'ne infinité de moyens ont été proposés dans le but d'obvier
aux inconvénients qui résultent de la saveur repoussante et de l'as-
similation très-souvent difficile de cette huile. Différents correc-
tifs, des adjuvants variés lui ont été associés, sans que les condi-
tions cherchées aient, jusqu'à ce jour, pu être obtenues.
— 201 —
Le sirop de Vanier, tant vanté par un grand nombre de méde-
cins^ a le défaut de ne contenir qu'une quantité d'huile de morue
à peu près illusoire.
Quant aux succédanés de cette dernière , aucun n^approche de
la composition très-complexe ni , partant , des propriétés du
remède.
Aussi est-ce en vain que Trousseau avait imaginé de lui substi-
tuer remploi du beurre salé à Tiodure de potassium ; Tabsence ,
dans ce composé, de la gaduine et des autres éléments actifs de
rhuile de foie, de morue , fit [oublier bientôt cette contrefaçon im-
parfaite.
Jusqu'à présent^ le procédé le plus simple et le moins défec-
tueux pour faire ingérer cette substance, consiste dans l'emploi de
capsules de gélatine. Mais le moindre des inconvénients de ce mode
d'ingestion est d'occasionner souvent un sentiment de -pesanteur à
l'estomac, qui s'accompagne d'éructations pénibles, rapportant^
jusque dans la bouche^ la saveur désagréable et nauséeuse de l'huile
brute.
Fréquemment encore^ celle-ci amène un relâchement d'entrailles.
En somme, si^ dans quelques-uns des cas où Ton parvient à
la faire assimiler, l'huile de foie de morue produit réellement des
résultats remarquables , il n'arrive que trop souvent que cette sub-
stance , en troublant les fonctions digeslives et provoquant la py-
fose, conduit à des effets précisément opposés à ceux que Ton
cberehe à obtenir.
D'autre part^ lorsque nous nous plaçons au point de vue ana-
^omo-pathologique de la tuberculisation pulmonaire^ les nécrosco-
pi^ nous montrent que le mode le plus fréquent de guéri son spon-
^^Q^ de cette maladie est la crétification ou régression calcaire
^ niasses tuberculeuses.
Partout, en outre, où dans l'organisme se concentre la chaux^
'^ trouvons également des dépôts de graisse (moelle dans les os)
^ nous voyons celle-ci accompagner l'induration calcaire comme
^8 l'athérome.
C'est guidé par ces considérations que,'depuis nombre d'années^
^8 l'espoir d'imiter le processus heureux de la nature, j'ai été
^ûduit à administrer la chaux sous différentes formes, concur-
'^'"unent avec l'huile de foie de morue, sinon comme médication
^^tive, au moins comme palliatif dans la phthisie.
^ bons effet de cette base, qui entre pour une si lai^e ^^èsV
dans réyolution physiologique de Tëconomie^ avaient d^ailleun
été depuis longtemps reconnus par différents observateurs Aê
mérite.
Vantée déjà*par les anciens médecins^ la chaux fil, surtout ven
le milieu du dix-huitième siècle Tobjet de nombreuses recherchei
thérapeutiques.
Fick {De cake viva^ Jena> 1725)^ Gartheuser {De aquœ calcù
Vîvœusu tntemo^ Francof. ad. Od., i743), Detarding (De aqua
calcis Uîvœ utu intemosaluiûr.y Rostock, d746), Schaller {De UiU
caicis dissert. ^ Ingolstadt^ 1767) et quelques autres proposèrent
son usage pour diverses affections, telles que la goutte, la gra*
velle, la diarrhée, etc.
Quarin (Animadversiones) recommandait Peau de chaux dans
la phtbisie pulmonaire.
Burlet (Mémoires de r Académie de Paris, i699) en a fidi
mention également d'une manière élogieuse.
Fourcroy la proposa contre les scrofules et les affections de poi-
trine (Bist. de la Soc, de méd. de Paris, t. V, p. 268).
Meyeret OUenroth {Sobemheim, ArzeneimitL, p. 3i5) ▼aillè-
rent à leur tour Teau de chaux dans le traitement de la phthisic
pituiteuse.
Defontenay a préconisé en 1846 Teau de chaux édulcorée pt^
le sirop deTolu contre la phlhisie tuberculeuse à marche chronique
Beddoes (Essay on Pulmonary Consumption, London^ 1790^
ainsi que Herzog de Posen {Grœfe und Walther Joum.g Ber
lin, 1831) ont, de leur côté> recommandé le chlorure de calciiUn
£n 1857, des expériences peu connues, quoique d'un haut infts
rôt pour la thérapeutique^ furent instituées dans Tun des hôpitaff
de Moscou, sur Pemploi des os calcinés dans le traitement de 1
phthisie pulmonaire.
De quatre-vingt-dix femmes atteintes de cavernes tuberculeuta :
et traitées par ce moyen, vingt-cinq quittèrent Thôpilal guéries
ou tout au moins dans des conditions de santé relative.
C'est vraisemblablement le même composé calcaire qui joue
principal rôle dans la poudre de James, dont refficacité , recoub ^
dans certains cas de phthisie, a maintenu jusqu'à nos jours la ju^
réputation ;
Les écailles d'huitres pulvérisées^ qui sont, comme on sait^ eor^
posées de carbonate calcique^ d'une petite quantité de phosph^
et d'une matière animale, furent également recommandées enl^
— «03 —
par Despiney^ de Lyon, dans le traitement de la première période
de la phthisie pulmonaire.
lie docteur Stone, de la Nouvelle-Orlëans, employait le phosphate
de chaux dans le traitement de la scrofule et de la tuberculisation
pulmonaire , et associait fréquemment à ce sel l'huile de foie de
morue»
Enfin, dans ces dernières années^ M. le docteur Piorry appela de
nouveau Tattention sur l'utilité de la chaux pour favoriser l'indu-
rHiion des tubercules. Il annonça dans sa Médecine du bon sens^ pu-
l^liëe vers la fin de Tannée 1864, Tintention de se livrer à des
f^Gcherches dans ce but.
Les salutaires effets produits chez quelques tabescents par le
l^^me lacté, tant recommandé depuis Hippocrate par la majorité
des praticiens, ne pourraient-ils pas aussi se rattacher à la présence
dit phosphate calcique qui existe dans ce liquide en même temps que
fe lieurre?
Parmi les eaux minérales qui ont été préconisées contre la tuber-
culose^ les sources calcaires de Weissenburg, dans TOberland ber-
i>oîi, prises avec du lait de chèvre riche en beurre et en phosphate
de chaux, sont celles qui fournissent les plus nombreux succès.
JNe serait-ce pas également grâce à la chaux qu'elles contiennent
^H forte proportion^ bien plutôt qu'à leur principe sulfuré, que les
B^m-Bonnes doivent leur excellente réputation dans le traitement
de la phthisie pulmonaire, et qu^elles étaient employées, au temps
de Bordeu, pour cicatriser les plaies?
Iles expériences dans la direction précédemment indiquée por-
^^v^k d'abord sur Temploi du sucrate de chaux, puis sur celui du
<^l^lorQre de calcium.
Le premier de ces sels me parut entraîner une délitescence plus
lapide des lubei'cules, sans doute par suite de la formation d'acide
Inique aux dépens du sucre. C'est le chlorure, qui, associé à Thuile
^foiede morue, me donna les résultais les plus favorables. La for-
mule que je prescris depuis longtemps dans mon service d'hôpital
^ la suivante :
l'ft ' Pr. Hoile de foie de morue 250 grammes.
i*| Chlorure de calcium 4 —
Essence d'amandes amëres ou d'anis. . . fi -«•
Hèles.
A prendre deux à trois cuillerées à soupe par jour, immédiate-
[^1 nient après les repas.
Agiter fortement^ à chaque prise^ le mélange.
Quoique plus efficace déjà, dans la plupart des cas, que Thuile
simple, cette préparation est loin cependant de présenter les avan-
tages que m'a donnés le savon que j'ai nommé jécoro-calcaire.
Ce fut précisément pendant que je poursuivais Tétude compara*-
tive de ces moyens thérapeutiques^ que j'eus occasion, en 1864^ de
constater^ à l'hôpital civil de Venise, les excellents résultats obtenus
par mon savant ami, M. le professeur Namias, de l'emploi simul-
tané de Teau de chaux et de l'huile de foie de morue.
Je conçus dès lors Tidée de réunir ces deux éléments actifs de la
médication antiphthisique en une combinaison solide, d'une in-*
gestion plus commode et d'une assimilation plus facile, qui per-
mit d'administrer l'huile sans aucun dégoût, et qui complétât en
même temps son action curalive. Dès cette époque aussi je me li-
vrai à l'aide du savon jécoro-calcaire, auquel j'associai de préfé-
rence^ comme sédatif aromatisant, l'essence d'amandes amères ou
de laurier-cerise.
S'il est d'observation que certaines substances, en émulsionnant
ou saponifiant les corps gras auxquels on les mélange, ont pour ef-
fet de rendre plus facile le passage de ceux-ci dans l'organisme, il
est tout aussi évident que certains agents médicamenteux^ et parti*
culièrement les éléments minéraux, acquièrent, lorsqu'ils ont on.
corps gras comme involvant ou véhicule, une efficacité qu'ils n^
posséderaient point sous une autre forme.
A en juger par la composition du chyle et par celle de la bilft^^
les médiateurs par lesquels la plupart des corps simples pénètren.'tt
dans l'organisme seraient les graisses, bien plutôt que l'albumine 9
comme le veut M. le professeur Gubler (4).
Dans mon opinion, les corps élémentaires ne peuvent être admm^
à faire partie intégrante du sang ou des tissus vivants qu'aprfirs
avoir été, pour ainsi parler , dynamisés , c'est-à-dire préparéi^
à l'évolution organique par leur combinaison avec certaines sab"
stances plus ou moins complexes , telles que les graisses ou l'alba-
mine, etc.
(i) D'aprës quelques observations que je D*ai fait encore qu'ébaucher, ]•
suis fondé à croire que les savons médicament eitx à base de mercure, d*aii-
timoine ou de fer y etc., pourraient être utilisés avec certains avantages tt
thérapeutique. 11 y a dans cette voie toute une médication nouvelle à inai-
^urer, D' v. d. C.
- 205 —
En d'autres termes, il est pour moi hors de doute que, pour
prendre part aux mutations de la matière organisée, les éléments
minéraux surtout doivent éprouver un commencement de vitali-
sation, en s'associant à des composés ternaires qui permettent leur
assimilation histogénétique.
Cest dans le règne végétal que s'élabore^ dans Tordre naturel,
cette sorte de préparation de la matière minérale à la vie plus éle-
vée de Tanimalité.
Une fois admis dans l'intimité des tissus , les principes les plus
combustibles de ces combinaisons y subissent^ les premiers une
oxydation lente qui les brûle avec production de chaleur, tandis
qpie les corps incombustibles, les métaux, les terres alcalines, et
particulièrement la chaux, demeurent fixés, en raison de leur inso-
lubilité, pendant un temps plus ou moins long dans l'organisme où^
pirmi tous les éléments constituants de l'économie, la chaux repré-
sente l'un des plus stables.
Il semble que cette base, en communiquant aux tissus ou aux
néoplasmes plus de solidité et une plasticité plus grande, ait pour
iMe^ tout à la fois, de contribuer à l'histogenèse et de ralentir le
travail de désassimilation ou de délitescence organique que faci-
litent, au contraire, les alcalis et les sels alcalins.
Ce retard d'évolution, que nous montre à Tétat physiologique la
lenteur relative du travail de rénovation des os, se remarque surtout
lil'état pathologique dans les produits anormaux qui sont le plui?
en dehors de l'activité vasculaire.
Benecke n'a rencontré que des traces ou même l'absence complète
(le chaux dans les tubercules crus. Le même savant a trouvé la pro-
portion des alcalis de beaucoup supérieure dans le tubercule en
^de ramoHissement ou de fonte sur celle de la chaux, tandis que
celte dernière prédomine de plus en plus pendant la transformation
Qâacée, véritable travail de pétrification par substitution de la chaux
^ éléments graisseux qui sont résorbés ou brûlés.
De même aussi i'obsolescence calcaire accompagne ordinairement
kd^nérescence graisseuse ou lui succède.
La chaux paraît donc non-seulement concourir, comme le veulent
Cinis et Benecke, à la formation des cellules, mais encore ralentir
dans une certaine mesure la destruction pathologique.
Sous l'influence de cette base, les sécrétions muqueuses dimi-
nuent^ la suppuration se tarit, en même temps que la proportion
des aliments solides s'accroît dans l'économie.
— 206 —
La chaux prédomine dans la vieillesse à mesure que l'aolifité
organique se ralentit ; elle succède à l'adipose qui caractérise le
calme de Tâge mûr chez Thomme et Tépoque de la ménopause
chez la femme. A ces époques aussi, la phthisie tuberculeuse
devient plus rare. Elle est exceptionnelle chez le vieillard, tandis
qu'on la voit éclater surtout à l'âge où la fièvre de jeunesse con-
sume de tous ses feux le flamheau de la vie.
Un fait qui me paraît confirmer encore la relation qui existe
entre les fluctuations de la chaux et l'évolution des tubercules dans
l'organisme, c'est Tincompatibilité qui existe, dans une certaint
limite, entre le rachitisme et la tuberculisation pulmonaire. De
même que pendant la grossesse nous voyons la chaux se détourner
des os de la mère rendus plus flexibles pour se porter sur le sque-
lette du fœtus, de même on s'explique que dans le rachitisme la
chaux, déviée des os, favorise la formation des calculs et entrave k
développement des tubercules en se fixant sur ceux-ci.
La nature plus ou moins calcaire des eaux ou du sol peut^ dans
certaines localités, exercer de son côté une influence manifeste lar
la marche de la tuberculose.
J'ai trouvé la phthisie tuberculeuse beaucoup moins fréquente i
Moscou où les eaux de la Moskov^a, très-chargëes de chaux, rend
les calculs calciques extrêmement communs y qu'à Vienne où
tuberculisation pulmonaire, le morbus viennensis^ ne rencont
aucun élément modificateur ou enrayant dans les eaux du Danu
qui ne charrient que des traces à peine sensibles de chaux.
Dans sa combinaison savonneuse avec l'huile de foie de morcm^
la chaux — outre les éléments combustibles fournis par les matièK"*^
grasses — se trouve accompagnée de gaduine et de substances gl^7
cogènes éminemment alibiles, ainsi que des traces de phosphc^^
qui, avec l'aide de la base terreuse, favorise^ d'après la théorie ^'
Liebig, le travail végétatif.
Le savon jécoro-calcaire satisfait par conséquent à la plupart «1^
indications qui résultent de la tabescence.
Tout en constituant, mieux que Fhuile brute, un aliment d'ëp0>^
gne pour l'organisme auquel elle fournit des éléments combu^^'"
blés, la nouvelle préparation que je propose favorise la régénérât»^**
plastique par ses éléments phosphores ou azotés et provoque^ par '*
chaux qu'elle contient, la cicatrisation ou la régression calcflû^
des lésions tuberculeuses.
En d'autres termes , en réparant les troubles de la nutriti^^
— Ml —
physiologique défiëe , le savon jëcoro-calcaire paraît enrayer ou
ratentîr le déYeloppement du travail pathologique qui aboutit à la
destruction de Torganisme.
Il n'est nullement impossible qu'une certaine quantité de savon
calcaire, émulsionnée par la bile et le suc pancréatique^ participe
directement, en englobant Talbumine, à la formation des cellules,
et que ce composé éprouve plus tard une modilication qui aurait
pour résultat ultime la décomposition des acides gras en acide
carbonique et la fixation^ dans les dépôts tuberculeux, du carbonate
calcique ainsi formé.
C'est en effet, d'après Lebmann, surtout le carbonate calcique,
trës-prédominant sur le phosphate^ qui se- rencontre, en même
temps que de la cholestérine et de la graisse, dans les tubercules
erétifiës.
Quoi qu'il en soit de ces explications, qui peut-être ne satisfe-
ront pas certains esprits trop empressés à condamner comme enta-
chée de chiroisme toute interprétation qu'ils ne peuvent com-
prendre, on conviendra qu'elles présentent une garantie scientifique
qae n'offrent pas toujours les théories proposées^ dans ces derniers
Icmps, pour expliquer l'action intime encore si obscure de bien des
médicaments.
A défaut même d'une théorie qui n'est d'ailleurs qu'une satis-
betion plus ou moins ingénieuse dont se paye notre amour-propre,
Im iaits, qui seuls doivent former la base de la vraie médecine,
puient positivement en faveur de la préparation dont j'indique ici
^ formule telle que je la prescris d'habitude :
B(ds jéeoro-caloaires. (D* van den Gorput.)
^* Haile de foie de morue pure, 100 grammes.
Saponifiez selon Tari en consistance pilulaire par :
Chaux hydratée Q. S.
ÂromaUsez avec :
Huile essentielle d'amandes ambres ou d'anis, i gramme.
Hèles exactement et divisez en bols de 20 à 35 centigrammes.
hvolvex dans un mélange de sucre pulvérisé trois parties, et
V^te de racines d'iris une partie,
Oq peut encore enrober ces bols au moyen de la teinture étbérée
i^Tolu.
A prendre six à huit par jour^ par^deux à la fois, inuaédiate-
'^ 4yrèi les repcts.
— 208 —
' Dans quelques cas, j'associe au savon calcaire soit un sel d
morphine, soit l'extrait d'aconit ou celui de jusquiame, soit tout
autre substance dont Tindication peut se présenter dans les dil
férentes phases de la maladie.
Ce n'est qu'après avoir vërifië pendant plusieurs années et sv
plusieurs centaines de malades l'action favorable de cette mëdîca
tion comparée au traitement par Thuile brute et par les autn
moyens thérapeutiques ; c'est après avoir vu ses bénéfices eoi
firmes par d'honorables confrères à qui j'avais fait part de m(
idées^ que je me suis décidé à livrer à la publicité ce nouvea
mode de traitement de la phthisie tuberculeuse.
Sans vouloir lui reconnaître en aucune façon une spécifie!
quelconque et moins encore la considérer comme infaillible,
me crois à même d'affirmer que ma méthode^ soutenue par v
régime et par des conditions hygiéniques convenables, se foDi
tout à la fois sur des données théoriques rationnelles et sur v
nombre aujourd'hui suffisant de faits pour pouvoir en tirer d
conclusions positives.
Il serait trop long de relater dans cette simple note l'historiqi
des observations que je réserve pour un travail plus complet si
le traitement de la phthisie pulmonaire.
Il me suffira de dire que la généralité des malades soumis
l'usage du savon jécoro-calcaire ont éprouvé sous son influeiii
un amendement manifeste.
A part toute prévention que la paternité d'une idée quelconqu
si modeste qu'elle soit, engendre trop souvent chez son auteur^
puis affirmer que^ comme fond de traitement, le savon jécon
calcaire m'a paru être, de toutes les préparations jusqu'à ce jo
recommandées, celle qui, dans la majorité des cas^ mérite la pn
férence.
Ce n'est nullement à dire pour cela que cette médication ne puis
et ne doive même parfois être modifiée ou plutôt aidée par l'inti;
vention d'autres agents, suivant les indications qui se présentei
Il est évident pour tout médecin instruit et consciencieux qu
ne peut exister pour aucune affection de formules fixes et arr6t^
à l'avance. Admettre celles-ci serait tomber dans l'empirisme. Ib
entre toutes les médications^ c'est, croyons-nous, celle que no
venons d'exposer qui pourra le plus souvent et avec le plus d'ata
tages être mise à contribution pour le bien-être des tabescent8«
' — 209 —
C'est surtout au début de la tuberculisation que l'usage du
savon jécoro-calcaire se montre d'une utilité réelle.
administré dès les premiers signes de la maladie et pendant un
teizsps plus ou moins long, variable suivant les sujets et surtout
soi v'ant la nature ou le degré des lésions^ je l'ai presque toujours vu
retsiTder la marche de l'affection, amender d'une manière notable
la dégradation organique et, par suite de la modification apportée
daEms le travail nutritif, amener parfois la guérison, ou tout au
moi ns un arrêt plus ou moins prolongé dans l'évolution patholo-
gie! m:ae de la tuberculose.
A^ une période plus avancée de l'affection, son action, quoique
moi us efficace^ m'a paru apaiser encore certains symptômes d'une
ma.i[mière très-notable. L'un des effets les plus évidents de cette
préparation est de diminuer sensiblement l'expectoration en même
tencftps que la toux^de modérer la fièvre hectique et de ramener les
foToes à leur diapason normal en favorisant d'une manière sensible
lacàiatrition interstitielle.
I^^autre part^ les avantages directs de cette préparation comme
inédicament sont sa forme solide et une saveur très-peu pronon-
ce qui n'a rien de désagréable.
E^ar suite de son ingestion et de son assimilation plus faciles, le
i&^OQ jécoro-calcaire ne trouble presque jamais le travail digestif et
o^occasionne point la diarrhée, que provoque si souvent Thuile
^ute non saponifiée. Assez souvent, au contraire, il détermine un
W^ de constipation.
Cependant lorsque, à la suite de son usage prolongé, un dégoût
momentané annonce une certaine fatigue de l'estomac, il convient
interrompre ou de diminuer pendant quelques jours Tadminis-
^tion du remède. La pancréatine ou les amers pourraient dans
^ cas lui être associés avec succès. i^
Les seules contre-indications réelles à son emploi se présentent
^squelques cas dephthisie très-avancée, lorsque la fièvre hectique
^excessive et que les fonctions digestives sont déjà profondé-
^^i altérées.
0 convient également de surseoir à l'administration de cette
P^paration lorsqu'il existe de l'hémoptysie.
^kùs la troisième période de la maladie, le savon jécoro-calcaire
Produit, dans bien des cas encore, une sédation très-marquée de
^plupart des phénomènes hectiques. Par ses propriétés reconsti-
*^te8 aussi bien que par suite de son aclion etvTVjwAft, W ^^
TOME LXXX, 5^ UYR. \4
tarde le moiivcment cl^ (Iç^assirpilation féhnlp et ramène l'epa-
bonpoint.
148 plus souvent la diarrhée cesse ou se ralentit, Téléva^ior
vespérale de la température s'abaisse, les sueurs colliquative? di
minuent et le corps augmente sensiblement ei^ poids, P^rfoji
même le remède a paru^ après une administration prolongé^, ^voi]
s^mené la cicatrisation ou le tarissement de cavernes peu étendues
C'est particulièrement d^qs la phymatose torpide, dans c^th
forme de phthisie tuberculeuse entée sur le lympbatismCj (jn
constitue son expression la plus commune, surtout dans pps çon
trées, et qui 3'accompagne le plus fréquemment d'hypoémie^ ^
j'ai trouvé le savon jécoro-calcaire d'une utilité véritable.
Il ne m'a paru exercer aucune action réellement efficace 4aps ]i
pbtbisie aiguë, heureusement beaucoup plus r^re.
La médication jécoro-calcaire réussit d'autant plus sûrement, (rai
la maladie est moins avancée. Elleramènedans ces cas Thistogéfiçs^
physiologique à son fonctionnement normal avec d'autapt plus c|<
promptitude, que la déviation tuberculeuse est moins profopde
La durée du traitement, qui peut, sans inconvénient^ être wpo
longée d'une manière indéfinie, varie^ en général^ de six semaine
h trois mois,
Ordinairement^ déjà après deux ou trois semaines, les râl^ 01
les gargouillements diminuent, la touji: devient moins fréquente
l'expectoration se modifie et, après un certain temps, )a fièvr
tombe, ou tout au moins se ralentit.
L'appétit est presque toujours conservé ou même augmenté.
En tout état de cause, le traitement que je préconise, s'il p"
guère plus qu'aucune autre des méthodes proposées le pouvoir P
sauver à coup sûr la vie des tabescents, peut, dans la plupart 4-
cas, rendre celle-ci plus supportable, en prolonger souvent
cours et parfois même éloigner indéfiniment le terme fatal de
maladie.
De ce qui précède, il est donc permis de conclure que si, ^ln
l'expression de Walshe , que nous citions en commençant (fe:
cit. y p. 599), l'huile de foie de morue est Vun^ des conquêtes *
plus importantes de la thérapeutique moderne, il s'en fallait
beaucoup, jusqu'à ce jour, qu^elle fût, à cause de ises ikQvciiaW^
inconvénients, aussi généralement profitable qu'elle pourra l%f
désormais, grâce à l'introduction dans la thérapeutique du fifsT^
jécorO'Càlcàire,
— %M —
THERAPEUTIQUE CHIBURGIGHE
BSéflttzIOBM «ar les plaies d'armes à fea observées pendanl la
eampa^ae de France de t9fa-Vfl ;
Par M. le docteur Tillaux, chirurgien de l'hôpital Saint-Antoine.
JPlacé à la tête d'une des ambulances internationales, j'ai pu,
Cf^-armime la plupart de nos confrères^ observer un assez grand
no rxibre de plaies d'armes à feu. Je n'ai pas l'intention de commu-
nicj'ucr aux lecteurs du Bulletin un rapport complet sur ce que j'ai
Yim ^ ce qui du reste serait fort difficile eu égard aux conditions dans
les quelles nous avons dû observer. Peu d'entre nous^ je pense^
saf* tout dans les ambulances volantes attachées aux armées de la
pro^ince^ ont pu suivre assez longtemps leurs opérés pour pouvoir
éle^blirune statistique des opérations. Pour nos blessés de Sedan
même, malgré notre séjour dans cette ville pendant un mois, la
i^1:istique serait nécessairement incomplète, car à notre départ bon
^^xmbre de blessés étaient évacuables, il est vrai, mais non guéris,
^ f>lu8 forte raison cela est-il juste pour les blessés de Tarmée de la
^ÎTe, qui sont restés dans nos mains un temps beaucoup moins
^^6' ^^ ™^ contenterai donc de noter quelques-uns des faits qui
'"^^Ont le plus frappé.
I^es auteurs classiques divisent les plaies d'armes à feu en simples
^^ Compliquées. Parmi les plaies compliquées, les unes intéressent
tes tfois grandes cavités : abdomen, thorax, crâne, et sont presque
^Ujours suivies d'une mort immédiate ; les autres atteignent les
**^enibres et peuvent guérir avec ou sans opération.
J'ai recherché sur j5 soldats qui avaient trouvé la mort à
^^an le i*' septembre la cause de mort immédiate. Voici ce que
**^*ont démontré les autopsies : 3 (Français) avaient le crâne frac-
^^é par balles-, 4 (3 Français et 1 Bavarois) avaient reçu une balle
^^s la poitrine; 2 (Français) avaient une plaie pénétrante de la
vitrine et de l'abdomen à travers le diaphragme ; 2 (1 Français et
^ Bavarois) avaient une plaie pénétrante de l'abdomen ; 2 (Bava-
^is) présentaient une fracture du bassin et une déchirure des gros
^aisseaux; i (Français) avait suc(;ombé à l'hémorrhagie fournie par
U fémorale profonde brisée. Enfin le dernier cadavre que j'ai exa-
Qùné au point de vue des blessures qui entraînent la mort immë-
^>ite m'a laissé dans un grand embarras ; c'était un Bavarois^ Je
— 212 —
n'ai trouvé aucune blessure. La peau ne présentait pas la plus lé-
gère trace de plaie ni de contusion. J'ignore encore absolument
aujourd'iiui la cause de la mort. Explorant avec soin toutes les par-
ties, je rencontrai une balle très -dé formée à la face externe du bras
gauche sous la peau; mais c'était le résultat d'une ancienne bles-
sure : !e projectile était enkysté.
Il résulte de ce qui précède que les blessures par armes à feu se
divisent en celles qui sont immédiatement mortelles et celles qui
peuvent être suivies de guéri son.
Parmi les premières se trouvent les blessures des trois grandes
cavités et celles qui s'accompagnent de la rupture de vaisseaux
importants.
Les secondes des intéressent le plus vivement le chirurgien,
puisqu'il peut être d'un puissant secours au malade par le ti'ai-
tement qu'il y oppose. On les divise en simples et compliquées.
Qu'entend-on par ces deux expressions? Est-ce la largeur, la pro-
fondeur de la plaie qui constitue la complication? ou bien la lésion
d'un nerf (mais quel doit être le volume du nerf?), celle d'une ar-
tère, d'une veine, ou celle du squelette, ou bien une communication
articulaire? Il est donc fort difficile d'établir une ligne de démarca-
tion tranchée entre la simplicité et la complication d'une plaie par
arme à feu. La même difficulté se présentait en clinique pour les
fractures en général. Mais nous sommes tous d'avis aujourd^ui
que des esquilles, un épanchement de sang, la pénétration du trait
de la fracture dans une articulation^ la déchirure des muscles^ etc.,
ne constituent pas une fracture compliquée^ mais sont des accidents
d'une fracture simple.
Dans le langage actuel, les chirurgiens se comprennent quand
on parle d'une fracture compliquée ; cela veut dire : fracture
dont le foyer communique avec Tair extérieur par une plaie de la.
peau; fracture compliquée et complications des fractures sont de*
expressions synonymes au point de vue grammatical, mais qui
n'ont pas du tout le même sens en chirurgie, et cette distinctioiL
constitue un véritable progrès.
Les chirurgiens avaient remarqué que de la pénétration de l'air
extérieur dans le foyer de la fracture naissait la gravité de cette
fracture. Or, à la suite d'une blessure par arme à feu, il y a né-
cessairement large pénétration de l'air extérieur dans la plaie; si en
même temps l'os est atteint, ne rentrons-nous pas dans le cas pré-
cédent ? Ce n'est pas seulement une idée théorique qui me conduit
— 213 —
àc?£ raisonnement, mais l'observation de tout ce que j'ai vu durant
ceC&e campagne. Dans Timmense majorité des cas, la gravité d'une
bl^fisure par balle est liée à la lésion du squelette^ lésion variable
daf>uis la simple dénudation de Tos jusqu'à un broiement complet.
LaL lésion la plus légère de Tos, une éraflure, imprime une marche
to«.x.le différente à la plaie. Tandis qu'un trajet de balle occupant
torn:!. te Tépaisseur d'un membre pourra se cicatriser en quelques
jouLYS, plusieurs mois seront souvent nécessaires si Tos aété^ même
lé^^rement^ intéressé.
Je propose, en conséquer.ce, de réserver exclusivement le nom
de jolaies compliquées à celles qui s'accompagnent d'une lésion du
sq ut dette.
X^e débridement des plaies d'armes à feu a jadis beaucoup pré-
occupé les chirurgiens. Il avait de chauds partisans et d'ardents
antagonistes; je pense que la question ne saurait être aujourd'hui
litigieuse. Il ne s'agit bien entendu que du débridement primitifs
qu'on a appelé encore préventifs mot indiquant fort bien le but
qii'on se proposait : convertir une plaie irrégulière et contuse en
une plaie longitudinale et simple, prévenir Tinflammation profonde
et les effets de l'étranglement par les plans fibreux, etc. Ces vues
0 étaient que théoriques. Pourquoi vouloir prévenir, au prix d'une
opération qui n'est pas sans importance (un débridement sous-apo-
û^vrotique), des accidents problématiques? Ne sera-t-il pas temps
^ l'étranglement survient? Je ne crois pas qu'il faille appliquer ici
"^* règles autres que celles mises en usage dans la chirurgie ordi-
'***i'e. Le débridement primitif n'a de raison d'être que pour faci-
liter l'exploration d'un trajet ou extraire des corps étrangers ; il ne
'^^Us paraît dans aucun cas devoir être préventif : c'est du moins
> enseignement que nous avons retiré des faits observés.
Hien n'est plus aisé que de reconnaître dans bon nombre de cas
^ présence d'un projectile dans les parties molles. L'existence d'une
^^ie ouverture, sans fournir une preuve absolue de la présence de
^^ balle, apporte néanmoins une forte présomption. Lorsque le
^^ps étranger est sous-cutané, le toucher, parfois la vue même,
'^ffit à le faire rencontrer ; une boutonnière pratiquée à la peau
^ permet très-aisément l'extraction. Mais si le projectile est pro-
fondément situé, s'il existe en même temps une fracture commi-
^^tive, la difficulté est parfois grande, insurmontable même,
enfermement à ce que conseillent les chirurgiens militaires, nous
nous sommes suilout servi du doigt comme agent d'ex^lo^^Vvo^w^
— 214 —
ne craignant pas de débrider ausjsi Islrgehietit qu'il était nécessaire.
Raremetit nous arons ainsi méconnu l'existence d'Un projectile.
Nous avons eu recours oomine agents d'explotation au stylet simple,
à la pince à pansetnent, au stylet de M. Nélaton ; mais ces instru-
ments ne nous ont rendu qu'un médiocre service. Le contact d^tin stylet
liur un corps dur, que ce soit une esquille, une balle ou un éclat
d'obus, ne donne pas à Texplorateur la même sensation ; il y a là
des nuances que la description rendrait imparfaitement, et que fait
apprécier l'habitude. Lorsque la balle n'est pas déformée, le doigt
la reconnaît mieux évidemment que lorsqu'elle est tnâcbée; mais^
dans ce cas-là encoi*e^ il peut se présenter une difficulté que j'ai
rencontrée sur un des blessés de la bataille de Beau mont à mon am-
bulance de Pouilly. Ce soldat avait teçu dans le creux poptité droit
une balle qui avait fait éclater les condyles du fémur et qui nécessita
l'amputation de la cuisse. Il me fut impossible de distinguer avec le
doigt et le stylet si je touchais une balle non déformée ou bien la
partie postérieure des condyles fémoraux détachée et revêtue de son
cartilage* L'autopsie du membre me démontra que c'était une por-
tion du condyle : la balle était au centre de Tarticulàlion. Il m'a
semblé que l'élasticité du cartilage^ sa surface polie rendaient ce
diagnostic l'un des plus difficiles. Le stylet de M. Nélaton trouverait
sans doute là son application, mais je ne l'avais pas à ma dispo-
sition à Pouilly.
Dans les cas difficiles^ les auteurs conseillent de faire préciser ail
malade la position qu'il occupait au moment où il reçut lablessui^;
j'ajouterai qu'il faut aussi^ en explorant minutieusement toutes
les parties voisines, tenir compte de la douleur déterminée par lA
pression. Ces deux - circonstances m'ont permis de faire une
belle extraction de balle sur iin Prussien dans mon ambulance de
Ladon, à l'armée de la Loire : la balle avait pénétré dans l'épaiile
gauche au niveau de Tacromion; l'exploration du trajet ne put më
fournir aucun renseignement; je m'assuraijque le projectile n'était
pas dans l'articulation ni dans le thorax^ et me basant sur les deut
circonstances que j'ai relatées plus haut^ après avoir endormi le
malade, je pratiquai une large et profonde contre-ouverture datlit
la fosse sous- épineuse, tout près de Tangle de Tomoplate^ et malgré
le peu d'encouragement que j'avais rencontré dans l'assistance, je
trouvai la balle au-dessous de la couche musculaire.
La présence de la balle constatée ^ Textraction en est générale*-
ment facile^ non dans tous les cas cependant : la balle peut s*in-
— 218 —
criifitér dâtts les os et défier lés efforts du chihlrglen. Sur leca-
datre d'un Prussien tué le i'' septembre à Sedan, une balle était
iticrUstéé si solidement dans la fosse iliaque exterhe, que je ne pui
l'attacher ; il eût falltl sculpter l'os ou sfe setvir de la gouge et du
ttiaillet.
L'arsenal chirurgical contient beaucoup de tire-balles qui sont
pour la plupart heureusement tombés dans l'oubli. Une bonne
pince d anneaux^ à point d'arrêt, à mors larges et excavés, conduite
sur le doigt comme conducteur, m'a exclusivement servi et toujours
àVec succès. Le tire-balles de MM. Robel't et Collin, à mors recourbés
et pointus, ne iii'a point réussi; les branches, trop flexibles, ne peu-
Vent résister à la pression que la main doit éxercei* pour attirer la
balle; elles se décroisent et lâchent le projectile.
LA recherche des projectiles dans les tissuà peut être singulier
ieinent gênée par les circonstances suivantes.
C'est un fait bien connu que les vêtements sont parfois refoulés
pairies projectiles dans la plaie sans céder sous la pression, en sorte
çue lorsqu'on retire les vêtements du blessé, la balle se dégage de la
pl&ie, d'où le précepte de toujours examiner, quand on le peut, les
VfitcQients (jue pôlrtait le blessé au moment de l'accident. C'est ainsi
V^^à mon ambulaticé de Ladon un soldat de la ligne avait reçu à la
t^^^tie supérieure et externe de la cuisse droite une balle qui, tout
to trouant les patties molles, n'avait pas intéressé le pantalon. L*ex>-
pioration de la plaie faite avec le doigt ne me signala aucun projec-
**'®» et comme Taction venait d'avoir lieu, je pus examiner le pan-
talon^ qui était intact \ j'étais donc certain que^ malgré une plaie
^^îque, le corps étranger était ressorti.
Lorsque la plaie est peu profonde^ et l'exploration par conséquent
^^ï"! aisée, lorsque les vêtements peuvent être présentés au chi*
'^^tBil, le diagnostic n'offre aucune difficulté ; mais que la plaie
•^It très <• profonde , qu'elle intéresse non -seulement les partie*
'^^^Hei, mais aussi lé squelette, que les vêtements aient disparu, on
^^ifcoil combien il est difficile d'affirmer que la balle est ou n'est
^'^ datiB le niembre. Il y a une grande présomption pour la pré*-
*^tice de la balle, évidemment, puisqu'il n'y a qu'une seule ouver-
^^ire et que le doigt pénétrant jusqu'au fond de la plaie rencontra
^^ ttou dans l'os^ mais on peut se tromper, même dans ce cas,
^insi que le pi^ouve l'observation suivante, qui m'a vivement fra|)i)é.
M. L***, lieutenant de la mobile du Cher, eu se portant vaillam-
^eniàla tête de sa Compagnie au-devant de l'onncmi, reçut à. la
— 216 —
bataille de Juranville un coup de feu dans Pépaule gauche. Gomme
il n'était pas à une grande distance de son domicile, il put s'y faire
transporter après avoir reçu les premiers soins de M. Yerneuil^
élève de f hôpital Saint-Antoine, chirurgien de la mobile du Cher.
Il fut alors confié aux soins de mon ami le docteur Témoin, de Né-
rondes, ancien interne des hôpitaux de Paris. La plaie était étroite,
le trajet sinueux et profond ; le stylet arrivait sur une partie dure,
résistante, un peu mobile; M. Témoin crut reconnaître à ces signes
la présence de la balle, sans toutefois en avoir la certitude. C'était
le moment où l'aile droite de l'armée de la Loire opérait sa retraite
de Gien sur Bourges. La marche rétrograde de l'armée m'amena
avec mon ambulance à Nérondes, où le docteur Témoin me parla de
son intéressant blessé. Je lui conseillai d^agrandir la plaie avec le
bistouri et d'explorer complètement avec le doigt. Cette manœuvre
lui permit de s'assurer que le stylet touchait une esquille, mais ne
lui*donna aucune notion sur la situation de la balle. Il fut convenu
que nous verrions ensemble le malade et que je pratiquerais Topé-
ration nécessaire.
Lorsque j'examinai M. L***, il y avait plus d'un mois écoulé de-
puis le combat de Juranville ; l'épaule était tuméfiée, extrêmement
douloureuse. La plus légère pression au pourtour de l'articulation
causait de violentes douleurs. Je constatai en un mot les signes
d'une arthrite aiguë. Le trajet de la balle laissait écouler une grande
quantité de pus. Le malade ne goûtait pas un instant de repos et
maigrissait de jour en jour; ajoutons que l'inutihté des tentatives
précédentes pour lui extraire sa balle Pavait complètement démo-
ralisé.
 la face externe de l'épaule^ à la hauteur du col chirurgical^ exis-
tait un trou unique; le doigt rencontra aisément le fond de la
plaie et pénétra dans une excavation creusée dans l'épaisseur même
de la tête de Thumérus *, je ne sentis pas de balle; Texploration mi-
nutieuse des régions avoisinantes ne me fournit non plus aucun
renseignement. Je pris le parti d'endormir le malade, de pratiquer
une longue incision au-dessus et au-dessous du trajet, et d'arriver
couche par couche sur le col chirurgical; j'étais assisté d'un jeune
médecin du pays, de M. Témoin et de M. Chaume, chirurgien de
mon ambulance. Je pus alors m'assurer de visu que la balle n'exis«-
tait pas au fond de la plaie et je ne doutai pas un seul instant
qu'elle ne fût enclavée dans la tête de Thumérus au fond du trou
dans lequel plongeait le doigt. La conduite à tenir était toute tracée
— 217 -
81 bien prévue, que j'en avais averti et le malade et la famille.
I prsLliquai, séance tenante^ la résection de la tête de l'humérus :
igr&i^dis mon incision verticale, la transformai en '^ renversée par
le i Excision horizontale et désarticulai à l'ordinaire. L'humérus
il sci^ au-dessous de l'entrée de la balle, c*est-à-dire à la partie
iférieure du col chirurgical ; la cavité glénoïde n^était pas brisée.
/inci sion verticale externe qui m'était imposée par le siège de la
ilessure ouvre un accès beaucoup moins facile sur l'articulation
pie l'incision verticale antérieure ; je conseille de ne jamais rem-
ployer quand on a le choix du procédé.
fanais hâte de trouver la balle, je pratiquai donc une section
Wtkgitiidinale coupant en deux moitiés la tête de Thumérus. Je
fus stupéfait, je l'avoue, en ne trouvant pas de projectile dans
te tissu spongieux de la tête humérale, où je le supposais ; le trou
tt terminait en cul-de-sac à 1 centimètre environ de la surface
. cartilagineuse. Le pansement n'étant pas encore fait, il me fut
Wle de m'assurer directement dans cette immense plaie qu'au-
c^6 balle n'existait dans aucun point de la région. Le doute
n'était pas possible; bien que la balle eût traversé le deltoïde
fit creusé la tête de l'humérus, elle avait repoussé les vêtements
fin doigt de gant et était ressortie quand on avait déshabillé
" malade. On ne put me présenter les habits, qui avaient été
hissés sur le champ de bataille après le premier pansement. Â
Pcioe réveillé, le malade m'adressa cette unique demande : « Don-
i^iDoi ma balle. » Je fus très- embarrassé, d^ autant plus que je
n avais pas émis le moindre doute sur son existence au fond de la
pl^e, sur son enclavement dans le tissu spongieux de la tête humé-
ide. De graves désordres étaient déjà produits dans l'articulation :
bisa osseux friable, ramolli, décortication des cartilages, et la ré-
'fiction de la tête humérale était dix fois indiquée.
Oidigé de retourner immédiatement à mon ambulance de Ma-
^^f je ne pus suivre l'opéré, mais j'appris bientôt les détails
levants: Dès la nuit qui suivit l'opération, le malade dormit, les
'ooleors disparurent complètement; la gaieté revint ainsi que
l'^pétit; le malade ne tarda pas à se lever en portant son bras en
^Wpe, et lorsque je rentiai à Paris, après la conclusion de la
F^>la gaérison était complète.
(A suivre,)
CHIMIE ET PHARMACIE
De« saceédanés da perehlorure de fer et de fies laeempalllillltéi
Par M^ BouiLHON, pharmacien.
Le pérchlortire oti sësqilicllibturé de fer est Uti tnëdit^mei
assëa fréquemment ëtUployë en iiàtUte ou associé à divers téhl
cUles. L^habitudé a cdtisAcré Tusage du perehlorure ; mais d'auth
sels de sesquioxyde possèdeht isiiissi des protJtiétés a&stringèDtlh
Plusieurs éxpériinetltàtetii'S ont préconisé le sulfate de sëàqtii
bkydë de feJr^ Tacétatè de sestitiioxydé^ Tazotate de seS(}UiôiÊ}di
le sulfate double de sesqtiioiydé de fer et de potasse ou àlU6 k
bfé Mais tes pi^pàrations^ qiioictUé efficaces^ ii'oilt pas ëiicorë pu
ràug dans là pratique.
U élit à regretter cfue Talun de fer surtout soit resté daiii^ Totlb
car il cristallise et peut par èonséquétit être obtenu dàiis uU état i
nëuti^lité absolue ; il est de plus ddué d'iiile àstriugetice dOnèiil
rablé.
Puisqu'on a persisté quand hiêinë datlb Tetaploi ëicltlèif dl
përëhlortlre de fbrj ne parlons qUë de lui et entrous dans ({oelqiiii
dételdppetnents sût lëis modificatious qu'il peut BUbif quûd il eil
sduittis à riuflueUcé de didérehts agents»
Oti peut se proëurer le petchlorurë de fer sous trois (États dlfr
liants i
Le chlorure atih]fdre et cristallisé en laknes violacées trè«^*
qUëscëntés; Ce corps ebt parfaitement itiUtilë> attendu qu'il â'hydMM
dès quW le fait etittef dans une ptépabatiôu quelconque;
Le chlorure hydraté et sdlidéj sdùs formes de |)lbquesjiitlfiesi
La solution nortnâle dé petchlorure à 30 dégrés ; c'est là pttfi^
ration la plus usitée ëtéëllô qU'oh se procure aiséfcneht dàiiâ tëMa
lëlB dfficitlësi
BeUs (jùelque forme que të sôit, le perbhloriilre de tibi* doit M
chimiquëiiieht iiéUtre, eieitipt dé chlore et de sbtis-sels de féh Li
solution à 30 degrés est^ cotntne nods l'avons dit, presque tttiil
siVement eniployée; La pratique a déknontré què cette .ëbnëâfiM
tion était sufiisante^ et dans bien des cas on tie TàppliqUe ioM
qu'étendue de sort Volume d'eau. Cette solution contient:
Perehlorure de fer anhydre 20
Eau 74
Le pérchIol*nte de fer est un mëdicatlietit à Pégâfd duquel le mé-
jecilidoit se montrel* très- sobre de mélanges^ car son emploi est
incompatible atec celui d'un très-grand nombre de substances.
Aitiri 11 précipite ou est décomposé pat :
Les sels d^argent ;
L^ protosels de metcute;
lies alcalis^ letll*s carbohàteâ et bicarbonatés ;
tiGs arsénites et arséniatés ;
Le borate de sdude ;
Les tannins et autres substances astringentes ;
Les gommes ;
Les extraits végétaux;
Les infusions de plantes ;
L'albumine;
Li caséinei
Le percblorure de fer ne doit pas non plus être mis en présence de
tth qui, par une double décomposition et cependant sans produire
1^ précipité, en changeraient complètement la nature et forme-
niait d'autres sels dé sesqUioxyde sur là valeur desqueJs on n^est
^ aussi bien fixé. Ainsi il est évident que si rdrl formulait une
*AA\oû contenant du përchloi'dt'ë de fei* et de Tacétate dô soude^
die lie rënferitierait que du chlorure de sodium et de Tacétate de
iS^uibxyde de fer.
ilèstdotlc prudent^ pdiir Paditiinisti'atîon interne, de s^en tenir à
Itt^tion oMitiàire, faite à TeaU distillée et édulcorée au sirop de
^Q6re iuÊoldtë ; en se gardant bien de jatjfiàis y mettre de sirop de
gomme ou de sirops composés, ni des teintures^ qui précipiteraient
kstibstance actité et en changeraient la côtnpositioii.
Le suci'e même altère le perchlortlre de fer, et cela se produit
'Uitant plus rapidement que Finfluence de la lumière et celle de la
ddlear sotit plus protioncées. Dans ce cas le perchlorure est réduit et
f Amehé d'abord à l'état de sel ferroso-ferrique, tandis que le sucre
I l^itlte^feHit sous Tinflueticë de Tacide chlorhydrique mis en liberté.
HTàction se continue, la quantité de protosel augmente graduel-
koeDt. Aussi le sirop de perchlorure de fer ne doiHt être préparé
{ifan tournent du besoin^ à froid, par simple mélailgë, et conservé
irobscurité pendant tout le temps que le malade en fait usage.
Ooe ancientié préparation ferrugineuse, la liqueur de Bestucheff^
dons fourtiit Un exemple analogue. Ce médicament consiste cti
line solution de perchlorure de fer dans tirl inélange d'éthei* et
— 220 —
d'alcool. Récemment préparé, ce liquide est d'un beau jaune, maie
sous l'influence de la lumière la teinte devient de plus en plm
Verte par suite de la réduction du sel ; en même temps de Paddi
chlor hydrique est mis en liberté et forme de Téther chlorhydriqoi
en réagissant sur l'alcool.
Comme le sirop, cette liqueur doit être préparée au moment di
besoin^ et il est plus que probable que son altérabilité et par coik
séquent les échecs qui ont dû se produire à la suite de son admi
nistration sont cause de l'oubli dans lequel elle est tombée.
BIBLIOGRAPHIE
Traité des fractures non consolidées ou pseudarthroses , par le doctei
Bérenger-Féraud, médecin principal de la marine. In-8% 700 pages
102 figures.
Notre excellent ami le docteur Bérenger-Féraud, que les lecteun
du Bulletin connaissent bien^ et- depuis longtemps, vient de pa-
blier un livre qui aura, nous Tespérons, une place honorable dans
la science : c'est un Traité des fractures non consolidées ou pieur
darthroses, en 700 pages, avec i 02 figures dans le texte pour la fa-
cile compréhension des descriptions. Ce livre remplit une lacone
que les praticiens regrettaient souvent de voir exister dans rhistoisB
des fractures^ et notre affectionné collaborateur a cherché à remplil
la tâche aussi consciencieusement et aussi complètement qu'il était
possible.
On sait que trop souvent les fractures restent sans consolidatioii,
condamnant ainsi les malades à une impotence extrênoemenl
fâcheuse, importance que les plus grands chirurgiens depuis dfli
siècles se sont préoccupés de combattre^ puisque Celse déjà nfi
pas dédaigné de décrire avec soin et détails l'opération du frotlB
ment des fragments dans les cas d'absence de cal à la suite dfl
fractures. Dans les temps plus modernes^ nous trouvons non-seo
lement Guy de Ghauliac^ les deux Fabrice, La Motte, Dionis, etc.
mais encore Boyer, Roux^ Dupuytren, Larrey, Velpeau en France
Cooper, Bell^ Brodie, Laugenbeck, etc.^ à l'étranger^ dès que not
songeons aux fausses articulations ; et si nous voulions citer cev
des chirurgiens de Tépoque actuelle qui ont été frappés par Tétrai
geté, l'obscurité, la difficulté qu'il y a encore autour de ce point (
la chirurgie, nous serions obligé de donner la liste de tous les
bommes ayant un nom grand ou modeste dans la science^ et il y a
foelque chose d'aussi général que la liste de ceux qui ont étudié
les pseudarthroses, c'est Tunanimité avec laquelle on a déclaré que
les fractures non consolidées sont un des points les plus obscurs de
la pathologie chirurgicale.
Pendant longtemps, les chirurgiens qui ont écrit sur les pseu-
darthroses se sopt bornés à citer quelques observations personnelles
en faveur de telle ou telle opération qu'ils avaient imaginée ou vu
mettre en pratique^ de telle théorie qui leur paraissait juste ou pro-
bable. Les résultats signalés par celui-ci étant révoqués en doute
par celui-là, on prit la peine de faire une étude critique de la ques-
tion^ et cette étude critique ne pouvant mieux, s'appuyer que sur des
observations^ on se mit en quête de faits. Norris, en 1842, en re-
cueillit cent cinquante dans un mémoire souvent invoqué et chercha
avec ce chiffre imposant de prime abord à sonder les obscurités de
la question. Son travail^ très-estimé, a été un progrès réel, mais il a
laissé forcément bien des points dans l'ombre. D'ailleurs, son peu
fâendue commandait de laisser de côté nombre de détails qui
Aûent cependant d'une importance capitale. En 1862, M. Gurlt a
bnrni quatre cent quatre-vingts faits à l'appui de son dire^ mais
eette accumulation n'a guère servi à la science^ car, faite sans ordre,
MUS idée élevée, travail de myope de l'esprit comme la plupart
fc ces travaux de statistique si estimés en Allemagne où la quan-
tité des matériaux est extrême et le résultat nul le plus souvent,
l'étude de M. Gurlt sur les pseudarthroses n'a pas en somme fait
trancer la question d'un pas.
Notre excellent ami le docteur Bérenger-Féraud a compris que,
As le moment qu'en Amérique^ *en Allemagne^ on avait appuyé
nr de$ chiffres une étude des fractures non consolidées, il fallait
ftt les travailleurs français montrassent qu'ils savaient faire de
11^, et ce n'est ni 150 ni 480 faits qu'il a recueillis, c'est
i005, chiffre vraiment énorme et autrement plus concluant; mais
bitons-nous de dire que M. Bérenger-Féraud, tout en basant son
éinde sur ces nombreuses observations^ répète au début, au milieu^
àbfin de son livre que les faits sont encore insuffisants, qu'il faut
iBrtout savoir les interpréter^ et, en effets les matériaux sont bien
vtiles dans toute œuvre de la main ou de l'esprit de l'homme ; mais
que seraient-ils sans l'intelligence qui les utilise? Ceci soit dit en
pissant, comme une protestation du sens commun et sévère contre
— n% —
upe tendance peui-êtr@ trop généralisée anjourd'l^ui vers limi4tllod(
numérique, qui semble de prime abord très-facjle et qui est Q^ftm
d^nt Mrissée de difficultés. Que les statisticiens présents et fuliin ni
roubljent pas : rien nest vrai et rien nest faux comme les chiffrer
et si Ton ne sait pas avec un tact extrême réunir et comparer d4
facteurs de même nature et rigoureusement finalogues^ on n'arfiv
qu'à des résultats d'autant plus fâcheux qu^ils ont une fausae appe
rençe d'autorité.
Aprèç une courte entrée en matière qui familiarise le lecteur av^
le but que Tauteur ^ cherché h atteindre et la marche qu'il comjfvl
suivre dans son livre, M. Bérenger-Féraud entre dans Tétude i)^
taillée de T^n^tomie pathologique des fractures non consolidée!
montrant qu'une grande cause de l'obscurité qui a régné jusqu'il:
dans la question tient à ce qu'on n'a pas suffisamment tenu compta
dQ la forme matérielle des diverses pseudarthroses ; ce chapitre 9
une grande importance et nous le signalons aux travailleurs. Les
fractures non consolidées y sont partagées en cinq classes :
1^ Retard d^ns la consolidation ;
^^ Pseudarthrose flott^te pu avec complète indépendance 449
fragments ;
30 Pseudarthro^e fibreuse ;
4^ Pseudarthrose ostéophytique ou avec maladie des fragmenti {
S° Pseudarthrose fibro-synoviale.
]^e chapitre de Tétiologie devait avoir une très^nptahle impoT*
t^nce, car il était nécessaire de passer en revue le chiffre presqii^
innombrable de causes cap^b|eS| selon les uns et le^ autresi ^
produire les pseudarthroses^ et il fallait déterminer avec autant (te
précision que possi))|e leur 9omnie d'influence puisque dç^ns main^
circonstances on a prêté une puissance imaginaire à des conditions
qui ne peuvent réellement ^voir aucune faction. Afin d'éviter lef
chs^nçes d'erreur. M, Pérenger-Féraud a cherché à grouper ces ^
verbes cs^uses d'une mctnière méthodique, et trouvant que les di^
ficatiqns antérieures de Boyer, Richerand, Norris, Mal^aig*^
étaient incomplètes, \\ en a fait une qui comprend un no(At^
vraiment considérable de divisions et subdivisions. Yoici ^,'9^
leurs cette classification^^ dont on pourra apprécier Tétendue e%
précision.
A. Causer gH^ralfs,
l. Influences e^té- ( P^ys*
rieure^. ( Saiiop.
!
-m-
IfifloeBeesper-
iMif^les.
Sexe.
Relation des pseudarthroses aux frac-
tures,
/ ** Pliysioiogi- • 1 Prédisposition de certains os.
qv^r \ Régiiçe.
Grosses^t).
Lactation.
Onanisme.
Influences mopales.
Variole.
Typhus.
If aladies alipis, { Fièvre typhtfde.
2o Morbides.
\ 30 Toxiques.
gryiipële.
gcQrbut, etq.| çtç.
Rachitisme.
Scrofules.
Mal. chroniques. { Goutte.
Syphilis.
Gaiip6Pj etf.^ $|p.
Métaux altérants.
Plantes.
Baux minérales.
B. Causes locales.
Gloses locales affectant le mem-
bre en dehors de la fracture.
• Causes locales se rattachant aux
conditions du lieu mêpe de la
frtelure.
(• Cames locales résultant du trai-
tement.
Paralysie.
0bsti|ç)6 à (a circulation.
P)iUigf{ipi) du membre.
SrysipHe du membre.
Siège de )a fracture.
Direction de la fracture.
N^tufe d^ la fracture.
Ecartement des fragments.
Interposition d'un corps étranger.
Suppi^pglÎQn du foyer.
Défaut de nutrition de Tun des frag-
ments.
Affection de l'os au niveau dç }| frger
ture.
[ Abus des topiques humectants.
Scorbut local.
Application trop prolongée du bandage.
Application prématurée du bandage.
Mobilité 44 fr9g«P9lf •
S]LçrçM;e pr^pnitoré.
— 224 —
Ajoutons que^ pour être absolument complet^ Tauteur a fait on
troisième classe de causes.
C. Causes inconnues.
Et nous voyons par ce scrupule combien la question de Tétic
logie a pu être approfondie avec soin.
Dans une œuvre éminemment pratique^ la question du traiteme
devait tenir une grande place, aussi M. Bérenger-Féraud s'esL
occupé de la thérapeutique des fractures non consolidées avec ai
attention qu'on pourrait appeler minutieuse^ car il a cherché à ei
visager tous les cas^ à passer en revue tous les moyens essayés, 1
discutant, les appréciant à mesure pour en déterminer rigoure
sèment la valeur. Voici encore la marche qu'il a suivie pour
étude.
TRAITEMENT DES PSEUDÀRTHROSES.
A. Traitement médical;
B. Traitement chirurgical.
Le traitement médical se partage en trois groupes :
i^ Altérants.
2o Excitants. »
3» Préparations calcaires.
Le traitement chirurgical se partage aussi en trois catégo
10 PalliaUf.
20 Curatif.
3o Amputation.
Minéraux l
Pour le traitement médical, Fauteur a subdivisé les groupes a.:
Mercure.
Iode.
Altérants ^ / Aigremoine.
Végétaux | Primevère.
f Garance.
Toniques.
Excitants \ Ean de goudron.
Mumie.
Pierre ostéocolle.
^ , ,. , . , Phosphate de chaux.
Préparalion» calcaires J Carbonate de chaux.
Eau de chaux.
Le traitement chirurgical se divise, avons-nous dit^ en troi
tioDS '.palliatifs curatif ^ amputation.
— M5 — •
Le traitement palliatif comprend des appareils qui se classent
Qsi :
Applicables k la clavicule, l'humé- ) „ ,, .
ruseU'avant-bras. ( ^'"^^«"•
IWhile.
Briot.
Charrière.
Reil.
vant bras. I l Bailly.
f Pression Hmi- \ Champion.
^ tée. I Duval (de Brest).
Bmbre thoraci-
que.
Charrière.
Applicables à Tavant-bras seule-
ment.
Faisant marcher
sur
/ Âpppareils im-
mobilisant l'ar-
ticulation supé-
rieure et les
pseudarthroses.
? Barde.
it marcher j -^, .,
le pied. \^'^''
Qibre abdomi-
nal.
Permettant les
mouvements de
cette articula-
tion supérieure.
Kmpéchant le
sujet de mar-
cher sur son
• pied.
Faisant marcher \ ^^^f^^'
sur le pied. ^ M**^'««-
Charrière.
Empêchant le
sujet de mar-
cher sur son
pied.
\
Produisant un certain frottement
entre les fragments.
Hunter.
Smith.
Bohrer.
Lte traitement chirurgical se subdivise en cinq catégories :
[ Simple.
^'immobilité prolongée \ Avec compression des fragments.
f Avec extension des fragments.
Rubéfaction de la peau.
Yésication de la peau.
Cautérisation de la peau.
Electricité.
Aiguilles.
Cautérisation.
Perforation sous-cutanée.
Séton.
Ecrasement linéaire du cal.
Implantation de corps étrangers.
Les irritants extérieurs . . .
^- Le frottement.
• 1^1 irritants intérieurs . • .
TONB LIXX. 5^ LIYR.
^. ... { D'uh seul fragmeht.
( Proprement dile. . . J ,, , *
V (Des (Jeux fragments.
^ ' \ Grattage des fragments.
V. Résection . . ) v Cautérisation des fragments.
( Suture du périoste.
ilvec auxiliaire • • • ] Suture des os.
( Ligature des os.
C'est avec un certain plaisir que noUs avoUs feuilleté le livre de
notre affectionné collaborateur, car nous y avons trouvé çà et là
des aperçus, àeê remarques qui nous font croire qUe le praticien y
puisera de préitiëux renseignements dans mille cas. Nous applau-
dissons donc à Toéuvre et nous la signalons à riod lecteurs.
Terminons en faisant observei* qUc le docteur Bérenger-FérauJ
publiait Fannëo dernière à peine son Traité de r immobilisation
directe dans les fractures, qu'il tient aujourd'hui la parole qu'i'
donnait dans ce livra en annonçant pour cette année la publicatior
de son Traité des pseudarthroses^ Nous espéfons fermement qa«
Tannée prochaine verra la publication dé sort Traité de V entorse
qu'il prooiet aujourd'hui à la première page de son livre^ et noiA
serons heureuïde donner^ en temps opportun, à nos lecteurs lafiri
raeur de quelques chapitres de ce pl'ôchaitt ouvrage, comktlË noui
leur avons donné déjà la ptikoeUr de quelques points intéressam.1
du Traité de V immobilisation directe des fragmeiits et du Trait
des fractures non consoHdéeê.
BULLETIN DES HOPITAUX
ÂTROPHII tfOSGULAI&JE CONSÉGUtlYE AUX CONGÉLATIONS. — I^
toutes Its calamités qui ont atteint nos soldats durant cette trisi
campagne, le froid excessif n'a pas été la moindre ; aussi un gr6LD
nombre d'entre eux ont-ils présenté des phénomènes dâ oongélalioi
Nous avons donc malheureusement pu étudier cet accident, d^oi
dinaire assez rare en France.
Je crois avoir observé et «ignalé le premier, en 1868, un ph^**^
mène consécutif des coUgëlations> ra^ro/>Aeemusczi/atr&; me "p^^
posant de faire un travail sur ce sujet, je n'avais pas éticot^e p<ël1)U
les observations sur lesquelles je m'appuyais. Je ne veux pas taX^^
plus longtemps à appdef l'attention de mes confrères sur ce pob
— M7 —
Gurieux de Thistoire des congélations. Obserte-t-on souTent l'atro-
phie musculaire? Dans qUellos cotiditions se rnanifeste-t-elle? Lft
campagne actuelle va nous fournir de nombreux âiatétiaili pour
résoudre ces questions.
Voici la première observation, recueillie dans mon service en
4868} et rédigée par M. Babaut, externe.
Hirage (Céleste)^ dix-huit ans^ charretier, entre à l'hôpital le
4 O janvier 18t)8.
Il y a huit jours, le malade s'est couché dans du foin après en
avoir déchargé pendant trois heures ^ il ne s*est point aperçu qu'il
avait froid aux pieds, car il avait eu très-chaud à la suite de cette
besogne. Depuis, il a continué son travail jusqu'au moment où la
rëaction contre cette congélation qu'il présente aux orteils a parui
Il entre à rhôpital après n'avoir pas senti^ dit-il, -ses pieds de quel-
ques jours) difficultés dans la marche au point de mettre trois
beures pour venir de la rue de Reuijly au quai de Bercy; déjà, il y a
trois ans, dans le département de la Nièvre, il avait eu les talons
Sçlés. Le jour de son entrée on constate ce qui suit : sensibilité mi-
nime au talon, absence de sensibilité aux orteils, douleur dans les
niollets succédant à une enflure des jambes. Teinte noirâtre des
orteils, phlyctènes sanguinolentes sur les orteils, où l'on peut con-
stater les quatre degrés de gelure. Quand le malade marche, il sent
4^'îl est appuyé sur la plante des pieds, les talons lui font .mal
ftlors. Insensibilité des pieds au toucher, il ne peut distinguer deux
choses différentes; il lui semble qu'il ne possède que la moitié phs-
térieure du pied ; les orteils sont cependant chauds et présentant
^n commencement de réaction. Engourdissement dans les piedsa Ga<>>
^^plasmes tièdes.
il janvier. Aiigmentation de souffrance, surtout dans le mollet
^^ojt, où depuis trois heures de l'après-midi il a eu des élance-
5*ents, des picotements allant jusqu'au jarret. Dans les orteils même
r^uleur. La phlyctène du gros orteil est enlevée, le derme est à nu ;
^^sensibte de prime abord, le malade sent cependant quand on lui
P^ue le derme, sauf au sommet. M. Tiilaux enlève répiderme,tous
^es orteils se dépouillent successivement. Analgésie complète sur
^ute la plante du pied, sauf le talon ; sensibilité au toucher sur là
^<>8. Absence de sensibilité à la douleur et au toucher dans Tes-
^ï'faiité des orteils, cela va jusqu'à leur racine.
Dii côté gauche, face dorsale du pied sensible, mais cuisson dans
^^ tiers antérieur -, pour la face plantaire^ sensibilité complète ;
Couleur dans le mollet.
Le malade a dormi quatre heures. Cataplasmes.
iS. Le malade sent son pied droit ; disparition de î'anesthésie*
Au niveau du gros orteil, le sphacèle est limité par une plaque
^^rltre. Augdlentation des souffrances. L^élimmation tend à
^enir superficielle. Quand le malade est levé, il sent tous uûs
^^rteils appuyer.
— 228 —
13 janvier. Insomnie. Augmentation des douleurs, surtout dans
le mollet. Une pilule extrait thébaïque, 5 centigrammes.
Même état pour le reste,
14. Augmentation des douleurs. Picotements dans les orteils»
surtout du côté droit, comme si on lui coupait le pied avec un
couteau ; ceci existe aussi du côte gauche, où la réaction est lente <
à s'établir^ tandis qu'à droite elle est complète et Teschare formée iLai
la superficie des orteils tend à s'éliminer.
Côté gauche. Limite de Tcschare qui tend à se former, nullemen^^
accusée; même douleur. Sensibilité dans les deux pieds comme sr^
on y plantait des épingles. Douleur au toucher, quand on appuie is
Le malade sent seulement la partie inférieure du pied droit.
Cataplasmes tièdes. Une pilule extrait thébaîque.
15. Souffrances, surtout augmentées dans le pied droit; douleur^a
dans le gros orteil. Sensibilité complète des deux côtés.
16. Souffrances, surtout dans le pied droit. Même état.
17. Diminution des souffrances; pied droit assez chaud; Vi
chare sera sans doute limitée au derme ; fourmillements, élanci
ments. Le malade ne peut marcher que sur ses talons; il lui seml
que ses pieds ont grossi, qu'il y a un poids comme suspendu, qi^^ '
marche sur une forte semelle.
18. Du côté gauche, le gros orteil s'est dépouillé superficiel "Me
ment, et il souffre beaucoup néanmoins. Deuxième orteil de mêirm.6.
Même douleur.
21. Le malade s'est levé^ il a marché; souffrances exagérées dai. wnî
le mollet ; il sentait peu ses pieds en marchant.
22, 23. Même état.
24. Même état. Souffrances augmentées du côté gauche^ etc'ét^i-î^
du côté droit qu'il soutirait davantage; la réparation du gros orC^î
du côté gauche tend à se faire ; Textrémité de la pulpe présente ^^
la suppuration ; tendance à l'élimination.
25, 26. Souffrances très -augmentées ces jours-ci sous TinfiueKB^^
de la gelée.
28. Douleurs continues dans tous les orteils et les mollets. L'^^^'
mination est superficielle des deux côtés.
29. Hyperesthésie des deux gros orteils. Même état.
30. Souflrances toujours dans le pied droit, mais moins
Du côté gauche, souffrances très-grandes. Hyperesthésie du ^
orteil gauche et du bord interne du pied gauche. Douleur dans 1^
deux mollets, sensation de lassitude. Varicelle^ fièvre depuis qa^' "
ques jours.
1" février. Même état, souffrances augmentées le matin.
2. Amaigrissement très-marqué des deux mollets, il exista **
une atrophie qui s'est faite depuis Pentrée du malade dans le i^^'
vice. Souffrances diminuées, mais par instants douleurs tjr^^
grandes dans les mollets; la douleur est plus grande dani9^ j^
gauche, où elle débute par le bord interne du pied; la surface ^^
pied présente maintenant un aspect blanchâtre. L'élimination ai. ^^
superficielle, Tépiderme seul a été atteint. Au niveau du sonm*'^
— 229 —
du gros orteil et du deuxième du côté gauche , la pulpe des doigts
s'élimine, elle présente une teinte rosée et saigne quand on y
touche. Du côté du pied droit, où tous les orteils étaient noirs^ la
réparation se fait, la teinte rosée reparaît. Du côté gauche de
même, les trois premiers ongles sont tombés.
3 février. Même état, diminution des souffrances.
7, 8. Souffrances plus grandes depuis quelques jours dans les
deux pieds^ surtout à la plante. Douleurs très-vives dans les
mollets. ,
i2. Plus de cataplasmes; les douleurs sont moins fortes.
45. Toujours des douleurs.
24. Etat local très bon. Engourdissement des pieds; douleur
dans le mollet; le malade marche sur le talon; les orteils ne lui
font plus de mal ; il existe un léger gonflement de la jambe.
5 mars. Hypereslhésie des deux côtés dans le pied et le mollet.
Tous les ongles du pied gauche sont tombés.
6. Persistance des douleurs; difficulté dans la marche et fai-
blesse dans la station debout.
12. Douleurs dans tout le pied, surtout sous la plante. Au
^alon , douleurs et fourmillements ; douleur au toucher. Les
d^ux derniers ongles du pied droit sont tombés Elancements, dou-
ï^iirs plus fortes le soir que le matin, surtout la nuit, par le froid
^laepar le chaud.
L'atrophie des muscles déjà signalée a augmenté. Le malade
**iarche sur ses talons; il a une jurande faiblesse dans les jambes ;
^ t.ielquefois il croit poser son pied, mais la jambe fléchit.
U. Le malade part pour Vincennes.
24. Sorti de Vincennes, le malade rentre à l'hôpital ; il se pré-
'Bte un ou deux jours avant à la consultation en se plaignant de
*^^ pouvoir marcher que difficilement; qu*il soit assis ou debout, il
l^prouve de grandes douleurs à la plante des pieds et jusque dans
*^a talons ; les douleurs sont plus grandes dans le gauche; il y a ce-
l^^ndant des alternatives avec le droit. Electricité.
3 avril. Depuis le 28 mars, les séances d'électricité sur les mol-
*^ts et sur les pieds malades n'ont amené aucune amélioration : aux
l^^ntsoii l'anesthésie existait correspond une insensibilité complète
encourant électrique; aux points seuls où la sensibilité existait, le
^^alade sent le courant électrique ; il le sent plus ou moins suivant
^^lela sensibilité en ces points a été conservée plus ou moins long- •
^Mps durant la maladie, ou suivant qu'elle était plus ou moins
^^érée. Dans le mollet, la sensibilité à Télectricité est surtout
très-marquée quand la force du courant est à son maximum.
0 existe des points où le malade ne sent point du tout.
Plante du pied, — Niveau des orteils : sensibilité faible ; nulle
pour le gros orteil du côté droit.
1*iers antérieur : un peu de sensibilité.
Partie médiane ; assez grande sensibilité.
Talon : sensibilité nulle.
face dorsale du pied. — Sensibilité à rclcclncilè dîa.\îLVwv\. \^m&
— 330 —
marquée^ que le courant agit davantage sur le bord intem
très-sensibles.
En se rapprochant du cou-de-pied, la sensibilité diniii
augmenter ensuite jusque dans les mollets, où elle esl
prononcée.
27 avril. Le malade sort de l'hôpital forcément, ma
préfecture de police; Télectricité, continuée pendant quelc
et cessée huit ou dix jours avant son départ, ne lui avai
aucun effet et n'avait point amélioré sa position.
7 juin. Ce jeune homme revient à l'hôpital pour ren
sœur. H marche très-péniblement avec \m bâton et v
Paris, car il ne peut travailler pour gagner sa vie.
TlLLAUX,
Chirurgien de l'hôpital Sain
RÉPERTOIRE MÉDICAL
REVTJE DES JOURNAUX
Traitement de rempoison-
cément par l'opiii|nr e| par
la belladone. Dans Touvrage
classique sur les narcotiques qu'il
a publié dernièrement, le docteur
Harley démontre que, dans l'em-
ppisonnement par l'opium, la mort
survient par suite de la suspension
des phônomënes respiratoires, et qu'en
0 9trf, ^ une périoqe plus ou moins
avancée, Testomac lui-même est frappé
de paralysie; De là l'inutilité des
contre-poisons administrés par la voie
gastrique, quand l'intoxication dure
depuis un certain temps, Les indica-
tions les plus urgentes sont alors les
suivantes: i^ Débarrasser complète-
ment reatomac au moyen d'eau tiède
sinapiaée. Appliquer à l'épigastre
des sinapismes et des morceaux de
linge chaufTés. On peut réussir, avec
des boissons trës-chao^s, à exciter
les plexus gastrique, pulmonaire et
c^rdiaoue^ ainsi que lea nerfs spi-
naux. 2o Faire passer des couraifts
cardiaques de la partie postérieure du
cou au thorax et à Téplgastre.
3o Quand le cœur dénote un grand
affaiblissement, introduire, par la voie
hypodermique, un quutre-vingt-sei-
ziëme de grain de sulfate d'alropinn,
toutes les deux heures. Des doses
plusgrandes, ou trop souvent répétées»
pourraient produire des effets diamé-
tnhmeaè opposés à ceux que Yoiv
recherche, une dépression
fonde, un narcolisroe plus
Dans Teropoisonneroent ]
ladone, c'est la respiration
•entretenir, et activement,
cours à l'opium, non qu*
véritable contre-poison, n
qu'il calme bien l'agi ta tioi
excessive qui s'empare d
Cependant il ne faut jam:
que celui-ci est beaucoup
danger dans les périodes '
et d'agitation, que quand il
dans un profond sommeil
dans le premier cas, les no
respiratoires obéissent à '.
partie du cerveau; dans
5U)nt fortement entravés,
tisme est toujours beaucoAi
dontable dans l'empoisonii
la belladone que dans l'en
ment par l'opium. {Jomm.
de Bruûcelles.)
Périoste; de sa ec
tion dans la ehirnrj
ra taire. M . le docteur Stol
blin, donne les cooclusioAs
basées sur les expériences
giques et les observations c'
MM. Ollicr, Langenbeck, Lil
Wood, de lui-même et cCauti
giens qui ont étudié cette q
I" Dans les résections so
Vée%, la reijroduction osseu:
— 13J —
comprete et'plus rapide qu'après Vàh-
Jatioii.conipfète deTos et du périoste;
2o Les propriétés ostéogéniqnes du
périoste varient suivant qu'il appar-
tient à qu os long ou à un os court ;
elles sont plus marquées pour le pé«
rioste des os longs;
3° Le type normal de Varticulatîon
est mieux reproduit quand on a la pré-
<»Btlon de conserver le revêtement
périostique ;
4* Les résections sous-périostéea
sont plus exemptes de danger que les
antres. Celte proposition s'appuiesur-
tout sur les expériences faites par OU
lier sur les animaux ; le nombre des
résultats défavorables a été plus grand
da48 les cas de résectious non périos-
tées;
âo Les difficultés que l'on rencontre
^ détacher le périoste sur le cadavre
"^^ doivent pas empêcher d'employer
^tte méthode sur le vivant. Sur ce-
lui^ci^ Tadhérence est moins grande,
®' dans la majorité des cas le périoste
^8 os malades est épaissi ;
6o i^g chances de raccourcissement
^u membre sont diminuées par cette
^^thode, comme le montrent les ré-
sultats de la résection tibio*tarsienne
^>^ii8 la dernière guerre du Schles-
^îfC-Holstein;
"70 Les résections aous^périostées
S^nt plus conservatrices, en ce que,
d«iiB oon nombre de cas, elles diroi-
i^Ueiit la nécessité de Tampulation,
(Gaji^^te médicale de Paris.)
Vlésectleiis soiis * pérlos-
**••. M. le docteur WtlUfeme, de
Jf^ons, a envoyé à FAcadémie royale
^Q médeeine de Belgique une commu-
nication fort intéressante relative aux
JL^ections sous^périostées. M. Wll-
•J^me, ayant eu l'occasion d'observer, à
1 hôpital eivil de lions une fracture
^oibinhintive de l'humérus, procéda,
^ concert avec son confrère M. le
acteur Defontaine, à l'enlëvement de«
^•qnilles, réséqua toute la portion dé-
nudée deU diaphyse, le périoste étant
^iisenré et demeuré tout entier dans
J^ plaie. Les os de Vavant-bras étant
■^Ucts, il les maintint à leur distance
Normale de l'extrémité inférieure du
Segment de l'humérus, et résolut d*at-
^^dre la régénération et la re consti-
^tion des parties osseuses enlevées,
f"^- résultat fut des plus heureux, car
{) M forma une nouvelle tête articu-
laire, et les mouvements d'extension
^^ de flexion de l'articulation furent
^naervés. Cette remarquable commu-
nication, précédée d'un aperçu des
données de la physiologie expérimen-
tale sur les propriétés ostéogéniques
du périoste, se termine, ou plutôt se
résume dans les propositions suivantes,
que nous extrayons du Bulletin de
VÂcadémie royale de médecine (|«
fielgiqve, dans lequel le mémoire de
M.'Willibmeaété publié:
1® Toutes les expériences physfolo-
piques démontrent que le périoste
joue un rôle très-prépondérant dans
la régénération osseuse, lorsqu'un os
entier ou une partie plus ou moins
étendue de toute l'épaisseur d'un os
a été enlevée ou s'est complètement
nécrosée ;
2o L'os lui-même peut produire de
Tos nouveau, lorsqu'il demeure en
contact par l'une de ses faces avec une
de ses membranes vasculairés , moelle
ou périoste ;
30 Les tissus ayant pour base la
cellule conjonctive peuvent aussi pro-
duire de l'os, mais exceptionnellement
et jamais en grande abondance ;
40 L'application des résections sous-
périoslées à la pratique chirurgicale a
aujourd'hui suffisamment prouvé que
le périoste reproduit parfaitement l'os
chez rhorome ;
50 L'évidemenl sous-périosté des
os a également conduit a d'excellents
résultats, sous le rapport de la régé-
nération osseuse;
60 Ces deux méthodes opératoires
ne doivent pas s'exclure; elles ont
chacune leurs indications propres qui
se déduisent facilement de rcxaroen
des faits cliniques. {Ann. de la Sfif.
de méd. de Gand.)
Traitement da psoriasis.
Dans un mémoire lu dernièrement à
la Société de médecine de Londres, le
docteur Sîmras a proposé le copahu
comme très efficace contre les cas
rebelles de psoriasis et aussi contre
l'affection, aiguë chez les adultes.
L'exanthème spécial au copahu ap-
paraît assez promptement chez les
jeunes sujets, plus tard chez les vieil-
lards, (lancet.) Rappelons aue ce
moyen a été expérimenté déjà par
M. le professeur Hardy, à l'hôpital
Saint-Louis.
— M'Nab, regardant le psoriasis
comme une manifestation locale d'un
dérangement fonctionnel de l'orga-
nisme accompagnant généralement la
dialhèsc goutteuse, réclame pour lui
un traitement local et général . Loca-
lement il se loue bcaucov^v ^^ V«wv^\^^
— 232 —
de l'acide carbonique. Celui-ci agi-
rait en coagulant la sécrétion albumi-
neuse du choriou qui comprime les
parties et empêclie Texsudation ; la
composition chimique spéciale de l'a-
cide carbonique tend en outre à neu-
traliser les effets pernicieux de l'at-
mo8phëre{sur le nrocessus local. La
pommade dont il se sert renferme
1 partie d'acide carbonique et 4 par-
ties d'axonge ; tous les soirs on fait
une application de cette pommade et
Ton recouvre d'une enveloppe en
gutta- percha pour empêcher l'éva-
poration de l'acide. Quand les squam-
mes tombent et que les téguments
commencent à reprendre leur aspect
normal, on substitue à cet agent une
pommade à l'oxyde de zinc. Par ce
traitement on arrive à des résultats
plus prompts que par toute autre mé-
thode, si on a soin d'instituer en
même temps un traitement générat
en rapport avec les indications mor-
bides. (Lancel,)
—Dans une lettre à flébra, le docteur
Passavant recommande comme spéciû-
que du psoriasis un régime exclusive-
ment animal. 11 a pu s'en convaincre
sur lui-même ; aiïecté depuis vingt-
cinq ans d'un psoriasis généralisé^ il
l'a vu s'améliorer au bout de quelques
semaines d'un régime strictement ani-
malisé. Dans un aulreicas les squam-
mes disparurent au bout de six se-
maines, puis le malade reprit son ré-
gime ordinaire et il y eut récidive.
Le docteur Caspari. en parlant de cette
méthode^ regrette de ne pas avoir pu
l'expérimenter lui-même, mais il est
un exemple de guérison de cette af-
fection par la méthode entièrement
opposée. Atteint aussi d'un psoriasis
généralisé, il essaya sans succès de
tous les remèdes possibles; puis^ au
bout de quelques années, à la suite
de troubles gastriques, il en vint à ne
plus se nourrir (|ue de lait, de pain,
de soupe et de riz ; bientôt ce régime
l'affaiblit et lui fit perdre de son poids,
mais le psoriasis disparut. {Practition-
ner.)
— Enchanté des préparations de
toudron contre le psoriasis, Balmano-
quire a essayé pendant longtemps
la créosote ; il a trouvé (|ue la pom-
made renfermant 2 parties de créo-
sote pour 1 partie de cire blanche est
la meilleure préparation à employer :
elle est très-efficace et beaucoup plus
commode que la pommade de gou-
dron liquide de la pharmacopée. La
peau malade est moins sensible à
Tactiou de la créosote que 1
saine. {Americ. Journ. Syphi
Dermat,)
la ciguë; ■«• bei
fets dans les coniroli
Après les recherches de MM. 1
Damouretle et Pelvet, que nou
publiées dans notre dernier ^
nous citerons l'étude de M.
qui est très-remarquable au
point de vue physiologique
nous nous bornons ici à la q
thérapeutique. La ciguë est in
d'après M. Harley, toutes 1
qu'il y a irritation directe ou
des centres moteurs.
Convulsions de l'enfance. 1
en cite un exemple très-remar
C'était un enfant de dix-hui
atteint déjà souvent de conv
de contractures, de spasme^
giens. L'auteur commença par 1
tes de suc de conium macul
graduellement arriva à 8 g]
par jour. Vingt minutes aprè
gestion du médicament, les ps
devenaient pesantes, l'enfant
ses jeux, se couchait sur le
restait tranquille une heure oi
Chez cet enfant, les convulsions
sous l'influence de l'éruption d
binS'Vépilepsie, la ciguë a ai
action heureuse, surtout si '.
sie a un point de départ pé
que. Dans un exemple que
donne, il débuta d'emblée par
mes de suc de conium et ne
pas 9. Dans la chorée , la cigi
sit très-bien aussi. L'auteur
peu de faits de son emploi dai
tanos pour rien conclure. M
fois, entre ses mains, ce suc d
a dissipé merveilleusement^
successivement croissantes
12 grammes, données de trois
heures après le repas, à int
de quelques jours, une phot
intense avec contracture de 1
laire par suite de kératite c
petite fille de huit ans, phot
qui avait résisté au chlorofor
injections d'atropine, aux <
mercurielles belladonées. (Z^
dical.)
De qaelqae* compliei
pea fréquentes de la •>
fine et dn traitement qi
réclament ; par Spendei
consistent dans : i° Tarthrite
que; 2« le délire; o^ les abcès
L'arthrite pyëmique diffèi
— 233 —
lynofile simple , passagère, par sa
persistance^ son intensité et sa ten-
dance à la suppuration, à la nécrose
et à la destruction des cartilages arti*
eulaires. C'est à l'articulation radio -
earpienne qu'on l'observe le plus sou-
Tent, d'aprës Fauteur ; puis au genou
et à la hanche. Quant au traitement
de cette complication, dont Vexaroen
Ihermométrique facilite singulière-
ment le diagnostic, il consiste dans
des applimtions locales de chaleur,
radministration à l'intérieur du sul-
btede quinine, qui abat la fièvre,
dissipe les symptômes locaux et mène
rapidement à une franche convales-
cence. La quinine agit ici tout au-
tant comme antiseptique que comme
uttiphlogistique, selon la remarque de
BinzetCohnheim.
l^délirej qui se montre surtout à
QBe période avancée de la maladie,
ttten rapport intime avec la sup-
, pression de la fonction rénale ; quel-
îoefois ce sont des accès épilepti-
i nraes ; d'autres fois, il apparaît dans
tente sa gravité, sans phénomènes
prodromiques spéciaux. Le traitement
de ces cas d*urémie (car ce n'est pas
SQlre chose) doit se borner à Tappli-
cation du froid 'sur la têle et à l'usage
^diurétiques énergiques.
Les abcès du cou succèdent à l'eff-
{orgement des ganglions cervicaux
âni apparaît au début de la maladie;
uoteor recommande d'en faire Tin-
eision, mais avant que la suppuration
7 toit bien établie ; l'incision tardive
^pleine de dangers, les muscles du
COQ pouvant s'infiltrer de pus et dé-
l^niner la gangrène des parties cir-
coBToisines : Trousseau et Graves ont
Y des accidents semblables se pro-
duire. Il faudra tenir ensuite le ma-
lade dans une position scmi-fléchie et
ne loi donner que des aliments li-
<lvides. Quant à l'engorgement chro-
^Be, qui persiste après la dispari-
^ de l'anéction, on en aura raison
P^ à nn traitement général et lo-
ttl convenable. {Journ, de méd, de
Béaeetion intrabnccale du
■atlllalre sapériear. Après
itroir pratiqué onze fois la résection
di aaxillaire supérieur - d'après les
CMédés classiques, qui comprennent
parties molles de la face, le doc-
^ Bottini a eu à déplorer, dans
IMS les cas, une paralysie unilalé-
^ des muscles du visage et, dans
M cas, des fistules salivaires, dont
deux, à la vérité^ guérirent. Pour évi-
ter ces inconvénients, voici le pro*
cédé qu'il institua dans un cas par-
ticulier :
Premier temps. — Avec un petit bis-
touri convexe, il incise la muqueuse
labio -buccale dans la plus grande
étendue de la face externe du maxil-
laire, puis avec un couteau à pé-
rioste met l'os à nu depuis la su-
ture nasale jusqu'à la suture zygo-
matique.
Deuxième temps, — Mettant de côté
le bistouri, le chirurgien prend un fort
scalpel, qu'il dirige sur l'indicateur
gauche contre la suture zygomalique,
la divise entièrement de deux coups
de maillet; puis, longeant le rebord
ofbitaire, il sectionne l'os jusqu'au
niveau de l'apophyse montante, qu'il
comprend dans la section. Alors, armé
de la cisaille de Signorini. modifiée
par Rizzoli, il entame l'arcade den-
taire et la voûte palatine jusque en-
viron 1 centimètre en avant du voile
du palais. 11 fait ouvrir la bouche et,
avec un bistouri solide recourbé en
crochet, divise transversalement la
membrane muqueuse périoslée depuis
le sommet de l'incision faite avec la
cisaille jusque immédiatement au delà
de la dernière molaire. 11 prend l'os
à pleine main,rébranle, et si celui-ci
est mobile, ce qui doit arriver chaque
fois que tous les points attaqués ont
été sectionnés, il passe au troisième
temps, sinon il détache les adhérences.
Troisième temps, — Avec une pince
de Liston, il saisit l'os en plein, le
tord sur son axe et l'extrait.
L'opération est peu douloureuse,
ne dure que trois ou quatre minutes,
et ne réclame pas la ligature du moin-
dre petit vaisseau ; les cornets et les
os palatins restent en place, de façon
qu'on limite la résection à la seule
portion d'os malade.(Gazzet(a medica
itaL lomb.)
IVonvean procédé pour la
gnérlflon des tameurs hé-
morrhoKdairefl. Le professeur
Carlo Gallozzi, ayant eu à traiter plu-
sieurs cas de varices et de tumeurs
hémorrhoîdaires inattaquables par les
divers moyens chirurgicaux propo-
sés, y compris Técraseur linéaire de
Ghassaignac, toutes ces tumeurs pré-
sentant une base trop large pour
qu'on pût isoler leur pédicule, eut
recours au procédé suivant: il pre-
nait un entérotome de Dupuytren et,
après en avoir écarté le& dft^v \)>\^^^
— 234 —
ches k h maniëre d'nn forceps, il les
appliquait snr les côtés de la tumeur
dans toute sa longueur , puis, les
rapprochant par un mouvement brus-
que et rapide, il déterminait une forte
contusion dans les tissus soumis à leur
action : il excisait ensuite toute la
partie libre; au-devant de l'entérolome
et passait sur la plaie un petit pin-
ceau trempé dans une solution de
perchlorure de fer.
La douleur est légère, Thémorrha-
ffie nulle et.au bout de quelques jours,
la base de la tumeur se détache sous
forme d'une esetiare sëche et dure ;
Fauteur rapporte plusieurs observa-
tions à l'appui de sa nouvelle mé-
thode^ qu'il intitule i Ecrasement H^
néairê rapide et excision des varices
et des tumeurs h^morrhoidaires,
(Oa%M. medica di Tortno.)
Nonveav dilatateur ntérin.
L« docteur Âscoli, professeur des
maladies des femmes aux Etats-Unis,
dans un mémoire publié dans 17m-
par%ialê , recommande , parmi les
moyens propres à provocruer Taccou-
chement prématuré artinciel, un in-
strument nouveau qu'il nomme dila-
tateur et auquel il. a recours quand
des difficultés insurmontables s'op-
posent à l'application de l'éponge
préparée. Le nouvel instrument, fa-
çonné sur les indications de l'au-
teur^ est assez simple, facile à ma-
nier, prompt dans ses résultats, et
n'offre aucun danger pour la femme.
Ce dilatateur est en métal
forme de l'instrument don
sert pour élargir les doigts
On l'introduit dans le col ai
et l'on exerce, pendant sh
minutes, une pression croiss
le manche, ce qui entraîne
ment des branches placées
col. On le relire ensuite <
substitue une canule d'aï
forme de sonde de femme, i
verte aux deux extrémités, q
avec une serviette ; la séroi
guinolente s^écoule et. au
vingt-quatre à trente-six he
membraties de l'œuf se déts
sont expulsées, tout cela san
malade, dans la majorité des
Ion l'auteur, soit obligée de ■
lit. {Journ. de méd. de Brua
Emploi du bromure
taflMium dans le dlal
docteur A. Flint a presc
trois cas de diabète 1 gramro
de bromure de potassiui
fols par jour, conjointemen
régime antidiabélique ordl
constata chaque fois une cess
pide de la soif^ une diminui
la quantité et le poids spéi
l'urine jusqu'à son retour i
normal, et une amélioration
des conditions générales de
mie. — Â l'expérience de m<
qu'il faut penser de tels
{Journ. de méd. de BruxeU»
TRAVAUX ACADÉMIQUES
De rinHuenee de l'alcoo-
lieme enr la vue. M. le docteur
Galesowski a lu à l'Académie de roé-^
decinCf séance du 88 février dernier^
une note sur ce sujets dont voici
l'analyse.
Ou sonnait généralement combien
sont fréquents les troubles des sens
chez les individus atteints de delirium
iremensimuU ee qui est moins connu,
c'est la forme particulière d'amblyopie
qui survient dans l'alcoolisme chro-
nique. Pourtant, dit l'auteur, cette af-
fection est trbs- fréquente à Paris,
surtoutdepuis l'état de siège, et tandis
que sur plus de trois mille nouveaux
malades de ma clinique de Tannée
dernière, je n'ai rencontré que dix-
neuf cas do cette amblyopie, il s'eitt
prégenté plus de cinquante de ces
malades pendant les cinq
mois.
Cette affection dépend évi
des conditions hygiéniques e
nellesdans lesquelles nous n
viens pendant le siège ; et c
ouvriers étaient réduits à st
mal, et qu'un grand nombr
eux remplaçaient une partie d
ture par l'alcool, qu'ils absor
grande partie à jeun, il en
naturellement une absorptloi
elle de ce poison et une in
lente.
C'est surtout dans la elas$
qu on rencontre celte affecti
au contraire qui se nourris
eu sont généralement exen
demmrnt rin(oxic:ilion se
plus facllemenl lorsque l'e
— 335 —
conttiPt point 4'alimeDU. Je n'ai yu
qo'vn seul cas d'ambljopie alcoolique
chez les femmes ; c'est pourquoi on
peat dire qu'elle est exclusivement
propre au sexe masculin.
Voioi les signes qui caractérisent
oette maladie :
i<>Lavue s'affaiblit d*une manière
Ofui brusque, et elle reste ensuite
uns grand cl^angement pendant des
aeiQfiines et des mois ;
20 L'acuUé visuelle s'affaiblit au
point que les malades peuvent à peine
oistÎBguep de trës-gros caractères ;
2* La vision au loin se perd d'une
minière très- sensible, et à quelques
pasU leur est impossible de recon-
ultra la figure d'une personne ;
4* Le gQiri les malades semblent
V9lr iBienx ; le trouble de la vue est
ttoins accentué. La même chose a lieu
h Batin, et j'ai vu des malades qui
pimient très-bien lire le matin
|[*tDt de quitter leur lit, tandis que,
wi la journée, ils voyaient à peine
• «conduire;
B* Par moment, il y a de la diplo-
Pjç et de la polyopie, ou bien les ob-
jets lemblent se rapprocher ou s'éloi-
per lorsqu'on les lixe. Selon moi, ce
pUienène ne peut être expliqué que
P'OQ spasme du muscle aeoommo-p
••Le trouble de la faculté chroma -
oqae n'est pas constant : tantôt le
J]^ parait brun ou noir, et le vert
jwieit gris. Souvent on remarque
{^ contrastes successifs des couleurs
'rtj-accentuées ;
^ Les pnpilles sont souvent iné-
W^ fortement dilatées et peu mo-
bilei;
^ A l'examen ophthalmoscopique,
on ne remarque généralement aucune
altération. Chez quelques individus^
j'ai pu constater pourtant des infiltra-
tions rétiniennes séreuses et des con-f
tractions apparentes dans les artères ;
90 Cette affection est ordinairement
rebelle au traitement ; elle dure très-
longtemps et ne cède qu'après la ces-
sation complète de Tusage des alcoo-?
liques;
lO» On obtient une amélioration
incontestable après l'usage du bro-
mure de potassium porté à de hautes
dosM, comme cela avait été conseillé
par le professeur Gubler contre Tal-
coolisme en général ;
ii^ L'expérience m'a démontré que
le collyre à l'ésérine fciilabarine),
instillé deux fois dans l'œil, amène une
amélioratioq immédiate ; c'est pour-
quoi je le considère comme un des
moyens les ptus importants dans le
traitement de cette amblyopie;
12* Cette affection n'est pas grave,
si elle est soignée dès le début; autre-
ment il faut craindre qu'elle ne de-
vienne chronique.
En parlant de l'influence de l'al-
coolisme sur l'œil, il est indispen-
sable de signaler aussi son effet désas-
treux sur les opérations oculaires.
J'ai vu quelquefois une simple exci«
sion de l'iris êlre suivie d'une iritis
ou d'iridochoroldile ; quelquefois la
plaie coruéenne restait deux et trois
semaines sans cicatrisation.
Des accidents bien plus graves en-
core peuvent survenir consécutive-
ment a une opération de la cataracte
par extraction ; on voit apparaître des
iritis suppuratives et des sphacèles de
la cornée qui compromettent le succès
de l'opération.
VARIÉTÉS
Etade mêdicttle mw réqaltatlon (1):
Par M. le docteur C. Rider.
«• Vréthrife, — L'uréthrite a été comptée au nombre dea accidenta que
l*«l causer l'équilation ; mais, dans celte circonstance, elle est bénigne et il
nnitdu repos et de quelques bains pour on avoir raison.
^ Impuissance. — Parmi les résultats morbides attribués à l'exercice cx-
WlSnite et fin. Voir le numéro du 28 février 1811, l^. \So.
— 236 —
cessif du cheval, se trouve raffaiblissement de l'activité génitale^ rimpuissance.
Cette remarque^ 'dit-on, fut faite par Hippocrate sur les Scythes. Or Hippo-
crate, signalant leur constitution lymphatique, froide, molle, pea portée à
l'exercice des fonctions de la génération, se contente d'ajouter : c De plof,
harassés par une perpétuelle équitation, ils perdent de leur puissance virile (1).»
Plus loin, il revient sur les effets de cet exercice exagéré : a Là où l'équitation
est un exercice journalier, beaucoup sont affectés d'engorgements des arUca-
lations, de sciatique, de goutte, et deviennent inhabiles à la génération (2). »
De nos Jours, Bro\Kn(3) a fait la même remarque sur les mamelouks. On a
voulu chercher la cause de cet accident dans Thabitude qu'avaient les penplee
de l'antiquité de monter à cru et les jambes pendantes, ainsi que dans la com-
pression et dans le froissement perpétuels des testicules, qui en déterminaien
l'atrophie. Rien d'étonnant, d'autre part, que, par l'effet d'une équitation oon-
tinuelle (4), la suractivité permanente d*un certain nombre d'organes ou d«
systèmes organiques nuise aux fonctions d'un ou de plusieurs d^entre Itt
autres organes : explication que rend encore plus vraisemblable l'ensembE
des mauvaises conditions de la vie des Scythes. Cabanis, dans cet or'dr
d'idées, fait observer, avec juste raison, qu'il en était de ces peuples coran
de toutes ces hordes errantes dont la vie est précaire, qui supportent di
grandes fatigues et qui vivent exposées à toutes les intempéries d'un ciel rS
goureux, sans qu'une nourriture continuelle et abondante renouvelle constam
ment leur corps épuisé. Ensuite, il est reconnu que l'assiette du cavalier, 1
frottement du périnée, réchauffement et le ballottement des organes génitau
entretiennent en eux une surexcitation permanente qui se traduit, 8urt(»«
quand l'individu a une certaine force de constitution, par des excës/des pol
luttons qui dégénèrent plus tard eu pertes séminales involontaires. C'est aim
qu'on voit des cavaliers, et en particulier des courriers, épuisés par les polio
tions. On connaît (5) l'histoire d'un postillon qui fut obligé, pour cette raisoi
de changer de profession. Il faut donc reconnaître là une autre cause d'iin
puissance, d'autant plus prompte à s'établir que l'équitation est plus assidue
Lallemand (6) la signale parfaitement, et nous croyons qu'elle suffit à expli
quer en partie le passage d' Hippocrate, applicable seulement à l'excës joumA-
lier de l'exercice équestre. Outre les exemples que nous avons notés plus haut
on cite encore celui de Charles XII, qui avait passé la plus grande partie dé
sa vie à cheval et chez qui l'on trouva, après sa mort, les organes de la géné-
ration presque atrophiés. En somme, d'après ces explications, il ne sembla
nullement prouvé que l'équitation modérée détermine ces fâcheux résultats; oa
observerait plutôt qu'elle exerce généralement sur les organes génitaux toB
influence opposée, et des auteurs, Âristote, par exemple, ont remarqué, ev
effet, que les cavaliers sont très-enclins aux plaisirs de l'amour.
(1) Hippocrate, Des airs, des eaux et des lieux, 21, in Œuvres complète^
édition E. Littré. Paris, 1840, t. II, p. 75.
(2) Hippocrate, ibid., p. 81.
(3) Brown, Voyage d'Egypte, 1. 1, p. 75.
(4) Van Swieten, Comm. in Boè'rh., aph. 1063.
(ô) Prix de V Académie de chirurgie, t. V.
/6) Lallemand, Des pertes séminales involontaires. Paris, 1836-1842.
— 237 —
L.^ docteur Lallemand (1) dit, dans le même sens : a L'exercice du cheval
pn^^oque Texcilation des organes génitaux.. • L'équitation a donc de graves
ineoxivénients à l'approche delà puherté... Si j'en juge par les faits nombreux
que j'ai pu observer, il est prudent de ne faire aborder les manèges que long-
temps après cette époque critique. D'ailleurs, aucun inconvénient sérieux ne
peat résulter de ce retard. >
iO« Influence sur Vutérus. — Des médecins ont cependant conseillé aux
lemes filles, dans certains cas, l'usage de Téquitation à doses modérées, pour
Miller et favoriser l'établissement de la fonction menstruelle. L'influence de
cet exercice sur Tutérus est d'ailleurs facile à concevoir et bien constatée : elle
pouvait du reste se déduire de son effet général sur Téconomie. Les femmes
<âtex lesquelles la menstruation se fajt régulièrement devront s'en interdire,
iTec précaution^ un usage trop fréquent^ parce qu'il pourrait en résulter pour
dles des pertes qu'il serait plus ou moins difficile de maîtriser. Pour celles^
au contraire, dont la menstruation est peu régulière, ou s'exécute péniblement,
l*exercice du cheval^ pris à propos, serait un excellent emménagogue.
11* Excoriations, — L'équilatipn détermine souvent, comme tout le monde
^ sait, des excoriations, variant d'étendue et de profondeur, aux fesses et au
P^tiaée, ainsi même qu*à la partie supérieure et intérieure des cuisses, quel-
^tfois aux genoux : c'est principalement chez le jeune cavalier qui n^a pas
^^core l'habitude du cheval, chez ceux qui montent à cru ou sans étriers on
9^1 font de longues courses sur un cheval dont le trot est dur et surtout irré-
^^ier, que Ton observe cet accident bien léger, quoique souvent assez doulou-
'"^tixet toujours fort gênant. Ces excoriations reconnaissent fréquemment aussi
Pour cause un pantalon mal sjusté, faisant sous le siège des plis dans lesquels
^ peau se prend et se meurtrit ; on les préviendrait en ne portant que des
Ionisions bien faits, sans coutures saillantes en dedans, ou encore, ce qui se-
'^It préférable, par l'usage aujourd'hui répandu de caleçons confectionnés
^V<e loio. Les avantages de ce vêtement sont depuis longtemps reconnus pour
^tiaorber la sueur, empêcher le frottement immédiat du pantalon sur la peau.
^^ prévenir ainsi les excoriations et diverses affections cutanées. Inutile
^* jouter que la propreté la plus minutieuse est de rigueur. Une autre précau-
^Oi bonne à prendre, c'est de ne pas laisser aux étriers trop de longueur ;
^«if raccourcissement donne à l'assiette un peu plus de stabilité.
On voit aussi quelquefois survenir au cavalier, au voisinage même de l'anus,
^^ végétations sur la nature desqueUes il pourrait être facile de se tromper et
^nll ne £iut pas confondre avec les condylêmes, auxquels elles ressemblent
^^«ancoup. c Je me souviens, dit Ramazzini, qu'un jeune écuyer élégant de notre
^lUonége me vint voir un jour et me dit, en rougissant et en attestant les dieux
^ ion innocence^ qu'il avait depuis longtemps une tumeur à l'anus. Je le
^iqaillisai et l'avertis que ce mal ne devait faire naître aucun soupçon contre
^ttjÊOËon, mais qu'il venait de son exercice. > Les grandes chaleurs^ la mal-
propreté, des excoriations négligées favorisent souvent le développement de ces
tuieors. Gomme elles peuvent s'ulcérer à la suite d'un exercice prolongé, il
^ onentiel de s'opposer à cet accident par le repos et les bainsj et d'en
*Pto ensuite la section ou la ligature.
(1) Lallemand, Education physique. Paris^ 1848.
— 238 —
•
19* Hémorrhcëées. — Les hémorrhoïdes sont un des ioconvénienU lea pla
fréquents et les plus pénibles attachés à Téquitation habituelle et prolongée
elles résultent surtout d'une pression continue de la selle sur Tanus, de la etaa
lear et de la congestion que cette pression et la position assise y entretienneni
des secousses d'un cheval dont l'allure est trop dure, et enfin de la constipa tio
habituelle, qui est une conséquence ordinaire de Téquitation. Le seul moyen d
prévenir celte incommodité serait, suivant certains auteurs. Colombier, pa
exemple, remploi de selles modifiées de manière qu'il y eût une exeavatien
l'endroit oU repose l'anus. On peut faire contre ce moyen l'objection qai a él
élevée contre l'usage^ pour les hommes de cabinet^ des coussins mobiles t
forme de couronne, qui, exerçant une compression circulaire, refoulent le aaa
vers la marge de l'anus ; on a recommandé, au contraire, Tusage de conuii
bombés au milieu. Les hémorrhoïdes peuvent avoir pour le cavalier des sait*
fléheuses, car lenr inflammation par l'efTet de courses longues et précipita
pêiit se terminer par des abcës et quelquefois même par des fistules k l'aiii]
Il importe donc d'entraver les progrès de cette maladie et d'en suspendre 1
résultats par le repos, des saignées locales, des bains de siège et des lavesiei]
émollienls pour faciliter la sortie des matières qui embarrassent TintetU
notons enfin que D.-J. Larrey n'a pas observé les hémorrhoïdes, dans rarmé
plus fréquentes «hcz les cavaliers que chez les fantassins ; au contraire, il a v
l'exercice du cheval guérir cette maladie.
13o Eruptions pntrigineuses. — On voit souvent survenir^ sur les cuisse
et les jambes des jeunes cavaliers, des éruptions prurigineuses causées par i(
frottement des membres inférieurs contre les flancs du cheval. L'usage da ca-
leçon peut diminuer les effets de ce frottement, qui ne se font plus sentir^ da
reste, ches le cavalier habitué à cet exercice. Le frottement continuel aaqoel
les genoux sont exposés, chex les individus peu exercés, détermine quelqueCïii
des inflammations de l'articulation tibio-fémorale, et l'on a vu cette inflaouM-
tion être suivie de tumeurs blanches. On peut prévenir encore^ dans une cer-
taine mesure, ce redoutable accident^ d'ailleurs rare, en conseillant aux jeoBCi
cavaliers l'usage du caleçon et en leur faisant raccourcir davantage les étrien*
14<> Vcuices, — On observe assez fréquemment des varices aux jambes et
même aux cuisses chez les cavaliers ; on en conçoit facilement la formitioa»
lorsque l'on réfléchit à l'influence de Taction musculaire sur la drcolstiel
veineuse : outre que, chez l'homme à cheval, l'immobilité relative des membm
inférieurs prive le sang des veines saphènes de cette cause d'impulsion, li p^
sition dans laquelle ils demeurent plus ou moins longtemps apporte un titi*
obstacle an retour du sang veineux vers le centre circulatoire. On a propos^
ponf s'opposer aux progrès de cette maladie, peu importante, en appareseSy
lia}* qai, d'abord gênante^ peut donner lieu, suivant les organisations et ni'
vaut les eas^ à des accidents vraiment graves, différentes espèces de bas oa ^
bandages coiirp^essifs qnl ont bien leur utilité et sur lesquels noos n'avoM p*^
k insister. La calotte, qui s'arrête au milieu du membre inférieur^ ne doit p^
exercer scrr lui de constriction, sous peine de favoriser la production de 9^
ifectdeats aoxqaels donnaient lieu les guêtres de nos soldats : codkiM^ <
varices, etc.
15o Coliques, diarrhées. -* Des coliques, des diarrhées attestent suffisam'^
ment que la digestion est troublée par un exercice pénible pris immédiateiael^
après le repas, et en pariiculier par uile course à cheval £aite à ce nonent laiM
— â39 —
néBa^eneat aurait. Il est cependant des cavaliers qui sont obligés de prendre
des aliidents solides avant de monter à oheval, pour éviter des douleurs ^ro-
ddttes par des tiraillements du foie et de la fate. De plus^ il y a des tempéra-
ments^ surtout les tempéraments bilieux^ qui>ne peuvent supporter aucun exer-
cice'violent, et notamment celui du cheval, lorsque l'estomac est vide; les
personnes qui sont dans ce cas doivent alors prendre Un bouillon oii quelque
attBieiit léger et de facile digestion avant de faire de l'équitation.
1&^ Goutte, rhumattsmes, sciatique. — On a dit que la goutte, les fhd'-
flilismes et la névralgie sciatique étaient plus fréquents chez les cavaliers que
éba les fantassins. Si cette assertion est exacte, il est difficile d'en trouver la
«aie dans l'équitation, et l'on ne peut attribuer ces affections, chez nos eava-
tters, au défaut d'étrîers, que l'on avait regardé comme leur source pour les
Scfthes^ les Romains^ les Numides et les autres peuples de l'antiquité adonnés
* à l'exercice équestre. On ne peut guëre rapporter ces maladies qu'à l'influence
il fhiid, auquel les gens de cheval sont plus exposés par suite de l'immobilité
dais laquelle séjournent les membres inférieurs. Otl ne doit pas prendre pour
b goatle une tuméfaction rouge et douloureuse de l'articulation du gros orteil,
He Ntveiit au frottement de Tétrier. Il se manifeste aussi astei fréquemment
tedoaleors danft l'articulation coxo- fémorale^ douleurs qui peuvent atotr
H^ origine un écartement tfop considérable des extrémités inférieures néces-
sité par un cheval trop large ou dans quelques cireonslanees variées.
1> Courbure du membre inférieur i -^ L'ejiereice habituel dé râquitation
^it par amener, dans diverses mesures, au membre inférieur, une courbure,
SMireat trës-prononcée, dunt le sommet est au genou, qui est repoussé en de-
^1 par rapport aux extrémités opposées du fémur et du tibia.
llN Chutes. — Les gens de cheval, dans les chutes qu'ils font, sont fré-
Vaunent atteints de blessures plus ou moins graves ; mais, comme elles ne
Nttpas directement liées à l'exercice de Téquitation, nous ne las compterons
N parmi les Inconvénients qu^elle entraîne, non plus que les (iontusiotls on
liMNpsde pied que peuvent recevoir de leurs chevaux les cavaliers dans les
lihi itn*Us Itur donnent ou dans diverse» ciroonataneesi
1*1
hMiéBméiecinë dé Parié, — L'onvettar^ des eodts da dénllfett^ 8«-
jMitfe de la Faeblté de médecine, retardée par les 6téneÉieiit0> aura lies le
wi S7 mars.
hnUé des tctences de Pttris. — Les cours du second semestre de la Fa-
*dti éas icienoas de Paris s'ouvriront le jeudi 16 mars, à la Sorbonne»
UaoK n'nomiBVR. •— Par décret en date du 7 février 1871, ont été promus
H aonmés dans l'ordre de la Légion d'honneur :
dtr^rodirfe commandeur; MM. Gerrler et Cbampoilillon, médedns prifr-
*Nx de !'• clane ;
^ grade d^ officier : MM. Didiot, médecin principal de l'« elasse; Colin,
*^^n principal de 2^ classe ; Gastex, Azsis et Béraud, médecins-majors de
V* disse ; Darcy, médecin-major de 2« classe ; de Montëze, pharmacien-
•^ de 1" classe ;
Àuorade de chevalier : MM. Mabillat, médecin-major de 2e classe.; Moy-
■^, Uénard, Gug, Bachelet, Jacquemet, Bonnefoy, Goze et Ërambert, méde-
^ lUea-nijon de l^e classe ; Gottel, médaeiu aide«major de 2< classe;
— 240 —
Badal, médecin aide-major de 2* classe auxiliaire ; Judicis, pbarmacien-maj
de 2» classe ; Gilibert, vétérinaire ; Blanc, médecin aide-major au 3« batal
Ion de la Drôme; Pinard, médecin au 1«' bataillon du Finistère; Bourde
médecin aide-major au 7« bataillon de la garde mobile de la Seine ; Portefo;
médecin-major aux francs-tireurs de la Presse.
*<»
Par décret en date du 5 mars 1871, M. le docteur Galler, médecin de la 1
gion des mobilisés de l'/klsace (colonel Keller), a été uQmmé cbevalier de
Légion d'honneur pour sa belle conduite au combat de Saint- Valbert^ deri
Héricourt.
Grades universitaires des Alsaciens et des Lorrains. — Le conseil monû
pal de Lyon vient d'émettre le vœu suivant :
c Le conseil municipal de Lyon :
« Considérant que la séparation de l'Âlsaoe et de la Lorraine ne peut êi
que provisoire ;
< Qu'il est à propos de rattacher nos frères à la France en leur conserv:
tous leurs droits de Français ;
€ Porte auprès du pouvoir central le vœu suivant :
« Tous les grades universitaires, toutes les inscriptions d'enseignement i
(( périeur et tous les diplômes acquis par des Alsaciens et Lorrains auprès
< écoles et des facultés établies ou à établir en Alsace et en Lorraine aar
« en France la même valeur, et leurs titulaires jouiront des mêmes droits <
c s'il les avaient acquis en France, sous la seule condition par eux d'avo»!
(( justifier de leur origine française.
c L'équivalent des grades sera déterminé par un règlement spécial. •
Météorologie. — Le service de la météorologie internationale n'a point
interrompu par la guerre. M. Marie Davy, avant la capitulation de Paris, l'a^
organisé d'abord a Tours et puis à Bordeaux. En outre, les savants franc
qui habitaient les pays investis ont continué leurs observations malgré la p:
sence de l'ennemi.
Le docteur Bérigny n'a point interrompu pendant un seul jour sa belle séi
de Versailles.
M. Renou a parcouru, comme il en avait l'habitude, les environs de Te^
dAme. Il a été arrêté plusieurs fois comme suspect d'espionnage. Partoi
malheureusement, comme à Paris, l'hiver a *élé exceptionnel. Le thermomël
est descendu à 12 degrés à Vendôme, à 16 degrés à Montpellier, à 17 degréi
Bordeaux, à 23 degrés à Périgueux. Nos armées de secours, pour éprouver d
retraites de Moscou, n'ont pas eu à sortir de France. Le général Hiver éta
arrivé dans les bagages des barbares. du Nord.
Mais, sublime consolation! cet hiver, si rigoureux, si funeste, est le pretti
qui ait été prédit scientifiquement, eu vertu d'une loi de récurrence ((
M. Renou a découverte et publiée aans les Comptes rendus de rAcadémied
sciences. {Union méd.)
Société de pharmacie.^ Cette société a renouvelé dernièrement son borti
M. Bussy a quitté le fauteuil de la présidence pour le céder au vice-préside
M. Lefort ; M. Stanislas Martin a été élu vice-président ; M. Morlreux, secf
taire annuel. M. Buignet reste secrétaire perpétuel ; M. Desnoix^ trésorier.
Pour les artides non signée : F. BRIGMETBAU.
— 241 —
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
flaelqaefl prluelpes thérapeaCiques à propos de la palbogénle
des scrofales^
Par M. le docteur Dactbaghb père^médecio de Thâpilal de Manosque et des épidémies
de rarrondissement de Forcalquier, membre et lauréat de plusieurs Académies
de médecine, etc.
Pendant que M. Monneret, dans sa Pathologie générale^ vou-
lait ne suivre que les principes de Bacon et ne jamais s'écarter du
phénomène, que M. Chapelle (d'Angoulême) cherchait à montrer
deirant l'Académie de médecine qu'il n'y a pas un véritable anta-
gonisme entre leâ principes du chancelier d'Angleterre et ceux de
Descartes, le praticien, en attendant la solution du débat, ne re-
msirquait pas moins que tel phénomène qui paraît vrai et démontré
aujourd'hui ne Test plus demain : témoin cet admirable phéno-
ïTfcène de glycogénie par le foie élayé de tant d'expériences physio-
logiques de l'habile M. Cl. Bernard, contesté naguère par des
expériences non moins sérieuses que produisaient M. Louis Figuier
€t le savant professeur de physiologie de T école de Paris.
Ces circonstances montrent évidemment ce que soutenait Trous-
seau : que la science spéculative peut bien éclairer la pratique^
naais ne la dispense pas de consulter Tobservation clinique. J'ajoute
quece n'est que lorsque ces deux conditions coexistent et s'étayent
mutuellement, que la pratique a le droit de prétendre marcher
dftng une voie plus sûre et plus fructueuse. On peut dire même que,
s&tis cet appui réciproque de la science et de la pratique^ on risque
fonde faire fausse route. Il est à craindre que l'on ne reste ou
tes la théorie nébuleuse ou dans une routine insensée, toutes
tel sans résultats probables, laissant alors tout le soin aux eflojrts
^ la nature, lorsqu'on ne la contrarie pas.
Science et observation clinique m'ont frappé depuis longtemps
*tt sujet deTafiection scrofuleuse, si variable dans ses manifesta-
^ons, si unitaire dans sa cause ou plutôt dans son phénomène pa-
Ihogénique primordial, phénomène qui ne varie guère que par son
<Jegré.
La plupart des auteurs eux-mêmes comprennent que ce phéno-
mène existe: « Les scrofules, dit Kortum [Commentaires sur le vice
^crofuleux)^ ne sont pas une maladie locale, et les manifestations
TOME LXXX. 6* LIVR. \^
— 24Î —
morbides qui se déclarent en diverses parties du corps prouvent
de la manière la plus évidente qu'il existe une cause générale. »
Les auteurs du Compendium de médecine définissent les scrofules
« un ensemble de phénomènes dus à une altération générale pri-
mîtite et le plus souvent héréditaire dans l'organisme » .
Toutefois, quelle est cette altération générale ? On la trouve
ordinairement dans le tempérament lymphatique. Mais qu'est-ee
que ce tempérament lymphatique? Là est la question, là est le
. problème, que je crois résolu à la fois par la science et par la
pratique»
Par la science, en ce qu'on ne peut plus dire aujourd'hui que
c'est une prédominance du système lymphatique sur le sanguîn^
puisqu'il est démontré que la lymphe n'est que du sang à Tétai
rudimentaire, ou, si Ton veut, à un certain degré de formation ;
puisqu'il a été manifeste qu'en poursuivant dans le système lym-
phatique et ganglionnaire la lymphe, on la trouve d'autant plus
parfaite, d'autant plus conforme an sang lui-même dans ses élé-
ments chimiques et microscopiques, qu'on la recherche plusprèsdu
canal thoracique, plus rapprochée du moment oii elle va se verseï
dans le torrent circulatoire : c'est-à-dire que plus on l'observe loin
de la périphérie et alors qu'elle a parcouru un plus grand nombre
de ganglions, mieux on la trouve élaborée et rapprochée de la con-
stitution sanguine, a C'est seulement, dit J. Mûller [Manuel de
physiologie, t. I, p. 207), lorsque la substance alimentaire (chyle
ou lymphe) se trouve contenue dans les vaisseaux lymphatiques
qu'elle acquiert la propriété de se coaguler, et plus elle avance dans,
le système lymphatique, plus celte propriété devient prononcée, »
c'est-à-dire plus il y a de transformation d'albumine en fibrine.
D'autre part, quelle est la fonction des radicales lymphatiques!
C'est, évidemment, de s'emparer de la sérosité sanguine qui n^
pas été assimilée dans le phénomène de la nutrition : plasma im-
parfait de l'hématose, délaissé et encore impropre à l'assimilation,
qui, en subissant de nouvelles élaborations dans le système lym-
phatique, reprend de nouvelles propriétés physiologiques et, johrt
au chyle provenant de la nourriture, versé avec ce dernier daos
le canal thoracique, sert de nouveau à ce mouvement sans fin de
composition, de décomposition et de recomposition qui s'opère in-
cessamment dans l'organisme. C'est ce qui résulte des divers tra-
vaux de Tiedeman, J. Mûller, Gmelin, Burdach, Magendie, Gdl*-
lard de Maitigny, Lhéritier, etc. « Ce qui paraît surtout démontré;
àà U. Lhëritier {Chimie pathologique^ p. 3i), c'tst que la lymphe
profient d'une transformation digestite de la substance même du
oorps. »
Voilà, en abrégé, ce que fournit la science . Quant à la pratique,
die démontre clairement que Tinaction, Pétat sédentaire^ Thabi*
tAtion dans les endroits bas et humides^ mal aérés^ engendrent les
aerofules et toutes les formes tuberculeuses et rachi tiques. Si les ob-
serirations de la plupart des praticiens n'attestaient pais ce fait, les ex«
périences de MM. Goster et Fourcault le mettraient dans tout son jour,
t&ndis que j'ai constaté que nos paysans strumeux qui présentaient
jusqu'à l'âge de douze à quinze ans des flux scrofuleux^ des oph«
thalmies, des ganglions tindurés et suppures^ guérissent tout seuls,
saos remèdes, par les trayaux des champs. Entre nombre de faits,
j^en possède un très-remarquable, puisqu'il témoigne des deux
terjaies de la question.
XJq paysan, marié en secondes noces^ habitait une maison étroite,
basse, sans issue par derrière^ sans fenêtres de ce côté, adossée
q^a^cUe était à d'autres maisons. Cet homme, qui passait toute sa
i»iumée aux champs, n'a jamais rien eu, non plus que son fils aîné,
qu'il put de bonne heure emmener et faire travailler avec lui ;
mais ses deux femmes et nombre d'autres enfants^ qui étaient con-
^mment obligés de rester enfermés dans cet étroit et humide mé-*
phttisme^ périrent tous ou de scrofule ou de phthisie. Sa dernière
fttnme, que j'avais vue jeune fille vigoureuse, après trois de ses
<Aiants qui périrent y succomba elle-*même à la fois à la scrofule
^ Jk la phthisie.
Lt^observation qui vient d'associer ici la phthisie et la scrofule
(cl certes ce n'est pas la seule que je pourrais produire, puisque
i^^i vu nombre de frères ou phthisiques ou scrofuleux) m'amène
^torellement à cette question : si ces afiections n'auraient pas une
^gine commune. On ne saurait en douter, puisque les expériences
^ Coster attestent qu'il suffit de renfermer un animal dans un air
^>€î^ par l'humidité et les émanations de carbone, en le privant de
Mouvement, pour le faire devenir ou scrofuleux, ou tuberculeux^ ou
'^hitique. Baudelocque pensait même qu'une des causes fréquentes
^e tubercules ou de scrofules était l'habitude qu'avaient certains
^faBts de dormir avec la tête sous les couvertures de leur lit.
Il y a plus ; j'ai tout lieu de croire que la chlorose peut être lepre«
^r degré de toutes ces maladies. Voici entre autres quelques obser-
^Hions qui me l'ont prouvé d'une manière bien évidente. Bn 4659,
— 946 —
mentant ht poîssance drcalatoire^ en augmente le degré d'âabo-*
ration.
L'exercice, les bains froids ne se bornent pas à cette action sur
le système lymphatique. De même que les bains d'air comprimé,
ils ont, avec ces derniers, la propriété de multiplier la puissance,
respiratoire et partant de favoriser les dépurations carbonées, dé*
purations d'autant plus parfaites que les conflits moléculaires on
été augmentés dans tout le système organique et leurs résid
entraînes dans la circulation veineuse pareillement activée. Orcfr^s
effets |ne retentissent-ils pas toujours sur l'albumine ou peul-ètr^<^
ses qualités, s'il est vrai, comme l'établit M. Michaêlis, que cell
renfermerait plus de carbone que la fibrine? Dès lors ne serait-
pas ce carbone qui a joué un rôle si prééminent dans l'étiolo^
de la maladie, dont l'excès serait la première cause de l'altérati
de Talbumine?
Toujours est- il que la maladie ne nous paraît pas seulemc
tenir à un excès d'albumine ; et bien que celui-ci dépende surtout
son défaut de transformation en fibrine, il est encore permis d'^
mettre quMl excite dans l'albumine une certaine viciation. BurdcLoli
et Lhéritier ne sont pas éloignés de cette pensée lorsqu'ils disecat :
« La diathhe alàumineuse provient d'une assimilation abondante»
mais incomplète, qui se dénote par un sang vermeil, visqueux»
mais pauvre en fibrine. » (Burdach.) « Cette diathèse est propre
phthisiques et aux scrofuleux. Qiez eux, la formation du sang
meure à un degré inférieur^ parce que l'assimilation et la respii^'
tion s'exécutent d'une manière incomplète : il se forme moins ^
fibrine et de seU terreux; Talbumine prédomine, quoique imparf^ottr
tentent développée ; la coagulation est facile^ mais faible, et lecofl*
gulum repasse bientôt à la fluidification. » (Lhéritier^ op. ct^*
p. 261 .)
Nul doute qu'il n'y ait même des degrés fort divers et de cei^
abondance d'albumine et de son état d'imperfection. Aussi bi^^
des auteurs ont reconnu que souvent un excès de graisse, oï^
obésité trop prononcée étaient un premier degré de scrofule. N'est-^^
pas là, en effet, une surabondance de matériaux carbonés, insuf^^
samment brûlés dans l'intimité des fonctions de nutrition? Ce qu^ ^
y a de certain, c'est que j'ai analysé le sang de quelques person
ainsi chargées de sucs et d'embonpoint, et c'est chez elles que j'
trouvé la plus grande proportion d'albumine, 11, 13 poui* 100. .
résultat m'a été donné surtout par le sang d*un individu doa^^
- 147 —
nombre de firëres et sœurs, de môme que plusieare enfants à loi;
avaient succombé à la phthisie ou à la mënîngite granuleuse. J'ai
connu une dame étonnamment chargée de graisse, dont l'enfant,
qu'elle avait allaité, périt dans les extrêmes transformations du ra«
chitisme, tandis que ceux qui furent mis en nourrice évitèrent
cette maladie. N^y a-t-il pas là de nouveaux témoignages pour notre
manière de voir et de considérer la pathogénie scrofuleuse ? Ajou«<
tons que de telles constitutions ne se rencontrent pas chez nos
paysans laborieux^ eux, cependant, qui usent presque uniquement
d*one nouiTiture végétale, c'est-à-dire particulièrement atbumineusa
et carbonée : preuve plus manifeste encore de la puissance de Fexer-*
cice musculaire, d'une respiration activée sur Tassimilation et les
transformations chimîco- vitales de Thématose. Ces travailleurs
trouvent ainsi facilement dans leurs rudes labeurs ce que les classes
riches ne peuvent souvent rencontrer à grands frais sur les diverses
plages marines, dans les établissements hydrolhérapiques ou pneu«
matiques particuliers. N'est-ce pas le cas de s'écrier avec Virgile :
0 fortunatos nimium, sua si boaa norint,
Agricolas!...
Malheureusement ils ne connaissent pas leur bonheur et ils aban-*
donnent souvent ces champs fortunés pour le séjour des villes, oit
ils deviennent des artisans nécessiteux, périssant de scrofule, qu'ils
gagnent dans des bouges étroits ou dans le méphitisme des ateliers.
Enfin, pour en finir sur ce sujets disons que M.Dubois (d'Amiens),
contrairement à Burdach, Lhéritier et nous, aurait trouvé une pro«
portion moindre d'albumine dans le plasma du sang des scrofu«
leux; mais ceci dépend^ croyons-nous, de l'espèce de la maladie, at
surtout de son ancienneté chez le sujet examiné. Nous aussi, nous
avons trouvé une proportion moindre d'albumine et môme plus de
fibrine chez Içs phthisiques et les scrofuleux à un degré extrême
d^émaciation. Celte particularité est la conséquence des derniers ef-
forts de l'organisme^ de la résorption musculaire même qui fait vivre
ongtemps diverses espèces de malades sur leurs propres chairs. Ce
ihénomène^ que chacun a pu observer et s'expliquer facilement, n'a
as échappé à M. Lhéritier^ puisqu'il dit : a La transformation
igestive dans laquelle les lymphatiques jouent un rôle absolument
mbiable à celui des chylifères^ c'est que la vie elle-même se soutient
x la résorption de la graisse et des muscles, etc., qui sont comme
s aliments réduits à l'état du sang« quand la digestion stomaco**
— 248 -
intestinale est insuffisante. » (Op. cit., p. 21). N'est-ce pas cette
propriété des vaisseaux lymphatiques, et probablement des veines
aussi (Magendie)^ que nous utilisons pour faire résoudre ces
phlegmons, ces engorgements strumeux? Et la compression^ les
frictions iodurées que nous employons^ font-elles autre chose
qu^activer cette faculté de résorption pour reprendre les matériaux
de ces tumeurs ?
D'ailleurs, il existe deux espèces de scrofules, et notre illustre
maître le baron Alibert^ après Warthon, les avait distinguées en
scrofule vulgaire et endémique ou momie {Nosologie naturelle).
Chez celle-ci^ qu'il a figurée dans Touvrage cite, Témaciation est ex-
trême, la peau est aride, sèche, comme momifiée. Tout manque
alors^ et les sucs blancs et les globules, ou plutôt ce qui reste de ces
derniers et de la fibrine ne vient plus d'une assimilation alimen-
taire^ mais de la décomposition propre dos chairs que nous avons
signalée. C'est pourquoi déjà dans noire Hydrothérapie générale
nous avions reconnu une scrofule comme une chlorose hyper et
hypoalbumineuse (voir cet ouvrage).
Il est donc bien avéré que la curation de la scrofule existe tout
entière dans les moyens de redonner au sang les qualités chi-
miques et physiologiques qu'il n'a jamais eues ou qu^il a perdues.
Baumes, Bégin l'avaient déjà exprimé, tandis que M. Fleury dans
son Traité d'hydrothérapie s'explique ainsi qu'il suit : « La lâche
du médecin est de faire recouvrer au système sanguin la prépon-
dérance d^action qu'il a perdue, d'eiciter les organes élaborateurs
du sang. Que l'on analyse tous les moyens qui ont procuré des
succès soutenus dans le traitement des scrofules, et partout on re-
connaîtra que la maladie ne se dissipe qu'alors que les élaborations
rouges et que l'appareil sanguin ont acquis ou recouvré leur pré-
pondérance. ») (1" édit., p. 385.) « C'est sur la gymnastique mé-
dicale, dit Bégin {Dict. des sciences médicales, t. L, p. 356), que
repose tout entier le succès du traitement ; mais le bain froid est
un des moyens les plus efficaces que l'on puisse employer soit
pour prévenir, soit pour combattre les accidents des scrofuleux. p
Il est évident que ces auteurs avaient vu le point principal de la
question; mais personne, avant nous, n'avait expliqué suffisamment
le véritable mécanisme physiologique par lequel ces élaborations
s'opèrent et se provoquent. Or c'est réellement le mode de ce mé-
canisme organo-fonctionnel qui, en dévoilant l'action positive des
traitements qui réussissent le mieux dans ces maladies, fournit
— 249 —
aui praticiens les plus sûres et plus réelles indications thérapeu-
tiques. En efiet^ l'action de Tair des champs^ celle des bains d'air
comprimé^ de la gymnastique^ les résultats suilout des travaux de
la campagne, des bains froids, de Tair et des eaux de mer ne sont
plus des mystères ou des moyens empiriques; ce sont des effets
dont l'action est positivement dévoilée et que Ton peut suivre
jusque dans leurs dernières conséquences et leurs résultats finaux.
Est-ce tout? n'y a-t-il plus à s'occuper de l'assimilation par le
régime alimentaire, dès Tinstant que le système lymphatique ainsi
ramené à des fonctions plus parfaites se charge lui-même de pro-
luire des élaborations fibrineuses perfectionnées? On serait tenté
le le croire en voyant les guérisons qu'obtiennent nos paysans^ le
tempérament fîbrineux qu'ils acquièrent, même avec une nourri-
ture végétale, très-ordinairement féculente, et partant plus parti-
culièrement albumineuse. Mais tout le monde peut-il s'astreindre
à de tels travaux? tout le monde peut-il aller prendre des bains
d'air comprimé, des bains de mer, suivre des traitements dans les
établissements hydrothérapiques ? Malheureusement non ; aussi
l)eaucoup ne guérissent pas ou ne guérissent qu'incomplètement et
attendent toujours quelque récidive.
be régime alimentaire doit d'ailleurs être pour quelque chose
dui8 le traitement^ je n'ose dire pour beaucoup devant les faits
prudents. Cependant ce ne peut être sans raison que l'expérience
générale conseille des viandes rôties et grillées, c'est-à-dire un ré-
gime azoté et fibrineux ; qu'elle proscrit les féculents et le lait en
Wiculier. Pour moi, après avoir insisté sur tous les moyens pré-
sents, que je dispose suivant les ressources et la position de
^«acun, je joins aux viandes, à du vin généreux, au café surtout,
^ toniques en général, des herbacés, notamment les choux, les
'^^▼ets, les chicorées, les raiforts, les radis, quelquefois l'oignon,
*^ivent l'ail, qui me paraît, par l'usage qu'en font nos paysans, non-
'^ement un stimulant favorable aux organes digestifs, mais en-
^^e un excitant des fonctions nutritives et à coup sûr un dépuratif,
^lûme l'indique l'odeur qu'il communique à la respiration, à la
*Jieur et aux urines. Ne sait-on pas que le seul ouvrage de méde-
^*De qu'on ait découvert en Turquie, pendant notre guerre de
^^mée, donne l'ail comme une panacée merveilleuse, et à la fois
}^*i aliment précieux et un remède universel? Certainement je suis
"ïtt de partager une telle opinion; mais l'observation m'a récon-
^>Vé avec ce condiment vulgaire, dont nos pères faisaient d'ail*
— MO —
leurs un grand usage. Nous lisons que la grande noblesse du teiii|
ne le repoussait pas comme de nos jours, puisqu'on rapporte qi
le duc de Richelieu, voulant aller souper un certain jour eh
Marion Delorme, lui envoya d'avance, pour son écot, un din
farci à l'ail. Ne serait-il pas aussi un aphrodisiaque ?
Ceci dit en passant, constatons aussitôt que le traitement d
différer sensiblement lorsque le sujet est éraacié, soit par son tem|i
rament originel, soit par les progrès du mal. Alors le sujet esthj|:
albumineuz, et si quelquefois on trouvait dans son sang une pn
portion notable de fibrine, c'est qu'il prendrait directement celle
sur la fibre musculaire elle-même, et non pas sur le chyle proT
nance de Talimentation ou le plasma restant de la nutrition, fi
vu, en effet, quelquefois chez les phthisiques dans le marasme
caillot du sangtrw^ par de la couenne. Ne sait-on pas aujourd'hi
que, dans les maladies pour lesquelles on saignait à outrance, 4
n'était pas le sang des premières saignées qui était couenneux,c'es
à-dire fibrineuz, mais celui des dernières, alors que le malM
était obligé, précisément par ces spoliations sanguines, de résorh
sa propre substance? Dans ce cas, les indications changent
outre l'exercice, les bains froids, les bains de mer, surtout l
bains d'air comprimé, tous les analeptiques albumineux et fibi
neux, même le lait, sont indiqués. L'huile de foie de morue, lorsqi
la fièvre, dernier effort de l'organisme, n'est pas allumée, doit et
prescrite, et à doses énormes, par verrées même, comme je l'ai ^
employer à M. Bazin, à l'hôpital Saint-Louis.
Est-ce là tout? que dirons-nous de l'iode et de ses préparatioii
nous, élève particulier de Thôpital Saint-Louis et même de Lop
qui avons assisté à ses principaux travaux et qui en avons vu 1
grands et beaux résultats? La division établie ci-dessus par Ws
thon et Alibert, spécifiée par nous dans tes caractères chimiques <
sang, nous sert encore particulièrement de guide.
Dans le premier cas, où l'albumine ne fait défaut que par 1
qualités, et celles-ci probablement surtout par suite de l'abaitl
ment fonctionnel du système lymphatique, nous donnons l'iodi
l'intérieur, de préférence la solution iodurée concentrée par goutti
lorsque cette exubérance des sucs blancs est très-prononcée,
dans cet état nous apercevons encore un abaissement concomiti
des globules, c'est-à-dire une complication chlorotique, nous pi
ferons l'iodure de fer ; tandis que, dans tous les cas, nous n'hé
tons pas à attaquer les engorgements extérieurs par les pvépii
~ «54 — •
tions iodurées, le« ioduro-mercurielles, auiquelles nous joignons la
compression toutes les fois qu'elle peut s'employer d'une manière
méthodique, particulièrement dans les maladies articulaires ; car,
ûofii que Récamier^ Velpeau et notre digne et regrettable ami
Bonnet (de Lyon), nous regardons la compression comme un moyen
héroïque. Aussi pourrais«Je fournir, si les limites de cet article me
le permettaient^ quelques eas remarquables de tumeurs blanches
guéries avec les moyens combinés des irrigations froides, de la
compression et des frictions iodurées. Enfin, dans la scrofule hyper-
albumineuse, où il s'agit plutôt de transformer que d'acquérir^ je
ne donne pas l'huile de foie de morue.
J*ai obtenu la guérison d'abcès froids, d'engorgements du pé-
rioste^ de carie du fémur, sur une belle et grande demoiselle ap-
jMirlenant à notre premièi*e noblesse de Provence, et à coup sûr à
tttte forme hyperalbumineuse, car elle avait un teint et des formes
edmirables. Seraitce vrai, ce que j'avais maintes fois entendu dire
iAlibert, que les plus belles et plus jolies femmes avaient toujours
vn peu de scrofule ? L'iode fut employé chez cette demoiselle sous
toutes les formes: à l'extérieur, en injections, en frictions ; à l'in-
t^ar, ht solution iodurée concentrée fut portée jusqu'à la dose de
tt gouttes. Chose singulière peut-être, jamais dans le service de
Uigol, à l'hôpital Saint-Louis, ou dans ma pratique je n*ai ren-
Mntré riodisme. Cette cure fut aidée par les douches, les irriga-
IXHis froides sur les parties malades, et assurée par les bains de
Bier; tandis que, avant que je visse la malade, des eaux thermales
li^-chaudes en Italie, qu'on lui avait conseillées, avaient (ramené
les accidents, qui s'étaient amendés une première fois. M. le pro-
fesseur Courly (de Montpellier) avait été aussi consulté pour cette
intéressante malade, et voulut bien sanctionner notre traitement,
<lont les effets ne se sont plus démentis.
Chez de tels malades, où il s'agit plutôt de transformer que
d'ecquérir, nous ne donnons pas T huile de foie de morue, n'étant
fis nécessaire de donner des aliments respiratoires pour augmenter
k combustion et par suite la calorifîcation. C'est surtout à l'exer-
^1 aux bains de mer, à la natation, à la gymnastique, aux bains
^W comprimé, que nous demandons cette calorifîcation pour brûler
li> matériaux carbonés en excès. Dans la scrofule hypoalbumi-
'^iQie, c'est différent : nous donnons spécialement l'aliment respi-
^ire, afin que l'organisme ne brûle pas sa propre substance et
^ttietienne son calorique en dehors de ses matériaux particuliers ;
— 252 —
cela cependant sans proscrire Texercice au grand air, que LugoL
ordonnait même à ses malades les plus ëmaciés, car il les faisais
souvent transporter dans les cours de Fbôpital Saint-Louis^ lors-
qu'ils ne pouvaient s'y rendre eux-mêmes. Nous prescrivons encore
les bains froids, qui servent toujours à l'assimilation , à rélaboratioK
de la lymphe, en activant les fonctions du système lymphatique cL^
la périphérie au centre, c'est-à-dire selon la direction fonctionnelle
de ces vaisseaux. Toutefois nous employons différemment ces dm
vers moyens hygiéniques et physiologiques : dans le cas de scrofia1<
hyperalbumineuse, nous conseillons les bains froids^ les bains d
mer, ceux d'air comprimé, l'exercice^ très-prolongés ; dans le eau
de scrofule hypoalbumineuse^ nous les ordonnons de courte duréi
et répétés, afin de donner sans épuisement, et proportionnellemeni
aux forces^ de simples impulsions fonctionnelles à l'organisme^ im-
pulsions qui^ quoique beaucoup plus difficilement ici, finissent quel-
quefois petit à petit ou d'encore en encore par réveiller le consensiu
organo-fonctionnel et^ en activant ses effets, en déterminent les ré-
sultats. C'est ainsi que nous considérons toujours Torganisme
comme une machine à engrenage, dont on fait mouvoir tous les
rouages en agissant souvent simplement sur Tun d'eux. Enfin c'est
toujours^ quand nous traitons la scrofule^ sur le grand phéno-
mène de la sanguification et de la nutiîtion que nous faisons portée
nos efforts^ ce qui nous permet de nons étayer encore^ dans ce caiEi^
de ces paroles de M. Ghossat, que toute maladie est un problèt»^
d'alimentation. Or,' c'est alimenter^ et de la meilleure manière
que d'arriver à produire une bonne assimilation.
Série de formules pour le traitement de la bronehUe %
Par U. le docteur Dklioux db Sàtignàc.
De toutes les maladies, celle qui affecte le plus grand nombre
d'individus, qui se manifeste le plus communément, surton"^
pendant les saisons froides et humides et accidentellement sons fe
règne des constitutions grippales ou catarrhales , c'est la bron-
chite ; c'est ce que dans le langage vulgaire on appelle le rhume^
La bronchite, même à un degré faible, doit toujours exciter la sol-
hcitude du médecin ; toute souffrance, et c'en est une, appelle uni
remède ; la bronchite, dans bien des cas, mériterait d'autant plu^
d'être rationnellànent attaquée dès son début et dirigée vers une
— 283 —
solution prompte et heureuse, que, faute de soins appropriés, elle
tend à persister, à passer à Tétat chronique, et constitue alors
poar le patient une vdritable infirmité. De plus^ chez certaines per-*
ftoaiies, on est plus ou moins fondé à craindre son influence sur le
ûéyeloppement de maladies plus graves des organes respiratoires^
par exemple Textension de la phlegmasie bronchique au paren-
chyme pulmonaire ou une excitation fatale à Tégard de tubercules
htents et peu avancés encore dans leur évolution. Et cependant,
81 poar les motifs les plus plausibles, si pour les raisons les plus
trieuses tous les enrhumés devraient réclamer Tintervention
iQédicale, nous savons tous que la plupart, au moins au début de
'eor afiection et dans ses formes en apparence les plus bénignes,
^ soustraient aux prescriptions du médecin, et, prenant peu ou
point de précautions, continuent à vaquer à leurs affaires ; lesau-
*ï^8, et ce sont les plus nombreux, sur la foi des annonces et des
prospectus^ mettent leur confiance dans les pâtes, pastilles^ bon-
1h>ds, sirops, etc., de prétendus spécialistes qui, en débitant leurs
produits, ont plus souci de leur fortune que de la guérison réelle
^^ teurs clients. Ces pituiteux, ces catarrheux que Ton rencontre
^ïï foule, et parfois même ces sujets tourmentés par une toux inces-
sante, à caractère suspect, sorte d'écho d'une phthisie imminente,
^e sont la plupart du temps que les victimes d'un premier rhume
^^tigé ou d'une série d'irritations des tubes aériens dont aucune
^^asubi le traitement rationnel qui pouvait et la faire disparaître
^1t prévenir toutes les autres.
Notre intention n'est point de présenter le traitement de la bron*
^^ite, mais simplement de poser quelques indications générales et
^^ vulgariser quelques formules dont l'expérience nous a montré
*'iatilitéy ce qui ne sera pas sans intérêt au milieu des nombreux cas
4q maladies de poitrine dont nous sommes témoins en ce moment.
L'erreur du public et celle de quelques médecins est de croire
^^'un seul et même remède peut être opposé à toute espèce de
^ixmchite et à toutes les périodes de la maladie. Mais il n'en est
^en: selon le cas et selon le moment où l'on intervient^ tel remède
^^ préférable à tel autre.
Ainsi, au début de la plupart des bronchites, la toux est sèche
^tquinteuse, souvent accompagnée de plus ou moins de dyspnée,
^^cet état persiste jusqu'à la période de coclion^ selon l'expression
•^^ppocratique ; en d'autres termes, jusqu'à la production d'un
^^ludat dont les bronches doivent se débarrasser par l'expectora.^
— ac-
tion. Il y a doncj au début de ces broDchites, indication dts
dicaments expectorants, en tête desquels se recommandent le
mes, l'ipëcacuanha et la scille. •
Le kermès et Kipëcacuanha favorisent non-seulement Fex
ration, mais encore la sécrétion des mucosités et du muco-pi
constituent la matière des crachats ; ils hâtent donc la përiod
tique désirée, tout en facilitant Télimination de son produit,
lorsque ce produit, par suite d*un excès de viscosité ou d'adhd
à la muqueuse, est difficile à éliminer, que la scille intervien
avantage, justifiant alors les propriétés incisives que les ai
lui attribuaient. Concurremment les opiacés n'ont besoin d'êti
voqués que pour faire tolérer l'un des trois médicaments pH
ou, si ceux-ci n'y suffisaient pas, pour calmer la toux. Ik
but, on emploiera aussi les hydrolats de laurier-eerise et de
d'oranger.
Voici, en conséquence, pour le traitement initial de la broi
aigué, fébrile, avec toux sèche et douloureuse, des exempl
potions expectorantes :
No 1. Kermfes Og,20
Hydrolat de laurier-cerise. .... 10 ,00
Sirop de Tola 30 ,00
Mucilage de gomme 120 ,00
N« % Kermès 0«,10
Hydrolat de fienrs d'oranger. ... 30 ,00
Mucilage de gomme « . 100 ,00
Sirop d'ipécacuauba 15 ,00
Sirop d'opium 15 ,00
No 3. Kermfes 0g,15
Oxymel scilliUque 30 ,00
Mucilage de gomme 100 ,00
Sirop d'opium 15 ,00
Sirop de capillaire 15 ,00
Dans toutes les potions kermétisées, il est bon de prendre
véhicule un mucilage un peu épais de gomme arabique ou
gante, afin de suspendre le kermès^ ce qui ne doit pas disp
d'agiter la potion à chaque moment de son administration. L
lange de kermès et d'ipécacuanha est plus susceptible de proT<
des nausées et même des vomissements que l'une ou Taul
ces substances isolément employée \ c'est pourquoi j'indiqi
préférence, pour la potion n® % Tadjonction du sirop d'op
— 285 —
y^an de laurier«cerise et le sirop de Toln fayorisent la tolérance
du kermès ; s'ils n'y parviennent pas^ ajoutez du sirop d'opium ou
de morphine.
Dans le service d'hôpital et d'ambulance, j'ai souvent employé
couramment, et comme applicable à un grand nombre de malades,
afin de simplifier les prescriptions^ le julep pectoral ci-dessous^
calmant et expectorant, contre les bronchites de moyenne intensité;
N« 4. Sirop d'ipécacuanha 15s,00
Sirop d'opium 15 ^00
Sirop <(e capillaire 45 ^00
Infusion de tilleul gommée 100,00
Toutes les potions qui peuvent déterminer l'état nauséeux ne
fcvent être administrées qu'à distance des repas ; c'est-à-dire qu'on
b suspendra une demi-heure avant, qu'on ne les reprendra qu'une
Iieure après;
Il ne faut pas se dissimuler que l'état nauséeux favorise l'expec-
toration, apaise la toux et diminue la fièvre \ il peut donc y avoir
intérêt à le provoquer, sans en abuser. Il est même des cas où il
6st utile, où il est urgent de provoquer non-seulement la nausée^
DMÛ8 le vomissement.
Ainsi dans certaines bronchites catarrhales^ dans la grippe^ sur-
tout avec complication d'état saburral de l'estomac, d'état bilieux,
A surtout encore lorsque, après le repos de la nuit, surviennent le
OMtin des quintes de toux n'amenant que très-difficultueusement
mpulsion des mucosités amassées dans les bronches, l'acte du
vomissement débarrasse les bronches et l'estomac en même temps
9^ Tageut vomitif modifie avantageusement les muqueuses di-
pstiTes et respiratoires. Pour faire vomir alors, on peut adminis-
^ coup sur coup plusieurs cuillerées d'une potion avec mélange
«kermès et d'ipécacuanha ; on rendrait cette potion plus sûrement
Vfii&itive en substituant le tartre slibié au kermès.
Oh il est le plus urgent de provoquer le vomissement, c'est }ors->
VQ l'engouement bronchique se propage jusqu'aux derniers cana-
"^ aériens, dans la bronchite capillaire en un mot. Alors ce
aii plus une potion expectorante, mais une potion vomitive qui
Itre formulée, telle que la suivante :
No 5. Tartre slibié 0s,20
Sirop d'ipécacuanha 40 ,00
Ëaa disliliée tôO ,0(>
— 256 —
Adonner par cuillerées, de quart en quart d^henre, jusqu'à vo-
missement ; suspendre un peu après cet effet obtenu^ et reprendre,
pour Tobtenir de nouveau^ autant qu'il est jugé nécessaire.
On doit d^autant plus se presser d'en agir ainsi dans la bron-
chite capillaire, que plus on attend^ plus on a de peine à détermi-
ner tant Texpectoration que le vomissement ; qu'il arrive un mo-
ment où les nerfs pneumo-gas triques, comprimés par les bronches
distendues, semblent se paralyser et cessent de répondre à l'excita-
tion des émétiques.
Dans une épidémie de bronchite capillaire, oh le tartre stibié se
montrait souvent impuissant, je Tai remplacé avec quelque succès
par le sulfate de cuivre aux doses de 20^ 30, 40 centigrammes. La
potion vomitive au sulfate de cuivre^ que Ton administrerait comme
il a été dit pour la potion n*^ 5^ se formule ainsi, en masquant par
des correctifs la saveur désagréable du cuivre :
m
No 6. Sulfate de cuivre 08,30
Hydrolat de fleurs dVanger. ... 20 ^00
Sirop de capillaire ........ 30,00
Eau distillée 100 ,00
On peut aussi essayer de combiner Faction émétique du sulfata
de cuivre avec celle du sirop d'ipécacuanha.
Signalons en passant le souffle doré d' antimoine j médicamec^t
trop négligé aujourd'hui, opérant à peu près dans le même secms
que le kermès^ et semblant^ mieux que celui-ci^ agir comme d)«L-
phorétique; ce dernier effet, qu'il est toujours avantageux de pro-
voquer dans les maladies aiguës de poitrine, est une sorte de d^«
concentration toute au profit des organes respiratoires primitivemecit
congestionnés.
A un moment donné, la gomme ammoniaque l'emportera sur 1^^
antimoniaux et Tipécacuanha pour débarrasser les bronches parisn
dernier effort d'expectoration et tarir leurs sécrétions patholog^'
ques. Aussi est-elle particulièrement indiquée dans les catarrhe
humides persistant après la bronchite aiguë, dans la bronchi^^
chronique, dans la bronchorrhée. Je la recommande sous les deU^
formes que j'ai antérieurement fait connaître, soit en potion (Bui^*
de Thérap., t. XLVIÏ, p. 34), soit et mieux en sirop {ibicf^f
t. XL VIII, p. 386).
Voici une autre potion que j'ai souvent prescrite contre la toi^
— 287 —
bronchique, sèche, douloureuse, avec expectoration nulle ou diffi-
dle^ sibilance et oppression :
No 7. Sesquicarbonate d'ammoniaque. ..là 2s^00
Rhum ou eau-de-vie. • 50 ,00
Hydrclat de fleurs d'orauger .... 40 ^00
Sirop de gomme 20 ,00
Sirop de Tolu 20,00
Sirop de morphine 15 ^00
Cette potion calme le spasme et la douleur des bronches, les
humecte, et facilite Texpectoration en fluidifiant les crachats.
L'élément alcoolique agit surtout contre les toux nerveuses, ainsi
fffie le prouve son efficacité contre la coqueluche ; il convient aussi
tn cas d'enrouement, et mieux encore en cas d'aphonie. Cepen-
dant, en cas d'aphonie, avec ou sans toux, je préfère Téther. Telle
est, par exemple, la potion contre l'aphonie que je conseille :
No 8. Ether 48,00
Hydrolat de menthe 50 ,00
Hydrolat de fleurs d'oranger 50 ,00
Hydrolat de mélisse 60,00
Sirop de gomme 25 ,00
Sirop de Tolu 25 ,00
L^aconit a été appliqué d'une manière banale par certains spé-
cialistes à toutes les irritations des bronches. Il ne convient pas ce-
pendant à toutes indiiïéremment. Je le trouve particulièrement
utile et je l'emploie au début d'une bronchite ou d'une laryngo-
l^ronchite due à un violent et subit refroidissement, avec irami-
Wnce simultanée de coryza, ou bien encore au début du coryza,
surtout sur les sujets chez lesquels Tinflammation de la pitui taire
tend à se propager plus ou moins prochainement à la muqueuse
'^roDchique* il est bon d'en aider l'action par des infusions aroma-
ligues bues chaudes, celles de lierre terrestre, de tilleul, de sauge.
^ préparation que j'emploie est Talcoolature ; afin d'en rendre
■€&t plus calmant, on y peut adjoindre les éléments que je vais
^rire dans la formule ci-dessous :
No 9. Âlcoolature d'aconit 2s,00
Uydrolat de laurier-cerise 8 jOO
Hydrolat de fleurs d'oranger .... 30 ,00
H3fdrolat de laitue ou tUleul 60 ^00
Sirop d'élher 15 ,00
Sirop de codéine 15 ,00
Sirop de capillaire 20 .00
jpia Lxxx. 6« UYR. M
— 258 —
Celle potion, trèt»-uiile pour conjurer les eflels d'un refro
ment^ pour enrayer Tenvahissement inflammatoire des p
supérieures de la muqueuse aérienne, est aussi très-calmî
convient également contre les toux sèches, nerveuses ou d
lion sans exsudai des bronches; elle excite le sommeil, li
priétés hypnotiques de la codéine étant renforcées par ce
Télher, et réciproquement.
Je rappellerai aux praticiens que la belladone, la jusqi
le bromure de potassium sont encore des substances à rat
comme béchiques et sëdatites, contre les éléments nervei
maladies du larynx et des bronches.
Mais le remède le plus employé, et souvent avec raison, i
béchique^ c'est-à-dire comme calmant du symptôme toux et <
ritationqui le provoque, c'est Topium. Il ne doit pas cependa
employé ici inconsidérément et à tout propos^ D abord cl
enfants, il faut en user avec d'autant plus de discrétion qu'il
plus jeunes. Ensuite, dans la période initiale du catarrhe
chique, il n'est rationnel d'y recourir que comme adjuvant d
médicaments alors mieux indiqués et que nous avons cité
rôle arrive lorsque le moment est venu de tarir les sécrétions
chiques; il y concourt beaucoup et souvent même il y suffi
Il contribue également à apaiser les dernières excitations qui
tiennent la toux. En revanche, si celle-ci n'a pour mobile <
névrose ou une irritation ne tendant naturellement à aucune
tien critique^ les opiacés peuvent être essayés d'emblée. L'<
d'opium et ses préparations conviennent mieux là où il fat!
fois calmer la f oux et tarir les sécrétions bronchiques ; la moi
et la codéine^ qui n'en semble que le diminutif, réussii^sent
contre les irritations sèclies des bronches^ pour mettre fi^
spasmes se traduisant par les retours incessants de la toux. ïa
celle-ci prend des proportions excessives dans le cours des |
masies thoraciques^ trouble et empêche le sommeil^ je susj
durant la nuit^ la médication que j'ai cru devoir approprier
la journée^ à la nature et à la période de ces phlegmasies,
n'user jusqu'au matin que du sirop de morphine ou de co<
parfois associé au sirop d*éther^ par cuillerées à café admini
aussi souvent que l'insomnie et la toux le rendent nécessaire.
Je signalerai en terminant les très-bons effets de la diète 1
Le lait a des propriétés béchiques et pectorales que je n'exj
pas^ mais que l'expérience m'a démontras chez plusieurs suj<
\
I
t
— «19 -
teiaU àê br^ochitedi tant aiguës que chroniqucfli lesquek^ ajprès
afràr retiré pau ou point de profit de diverft moyens^ ont ^uéri par
la diète lactée strictement observée^ ou tout au moins par Temptot
du lait à grandes doses. Cette médication^ et Ton pourrait aussi
bien dire ce régime, convient spécialement aux bronchites chro«
niques^ qui semblent être un acheminement à la phthisie. En pareil
casy je crois aussi avoir parfois complété^ non sans aTantage^
cette méthode de traitement par Fadjonctioa d'c^ufs frais^ crus^
battus et mélangés avec le iait^ et d'une dose journalière de 4 à
SgramiBes de chlorure de sodium» L'œuf> en ouU'e des propriëtéa
alibiles qu'il doit à ses éléments protéiques, ofifre dans sa matière
grasse un équivalent de l'huile de foie de moruei Quant au chio-
nire de sodium^ je le tiens depuis longtemps pour Tun des agents
k$ moins incertains à opposer à la tuberculisatioa iratninenlé ou
même déclarée» On comprendra donc ce que cette méthode a de ra«-
ti'oonel en principe et ce qu'elle peut apporter de modifications
ikTorables dans la nutrition»
THÉftAPÉItTlQUE 6limOftCieÀLE
^^^jLtém Mit* le* j^lattes tf'artneii à tèn ébàervéea pen^àât là
imt «« France ée i »§•••« A (1)9
Pa^ M. le docteur Tillauz, èhirurgien âe l'hôpital Saiot-ÂDtoioe.
^lorsqu'un projectile a traversé les parties molles sans léser
^^^anes importants, sans toucher le squelette^ le traitement est
^*^ plus simples : un pluknasseau de charpie trempé dans Tieaù aU
^^Usée, assujetti par quelques tours de bande^ est ce qui m^a tou»
J^Ur* servi. Lorsqiœ l'os a été intéressé superficiellement, te patl-
^t&ent est le même ; seulement il y a de grandes chances pour que
^ guérison se fasse attendre beaucoup plus longtemps, et si les
^nditions hygiéniques s^nt mauvaises^ il en pourra inéstlter une
^^puration interminable^ des fusées, des abcès éloignés. C'est
•iûsi qœ le nommé Decol, capoirai au 36* de ligne, bfessé à Sedan
(v de«x balles^ l'une au cou et Tautre à la fesse gauche^ était
\1) Saite. Voir le BtiU9HH tU Thérapmitique, Buméro 4u Ift màn, p,M,
— 260 —
presque complètement guéri le 20 septembre ; il se promenait toute
la journée dans les jardins, et c'est à peine si nous regardions les
plaies, qui ne suppuraient presque plus. Vers cette époque les con-
ditions hygiéniques de la maison où se trouvait ce blessé changè-
rent tout à coup et nous eûmes à déplorer un certain nombre de
morts par infection purulente chez nos amputés. Decot n'échappa
pas à cette influence ; le sacrum avait été légèrement touché par la
balle; aussi la plaie prit«elle rapidement un mauvais aspect et sup-
pura abondamment ; l'état général, excellent jusqu'alors, devint
mauvais. Nous pûmes heureusement le faire transporter en Belgi-
que, dans l'espoir que le changement de milieu lui serait favorable.
Si le traitement est des plus simples dans les deux cas précédents,
il n'en est pas de même lorsque l'os est fracturé ; c'est à notre avis
le côté véritablement très-difiicile de la chirurgie d'armée, que le
traitement des fractures. A parties cas où tous les chirurgiens sont
d'accord pour amputer, le broiement d'un membre, Touvertur^
d'une grande articulation etc., c'est à propos des fractures que se
pose toujours cette question si grave de l'amputation immédiate .
ou de Id conservation du membre. Un traitement bien fait des frac^
tures par coup de feu est à nos yeux d'une importance telle, qu'il
doit faire tenter la conservation dans beaucoup de cas où jadis Ton
eût amputé. Les fractures des champs de bataille sont la plus
haute expression des fractures compliquées. Ëh bien, n'est-ii pas
vrai que depuis quelques années un traitement mieux entendu de
ces fractures a diminué notablement le nombre des amputations
immédiates dans la chirurgie civile et en particulier dans les hô-
pitaux de Paris ? Il faut donc employer le même traitement. Celui-
ci repose sur un grand principe de chirurgie, applicable aux lésions
osseuses et articulaires, Timmobilisalion; mais, comme pour beau-
coup d'autres médications, c'est une arme à deux tranchants, qui,
mal employée, peut causer de graves accidents ; aussi l'immobi-
lisation, telle que l'employaient Larrey et Bégin, me parait-elle
devoir être absolument rejetée, et je m'explique très-bien la vive
critique qu'en a fait M. Legouest dans son Traité de chirurgie
d'armée. Voici comment s'exprime cet auteur : a Les appareils
inamovibles demandent, pour être convenablement appliqués, un
temps considérable. Us emprisonnent les membres et les dérobent à
la main et à la vue -, les bandages s'opposent au gouflement dé-
terminé par le mouvement fluxionnel qui accompagne la plupart
du temps la sortie des corps étrangers ; ils compriment les mem-
— 261 —
bres^ occasionnent de vives douleurs^ de la fièvre, de l^insomnie ;
ils deviennent intolérables et sont définitivement enlevés par le
chirurgien, qui s'estimera trop heuilsux s'il n'a que la perte de son
temps à déplorer, s'il n*a point à combattre des phlegmons diffus,
des abcès, des fusées purulentes ou des gangrènes. Il semblerait que
les bandages inamovibles dussent rendre de grands services lors-
({oe les nécessités de la guerre obligent à transporter les blessés ;
cependant les membres, souvent mal placés^ toujours soumis à des
mouvements ou à des secousses plus ou moins rudes, se tuméfient
et réagissent contre un appareil de traitement devenu un appareil
de torture, que les malades vaincus par la douleur enlèvent eux-
mêmes et que le chirurgien ne pourra remplacer en route que par
110 appareil provisoire souvent insuffisant. En résumé, les banda-
ges inamovibles ne sont utiles dans les fractures par coup de feu
Çu'au même titre que dans les fractures compliquées, c'est-à-dire
pour maintenir une fracture voisine de la guérison ou qui tarde à
^ consolider ; leur application est dangereuse sur des blessés qui
"oivent être transportés. »
M. Legouest reproche donc surtout aux appareils inamovibles
qu'il a employés de causer de vives douleurs aux blessés et de
gèuer leur transport. Or Ijes deux principales qualités que je leur
reconnais sont la diminution, la suppression même de la douleur
^^ la facilité du transport. C'est qu'en effet le mode d'applicalion de
^ appareil inamovible est absolument différent. Tout ce que dit
^* Legouest s'applique à juste titre aux appareils circulaires
enveloppant complètement le membre ; mais aucun de ses repro-
ches n'est imputable aux appareils inamovibles partiels, tels que
^ous les employons depuis longtemps à Paris, tels que nous les
^vons employés dans la campagne actuelle. Il s'agit de l'appareil à
belles plâtrées de M. Mai son neuve : matériaux de construction
&isés à trouver et à porter avec soi, application rapide, immobili-
sation absolue, examen et pansement faciles des plaies, etc., tels
soiil les avantages de ce genre d'appareil, et il n est personne qui,
l'ayant vu convenablement appliqué, n'ait été absolument convaincu
^ son immense supériorité sur tous les autres. Dans plusieurs
«
Circonstances, avant d'avoir une expérience personnelle, nous
avions conseillé son emploi pour les fractures par coup de feu, et
luijourd'hui que nous avons pu l'employer, nous insistons encore
bien davantage.
En présence d'une fracture par coup de feu, la coivdwxVe &vx Ocxv
— 5ê2 —
rorgrien me parait devoir être la suivante r s-assurer d'abord da
degré de complication de la fracture, reconnaître la présence des
esquilles. Le projectile peut avoir nettement brisé l'os en deux
fragments, mais il nous a semblé que ce cas était de beancoup le
plus rare. Sur les pièces pathologiques qui ont été disséquées et
déposées au musée de Clam art, on peut constater les désordres que
produisent sur les squelettes les projectiles actuels. Les os sont par-
fois brisés en mille éclats ; sur plusieurs pièces le trajet de la balle
est parsemé de poussière d'os et ressemble à un chemin sablé 5
de larges esquilles se détachent d'un point situé bien au-dessus oxx,
au-dessous de l'endroit frappé et de longues fissures apparai
quand on a détaché le périoste. Il est bien évident que si le cblm-
gien applique un appareil par-dessus tout cela, il ne tardera pas
voir apparaître une inflammation violente et une suppuration pi*
portionnelle au nombre de corps étrangers à éliminer. Après
endormi le malade, il faut agrandir la plaie autant que cela
utile pour faire une bonne exploration , se préoccuper d'abord
projectile, puis enlever les esquilles avec une pince à pansem^
et surtout avec un davier ; elles sont quelquefois engrenées les wn
dans les autres ou retenues par des fibres musculaires ; je
d'avis de les ébranler doucement, de les attirer lentement et gn
duellement avec le davier ; si elles adhèrent au reste de l'os par
périoste, il faut les laisser en place : elles pourront se consolld
plus tard. Si les fragments sont très-pointus et ont une tendance
faire saillie dans la plaie ou sous la peau, on enlèvera rextrémit^
avec une pince de Liston ou une pince coupante. La plaie est eq^
suite lavée largement avec une seringue, de façon à la débarrasse:
de toutes les ordures qui auraient pu y pénétrer avec le projectile
ainsi que des caillots ; il est très>rarc d'avoir à réprimer une
morrhagie. On aura quelquefois avantage à passer ensuite dans l
foyer, par les deux trous du projectile ou par une contre-ouvertu
établie au point convenable, un tube à drainage de fort calibre quL
permettra un libre écoulement du pus et surtout les lavages aveo
les divers liquides désinfectants. Immédiatement après, la fracture
étant réduite et le membre mis dans une bonne position , oa
applique l'appareil à attelles plâtrées^ en laissant à découvert les
plaies sur lesquelles on pose un plumasseau de charpie trempé
dans de l'eau alcoolisée. On ne saurait croire combien les panse*
ments ultérieurs sont simplifiés par ce premier appareil^ moins
foag à appliquer d'ailleurs que l'aç^iareil de Seultet. Nous signale-
— 263 —
roDf entre autres blessés ayant bénéficié de ce mode de traitement:
Matau, soldat au i^ régiment du train des équipages, évacué le
83 septembre sur Dunkerque ; Birbes, du i7«de ligne, blessé à
Beaumont et évacué sur Bruxelles le ^8 septembre ; Loriot, du
Wde ligne, blessé à Sedan, évacué sur Bruxelles le 28 septembre ;
Gourdel, du âl» de ligne, blessé à Sedan, évacué le 23 septembre
flQr Dunkerque ; Ravachol, du 27» de ligne, évacué sur Mézières
le 87 septembre ; Torchut, du !•' bussards, évacué sur Mésières
fc27 septembre ; Cornet, caporal au2i*de ligne, évacué sur Mé-
zières le 27 septembre. Il est inutile de publier ici les observations
Çne j'ai entre les mains ; qu'il me suffise de dire que ces soldats
•▼aient des blessures graves, et que sans le traitement employé,
<!**e!ques-uns eussent dû, sans nul doute, subir une amputation.
Tout en préconisant l'appareil à attelles plâtrées, nous sommes
'oîn i% repousser l'emploi des gouttières en fil de fer et de Tap-
pa.i*eil de Scultet, qui trouvent de fréquentes applications. Ce der-
*^ier surtout est à peu près le seul qui convienne aux fractures de
*^ ouisse, à la partie moyenne et au-dessus ; on arrive à bien im-
•■^otiliser le membre, surtout si, l'appareil terminé, on l'enveloppe
^"^ec une longue bande de flanelle.
J'ai dit plus haut l'état dans lequel on trouve parfois les os, qui
^^ot comme pulvérisés par le projectile ; c'est sans doute l'aspect
^G semblables désordres qui a pu faire songer à l'existence de
bulles explosibles. L'hypothèse paraissait encore confirmée lors-r
^^'au milieu des esquilles on trouvait de petits morceaux de plomb
disséminés. La première pièce anatomique que j'observai à Sedan
^lait une extrémité supérieure du tibia, et son aspect nous suggéra
^ tous ridée d'une balle explosible. La tête du tibia avait éclaté en
Plusieurs morceaux, et le trajet du projectile était parsemé de dé-
"rts d'os et de plomb. J*ai également appris que les trois premiers
chirurgiens qui examinèrent la blessure du maréchal Mac-Mahon
Cïtwrent, pour les mêmes motifs, à l'explosion d'une balle. J'ai plu-
*ïeur8 fois entendu des médecins formuler les mômes reproches
Contre les projectils allemands, et les journaux politiques se sont
Wt« l'écho de ces plaintes. D'autre part, dans sa réponse à la circu-
feirede M.deChaudordy, M. de Bismark a déclaré qu'il avait entre
«W mains une balle explosible française, en sorte que les deux ar-
mées se sont réciproquement accusées de la même cruauté. Dans
^ule la campagne nous n'avons rien vu qui nous permette de
conclure à l'existence des balles explosibles. Les çctiU m<yc^'^^a-
— 264 —
de plomb disséminés dans les plaies proviennent non des balles,
mais du revêtement en plomb des obus prussiens. Lorsque Fobui
éclate, la fonte se brise en un petit nombre de morceaux, mais 1;
couverture de plomb se fragmente en un nombre considérable d
parcelles qui pénètrent les chairs ; c'est évidemment la principal
cause de la méprise. D'autre part^ les balles bavaroises sont exca
vées au culot ; les bords de celui-ci se déchirent et s'écartent comm
si une substance détonnante intérieure eût produit ce résultai
Quant aux balles explosibles françaises, est-il besoin de dire qu
jamais notre armée n'a employé ces engins? Si on a présenté
M. de Bismark une balle française réputée explosible, voici £ian
doute la cause de Terreur. Dernièrement, à notre ambulance d
Bourges^ plusieurs chirurgiens de l'ambulance ont tiré un certai
nombre de balles avec un chassepot sur un mur, à environ 100 m^
très; au lieu d'être tordues sur elles-mêmes, mâchées ou aplaties
ainsi qu'on les trouve le plus souvent dans les chairs^ presqu
toutes étaient retournées sur elles-mêmes en doigt de gant, en sort
qu^elles présentaient la forme d'une petite calotte creuse à bord
déchiquetés. Une balle tombant sur le tibia, par exemple, a pi
subir la même déformation, d'où le soupçon de balle explosible.
On se souvient du bruit que fit le fameux prix proposé, il y J
quelques années^ par l'Institut sur la conservation de» membres poi
la conservation du périoste. Napoléon III, en donnant 20000 franc
pour ce prix^ songeait évidemment aux services que rendrait au.
soldats blessés une si admirable découverte. La question ainsi posa
semblait faire croire qu'on arriverait à rendre aux blessés le menr
bre qu'ils avaient perdu en gardant leur périoste. Je n'ose pas pra
noncer le mot de mystification^ mais quelle profonde illusion
Sans réaliser les prétentions auxquelles la chirurgie. n'avait jama.'î
songé^ les trdvaux de Flourens^ de MM. Sédillot, Ollier, ont-ils ai
moins trouvé une application pratique dans la campagne? Je n'o^
trop l'espérer. Quand nous avons dû nettoyer le foyer d'une trac
ture comniinutive, nous avons enlevé les esquilles libres au foiB
de la plaie, sans que le périoste eût aucun rôle à jouer dans la àM
constance; il ne s'agit donc que des résections articulaires^ et :
serait bien désirable que de bonnes observations vinssent porter V
conviction dans l'esprit de beaucoup de chirurgiens, jusqu'alor
incrédules, quant au pouvoir ostéogénique du périoste chez te
adultes.
263 —
CHimE ET PHARMACIE
la préparation et des earaetères dn savon calcaire à l^liuile
de foie de morne ;
Par M. O. DB Bbck, pharmacien en chef de l'hôpital Saint-Jean, à Bruxelles.
En présence des recherches entreprises depuis quelques années
pour assigner aux agents thérapeutiques leur rôle véritable dans
l'organisme et pour approprier leur application d'une manière
raisonnée à la nature de la maladie, nous croyons utile d'appeler
inattention de nos confrères sur la préparation d'un composé nou-
veau, auquel l'expérimentation clinique a donné jusqu'ici une
sanction libre de tout reproche.
L'initiative de cette excellente idée appartient tout entière à M. le
docteur van den Corput (1 ), chef de service à l'hôpital Saint-Jean, et
c'est pour déférer au désir qu'il nous en a exprimé que nous avons
entrepris de rechercher le meilleur mode de préparation de ce pro-
^^it, dont les éléments constitutifs sont la chaux associée à l'huile
^^ foie de morue. Cette association présente, au point de vue de
' ^<3ministration du médicament, un double avantage: elle facilite
^assimilation de l'élément calcaire, et, obviant aux propriétés
'^poussantes de l'huile de foie de morue, qui sont neutralisées
^^ti8 l'influence de la saponification, çlle en maintient tous les
!*"*^ncipes actifs et les rend propres à une digestion facile et rapide,
^oici la formule et le çnode opératoire auxquels nous nous
'^I3iroes arrêté, après plusieurs essais, et qui donnent un savon
^^Icaire parfaitement défini, d'une composition invariable et d*une
^^ïisistance appropriée. L'honorable professeur de clinique interne
^^ l'hôpital Saint-Jean en fait depuis assez longtemps une applica-
^on heureuse dans le service médical confié à ses soins ; et bien
ÎU^il ne nous appartienne pas de discuter les propriétés thérapeu-
^ques du nouveau médicament ni d'interpréter l'utilité ou l'op-
portunité de son emploi, nous pouvons affirmer que les résultats
obtenus ont été des plus remarquables.
MODUS PAGIENDI.
Pr. : Chaux éteinte en poudre impalpable .... 600 grammes.
Huile de foie de morue naturelle 500 —
Eau de pluie 1700 —
(i) Voy. le mèm. du D' van den Gorput, Bull, de Thér., n** du 15 mars 1871 «
— 266 —
Délayez d^une part Phydrate de chaux dans deux fois et demie
son poids d'eau bouillante, et formez-en un lait de chaux bien ho-
mogène, marquant à l'aréomètre 18 degrés Baume.
Introduisez d'autre part Thuile de foie de morue, additionnée
de 200 grammes d'eau chaude, dans une bassine de cuivre non
étamée, d'une capacité double de celle que nécessite le volume des
ingrédients employés. Remuez intimement le mélange huileux de
manière à former une émulsion parfaite. Incorporez-y alors, par
parties fractionnées et sous Tinfluence d'une agitation continuçUai
le lait de chaux bouillant. Chaufifez graduellement la masse ju9"
qu a la température de l'ébuUition aqueuse. Soutenez cette ébuliî*
tion d'une manière modérée, en maintenant ragitation, jusqu'à ç#
que la chaux ait entièrement disparu et que le savon ait acquis une
couleur jaunâtre uniforme et une consistance ferme et homogène.
Décantez l'eau mère devenue complètement limpide ; lavez instan-
tanément le savon à grandes eaux, foulez et comprirpez-le à Taid^
d'une large spatule de bois, et cessez seulement les lavages lorsqut
les derniers liquides passeront incolores et insipides. Evapores U
masse savonneuse à un feu très-doux, et ne la conservez pour l'usage}
que lorsqu'elle aura été débarrassée de toute eau interposéo.
Ainsi préparé, le savon jécoro-caleaire se présente sous la form^
d'une pâte liante et flexible^ ayant une consistance analogue h caU#
de la cire ramollie. Sa couleur est d'un blanc jaunâtre, sa saveur
fade et peu caractéristique. A l'état de pureté^ il ne croque pas soi»
la dent, et ne laisse voir sur sa cassure aucune parcelle da chaux
libre. Complètement inodore lorsqu'il résulte de la saponigcatioo
d'une huile pure et naturellement blanche, qui n'a subi ni fermeo*
tation ni l'action d'une température élevée, ce savon rappelle ce»
pendant très-faiblement Todeur de morue quand sa prëparatio«.
8*est effectuée au moyen d'une huile brune. L'addition^ eq ce q4S|
de quelques gouttes d'essence d'amandes amères suffit pour loi
enlever la dernière trace de son odeur*
Fraîchement préparé, il renferme une proportion d'eau variabki
entre 15 et i9 pour iOO. Il est insoluble dans l'eau (1), trèsrfai*-
blement dans l'alcool. L'éther sulfurique, le chloroforme, le sul-
(1) Le traitement à Teau froide permet de eonatater ei la saponification t
été complète. En cas de négative^ une portion de savon calcaire, essayée avee
de l'eau pure, laisse apparaître à la surfaee du liquide dea geatUlsUM M-
]êu§eê, et la liqneur filtrée précipite par ToxaUte amioaiqiM.
— M? —
ftiF8 d« earboM et Pessence de tërëbenthine le ramollissent et I0
dédoublent au bout d'un certain temps de contaot en deux séries de
sels calcaires différents : les uns solublés, les autres insolubles
dans le vëhieule employé. Il se désagrège et se dissout dans les
•eîdei lactique et chlorhydrique dilués. Traité h l'aide d'une douce
ehaleurpar l'acide nitrique dilué^ il se décompose et donne lieu à
la mîpe en liberté de divers acides qui constituent un mélange d'acides
oléique, palraitique^ stéarique^ butyrique, acétique^ fellique, cbo^
linique, photphorique et sulfurique. L'acide cblorhydrique con-
MDtrë le colore en noir ; l'acide nitrique rutilant en isole une
matière grasse, solide^ d'un jaune orangé.
Souipis à l'action de la chaleur, il se boursoufle, subit une
faiian partielle et se décompose. Chauffé sur la lame de platine^ il
Mie arec éclat et laisse par Tincinération 61,50 pour iOO de rér
liai, Bes cendres cèdent à l'eau bouillante environ 1,50 pour iOO
éb ids^ où l'on peut constater la présence du phosphore, du chlore^
'h hrome et surtout de l'iode.
AbandoBné au contact de l'air^ il brunit à sa surface et acquiert
^ifiur en jour une plus grande dureté (i). C'est que les phene-^
iil&i)^a chimiques qui se sont ppërés entre ses éléments pendant
licte de la saponification n'ont pas été entièrement terminés.
^te réaction intime se poursuit lentement et graduellement jus-
V^'fc 60 que 1q sel calcaire soit devenu sec et friable. Aussi doit-il
^tva oo^serré dans des vases hermétiquement fermés et la prépaT
^^^^n doit'elle en être renouvelée assev fréquemment,
Pour avoir un produit parfait et toujours uniforme^ il ne nous
s^tnble pas superflu d'insister sur les conditions essentielles qui doi-
^eot présider à réexécution de çettç préparation. Les chances de va-
^bilité auxquelles elle est soumise, sont inhérentes au choix des ma^
^^^ premières et aux proportions employées. L'oubli ou l'omission
u((;ertaiqes précautions opératoires peut encore susciter au roaqi-
pnUteur 4es mécomptes auxquels il est souvent difficile de pouvoir
ïttftédiçr.
&ui4é par ces considér^ttiops et voulant prévenir les divergeqces
^^m
(1) Pour le conserver et lui maintenir assez longtemps sa bonne consistance^
il se présente un moyen facile et pratique. 11 consiste à placer le savon frai-
otanMif préparé dans un vase en grës rempli d'eau froide. On l'en reUrera
u «Mitat du ëtuoia^ •! rexpriia«n et !'•« ea ^r^adra la i[«aatité néusti-
tée pour V usage.
— 268 —
que nous avons rencontrées dans le cours de nos essais, nous réini-
merons nos remarques dans les trois points suivants :
i^ Les ingrédients doivent être purs et de première valeur.
On ne se servira donc que de chaux délitée, suffisamment lavéeet
privée, par voie de lévigation, des matières siliceuses ou étrangères
qui pourraient la souiller (1). Avant d'être transformée en lait de
chaux, la poudre calcaire doit avoir été soumise au tamisage et
présenter le plus haut degré de ténuité possible.
Il importe que Thuile de foie de morue soit naturelle et sans mé-
lange. Celle qui résulte d'une extraction soignée^ conduite sous de
basses températures^ est la meilleure. C'est celle de Loffoden, pr(H ;
duite par les foies de la morue officinale. Les huiles de Bergen, de j
Terre-Neuve et de Dunkerque, quoique conduisant au même ré^ i
sultat thérapeutique, se saponifient plus difficilement et donnent i
un produit moins consistant. Quant aux huiles de foie de morue
blanches artificielles, qui proviennent d'une décoloration ou d'une
dépuration opérée sous Tinfluence d'agents divers , elles résistent
à une saponification régulière, donnent lieu à la formation de gru-
meaux et prolongent notablement la durée de l'opération. Leur
masse savonneuse, molle et flasque, reste souvent imprégnée
d'huile et n^atteint que lentement la solidification propre à la na-
ture des savons terreux ;
2o Les quantités respectives de chaux éteinte et d'huile de foie
de morue doivent être observées avec rigueur. Le moindre écart
dans les proportions indiquées conduirait à un produit dépourvu de
l'homogénéité requise, qui tiendrait en suspension soit de l'huite
non saponifiée, soit des particules de chaux libres;
3° Le mode d'exécution demande à être suivi avec la plus scru-
puleuse exactitude.
Seul, il donne un produit irréprochable en fort peu de temps.
Une demi-heure suffit pour mener la saponification à bon terme.
Efiectuée, au contraire, en incorporant à froid le lait de chaux dans
l'huile émulsionnée et soumettant le mélange à Tébullition, ou bien
en chauffant d'abord séparément les deux liquides avant leur mé-
lange, l'opération devient plus laborieuse et exige plus d'une heure
de manipulation.
lin —
(1) Eq recourant directement à la chaux vive^ on ne devrait choisir que
celle qui est douée de la plus grande causUcilé et susceptible de s'éteindre
parfaitement sans laisser de parties solides.
— 269 —
Des expériences comparatives, établies dans des conditions va-
riées^ Qous ont démontré la nécessité de diviser intimement les ma-
tières et de les transformer préalablement à Fétat liquide par
Tintermède de Teau. La densité de substances bien différentes étant
ainsi rapprochée, la réaction de leurs éléments devient plus prompte
et leur combinaison plus intime.
Grâce à Tinlervention d'une température modérée, et vu la
faible solubilîtj^ de la chaux dans les dissolutions bouillantes, la
combinaison devient encore plus immédiate et se traduit par la
pédpitation spontanée de la majeure partie de la masse savon-
Mise.
Est-il nécessaire de faire observer que le maintien d'une tempe-
; Mure douce et régulière dans la première phase de la saponifî-
' cation empêche la déperdition des principes volatils de Thuile de
Me de morue? Aucun praticien ne l^ignore, mais l'observation de
Il température présente encore son importance dans la suite de
l*opëration. Il faut que la masse savonneuse, replacée sur le feu>
NÎt entretenue dans un état de bouillonnement modéré; sinon la
lessive calcaire dont elle se trouve imprégnée pourrait atteindre une
tanpérature voisine de 150 degrés, et dès ce moment elle décom-
IMerait le savon neutre déjà formé en un savon acide et en un
, ^Oû basique. Ce dédoublement amènerait la formation d'ua
i poduit mal défini, et dont Tinstabilité occasionnerait une prompte
ïiocidité.
Pour ne pas prolonger inutilement la durée de la saponification,
^pour entretenir le sel calcaire dans une plus, grande homogé-
néité, nous n'avons eu recours qu'à la quantité d'eau qui fût stric-
teent indispensable. Elle satisfait ainsi au double rôle qu'elle est
•ppelée à remplir : rôle chimique, en fournissant à une portion
[^principes constituants du corps gras les éléments aqueux né-*
^ssaires pour former la glycérine; rôle mécanique, en faisant fonc-
lien de bain-marie pour éviter l'altération de la substance orga-
ne et pour la soustraire à l'action de la chaleur.
Enfin il est de toute nécessité d'observer une agitation continue.
Ble évite la formation de grumeaux et répartit uniformément le
calorique nécessaire pour réaliser une saponification complète.
L'emploi de bassines étamées doit être proscrit. Le savon calcaire
•^hère avec facilité au fond de ces bassines; il y attaque l'étamage
et donne lieu à la perte d'une partie du produit ou à son mélange
»wc de$ fragments durs et altérés. S'il ne s'agissait que de tra-
— «70 —
Tailler sur une faible échelle^ il serait préféraUt de Bt Et itrtif l^ae
de capsules en porcelaine.
En raison de sa consistance onctueuse^ le sayon calcaire réeei^
ment prépare se prête parfaitement à toute espèce de forme médi-
camenteuse solide. On peut donc l'administrer en pilules^ bolf^
dragées ou pastilles. Les bols ou pilules dragéiformes soat h
forme ordinaire que M. le docteur Tan den Gorput prescrit à l'Btigi
de ses malades.
Voici le mode d'exécution que nous aTons adopté pour tattsilifi
à ses indications. Sans être aussi parfait que le procédé dd Qtiê
suiTi pour la gélatinisation des pilules, il est plus commoèt i
donne des résultats plus expéditifs.
Pr. : Savon calcaire à Vhuile ûe foie de morue. âO grammes,
âuile volatile d'amandes ambres ..... 4 goaltes.
Malaxez le mélange dans un mortier et divises la masse piiultiit
selon les quantités prescrites.
Les bols ou pilules sont enrobées dans la teinture éthérée à
baume de Tolu et roulées encore humides dans du sucre blaa
pulvérisé. La vaporisation éthérée a pour effet de les recouvri
d'une enveloppe saccharo-résineuse qui, tout en leur communiquai
une forme agréable^ les protège du contact de Tair et empêche '
matière savonneuse de subir un durcissement rapide*
On peut encore agiter les bols ou pilules dans une boite h^Im
rique renfermant une solution gommeuse concentrée ^ les rouI^i
ensuite dans du sucre en poudre et les exposer à une chalei
ménagée.
Afin de leur donner ce glaçage qui flatte la vue et enveloppa l
noyau médicamenteux d'une couche blanche et uniforme, on i
servira avec avantage du sirop simple suisaturé de sucre puWérifA
A ceux qui nous objecteraient que la saponification calcaift ii
constitue pas une préparation nouvelle ou qui nous rappelleràiflB^
Texistence d'un savon à Thuile de foie de morue^ nous répoodrÎMil
que la composition de ce produit diffère essentiellement de ellk
dont nous venons d'indiquer la préparation. La saponificatiou cil*
caire^ il est vrai^ trouve tous les jours dans l'industrie d'utiles i^
plications. Elle se pratique sur une large échelle et requis des
appareils spéciaux. Mais le mode d'exécution suivi pour la iafari^
cation des bougies stéariques ou pour la formation de la glyeériiA
n'a rien de commun avec les conditions opératoires d'un prodiûi
[■
— 171 -
6ffléinftl^ dont )a ptMlë doit iitè atatit tout la sauvegarda de son
apt>lkatioû thérapeutique.
Il eiiste de plus une différenise notable entre les proportions de
cbaux qui constituefit la base des difers savons calcairesi La chaux
qui entre dans la composition du savon requis pour la production
de la stéarine^ et qui se trouve combinée aux acides gras du suif de
kdeuf ou de mouton, représente à peine la dixième partie du corps
gras employé* D'autres matières grasses ne réclament qu'une quan-
tité de base égale à la vingt-^quatrième partie de leur poids. Le sa^
f(m calcaire à Thuile de foie d« morue^ au contraire, exige une
p^portion de chaux supérieure à celle de Thuiie.
Quant au savon à l'huile de foie de morue dont la composition
est due à notre savant et regretté confrère^ feu Deschamps (d'A val-
lon), il résulte d'une saponification sodique et renferme les cinq
ihièoies dé son poids d'huile* Sa consistance est molle et visqueuse,
iMi odeur 0t sa saveur des plus désagréables. Participant des pro-
priétés de rhuile de foie de morue, il occasionne des éructations et
laipire aui malades une vive répugnance*
corréspûnûance médicale
AstleM fiiérarp««il4ae de remSi*»U ••••élli|«« de «eoMoee* de eel«
chifiae danii le rhanatlsme articulaire (i).
Le Codex indique la préparation d'un extrait alcoolique de se^
niefices de colchique ; cet extrait est préparé à l'aide de semences
à colchique grossièrement pulvérisées^ et après avoir retiré par
distillation toute la partie spiritueuse , on reprend le produit de
maporation avec quatre foîs son volume d'eau. Celte manière de
^parer Textrait de colchique est défectueuse ; elle prive l'extrait
le la plus grande partie de ses principes actifs; aussi n'est -«il pas
toployé, ainsi que le dit M. Gubler dans sa Thérapeutique.
M. Hepp, pharmacien en chef des hospices civils , prépare son
(I) Cette note dôime les résultats de plusieurs obser? Ation» reoueilUeS i la
MqM de H. Hirtz par 9. Eudes, interne da service. Eftte » été insérée dans
kêmêUê mééicak de Strasbçwg, iSTO, uo 1&.
— 272 —
extrait avec des semences pulvérisées très-finement et reprises avi
Valcool à 85 degrés ; de cette manière, il obtient une préparatic
bien plus active, facile à doser et à manier, bien plus avantageii
sous tous les rapports que les autres préparations de colchiqu
vin ou teinture, dont les doses sont difficiles à déterminer. Âio
M. Gubler indique, pour la teinture, la dose de 1 à 8 gramme
et pour le vin^ la dose double ; ces différences considérables ent
les doses dépendent évidemment du mode de préparation^ et m
des susceptibilités individuelles pour le médicament.
L'extrait de semences de colchique , tel qu'il est préparé pi
M. Hepp^ est un médicament fidèle^ à effets constants^ à manieme
facile et peu coûteux.
Doses. — On prépare des pilules de 1 centigramme ou de 5 cei
tigrammes.
On peut donner le premier jour jusqu'à huit ou même dou
pilules de 1 centigramme ou deux pilules de 5 centigrammes eh;
cune. Les pilules de 1 centigramme se donnent de dix en dix m
nutes ; celles de 5 centigrammes se donnent : une le matin, ui
le soir. — On a donné jusqu'à trois et même quatre pilules <
5 centigrammes ; cette dose est déjà trop forte^ comme nous
verrons plus loin. — Avec 10 à 12 centigrammes on obtient d
eflets suffisamment prononcés ; il serait dangereux de dépasst
ces doses.
Action physiologique. — Effets généraux, — La température
été abaissée dans les cas fébriles suhaigus. Ainsi de 38*^,8 ellee
descendue dans un cas jusqu'à 37°, 5^ après l'administration c
20 centigrammes d'extrait de colchique.
Dans les cas avec peu ou point de réaction fébrile, de 38 degt
elle est descendue à 37^,5 ; de 37°, 3 à 36^,3 ; dans d'autres ca
elle n'a pas subi de variation sensible.
(Nous comparons^ bien entendu, les températures sérales, g
sont ordinairement plus élevées.)
Le pouls a subi les mêmes variations que la température. Dai
le premier cas que nous citons, le pouls est descendu de 120 à 1 <
et 92 ; dans le dernier, de 68 jusqu'à 56.
Quant aux urines^ nous ne pouvons rien affirmer de constai
Dans deux cas, elles ont été évidemment augmentées^ mais seul
ment plusieurs jours après Tadministration du colchique ; de 0^
elles ont monté jusqu'à 1 800 dans un cas ; dans d'autres cas, eU
n'ont pas subi d'augmentation. Ces différences tiennent sansdoiit
- 273 —
aux sécrétions complémentaires, sueurs et diarrhée plus ou moins
a]x)odantes9 suivant les cas.
Nous n'ayons pas constaté d'action particulière sur les sueurs.
Effets purgatifs, — En général, le premier jour, après huit
pilules del centigramme et même deux pilules de 5 centigrammes^
on n'observe pas d'effet purgatif; ce n'est que le lendemain, après
l'administration d'une nouvelle quantité d'extrait, que les effets
purgatifs se prononcent.
Ainsi, dans un cas, après huit pilules de 1 centigramme, on n'a
observé le premier jour ni coliques ni selles ; le lendemain, après
l^administration de quatre pilules, on obtient jusqu'à six selles
diarrhéiqucs.
Dès qu'on cesse l'emploi du médicament, la diarrhée cesse éga-
fcment; il est rare d'observer des selles diarrhéiqucs après la ces-
sation de l'administration de colchique.
L'effet diarrhéique n'est pas plus prononcé après les fortes doses.
Ainsi 20 centigrammes administrés en vingt-quatres heures ne
provoquèrent que trois selles diarrhéiqucs ; il faut ajouter que
*i'autres phénomènes se manifestèrent : nous y reviendrons à l'in-
stant.
l-a diarrrce provoquée par le colchique est modérée ; elle n'in-
commode pas autrement le malade ; dans tous les cas que nous
*^ons observés, elle n'a jamais provoqué de coliques; jamais de sang
dans les selles^ pas de ténesme; à petites doses, pas de diminution
d® l'appétit, pas de nausées.
L'effet nawseewx véritablement toxique ne s'est présenté que deux
'^ois : chez une femme qui a pris trois pilules de 5 centigrammes en
^n jour^ et chez un jeune homme qui a pris 20 centigrammes en
^ngi^uatre heures ; dans ces deux cas^ on a observé du malaise, des
ï^auséos, des vomissements fréquents, de la prostration. Toutcecor-
^e de symptômes d'intoxication s'est évanoui spontanément après
l'ois ou quatre jours ; l'effet antirhumatismal n'en a été que plus
Dïanifeste.
Effets antirhumatismaux, -^DdXiS tous les cas, sans exception,
lious avons vu un amendement très-marqué, quelquefois du jour
*u lendemain ; d'autres fois, après trois on quatre jours de l'ad-
onnistration du médicament, des douleurs et gonflements articu-
laires.
Un des malades, qui était entré avec des douleurs articulaires
Séndralisées, avec rougeur et gonflement, avec réaction fébrile e^
TOME LXXX. 6LJVn. \%
teropëraturt) de 3^,6, a été guéri ëii huit jdiirs^ du i7 ^.-^i
25 juin.
D'autres malades^ après trois ou quatre jours de traitement i^si.v
le colchique^ ont vu les douleurs articulaires disparaître compldi.^-
ment^ et ont pu sortir de l'hôpital après huit à dix jours de 8éjo«:ft.ir«
Dans un cas aigu de moyenne intensité^ les douleurs articsut.
laifes^ très -vives à l'entrée du malade , occupant les deux exti-^-.
mités inférieures dans toutes leurs articulations^ ont été promp<-
tement moditiées ; après deux jours de traitement, le malade pouvait
se leniuer dans son lit et se coucher à son aise ^ la rougeur avAit
disparu^ Tépancbement avait diminué.
Dans un seul cas, nous avons vu la douleur articulaire résister i
Tefiet d umédicament jusqu'à cinq jours.
Conclusions. — En résumé, on peut constater que la prépar^f
tion d'extrait alcoolique de semences de colchique de M. Hepp pr^^'
duit des elTets exeilents dans les cas de rhumatisme articulaire ai
de moyenne intensité et dans les rhumatismes subaigus et afébril
On ne Ta pas essayé encore dans les rhumatismes suraigus.
A 8 et 10 centigrammes par jour^ elle produit des effets diarrb
ques constants, sans coliques, sans malaise, et une diminution d
manifestations rhumatismales.
Ce n'est qu'à doses plus fortes^ à 15 et 20 centigrammes^ que
médicament donne lieu à des eiïets toxiques, faciles à éviter.
08
ce
BULLETIN DES HOPITAUX
D£DX CAS d'kHPLOI DE L'aTTBLLE DE ShITH ( tPlNARTHÉCI^^^ ^
DANS LES FRACTURES DU FÉMUR. — L'Aujériquc^ qui a déjà reoi^^^"
à la chirurgie contemporaine des services d'une grande importan
a fourni dans ces dernières années un appareil à fracture qui m-^^^
rite Tattention des praticiens^ car il a sur beaucoup d'aulies
avantages incontestables. Cet appareil, dû au professeur H. Smitb
été importé en Europe par le docteur Guntillon^ qui Ta présenté à '^
Société de chirurgie en 1864. Il a trouvé dans le docteur Shrimpt^ — "^^
un vuigi^risateur aussi empressé que convaincu.
M. le professeur Dolbeau, dont tout le monde a su app:
cier la sagacité et la grande valeur pratique^ l'a considéré de
)
les
a
— 275 —
lil afff'ès ravoir. essayé dans quelques csls tàdiii pAt lé doetétif
►evignevielle (Thèses de Paris ^ 1867), et il est à croire que Tei-
'ême simplicité de cet appareil, se joignant à son efficacité très-
rande, tendra à le faire employer très-fréquemfnent à mesure qu'il
3ra plus connu, et cersera, je crois, une très-heureuse chose pour
ft |iratique, car l'épinarthécie est réellement une idée destinée à
iire son chemin dans le traitement des fractures.
Je connaissais comme tout le monde Papparéil de H. Smith ;
nais, n'ajant prêté qu'une attention superficielle à âa description et
son étude, je n'avais pas été frappé de sa supériorité, quand, au
oinmencement du siège de Paris, le docteur Shrimpton m'en parla
Lvec la plus grande faveur et fit naître en moi le désir de Tappli-
|aer pour juger par expérience de sa valeur thérapeutique réelle.
Chargé que j'étais d'un important service de chirurgie à l'hôpital
nîlitaire du Val-de-Grâce> l'occasion ne tarda pas à se présenter, et
'ai pu dans l'hiver de 1870 à 1871 charger l'attelle de Smith du
raitement exclusif de deux fractures du fémur, sans compter les cas
rti je l'ai mise en œuvre pour des fractures de la jambe, des plaies
iu genou, etc., etc. Les bons effets que j'en ai retirés dans tous les
^s me sollicitent à en parler aujourd'hui, et pensant qu'il est inutile
l'ajouter quelque chose à ce que le docteur Shrimpton a fait con-
naître touchant les fractures de la jambe [Gaz, des hôp. , juillet 1870),
i^ ne veux parler ici que des indications de l'appareil dans les ca9
^ cassure récente du fémur sans plaie, d'autant que je me propose
^c revenir ultérieument sur l'emploi de l'épinarthécie au traitement
^8 fractures du fémur avec plaie et des autres fractures du membre
^férieur.
Je suivrai pour cette étude une marche qui m'est familière et
ï^e les lecteurs du Bulletin qui me font l'honneur de suivre ftiés
^ï^avaux connaissent depuis longtemps. Je vais d'abord décrire f'ap-
P^reil dans ses détails, afin de bien présentera l'esprit les particu-
Ic^tés de la méthode ^ puis' je fournirai deux observatioQs asse2
^tendues pour que leur lecture indique autant que possible les
l^hases d'un emploi de l'attelle de Smith dans une fracture du fé-
'ïïiir, et enfin en dernier lieu je chercherai à déterminer let*
^^antages qui peuvent être rattachés à la pratique qui nous occupe,
^n d'en dégager les indications, c'est-à-dire l'opportunité de son
^ikiploi ; seulement, comme les habitudes de ce journal veulent
9Ue le Bulletin des hôpitaux soit un résumé concis de faits obser-
^^1, je dois donner le moins d'étendue possible k ceWe àettà^^t^
-^ 276 —
artie, qui par conséquent De sera qu^un sommaire pour ainsi dix
de la question.
L'attelle de Smith est un cadre en fil de fer ayant 6 centimètf<
de large sur 1 mètre à 1™,20 de longueur; ces fils de fer sont cylî
driques, de 3 à 6 millimètres de diamètre ; et comme les moind:
tractions dans le sens latéral altéreraient la forme rectangulaire
Tattelle^ deux traverses en fil de fer du même diamètre, placées
niveau de chaque tiers de la longueur, sont chargées de mainten îr
le parallélisme des tiges des deux grands côtés; de plus^ deux ira.»
verses mobiles portant un anneau à la partie moyenne sont des-
tinées à la suspension de l'attelle.
Le fil de fer de l'attelle de Smith est assez malléable pour pouvoir
se coudera volonté; néanmoins, pour faire un angle en un pois^t
précis quand on le désire, on se sert d'une pince ordinaire ; M. Cha-^^'
rièrea imaginé, pour produire d'une manière parfaitement exac'^^
les courbures que Ton désire, une forte pince très-ingénieuse *
branche mâle et branche femelle et qui se trouve dans beaucoi^^P
d'arsenaux de chirurgie, mais qui peut être suppléée très-bien àax:^ ^'
la pratique habituelle par des pinces ou des tenailles ordinaires.
A proprement parler, l'appareil de Smith ne se compose de ri<
autre; en effet, est -il nécessaire d'indiquer que l'attelle est coi
plétée par un morceau de forte ficelle qui la suspend en prenant l^f-
forme d'un A, et qui s'attache elle-même à une corde qui descen^^^^
du plafond ou du ciel du lit; je n'ai pas besoin non plus d'a^^^*
jouter qu'en portant le malade à droite ou à gauche, en avant o^^^^
en arrière de la verticale de cette corde, on donne au membre ai^:^^— ^*
tant de positions diflérentes qui peuvent être utilisées contre 1^ -^
déplacements, en augmentant ou en diminuant l'extension d^ -^
fragments de la fracture.
Pendant la guerre de 1866, le docteur Darby a improvisé di
appareils de Smith avec des fils télégraphiques; j'ai suivi à ph
sieurs reprises la même pratique pendant le siège de Paris, et mêi
dans des cas où j'avais un fil de fer trop mince, je l'ai doublé d'i
autre, les fixant avec des bandelettes de diachylon et leur donni
ainsi la solidité nécessaire.
L'application de l'appareil de Smith est extrêmement simpli
l'attelle étant courbée comme on le désire, on commence par la fi]
au bassin à l'aide d'une bande qui fait des circulaires et des obli(
pour former un 8 de chiffre ; puis on fixe le membre à l'attelle
in en loin à l'aide de quelques tours de bande ou de quatre larges
ndelettes'de diacbylou, et l'atlelle est suspendue dans la position
siiëe. La figure ci-dessous en donne une idée. Il est temps alors
: foire un bandage spiral qui va des <iTleils à la tète du péroné et
ki assure la position de la jambe, puis un aulre bandage spiral
t fait le long de ta cuisse afin d'assurer de la même manière les
'pporis de cette partie du membre.
Je n'envisage pas ici le cas où une plaie existe sur un point quel-
nque de la longueur du membre, mais on comprend que rien
est facile dans un cas pareil comme de laisser à ce nireau un
Œïus au bandage spiral, de manière à pouvoir faire des pansements
cikmént et autant que besoin est.
Ois. I. — Fracture de la partie moyenne du fémur gauche sam
oie. Chevauchement des fragments. Emploi de l'altelle de
fiith. Guérison sans roceonrcissement. — Le 12 janvier 1871,
nommé Janvier, matelot de troisième classe, est enseveli avec
!m de ses camarades, au fort de Monti'ouge, sous une pile de sacs
lerre renversée par un obus. Ses camarades sont tués sur le coup,
' lui a une fracture de la partie moyenne du fémur , sans plaie ;
tevauchement considérable ; déplacement angulaire des fragments;
tCcourcisseraent du membre*, dont la paitie inférieure est renversée
ln$ l'adduction exagérée.
Lechirurgicn-maîor du fort applique un appareil extemporané,
Janvier est dirigé aussitôt sur le S' al -de-Grâce. Arrivé le même
'îtdans monservice, salle 28, lit n'2, je constate, le 13 février, à ta
Site du matin, la déformation indiquée ci-dessus : la cuisse est
^Ulonreuse et chaque mouvement imprimé fait pousser un cri au
letsë.
Désireux de recourir à l'épinartbécie , j'applique l'altelle de
■tntb, de la manière indiquée par M. le docteur Shrimplon, c'est-
— 278 —
à^dire que, mesurant la longueur normale de la cuisse et de U
jambe du «uj^t, je recourbe Tattelle de manière à ce qu'elle main**
tienne le membre dans un état de demi-flexion et que ses extré-
mités, se recourbant, se moulent sur Tabdomen et sur le dos du
pied.
Je commence par fixer, à l'aide d'une bande à spica, Textrémité
supérieure de raltelle convenablement doublée de ouate et je l'as-
sujettis convenablement non-seulement par des tours circulaires,
mais par des 8 de cbiOre dont le croisé se fait sur l'attelle au ni-
veau de Faine. Une fois cette extrémité «supérieure bien appliquée,
je fais, avec une bande ordinaire, deux tours qui appliquent la par-
tie de la cuisse correspondant au fragment supérieur contre Tattelle,
et j'en fais autant au-dessous de la fracture ; puis je fixe le mollet
et le pied.
Il est à remarquer que le déplacement et le chevauchement
réduisaient à mesure et de la manière la plus simple, sans aucun
souffrance, alors que la moindre extension avait précédemment fai'
pousser les plaintes les plus vives. La déformation disparaissai
peu h peu, et la cuisse, prinrjitivement raccourcie, reprit naturel
iement et d'elle seule sa longueur normale sans nul effort.
Dès que le membre est suffisamment adhérent, l'attelle est sua
pendue, et aussitôt toute sensation pénible disparaît comme
enchantement ; je fais alors un bandage roulé depuis le pied jûa
qu'au niveau de la tête du péroné, un autre sur toute la longue
du fémur, et le malade, n'accusant plus aucune douleur, est lai»^ -^
dans soif lit, sa jambe suspendue et pouvant être remuée da^a^i
tous les sens sans faire éprouver aucutie gêne, quelque fait:3»te
qu'elle fût.
Le 18 janvier, le gonflement dos parties molles avait cessé pr^^ss-
que entièrement ; on pouvait sentir au toucher les fragments, et:- te
lieu de la fracture était appréciable. Il n'y avait absolument auc '«fl
déplacement^ aucun raccourcissement, et les mouvements imprior^^
^u membre susj)endu à l'attelle étaient si parfaitement indoloi-^»
quelque vigoureux ou étendus qu'ils fussent, que je me demao ^Jiu
si par hasard je n'aurais pas aifaire ù un de ces hommes dont ^
sensibilité obtuse n'est excitée que faiblement par ces douleurs c^td
sont si poignantes d'ordinaire. Pour vérifier le fait, j'eus soin ^
relâcher la suspension de manière à ce que le talon appuyât sui* ^
lit et je me mis à couper les bandes qui appliquaient le roembr^^
l'attelle métallique; dès qu'il n'y eut plus que quelques M^ni
autour de la fracture, Janvier accusa de la gêne, bientôt une dou-
leur vive, et on voyait en même temps la cuisse s'incurver d'une
manière très-fâcheuse; ma main gauche, appuyée sur la région "®
ia fracture, sentait le déplacement angulaire et le chevaucheia^"^
en train de se reproduire; rexpdriencc étant faite, je me hâtai dff ^
mettre les choses en état, et aussitôt, douleur et déplacement, tc^^
disparut de nouveau comme par enchantement. Je iis enduire *®
bandage, que j'appliquai en ce moment, d'une couche de sili^?-*^^
de potasse, et Janvier n'put plus beioiq de ^oius, mangeant, d^^
a.nt, remplissant en un mot toutes les fonctions de la vie sans
aucane gêne.
-A ce moment le bombaHement de Paris prit une nouvelle in-
tensité ; des obus tombaient en ^and nombre sur le Val-de-Grâceç
UTi malade fut tué dans son lit, un incendie s'était déclaré près de
la. salle 28. dont les fenêtres avaient eu tous leurs carreaux brisés
P^i^ les éclats de projectiles ; on évacua les blessés vers un endroit
plus abrité, et Janvier put être transporté sans inconvénient. Le
îô janvier, le bombardement ayant cessé, il fut de nouveau déptaeë
pour revenir à son lit primitif, et il n'avait éprouvé absolument au-
ciine sensation pénible pendant ces deux transports.
l<e 1^ février, étant au trente et unième jour de la fracture, je
tt^fis le bandage silicate et j'étendis avec grandes prf^cautions le
îïiembre sur le lit à. côté de son congénère. Janvier n^dprouva
d a.bord pas de douleur et j'en profitai pour mesurer très-exacte-
nncîntles diverses parties et montrer à mes aides-majors qu'il n'exis-
J^it aucun vestige de déplacement ni de raccourcissement ; mais
bientôt un sentiment de plus en plus pénible se fit sentir au niveau
^G lafracture et je replaçai l'attelle de Smitb comme le premier jour.
l»e 26 février, c'est-à-dire le quarante-cinquième jour de la frac-
tupe, j'enlevai momentanément Tattelle ; le membre était parfaite-
ment solide, le cal peu volumineux se sentait à peine, la jambe
pouvait être remuée dans tous les sens dans le plan horizontal,
IJïais ne pouvait encore se soulever par ses seuls efforts musculaires.
«e replaçai encore l'attelle par excès de précaution, d'autant que
I appareil n'était absolument pas gênant et qu'il permettait au inBr
l*de tous les mouvements nécessaires dans le lit.
Le i" mars, Tattelle est enlevée; le membre est parfaitement
^olide, il reste sans bandage ; le blessé le remue dans tous les sens;
'e cal est très- satisfaisant, pas d'incurvation, pas de raccourci sse-r
?*>ent. Janvier va rester encore ainsi une quinzaine de jours, puis
*» commencera à marcher avec des béquilles ; tout porte à croire
^tte la guérison ne se démentira pas.
Le 6 mars, Janvier commence à se lever et marche avec des
"^quilles, sa jambe s'engorge facilement après un moment, mais
'^f ^ent à l'état normal dès qu'elle est remise dans la position hot-
"^«ontale.
Le i 2. mars, le pied peut être appuyé par terre et supporter |p
'poids du corps pendant un instant sans le secours des béquilles ;
^n sent au toucher un cal un peu plus volumineux que précédem-
ïiient et un très-léger déplacement, ce qui me fait croire que Tap-
Ç^'ttil a été peut-être enlevé quelques jours trop tôt ; né^nmoiiKs
Janvier ne boitera pas.
. Le17 mars, je vois le sujet pour la dernière fois; les forces
"® son membre reviennent d'une manière très-satisfaisante et la
Prison absolue est très-prochaine.
Obs, il — Fracture du tiers supérieur du fémur gat^che sans
^''««e. Raccourcissement et déformations notables. Emploi de Pat^
T
— 280 —
telle de Smith. Disparition immédiate du chevauchement <
fragments. — M***, soldat, âgé de quarante-deux ans, se fracti
Je fémur gauche au tiers supérieur le 19 février ; il est apporté
Val-de-6râce le lendemain et je constate une déformation très-î
cusée. Tout mouvement est très-douloureux ; l'extension fait d
paraître les déplacements osseux, mais au prix de douleurs violent
et son action est inutile dès que Tintensité de traction est diminu
Application de Tattelle de Smith, cessation immédiate de la de
leur, du chevauchement et de la déformation. Le malade est enci
en traitement; néanmoins je Fai examiné le 17 mars, et Tétat éU
absolument aussi bon que celui du blessé précédent, j'ai tout li
de croire que le résultat sera aussi beau et aussi facilement obtei
Deux observations, assez incomplètes même, puisque le teu
n'a pas encore donné sa sanction à la guérison, ne sauraient et
une puissante preuve en faveur de Tépinarthécie ; mais si nous so
geons qu'il existe déjà deux autres faits de guérison de fractui
du fémur par l'attelle de Smith (thèse de M. Devignevielle, p. î
et 31) dans des cas assez compliqués^ nous sommes autorisés
considérer cette attelle de Smith d^un œil favorable, d^autantque
le nombre des observations est un appoint notable pour Topinioi
il faut convenir aussi que souvent on peut déduire de Texami
d'un petit nombre de faits les questions générales d'opportuni
d'une méthode.
Si, maintenant que nous avons parlé suffisamment de Tattelle
Smith pour familiariser le lecteur avec elle, nous recherchons soi
mairement quels sont les avantages qu'on j)eut lui reconnaître p
le raisonnement comme surtout par l'observation et l'analyse d
faits , nous voyons que l'épinarthécie se recommande par pi
d'une utilité. En effet, d'une part, signplicité dans l'application
l'appareil; d'autre part, facilité de la réduction et de la coaptati
de la fracture; en troisième lieu, absence de maints inconvéniei
imputables à plusieurs autres systèmes, par exemple la douleuc
Texcoriation du talon. Disons un mot très-bref de ces divers poil
de la question qui nous occupe.
1" Au point de vue de la simplicité de l'appareil^ Tattelle
Smith présente assurément bien des avantages. Le fait est si £
dent, qu'il n'est besoin que de l'énoncer; et qui songerait àd
qu'un appareil qui ne demande qu'un morceau de fil de fer de
4 mètres de long et un morceau de petite corde ne soit infînin*^'
plus facile à fabriquer de toutes pièces au besoin que ces attelles»
Boyer, de Desault et de tant d'autres, que ces boîtes^ caisses, t
— 281 —
UMSLCS, etc., etc. 9 que ces appareils monodactyles, polydactyles^ etc.?
2« Pour ce qui est de la réduction des fragments et de leur coap"
iat^ion^ Tépinarthécie peut invoquer en sa faveur tout ce qui a
été dit touchant la suspension dans le traitement des fractures et
depuis Mayor {Chirurgie simplifiée, 2 vol.); ces avantages sont si
dsiirement établis, qu^il est inutile peut-être de ne pas s'en tenir à
la. simple énonciatiou du fait.
3*^ Pour la douleur et l'excoriation du talon ^ Pépinartl^cie
a xin avantage qui frappera bientôt les praticiens : il nVst pas diffi-
cile de comprendre qu^avec elle il y a complète absence de la dou-
letur du talon chez les blessés. On sait trop combien cette douleur
est invariablement la torture des fracturés du membre inférieur et
corabien, malgré les soins, Tattention^ la complication des appareils,
il est difficile d'empêcher que la pression ne produise des ulcéra-
tions, parfois très-longues à guérir, pour que j'aie aussi besoin
de rappeler qu'un système qui supprime cet inconvénient sérieux
4ii traitement doit être considéré de très-bon œil. Or, dans les cas
àe fractures traitées par Taltelle de Smith, cette pression du talon ne
ra.urait exister, puisque le membre est suspendu de manière à ce que
c«tte partie soit tout à fait libre ; il suffit de jeter un coup d'oeil sur
la figure ci-dessus et de se représenter un moment à l'esprit la dis-
position de Tappareil pour comprendre qu'elle n'est pas à craindre,
^ ajoutons qu'elle a fait parfaitement défaut dans tous les cas où
ï^ous l'avons mise en œuvre.
On pourrait invoquer aussi, à l'actif de Fattelle de Smith, la facile
surveillance du membre pendant tout le traitement, son avantage
Uft permettre la libre circulation de l'air autour des téguments, et,
P*f conséquent, de prévenir, mieux que plusieurs autres systèmes
^ Scorbut local qui est assez fâcheux à plus d'un titre; je renvoie
*Ux communications du docteur Shrimplon, à la thèse de M. le doc-
*^r Devignevielle pour les questions de facilité de transport des
Wessés, etc., etc., qui y sont étudiées en assez grand détail.
Ainsi que je l'ai dit tantôt, une étude de la nature de celle-ci ne
P^Ut énumérer tout au long les considérations que suggère l'em-
ploi de l'attelle de Smith; aussi dois-je réserver ces réflexions
P^Urun autre travail. Il suffisait d'ailleurs, pour appeler l'attention
^8 chirurgiens sur l'épi narthécie, de citer des cas où elle a été
'^ise en œuvre. Nous terminerons en recommandant ce moyen
^^ traitement des fractures à ceux qui aiment à chercher les moyens
*iKlipl«8 et conunodes d^arriver au but en chirurgie^ adressant pour
notre part des retnerdraents empressés au docteur Shrin
cherche depuis plusieurs années à vulgariser Tattelle de
qui à notre avis fait ainsi œuvre très-méritoire, puisqu
une méthode assurément bonne et riche d'avenir.
RtPCRTOIRE MÉDICAL
REVUE DES JOURNAUX
Céphalée Intense et re-
belle, de eaase douteuse i
ehloral donné eomme hyp-
notique avee plein succès.
Mme X***, sur l'âge de retour, éprou-
va, dit M. Wieger , il y a seize
mois, un chagrin subit et trè8-pro>
fond ; pendant un voyage qu'elle fit
au mois d'avril dernier, ce chagrin
fut remis au vif ; elle tomba malade
subitement après quelques prodromes,
consistant eu malaise et en cépha-
lalgie.
Elle dut s*a1iter ; on lui donna du
valérianate d'ammoniaque, et elle put
revenir à Strasbourg. Le seul symp-
tôme saillant est une céphalée atroce,
incessante, avec sentiment de pléni*
tude crânienne; le caractère de la
céphalée est tantôt déchirant, tantôt
pongllif: les points douloureui^ sont
dans toute l'étendue de la calotte crâ>
nienne. La malade est couchée sur le
dos; par moments, sous Tinfluence
d^un accès de douleur, elle pousse des
cris aigus, suivis de mouvements ir-
réguliers des mains et des bras, qui
simulent une attaque de nerfs, et se
calment des que la djouleur cëde un
peu.
Pupilles normales, aucun symp-
tôme nerveux, point de soif; la roa*
lade refuse presque toute nourriture ;
constipation.
Depuis mai jusqu'en août, le ro^il
alla en augmentant; les accès, accom-
pagnés de cris et de mouvements
quasi convulsifs, se répétèrent fré-
quemment ; la céphalée changea plu-
sieurs fois de place et parut pendant
un certain temps se fixer dans le côté
droit du crâne; la patiente maigrit
considérablemept^ refusait de se lever
et même de changer de lit : aucun
ifnftèms Heuveav m «e ëécltra.
On esaya le bromure d
à doses de 1 , 2, 5 grammes
sil ni à calmer la céphab
curer du sommeil. M. le
Rigaud, qui vovait la mala
temps, conseilla d'envelof
et d'entretenir une diapt
tinue ; ce moyen fut al
cause des éruptions sudc
loppées.
M. le professeur Schi
vit la malade dans les pre
d'août ; il pensa à une tu
brale et proposa l'iodure
dont la malade a cunsomn
mes, ainsi que 2(!0grararn
de potassium. iW traitemei
à peu amoindri la eéphalé
La inalade peut quUl
mais elle refuse de marche
sitôt qu'elle tient la tête
éprouve une sensation ^
particulière et croit qu'elle
pendant trois mois, oi
assez régulièrement une i
morphine, d'abord de 8,
à 13 milligrammes. Cette
suffisante pour procurer
bien-être pendant les heure
mais sans sommeil : c'étai
pissement accompagné d'
acousie, faible d'abord, m:
la suite arriva à un degH
malade, sommeillant vers
était régulièrement réii
heure plus tard par les
rue et ne *se rendormait
inconvénient de la mor
entretenait unn constipaiio
enfin, circonstance plus f
core, elle développa u:
complète et une sensatioi
continue.
On se décida à essayei
Après quelques tâtonaeauBi
313 —
dft«4ià S gramnefl dissous d^nsGOgram -
m^u d>av. ta patieite prend les trois
premières cuillerétis dfî quart d'heure
en quart d'heure; aprë«la Iroisièine,
fslle «'endort k coup sûr; si elle se ré-
veillée onze heures, elle prend la qua-
trieiqe; d'ordinaire elle ne se réveille
P^s. Le sommeil produit par le chloral
Mft uu sommeil profond, sans rêves, et
durant d'un seul trait de neuf heures
du sair jusqu'à six à sept heures du
naUn. Les bruits de la rue n'ont ja -
nau réveillé la malade. La patiente
dfi i se reasentir aucun goût parlicu •
lier ; ei/e a bon appétit et ne souffre
V^*^ de constipation ; il n'a pas fallu,
^n trois semaines, hausser les doses.
i^Qf. médic. de Strasbourg, J870,
»^ i.)
Mijote fongneax de la gaine
^**a rfiiliapK. L'observation sui-
^9/ite,aui a été rédigée par M.Cha-
iJ'îii, élève du service, présente de
^ ^Otérél en raison de Terreur de dia-
^ïï oslic â laquelle le cas a donné lieu,
^* <lHia fait croire à M. Sarazin, pro-
J^»«e«r agrégé à la Faculté de Stras-
?J<>«irg, à l'existence d'un épanche-
^ept liquide, alors que la galue ne
^^Dtenait que des foogosilés.
Hercier, âgé de vingt-cinq ans,
^poral au 9Ke de ligne, entre à l'hô-
UlUl militaire de Strasbourg, le
r*, mars 187<l. Il raconte que Tan der-
^^r, au moi^ d'avril, étant au gym-
P^M, il fit une chute sur le talon de la
r^aip rcQ versée en dehors. Il ressen-
^^t uii0 douleur asse? vive dans le
HQJgnat et il s'y produisit presque
M^iQédlatemeQt du gonQement. occu-
P^ol, paralt-il. lu même région qu au-
"«Ourd'hui. Après quelques jours de
*^«pos, il reprit son service; mais les
^ouvements restèrent gênés et dou-
MMjreux, surtout à la 8ui(e de toute
fatigue.
On trouve au poignet gauche une
lumeur qui siège à la partie posté-
^ieure et externe de la .région du
«arpe, dépassant en haut et en bas le
ligament annulaire dor»al, qui parait
la divit^r en deux lobes. Klle est si-
tuée en dedans de la tabatière anato-
iQiqq3, mais un prolongement externe
iê dirige vers l'articulation trapézo-
métacarpienne. Celle tumeur, arrondie
et molle, présente une fluctuation ma«
nife»te ; elle indique bien la lormo d»
la ga)ne synoviale des radiaux ; aussi
parte-t-on le diagnostic : kyste syuu-
vUl de la galue fïe$ radiaux. M. la
ProfMMur &r9fi4 «fi décida i y fairi»
une pAnctioB, suivie d'une înjectiaM
de teinture d'iode.
Le 0 au matin, Tintrodoction d'un
trocart dans la tumeur -au-dessous du
ligament annulaire, dans la partie in-
férieure de la tumeur, ne laisse sortir
aucun liquide; cependant 1 extrémité
de la canule est bien dans la tumeur.
Un stylet y est engagé inutili'raent.
M. Sarazin fait alors dans le lobe
supérieur, au-dessus du ligament
annulaire, une ponction avec une lan-
cette à grain d'avoine. Il ne sort que
du sang en petite quantité. Ce kyste
ne renferme donc pas de liquide^
mais seulement des fongosités molles
et (luctuantes. Occlusion des piqûres
et immotùlisation au moyen d'un ap-
pareil.
Le 12, tout danger d'inûamroation
ayant disparu, on établit une com-
pression sur l.'i tumeur au moyeu de
bandes de toile.
Le 14, le malade se plaint d'en?
gourdisbement dans les deux derniers
doigts et de légères douleurs dans le
kyste. M. Sarazin lève l'appareil : le
kyste a un peu diminué; les doigts
n'offrent rien de particulier. On re-
place alors l'appareil; à la bande de
tijile est substituée une bande élas-
tique de caoutchouc, dont la com-
pression sur la luiueur sera plus
efticace.
Le 1*^, la tumeur a diminué de
moitié : elle a cessé d'être fluctuante.
Ou ajoute à la compression élastique
le badigeon nage quotidien avec de la
teinture d'iode.
Ces mêmes moyens sont continués
jusqu'au \^^ avril sans qu'il y ait une
amélioration notable dans le volume
de la tumeur. Les premiers progrès
ont été trcs-rapides, mais la guérisoa
complèt43 semble devoir se faire atten-
dre. (Gaz. mdd. de Strasbourg, 25 no-
vembre 1870.)
TFansfpfii<m 4u ■aai^ déft-?
hrlné pratiquée awee anecèii
pour une bépiorrhafi;i« até«
riue. L'observation est rapportée de
la manière suivante par M. de Bé^
lina I
Urne %***^ femme délicate, âgée de
vingt-six ans. qui avait eu déjà plu-
sieurs fausses couches suivies de for-
tes métrorrha^^ies, était enceinte de-
puis quatre mois et demi. Le 37 août
miO elle éprouva tout i coup de
fortes coliques et fut prise q'uue
bémorrhagie utérine abondante. Dans
quelques heuref j« parta deTiAt d«
— 284
1)108 en plus alarmante et la réduisit
a un état désespéré.
Le docteur Gontier Saint-Martin
employa le froid sur le ventre, des
frictions aux extrémités avec du vin
chaud, et à l'intérieur de fortes doses
d'opium et de carbonate d'ammonia-
que. Malgré ce traitement, la figure
était d'une pâleur cadavérique, les
lèvres décolorées , les extrémités
froides, la respiration lente et ces-
sant par moments, le pouls à peine
perceptible, tout le corps couvert d'une
sueur visqueuse.
Croyant qu'il fallait recourir ici à
la transfusion, le docteur Gontier
Saint- Martin me fit appeler et me
proposa de tenter l'opération.
A mon arrivée avec le confrère
Meyer, qui voulut bien assister à l'o-
pération, la malade était dans un
état de syncope profonde, ne pouvant
parler et présentant tous les symptô-
mes d'une mort prochaine. M*. Gontier
Saint-Martin pratiqua le tamponne-
ment pendant que je faisais, avec
M. Meyer, les préparatifs pour la
transfusion.
Urne B^*^, sœur de la malade, femme
robuste de trente ans, consentit à
donner son sang, et on lui en retira
350 grammes, qu'on reçut dans un
récipient qui plongeait dans un vase
rempli d'eau chauffée à 40 degrés. Le
sang fut défibriné, filtré et introduit
dans l'appareil. Après qu'on eut bandé
le bras droit de la malade comme
pour une saignée, je mis la veine mé-
diane à découvert, et taudis que
M. Meyer tenait l'appareil, je fixai de
la main gauche la veine et enfonçai de
la main droite le trocart et retirai le
stylet. J'élai ta bande du bras, et au
bout de quinze minutes j'introduisis
seulement 300 grammes de sang.
Après l'opération, il survint une
amélioration subite. Le pouls devint
plus fort et donna 88, la respiration
fut plus régulière, la malade ouvrit
les yeux et put répondre à toutes les
questions qu'on lui posa. Elle se trou-
vait très-soulagée et disait qu'elle avait
senti une sensation agréable de cha-
leur le long du bras vers la poitrine.
Quelques heures après, il se mani-
festa une grande agitation; la malade
avait soif et sentait une chaleur dou-
loureuse à la tête. Après avoir vomi
une considérable quantité de glaires,
l'agitation fut suivie d'un abattement
Î;énéral. Cependant la malade put ava-
er une petite quantité d*eau rougie
et après elle s'endormit.
A partir de ce moment, Vaiiélion-
tion se produisit sous tous les rap-
ports. Le pouls était encore faible,
mais régulier, la respiration normale.
La malade put prendre un peu de
bouillon tiède et ne se plaignit que de
maux de tête et d'une rétention d'u-
rine. On retira le tampon et tout de
suite après la malade rendit une quan-
tité considérable d'urine de bonne
nature, ce qui la soulagea beaucoup.
La guérison, secondée par Fosage
des toniques doux et d'un régime ap-
proprié, s'avançait peu à peu lorsque
la perspective du siège et des circon-
stances de famille forcèrent W^^ S***
à quitter Paris le 7 septembre.
Après trois mois de manque de
nouvelles et d'inquiétude sur le sort
de notre malade, j'ai appris avec plai-
sir qu'elle avait donné des nouvelles
à une parente deux mois après son
arrivée à Bordeaux. Elle est com-
plètement rétablie et jouit actuelle-
ment d'une bonne santé. {Gaz
de Paris ^ 1871, n» 6.)
EffOeaelté de la médlcafioi
Tomltlve dans le cas d'hé-
mopiysie par floxlon. La m^
thode évacuante et vomitive a été ai
pliquéeaux hémoptysies par Troi
seau; aussi M. Peler, en traitant
sujet dans ses conférences cliniques
n'a-t-il point eu la prétention
considérer cette application comi
une nouveauté thérapeutique. Ce
decin s'est proposé seulement, à Yo^ <*
casion de quelques faits obsery^^és
dans son service, de préciser les ci^^^"^"
constances dans lesquelles on petr jj>
en raison des lésions aoatomiqui
attendre ou non de bons effets de
médication vomitive dirigée cent
l'hémoptysie.
Les hémoptysies, considérées da^
leurs rapports avec la tuberculisatlo
peuvent être initiales^ concomitanf
ou ultimes. Ces dernières, se prddi
sant par suite d'ulcérations, ne no'
occuperont pas. Les autres sont du
à une fluxion^ et sont essentie11em<
dynamiques, selon Texpression
M. Peter. Mais parmi ces hémopt
sies fluxionnaires^ M. Peter croit
sentiel de distinguer les hémoptyii
gar byperémie périphymique et
émoptysies par byperémie parapl
mique. selon que l' byperémie s'effi
tue autour de la granulation tul
culeuse d'une manière directe on ii
médiate, ou bien dans le voisinage
plus on moins loin de cette grani
— 285 —
la première variété^ dit
'hémoptysie ne s'annoBce
me épistaxis : elle se pro-
ie et consiste dans le rejet
sanglants constitués par
r ou par un mélange de
mucus. Dans la seconde
noptysie est souvent pré-
ne épistaxis, et de plus
lirement une hémoptysie
Le malade vomit le sang
ouche, à pleine cuvette > ;
caractère syroptomatique
lagie paraphymique, c'est
abondance et la pureté du
ulsé, qui alors est sans
mucus.
ins un de ces cas d'hé-
mdroyante que, l'hémor-
înuant en dépit des as-
irescrits pour l'arrêter,
prendre au malade, com-
s âgé de quarante- trois
nesd'ipécacuanhaen trois
uart d'heure d'intervalle.
qui arriva : le premier
nilif fut de provoquer le
g en même temps que le
t ; mais ce résultat n'a-
M. Peter ; le poumon étant
de sang, il est naturel que
d'abord rejeté. De plus, le
abondamment à la garde-
il n avait pas fait depuis
Après ce premier flot,
;ie s'amoindrit, sans tou-
ter. Le lendemain, 4 avril.
Le 5, prescription de
nmes de tartre slibié en*
à un quart d'heure d'in-
nouveau vomitif diminua
oudance de l'hémoptysie,
ides cinq sixièmes; mais
céda complètement qu'a-
nier vomitif administré à
Tintervalle du second,
eter a suivi l'exemple de
qui n'hésitait pas, quand
i résistait à un premier
(n donner un second, et
)isiëme si le second était
femme entrée à l'Hôtel-
une hémoptysie liée à la
ion pulmonaire, et se rat-
tiémoptysie par hyperémie
ue, M. Peter a eu t'îgale-
)uer de la médication vo-
i;rammes d'ipéca adminis-
is fois de quart d'heure en
ire ont brusquement ar-
tiémorrhagie, jusque-là re-
cette médication a donc son floé-
rite ; mais dans la pratique ordinaire^
c'est-à-dire en dehors des hôpitaux,
son application exige certaines pré-
cautions déontologiques, sur lesquelles
M. Peter n'a pas dédaigné de s'arrê-
ter. En ville, a-t-il dit, le médecin
doit trop souvent courber la tête de-
vant la puissance mensongère de
l'opinion publique. Supposez d'es lors
un cas oh la tuberculiiiation, jusque-
là latente, se manifeste bientôt par
des signes d'une incontestable élo-
quence, on pourra bien accuser l'em-
ploi inusité des vomitifs d'avoir pro-
voqué l'explosion de la maladie
tuberculeuse. Ceci n'arrivera pas pro-
bablement, mais le contraire est néan-
moins possible. Il est donc prudent,,
selon M. Peter, avant de recourir ioù
aux vomitifs, de s'adresser aux hé-
mostatiques, et prlncip^temeutà ceux,
qui se trouvent indiqués plus haut..
(Journ, de méd. et ckir, prat.)
Kjste de la région coccy—
sienne. Incision et cantéri-'
sation. Gncrison. X***, sous-
officier au 16e d'artillerie, jeune et
vigoureux, sans antécédents syphiliti^
ques, entre le 15 décembre 1870 ài
l'hôpital militaire de Strasbourg, dans
le service de M. Sarazin, professeur
agrégé à la Faculté, porteur d'une
fistule qui vient s'ouvrir dans le sillon
saco-fessier à trois travers de doigt
de la pointe du coccyx. Il raconte
qu'elle a été précédée par une petite
tumeur arrondie et indolente siégeant
entre le coccyx et la fesse, stationnaire
pendant bien des mois. Il y a un an-
environ, après des fatigues, cette tu-
meur s'est enflammée et s'est ouverte^
spontanément. L'orifice est resté fistu—
leux ; l'écoulement, franchement pu-
rulent au début et assez abondant, est^
devenu petit à petit plus clair et sa.
quantité a diminué. Actuellement it
est muco-purulent, visqueux et par-
cheminé la chemise du malade. Un-
stylet recourbé pénètre dans ce trajel^
flstuleux à 8 centimètres de profon-
deur en contournant le coccyx.
Cet examen, le siège delà fistule et
les renseignements très-précis que'
donne le malade éloignent toute idée:
d'abcès phlegmoneux ou symptoma-
tique et de fistule anale. Un kystte
suppuré a seul pu donner naissancr à
ce trajet fistuleux. Est- ce un kyste
glandulaire de la glande coccygienne?
La direction et la profondeur du trajet
semblent l'indiquer. L'oçératlou ««V
p^tiqaée le 18 par it4rt8ion et e&até- fit rapidement ptff 1^o«rgiiiflliiiiMt
risition an moyen da nitrate aefde dé dtf fond ters la surface,
mercare. En avant da coccyx, l'incl- Le malade sortit giiért le i(^]iDfier#
sion présente au moins 5 centimètres (Gaz. méd, de Strasbourg , 1870^
de profondear... La cicatrisation se n^ 20.)
VARIÉTÉS
*«■
Par M. Matbt.
La ligne de conduite da médecin est toujours celle-ci : en présence d*!
glycosurique, ordouner une alimentation réparatrice, azotée^ animale, etpn
crire le pain, la fécule, les légumes, la pâtisserie et les fruits. Quant mpai
si nécessaire pour la plupart, on le remplace par le paiu dit de fflutm.
Mais qu'est-ce que c*est que le pain de gluten ? Est-il possible d^asiigj^^er
iine composition fixe aux diverses préparations qu'on débite sous ee bom, al
qui, vendues par des industriels ignorants ou pen consciencieux, n'ont soov^^Btt
du gluten que le nom ? Malaxez sous un filet d*eaa un peu de farine de ba» %
l'amidon s'échappera avec l'eau sous forme de poudre blanche, et il vous r «B^
tera dans le coin de la main une substance grise, élastique, d'une odenr pa^r"^
culiëre : c'est le gluten. A l'état frais,' Jl y en a de 10 à 12 pour 100 dan^^ll
farine. Le gluten seul est absolument Impossible à panifier, et il êhiL. de
toute rigueur y ajouter une certaine quantité de farine. Ce qu'on peutdés^'sr
de mieux, c'est un paiu enrichi de gluteu et contenant le moins possible dr
farine. Mais le gluten est excessivement cher ; celui qu'on pourrait obltf»^
plus économiquement dans les amidonneries, où on ne laisse plus perdra ^
gluten comme autrefois, est suspect, parce qu'on n'achète pas précisémenC JW
farines de premier choix pour faire l'amidon. Encore faut-il être à proxtcxsHi
de ce genre d'usines. De plus, le pain enrichi de gluten, et qu*on obtlcmA ^
plus souvent sous forme d'échauUés soufflés ou de légères biscottes, est «m oi^
ment fort peu appétissant et dont le malade se dégoàte très-file. De font <^
il résulte que, pour satisfaire à la demande, divers industriels ont imâ^fl^
des pains de fantaisie où le gluten tient une plus ou moins large place, et ^
ne donnent absolument aucune garantie.
Pour éclairer à cet égard le médecin, M. Mayet s'est livré à Fanalyse 5Ve*
charlméllque de presque toutes les substances alimentaires contenant d^ ^
fécule ; son procédé repose sur la transformation de la fécule en suor^ ^
la détermination de la quantité de sucre obtenue par les moyens saccftarl^^
triques connus. Il choisit la liqueur de Fehling. On sait que toutes lef ^'
qu'on fait bouillir de l'amidon ou de la fécule avec de l'eau aiguisée d*aA*^
sulfurique, l'amidun se transforme d'abord en dexlrine et finalenenl en g^
cose. On s'assure facilement, au moyen delà coloration bleue qoe l'iode do^^
avec la fécule, si celle-ci a complètement disparu. C'est ainsi qu'on peut sM*
trop de difficultés se rendre compte de la quantité de substaiee nmykcée ^^
peut contenir une matière alimentaire.
Ce moyen d'analyse a servi à dresser des tableaux où Ton indique avec0«^
lâ qustntiié de sucre fournie par telle eu Ulle préparation féculente, et p^
— Ml —
léilttent qtiêllM soni belles que le nnlftât a plut oa moins dMaiérét à é«IN
It éoa alimentailon. Noos rt^pertons ici an de ces tableaux, qui présente
réritatole carattëre d'utilité pour le médecine
Mt grammes des substances ei'dessous mentionnées, saccharifiéei au
eli de l'acide sulfurique» ont donné les quantités de sucre suivantes :
Amidon » 83s,00
Farine. ..«*»....•...« 4 .. « ., . 71 ,00
Pain ordinaire desséché «»»••«..«.«. 1 . 60 ^00
Pain ordinaire frais 50 ,00
Pâtes d'Italie pour potages 45 ,50
Farine de gluten (Martin) 4 .... « <».<.« . ^8,40
Pain de gluten frais* fait avee la farine ci-*desstts. . . 37 ,70
Pain de gluten de la rue de Lancry 31 ,15
Pain de gluten sec. Compagnie de Vichy 32 ,00
Pain de gluten veudu dans le commerce, trës*sec ... 62 ,50
Qluten granulé . . . • » t . « . • < • . , . » . « 15 ,60
Vermicelle au gluten 41 ,60
Farine de riz 62 ,50
Hlz eu grains cuit ik l'eatt . . . ^ . . » 8 ,00
Gâteau de riz des ménages . < . > . ; . t . . t « » 35 ,00
Pommes de terre cuites au four . 1 «.«>.... k 8 ,30
Marrons rétis 20 .80
Ecbaudés SO ,00
Haricots blancs cuits â Tean 16 ,60
Lentilles cuites et égoultées. 4 < « . i . . « . . . . 22,50
Carottes cuites et sautées au beurre 16,60
Purée de pois cassés 15 ,60
Katels en ragoût ». 7 ,00
Petits pois conservés en bottes .«.«>« 12 ,00
Stt admettant qu'on puisse assimiler la transformation artificielle des sub-
nces féculentes par Tacide sulfurique â celle qui peut se faire dans Téco-*
ttie chez un glycosurique, on voit, d'après ce tableau, (Jn'on peut se rendre
opté delà nature des aliments féculents qui peuvent être plus ou moins dan«
Hux dans celte maladie ; on remarquera aussi certainement que le pain dit
gkttm, qui se trouve dans les diverses maisons de commerce, est bien loin
itre un aliment exempt de fécule, et qu'il ne diffbre pas, dans une grande
sure, du paiu que nous proscrivons. Qu'on remarque surtout celui désigné
is le nom de pain vendu par le commerce, et qui accuse une richesse en
Hhl supérieure â celle du pain de notre alimentation ordinaire,
n résulte de cela que, si Ton avait la conviction que tout aliment féculent
Uêlre absolument écarté, il faudrait rayer jusqu'au pain de gluten et nour-
^exelusivemenl avec de la viande. Ne serait-il donc pas possible de rempla-
Feette insipide pi'éparation par des quantités déterminées de pain et de lé*^
unes dont la sage administration permettrait de prolonger le traitement
taeeup plus longtemps en variant la nourriture et en prévenant ainsi
fevioeible dégoût qui saisit les malades après quelques mois de régime ?
fin eonsuUant te tableau ci-dessus, on peut s'assurer qu'une petite quantité
^Nnet que quelques légumes variés, tels que haricots, lentilles, pommes
^tsrre, vermicelle, pris en quantités très-modérées, n'introduiront pas dans
^ternie une quantité de fécule saccharifide plus grande que celle qui résulte
^ U consommation suivie et abondante de cette préparation désagréable qu'on
^KUe le pain de gluten» Dès lors, le médecin pourrait varier ralimentation
' prolonger le traitement sans danger pour le malade. On a pu voir que le
' c«it â l'eau et accommodé soit au lait, soit au bouillon, peut satisfailr^ U^
— 288 —
goûts du malade sans risquer l'introduction dans l'économie d'une qnantil
notable de fécule. On peut en dire de même des pommes de terre en purée^ d(
haricots et des lentilles. Quant au pain, dont la privation est si pénible poi
quelques personnes, il nous semblerait préférable, à l'absorption d'une quai
tité de biscottes, d'en permettre un très-petit poids sous forme de pistolet»
dans lequel la cuisson a, comme on sait, singulièrement modifié une partie (
Tamidon. Un petit pain trës-cuit du poids de 60 à 90 grammes suffirait très
bien pour consoler le malade et lui rendre très-supportable la prolongation d
régime auquel il doit se soumettre.
Les considérations qui précèdent, pour présenter quelque utilité, doivei
fonrnir des conclusions pratiques. Nous les empruntons, sinon textuellemen
au moins quant à leur sens, à Texcellent mémoire de M. Mayet.
io L'emploi des préparations dites de gluten ne présente pas un avantik
assez marqué pour que, dans les circonstances oii l'on est obligé d'abréger
traitement par suite du dégoût du malade^ on ne puisse se relâcher de car
rigueur et permettre une très-petite quantité d'aliments féculents et variés ;
2o Parmi ceux qu'on peut admettre sans compromettre l'efficacité da trtlt
ment, on peut compter le pain ordinaire^ très-sec et très-cuit, à la dose •
60 à 90 grammes par jour ; le riz cuit à l'eau et accommodé de diverses m
nières ; le vermicelle, la purée de pommes de terre^ de haricots et de lentille
Nous répétons que la quantité doit en être très-faible^ et seulement de naloi
à pouvoir varier la nourriture. Ainsi une cuillerée à bouche de riz ou d'un
farine de légume quelconque suffit. On sait, en effets la grande augmentatiei
de volume que ces diverses substances sont susceptibles d'acquérir pir II
cuisson^ et par conséquent la très-petite quantité de fécule effective qoi M
trouve ainsi introduite dans l'économie;
50 L'avantage principal qui résulterait de cette modification dans le régiatt
serait évidemment la possibilité de prolonger pendant des mois entiers nn tnl*
temeut que la répugnance des malades ou la faiblesse de leur volonté oWf0
trop souvent d'abréger. {Annales d'hydrologie médicale et Journal des coêt
naissances médicales.)
Acclimatation du quinquina officinal dans IHle de la Réunion, — LeseM^
datent du '26 mars 1866^ ainsi que M. Decaisne l'annonçait en présentant qitl*
ques graines du chinchona of/tcinalis envoyées par M. le docteur HoÎM
direcieur des jardins royaux de Kew, et qui provenaient des arbres à qi!*"
quina inlroduils à l'Ile de Oeylan par le gouvernement anglais.
Aujourd'hui racclimatation de cette plante est acquise, les habitants posrroi^
donc combattre les fièvres paludéennes ou autres ; M. le général Morin 0i *
reçu la nouvelle par une lettre que son fils lui adresse de TUe de la Réioii^
[Acad, des sciences, 20 mars IS*/!.)
Nécrologie, — Nous avons le regret d'annoncer une perte bien leuftl*
pour les hospices et la Faculté de Strasbourg^ ainsi que pour la science, es ^
personne de M. Uepp, pharmacien en chef des hospices civils de cette ViU^
décédé le 9 février lb71, à l'âge de cinquante-deux ans. Nos lecteurs n'aort^
pas oublié les travaux qui ont été publies dans notre journal^ soit par M. H^
lui-même sur la digitale, soit en son nom par M. le professeur Uirtz 9UV^
série des narcotiques vireux, qu'il avait soumise à un travail de révision.
Nous apprenons également la mort de M. Daviers, directeur de l'Ecole d0
médecine d'Angers, professeur de clinique chirurgicale, chirurgien en fié
de rUôlel-Dieu de cette ville, président de l'Association {médicale du déptr^
tement de Maine-et-Loire.
Pour les artioleê non tignés : F, BRICHETBAU.
— 289 —
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
•■•des d'admlnlstratloii du aulfat e de qainlne ; «djiivaiitfl,
correcllfji, dotiea;
Par M. le docteur Dxuoux de Satignac.
Le sulfate de quinine a une saveur extrêmement amère et persis-
tante, qui le fait difficilement accepter par certains sujets ou re-
pousser absolument par d'autres^ si l'on ne s'ingénie pas à masquer
cette saveur. Dans quelques états morbides graves, tels que le coma,
k syncope, le délire, le trismus^ 1 ingestion du sulfate de quinine
'par la bouche est impossible ; son contact avec la muqueuse diges-
five devient plus ou moins douloureux chez quelques personnes; il
ttt particulièrement difficile à administrer aux enfants; enfin son
Ktion a souvent besoin d'être modifiée ou renforcée par d'autres
substances. Il est donc bon d'avoir à sa disposition divers modes
ifemploi pour ce précieux médicament, dont l'opportunité est si
fréquente, donl Taclion doit être assurée, et dont l'intervention ne
ivipporte pas de retard lorsqu'une indication impérieuse la réclame,
lowqa'il s'agit, par exemple, des fièvres pernicieuses, où l'on n'a
ptB une minute à perdre pour combattre les accidents en cours ou
>6(ir retour imminent.
I* La manière la plus simple et la plus expéditive d'administrer
^ sulfate de quinine est de le donner tel qu'il sort de l'officine,
c'est-à-dire en nature. On l'enveloppe de pain azyme, par petites
fractions plus ou moins considérables, selon la totalité de la dose
Prescrite, que les malades avalent facilement, pour peu qu'ils y
Bi^Dt de la bonne volonté, et sans percevoir la saveur du médi-
cament,
U. La forme pilulaire dissimule complètement la saveur des re-
iMes; mais quelques individus ne savent pas avaler les pilules, et
** enfants sont de ce nombre ; en outre, parmi ces derniers, la plu-
P^ne le veulent point. Ce n'est donc pas un moyen acceptable
pUftoos les sujets. De plus, les pilules de quinine n'agissent pas
^^ vite que les solutions, surtout lorsque les premières sont
'^ches et préparées depuis longtemps. Il faut donc au moins ne
^ confectionner ces pilules qu'au moment du besoin ou pour
^-peu de jours, de manière qu'elles soient consommées étant
encore molles.
TOME LXXX. V LIVR. 10
— 290 —
Le Codex indique la dose de \0 centigrammes de sulfate de qui
nine par pilule, leur donne pour excipient le miel blanc et dild
les argenter. Je préfère et j'emploie pour excipient le sirop ou l'ex
trait d'ëcorces d'oranges amères, comme adjuvant, et aussi eomm
correctif de Faction parfois agressive de ce sel sur les nerfs gas
triques; et je n'aime point, ni pour ces pilules ni pour aucun
autre, l'enrobage d'argent, qui ne peut que contrarier et retarde
la dissolution et Tabsorption de la quinine dans l'estomac.
Il n'est pas rationnel de prendre pour excipient des pilules cl
quinine, comme le portent quelques formulaires, la conserve d
roses, qui contient du tannin, substance incompatible avec les aici
loîdes végétaux et susceptible de nuire à leur prompte et entièi
absorption.
Le sulfate de quinine en nature , et surtout les pilules^ pès
parfois sur l'estomac, suivant l'expression des malades, ou bie
irrite sa muqueuse et détermine un peu d'épisgastralgie. L'actioi
topique du sulfate de quinine est irritante en effet. On la prévjen
ou on l'annihile, en même temps que Ton favorise la dissolution
du sel dans Teslomac et que Ton active son absorption, en faisapi
boire, aussitôt après Tingestion du sulfate de quinine donné sùfU
forme soliile, quelques gorgées d'une boisson acide que Ton a Jut
préparer à l'avance. On peut choisir une limonade au citroOy W*
vinaigre ou à Teau de Rabel, Je préfère les limonades au eitron» ^
l'acide citrique ou à l'acide tartrique, parce que ces deux acidei^
outre leur propriété dissolvante, m'^mt semblé posséder aussi celte
de favoriser, d'accroître même l'action fébrifuge du sulfate de qw^
nine. Plusieurs médecins italiens ont attribué partie ulièrementoet^
dernière propriété à Taci ie tartrique, dont nous aurons à reparte
plus loin.
C'est assurément à tort, la plupart du temps, que Ton reprod*
à la quinine l'inconvénient de provoquer des gastralgies par M
usage plus ou moins prolongé. C'est surtout dans les contrées palï**
déennes qu'on lui voit adresser ce reproche. Or les accidents g***
triques ne sont généralement pas imputables à cet alcaloïde, A
bienfaisant pour les habitants de ces contrées, dont la reconnais*
sance à son égard devrait être sans bornes ; c'est la cbloro- anémia*
consécutive à l'intoxication paludéenne, qui amène à sa suite I*
gastralgie ou diverses formes de dyspepsie. Alors, en eflet, il peu*
arriver que le sulfate de quinine soit difficilement supporté pa^
j'estomac; c'est le cas de lui adjoindre l'opium. L'extrait d'opioi^
— 291 —
el de morphine ont non-seulement davantage de favoriser
nce du sulfate de quinine, de calmer ou de prévenir son
ion douloureuse sur la muqueuse gastrique ; ils ont encore,
Fextrait d'opium, la propriété de favoriser aussi son action
e et antipérindique. Ainsi, telle fièvre intermittente, rebelle
ence du sulfate de quinine seul, cédera souvent à Tassocia-
ce sel avec l'opium. Cette association convient parfaitement
ralgies périodiques, très-rationnelle d'ailleurs en principe,
1 Ton adresse à la fois, Tun soutenant l'autre, l'opium à
it douleur, la quinine à l'élément périodisme. En cette
nce, je fais choix pour excipient de l'extrait de valériane,
rmule ainsi cette médication contre les névralgies pério-
Sulfate de quinine 0e,60 -
Extrait d'opium 0,05
Extrait de valériane Q. S.
* six pilules. A prendre en trois fois, à demi-heure d'inter-
[uelques heures avant le moment présumé de Taccès.
ulfate de quinine, à dose médicamenteuse, tend chez certains
k produinîde la diarrhée; à dose toxique, c'est l'un des acci-
u'il produit. Ce sera donc encore le cas de lui adjoindre l'opium,
lieu d'assurer la tolérance de Tinleslin , à plus forte raison
i affaire à di s fièvres pernicieuses à forme cholérique ou
érique. Celle association est encore indiquée en présence des
its nerveux qui compliquent les fièvres inlermittenles, en
nt à leurs accès un caractère plus ou moins tranché de perni-
; tels sont le délire (fièvre pernicieuse délirante) , un violent
de côté (fièvre pernicieuse péripnenmoni |ue) , une cépha-
intense pendant l'accès, sans perniciosité bien accusée ; ici
Eère la morphine. J'ai vu aussi l'union soit de 1 ou 2centi-
oes de sulfate ou de chlorhydrate de morphine, soit de 2 ou
jgrammes de codéine avec 50 ou 60 centigrammes de sul-
le quinine réussir mieux que le sulfate de quinine seul contre
halée fréquente, habituelle, sans périodicité marquée.
Le sirop de sulfate de quinine se prépare ainsi, d'après le
i •
Sulfate de quinine Ok,50
Acide sult'urique au dixième 0 ,50
Sau distillée 4 ,00
Sirop de sucre incolore 95 ^QQ
— 292 —
Délayez ie sulfate dans Teau distiilée; ajoutez Facide snlfi
rique étendu ; mélangez la dissolution avec le sirop de suer
20 grammes de ce sirop contiennent iO centigrammes de sulfa
de quinine. Ce sirop est spécialement destiné aux enfants; mais
est amer , à ce titre ne leur plaît points et par conseil uent ne coi
stitue pas pour eux un meilleur mode d'administration de la qi
nine que d'autres dont nous parlerons tout à Theure.
lY. La solution de sulfate de quinine est incontestablenoent
meilleure forme pour l'emploi interne de ce médicament. C'est <
l'ingérant en solution dans i^estomac qu^il est le plus vite absorh
que son action est le plus prompte. C'est ainsi, par exemple^ qo^;
doit être administré lorsque Ton veut en quelque sorte frapper oi
grand coup en faisant pénétrer rapidement, d'emblée^ une fort
dose de quinine dans l'organisme Parfois, en administrant d'un sen
coup<ren solution, toute la dose de sulfate de quinine prescrite
on parvient à conjurer certains accès de fièvre mieux qu'en fraction
nant cette dose pendant Tapyrexie. C'est la première de ces dm
méthodes que préférait Bretonneau ; c'est elle aussi qui est la plu
commode à suivre dans les hôpitaux où les endémies paludéenne
réunissent un grand nombre de fébricitants. Là^ en efTct^ à Thear
des visites, aussitôt la prescription faite par le médecin, le phai
macien fait boire^ séance tenante, la mesure voulue d'une solutio
titrée de quinine préparée à Favance ; grâce à ce procédé expédit
et commode, nul malade ne se soustrait^ sous un prétexte quelcoc
que, à l'exécution de l'ordonnance ,
Le sulfate de quinine des pharmacies est un sel basique^ peu ^
lubie dans Teau, un peu plus dans l'alcool. Afin d'exercer ais^
ment sa dissolution, on le transforme^ non en sulfate acid*
comme on le disait naguère, mais en sulfate neutre^ lequel o
beaucoup plus soluble; pour cela^ on ajoute au dissolvant qu&
ques gouttes d'acide sulfurique ou d'eau de Rabel. Rappelons qt»
Veau de Rabel^ ou acide sulfurique alcoolisé, est un mélange ^
\ partie d'acide sulfurique et 3 parties d'alcool, coloré en roui
par des pétales de coquelicot ; c'est elle que je préfère ; il en fa^
environ 1 goutte pour dissoudre 5 centigrammes de sulfate ^
quinine (Dorvault).
La solution aqueuse de sulfate de quinine, acidifiée quantvt^
satis, sert pour l'usage interne : potions, lavements, injections hj
podermiques. Elle possède la saveur très-amère et très-persistaa^
du sel quinique ^ on la donne telle, néanmoins, par la bouche.
— 293 —
^ «vjet veut bien prendre son parti de cette saveur, sinon ou cher*
l^era àla masquer par quelques correctifs dont nous parlerons plus
oîn.
La solution alcoolique a une saveur moins désagréable, parce
C|^e la saveur amère se combine mieux avec celle de Talcool^
parce que cette combinaison même plait à beaucoup d'individus^
comme le prouve le goût très-répandu de Tabsinthe, du bitter^ du
vermouth et autres liqueurs amères. En outre^ l'action de Talcool
"vient, en certaines circonstances, appuyer Taction fébrifuge de la
quinine^ et contre-balancer son action hyposthénisante. C'est parti-
culièrement dans les contrées marécageuses que cette association est
utile; j'engage donc à y recourir, plus souvent que Ton n'y songe,
contre les affections périodiques d'origine paludéenne. J'ai vu les
paysans de l'Aunis avoir grande confiance en la dissolution de qui--
Bine dans l'eau-de-vie pour se débarrasser des fièvres de leur pays ;
et quelques-uns y ajoutaient du poivre, qui a été aussi, comme on
le sait, réputé fébrifuge. Ce remède est un peu roide pour le gosier
et l'estomac, mais souvent il est réellement efficace.
Le sucre rend, au goût de quelques individus, l'amertume du
sulfate de quinine un peu moins désagréable. On peut alors le leur
^nner en potion, édulcorée avec 30 à 40 grammes de sirop. Ce
serait le cas d'employer le sirop d'opium ou celui de morphine, si
l'on voulait unir l'action des opiacés à celle de la quinine. En em-
ployant le sirop d'écorces d'oranges amères on ne rend pas sen-
nblement plus forte la saveur amère de la potion, et on la corrige
^nie un peu par le parfum propre au sirop. Enfin le sirop d'o-
fuiges est aussi un léger correctif qu'il est bon de signaler.
Voici un exemple de l'une de ces potions quininées :
Sulfate de quinine 08,60
Eau distillée 120 ,00
Sirop d'oranges 30 ,00
Eau de Rabel 5 ou 6 gouttes.
En vue d'obtenir les avantages attribués plus haut à l'alcool, on
peut prescrire des potions hydro- alcooliques dans lesquelles un
Ittart. un tiers, la moitié de l'élément aqueux est remplacé par
1 équivalent, en volume ou en poids, de rhum ou d'eau-de-vie.
M, Piorry emploie et recommande cet alcoolé de quinine :
Quinine brute 50g,00
Alcool 350 ,00
Eau distillée 350,00
— 294 —
Chaque cuillerée représente 50 centigrammes de sulfate de qui-
nine. ( Annuaire de Bouchardat ^ 1847.)
Je suis de Ta vis de M. Dorvault (Officine), que, le médecin
n'ayant pas indiqué dans la formule d^ine solution de sulfate de
quinine l'addition d'acide sulfurique ou d'eau de Rabel, le phar
macien n^en doit pas moins faire cette acidification , nécessaire pou
disFOudre le sel ; c'est d'ailleurs l'accompli ssement du secunda
ariem inscrit ou impliqué dans toute ordonnance de médecin
Mais tout autre composé acide que les deux précités ne doit êtr
employé par le pharmacien que s'il est iormellement indiqué
le médpcin.
Y. On a beaucoup recommandé en Italie l'emploi de l'acide ta:
trique comme moyen non-seulement de favoriser la dissoluti
du sulfate basique de quinine^ mais d'augmenter ses propriét
fébrifuges. Le sulfo-tartrate qui résulte de là a une saveur moi
austère et moins désagréable que le sulfate neutre de quinine. H
diqué d'abord par M. Righini, puis par M. Ruspini, Tacide tCLX*-
trique devait^ d'après ces deux pharmaciens, être ajouté dans la
proportion de is,!20 par gramme de sulfate basique de quiniïie.
M. Gasorati, pharmacien à Turin^ a expérimenté qu^une aussi
forte proportion d'acide tartrique n'est pas nécessaire, et qu'il
suffit de 5 centigrammes de cet acide pour dissoudre 15 centi*'
grammes de sulfate basique de quinine.
Voici la formule que donne M. Gasorati pour une potion sU
sulfate de quinine soluble à administrer à un adulte :
Sulfate de quÎDÎne. . , 08,60
Acide tartrique 08,50 et même (¥t^
Sirop d'oranges ou de menthe 45,00
Toutefois, si l'on ne veut pas se borner à obtenir la dissolution
du sulfate de quinine, mais faire valoir les propriétés fébrifuges d^
l'acide tartrique associé au sultate de quinine, comme s'y est atta-
ché le docteur Laça ve. il sera évidemment préférable de l'imiter e0
adoptant la formule Righini-Ruspini.
Toutes les considérations relatives, dans Tespèce, à l'acide tar-
trique sont applicables à l'acide citrique, lequel me parait rntoc
préférable, La limonade citrique, et surtout celle préparée avec ^^
citron frais, est tout à fait une boisson agréable aux fébricitants ci
un remède tempérant parfaitement indiqué dans le cours d'uu accès
de fièvre. I ^^
— 295 —
VI. L'infusion de café torréfié et l'infusion de thé masquent Pa-
mertume du sulfate de quinine, mais beaucoup moins qu'on Ta pré-
tend u. La première a élé proposée à cet efiFet par M. Desvouves, la
seconde par M. Thélu^ et toutes deux ont donné lieu à plusieurs tra-
vaux et expériences dont on peut lire les détails dans le Répertoire
de pharmacie, 1847, et le résumé dâLUèV Annuaire de Bouchardat,
dlS4r8. La diminution d'amertume du sulfate de quinine, dans les
infusions de café et de thé, a lieu, d'une part, parce qu'il s'y délaye,
s'y suspend plutôt qu'il ne se dissout, et d'autre pari, parce qu'il
est précipité par le tannin et les matières coloranies de ces infu-
sions. Toujours est-il, et encore avec la précaution d'ajouter plus
ou moins de sucre, et un peu de lait si on veut, que c'est un assez
^n moyen d'(»fifrir ce sel aux enfants en leur en d.érobant quelque
peu la saveur. Mais la décomposition qu'il subit nuit-elle à son ac-
tion î Je ne le pense pas, et l'expérience ne l'a pas démontré, parce
9ue les précipités humides et tout récents de quinine dans ces infu-
*ïc>tis, en arrivant dans le milieu acide de l'estomac, v reviennent
. ^ai semblablement très-vite à Télat soluble, et ainsi se prêtent
enoore à une assez prompte absorption. Mais il est évident qu'en
înti^^duisant la quinine à l'état soluble dans Testomac, elle agira
plu.^ vite, et qu'il faudra se comporter en conséquence lorsqu'il y
4ttï*^ intérêt à abréger le plus possible le délai dans lequel doit opé-
J^*^** le médicament. En pareil cas, je conseille de délayer dans une
'^^ t^sion de café torréfié la dose prescrite de sulfate de quinine
^[ •i'y ajouter quelques gouttes du jus exprimé d'un citron. La
•^'s Solution de la quinine qui en résulte fait réapparaître son
^"*^^rtume, mais en la corrigeant sensiblement; et cette préparation,
P^^^r peu surtout qu'on Tédulcore convenablement, n'a rien dedésa-
^^able au goût; je l'ai vue très- bien acceptéi» par beaucoup d'en-
^'^^^ts. En outre, elle a des propriétés antipériodiques et fébrifuges
"^^-développées auxquelles le café par lui-même semble concourir.
^ la recommande aussi contre les céphalalgies nerveuses, mieux à
^^rdébul que pendant leur cours, contre la migraine, par exemple.
^^'^ Us ce mélange, tout porte contre l'alfection que Ton attaque:
^ café, céphalique par excellence ; du citrate de c.iféine, que doit
^'^ proviser l'immixtion du jus de citron ; la quinine, arme souvent
*^^ureuse contre les névralgies. Eu supprimant le sucre, pour le cas
^C névralgies crâniennes ou faciales, non pour celui de fièvre, le
^^mède m'a toujours paru mieux agir : comme si un ébranlement
Nerveux, sorte d'action réflexe, résultat de la dégustation des prin-
— 296 —
cipes amerSf contribuait pour sa part à modifier avantageusemenl
Tétat névralgique ; ce qui a lieu du reste pour certaines névralgies
ou névroses de l'estomac, dont souvent on triomphe en laissant k
sens gustatif éprouver la sapidité des amers mieux qu^en la loi
épargnant.
VIL M. Petzold a proposé le miel pour dissimuler ou amoindrii
la saveur du sulfate de quinine, administré aux enfants {Annuam
de Bouchnrdût^ 1847). On peut en essayer. Nous savons tous que,
dans le même but^ on emploie les confitures, les pulpes de fruits
cuits. Mais l'enfant, en dégustant tous ces mélanges, retrouve li
saveur qui lui répugne, et repousse le remède. Il est encore pin-
facile, de gré ou «ie force, de le faire boire.
C'est ici le cas de rappeler que Trousseau donnait à ses petk
malades la quinine brute, substance peu sapide, que Ton roule m
pilules de 5 centigrammes, en la ramollissant entre les doig
échauffés. Ces pilules sont ensuite dissimulées dans des confiture
YlII. La méthode iatraliptique, qui consiste à faire pénétrer^ ^
plutôt à tâcher de faire pénétrer les médicaments dans Porganisvi
par l'enveloppe extérieure, n\)ffre aucune chance certaine de suce:
à la médication quinique. La peau, intacte et saine, n'absorbe cf'
très-peu et lentement les particules médicamenteuses ; encore fa'iml
que celles-ci soient et restent solubles dans les humeurs sécréta
par la peau. Or, d-un côté le sulfate de quinine ne serait solut
et absorbable qu'à la faveur des sécrétions acides ; et, d'un dXMi
côté, les sécrétions cutanées sont alcalines dans les plis articulais
et acides sur le reste de la surface du corps. Cependant, par ui
erreur née de l'ignorance ou de Toubli des conditions physiologiqu
de la peau, les partisans de Temploi du sulfate de quinine par
méthode iatraliptique ont généralement conseillé de le porter, it
corporé à Taxonge, qui ne peut elle-même que gêner son absorption
dans les plis articulaires, et particulièrement dans le creux de Tais
selle. C'est précisément ailleurs, au contraire, qu'il faudrait tente'
de forcer les portes de l'absorption, par exemple sur la face intem*
des bras, des avant-bras et des cuisses, oîi la peau, plus délicate
et plus fine, offre plus de chances de se laisser pénétrer. En ootrc^
on devrait prendre pour excipient l'alcool ou la glycérine, mie***
celle-ci peut-être, parce qu'elle favorise Tabsorplion des substances
qu'elle tient en dissolution. Et cependant, en choisissant ration*
nellement la surface d'absorption, en agissant au mieux pour rio"'
biher et la traverser par des frictions continues ou répétées à courts
— 297 —
infterTalles^ on ne parviendrait à introduire dans l'organisme^ même
en se servant d'alcoolé ou de glycérolé de quinine, qu'une minime
quantité de cet alcooloîde après en avoir employé une énorme. Il y
a di:i temps et de Targentà perdre dans des tentatives de ce genre^
peu d'espoir à fonder sur leur résultat thérapeutique, et il faudrait^
pour y recourir, être dans Fi m possibilité d'user de tout autre moyen
plus rationnel d'introduction.
I^tes propriétés absorbantes étant moins contestables dans les mem-
branes muqueuses^ il vint Tidée à Ducros de faire pénétrer le sul-
fate de quinine à travers celle de la bouche. Dans ce qu'il appelait
la méthode buccale^ le sulfate de quinine dissous dans Téther et
employé en frictions sur la langue^ sur la face interne des joues,
porté sur le voile du palais et jusque sur le plancher vertébral du
pharynx, devait, selon lui, à la dose de 5 centigrammes, agir plus
fortement qu'à celle de 2 grammes introduite dans Testomac ou
dans le rectum, et manifester en outre une remarquable instanta-
néité d'action. Je n'en ai point fait l'épreuve^ et je doute néanmoins
des merveilles de cette méthode préconisée par son auteur contre
les fièvres intermittentes pernicieuses et contre les tics douloureux
^^mporo-faciaux. Je ne connais aucun fait clinique en sa faveur;
jc vue borne donc à la rappeler ici, sans pouvoir apprécier l'éten-
due ou les limites de son utilité.
[La suite prochainement.)
THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE
•ppllealloiiii de rendoseope^ son nlilICé dans le Irailemen*
des «IfecUonM de erriAinat orfpanes ;
Par M. Edouard Labarraqub, ioteroe des hôpitaux de Paris.
Le succès dans Tart de guérir a toujours supposé une grande
P*^ision dans le diagnostic des maladies ; c*est pourquoi tous les
""doyens qui pouvaient amener à cette sûreté de la diagnose ont, à
■* juste titre, acquis dans la pratique journalière une importance
^ilale. Aussi, abstraction faite des commémoratifs et des symptô-
^^ généraux, les signes fournis par l'inspection des organes, soit
'^feclement, soit au moyen d'appareils s|)ëciaux, ont-ils élé Tobjet
d'études particulières, suivies, pleines d'intérêt et fécondes en ré?
sultats pratiques. C'est à ce titre que l'endoscope peut très-équita-
blement entrtT dans !e cadre des travaux de ce recueil; c*est un de
ces instruments auxquels il faut savoir gré des indications qu'ils
fournissent pour Tétude et le traitement des affections d'organes
cachés à l'intérieur du corps: en mettant sous les yeux les lésions
elles-mêmes, en permettant d'en préciser le siège, il vient puissam-
ment en aide à la thérapeutique chirurgicale ; grâce à lui, on ne
va plus aveuglément porter au sein des conduits naturels, des io**
struments ou des agents modificateurs ; on voit, on arrive sur le
point qui est le siège du mal, et Ton ne risque pas^ en voulant gué-
rir, d'atteindre et de nuire autre part.
Nuus allons indiquer brièvement les avantages de cet instni*
ment, tels que nous avons pu les constater dans le service de not
excellent maître, M. le docteur Désormeaux, à l'hôpital Necker.
L'endoscope peut servir au traitement de certaines maladies
Turèthre, de la prostate, de la vessie, du rectum, de l'utérus, di
fosses nasales, de Pœsophage et en général des conduits et d
cavités du corps humain. Les applications à l'urèthre, à la prosta
et à la vessie ont déjà été signalées ; il n'en est pas de même
Tétude des lésions du rectum^ de Tutérus, des fosses nasales et
Tœsophage, étude que nous avons basée en partie sur desfa..i^<
observés par nous, et en partie sur les riches documents conser^/^^^
par M. Désormeaux.
La description de l'appareil ne nous occupera pas ici (1) ; il no"»**
suffira de dire que l'éclairage se fait latéralement, et que la 1**"
mière est réfléchie au moyen d'un miroir incliné à 45 depr^^f
percé en son centre d'un trou qui permet de voir à l'intérieur de ^*
sonde. Ajoutons aussi que l'introduction des sondes endoscopiqti^^
repose sur le principe du cuthétérisme par les instruments droite*
•
Parmi les aflections de l'urèthre, nous nous arrêterons un instao*
sur les ulcérations, les rétrécissements, les fistules et les polyp^^"
Les ulcérations sont dues, la plupart du temps, à la blenD^i^
rhagie ou à la blennorrhée qui lui succède ; dans d'autres cas, eli^^
(1) Voir De Vendoscove et de ses applications au diagnostic et au traita
ment des affections de Curèthie et de la vessie, Ltçons faites à l'bôpilal N«^
ker par A. J. Désormeaux, in-8"j Par s, 1865, chez J.-B. Bailliëre. Voir a"**'
le cumple rendu de cet ouvrage dans le Butletin de Thérapeutique, t. LXYlH;
p. 5J8. 1^?
— 2t9 --
ont une origine arthritique ou herpétique. L'examen seul de 1<
lésion peut fixer, dans ces cas, sur le diagnostic et, par suite,
indiquer le traitement à employer.
Lorsque vous examinez à Tendoscope un urcthre affecté d'un
Roulement chronique, suite d'uréihrite spôcitique, vous trouvez^
dans les portions bulbeuse et membraneuse, des ulcérations d'un
aspect particulier, caractérisées par la présence de granulations
analogues de tout point à celles que Ton observe sur la conjonc-
tive, donnant à la muqueuse que Ton aperçoit l'apparence d'une
znûre ; parfois ces granulations, très-vasculaircs , saignent au
moindre contact. Cette lésion, qui peut occuper 2 à 4 centimètres
de la longueur de Turèthre, ne se trouve que dans ce seul point;
c'est là un caractère spécial. Elle peut entraîner, comme symptômos
C^ënéraux, de la pesanteur au périnée, de la chaleur ou un cha-
touillement particulier lors du passage de Turine, un certain degré
de dysurie^ suite de l'engorgement des tissus sous-muqueux.
I^ véritable traitement à appliquer dans ce cas, et le seul du
i^ttte qui soit efficace^ est ce!ui de la granulation ; une cautérisation
•-▼ec la solution de nitrate d'argent tous les trois ou quatre jours,
portée directement avec l'endoscope sur le siège de 1 ulcération.
Jointe à la suppression complète des rapports sexuels, suffit en gé-
^^ral |)Our triompher assez rapidement de cette maladie, parfois
**^s-rebelle. Un régime sage et modéré, qui évite l'usage des alcooli-
ques, l'administration simultanée du sulfate de quinine et des bains
^'iiiples après les cautérisations, les injections avec la décoction
^e roses de Provins, sont aussi de fort bons adjuvants. C'est aifisi
^Ue M. Désormeaux est parvenu à guérir des ulcérations ancien-
^es, remontant à plusieurs années (une à onze ans, une à quarante
^8) et entraînant avec elles, lors d'un excès quelconque, ces bien-
^orrhagies à répétitions que Ton observe si souvent dans la pra-
^ue.
Une autre forme des ulcérations du canal, en rapport avec les
^tluences saisonnières, provient évidemment d^une source arlhriti-
leou herpétique ; ici point de caractères différentiels entre les
Ux sortes de lésions ; mais elles se distinguent des précédentes,
r ce fait qu'elles sont disséminées çà et là, et souvent dans une
^nde étendue ; comme les plaques d'iierpès, elles sont fugaces et
Mraissent assez rapidement^ ou bien, si la lésion par.til plus
îonde, un examen altentit permet de reconnaître, qu'au lieu de
ies,'les inégalitob forment des enfoncements comparables, non
— 300 —
plus à la surface d'une mûre, mais aux dépressions d^une peau
d'orange.
Ici^ le traitement général prédomine : bains alcalins, arsenicaux,
eaux minérales alcalines^ liqueur de Fowler, etc.; localement^
Thuile de cade réussit très-bien là où échoue le nitrate d*argent.
Les rétrécissements de l'urèthre sont, plus que toute autre af-
fection de ce canal, justiciables de l'endoscope. En effet, cet in—
strument permet de constater de visu quel est Tétat, quelle est 1^^^
nature de la coarctation.
Tout d'abord, disons que le rétrécissement peut succéder à le^
blennorrhagie, ou à un traumatisme de Turèthre, ou aux deux caus^ ^
réunies dans cette manœuvre absurde qui consiste, pendant uimc^
blennorrhagie aiguë^ à rompre la corde, comme on dit vulgaire —
ment.
De là plusieurs sortes de rétrécissements. Au début d'une chaula—
pisse, s'il y a diminution du jet de Turine, il faut l'attribuer à Icl
violence de l'inflammation qui entraîne un gonflement de la
queuse uréthrale ; là, le traitement de l'uréthrite est seul à ei
ployer, et il triomphe aisément de la coarctation. Plus tard, lorsq^
le^suites de la blennorrhagie ont disparu peu à peu^ et que le
lade a vu son jet d'urine diminuer progressivement et devenir OI£-
forme, c'est qu'il y a eu rétraction de tissu et formation d'un ré-
trécissement inodulaire, dur, le même qui se produit après une
déchirure de l'organe. Entre ces deux états extrêmes se place u zi
état intermédiaire, qui répond à l'existence des ulcérations deTiirÂ^
thre où le tissu sous-muqueux n'a pas encore atteint toute la r^'
traclilité et toute la dureté du tissu de cicatrice.
L'endoscope permet d'apprécier, à la couleur, la difi'érence <î^'
ces deux derniers ordres de rétrécissements. Dans le dernier cas^ -*
indique les moyens cités plus haut de guérir les ulcérations, ^
ensuite, il montre la dilatation comme susceptible de réussir tar^^
c»
-i
qu'il n'existe pas encore un tissu inodulaire. Pour ce qui est
rétrécissement fibreux, inexteusible, rebelle à la dilatation, l'end^
scope permet d'apercevoir une cicatrice blanchâtre ou d'un gi' •* *
jaunâtre, bien différente, du reste, de la coloration rosée de l'ur^-^'
thre sain. Il en fait voir la position, il en permet l'exploration fu "^^
moyen d'un stylet, enffn, il fournit les indications de l'uréthrc
tomie endoscopique. Et ici, que Ton nous permette d'insister si
ce fait, que Turéthrotomie, pratiquée avec le secours deTendoscoi
]*résente, sur Turcthrotomie ordinaire, cet avantage énorme,. qi
— 301 —
Ton est bien sûr de faire porter son incision sur la cicatrice blan-
châtre, et que Ton évite ainsi d'atteindre avec Tinslruraent tran-
chant une portion saine du canal. Les deux observations sui-
vantes, de rétrécissements dus, l'un à un traumatisme direct, l'autre
a des blennorrhagies répétées, fixeront, du reste, dans l'esprit les
avantages de l'endoscope :
R..., entre salle Saint- Pierre, n® 29, le 10 avril 1865. Blennor-
rhagies anciennes, rétrécissement qui admet le numéro 10 (Ghar-
rière), mais résiste à la dilatation ; l'endoscope y montre un peu de
^granulations. Le 13, incision endoscopique à la partie supérieure,
passage d'une grosse sonde. Le 20, douleur au périnée. Le 29,
ouverture d'un abcès du périnée, sans communication avec Turè-
thre et remontant sur les côtés du rectum. Le 25 mai^ le malade,
guéri, demande à sortir.
H..., Etienne, trente ans, journalier, entre, le 4 avril 1870, à
1* hôpital Necker, salle Saint-Pierre, n° 32, pour un rétrécissement
Q.vec fistule urinaire en forme de cul-de-poule, siégeant à la partie
ncioyenne des bourses. Il raconte qu'il y a dix ans, il est tombé à
cheval sur le bord tranchant d'un cuvier qu'il a pissé du sang, mais
<Iu'îl s'est rétabli assez vite, avec un certain degré de rétrécissement
toutefois; car, ajoute-t-il, son jet d'urine n'a plus été dès lors que
les deux tiers de ce qu'il était auparavant.
Au mois de novembre 11^69 , c est-à-dire environ cinq mois
^vant son entrée à l'hôpital, sans cause connue, sans excès d'au-
<^une sorte, sans avoir jamais eu de chaude-pisse, il est pris d'un
Sonflement des parties, avec rougeur et chaleur: application de
Sangsues, formation d'un abcès qui s'ouvre de lui-même, et établis-
sement d'une tistule urinaire ; dès lors, rétrécissement urethral qui
^''est prononcé de plus en plus; Turine n'a plus cheminé qu'au tra-
ders de la fistule. On dilate pendant dix jours, avec des bougies
4'ëtain, le canal jusqu'au voisinage du rétrécissement, et, le
^ 4 avril; Tendoscope permet d'apercevoir un tissu blanc de cicatrice
^ur toute la circonférence de l'urèthre, mais plus particulièrement
& la partie supérieure.
Après six incisions consécutives, qui ont porté sur une longueur
<)e plus de 2 centimètres du canal, toutes opérées avec le secours de
l'endoscope, les 28 avril, 19 mai, 2, 9, 23juin et4 août, et l'emploi
progressif des bougies Béniqué, du numéro 31 au numéro 45, le
Daaiade, arrive à uriner convenablement; et, vers le milieu d'août il
flemande à sortir; la fistule s'était guérie d'elle-même, depuis
Quinze jours environ. Depuis lors, il n'a plus reparu.
Les fistules uréthrales sont occasionnées par des rétrécissements,
ou par des lésions traumatiques du canal de l'urèthre. De toutes
les affections de ce conduit, il en est peu qui soient plus pé-
uibles pour les malades, et qui les obligent à un plus grand nom-
bre de soins journaliers.
Lorsque la fislule est situde au-dessus d'un rélrëcissement qui
s'oppose au passage de Turine, il peut arriver qu'après avoir traite
et gui'ri la coarctation, la lésion tistuleuse se trouve du même coup
supprimée; tel était le cas du nommé H..., dont nous avons cité
plus liant l'observation à propos des rétrécissements traumatiques.
Toutefois, c'est là une exception ; et, la plupart du temps^ les fistules
uréthrales sont difiiciies à guérir, par suite du passage continuel de.
l'urine.
Il est inutile, ])Our la thérapeutique des fistules urinaires, de son-
ger à obturer l'orifice externe ou périnéal, le premier ; autrement .
Taccumnlation de l'urine au-dessus produirait un abcès urineud
L'indication la plus expresse est de tâcher de modifier et de ferm^
Torifice interne ou uréthral^xie que Ton peut obtenir assez facile
ment au moyen de l'endoscope. Avec cet instrument, on distingi
Torifice interne d'une fistule, à une petite tache d'un rouge viola*
ou lie de vin ; parfois on peut arriver à voir dans la sonde end
stopique l'extrémité d'une bougie très-fine, introduite dans le tr.
jet fistuleux. On porte alors, sur cet orifice amsi découvert
crayon de nitrate d argent, de façon à occasionner une eschare s mjm, t
tout son pourtour, puis on va neutraliser le sel d'argent en exc^^^fl
au moyen d*un pinceau trompé dans une solution de sel mariK^.
D'ordinaire, une seule cautérisation n'est pas suffisante, bien qi*^,
dans un cas, M. Désormeaux ait vu guérir une fistule après en avo îf
touché une seule lois l'orilice interne ; il faut y revenir plusieu:»^
fois. C'est une petite opération peu douloureuse, à la suite de I^*-**
quelle le passage de l'urine diminue un peu, pour revenir ensuite 9
mais chai|ue fois de moins en moins, jusqu'à ce que la guëriso*^
ait été obtenue Les deux observations suivantes produisent ut»^
guérison et une notable amélioration obtenues par ce mode de lra£'
temeut :
D... Isidore, trente-cinq ans, salle Saint-Pierre, n? 43, hôpitJ»-'^
Neckir. Autrefois, légère blennorrhagie; depuis peu, quelques dif--*^
licuUés pour uriner. Le6 juillet 18b2, violente contusion de rémi-
nence ili'o-prctiiue, tuméfaction des parties environnantes ; mail
le malade vaque encore huit jours à ses atl'aires. A l'entrée à l'hô-"*^
pital : réteniion d'urine complète, cathélérisme. Le lendemain
gonficmenl œdémateux des bourses, de la verge, de l'aine gauci
et du périnée. Deux incisions au périnée, une dans l'aine gauche, ^
une sur la bourse gauche : issue de pus et de sérosité sans odeur
— 303 —
ise. Peu après : odeur urineuse, sonde à demeure. Quinze
iprès, deux incisions sont (ermites ; une troisième s'obture
it de deux mois ; la quatrième, fistuleuse à la partie anté-
el supérieure gauche du scrotum, laisse passer une partie de
; lors de la miction. Passa^re assez rapide des bougies Bëni-
u numéro 34 au numéro 5t. Le 9 octobre : cautérisation en-
>ique ; on supprime la sonde à demeure, l'urine s'écoule un
ar latistule. Les 16, 2^ et 30 octobre, nouvelles cautérisa-
les bougies d'étain sont introduites chaque jour. Le mieux
ue. Enfin, le malade sort le 4 novembre parfaitement guéri ;
lie uréllirale est cicatrisée L'urine sort uniquement par le
ît sous la forme d*un jet volumineux et régulier.
, trente-neuf ans, salle Saint-Pierre, n» 24, hôpital Necker :
urinaire depuis huit ou neuf ans. Vers l'âge de dix-sept ou
lit ans : coup de pied dans la région des bourses, abcès, tra-
uleux. mais non point fistule urinaire ; à diverses reprises,
cause connue, nouveaux abcès des bourses n'ayant laissé
e lésion derrière eux. Plus tard, plusieurs chaude-pisses, lé-
îtrécissement. A vingt-quatre ou vingt-cinq ans : chancres,
de gorge, syphilides, etc. Il ne s'est aperçu que vers Tâge de
et un ans de l'existence d'une fistule urinaire à orifices
es multiples au périnée; ce n'est que vers latin de la miction
irine s'écoule par la fistule. On peut noter comme antécédents
nontait fréquemment à cheval.
Hà\i 30 juin, traité au moyen de l'endoscope, par la cauté-
n de la fistule, il avait été fort amélioré fc'e&t en introdui-
me très-fine bougie par un orifice externe que Ton avait pu
vrir Torilice interne) ; un des deux orifices cutanés s'était
é, l'urine passait en bien moins grande quantité par la fistule,
•ntinué pendant quelque temps à suivre le même traitement,
lantdu detiors, puis il s'est absenté et n'est plirs revenu.
46 mars lh74, sur nos sollicitations, il se présente de nou-
à i'iiôpiial dans un état beaucoup moins sati>faisant que lors-
ï cesbé de venir. L'urine coule plus abondamment par la
, surtout quand il s'est fatigué par la marche. L'examen
copiqu« révèle la présence de granulations multiples au mi-
esquelles l'orifice interne est caché. On reprend le traitement :
JsatioDS avec le sulfate de cuivre en poudre.
polypes de Purèthre, chez Thomme, sont rares, très-rares
t, contrairement à ce qui a lieu chez la femme. C'est à peine
1 trouve dans les auteurs quelques mots sur cette affection
)ies urinaires ; la plupart même paraissent disposés à la nier
aatiquement, et à attribuer à des erreurs de diagnoslic les
lies cas rapportés avec assez de soin pour militer en faveur
~ 304 —
de leur existence. M. Voiliemier (1) la met fort en doute; il n'ose-
rait se prononcer catégoriquement sur Tauthenticité du polype
de l'urèthre conservé au musée de Guy's hospiial, et rapporté
par Thompson ; il affirme n'en avoir, pour sa part, jamais vu un
seul exemple dans sa nombreuse pratique et déclare fautives au
point de vue du diagnostic, les observations, évidemment beaucoup
trop nombreuses, rapportées par Nicod (2).
Pour lui, ce qu'on a décrit jusqu'ici sous ce nom n'est autr^^
chose qu'une valvule du canal, formée par un repli de la muqueuse .^
ou bien une portion de cette même muqueuse éraillée par le pas-^
sage de la sonde^ et dont la cicatrisation a fait un corps plus o^ji
moins flottant à l'intérieur du conduit urinaire ; du reste, il -y
aurait ainsi des corps sessiles ou pédicules^ suivant que la mu-
queuse aurait été plus ou moins détachée^ et suivant que le jet
d'urine aurait, ou non, allongé la base d'implantation.
Malgré une pareille autorité en matière de maladies des voies
urinaires, nous n'hésitons pas à croire à Texistence des polypes
de Turèthre ; nous reconnaîtrons volontiers que la chaude-pi sse
peut avoir, dans certains cas, une valeur écologique ; mais il ne
nous répugne nullement d'admettre le développement primitif de
cette affection sur un urèthre parfaitement sain d'ailleurs. L'obser- j
vation suivante, que nous rapportons in extenso k dessein, prouvera
l'exactitude de ce qui précède, et nous permettra de rendre justice
aux indications que nous fournit l'endoscope, tant pour le diagnostic
que pour le traitement de ces excroissances charnues :
Ë... Joseph, trente-quatre ans, homme de peine, est entré 1^
24 mai 1870, salle Saint-Pierre, n« 13, hôpital Necker. Il affirma
n'avoir jamais eu aucune maladie vénérienne, mais, il y a ua ^
et demi environ, à la suite d'un excès de boisson, il a été pris d^uoe
uréthrite très-légère, guérie rapidement, paraît-il, au moyen ^^
copahu et de la térébenthine, accompagnés d'injections de vin roi^^*
Depuis lors il a cru remarquer que son jet d'urine était moin*
gros. Il est pris, plusieurs fois par jour, d'envies .irrésistibles ^
pisser^ la miction s'exécute, il est vrai, avec facilité : mais, lorsq'*"
(1) Toillemier. Iraiié des maladies des voies urinaires ^ 1. 1, maladies ^
Turèthre, 1»68, Paris.
(2) Ificod, 1835. Traité des polypes de Vurèthre,
— 20.n —
On croit à l'existence d'ulcérations du canal avec rétrécissement
L calibre de Furèthre, et Ton se borne, pendant quelque temps, à
uoutumer Torgane au passage des instruments. Puis, l'examen
doscopique révèle la présence d'un polype uréthral, arrondi, sié-
ant en avant de la portion membraneuse^ inséré sur la paroi su-
irîeurede l'urèthre, et offrant le yolume d'un grain de blé ; ce
ilype est très-mobile ; son pédicule est mince ; la couleur générale
t rosée, et ne diffère aucunement de la coloration du reste de
>rgane. La vascularité ne paraît pas excessivement prononcée.
C'est le 17 juin que Ton procède à l'ablation de la tumeur ; Ten-
3scope, introduit jusqu'au siège du mal, permet d'embrasser le
i^di eu le avec un serre-nœud iiliforme qui entraîne au dehors la
Biite excroissance presque sans écoulement sanguin. Depuis lors,
état du malade a toujours été s'améliorant. Le 27 juin, Texamen
odoscopique ne montre plus qu'une légère ulcération dans la ré-
ion prostatique, en arrière du lieu d'implantation du polype ; la
laie est alors cautérisée avec le nitrate d'argent liquide. Le
»0 juin, les iA et 28 juillet, l'examen, répété au moyen de Ten-
loscope, montre que la guérison ne sVst pas démentie. L'analyse
ûstologique de la tumeur a permis de la ranger dans la classe des
>apillômes.
L'examen endoscopique de la prostate peut être fait, soit au
QiK^yen des sondes droites ordinaires^ soit^ et le plus souvent^ avec
^ sondes coudées qui servent à l'exploration de la vessie. La rai-
OQ de cette distinction est bien simple à saisir ; le bord postérieur
c €et organe est situé tellement en arrière, que la sonde droite^ in-
duite jusque-là, serait envahie par l'urine, ce qui rendrait toute
>8enration impossible.
Lorsqu'on se borne à rechercher les lésions de la portion
ostatique de Turèthre avec la sonde droite, on y découvre des
*<érations de différentes sortes : d'abord des ulcérations
rigine blennorrhagique, ayant une tendance à devenir fon-
uses, mais conservant néanmoins assez des caractères précé-
ment décrits, pour être reconnus à un examen endoscopique
Uimment rigoureux. Le traitement topique des ulcérations,
de chaude-pisse, est ici le seul qu'il faille appliquer, pourvu
maladie n'existe pas depuis assez longtemps, pour avoir in-
\ le tissu même de la glande. En second lieu, on rencontre
aérations herpétiques et arthritiques qui n'offrent point, en
!'oit, de signes particuliers, et obéissent aux moyens prophy-
^s, curatifs -et palliatifs de ces deux redoutables diathèses.
l n'est pas rare d'observer des ulcérations tuberculeuses,
ises, cancéreuses de la prostate. Ces dernières n'existent
'. LXXX. 7*^ u\\\, ^
— 206 —
guère sans que la vessie participe à la maladie, ce qui entraîne
toujours un pronostic malheureusement trop grave. Le tubercule
se présente rarement à la prostate sans que d'autres signes aîeni
éveillé l'attention du praticien vers d'autres organes, et spéciale-
ment du côté du poumon et du. côté du testicule. Quant aux ulcS
rations d'origine strumeuse^ qui, au lieu d'offrir une dénudatio^
superficielle, nous montrent un véritable ulcère profond et anfraea
tueux^ il pourrait être au moins intéressant d'étudier si elles es
seraient pas modifiées et améliorées par les topiques auxquels es
a reconnu une influence contre les lésions de même nature, sk^
géant dans les organes extérieurs.
Toutes c^s ulcérations amènent fatalement une congestion, xMrïïi
iiTÎtation lente, qui finit par provoquer l'engorgement chronique d
la glande ; mais cet engorgement disparaît de lui-même^ lorscfu
la cause qui l'avait produit a été supprimée. Il en est de même ci
ces pertes séminales qui inquiètent si fort les malades, et de cei
douleurs lancinantes tout à fait particulières, siégeant au col del^
vessie^ dues à une légère érosion de la muqueuse, et cédant à J^
cautérisation par le nitrate d'argent.
Si, maintenant, Ton emploie les sondes coudées et munies d's^
verre transparent, qui servent à voir dans la vessie, on peut anfi-'
ver à reconnaître , et même à mesurer plus exactement encoP^
qu'avec l'excellent cathéter de M. Mercier, la tumeur qui vient lu^^
saillie dans la vessie, quand la prostate est hypertrophiée. Le loiM0
moyen, qui est, on le sait^ le siège le plus ordinaire du gonflement
s'applique immédiatement de bas en haut sur le verre de TinstriV--
ment quand on le retire^ à l'instar d'une soupape qui se relèverai
après avoir été déprimée ; en repoussant la sonde, cette mèo^'
partie s'abat brusquement pour lui livrer passage. Il y a là
disposition particulière, et qui n'existe point à l'état normal,
semble, d'après M.Desormeaux^ voir un couvercle qui s'abat et ^
relève. C'est ce que M. Mercier a désigné sous le nom de vabm^
prostatique. Ce lobe moyen, ainsi hypertrophié, est lisse^ à moic^
qu'un abcès antérieur ou quelque affection organique n'y tm^
imprimé des inégalités et des dépressions.
Notons enfin qu'à l'aide de l'endoscope on arrive à décoavriret,pi^
suite^ à traiter par les moyens appropriés (repos, bains, médicfl^
tion anliphlogistique), les engorgements inflammatoires des glande
les prostatiques, sous forme de saillies arrondies, rouges^ plusgrofs^
que les granulations, et plus réguUères que des bourgeons chaniiL.^
— 207 —
X^tvesâie, pour être examinée avec Fruits a besoin d'avoir été
préalablement débarrassée de Turine et lavée à grande eau, de
crainte que du mucus, du pus, du sang, ou un mélange de ces li-
quides^ ne vienne à obscurcir la glace qui donne passage aux rayons
lumineux.
Une moitié environ de la surface interne de Torgane est seule
aceessible à la vue depuis la prostate^ le trigone et le bas-fond^
jusqu'au sommet Le reste n'est que difficilement explorable au
Hioyen d'un miroir placé à Textrémité de la longue portion dé la
sonde, en face d'une ouverture latérale, et encore l'éclairage de-
vient-il insuffisant. Hâtons-nous d'ajouter que les principales lé-
sions ont précisément pour siège le col de la vessie, le trigone et
le bas fond, ce qui ôte beaucoup de son importance au reproche
que Ton pourrait adresser à l'endoscope de ne pas laisser voir
tout l'intérieur de la cavité vésicaie.
A l'état normal, on aperçoit une petite saiUie transversale qui
Kmite le trigone en arrière^ et s^étend entre les orifices des deux
[ ^l'etères. Du reste, la muqueuse vésicaie est rose et lisse comme
^Ile de l'urèthre.
Ghes des chlorotiques et des malades affaiblis, on observe une
pâleur anémique tout à fait caractéristique de la muqueuse de la
^•8«ie.
[ Dans certains cas d'hématurie, sans calculs ni affection organi-
Vle, la muqueuse n'offre d^autre lésion qu'une légère dilatation
B^Qëralisée des capillaires^ accompagnée quelquefois de varices du
^^ rarement d'ecchymoses tantôt petites et lenticulaires, parfois
^Mez larges et sans régularité.
La cystite aiguë ne permet pas l'examen endoscopique du ma-
^e^ à cause de la douleur que provoquerait^ sans nécessité pour
^thérapeutique, l'introduction de l'instrument. Il n'en est pas de
"rtme pour la cystite chronique, où Ton observe, à un premier
^^gré, une rougeur générale avec dilatation du réseau capillaire,
Ma, plus tard, une teinte rouge uniforme si prononcée, que Ton
^ie de distinguer les vaisseaux dans cette rougeur si foncée ;
^6n, lorsque la cystite a une longue durée, la muqueuse est ra-
^Hie, ulcérée, noirâtre par places ; en d'autres endroits, elle con-
*^ve une couche purulente qui adhère, et qu'on ne peut détacher,
'^^âiae avec le bout de la sonde.
Dans Texamen et le diagnostic des tumeurs de la vessie, l'en-
^os^pe devient d^un utile secours au chirurgien et au malade^
^ 208 —
puisqu'il en montre la véritable nature et qu'il empêche de prati-
quer, sur les dégénérescences orgjiniqucs, des opérations dont h
résultat ne saurait être qu'une mort rapide.
La vue des colonnes ou des cellules, dans une vessie à paroi
hypertrophiées, est plutôt d'un intérêt scientifique que pratique. 0
aperçoit des cordons arrondis^ avec une partie saillante éclairét
et deux bords qui peuvent ne pas se trouver ensemble dans
champ de l'instrument^ si les saillies sont larges. On arrive à L
mesurer^ à voir leur disposition, les dépressions de la muquei:^^
et les cellules qui sont ainsi interceptées. Leur couleur est ros^«
comme celle de l'organe^ signe précieux^ qui sert à les distinguer
des tumeurs de la vessie qu'elles pourraient imitera première rvœ,
Enfin^ on peut tirer parti de l'endoscope pour l'examen des
calculs vésicaux. L'introduction de l'appareil fixera d'abord sur Je
fait de savoir s'il y a, ou non, un calcul dans la vessie, puisqu'on a
signalé des erreurs de diagnostic dues à la présence de matières
dures dans lé rectum^ à une tumeur osseuse du bassin faisant
saillie dans la vessie, à l'existence dans l'organe d'une colonne
charnue résistante, indurée. Lorsqu'on s*est assuré que la vessie
contient des calcul s, il est facile d'en connaître le nombre^ la cou*
leur (et par suite la nature), les dimensions, le volume et la fonne*
Mais l'application la plus intéressante de Tinstrument^ et, sans
contredit, la plus féconde en résultats pratiques au point de vuedm.
pronostic et du traitement^ consiste à pouvoir dire si le calcul es^
adhérent à la muqueuse vésicale^ s'il est ench&tonné. On voit alor^
que le calcul est maintenu en place par des bourrelets, des saillies.^
des végétations de la muqueuse. Les deux observations suivant
empruntées à M. Desormeaux, montrent Tutilité des moyens
conisés ici :
Hôpital Saint-Antoine^ service de M. Jarjavay. Signes ration
nels a un calcul que l'on trouve au cathétérisme^ sans pouvoir I
saisir avec le litholabe ; soupçon d'enchâtonnement. Ëxploratio
endoscopique, révélant que le calcul est retenu entre des saillies A^*
la vessie : l'extrémité droite seule paraît libre^ l'extrémité gaucl
et le bord supérieur sont débordés par une saillie de la muqueusi^^^
et le bord inférieur, enfin^ est en partie caché par une véritak ^^
tumeur sur laquelle on remarque une ecchymose^ qui paraît résulta ^
de la pression d'un des mors du litholabe : en sorte qu'en insista,
dans tes manœuvres d'exploration^ et sans le secours de l'endoscof
on aurait pu écraser la muqueuse vésicale. (11 existe un dessin
ce calcul.)
— 209 —
Hôpital des Cliniques (M. Houel). Soufifrances du côté de la
vessie ; fréquentes envies d'uriner ; douleurs au périnée ; urines
troubles^ mucus, sang. Avec un cathéter, on sent une pierre dans
le bas-fond de la vessie : un instrument lithotriteur permet de la
saisir; mais on croit entraîner avec elle la muqueuse vésicale.
L'endoscope fait voir un corps blanchâtre, qui présente une légère
saillie ; si Ton fait mouvoir l'instrument, on arrive sur les bords
du calcul^ et on voit très-distinctement que le corps blanchâtre est
entouré et en partie recouvert par une membrane rosée qui se
continue avec la muqueuse vésicale. (L'autopsie a confirmé le
fait)
On peut conclure, ce nous semble^ de tous les faits rapportés au
sujet des maladies de la vessie, que si Fendoscope ne peut, comme
dans les affections de l'urèthre, servir directement aux opérations,
il n'en est pas moins utile encore au traitement^ en fournissant des
indications précieuses pour déterminer le choix de la méthode
opératoire^ et pour diriger les instruments dans l'opération à prati-
quer.
Les applications de l'instrument à Tétude des maladies du rectum
sont moins nombreuses qu'à celle des affections génito-urinaires.
Et, en effet, cet organe, doué d'un calibre fort supérieur^ est facile-
ment accessible à des instruments plus volumineux que Tendoscope,
et^ par suite, il peut être examiné le plus souvent à la lumière
directe du jour. Il n'en est pas moins utile de faire connaître les
luelques cas intéressants dans lesquels les sondes endoscopiques,
l'un volume beaucoup plus gros que les autres, ont paru applicables
filtre les mains de M. Desormeaux.
Dans un cas de fistule recto-vésicale chez la femme, sans com-
■^^nication ni avec l'utérus, ni avec le vagin, l'endoscope^ appliqué
?>ar le rectum, permit d'apercevoir l'orifice inférieur de la fistule,
1^ laissait suinter l'urine, et de le cautériser avec le nitrate d'ar-
f^ût solide. Après deux cautérisations, la malade était bien guérie,
•i lagucrison ne s'est pas démentie. Cest là un fait d^autant plus
'^rieux que nous savons combien peu, dans les fistules, la guérison
^^t l'oblitération de Torifice inférieur, sans que Ton ait essayé
* ^gir sur l'orifice supérieur du trajet.
I^ diagnostic différentiel des différentes sortes d'ulcérations et
*^ rétrécissements se fait de visu et d'une manière positive : c'est
^Qsi que l'on a pu arrivera reconnaître des rétrécissements fibreux
^^ inodulaires, qui ont été traités et guéris par la dilatation, quand
— 210 —
Tensemble des autres signes indiquait plutôt une origine cardni
mateuse.
Les occasions que L'on a d'observer des polypes du reclunk. i
Fendoscope sont rares, parce que ces tumeurs se voient facilero^mt
avec un spéculum ani^ et que leur lieu d'implantation siège d'ordi-
naire vers la partie inférieure; en outre, le doigt indicateur eaf
souvent un moyen de diagnostic, et même de traitement (avulsionj.
Néanmoins, dans les cas assez rares où le polype a son pédicu/e
situé assez haut, on peut avec raison recourir à l'instrument endos*
copique.
Mentionnons enfin que chez uti médecin, H. le docteur J^^
Fendoscqpe a fait voir et confirmé la présence d'une tumeor
maligne du gros intestin, située au-dessus de la portée du doigt 0^
des autres instruments, et dont la nature n'avait encore pu qu'être
soupçonnée. Il est inutile d*ajouter qu'un traitement quelconque «
dans ce cas, n'avait point de chances de succès.
L'utérus est peut-être d'une exploration moins facile. En effc^ i
l'introduction des petites sondes rencontre un obstacle naturel »
l'orifice supérieur du col ; il faut avoir soin de dilater cet orifi^^
avec de l'éponge préparée lorsqu'on veut pénétrer dans rintëri»^*
de l'organe.
Dans la cavité du col, on observe des granulations tout à ffltBt
comparables à celles qui existent sur le museau de tanche : comocB^
elles, ces ulcérations sont très -persistantes, surtout comme suit^^
de couches, et donnent lieu à des écoulements glaireux cftraclérist^'
ques dont on expliquerait difficilement l'existence^ si l'on nedécoi^''
vrait ainsi le siège du tûa\y puisque souvent on a commencé p^^
guérir les ulcérations qui se montraient sur la face externe du e^**
On peut de la sorte porter le nitrate d'argent ou d'autres ageo*-*
modificateurs sur la lésion elle-même, parfois très-petite, et àufi^î^
santé néanmoins pour causer ces vives douleurs dont se plaigne l^^
pendant si longtemps certaines femmes. ^
L'examen de la cavité de l'utérus n'a été pratiqué que raremef ^
par M. Desormeaux. Sur l'avis de quelques confrères, la sonJ^
endoscopique devait servir de rugi ne pour ces lésions décrit^^
avec tant d'amour par Récamier sous le nom de végétatiof^
polypi formes de l'utérus, et que ce célèbre praticien prétendait
aller détacher au moyen d'un ongle en métal. Dans tous les cbs
de ce genre, l'endoscope n'a jamais révélé autre chose que d^
— 211 —
granulations, et il nous semble fort possible que le médecin dq
FHôtel-DieU ait pris souvent pour des productions morbides des
débris de muqueuse granuleuse violemment enlevés par son raclage
pea modéré. *
Les fosses nasales sont souvent le siège de polypes. Leur lieli
d'implantation est très-variable, et dépend surtout de leur nature.
Lies polypes muqueux se rencontrent indifféremment sur tous les
points de la muqueuse de Schneider, depuis Torifice antérieur,
jusqu'à Porifice postérieur des fosses nasales, et cela des deux
côtés à la fois d'ordinaire. Quant aux polypes fibreux décrits sous
le nom de polypes naso-pharyngiens, outre qu'ils sont en général
unilatéraux^ leur pédicule peut être situé encore beaucoup plus en
Arrière jusque dans le pharynx, à la hauteur des corps vertébraux
de la colonne cervicale.
Dans le premier cas, Tablation a souvent fait disparaître, mais
ûon pas sans récidive, les productions polypeuses ; et l'on conçoit
?*'il y ait intérêt à apercevoir le point précis de la muqueuse
^^lade, pour y porter des agents destructeurs de ces éléments qui
foisonnent. C'est là ce qui a pu être fait, grâce à Tendoscope, et
■On en trouvera la relation dans l'observation suivante :
Idadame N***, quarante-cinq ans (?), vient un matin à l'hôpital
Wecker, se plaignant de ne pouvoir plus respirer par le nez,
®*vîron trois semaines après que M. Desormeaux lui avait enlevé,
•* ville, un grand nombre de petits polypes muqueux. On en
•^tfait encore successivement, et à plusieurs reprises, un nombre
^Osidérable par chacune des narines. Puis, après une de ces
J^^tices d'arrachement, application de l'endoscope, qui permet
■^^n apercevoir et d'en cautériser le siège avec de Tacide chromiquc
P^ï". L'opération est répétée deux uu trois fois; depuis lors,
■*^^dame N***, guérie complètement, n'est plus revenue.
En ce qui concerne les polypes naso-pharyngiens, qui, chacun
*^ sait, sont d'un pronostic si grave, au moins par les opérations
î^^ils réclament, la lumière [jortée artificiellement parmi tous les
^plis des fosses nasales laissera parfois découvrir leur pédicule,
^ permettra ainsi d'agir sur ce point important, soit au moyen
^*iine anse de fil ou d'un serre-nœud, soit par des cautérisations
^U fer rouge ou avec un acide puissant.
Les rétrécissements de l'œsophage ont présenté aussi un certain
intérêt lors d'une exploration endoscopique, destinée surtout à en
— :212 —
fixer la nature. C'est ainsi que, deux fois, il a offert à la vue des
rétrécissements fibreux, suites de brûlures par des caustiques^ les-
quels ont pu être traités et guéris par Tincision et la dilatation.
Une autre fois, sur un homme soupçonné d'une affection cancé-
reuse^ l'instrument a montré une muqueuse parfaitement saine, et
n'a laissé d'autre alternative que de conclure à l'existence d'un
rétrécissement spasmodique.
Nous ne mentionnerons que pour mémoire le fait de M. le pro-
fesseur Kussmaul (de Fribourg-en-Brisgau), qui prétend avoir
pénétré avec l'endoscope jusque dans la cavité stomacale ; il faut
ajouter que la chose avait lieu sur un de ces saltimbanques accou-
tumés à redresser la première partie de leur conduit digestif en
avalant des sabres.
Peut-être, à ce propos, pourrait-on hasarder l'espérance de voir
Tendoscope servir au diagnostic des maladies du cardia ; mais, en
ce qui regarde Texamen de la muqueuse de l'estomac, on ne doit
pas oublier que l'instrument, à une pareille profondeur, ne jouit
plus d'aucune liberté dans ses mouvements, et que, par suite, le
champ d'exploration se trouve singulièrement limité. Il ne faut
pas oublier non plus que ce cathétérisme est chose difficile à prati-
quer pour le médecin, et à supporter pour le malade.
Nous terminerons ce court exposé en signalant les quelques acci-
dents qu'entraîne parfois l'application de l'endoscope. Il est inutile
de dire que, selon les voies par où il chemine, l'endoscope peut se
trouver trop volumineux pour l'urèthre, trop rigide pour les anfrac-
tuosités et les courbures des fosses nasales et des voies diges-
tives, etc. C'est de deux inconvénients au passage des sondes
endoscopiques dans l'urèthre que nous voulons parler, à savoir
Puréthrite et la fièvre: hâtons- nous d'ajouter que, dans le cathé*
térisme ordinaire, ces deux accidents peuvent se produire.
L'uréthrite se montre quelquefois après la première introduction
de la sonde: elle est d'ordinaire bénigne, elle cède au repos et aux
bains simples; mais elle demande une suspension complète des
manœuvres endoscopiques; sans quoi, elle se complique inévitahle-
ment d'orchites, légères du reste.
La fièvre est une chose assez rare après l'examen à l'endoscope :
un simple frisson nerveux peut bien se montrer quelquefois, mais
il se dissipe par la chaleur du lit et Tusage de boissons chaudes.
Quant aux accès de fièvre uréthrale, fièvre pernicieuse, ils ne peu-
— ^213. —
vent raisonnablement être imputés à Tendoscope^ à moins que
celui-ci n'ait déterminé une éraillure«de la muqueuse, ou déchiré
le tissu d'un rétrécissement. Le sulfate de quinine et les bains
seront prescrits d'avance, lors des applications de l'instrument à
Turèthre, à la prostate et à la ressie.
En résumé, l'exploration directe des organes profonds avec
réndo^ope est un moyen précieut. Il nous fournit des signes
précis sur le siège des lésions ; il nous donne des indications utiles
sur les opérations à pratiquer ; il nous sert à fixer le mode opéra-
toire ; et c'est dans ce sens que nous l'avons jugé digne de fixer
l'attention comme moyen de traitement dans les affections des
organes internes.
CHIMIE ET PHARMACIE
mémoire sur le goadron pnlYérnlent ;
Par H. Hagmbs-Lahbns.
I. Je proposai, il y a quelques mois^ dans une note sur la pré-
paration de l'hydrolé de goudron, l'emploi du sable pour diviser
le goudron et augmenter ainsi sa solubilité dans l'eau. Avant que
j'eusse publié cette note^ M. Âdrian avait proposé^ dans le même
but, et à mon insu, le coke concassé. Ayant essayé plus tard le
procédé de mon savant confrère de Paris (1), et l'ayant jugé pré-
férable au mien, j'étais au moment de l'adopter exclusivement
pour la préparation de l'hydrolé de goudron quand l'idée me vint
de substituer au coke le charbon de bois léger. Les premiers
essais tentés dans ce sens me réussirent ; et je reconnus bientôt
que le charbon de bois léger, surtout quand il est réduit en poudre
fine, remporte, à plusieurs égards, sur le coke concassé.
J'ai donné au mélange de goudron et de charbon de bois le nom
de goudron pulvérulent
Je le prépare en mêlant dans un vase de faïence (2) deux parties
(1) M. Adrian m'a commaniqué, avec une rare complaisance^tous les détails
de son procédé.
(2) J'opérais d'abord dans une marmite en fonte ; j'ai été obligé depuis de
renoncer aux ustensiles en fer parce qu'ils sont attaqués par. les acides du
goudron ; Thydrolé provenant d'un goudron qui a été en contact avec le fer
offre une teinte rouge vineuse.
— 214 —
de charbon de bois léger en poudre 6ne une avec partie de goudi
liquide des Landes. *
Il s'oiîre à Toeil en petits grains noirs qui le font ressemble;
de la poudre de chasse fine ; il ne salit^ par son contact, ni
doigts ni les vases où on le renferme ; il cède facilement à Pc
une bonne portion du goudron qui le constitue et se conserve loi
temps à Tabri du contact de Tair.
Le goudron pulvérulent peut remplacer le goudron ordîna
dans tous les usages médicaux avec des avantages très-marqi
qui seront signalés plus tard ; disons en passant qu'il préseï
autant de facilité et de propreté dans le maniement que le goudi
ordinaire en comporte peu, et qu'il peut être distribué en paqu
dans des carrés de papier, comme la poudre de quina ou de rh
barbe.
IL Je passerai en revue dans ce paragraphe les divers usa(
qu'on peut faire du goudron pulvérulent en nature ; je décri
dans le paragraphe suivant les préparations auxquelles il peut »
vir de base :
1° Fumigations : plus commodément que le goudron coulant
avec un meilleur résultat, la poudre de goudron peut être réps
due sur des assiettes dans la chambre du malade ; l'émanaiioii (
principes volatils dans l'air est facilitée par la grande surface q
présente la poudre. Quelques grammes seulement de cette pou(
jetée sur une pelle modérément chauffée répandent^ en un teAi
très-coUrt, d'abondantes vapeurs; la matière ne coule pas et la pc
n*est pas salie. Une capsule de porcelaine faiblement chàufl
par la flamme d'une petite lampe formerait un appareil de fumig
tion qui ne serait pas déplacé dans l'appartement lé plus cdqu
La poudre de goudron se prêle mieux que le goudron coiila
aux fumigations humides ; la vapeur d'eau se dégage phis charg
de principes volatils du goudron, et les vases qui servent à ce
opération ne sont pas souillés par des taches adhérentes à lec
parois ; il suffit d'un peu d'eau froide pour les nettoyer.
2** Inhalation: en plaçant entre deux petits tampons de coton
rame dans la cavité d'un porte-cigare d'ambre ou de bois léj
une pincée de goudron pulvérulent, on forme un appareil d'infc
lation commode et fonctionnant très-bien (1).
(1) M. Âdrian a proposé depois longtemps déjà son coke goUdronaé p<
les fumigations et TinlialaUoii.
-- 245 —
3* Pansement des plaies : la composition de mon goudron, sa
forme pulvérulente, sa grande lëgèretë, sa porosité, la facilité avec
làqtielle il peut être enlevé des plaies par un simple lavage à l'eau
froide, la propriété qu'il possède de ne pas tacher le linge^ me pa-
raissent lui promettre quelques succès dans» le pansement de cer-
taines plaies. J'espère qu'il remplacera pour cet usage le coaltar
solidifié par le sulfate de fer ou le plâtre, dont il possède les avan-
tages sâns'en avoir les graves inconvénients.
Le goudron pulvérulent peut être employé seul ou additionné de
camphre^ de quina^ etc., etc.; on pourrait encore en préparer des
pommadés avec les corps gras.
IIL Les préparations auxquelles j'ai donné pour base le goudron
pulvérulent sont Thydrolé et le sirop concentré de goudron.
Mydrolé de goudron» — Je ne répéterai pas ici ce que j'ai écrit
da^ns une note précédente touchant les défauts de la formule de
' Iciydrolé officinal du Codex et les avantages nombreux qu'on
*>*ouve à obtenir Thydrolé de goudron extemporanément au fur et
^ mesure du besoin. Je me borne à constater que la poudre de
ffondron fournit non-seulement aux pharmaciens, mais au pre-
IKSfcier venu, la facilité de réaliser, à peu de frais^ ces divers avan-
cées.
On peut obtenir Thydrolé de goudron en traitant la poudre par
^^iviation dans un appareil que j'ai approprié à cet usage, ou par
iple agitation avec Teau dans une bouteille. Le premier procédé,
i-avantageUx à certains points de vue, offre trop de difficultés
* ^écution et exige pour sa complète réussite des soins trop mi-
^Mtieui, pour que je me décide à en proposer l'emploi général. Le
*^C0Qd procédé, plus simple et plus facile^ se pratique de la ma-
*^ière suivante : on introduit le goudron pulvérulent dans une
•^•'teille ou carafe de 1 litre et demi environ ; on v verse ensuite
* ^Ure d'eau, on bouche la bouteille et on agite sans cesse pen-
^•*ïl cinq ou six minutes, on filtre au papier.
Quant aux proportions de goudron et d'eau à employer, j'ai cru
^^oir adopter les suivantes, que chaque médecin pourra modifier
«On gré :
Goadron pulvérulent 15 grammes.
Eaa de rivière 1000 —
l-'hydrolé préparé dans ces proportions m*a paru suffisammeivt.
odorant et sapide ; i! est très-peu coloré, comparé à Thydrolé du
Codex ou de divers auteurs (1).
Un litre laisse pour résidu de son évaporation i gramme environ
d'extrait mou dont Todeur agréable et fortifiante rappelle celle de
Pextrait de genièvre.
Il tient le milieu entre les hydrolés évidemment trop faibles de
certaines «pharmacopées, qui ne contiennent par litre que â ou
3 décigrammes d'extrait^ et les hydrolés riches de 2 grammes ou
davantage, dont très-peu de personnes peuvent supporter la saveur
mordicante et la trop grande activité. .
C'est avec de Teau à 20 degrés centigrades qu'ont été faits les
nombreux essais qui ont servi de base à ma formule. Selon que la
température de l'eau dépasse sensiblement ce degré ou lui est in-
férieure, la proportion du goudron dissous varie d'une manière
marquée. 1 litre d'eau à 0 degré ne dissout guère que 50 à
60 centigrammes d'extrait. Il suit de là que, pendant l'hiver, il con-
vient de porter la température de Teau destinée à la préparation de
l'hydrolé vers le vingtième degré. Dans la saison d'été, au»con*
traire, l'eau, possédante peu près cette température^ peut^ à lari-
gueur^ être employée telle quelle.
En traitant 10 grammes de goudron pulvérulent par 10 litres
d'eau^ on se procure une boisson salubre et désaltérante pendant
les grandes chaleurs. Si on porte la dose de la poudre à 50 gram-
mes pour 1 litre d'eau et si on élève la température de celle-ci. à
50 degrés centigrades, on obtient un hydrolé très -chargé pouvant
servir, pur ou additionné d'eau, à tous les usages chirurgicaux.
Sirop concentré de goudron. — Quelque rapide et commode que
soit le procédé que je viens de proposer pour la préparation de
l'hydrolé de goudron y j'ai cherché, à Texemple de MM. Guyot et
Le Bœuf^ à rendre cette préparation encore. plus rapide et plus
commode, en inventant un liquide riche en goudron et cKune con-
servation facile, dont une petite quantité mêlée avec l'eau transfor-
mât immédiatement celle-ci en hydrolé de goudron. Le sirop dont
suit la formule atteint le but proposé :
(1) Cette faiblesse de coloration est loin d'être un défaut : eUe vient de ee
qae l'hydrolé n'a subi ni l'action prolongée de l'air et de la lumière, ni une
température élevée^ toutes causes qui augmentent Tinlensilé de la coalear de
l'hydrolé au détriment de ses qualités.
Pr.: Goudron pulvérulent 50 grammes.
Eau 180 —
Sucre en poudre grossière 320 —
Mêlez intimement dans un mortier le goudron et le sucre ; in-
Iroduisez le mélange dans un ballon^ ajoutez Teau, chauffez le
ballon au bain-marie de manière à porter la température du sirop
à 60 degrés centigrades ; retirez alors le ballon du bain-marie et
agitez pendant cinq minutes ; jetez le sirop dans une pefite poche,
quand il ne sera plus que tiède ; repassez-le.
Ce sirop a une saveur si forte et irrite tellement la gorge^ qu^il
ne peut pas être pris pur par leâ malades (i). Mais sa destination
spéciale légitinie la haute dose de goudron qu'il renferme. Une
cuillerée à bouche de ce sirop^ ajoutée à un verre d'eau, donne un
hydrolé qui, par l'odeur, la saveur et la richesse en extrait, se rap-
proche beaucoup de l'hydrolé de goudron obtenu par la voie ordi-
naire, auquel on aurait ajouté un peu de sucre. On ne saurait en
dire de même de l'hydrolé de goudron obtenu par la liqueur
Guyot, lequel difiïere totalement de Thydrolé type.
Les médecins savent aujourd'hui ce qu'il faut penser de cette
liqueur naguère tant vantée, dans laquelle prédomine d'une ma-
nière si fâcheuse le carbonate de soude.
Bien que l'émulsion Le Bœuf à la saponine, proposée par ce
pharmacien distingué pour remplacer la liqueur Guyot^ soit bien
supérieure à celte dernière^ et qu'elle possède un mérite réel d'in-
Yention, je ne puis m*empêcher d'y signaler les imperfections sui-
irantes :
- Elle laisse précipiter à la longue une portion de goudron qui
échappe peu à peu à l'action émulsive de la saponine. L'hydrolé
préparé avec cette émulsion laisse dans la bouche et sur les lèvres
la sensation d'un enduit résineux et collant ; enfin ce même hy-
drolé, et c'est là son imperfection la plus grave, offre une différence
de composition très-marquée avec l'hydrolé obtenu par la voie
•■
(1) On pourrait^ en suivant la même formule, mais en diminuant convena-
UMnent la proportion de goudron, obtenir un sirop susceptible d'être admi-
nistré pur et par cuillerées ; il remplacerait le sirop du Codex, qui est évi-
demment trop pauvre en goudron. Ce sirop ne représente, en effet, que le tiers
da goudron contenu dans un poids d'faydrolé de goudron égal au sien, c'est-
à-dire une proportion trbs-faible, et qui le devient d*aulant plus dans la pra-
tfqae, que le sirop est prescrit d'ordinaire par cuillerées à bouche^ et que
rhydrolé^ au contraire, se boit par larges verres.
— 218 —
ordinaire, c'est-à-dire par le contact de Teau et du goudron. Tan-
dis que celui-ci ne renferme que les principes du goudrou sotubles
dans l'eau ou sa partie extraclive, l'hydroléLe Bœuf contient toutes
les parties du goudron, c'est à-dire le goudron en nature simple-
ment divisé. Or^ c'est à la partie eitraclive du goudron, et non
au goudron lui-même^ que sont dues les belles cures obtenues
jusqu'à aujourd'hui par le traitement goudronné dans les affections
des voies aériennes.
Le goudron simplement divisé serait-il susceptible de produira,
dans ces affections, d'aussi bons résultats que son extrait ? Gela me
paraît très-peu probable. Je conviens pourtant que des expériences
cliniques sérieuses et comparatives pourraient seules résoudre cette
question soulevée par les récents et consciencieux travaux de M. Le
Bœuf.
Aux médecins qui^ dans certains cas, roudraient administrer le
goudron en nature à l'intérieur^ je proposerais les pilules sui-
vantes :
Pr.: Goudron coulant 2 grammes.
Poudre de racine de saponaire 4 —
Sirop de gomme Q. S.
Divisez en quarante pilules. Chaque pilule contient S centigram-
mes de goudron. Si on délaye dans l'eau une de ces pilules, le gou-
dron y resle suspendu et émulsionné par la saponine de la racine
de saponaire et par la gomme du sirop.
Ces pilules seraient, sous forme solide, l'équivalent de rémuUion
Le Bœuf.
Sttr la cyllfllne ^ ■•n extraction |
Par H. A. BussMAim (i).
Il y a quelque temps, l'auteur, en collaboration avec M. Marmë^
a découvert un nouvel alcaloïde, la cytisine, dans les semences du
Cytisus laburnum. Il fait connaître maintenant le mode de prépa-
ration et les propriétés de cette substance.
Pour l'obtenir, on fait macérer pendant quarante-huit heures les
semences concassées dans de l'eau aiguisée d'acide sulfurique; la
liqueur filtrée, neutralisée par la chaux, précipitée par raoétati
(1) Zeitschriftfur Chemie^ 1869, et Journ, de pharm. êê dedUm., Jnia Ifli.
de plomb et débarrassée par Tacide sulfhydrique de Tacétate de
plomb en excès, est neutralisée de nouveau par le carbonate de
soude et évaporée. Lorsqu'il ne reste plus qu'un petit volume de li-
queur, on précipite par une solution de tannin, tout en maintenant
le mélange alcalin plutôt qu'acide. Le précipité blanc floconneux
obtenu ayant été lavé rapidement, est délayé dans de Peau, et le
mélange chaufifé au bain-marie avec de la litharge jusqu'à ce qu'il
ne se colore plus par le perchlorure de fer. Dans ces conditions, il
est desséché puis traité par Talcool. Ce dernier, filtré et évaporé^
fournit un sirop qui, traité par Tacide azotique concentré et addi-
tionné de 6 à 8 volumes d'alcool^ laisse séparer, par le refroidisse-
ment, d'abord des matières résineuses, puis de beaux crii^taux d'a-
zotate de cytisine que l'on purifie. Pour avoir Talcali lui-même, on
mélange je nitrate desséché et pulvérisé avec une solution de po-
tasse extrêmement concentrée et on chauffe jusqu'à ce que la cyti-
sine se séparé sous forme d'une matière huileuse. Après un lavage
à l'eau et un second traitement à la potasse, on la lave une seconde
fois à Teau et on l'expose à un courant de gaz carbonique destiné à
transformer en carbonate la potasse libre qu'elle retient. Il suffit
'alors de la dissoudre dans Talcool absolu, d'évaporer la liqueur en
consistance sirupeuse^ et de laisser refroidir poMr voir l'alcaloïde se
solidifier en une masse cristallisée.
L'auteur représente la composition de la cytisine par la for-
mule C*^H*'Az'0'. Celte hase n'est pas déliquescente ; elle possède
une saveur amère et ensuite caustique; elle fond à 154", 5 et se su-
blime à une température plus élevée en aiguilles dont la longueur
dépasse parfois I centimètre. Dans l'eau et dans l'alcool aqueux
elle se diï^sout presque en toutes proportions ; elle est, au contraire,
à peu près insoluble dans Téther, le chloroforme, la benzine et le
sulfure de carbone. Elle constitue l'un des alcalis végétaux les plus
énergiques, elle déplace dès la température ordinaire l'ammoniaque
de ses combinaisons salines. Le nitrate constitue des prismes ren-
fermant quatre équivalents d'eau de cristallisation Le chlorhydrate^
sel facilement soluhle dans l'eau, peut également être obtenu cris-
tallisé. Les autres sels à acides minéraux cristallisent difficilement
ou même ne cristallisent pas. L'auteur a préparé également les sels
doubles de platine^ de mercure et d'or.
La solution du nitrate de cytisine précipite, même lorsqu'elle est
extrêmement étendue, l'iodure double de mercure et de potassium.
L'îodure de potassium ioduré donne avec elle un précipité rouge
— 220 —
brun d'abord amorphe qui devient ensuite cristallin. L^eau bromée
la précipite en jaune orange, même à l'état de dilution extrême.
L'eau chlorée est sans action. L'acide sulfurique concentré ne color^
pas la cytisine : si Ton projette dans le mélange des fragments de
bichromate de potasse, il se colore d'abord en jaune, puis en bran
sale, et enfin en vert; si c^est de Pacide nitrique que Ton ajoute^
la masse devient jaune orangé.
Cet alcaloïde se trouve dans toutes les parties de la plante, à l'ex-
ception du bois ; les semences paraissent en être particulièrement
riches. Le Cytisus labumum n'est pas la seule plante qui le ren-
ferme : on Ta rencontré également dans toutes les plantes du genre
Cytisus qui ont été examinées.
M. Marmé a étudié ses propriétés physiologiques. Il provoqne
facilement les vomissements. Quelques décigrammes administrés,
par injection sous-cutanée, à un gros chien, lui donnent la mort :
le poison agit par asphyxie, de telle manière qu'en pratiquant pen-
dant une demi-heure ou une heure la respiration artificielle, on peut
combattre avec succès les effets du toxique.
CORRESPONDANCE MÉDICALE
Un Insoeeès du réCroceps ; nem eaïuefl % réflexi«iifl ;
Par M. E. Dbyaux.
Monsieur le rédacteur.
Je vous adresse l'observation d'un accouchement pour lequel le
rétroceps a échoué, et si ce fait vous paraît, comme à moi, capable
d'intéresser vos lecteurs, je vous prierai de vouloir bien rinsértf
dans le Bulletin général de Thérapeutique*
Le 29 juillet 1869, je fus appelé près de M"*« S. S., primipare^
âgée de trente-six ans, qui avait ressenti vers minuit les premières
douleurs de Tenfantement. Les douleurs retentissaient suilont
dans la région lombaire, se répétaient assez souvent, mais ne pre-
naient pas un caractère franchement expulsif. Aussi ce ne fut que
vers dix heures du soir, vingt-deux heures après le début du tra-
vail, que je trouvai la tête au détroit supérieur, assez dégagée du
col de l'utérus pour tenter sans crainte l'application du rétroceps.
Les deux cuillers s'engagèrent facilement en arrière de la tète, et
la saisirent assez fortement pour me permettre d'exercer des trac-
tions énergiques ; je fis ces tractions dans des directions diverse^r,
— 221 —
j'imprimai à mon instrument des mouvements de latéralité : tout
fut inutile, la tête était comme enclavée, et mon rélroceps glissa et
ressortit vide. J'attendis deux heures avant de tenter une seconde
application, dont le résultat fut le même que pour la première. A trois
heures du matin, la tête s'étant un peu engagée dans Texcavation^
je fis une nouvelle tentative, qui resta infructueuse. J'envoyai alors
chercher du seigle ergoté, qui ne m'arriva qu'à six heures ; j'en fis
prendre 4 grammes dans l'espace de cinq quarts d'heure; les dou-
leurs prirent un caractère expulsif assez prononcé, mais elles ne
duraient que quelques secondes. La tête s'engagea dans l'excava-
tion, et bientôt je trouvai, immédiatement en arrière des petites
lèvres, une bosse molle, arrondie, tellement développée, qu'elle ne
me permettait pas de trouver les fontanelles pour reconnaître la
présentation précise . Je renouvelai l'application du rétroceps, et
trois fois encore, après avoir saisi la tête assez solidement pour me
permettre de fortes tractions, je vis mon instrument glisser sur la
tumeur que j'ai signalée, et manquer son effet.
Cet insuccès me détermina à recourir à Temploi du forceps symé-
trique, dont je n'avais pas eu à me servir depuis longtemps. L'in-
troduction des cuillers fut assez facile ; le croisement des branches
et leur articulation m'offrirent quelque difficulté; mais celte diffi-
culté vaincue, j'amenai promplement hors du sein maternel un
enfant mort, sur lequel j'observai ce qui suit :
La tumeur dont j'ai parlé précédemment était assez volumi-
neuse pour coiffer en quelque sorte les os du crâne; ces os étaient
mobiles les uns sur les autres, et me parurent ne pas avoir acquis
le degré d'ossification habituel chez un enfant à terme. Les pré-
jugés du peuple m'empêchèrent de pouvoir demander à faire l'ou-
verture de la tête, pour voir si, comme je suis porté à le croire, la
pulpe cérébrale ne contribuait pas, avec un épauchement sanguin,
à former la tumeur qui avait la consistance d'une bouillie mulle.
Le cordon était enroulé deux fois autour du cou, et avait si bien
déterminé une vraie strangulation, que la peau de la partie anté-
rieure du cou était violacée, lorsque le reste du corps offrait une
coloration normale.
La brièveté extiéme du cordon, suite de sou enroulement, était le
premier obstacle au succès des applications du rétroceps , la tumeur
molle était la deuxième cause de cet insuccès, parce qu'elle n'offrait
pas la résistance nécessaire pour se laisser entraîner par les cuillers
au forceps asymétrique.
Le forceps croisé m'a réussi dans ce cas, parce que ses cuillers
symétriques ont assez violemment comprimé la tumeur pour ne
plus lui permettre d'échapper à leur étreinte. Je me demande si,
dans le cas où j'aurais eu affaire à un enfant vivant, une étreinte
aussi violente n'aurait point pu déterminer des blessures graves et
peut-être mortelles? Le mode de préhension du rélroceps met à
l'abri de tout danger de ce genre.
Ma persistance dans Temploi ud rétroceps pourra étonner ceux
qui n'ont jamais employé cet instrument ; mais leur surprise dis-
TOME LXXX. 7* LIVR. ^\
— 222 —
paraîtra quand ils sauront que, pour ma pailj'ai obtenu quarante-
neuf succès avec le rétroceps.
Une fois le rétroceps m'a donné le résultat le plus heureux dans
une présentation de la face, comme on peut le voir dans le Bul-
letin général de Thérapeutique, i. LXXIV, p. 129. Quarante-huit
fois je Tai appliqué heureusement, tantôt au détroit supérieur,
comme j'en ai donné un exemple dans le Bulletin général de Théra-
peutique, t. LXXII, p. 29, tantôt dans l'excavation .
Cet emploi du rétroceps était nécessité par une inertie plus ou
moins complète de l'utérus, sans que j'aie eu, comme MM. Hamon^
Piielippeaux et autres, à lutter contre les difiicultés résultant de
vices de conformation plus ou moins prononcés.
Des quarante-neuf faits dont le résultat a été heureux, comme
du fait dont l'observation précède, je crois pouvoir conclure ce qui
suit :
1*^ L'application du rétroceps est toujours plus facile que celle du
forceps symétrique.
2° Cette plus grande facilité d'application permet d'utiliser le
rétroceps dans des conditions où Ton ne pourrait pas employer le
forceps. C'est ainsi, par exemple^ que j'ai pu débarrasser aisément,
avec le rétroceps, de pauvres femmes qui n'avaient pas d'autre lit de
misère qu'un sac mal garni de paille, qui les élevait à peine à 25
ou 30 centimètres au-dessus du sol. Le forceps exige un champ de
manœuvre plus élevé.
3^ Sans exposer comme le forceps croisé à blesser les os da
crâne par une compression brutale, le rétroceps, pour peu que la
tête du fœtus offre une résistance normale, saisit cette tête assez for-
tement et assez sûrement pour tnener à bien un accouchement qui
exige des efforts considérables.
i* La partie postérieure du col de l'utérus étant habituellement
la première bien eifacée, on peut appliquer sans crainte le rétroceps,
lorsqu'il y aurait à hésiter pour l'application du forceps, dont l'ac-
tion sur les parties latérales du col, moins effacées, pourrait être
redoutée. Par cette cause aussi, le rétroceps peut être appli(}aé
avant la dilatation complète du col, et bien avant que l'application
et surtout Tarticulation du forceps croisé soit possible. Cette cir-
constance fait du rétroceps une ressource précieuse pour le médecin,
quand l'éclampsie, la chute du cordon, ou quelque autre accident
grave exige impérieusement une prompte intervention de Thomme
de Tart.
5*^ Bien que dans l'immense majorité des cas, le rétroceps me
semble préférable au forceps, comme il est des cas, en réalité bien
exceptionnels, où ce dernier affecte sur la tête une prise plus solide,
l'accoucheur fera bien de se munir de ces deux instruments, pour
se trouver prêt à tout événement, et être à même d'essayer succes-
sivement de l'un et de l'autre engin.
Les six applications du rétroceps et celle du forceps n'ont d^jter-
niiné aucun accident chez M™° S. S., qui, aujourd'hui, trois mois
après son accouchement, a depuis longtemps repris ses occupations.
— 2â3 —
CLINIQUE DE LA VILLE
Cas rare de durrhée, datàitt de yingt aus, traitée sahs
SUCCÈS, en AMÉRIQUE COMME ES FRANCE, PAR TOUS LES MOYENS IMA-
GINABLES , SUITE DB CAUSE SPÉCIFIQUE PRIMITIVEMENT INCONNUE^
FINISSANT PAR DONNER LIEU AUX ACCIDENTS CHOLÉRIFORMES LES PLUS
GRAVES, ET GUÉRIE EN UN SEUL MOIS PAR LE SOLFATE DE QUININE,
EN FÉYRIER 4862. ReCHÇTES EN AVRIL ET AOUT 4862, PUIS EN
4864, 186r», 4867 et 4868; tentatives volontaires par d'au-
tres AGENTS THÉRAPEUTIQUES, INSUCCÈS ; NOUVEL EMPLOI DU SULFATE
DE QUININE ET F^OUVEL ET RAPIDE SUCCÈS, AVEC DES PARTICULARITÉS
INTÉRESSANTES, par le docteur Jules Simon, médecin de Thôpital des
Enfants malades (4). — Pour donner aux faits que je vais relater
ici une autorité plus grande, pour dissiper tous les doutes qu'ils
pourraient faire naître (doutes bien légitimes quand il s'agit de
résultats thérapeutiques), j'ai pris soin, depuis Tannée 4862, de
recueillir scrupuleusement tous les détails de cette curieuse obser-
vation, me promettant bien de la publier, mais sans vouloir me
hâter, et désireux au contraire d'apporter le contrôle du temps,
souverain juge en pareille matière. Que de fois, en effet, la mar-
che naturelle des maladies, les coïncidences fortuites ne viennent-
elles pas donner le change aux observateurs les plus attentifs et les
plus consciencieux, et, la guérison survenant, leur faire attribuer
aux propriétés de leurs médicaments des phénomènes dus à
révolution naturelle du mal , au changement de climats ou à
l'hygiène mieux entendue ! J'ai donc voulu échapper à cette illu-
sion. J'ai fait, en outre , la contre-expérience de mon traite-
ment, et la démonstration m'a paru péremptoire.
||m6 X***, originaire de l'Amérique du Sud, âgée de cinquante-
cinq ans, arrive à Paris en décembre 4864, dans le but de se dé-
barrasser d'une diarrhée datant de vingt ans. Elle avait suivi dans
son pays toutes les médications imaginables, et toutes avaient
abouti à lui donner des alternatives d'amélioration et de rechute
sans lui permettre d'espérer une guérison radicale. Ses médecins
(4) Reproduit d'après les Bulletins et Mémoires de la Société médicale des
hOfilauœ de Paris, 2« série, t. Yl, 1869, p. 74.
— 224 —
lui coiiàeillcrenl, on fin de comple, un voyage en Europe. La tra-
versée avait été fort heureuse. Le régime nouveau, Tair salin, lui
avaient procuré momentanément un répit beaucoup plus long que
tous ceux qu'elle avait pu obtenir. Une fois à Paris, le bien-être
disparaît, et la diarrhée revient avec tous ses caractères.
C'est le 25 décembre 1861 que je fus appelé à donner des soins
à cette malade, huit jours environ après son arrivée à Paris. En
cherchant à remonter à la source des événements, il m'est impos-
sible de découvrir la véritable cause de cette diarrhée. La malade
me racontait bien, en la pressant de questions multiples^ qu'elle
avait habité une propriété où régnait la fièvre intermittente, mais
qu'on la lui avait coupée avec du sulfate de quinine^ que d'ailleurs
ses accidents diarrhéiques étaient survenus plus tard, et qu'ils sem-
blaient plutôt être rapportés par les médecins à un refroidissement
subit et violent qu'elle aurait éprouvé en se baignant dans un cours
d'eau vive d'une fraîcheur exagérée. Un point important sur lequel
elle insiste beaucoup, c'est qu elle n'a point eu ie dyseuteiie et
qu'elle n'a jamais perdu de sang. Les garde-robes, au nombre de
trois, quatre à six par jour, étaient soumises à des alternatives
d'augmentation ou de diminution; elles se composaient de matières
mal digérées^ de mucosités, et de flux biliaire. Tels sont les ren-
seignements sur lesquels il m'était permis de compter.
Au moment de mon premier examen, cette malade^ douée d'une
grande vigueur, était amaigrie et pâle ; son ventre, légèrement
ballonné, était peu sensible à la pression. L'S iliaque, cependant^
était plus particulièrement le siège d'une légère douleur. Le foie
était volumineux, il débordait au-dessous des fausses côtes et re-
montait vers la poitrine. La rate était considérable. On la sentait
légi
ments substantiels ; la soif assez vive, et la digestion un peu pares-
seuse. Les garde-robes conservaient tous les caractères précités,
tant au point de vue de leur fréquence qu'à celui de leur composi-
tion. Toutes les autres fonctions de l'économie étaient normales et
la malade, absolument apyréiique, ne présentait à aucun mo-
ment de réaction fébrile, ni continue, ni rémittente^ ni intermit-
tente.
En présence de tels symptômes, mon diagnostic ne pouvait guère
dépasser les limites suivantes : diarrhée des pays chauds, expression
qui embrasse déjà en elle-même une foule de points spéciaux : le
climat, l'hygiène, l'endémie.
L'absence d'émissions sanguines par le fondement, de ténesme
au début, m'éloignait de la dysenterie antérieure. L'idée d'une en-
térite chronique me parut seule raisonnable. Et quand il s'agissait
de passer en revue les faits pendant vingt ans, je ne pouvais plus
réellement saisir un lien intime entre les influences palustres et
cette entérite. Je pensais bien que le refroidissement du début de-
vait avoir provoqué une fluxion intestinale ; que le séjour dans-
— 225 —
une contrée fiévreuse devait avoir préparé le terrain en produisant
de Tanémie et des troubles digestifs,. entretenus par l'alimentation
féculente et herbacée des pays chauds ; mais de là à voir une fièvre
intermittente ou mieux une action palustre sous le masque de la
diarrhée datant de vingt ans, je ne pouvais m'y résoudre. L'aug-
mentation du volume du foie et de la rate est fréquente dans la
diarrhée des pays chauds, et cette maladie venant d'une contrée
où les manifestations palustres sont constamment à Tordre du jour,
il me semblait impossible que^ pendant vingt ans, les médecins de
la localité n'eussent point agi dans ce sens. La malade le racontait.
Le sulfate de quinine avait été donné contre des accès avérés de
fièvre tierce. On en suspendit l'emploi quand on la crut guérie.
Admettant même que cette diarrhée pût être mise sur le compte
de Pintoxication paludéenne, pouvais-je penser que le sulfate de
quinine seul, et d'une manière toute spécifi(iue^ modérerait, puis
arrêterait complètement ce flux diarrhéique ?
Mon diagnostic posé^ comme je viens de l'expliquer^ j'instituai
de suite la médication suivante : Je m'adressai d'abord aux astrin-
gents et aux opiacés, depuis la tisane de riz, les bols de diascor-
dium mêlé avec du bismuth^ jusqu'aux lavements et aux potions
landanisées ; tout fut mis à contribution. Un régime spécial com-
posé de bouillie, panades, potages dégraissés^ jus de viande, fut
adjoint aux précédentes prescriptions.
Au premier moment, pendant les premiers jours, la malade fut
sensiblement améliorée. Les garde-robes diminuaient de fré-
quence, elles étaient plus consistantes ; la malade recouvrait ses
forces. Mais à cet état de bien-être, qui ne dura que huit jours,
succéda de la prostration, de 1 inappétence due aux préparations
opiacées ; et la maladie reparut malgré Tobservance rigoureuse de
la médication et du régime. Ces faits se passèrent du 25 décembre
iB61 au 6 janvier i86i, époque à laquelle, voyant Tinsuccès de
mon traitement, je le modifiai de la manière suivante : La malade
pHt tous les quatre à cinq jours un peu de manne ou une cuillerée
^ café de magnésie anglaise, et ne conserva de son premier traite-
'Qtïntqueles lavements laudanisés, à la dose de 8 à dO gouttes
chacun, administn's malin et soir. La soif augmentant, une limo-
•îadc au citron fut prise à la place de Teau de riz. En un mot, je
^^bslituai aux astringents et aux opiacés une médication fort en
**%age contre les diarrh-u's chroniques, celle des laxatifs combinés
^^x opiacés, le régime étant scrupuleusement observé.
Du ("i janvier au :22 janvier, l'état de la malade était sensible-
^*ï€nl le même. Les évacuations provocjuées par mes laxatifs étaient
^Mivies de douze heures de lépil environ, puis la diarrhée reprenait
^*^ncours habituel. Les forces diminuant, la malade finit par gar-
'^^^rle lit; la maigreur devint squtlellique, la voix perdait de son
^îiractère normal ; elle se voilait. Le ventre, toujours un peu bal-
■'->iuié, était manifestement |>lus sensible dans Thypochondre gau-
^'heel le flanc gauche. Le foie et la rate restaient volumineux. La
^^lalade était toujours at)yrclique.
Le 22 janTÎer^ je revins au traitement primitif et j'appliquai un
large vdsicatoire sur le ventre. A partir de ce moment, la malade
tomba dans un ëtal des plus alarmants. Sa diarrhée s'accrut encore.
Elle devint incessante, séreuse, grumeleuse, presque analogue à la
diarrhée cholériforme, et, à part l'absence de vomissements, la
pauvre malade prenait toutes les allures d*un cholérique et surtout
était menacée de toutes ses gravités.
Couchée dans le décubitus dorsal^ sans voix, presque sans pouls
appréciable, le teint livide, les yeux excavés, le visage couvert a'une
sueur froide, la peau comme macérée, sans élasticité, conservant
les phs qu'on y faisait ; la respiration ralentie, suspirieuse ; la
soif excessive, l'indifférence complète.
Enfin, le A février, la malade se mourait et je la vis en consul-
tation avec M. Tardieu. Nous suspendîmes tout traitement pour ne
lui donner que du lait et des panades. Huit heures après avoir com-
mencé ce traitement, le pouls cessa de battre, la respiration ne se
fit plus que de loin en loin, les extrémités étaient froides, le regard
étemt J'abandonnai dès lors toute idée de sa maladie, ou des lé-
sions intestinales que je finissais par supposer énormes, pour ne
songer qu'à relever les forces. En face d'une mort prochaine, je
déclarai à la famille que je ne voulais plus suivre les errements in-
diqués, et que j'allais tenter un dernier effort qui, peut être, préci-
piterait les événements, mais qui était aussi notre dernière branche
de salut.
Je restai, à poste fixe, près de la malade, et je lui administrai
moi-même, de dix en dix minutes, une cuiller à café de vin de
Malaga, et je fis préparer, en toute hâte, une potion au sulfate de
quinine.
^ Cette potion contenait 50 centigrammes de sulfate de quinine,
avec 30 grammes de sirop de morphine. J'|ijoutai la morphine
dans le but de ne point révolter l'estomac, et, partant, de permet-
tre l'absorption du médicament. Les faits qui vont suivre ne pou-
vaient, comme on le verra, appartenir aux opiacés ; leur insuccès
était flagrant. C'est au sulfate de quinine que revient tout Thon-
neur. En effet, six heures après avoir commencé cette potion, la
malade semblait renaître ; elle remuait un peu la tête, son teint se
colorait, son pouls pouvait se sentir, sa respiration était plus ample.
La diarrhée continuait, mais il était manifeste que les forces re-
naissaient.
Je continuai, le 5 février, le même traitement de la manière
suivante : Toutes les heures, je donnai deux cuillerées à bouche de
la potion, et, de temps en temps, je fis prendre du bouillon dé-
graissé, des tasses de thé bien chaud chargé d'eau-de-vie ou de
rhum (je dois dire tout de suite que le thé, le rhum, le vin de Ma-
laga, avaient, comme les astringents, complètement échoué avant
l'administration du sulfate de quinine).
Dès lors, les forces se récupérèrent au delà de toute prévision.
La diarrhée elle-même diminuait d'intensité, de fréquence et de
Saidité. Je saisis bien alors qu'il y avait là une maladie spécifique
— 227 —
et un agent spécifique. Je .poursuivis ma médication^ mais je la
modifiai de la manière suivante : Je donnai ma potion en trois
fois^ à un quart d'heure d'intervalle chaque fois, seize heures avant
certains moments d'abattement journaliers, fort irréguliers dans
leur mode d'apparition, revenant le soir et la nuit, s'accompagnant
d'augmentation dans le flux diarrhéique. et qui ne m'avaient point
frappé antérieurement par la raison qu'ils revenaient le soir, la
nuit» avec la diarrhée, dont ils me semblaient la conséquence.
Cette nouvelle méthode fut mise en pratique le 8 février.
A partir de ce moment, le résultat fut merveilleux. La diarrhée
cessa, pour ainsi dire, complètement. La malade avait deux garde-
robes seulement, et de consistance pâteuse. L'appétit revint, la soif
se calma, et les forces, surtout, reprirent si facilement, que je me
mis à me méfier de ce succès. Je m'attendais à chaque instant à
voir le tableau changé, comme cela s'élait produit pendant vingt
ans sous l'influence de toutes les médications et de tous les régimes
prescrits.
Je n'eus pas heureusement une seule déception. La résurrection
fut complète. Au traitement suivi sans relâche, j'ajoutai, bien en-
tendu, des aliments légers : des bouillons, des œufs, des gâteaux de
riz.
Mais ce qu'il y a de plus étrange encore, c'est que cette malade
se levait, marchait, sortait un mois après ces graves accidents, et
que, fin mars, elle se trouvait si parfaitement guérie, qu'elle par-
tit à Londres pour y voir l'Exposition, se promettant bien de con-
tinuer de prendre sa potion.
Tint-elle bien sa promesse, le changement de climat modifia-t-il
sa santé ? Toujours est-il (|u'elle eut une rechute en avril suivant:
diarrhée séro-bilieuse quatre à six fois par jour, faiblesse, pâleur,
etc. La malade se coucha, prit sa potion de sulfate de quinine, et
immédiatement leS accidents se modifièrent et disparurent. Au
bout de huit jours, tout était rentré dans l'ordre, et la malade con-
tinua pendant un mois la prise de sou médicament.
En août de la même année 1862, nouvelle rechute à la suite
d'une indigestion. Je donne d'abord un purgatif léger, puis je
cherche à diminuer le flux intestinal qui continuait à se produire,
à l'aide du régime, de lavements émollients ; et, au bout de deux
jours d'insuccès, je fis usage des opiacés sans rien obtenir. Cette
tentative avait été faite à titre d'expérience, car la rechute parais-
sait se lier à une indigestion ; elle me semblait se mieux approprier
à la situation. Rien n'y fit. Nous fûmes obligés de recourir de
nouveau au sulfate de quinine, qui, seul et tout d'un coup, enraya
les accidents. Dès lors la malade, persistant à prendre ce médica-
ment durant les mois de septembre et octobre, n'éprouva aucune
rechute. Les garde-robes étaient régulières, une à deux par jour,
de bonne consistance. L'appétit est excellent, et un véritable em-
bonpoint se manifeste.
Depuis cette époque, une à deux rechutes par an, en d864, 1865,
1867 et 1868. Toutes les fois, elles apparaissent de la mêmeCa.^;^^^*.
— i-28 —
la malade pâlit^ perd Tappétit, devient sensible aux variations de
température sans éprouver de véritables frissons, puis elle est
prise de diarrhée alimentaire, séro-biliaire, sans notables coliques.
Plusieurs fois je renouvelle mon expérience d'un commun ac-
cord avec la malade. J'emploie les astringents, les opiacés, ou les
purp:atifs salins à doses modérées, combinés au régime diététique :
le malaise, la diarrhée, la pâleur persistent ; mais, à partir du mo-
ment où la malade reprend sa pojtion au sulfate de quinine, elle se
sent renaître ; son abattement, surtout, se dissipe comme par en-
chantement. Ce qu'elle éprouve, dit-elle, tient du prodige. A la
langueur, à la fatigue du système nerveux^ à l'impossibilité même
de prendre part à une conversation, d'entendre le moindre bruit,
succède aussitôt un mouvement inverse, un besoin d'épanchement,
de traduire toute la joie qu'elle ne sait comment exprimer à son
entourage. Aussitôt aussi les garde-robes changent d'aspect, de
caractère. Leur fréquence, leur fluidité s'amoindrissent , et les
forces renaissent.
En août et décembre 1868, les rechutes prirent une autre allure,
et changèrent le tableau si régulier jusqu'ici. Dans les deux cir-
constances, la malade se sentit prise de maux de tête, siégeant
plus particulièrement au niveau de la nuque. Celte céphalalgie
élait accablante, accompagnée de chaleur et d'injection de la face.
Son pouls avait une certaine ampleur et battait 88 pulsations à la
minute. Je songeai à une congestion des centres nerveux. Cette
dame élait alors âgée de soixante et un ans, très-engraissée, avait
un appétit extraordiifaire et s'alimentait d'une manière exception-
nelle. Je lui administrai donc un purgatif, et lui conseillai des .ré-
vulsifs sur les membres inférieurs, ainsi que des boissons froides.
Celte médication fut continuée pendant trois jours. La malade
pâlit, prit le lit au deuxième jour, mais garda son mal de tête qui
augmentait par moment, sans cesser complètement. Le quatrième
jour, il fut convenu qu elle prendrait sa dose de sulfate de quinine.
J'allai la visiter le cinquième jour, tout curieux du résultat obtenu.
Quel ne fut pas mon étonnement de la trouver assise au coin de
son feu, souriante, la tête dégagée, conservant, disait-elle, le sou-
venir seul de son mal !
Le sulfate de quinine fut naturellement continué, et quatre jours
après la malade sortait.
On ne saurait invoquer, dans ces deux rechutes d'août et de dé-
cembre i868, la marche naturelle des congestions simples pour
expliquer une guérison aussi franche, aussi rapide. Qu'on n'oublies
pas que les symptômes congestifs observés chez cette malade
dissipaient en apparence après l'emploi des révulsifs et des purga— -
tifs, mais que la pâleur, raffaissement, le dégoût lui succédaient
sans que la céphalalgie voulût bien s'éloigner ; au contraire, un^
fois le spécifique dans l'économie, un sentiment indéfinissable d^
— î229 —
bien-être se produisait, et à Tinstant même l'amélioration la plus
complète des accidents survenus.
On ne peut se défendre d'un sentiment de surprise en lisant
cette observation. Plusieurs points méritent d'être relevés : Taction
palustre à longue échéance (vingt ans), sa manifestation sur l'in-
testin pendant cette longue période de temps, l'action évidente du
sulfate de quinine, les rechutes toujours guéries par cet agent thé-
rapeutique, et, en dernier lieu, l'apparition de céphalalgie appar-
tenant à la même maladie après une origine datant de vingt-sept
ans au moins.
RÉPERTOIRE MÉDICAL
REVUE DES JOURNAUX
De l'action thérapeatiqae
fia bromare et du chlorure
fie pota»slani danai Tépilep-
mîe. Voici une note du docteur
"W. Sandep, qui mérite d^êlre repro-
duite intégralement :
Les nombreuses recherches faites
dans ces dernières années, sur rem-
ploi du bromure et du chlorure de
potassium contre l'épilepsie, ontcon-.
dait aux résultats suivants :
I. Bromure de potassium. — Il
n'agit qu'à hautes doses. Eu le don-
nant à la dose de 5 grammes (dans
SOO grammes deau pure) par jour,
et en montant progressivement jus-
qu'à 78,5 on obtient, dans beau-
coup de cas ( mais c'est loin de
la totalité), une diminution du nom-
bre, de la durée et de l'intensité des
accès. Dans quelques cas, oU long-
temps avant Tadministration de ce
médicament, on avait observé le re-
tour régulier , typique de l'accès,
celui-ci a été retardé par remploi
du bromure, de plusieurs semaines
et même de mois. Dins ces cas, on
ne peut parler de guerison, celle-
ci n'étant, en général, possible que
dans de trës-rares circonstances oii il
y a indication d'une cause particu-
lière accessible au traitement ; mais
c'est un soulagement important pour
le malade et pour ceux qui l'entou-
rent, et dont le médecin d'un asile
d'épileptiques apprécie bien vite la
valeur.
Quelques médecins ont recom-
mandé le bromure de potassium
comme particulièrement utile dans
les cas (i'épilepsie qui paraissent se
rattacher à une excitation des or-
ganes génitaux. Je n'ai pu constater
celte action pour ainsi aire spécifi-
que du bromure. Par contre, il s'est
montré spécialement actif dans quel-
ques cas où l'accès était précédé d'une
secousse dans un groupe de muscles,
ou d'un tressaillement de tout le
corps, phénomènes qui apparaissent
aussi isolément dans l'intervalle des
accès, et peuvent être regardés comme
des accès avortés. Sous l'influence
du bromure de potassium, les accès
disparaissent ainsi que les secousses
musculaires isolées , souvent pour
longtemps. Dans quelques cas, où
l'accès était annoncé par une aura, les
malades, pendant qu'ils prenaient le
bromure, ont souvent aussi éprouvé
cette aura sans que l'accès suivit.
Enfin, je dois faire remarquer que
l'action du bromure de potassium était
surtout marquée quand Ws accès s'ac-
compagnaient de convulsions plus ou
moins violentes; elle était moins sen-
sible quand l'épilepsie consistait en
vertiges ou en défaillances, en pertes
momentanées de connaissance sans
convulsion. Dans quelques cas même,
il a semblé que, sous l'influence du
bromure, les accès convulsifs dispa-
raissaient pour faire place à des at-
taques syncopale?.
— 230 —
Quant aux inconvénients du bro-
mure^ W faut citer la pro(i action d'un
exanlbëme, qui s'est montré de bonne
heure sur presque tous les malades.
Il consiste en pustules acnéiformes,
apparaissant d'abord à la face, puis
sur le reste du corps, et devenant
souvent si incommodes, qu'il fallait
suspendre la médicalion. Je n'ai ob-
servé que rarement la sécheresse de
la gorge, l'angine, rembarras gas-
trique, et piesque toujours peu in-
tenses. Quelquefois la menstruation a
paru devenir moins abondante ou se
supprimer.
II. Chlorure dé potassium. — Les
expériences physiologiques connues,
qui ont fait attribuer au potassium
l'action exercée sur les nerfs par son
bromure, m'ont engagea rechercher
Telfel de ses autres composés dans
l'épilepsie. Mais il ne pouvait être
question que du chlorure, puisqu'on
ne peut prévoir ici l'actiun thérapeu-
tique des autres sels définis du po-
tassium, et que. d^ailleurs, pour fiire
ingérer une quantité correspondante
de cette base, il faudrait recourir à
des doses trop élevées. En fait, le
chlorure a pioduit chez les épilep-
tiques les mêmes effets que le
bromure, et il ne m'est pas arrivé
jusqu'ici de rencontrer un cas oîi, le
chlorure restant inefficace, le bro-
mure ait eu postéritMirement plus de
succès. >lais 1<^ chlorure a des avan-
tages particuliers.
11 n'a pas d'effets secondaires fâ-
cheux ; de nombreux malades Tout
pris pendant des mois, à la dose de
5 à l9jb par jour, sans jamais en res-
sentir d'inconvénient sensible.
Comme l'indique le rapport des
poids atomiques (2 : 5). il suffit de
plus petites doses de chloruie pour
administrer la même quantité de po-
tassium que si l'on emploie le bro-
mure.
Il est beaucoup moins cher que le
bromure 1 : (i/, considération es-
sentielle pour les asiles qui renfer-
ment un grand nombre d'épileoti-
ques.
Dans ces conditions, et puisqu'on
peut se demander si le bromure de
potassium qui rencontre dans l'esto-
mac de Tacide chlorbydrique libre et
de nombieux chlorures, est absorbé
en naiiire. je crois pouvoir recom-
mander le chlorure de potassium
pour les expériences ultérieures.
L'emploi longiemps prolongé du
bromure de potassium n'étant pas
toujours sans inconvénient^ il serait
fort à désirer qu'on pût le remplacer
par le chlorure, s'il était bien démon-
tré que ce dernier ne détermine pas
d'effets secondaires fâcheux. Ce sost
là des expériences faciles à instituer
dans un asile. {Mouvement méd. et
Ânn. médico-psychol,, janvier 1871.)
Epilepsie chez un f^ont-
teux, gaériepar lecolchiqae.
L'observation suivante, très - digne
d'être rapportée, est due à M. le doe-
teur Ronsset, de Valliere.
a M. P***, huissier, était, il y a
près de dix ans, épileptiqiie au point
de se faire accompagner constamment
dans ses exploits par son hls, son ai*
ter ego, auquel il aurait bien désiré
céder sa charge d'huissier, si ce jeune
homme avait eu l'âge voulu.
Mais les accès d'épi lepsie devenant
de plus en plus graves et fréquents
(tous accès dont il tenait compte de
sa main et m'a montré les heures, la
durée, etc., dans un registre ad hoc),
M. P*** cherchait à vendre sa charge,
lorsqu'un accès terrible et plus ef-
frayant que les précédents étant sur-
venu, son fils vint à bride abattue
me chercher, en me disant : « Vile,
vitel mon père se meurt, mon père
sera peut-être mort à notre arri-
vée I »
 notre arrivée, Taccès était passé»
et le malade me montra le registn>^
bien tenu, de tous ses accès précé-
dents, avec les ordonnances et coo*
sullations, toutes excellentes, parbilM
contre C epilepsie, entre autres une M
plusieurs de M. le professeur Cro-
veilhier, qui. s'étant trouvé à Limogflii
avait été consulté et dont on avait
suivi ponctuellement les prescriptlosSf
sans nulle amélioration et, au coB'
traire, les accès étant devenus plK
graves, plus effrayants, à tel po''*
que le fils, qui pourtant devait y être
habitué, eu avait été alarmé au def
nier point
Certes, à la vue de prescriplioW
si sages, si parfaites toutes cot^t^
Véjnlfpsiej je ne pouvais rien pr«*"
crire de mieux.
Mais je demandai au malade daai
quelles circonstances le premier ic-
ces était survenu.
Voici sa réponse : « Avant le P**"
mier accès, je me trouvais cb^ w
docteur Solignac, en passant àCroc<ï»
en voyage, lorsque mon gCDOU «*'
vint extrêmement douloureux et •*"
fié. Â minuit la première attaijne M'
— 231 -
. des lors l'affection du genoa
disparu... »
)H\e réponse, j'ai pris les deux
i du malade, toates deux nouées
I goutte, et je lui ai affirmé que
jile seule était cause de ses ac-
que les trailemeuts, excellents
s l'épilepsie, étaient nuis quant
'ause. quant à la goutte; enfin,
demandai six mois de traite-
contre la goutte^ au bout des-
, s'il n'était pas guéri, il pour-
sndre sa charge.
l'ai traité uniquement par la
re de semences de colchique
imne d'abord, puis^ pour plus
été, par rexcellenl vin de col-
5 d'Anduran de la Rocbelle.
lors mon épileptique n'a plus
ccës, ne sVst plus fait accom-
r par son fils, et depuis près de
18 ne cesse de faire des exploits ^
rtant mieux que vous et moi.
-ce concluant? »
assurément, répondrons-nous,
litement employé par M. Bous-
ait le seul rationnel. Mais que
8 il est impossible de remonter
;ause de la maladie ! (Tribune
aie et Ann. médtco-psychol.y
r 1871.)
servalloii de manie al-
définllivement gaérie
la saignée occipliale, au
en de la lérabdelle. Le
»vembre 1863, dil M. Damoi>
je suis appelé auprësdu nommé
âgé de cinquante- quatre ans,
ateur au village des Fossés en
pfremont (Mayenne). Ce mal-
ux, étroitement garrotté de ses
ît de ses jambes^ la face vul-
s et congestionnée, vocifère in-
nment et crache au visage de
'olsins , appelés pour le con-
me raconte que frappé, il y a
mois^ d'un accès semblable à
ci, il fui instantanément sou-
)ar une très-abondante saignée
li pratiqua le médecin du bourg
I, mais qu'une seconde saignée,
il y a huit jours, n'a produit
e amélioration passagère.
)prends que la grand'mère de
est morte file, après lavoir
resque toute sa vie.
me rappelle que, pendant sa
st»e, le malade a été aliéné, et a
couru les champs pendant dix-
nois. riusieurs saignées qu'on
'atiqua à celte époque ne le sou-
lagèrent que momentanément, ainsi
que des douches froides très-rnergi-
ques qu'on lui donnait en le plaçant
au fond d'un tonneau et en lui faisant
tomber Teau sur la têle, d'une hau-
teur d environ 3 mètres. Quand il sor-
tait, pâle et Iraiisi de froid, de cet
appareil ses pai oies étaient sensées;
mais une fois couché dans son lit, il
se réchauffait aussitôt, et le délire
revenait avec la rougeur du vi-
sage.
Après avoir fait raser largement
les cheveux aux régions occipito-
mastoidicnnes, j'y applique une ven-
touse dont l'embouchure ovalaire me-
sure 8 centimètres sur 4 et demi.
Je fais agir deux fois le scarificateur
à seize lames. Obligé de maintenir
le verre avec ma main, pour suivre
tous les mouvements du malade, je
dois renoncer à en appliquer un se-
cond et ne faire agir que l'une de
mes deux pompes.
Le sang est Irès-consislant et dif-
ficile à extraire. Toutes les sept mi-
nutes environ, je détache le verre
pour le vider et scarifier de nouveau.
Au bout de quarante cinq minutes,
6(iO grammes de sang sont extraits,
et le malade est moins agité.
Je prescris pour nourriture et pour
boisson du bouillon de veau clair et
de la tisane d'orge sucrée.
Le 20 janvier, on vienl m'annoncer
que, le lendemain de la saignée, Joa*
tel s'est calmé et est revenu à la rai-
son d une manière si complète, que
sa famille espérait une guéri>on dé-
finitive, mais qu'il y a huit jours, le
délire a recommencé : je conseille en
conséquence de demander pour lui
une place à l'asile départemental.
Le 24 janvier, la famille ayant ré-
fléchi aux inconvénients du place-
ment de son malade dans un établis-
sement d aliénés, me mande auprès
de lui. en me priant , s'il est pos-
sible, de tenter en sa faveur les
chances d'une nouvelle saignée à Voc-
ciput. ■
A mon arrivée, je trouve Joatel re-
venu à son premier état de fureur
maniaque.
L'"Xlraction très-difficile de 700
grammes de sang en quarante-cinq
minutes à l'occiput, en procédant
comme la première fois, le ren»!. au
bout de vingt-quatre heures, à la
pleine raison, et bientôt à toutes ses
occupations de petit propriétaire cul-
tivateur, qu'il n'a pas un instant aban-
données jusi^u'à l'été, dft \^^1 ^ ^«^-
— :>3!2 —
daot lequel ii a été emporté par une
variole confluente.
M. Damoiseau s'est également trës-
bien trouvé^ chez un mélancolique,
d'une forte saignée opérée sur'l'by-
pochondre droit par une large ven-
touse mécanique.
a Je veux bien, dit M. Lunier« en
rendant compte de ce fait, admettre
qu il soit utile parfois^ dans le trai-
tement des maladies mentales, de
recourir à l'emploi des émissions
sanguines; mais j'ai si souvent eu
Toccasiou de constater les effets dé-
sastreux de cette méthode chez les
aliénés, que je conseillerai toujours de
l'employer avec la plus grande dis-
crétion'et de se méGer de l'amélio-
ration apparente qui accompagne
souvent les premières saignées. »
{Tribune méd, et Ann. médico-psy-
c/»o/., janvier 187J.)
Empoisonncineiit par le cy-
tisus labarnuni. Le cytisns la-
buriiuro ou faux ébénier (famille des
légumineuses ) croit spontanément
dans les hautes montagnes, et est cul-
tivé pour Tornement des jardins.
C'est à cette circonstance qu'il doit
d'avoir occasionné déjà plusieurs em-
poisonnements. Cependant, comme
ces empoisonnements sont rares, on
lira^ j'espère^ avec intérêt la relation
de celui qui vient d'être observé par
M. Tinley.
Le 22 mai, entre cinq et six heu-
res du matin, le docteur Tinley fut
appelé près de Marie B ., âgée de
dix -huit ans, qu'on disait atteinte de
crampes d'estomac. Elle accusait, en
effet, une vive douleur dans la région
épigastrique, et faisait de vains efforts
pour vomir. Son pouls était à 100,
modérément développé , la langue
couverte d'un enduit blanchâtre^ la
soif intense. Une grande anxiété était
peinte sur la phyi<ionomie; la face et
les lèvres étaient pâles; les pupilles
dilatées; la malade était cunstam-
ment menacée de défaillance^ même
dans la position horizontale, et quand
on l'asseyait sur son lit, elle retom-
bait immédiatement en arrière, et y
restait pendani quelque temps entiè-
rement épuisée. Le seul renseigne-
ment fourni par les personncsquil en-
touraient, fut qu'elle avait fait la veille
une longue promenade dans la cam-
pagne, qu'elle était rentrée très-fati-
giiée, et que les accidents s'étaient
développés une demi -heure après son
retour. — Du calomel fut administré
à dose purgative, en même temps
qu'une mixture effervescente de ci«
trate d'ammoniaque Même état le ,
lendemain et le surlendemain, inter-
rogée avec insistance sur ce qu'elle
pouvait avoir pris dans les champs
pendant la journée du 21, elle resta
très-longtemps sans pouvoir répondre;
puis cntin elle se souvint qu'elle avait
détaché une branche d'arbre dunt
les fleurs étaient jaunes, et qui, grâce
à la description qu'elle fit de l'arbre
et de la région qu'il occupait, fut re-
connu pour être le cytisus laburnum.
La branche en question avait la gros-
seur du petit doigt £t 2 ou 3 pouces
de longueur. La malade l'avait mâ-
chée pendant deux ou trois heures;
elle avait également porté des tieurs
à sa bouche, mais elle ne pensait pas
les avoir avalées. C'est une demi-
beure environ après cette masticatioB
que les accidents avaient comment»
et ils avaient graduellement augmenté
d'intensité, jusqu'au moment de la vi-
site du docteur Tinley.
Le 24 mai, la douleur, confinée à
répigastre, est beaucoup plus vive que
la veille, et s'accompagne d'une an-
goisse des plus pénibles. On admi-
nistre une once d'huile de ricin, et
après l'effet purgatif une forte dose
d'opium Des compresses imbibées
d'essence de térébenlhinf sont appli-
quées d'abord sur Tepigaslre et rem-
placées plus tard par des cataplasmes
chauMs. — Le 20^ amélioration no-
table; la douleur a beaucoup dimi-
nué, mais il y a plus que jamais de II
faiblesse, et le moindre mouvement
détermine de la fatigue. — Le *8|
le mieux s^accuse de plus en plos,
quoique la ma ade ne puisse encore se
soutenir; eue commence à prendre da
thé de bœuf et du lait additionné
d*eau-de-vie. — Le 29, on administre
25 grains de chlorai sous forme de
sirop, pour combattre l'insomnie;
même remède le 30. Le sommeil t
reparu, le pouls est à 90 ; la malade
peut se soutenir, mais elle se plaint
beaucoup de vertiges, que Ton com-
bat à l'aide d'une potion tonique, dans
laquelle on fait entrer de l'esprit
d ammoniaque composé.— Le !«' juini
vomis^emenl et diarrhée : on prescrit
une mixture de craie avec teinture
d'opium. Les vomissements cessent, ^
le 5 la convalesceuce commence.
[Lancet, août 1870, et Urnonméd^t
1871, n« 17.)
— 233 —
npoisonneiiient par la
ehnine ;— succès du bro-
e de potassium. Par sou
sur la moelle épiniëre, le bro-
de potassium peui paraître
lé contre les secousses et les
ictions tétaniformes produites
a strychnine. M. le docteur
l'inférait dès 1865 de son action
ipilepsie^ et M. le docteur Sai-
n a fait Tantagonisme de la
nine dans un mémoire publié
18. Voici un fait affîrmatif à l'ap-
homme ayant pris 12 centi-
Des (Je strychnine le 12 dé-
e 1870, sur 15 quMl avait ache-
I matin même chez le docteur
)ie, tomba aussitôt dans de vio-
convulsions toxiques qui
ichaieni de rester sur sou lit.
à 70. dur et contracté; surface
'ps froide ; anxiété extrême de
»; respiration, vue et ouïe
les ; les spasmes empêchent la
ition. Les secousses devenaieot
s eu plus vitdenles et rappro-
Dejà les muscles de la respi-
étaient alleiots lorsque M. Gil-
fit prendre an patient une cuil-
I thé d^extrait Uuide d'hyoscia-
en attendant le bromure de
ium qu'il envoya chercher en
tiâte. 30 grammes de ce sel fu'
issous dans 90 grammes d'eau,
;rammes de cette solution furent
eusemeot administrés toutes
mi-heures. Les paroxysmes ces-
gradueliement, et, à la dernière
3et homme pouvait déjà se tenir
t et marcher dans sa chambre,
demain, il n'y avait plus que de
stration et quelques soubresauts.
)-six heures après, il retournait
affaires. {Amer, Journ, of Ated.
^eSy octobre, et Un, méd.t 1871,
ipiol de la quinine
me topique dans les ma-
ea des jeux ; par le docteur
Flarer. L'idée d employer les
e quinine daiiS les intlamma-
le l'œil est une application d'un
sientifique curieux qui a été si-
Les expériences de Binz ont
6 que la quinine arrête les mou-
Ils amiboïdes des corpuscules
I. c'est-à-dire des corpuscules
la. Na^el, en 18()9, a eu l idée
iser cette propriété dans diverses
ons de la conjonctive et de la
e ; 11 adoptait le chlorhydrate de
quinine sous forme de collyre, appli-
qué directement sur la conjonctive.
Ce médicament lui a paru plus efficace
que la plupart des topiques employés
communément, et spécialement dans
le catarrhe chronique de la conjonc-
tive, dans les kératites phlycténu-
laires, pustuleuses, et dans les inflam-
mations suppuratives de la cornée.
Enfin cet auteur recommande l'emploi
du chlorhydrate de morphine dans
certains cas d'inliltration diffuse de la
cornée consécutifs à Textraclion de la
cataracte.
Le docteur Flarer a étudié à son
tour l'action de la quinine dans les
affections précédentes, et dans une
quinzaine de cas il lui fut impossible
de ne pas remarquer une action véri-
tablement efficace et prompte. Dans
un cas de kératite parenchymateuse
diffuse, ce topique a présenté un avan-
tage incontestable sur tous les autres
moyens connus.
La kératite parenchymateuse offre
un processus exirêmementlent, et or-
dinairement la guérison se fait at-
tendre trois à six mois Dans trois
cas traités par la quinine, la guéri-
son a été obtenue en moins d'un mois.
Les opacités non intlaramatoires,
l'albugo, sont moditiées notablement
par la quinine.
Au lieu d'un collyre, le docteur Fla-
rer s'est servi d'une pommade de
chlorhydrate dequinine, mélangé dans
un giycerolé d'amidon dans la propor-
tion d'une partie de chlorhydrate de
quinine pour quatre de glycérolé.
(Gûjrn.d'oftalm. f/af.,1870, et Gaz,
hebd.y 1871, n» 9.)
Emploi de la digitale dans
le deliriuni treuiens. — Plu-
sieurs fois déjà, et dernièrement en-
core, nous avons mis sous les yeux de
nos lecteurs les résultats que les mé-
decins anglais obtiennent de la digi-
tale dans cette grave affection, et à
cette occasion, dans notre dernier ar-
ticle, nous citions M. Gubler. Le sa-
vant professeur de thérapeutique de la
Faculté de t'aris, en adoptant la di-
gitale dans le traitement du délire
alcoolique , ne s'est pas cru obligé
d'imiter la libéralité dont usent tes mé«
decins d'oulre-Manche, libéralité qui,
en France, ne nous parait pas exempte
d imprudence. Au lieu de procéder par
dt-mi onces de teinture, le médecin
de Beaujon a pu se couteuter de faire
administrer à ses malades des doses
trois, quatre et six fois moindres.
— 234 —
Pour la facilité de Tadministration
et la sûreté des effets, aucune prépa-
ratioD n'équivaui à la teinture alcoo-
lique. C'est elle que M. Gubler emploie
toujours à la dose de 10 gouUes à la
fois, répétée de telle manière que le
premier jour on en donne au moins
30, le second jour 60, le troisième
jour 90 ou 120, selon le besoin ; ce
3ui représente 1,2, 5 et 4 grammes
e teinture alcoolique par jour. M. Gu«
bler a atteint plusieurs fois 6grani-
mes et il a trouvé cette dose efocaee,
sans avoir eu l'occasion d'observer
des phénomènes d'iotolérteee, tête
?iue nausées, vomissements, soeurs
roidcs, réfrigération, syndrome doit
l'intervention ne serait probablemeit
pas inutile dans les cas rebelles de
delirium tremens arrivé à la période
de pblogose. {Journ. de méd, et ée
chir. pratiques^ janvier 1871.)
TRAVAUX ACADÉMIQUES
De la soppresiiloii de la
eompresftilon préalatble de«
arières principales des ineiu>
bres dans les auiputations.
A l'occasion de la présentation à la
Société de chirurgie d'une brochure
d'un de ses élevés, M H. Petit, sur
la suppression de la compression
préveriiive des artères dans les am*
putiiiions, M. Verneuil entre dans
quelques détails au sujet de cette
méthode dont il a pris 1 initiative.
En proposant de supprimer la com-
pres.>ion des artères, M. Verneuil a
pris soin d indiquer le nouveau pro-
cédé qui doit remplacer la pratique
classique.
11 propose d'enlever un membre,
quel qu'il soit, comme on enlève une
tumeur, tantôt en faissant la ligature
préalable des vaisseaux, tantôt en al-
lant à la recherche des artères elles
liant au furet à mesure de la division
des tissus, et avant la section des
vaisseaux. En procédant de la sorte,
on ne perd plus ou presque plus de
sang
Les motifs qui ont engagé M. Ver-
neuil à porter ainsi la main sur une
pratique ancienne et classique sont
les suivants : Il y a d*abord la diffi-
culté très-réelle que l'on a de se pro-
curer de bons aides pour faire la
compression des artères. Même à Pa-
ris, il est rare de trouver des internes
qui sachent parfaitement comprimer
la fémorale ou Thumérale Quant à
l'artère axillaire, elle est extrêmement
dtfticile à comprimer; dans la désar^
ticulation de l'épaule, lorsqu'on ar-
rive à ce temps de Topératlon qui
consiste à faire saisir Tartère axillaire
dans l'épaisseur du lambeau, si l'on
n'a pas sous la main un aide exercé,
habile et qui sache conserver son
sangfroid lorsque le couteau du chi-
rurgien vient raser la surface de ses
doigts, on court le risque de faire
périr Topéré d'hémnrrtaagie fra*
droyante. Des cas de ce genre se soBt
présentés plus d'une fois.
La désarticulation de la cuisse, à
cause de la difficulté extrême de la
compression artérielle, est une opé-
ration qu'il faut savoir pratiquer et
quelque sorte avec la rapidité d'osé
manœuvre de prestidigitation, pour
éviter une hémorrhagie immédiate-
raent mortelle.
Outre la difficulté de trouver des
aides capables de bien faire la com-
pression . outre la nécessité d'é-
conomiser le sang des sujets en vos
du succès de l'opération, il y a eneors
le danger de la phlébite, qui peit
être la suite d'une compression nal
faite lorsque les doigts de l'aide est
appuyé trop fortement surTartëre, et
ont produit la contusion de la vdae
située à côté de l'artère principale di
membre On trouve dans le travail ds
M. Henri Petit des observations de
phlébites inguinales nui, suivait
Si Verneuil, semblent devoir être st-
tribuées à des compressions délic-
tueuses. M. Verneuil a lui même e^
serve deux cas de phlébite ingaiith
dans lesquels l'action de cette caasi
ne lui parait pas douteuse, et oii Toi
découvre aisément la relation iaiiiM
entre la compression mal faite et le dé-
veloppement de la phlébite ingalaite
et de la pyémie.
M. Verneuil sait que M. lisisss*
neuve a pratiqué certaines opérstioif
sans faire comprimer les artères, wn^^
il ne croit pas que ce chirorgien sK
érigé celte pratique en méthode g^
nérale applicable à toutej^ les avf*'
talions .
M. Verneuil n'hésite pasè pi'Opii'
la suppression de la compressioa sf^
térielle comme méthode générais; »
ajoute que celte proposition n'est (^
le produit d'une conception pureagg
théorique ; i^ a eu pliisieart fois ^
— 235 —
Toccasion d'appliquer cette métbode
avec des résultats trës-satisfaisants. 11
a pratiqué ainsi quatre désarticulations
de l'épaule, deux désarticulations de
la hanche une amputation du bras au
tiers supérieur et une amputation de
la jambe. Dans toutes* ce8 opérations,
excepté dans la dernière, où il était
très- intelligemment secondé par son
interne, M. Gustave Richelot, M. Ver-
Deuil n'avait à sa disposition aucun
aide médical ou chirurgical. Il a fait
l'opération tout seul, pour ainsi dire,
et les malades n'ont perdu qu'une
quantité insignifiante de sang. La du-
rée de l'opération a été de quatorze à
dix-sept minutes, tout compris, même
le temps employé à la chloroformisa-
tion du malade.
Rien de facile au monde, suivant
H. Verneuil, comme l'exécution de
cette nouvelle méthode, à l'exception,
pourtant, de l'amputation de la cuisse
dont le procédé exige une élude par-
ticulière. (Séance du 28 déc. 1«70,
compte rendu in Union médicale ^
ISll, n« 16.)
Emploi du camphre en
poadre» appliqué en abon-
dance, pour la ||;uéri»on de
la ponrrUnre d'Iiépital M. le
docteur Nelter, médecin en chef de
l'bôpital militaire de Rennes, a en-
voyé, sous ce titre, à TÂcadémie des
scienccii, une not^ qu il est bon de
faire connaître, ^et dont nous repro-
duisons l'exiratt suivant :
Je fus appelé en consultation auprès
d*un blessé atteint de cette complica-
tion^ et dont désespérait le chirurgien
traitant (M. le professeur Aubry),
nonobstant l'emploi des moyens ordi-
naires : perchlorure de fer, alcool
phéniqiié..* l/ai^pect de la plaie me
rappela aussitôt le phagé<téi)isme des
chancres. Or, dans celte forme mor-
bide, un remède me réussit très-ra-
pidenu^nt depuis nombre d'années :
c'est la poudre de camphre^ appli-
quée en abondance, que jusqu'ici
Remployais, je me hâte de le dire,
empiriquement et contre cet accident
seulement. En quarante-huit heures,
la pourriture d'hôpital cessa aussi
chez le blessé.
Un deuxième succès a été constaté
par un naturaliste connu dans la
«cience, M. L. Vaillant, qui, depuis la
Suerre, soigne les blessés à l'hôpital
e Saint-Malo.
Dans un troisième essai, également
heureux, j'ai pu noter une particularité
qui peut-être explique^ en toutou en
tartie, le mécanisme de la guérison.
.a matière sèche de la pourriture
d'hôpitul se liquéfie au contact du
camphre, en vertu sans doute de l'ef-
fet connu du camphre sur les graisses;
c'est ainsi que d»ns les ph;<rm»cies,
en été, la pommade camphrée doit
être tenue dcjns les caves, tandis que
Taxonge pure peut se conserver dans
les magMsms ordinaires Est' ce que,
dans h pourriture d'hôpital, la liqué-
faction de la matière sèche constitue
le seul mécanisme de la guérison ? ou
bien, dans cette affection contagieuse,
le camphre détruil-il aussi un ferment?
ou bien encore est ce parce que,
étant appliqué en poudre, l'agent
s'oppose ainsi à l'accès de l'air? Ces
questions doivent être posées, afin que
les praticiens, lorsqu'ils voudront vé-
rifier le fait que j'annonce, ne com-
pliquent pas la médication par l'em-
ploi d'autres remèdes . peut - être
contraires, et s'abstiennent de déta-
cher les paities mortes avec le bis-
touri Tour neitoy«'r la plaie sur la-
quelle se trouvera le camphre d'un
précédent pansement, il sutura de la
seringuer avec de l'eau légèrement
alcoolisée. {Comptes rendus Acad.
des 5C., 1871, no 9.j
Traitemeni du tétanos par
le eliloral ; insnecès. M. Blot a
communiqué à la Société de chirurgie
l'observation d'un cas de tétanos trau-
matique traité par le chloral.
Le sujet est un jeune mobile, âgé
de vingt-cinq ans. bas Breton, atteint
d'une plaie perforante entre le
deuxième et le troisième métacarpien
de la main gauche, ayant intéressé
Téminencetehuar.
 son entrée, le 20 décembre, à
l'ambulance. M Blot constate les tra-
ces des incisions au moyen desquelles
on a retiré la balie. Pendant quel-
ques jours les chosesonlbien marché;
au boul de huit jours l'aspect des plaies
était Irès-satisfant, mais le malade se
plaignit d'avoir mal à la gorge et aux
mâchoires ; il ne pouvait écarter les
arcades dentaires.
M. Blot. reconnaissant les signes
d'un tétanos à son début, prescrit l'o-
Êium à haute dose et les sudorifiques.
lalgré ces moyens et des sueurs ex-
cessivement abondantes, aucune amé-
lioration ne se manifeste.
M. Blot a recours alors immédiate-
ment au choral, qu'il administre sous
^forme de potion à la dose de 8 gram-
— 236 —
mes par jour. Apres six jours de cette
médication, le malade n'allait pas
mieux ; il dormait jour et nuit, suait
abondamment et cependant la roideur
des mâchoires, la contracture des mus-
cles du cou, loin de diminuer, ne fai-
saient qu'augmenter. La dosedu chloral
fut portée jusqu'à 10 grammes par jour
sans plus de succès ; la respiration
devenait de plus en plus difficile, la
contracture gagnait les muscles abdo-
minaux, les aci-es de suffocation, les
spasmes laryngiens étaient de plus
en plus iïitenses* Au moment de l'ac-
cbs le malade se précipitait en quelque
sorte hors de son lit, la tête en bas,
les pieds en l'air, et gardait cette at-
titude bizarre jusqu'à la fin delà crise^
après quoi il se remettait dans son lit.
Il a fini par succomber, au bout de
dix jours, à l'asphyxie produite par
la généralisation du tétanos à tous les
muscles de la tête, du tronc et des
membres, en dépit de l'opium à haute
dose, des sudorifîques et du chloral
donné pendant huit à dix jours à la
dose de 8 à 10 grammes par Jour.
Aucun de ces moyens thérapeutiques
n'a pu modifier la marche de la mala-
die. Pendant toute la durée de celle-ci
la plaie n'a cessé d'offrir te meilleur
aspect. (Séance du 8 févr. 1871,
Union méd., 1871, n» 18.)
VARIÉTÉS
Faculté db médecihe. — Le Gatdois, de Versailles^ a publié la lettre sui-
vante.
Versailles, le 1 •' avril 1871 .
« Monsieur le rédacteur,
d Dans votre numéro du 31 mars, vous annoncez que j'aurais été obligé da
donner ma démission de doyen de la Faculté de Paris. Je prends la liberté de
vous informer que je n'ai pas cessé de remplir ces fonctions et que je sois
resté à mon poste jusqu'au 31 mars, jour où M. le ministre de Tinstruction pu-
blique m'a donné l'ordre de le quitter.
a Veuillez agréer, monsieur le rédacteur^ Tassurance de ma considératioi
distinguée.
« A. WURTZ. >
Légion d'honïeor. — Par décret du 22 février dernier, MM. les doctean
Désormeaux, Chauffard et Laboulbëne ont été promus au grade d'officier de la
Légion d'honneur (services exceptionnels à l'hôpital militaire du Gros-Caillou).
Nécrologie. — Si nous n'avons pas jusqu'ici, comme nos lecteurs ont pale
remarquer, mentionné la mort de M. Kûss, professeur de physiologie à la Fa-
culté de médecine de Strasbourg, maire de cette ¥ille et représentant du Bas*
Uhin à l'Assemblée nationale, c'est que, d'une part, cette mort a eu lieu dans
des circonstances tellement solennelles et douloureuses, qu'il n'est pas nu
Français qui n'en ail été frappé et n'en ait gémi ; c'est aussi, d'autre part, que
nous espérons pouvoir, dans quelque temps, payer le digue tribut^ qn'dle
mérite, à la mémoire de ce savant éminent et de ce grand citoyen.
— Nous avons le regret d'annoncer la mort du docteur Scoutetten, âgé de
soixante-douze ans. Il a illustré la chirurgie militaire. Né à Lille, en 1799, il
fut nommé, en 1852, médecin en chef de Thôpital de Metz, où il n'a pas cessé
d'habiter. C'était un expérimentateur infatigable, un observateur soigneux, on
penseur ingénieux. On lui doit un grand nombre de travaux sur les questioBi
médicales de tous genres Les recherches de M. Scoutetlen sur l'ozone et sur
l'électricité du sang resteront dans l'histoire des sciences.
Pour les articles non signés :
F. BRICHETEAU.
— 237 —
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
Modes il*Ailiiiliiltiftra(IOB du 0alfftt(e de quinine ; ndJaTanliVf
eorrectlff«9 doses (i) ;
Par M. le docteur Dsuoux de Saticrac.
IX. On a aussi essaye )e sulfate de quinine par la méthode en-
dermique; on le déposait à la surface d'un vésicatoire dans l'inten-
tion de le faire ainsi absorber. Cette pratique est tout à fait irra-
tionnelle; rhumeur sécrétée par les plaies étant alcaline doit
précipiter Talcaloïde, et conséquemment tout porte à croire que
celui-ci sera peu ou point absorbé. Il faudrait au moins^ en pareil
cas, ne se servir que de sulfate acide de quinine. Mais si Ton ajoute
que l'application du sulfate de quinine sur les plaies est plus ou
moins douloureuse, qu'il y a parfois déterminé des irritations fâ-
cheuses^ des ulcérations, des eschares^ on en conclura que ce mode
d*emploi doit être rejeté d'une manière absolue.
Les injections hypodermiques^ très en vogue aujourd'hui, con-
stituent, à bien dire^ un mode nouveau d'endermie. Aussitôt in-
troduites dans la thérapeutique, on devait s'attendre à les voir ap-
pliquer à l'administration du sulfate de quinine. Les premiers essais
de ce genre ont été faits à la même époque^ 1863-1864, par les
docteurs W. Schachaud^ à Smyrne, et Moore, à Bombay (v, Bull,
gén. de Thérap., t. LXUI^LXVI, LXVIH). Us furent répétés, très-
peu après, par les docteurs Pihan-Dufeillay, à Nantes {iàid.y
t. LXVIII), Dodeuil et Bricheteau. à Paris (ibid., t. LXIX et LXX),
J. Arnould, en Algérie (iàid., t. LXXII). On a attribué à cette mé-
thode les avantages suivants : d'exiger une moindre quantité de
quinine que lorsqu'on l'administre par l'estomac ; de mieux assu-
rer son absorption que par tout autre procédé ; d'obtenir ainsi et
en tout cas sa parfaite tolérance *, de déterminer des effets plus
prompts, et de pouvoir en conséquence être appliquée avec succès
très-près d'un accès de fièvre, à son début, dans son cours même ;
de porter enfin, en certaines circonstances, l'agent médicateur aussi
jirès que possible du lieu où l'on veut le faire opérer, par exemple,
dans les névralgies et dans les engorgements spléniques. Il y aurait
(i) Suite etfin. Voir la livraison du IsTavril 1871, p 289.
TONB LXXX. 8' LIVR. ^
— 238 —
matière à disculer plusieurs dt^ ces points, sur lesquels la pratique
n'est pas encore fixée ; mais cette discussion nous entraînerait au
delà des limites de cet article ; pour rester dans notre sujet, nous
n'insisterons que sur la partie pharraacologique de la méthode^ et
nous nous bornerons à poser ses indications les moins contestables.
Lorsqu'on veut administrer le sulfate de quinine par la méthode
hypodermique, il importe d'avoir à sa disposition une solution aussi
concentrée que possible, et néanmoins parfaitement limpide, afin
qu'elle n'introduise pas dans la peau quelques cristaux du sel, ce
qui nuirait à son absorption, et en outre susciterait une irritation
pouvant aller jusqu'à l'escharitication. L'irritation locale peut
aussi être déterminée, quoiqu'à un moindre degré, tant par l'acide
sulfurique que par l'alcool de l'eau de Rabel. Gonséquemment, pour
eiîectuer la dissolution destinée à l'injection hypodermique, il faut
n'employer que la quantité d'acide sulfurique strictement nécessaire
pour convertir le sulfate bibasique en sulfate neutre^ tout excès de
cet acide devant produire un coagulum albumineux susceptible de
devenir une cause d'inflammation et un noyau d'induration. Un
coagulum peut aussi être formé par l'alcool de l'eau de Rabel ; il
vaudrait mieux ne pas recourir à ce dissolvant pour préparer la
solution.
M. Dodeuil préfère l'acide tartrique, comme étant beaucoup moiai
irritant que l'acide sulfurique. Je ferai remarquer qu'un autre avan-
tage de Tacide tartrique est de ne point coaguler l'albumine. Yoid
cette solution de sulfo-tartrate de quinine, dont M. Dodeuil a été à
même de constater les bons effets dans le service de M. Bourdonj
où elle a été employée en injections sous-cutanées contre le rhu^
matisme articulaire :
Sulfate de qninine Jt^OO
Ëaudisltllée 10,00
Acide tartrique , . 0 ,50
M. Am. Yée fait mie»x encore, à mon avis, et conseil^ Fasage
exclusif, pour le cas en question, du sulfate de quinine soIuMe,
autrement dit du sulfate neutre ou sulfate acide, selon le nod
qu'on voudra lui donner en pharmacologie. Ce sel se dissout danfl
Il parties d'e«'\u à + 13 degrés; ajoutant un léger excès d'eau post
mieux assurer la dissolution et sa persistance, M. Am. Yée propose
la solution suivante :
Sulfate neutre de quinine * l8,00
Eau distillée 11 ,50
— 539 —
Voici lés quantités de cette solution correspondant aux doses de
sel que l'on veut injecter, la goutte étant censée peser 5 centi-
grammes :
13 gouttes contiennent 5 centigrammes de sel.
25 — — 10 — —
38 — — 15 - —
50 — — 20 - —
63 — - «5 -. —
M. Àm. Yée a également raison en engageant à adopter dans la
pratique ce sulfate de quinine, déjà recommandé par M. Mialhe, eu
vue de tous les avantages résultant de sa solubilité, de la constance
de sa composition, de son action prompte et certaine (ibid,, t. LXIX,
p. in).
Malgré toutes les précautions prises, les injections sous-cutanées
de sulfate de quinine ^ toujours plus ou moins douloureuses, occa-
sionnent assez fréquemment des accidents, qui jusqu'ici n*ont été
observés que localement, mais qui n'en infirment pas moins la valeur
de la méthode. Ces accidents^ pour le détail desquels nous ren-
voyons au très-intéressant mémoire de M. Arnould^ sont particu-
lièrement des rougeurs érythémateuses, parfois avec gonflement
des ganglions voisins de la piqûre, des indurations, des eschares»
des abcès. Cela seul suffiiait à empêcher la généralisation de ce
mode d'administration du sulfate de quinine; mais il n^en doit pas
moins être conservé pour des cas spéciaux dans lesquels le médica-
ment ne serait pas introductible par d'autres voies, ou aurait échoué
parles méthodes ordinaires.
On pourra donc y recourir :
Dans le cas d'intolérance invincible de la part de Testomac ;
A plus forte raison dans le cas de vomissement, et, par exem-
ple, lorsque le sulfate de quinine n'aurait pu être administré qu'à
un monrent trop voisin des accès fébriles, qui à leur début se com-
pliquent de vomissements, ce qui pourrait faire craindre que le
médicament ne fût rejeté avant d'avoir été complètement absorbé;
Dans les fièvres pernicieuses, lorsque, par suite de la nature des
symptômes, il y a impossibilité de faire prendre aucun médicament
par la bouche ;
Dans lés fièvres pernicieuses algides ou cholériformes, lorsqu'on
pourrait craindre la suspension de la faculté d'absorption. de la mu-
queuse gastrique ; mais on pourrait se défier que cette faculté fût
alors également suspendue dans le tissu conueelW ç.o\x?s-ç.w\sv.w^%
— 240 —
Dans les lièvres perpicieuses encon.', lorsiju\jn n"c:>t appelé à
intervenir que lrès*p).ès.4^ début d'un accès, ou que lorsque cet
accès est commencé f il paraît qu^il y aurait alors quelques chances
d'une action de la quinii^e plus prompte^ sinon immédiate; toute-
fois ce résultat praliqiio ne ri>e semble .pas encore parfaitement
acquis. :;, ' ; ;
Quoique la quinine ait été jugée par la plupart des q^périmenta-
teurs susceplibtexle délermiaer ses etfets thérapeutiques quel que fût
le lieu où Fiiijeotion.:avait.été4)ratiquée, i^ pourrs^it se fajre que la
ciira 4'uD0 iiéyr>algid :pi^riod>quc fui mieup( atte^ntf^.aa inJjep^Qt la
quinine à .p(roxiiiiitfé,4tt^6rf endolori ; il se pourrait: aussi qufi les
engorgemer)t& d^ foiQ etde la rate cédassent miejux^li des injectjpnjB
quiniques pra(iq!^qs .dap3 les régions occupées par cos organes.
Ënûn, deTU^me que l'on voit parfois la médication lébrifuge
devenir plus efficace en variant les préparations de quinine^ comme
nous en reparlerons, plus loin, on pourra essayer la puissance du
sulfate de.quinioeen injection hypodermique lorsqu'il aura échoué
par d'autres modes d'administration.
I^lieU'dMlection recommandé par M. Arnoujd^ pour les injec-
tion» hypodermiques de sulfate de quinine^ est là face postéro-
extçrne da tiers moyen dn bras gauche ; les raisons qu'il en donne,
dans un H^moire appuyé sur cent cinquante-six observations,
nous paraissent tout à fait plausibles.
i • JLL : Un, individu atteint d'une fièvre paludéenne à type quarte,
.>et>chfic>l<fquelVeston[iaÇ:^ devenu d'une extrême suscepiibilité, ne
•pouvait plus, supporter aucun médicament, fut soumis par le doc-
teur Ancelon^ de Dieuze^ à Tinhalation d'une solution pulvérisée
de i^iiiCaie de quinine, qui manifesta ainsi complètement sa puis-
. sfmce. fjébrifMgâ. Ypilè iiopç encore une nouvelle porte, la ma-
^ueuie aérienne, ouverte le cas échéant à l'absorption de ce médi-
<»^Bient, et aussi une nouvelle application de la thérapeutique
rdspiratoixe instituée par M» Sales-Girons [Revue médicale, 1865,
et BuU, gé/i. deThér,, i866i, t. LXX).
XII. Si pour un motif quelconque le sulfate de quinine ne peut
être administré par la. bouche, si le malade ne veut pu ne peut
Facoeptet ainsi, et si, d'un a;Utre côté, le médecin ne se décide pas
pour les inJQction^ hypodermiques, il reste une autre voie d'intro-
mission, le rectuip. Alors on a le choix entre un lavement et un
suppositoire. Dans l'un ou dans l'autre, on mettra la même dose
qu*on aurait ingérée dans l'estomac, à moins qu'elle ne soit trop
fortc^ auquel cas on fractionnerait cette dose en l'administrant en
deux ou trois fois. Je ne conseillerais pas de donner plus de
1 gramme de quinine en lavement. Les lavements quinines offrent
deux inconvénients possibles ; ils peuvent n'être pas gardés assez
longtemps pour produire l'effet qu'on leur demande ; ils peuvent
provoquer des coliques plUs ou moins vives. Pour prévenir ces
deux inconvénients, ils est donc bon d'y ajouter quelques gouttes
de laudanum.
Le suppositoire convient spécialement pour les jeunes enfants,
surtout pour les récalcitrants qui se refusent à tout autre mode
d'administiatioh. Mais il sera également employé chez les malades
de tout âge, lorsque le niédicament ne pourra être donné parla
bouche ou Cûrtsérvé sous forme de- lavement. Il a sur le lavement
Tavantage d'êti^e facilement conservé, pourvu que Tintestin ait été
au préalable liàtnréiletnehtôiiârtificiellemehtexoriéré^ et de ne pas
causer de coliques; tout au j^iis détermine- t-il parfois un peu de
cuisson à PanUsi Fait avec le beurre de cacao/il doit être le plus
petit possible, car il ne fohd que lentcmeilt dans fe rectum ; et j'ai
vu des enfants le rendre, dix ou douze heures aprè^soti introduc-
tioln',' fèiiuïl Ji'p^iWié dé1a riioltié dfe son voltfmépri mi fif^ lorsqu'il
ét'aîrfàît'trop'^ds.Il ïâiit'donc, en tobtcàs/iWfrtidUt/é^'Jl^s^sàpptf-
siibîrës'VfJîr^îli^ Ibriglenips avant l'heure prëi^uiiiééf de ftictèii;- * •
L^tîon' du 'suîfàtè de quinine se manîfeâlcâ&sei f^omplemeint
lorsqu'il a été administré par le recfum ; cepérïdairt la sécrétion
éiaul ' alcaline dàtrseéttie portion defintestiny l'absorption de la
quinine né ééîijbre' *pàé ' devoir s'y effectuer àîsément. ; II' est donc
rationnel de bien acidifièfr le sulfate àvatrt de !*introduir$. tant «n
lavemelnt ^ù'eh sùppôsîtoîi*e'. ' ■' ^
XIII. Lorsqti'on exerce dans ccklocalités ou rcttdémie paludéenne
donne aux affections intermittentes une fréquence et une opiniâ-
treté inconnuès'aîlleiirs ; lôt-sc^u'bh' y a vit lantôt fàclîon du sul-
fate de quinine s'user chez; cerlàih^ stijéii^;- tantôt, sur d'autres,
échouer ses formes pharmace'ulfquesotàin'àiréii.ôii se trouve obligé
de varier la médication elÇondirit cl Téchercher quttlqueè nou^^eattx
moyens de rendre à l'agent fébrifuge' iôh cffitâfcildi Piastre dans ces
conditions, j'ai tfès-soûvt?nt eu recôiWi^;''datis'fcfiort sefvi^é d'hôpi-
tal, à l'assbcialion dU snlfete de (îttiriitief'sorrt kveé lfit'déc*ôeti(>n de
quinquina'^ soit avec le vrn de q\tt!tWfri5rt'èe.';Ett pi^lHëpc?^ elle no pa-
raît pas rationnelle, car la quinine ertal<Hs'pfeei^>itée, au moins
en pallie; par les tartliins thi vrri'et'dtiqiiFiVq^nnÉr. Mais, ainsi
— 242 —
que j'ai déjà eu Toccasion de le dire à propos du thé et du cafë^, le
tannate de quinine ainsi produit n'en a pas moins réalisé son effet
thérapeutique. On apprend surabondamnnent du reste, en traitant
les fièvres paludéennes, que si parfois on est forcée de guerre
lassc^ à substituer à la quinine l'un de ses succédanés^ il suffit en
d'autres circonstances^ pour ramener le succès au moins momen-
tané^ d'user d'une nouvelle préparation do quinine, d'échanger
par exemple^ le sulfate contre la valérianate de quinine ; ce qui
m'a conduit aussi quelquefois à donner avec avantage le sulfate
de quinine dans une infusion de racine de valériane. Toujours
est-il, que j^ai vu souvent une dose de 50, 60^ 75 centigrammes
de sulfate de quinine^ déposée dans un demi-verre ou un verre de
décoction de quinquina^ réussir à couper la fièvre là où le sulfate
de quinine en solution aqueuse ou en pilules finissait par échouer.
C^est particulièrement pour combattre la tendance désespérante aux
rechutes y que j'ai prescrit et que je recommande le vin de quin-
quina quinine: 20 centigrammes de sulfate de quinine dans
150 grammes de vin de quinquina, dose à administrer tous les
matins pendant autant de jours qu'on le juge nécessaire pour
assurer la guéri son. Ces mélanges se préparent extemporanéraent
en versant, au moment de Temploi, la quantité voulue d^une solu-
tion titrée de sulfate de quinine dans le vin ou la décoction de
quinquina.
X. Le sulfate de quinine, qu'on ne l'oublie pas ep le m^"
niante est une substance douée d'une grande énergie, ce que dé-
montrent aus^i biep ses propriétés physiologiques que ses proprié-
tés thérapeutiques. Gomme tous les médicaments héroïques, n^i\
est apte à produire des cures remarquable?, il est susceptible Aussi
d'occasionner les accidents les plus sérieux par l'exagération de sa
dose^ l'abus ou l'inopportunité de son emploi. Ce n'est faire preuve
ni de tact médical ni d'expérience clinique que d'outrer mal à pro-
pos les doses des médicaments. Cette tendance a été en grande
partie due, de nos jours^ aux doctrines contre-stimulistes ; tout cq
n'accueillant que sous plus ou moins de réserves les théories des
médecins italiens^ on s^est laissé influencer par leur pratique en
usant trop souvent des agents les plus actifs dans des propoilioos
qui attestaient^ non la hardiesse^ mais la témérité, parfois l'irp*
prudence. Le véritable th^rapeutistc, devenu digne de ce titre pai*
l'étude attentive et sagace des remèdes qu'il prescrit et dont il sur-
veille Tapplication, ne s'expose jamais à dépasser les effets phy-
— 243 —
siologiques ou thérapeutiques qu^il recherche^ et vise seulement à
déterminer la dose suffisante pour les obtenir; d'ailleurs^ en al-
lant au delà de cette dose suffisante, le but de la médication est
souvent manqué, jamais plus vite atteint.
L'étude posologique du sulfate de quinine suggère les obser-
vations qui précèdent. Il a été^ à un certain moment surtout^ tel-
lement abusé de ce médicament, notamment dans le traitement
du rhumatisme articulaire, que les résultats les plus déplorables
en ont été la suite. C'est dans la pratique des médecins qui exercent
au sein des endémies palustres que Ton voit et que Ton juge le
mieux la mesure dans laquelle ce sel fébrifuge doit être prescrit.
G^est là que Ton trouve les praticiens qui connaissent le mieux la
portée et la limite de son action^ qui le manient à l'occasion avec
hardiesse, mais qui n'en mésusent pas. Et cependant^ ils opèrent
dans les conditions où la tolérance du sulfate de quinine est le plus
habituelle et le plus facile à acquérir.
En efiet, l'impaludisme d'une part^ le périodisme de l'autre éta-
blissent dans Téconomie une sorte de faculté d'accommodation à
l'action physiologique de la quinine^ d'où résulte une tolérabilité
qui ne se retrouve dans aucune autre situation pathologique. Les
influences sur le cerveau, sur les organes de la vue et de l'audition
sont infiniment plus rares pendant la médication quinique appli-
quée aux affections palustres et aux affections périodiques palustres
ounon, que lorsqu'elle est instituée contre toute autre affection; ce qui
permet, dans le traitement des fièvres intermittentes ou rémittentes
rebelles, et surtout dans les fièvres pernicieuses, de porter les doses
des préparations de quinine, sans nul inconvénient, à une élévation^
beaucoup moins bien supportée par des malades de toute auti*e
catégorie. Dans le rhumatisme articulaire aigu, par exemple, la
tolérance du sulfate de quinine est notoirement moindre, et il est
difficile de disculper ce sel d'avoir contribué à l'explosion de graves
accidents cérébraux.
Le prix du sulfate de quinine est aussi un motif de n'en employer
que la quantité raisonnablement exigée pour assurer son efficacité.
Supposant les cas les plus ordinaires^ ceux d'une fièvre^ névral-
gie^ affection quelconque, à forme périodique et sans gravité, nous
conseillons pour l'adulte, comme dose initiale du traitement, 50 à
60 centigrammes. Si cette dose est insuffisante, c'est-à-dire si les
manifestations ))ériodiques de l'affection se reproduisent avec la
même intensité qu'auparavant, et à plus forte raison si les symp-
■^ 444. —
tômés s'aggravent, on ëlèyera la dose à 75centigraniines et jusqu'à
1 gramme; Il est i'areque le$ àccè^ d'une àfiféction 'përiôdiqtte ordi»
iiàîna iréfiiistent' ïi celhï dbsé"dô i gramme-; ^îl^y résistent, e'e&rt
qu'll'y a' Quelque èômplicatiofr qU'îl faut àutrenâeni attaquevvau
bien'H vamtmieut refîonc>ei*'à la qii^iinnfii'i^l l^courîr à l^ii> dentés
succédanés; paHîcùlièïcment à Tarsémc^f^I peut 'être ie ensdes
Tiévralgîes d'accès, (Jue j'ai gértéralemetit vu Jcéder'miéu*' atix 'jiré-
paràffèns ar^nibalesqu^àtrx préparations de quinquinia^ ■ ■ «if ...!
S'a^it-il d'un état pernkiéui/ ators liouS étbordon» les Uatiles
doses, et nous tothmeûçoftus au moins psir i gràmnôfè, i^uf A-ieiller
rapidement plus loin ^\\e cas l'exige. Je A-ai jamais en bëéoin^A
dëpasseï* 3 ^'animes, domine dose journalière, adiiiihFStrée entre
deur accès; mais j*àî vu atiti^fifyîs, iaui Antilles, mefe cJonlVères em-
ployer jusqu^à 4; Ski 6 grammes de seî lëbrifugè^ daft^ dès fcas <5r-
ceptionnels d^affecfions pernicieuses en <{uelque sorte foudroyantes,
et obtenir ainsi un rappel à la vie dans les situations en appai^nce
lès plus désespérées. J'y ai vu aussi, mais avec un suceès moins
fréquent^ empk)yer ce i^l à doses massives, sans pei^ées, supé-
rieures encore, peut-être, aui précédentes, <ïans les fièvres jatines
compliquées d'impaludation. '
Or, dans ious ces cas, oii j'ai employé et tu employer ces éRor-
Hies dosés de sulfate de quinine, je n'ai jamais vu survenir d'aœî-
dents sérieui qui hii fussent imputables : en d'autres ternies, je n'ai
jamais vu Tinconvénient des effets physiologiques contre -> ba-
lancer le bienfait des effets thérapeutiques, et même la plupart du
tenips ces derniers étaient seuls constatés *, tandis que ces mêmes
doses ont amené dans le rhumatisme des intoxications mortelles.
Cest la preuve clinique de la diSérence de tolérabilité du 'sul*
fate de quinine, selon les états pathologiques où on remploie,
comme je le signalais tout à Theure \ ce médicament ne sera aussi
aisément, aussi heureusement toléré nulle part ailleurs que dans
Cet état complexe d'impaludation et de périodicité, qui constitue
Tétat indiquant par excellence le recours à la quinine.
Dans le rhuràiatisme, la dose de i gramme est celle à laquelle
s'arrêtent généralement aujourd'hui ceux qui ont confiance dans
ce mode dé traitement.
Dans tonte autre mialâdie, il suffit également de se tenir entre les
lindites de 50 centigrammes à 1 gramme, tant qu'il ne survient pas
un élément septiqùe ou pernicieux qui pourrait obliger à pousser
av delà.
— 245 —
Nous^ avons vu que, eirinjecliopf hypodermique, ou diminue les
doses^^quiqM^^^mai^tla^quaodt^ibut OHidoît jes diminuer n'est
«pa^S) encore bifei^ flîcée ;par Jeç expërîtn^ntateiips. ,Lesuas, pensent
!qu';^!^art de la ido«e lordin^irp s,^f6t ^ dj'ftutf e€i ideipandent un
rienjl' !a!in(oi4iéMinêHie. iU,iM%f}n]i,iàme(àù9] 4tia43.TpepBicieux, a
îrijeoté sj[iu«^tepeaAi|jftaqtt>,Lpa(n|.m^dfi eiu|fet^i(|(p^q
rvi]^)^^ lW;Sè«resipierftijDi^s<^,\^9fM5e:^ d^^
dinaires ou .b^^i^ae^ ^ 4imi9HC '. ^i^f 4¥^^p<^l h 4^ À m^&urp
.qn«.J)oaye»t.t6adH B?^edef5 acejfî^ ;; -, ?
. Cli^$ii)es enfanl^v^ ^'^u^^Dtpluç; q^'ils.s^,.rapi)tOQhentdu pr^j-
Aiierâg^^ .<mdpittd^a^tant!plus^^U!fsi,iQodéi^r le$ dp^s dequiiiine
qti'iJsjSQnl.'tràç-^nsible^ à,^op actipn,tb4rapeuUque. Ainsi, chez Ie;s
f»afani6 ide quatrjQ à $îx:.a;)s^tje me l^prn^rordijnakeni^t à a^nsi.-
4ii6ti7er4$^ ^A 30 iC^|!lgr^mn|es^'4^;3p ,f jl(^ et mêpe ,5 centi-
.gf$kfnn2ô4 pour:les.enf^riAsypJus4euneSt selon Iqur^gq,
., :Oaa;|)eaueaup;,tpçp disci^é sur le choix d^ n^oieni où< la qui-
nine doit êireadniînistré^ comme aotipëriodique^ Tous les mo-
tnents^ sont.l^ons, et il jOst des cas où Ton administre: cet alcaloïde
quand eico^me on le peut. Toutefois, comme r^gle, on doit in«
tervenir à une certaine distance de raccès attendu; jcar si^-accès
(kiçpmmeuficé^ la , quinine Tinfluencera peu ou points et n'agjra^
>pasrde$9Xi9'FacQès actuel^ que 6ur l'accès ultérieuTb Quelques obscyr-
valeijirs puétendentque Tinjection hypodermique influence en bien
mêm^i'acrës en ^cpurs; mais les expériences de M. Arnould ipr
âroMBi cette opinion.. C'est un moyen à tenter cependao^> si le cas
seidbie pressant etisiTon n'a pu administrer la quinine auparavant
OU) autireMnent.
• La -pratique ordinaire,et c'est la mienne habituellement, est de
donner le sulfate de quinine cinq, quatre, trois heures au.mcÂns
avant le début de Taccès. Je le fractionne le plus souvent en trois
prises, consommées chacune de demi en demi-heure^mais parfois
je le donne en une seule prise. C'est ce dernier mode que Ton est
presque toujours obligé d'employer chez les enfants^ afm de. ne pas
recommencer la lutte qu'ils opposent à l'administration du remède.
■ Le sulfate de quinine est plus vite absorbé, il manifeste plus tôt
et plus intégralement ses propriétés anti périodiques et fébi'ifuges^
lorsqu'il est ingéré dans restomac.vi^e d'aliments. Autant que pos-
sible, au moment de l'emploi deçe^niédicameat, le, sujet devra être
àjeun, ou tout au moins hors de la période stomacale de la diges-
tion. On voit néanmoins, dans les pays palustres^ beaucoup d'in-
— 246 —
dividus qui prennent d'eux-mêmes la quinine au commencement
de leurs repas^ pendant plus ou moins longtemps; mais c'est plu7
tôt afin de prévenir, les récidives et de combattre Timpaluda^on
continue que pour attaquer un état fébrile aigu. Sans être très-
partisan de celte méthode, je ne Tai pas déconseillée^ ayant vu plu-
sieurs personnes s'en bien trouver; cependant j'ai dû leur dîi'C
qu'une partie du sel quinique, ainsi mélangé aux aliments ^
échapperait vraisemblablement à l'absorption, et ne serait paj*
suite (l'aucun profit. J*ai persisté à préférer, dans les pays palus-
tres, tant comme moyen prophylactique que pour consolider les
cures, le vin de quinquina, pur ou quinine, en une ou deux doses,
la première le matin à jeun, la seconde dans l'après-midi. Danf
les cas ordinaires, la première peut suffire.
THÉRAPEUTIQUE GHIRURCICALI
Trailemeut des brûlureil \
Paru, le docteur Lkgoobst, profesieur de clinique chirurgicale i l'Bcole d'apptt»
calion do médecine et de pharmacie mililaircs du Val-de-Grâce (i).
La brûlure partage avec quelques autres aiiections graves le pri-
vilège d'avoir exercé l'imagination de thérapeutistes de toutes con-
ditions. Une foule de remèdes ont été préconisés contre elle, et»
comme il arrive habituellement en pareil cas, chacun d'eux devait
être aussi sûr que rapide. Les inventeurs do remèdes secrets y ont
trouve un vaste champ d'exploitation. Beaucoup de familles con-
servent précieusement des recettes ou des arcanes qui, transmis de
générations en générations, ont guéri des milliers de personnes, et
réussissent infailliblement dans tous les cas de brûlures. La con-
fiance affichée par les possesseurs de tous ces l'emèdes ne peut
être comparée qu^à la crédulité des malades qui s'y soumettent.
Indiquer tous les moyens de traitement proposés contre la brû-
lure, que leurs auteurs font connaître par des présentations aux
sociétés savantes, ou par des publications dans les journaux de mé^
(i) Extrait du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. XI ^
publié par les éditeurs P. Asselin et Victor Masson et fils. Cette iraporlant^
publication, malgré les difficultés de ces temps malheureux, D'à pas été laissé^
en souffrance. Elle est arrivée maintenant à son quinzième volume.
— 247 -
decine^ serait faire une longue nomenclature aus^i fastidieuse
qu'inutile^ c'est pourquoi nous ne parlerons que des moyens en-
toures des garanties de la science et de la pratique médicales.
Etablissons d'abord que dans le traitement de la biûluie plusieurs
indications sont à remplir, qu'un remède unique et toujours le
même est forcément insuffisant, parce que la brûlure est une lésion
complexe» Je crois ne pouvoir mieux faire que de citer à ce sujet les
f)aroles si précises de Dupuytren ; (c La brûlure est considérée (par
e peuple et même par des gens instruits) comme une maladie
^ifnple dan< sa nature et dans ses pbénomène^ji, constante dans sa
marche et dan9 ses eQets, et qui, dès lors^ doit être guérie par un
remède simple et invariable comme elle. Telle est la base de toutes
]es espérances et de toutes les promesses des inventeurs de remèdes
secrets. Détruire une erreur aussi préjudiciable^ c'est rendre àl'liu-
manité un service. Disons-le donc, loin de consister en une maladie
simple, la brûlure est, au contraire, une maladie très -composée,
dont les degrés nombreux et variés constituent autant d'affections
qui présentent des caractères tranchés^ des suites variables, des
classifications particulières, et qui exigent, par conséquent, des
traitements très- différents les uns des autres. »
Cet exposé^ venant à l'appui de celui que nous avons fait des
phénomènes de la brûlure, permet d'établir assez nettement les
indications générales du traitement de cette lésion.
n faut d^abord s'occuper de l'accident local, tâcher de calmer la
douleurt de modérer l'excitation, l'irritation dont les parties at-
teintes sont le siège ; parées premiers soins on peut modérer le
retentissement des lésions locales dans Téconomie tout entière. En
même temps, pendant tout le cours du traitement, il faut com-
battre les accidents généraux de réaction inflammatoire, d'adyna-
mie, d^épuisement. Enfin, si le malade a pu traverser les premières
périodes, il faut veiller au mode de réparation des pertes de sub-
stance, afin d'une part de diminuer autant que possible la durée
de la suppuration, d'autre part de s'opposer à ]a formation de cica-
trices vicieuses.
Quant aux indications spéciales, elles sont fournies par des phé-
nomènes de deux ordres, ceux du degré de la brûlure, ceux de la
période de la maladie. Tel traitement peut convenir aux brûlures
du deuxième degré, par exemple, et non à celles du cinquième, et
ce même traitement, efficace dans la première période, peut de-
venir insuffisant dans la deuxième et la troisième.
— us —
Avant d'aller plus loin^nous ferons remarquer que, parmi les
lésiotaB produites par ractioti du calorique coticènlfHj^ùr tes tissus
viVaM&v' |le$"*nlëi ée -présetitérit 'âtèc tSès càActèrW parliculîA's el
pkrfaitbttleM « #aM^i5i, ' âVëc ' dès è^m(itÔmes' patHognoiiion^^
qui «iK'fOttlWfe teëfëéHé» Metiddiëntiinfe fet'iîé résscrtiîbfenl a aiijl
tUïHî 'autre ;'léé'Wi!if|ie^=èe pt-ëstîiiifeh't' àWssî avec â^s'4arac<èr^^^^ spc-'
ciauiè, mais sf»ëriau*î* surtout pàf relirforrni'ëM^ëui'ife, pif li na-
ture deU^eallse-'v'ulnët^nté; 'eti'èsfeehibfërit;én^ àH ^o\M\
àoêUx qulom dbëetve diains ifes IMorife d'iirie adtr^"rtaliàte!'^âj{k'lé
premier ordre se rangent lés brdldrës dû déùxièÀie et S\i trqis^me
degî^, Surtout du (îéuixiëhié^ 'et daiîé 'le ' second ordre* lle'^'^ràfûres
des autres dégreà. ■ • < ; '
Tout cn'reèônhàîsi^nft lié* îiàahcèB qui ditferéncl*enl*eiilré èûi
des feffetS'pathblbdq^bfe'jjrëàéhtatotq<iMqùe"'à'^
constatei* qve ' lés^ bt*filnrëè du p^èiriier'àegfé'ont' les* pfus gfancis
rapports' avec toutes lés irritations àé \k peauprôàuitiçi par i(ne
causiè locale ;^t ^iiieléâ brûlbres dés derhiers'àègriéis ont aussi beau-
coup d-ànillogief avec les différentes l(5sîons dàiîs lesàuellesfii'YV
perte * de subitaîilce par mortification des parties' oU'auirement.
Aussi verrons-nous, en passant en revue leè dif{i|fen\s nîoyensà^
traHètn^nt'^ôipÔséà contre les brûlures, qu'Fîs s*àd^rèssent (ous^aux
■brûlài*e8 des ddtfÀîèmc et ti-oîsième degrès^ Sans clôuie'/âiins liéaii-
cotïp d'observations, iV est question de brûlures plus jjirôf'pnaéiB,
mais celles-ci n'occupaient' Wuriè médiocre dténdûèVèni liîiiTûrp
itnportbniè, la {ilus vaste, celle en vue de laquelle lé iraitémeot
était institué; était une brûlure du déuiièihè ou du troisième degré".
Cette remarque ne doit pas êti^e étendue au' delà Aes limites àssjl-
gnéeg ; c'esl-à-dîre qtté leà' caractères généraux dès brûlures persis-
tant, lèé uils sont ^pécîsiUx, les autres lé soni moins. >•• > 'i
■ Le 'traitement des brûtCirés dii premier degré est, ïé'plus souvènï,
fort simple. Soustraire les parties à l'action du càloi-iqùé èstiinc
îhdîdâtiôn trop naturelle poiii* être recommàndéie. Lès différents
moyè'fti' proposés ont' été divisas par Heistèr en deux classés : les
ém'oUidAts et lés résolutifs.
iD/tnsIe ItattetiAeYtt, rftérifltté de la brûlure doirêtrc prise en
ctmsîdératiôri;' dèiiïienife' que' datis Te" pronostic et lé didgndsliç.
Lorscjue'fe "brtflùi'é est peu '^<èhâ(ûc,*un' cxccltenl topique cs'f l'e^ji
froide'
— 249 —
^2n ti %y/ift^*'J'"^'''>'*?>'îft''^'"''''*'* ,^^'5lS-ve|^,,.ppéJ^raWas .U:.et»t
(Ici îî'J'IO'
aussi de, mj^^çnte^ §5^f-|9'C|?%ï?(P \^i partie^ ,lîrû\é^,xoJï|ip€U;l»»in
couvent lus
péi:ic>DiCq a (1er
aussi longtemps qu'on peut le supporter, i'appinxUifint ^t rfébi-!-
enanl ^allevnalivena^t^ j.usgu'à, çq que i'ai:(Je;UV oV Ja douleur se
jinryctenès. w'HîintiBr.donpe \e^. même conse.il.f V^xpéiiic
montré i^u^ç^e, moyen n'est bop que. pou» )iQS,jbfuU^'es.ltig^i'|GS8>
celle? au bout des dcwgts par çxenîpile; lefaployç p^^r Jçs.i^uvrierfi^de
quelque&uslne,s qui présentent la partie. brûlée a,if i-^yP^^^^^I ^^
feu de ta foVge, il détermine d'abord une dçiuleur iràs-vivic. mai&
cessant assez rapidement. ..... t. */
Quand, la binxlure est plus étendue, qu'elle occupe lUie p^rii^ <Ie
la poitrinp^ du dos, comme on l'observe fréquemment pendani lit
saison d élé. sur les baigneurs, l'eau froide devient d'une applicar
tioadi/Gcile^ les brûlures de cet ordre n.*imposant pas, en généra,!^
te rei)ps à ceux qui en sont atteints^Et d'abord, un grand nombre
de sujets D ont. recours a aucun traitement, ne souuraut que d.uu
^eâ de cuisson, suivie par une démangeaison plus ou moins vive i
dans les cas pl^s sérieux on pourra saupoudrer les parties avec la
poudi^e de riz ou d^auiidon; entin. si .riaQammatioaest vive, si la
peau est boursouflée^ il conviendra de faire des lotions érpolli^ntes
ou résolutivies. .,. ^ ,
Nous avons parlé des complications possibles . de ces brûlures^
telles que le développerqcntd'un érysipèle^ d'up éryllième aigq,.. le
traitement à suivre serait celui de ces diverses aJGjeçtious, Du reste,.
ces complications ne sont pas communes; déplus, il ne faut.pa»
confondre les. complications d'un^ brûlure du premier, degré avec
les.accldents produits par le fuit nxème de faction de la chaleur^
BUlroth cite l'insolation et les congestions qu'elle prpyoqu^, comme
des complications de brûlures superiiçielles connue;^ squ^ le nom de
coups de soleil; celte confusion est regrettable;, les acjQidenis de
l'insolation n'ont de commun avec le coup de soleil que la c^>\%^
— 2.10 -
qui les produit; co sont «les accidents h part, bien connus, bien
déterminés, et nullement provoqués par une brûlure.
Les brûlures du premier degré n'ont que deux périodes, qui sont
caractérisées par la cuisson et la desijuamalion ; les remèdes que
nous avons indiqués s^adressetit aux phénomènes de la première
période. Quand arrive la période de desquamation, il suffit de pro-
téger les parties ; tout au plus conviendra-t-il dans certains cas
défaire usage des poudres de rî^ ou d^atnidoti.
En abordant le traitement des brûlures des deuxième et troi-
sième degrés, nous rappellerons que ce sont celles qui présentent
au plus haut point les caractères pathognomoniques de cette
lésion.
Quelques mots seulement sur les brûlures peu étendues, celles qui
occupent un espace de i à 3 ou 4 centimètres environ ; encore pour
les petits enfants faut-il réduiie cet espace à une moindre propor-
tion. Ces brûlures ne sont pas graves, ne sont qu*exceptionnelle-
ment accompagnées d^accidents généraux, ne réagissent pas sur
Téconomie tout entière, et guérissent assez facilement; aussi le
traitement sera-t-il très-simple. Une première et importante re-
commandation à faire est de ne pas enlever l'épiderme soulevé par
la sérosité ; il faut donner issue à la sérosité par de petites ouver-
tures faites aux phlyclènes avec des ciseaux, et appliquer sur la
partie malade un topique doux, de Tbuile, du cérat, etc.. Pour
éviter des répétitions, nous dirons que le traitement des brûlures
étendues convient aussi aux petites brûlures.
Le premier soin à prendre sera de débarrasser le blessé de ses
vêtements, ce qu'il faudra faire avec beaucoup de douceur, en s^aî-
dant de tous les moyens possibles pour ne pas détacbor Tépiderme
de la peau ; il arrive trop souvent qu'en même temps que les vê-
tements on arrache des lambeaux d'épiderme, mettant ainsi à du
des surfaces saignantes ; non-seulement dans ces cas les douleurs
sont exaspérées, mais encore la réparation se fait plus lentement,
la guérison est plus longue à obtenir. Tous les auteurs qui ont
traité de la brûlure ont insisté sur ce point, que l'épiderme devait
être conservé, qu'il était le meilleur topique des surfaces quMl re-
couvre. Je ferai cependant une exception pour Hunter, qui dit :
(( Les ampoules se rompent ordinairement et c'est une chose fa-
vorable, parce qu'on peut mettre les topiques en contact avec là
surface enflammée. » Hunter professe que dans les brûlures il faut
chercher h obteiiir la formation d'une croûte sur les plaies, que la
cicatrisation so fait beaucoup mieux et plus rapidement au -dessous
dé celte croûte que de toute autre manière, cl que pour obtenir
cette formation il convient ou de n'appliquer aucun topique sur
les parties, ou de les saupoudrer avec de la pierre calaminaire
(oxyde de zinc carbonat(5 hydraté natif).
Lés différents remèdes topiques qui ont été conseillés dans les
cas dfe brûlures, fort nombreux comme nous l'avons dit, peuvent
être divisés en deux classes, que nous désignerons ainsi : topiques
médicamenteux et topiques protecteurs. Les premiers sont doués de
qualités thérapeutiques, ils sont émollients, résolutifs, astringents ;
les seconds n'agissent qu'en mettant les parties à Tabri du contact
de Tair.
Parmi les topiques médicamenteux, citons d'abord Teau froide ;
employée dans le but de produire un effet anliphlogistique et réso-
lutif ; elle peut être considérée comme un topique médicamenteux.
Son emploi est d'un usage vulgaire, il est conseillé par beaucoup
d'auteurs, Follin entre autres; c'est un excellent moyen abortif de
}a douleur, mais il est très-souvent contre-indiqué, notamment
dans les cas où il faudrait l'appliquer sur de larges surfaces, chez
les personnes délicates ou atteintes de maladies antérieures que
rim pression du froid pourrait aggraver. Les modes habituels d'ap-
plication sont l'immersion, ^irrigation continue, les compresses
mouillées. Tout en reconnaissant les excellents résultats obtenus
par l'emploi de Teau froide, nous ne sommes pas très-parlisan de
ce moyen de traitement. L'application de Teau froide doit être
continue, sans interruption, sous peine de voir s'exaspérer Tinflam-
mation qu'on voulait combattre; elle doit être longue aussi, elle
exige une surveillance constante, et enfin dans certains cas les ac-
cidents sont seulement masqués ou retardés et éclatent avec d'au-
tant plus de force quand cesse son action.
Hervez de Chégoin {Union médicale ^ 1850, p. 560) conseille
l'usage des réfrigérants, glace ou eau froide, dans les cas seule-
ment de brûlures du premier degré, et Guersant fils (Gazette des
hôpitaux, 4846, p. 130) seulement pour les petites brûlures.
D'autres chirurgiens oi)t préconisé l'emploi de ce moyen. Jobert
recouvrait les parties brûlées de linges enduits de cérat, et par-
dessus il plaçait des vessies remplies d'eau froide. Il revient sou-
Tent dans ses cliniques sur ce mode de traitement qui lui a rendu,
eti maintes circonstances^ les meilleurs services.
M. Kusten {Union médicale^ 1848, p. 226) relate deux oh«^€.\-
— 252 —
vatic^ns ih brûlures InV-i'fendues, rune chez un enfant allieinl par
de Veau boùiilairfte,' Tanlrc ch<ïz un jc^rnè homme, pai" dé râftoo!
enêamiioé Vdains^ les deux' fcds Pemploi de i^eaU froide àtnena hëu-'
rensement là gri^risbtii ' - * ' ,-; »t r:-^
Noiïé àtôtîs quelqwfdîà eWployë leâ hrigatibhs ^-cdritihliéé: ife^
les parties rta!ades; préalablement recbuverlés 'de féaîliés dte -bâu^'
druche afin de leur éditer le cohlact immédiat' dû HtJuîde'j'PèiJÏ*
êtt% les apparoils de MM. Petrtgand etHaltute^ composa 'de 'ttibes'
minces eifi ciaoutohouc appliqués ou enroolés diversement sur léi
parties, et dans lesquels on fait circuler un courant Vf eati frt)idèl/:
trouveraient-ils ici leur emploi. ' ^ ' " '
Les grands: hains d'eau tiède ont aussi produit de bort^sf effets;
ce moyen dé traitement a été conseillé par M. PassaVarit {DeuUt^^'
KUnik, 48S8, li*' 36. 38, 39 ; et Union médicàlèyi. W;' p. 162).
Ce chirurgien remploya chez treize pérson^nes plus ou tnoihs gtïk'
vement brûlées dans un incendie. L'eau fut maintenue % tfne
température de 32 degrés^ et le bain fnt contî^nfué jusqu'à la cîëa*
trisation des plaies. Les douleurs se calmèrent bientôt^ et laréactiou'
fnt modérée. On changea d'abord Teau deux fois" par Jour, pdis
trois ^e, iorsque la suppuration devint pliis abondante.- >
Ce traitement peut rendre des services dans certains cas de hfèh
lures très-étendues et plus ou moins profondes dans lesquellesj'lès
différents degrés s'unissent et se confondent : tels étaient ceux que
M. Passavant a relatés.
Parmi tous les moyens proposés contre là brûlure^ Lisfranc
donne la préférence à une solution de chlorure de sodium. ,Çej
chirurgien cite différents cas dans lesquels ce moyen lui abonné,
les meilleurs résultats *, notamment chez les sujets blessés par
l'explosion de la fabrique de Vitry : plusieurs d'entre eux étaiçpt
brûlés sur presque toute rétendue du corps; à des douleurs trèsr
vives succéda un état d'insensibilité et d^indolence qui, habituel
dans ces cas, annonce une mort imminente. Le chlorure de sodium
donna sur ces malheuieux des résultats inattendus. Lisfranc lui re«
connaît la propriété de calmer les douleurs, d'agir comme un p^jS'^
sant résolutif^ de provoquer une guérison beaucoup, plus rapjcte
que les autres moyens. Spn application n'en doit pas être laii^ ipob-.
médiatement, mais avec l'intermédiaire de compresse?, fanêti^éef^
enduites de cérat/ par-dessus. lesc|[uelles on place des plonciasise^^
de charpie fortement irnpr^gnés de ja solqtion sahne. . , . .; . ,
M. Masberpa {Gazette médicale de Paris^ 1843^ p. 775) a
obtenu: (Je. buïiSQiirtîls^ (je ;la.fiQj4îjlioïJL t^l^^Mliie 4?icréftçp4^^' çhez,ilflmx
gcs trempés dans une solution de 20 à 30 go^H/e^^^j St^^5rt^J^$A^\
piéâ^blçpjl^pJl j9fsa5j^es,;,ft;?tvwpRt. pui (timiau^r; jQïli SQMffrirtçfisl
wei^^.uf^,.guéii^n pr/?^ifp .e?îçnapl0 j4^.j4oMlewrjgij,çt, Ji)«auooW({K
L'eau de laurier-cerise à la dose dp 8;gr9n(\fn^^ 4ai)SjilOi(>gr4n]f>
ra^p 4jeau*,^fln,,{^[j|p|ipali^ns,lt^
c\^^9vW^^((^'4ff^ MpiUff^f^vi \M^Qi ip.f3i7^)i.<îaRftlfit)iR:oa3i^de
brûJ^re,fuïQ^de^xièflrra,,tl:oj€iè9lç et qw^trifcmei «degrés ^JBUe.ituitait
j J^e /dofileur. .K.^it (-^rcjé^ue^ ç^é^rale^ de, wf<s(^ci»e^. il!à51viquar
tri^iqei ;^vipii!^ X^YM»Pri 88), a poipJoyé le qjittarto. d'argent :c|anfli
^ff.jiu j«{i^g^.^li^.pioi|4i)e, ,411 ventre^ a^ux^UétniHtés .<^>>ii^âir(i
énorniéuiei^MijMifli^éfjés.; fr'ëf^eroïe ajftfl .aippliqadf
s^.Jlie^''pa^ltie^.fTi^$^de$>:^veç une barbe de pliUip»^^ laimi^tiuEm &tii-
Huile de lin .250 ". t-. . . • >. l'I J/l
presque eiiuerenieiii uispctru^ m buiidcu uu lu jiruiurc eiîtu lecou-
verte ^d'uriB' cfbùlb brunâtre ; ^pkâ (Je ;sui'pUrâti6n/Auç[ualorzjènie'
jîibV^ réjyîdef'hiè fôrm'^' pàrïa mixture Vébàilla, et laissa voir.Ifii
péàtï pàrfàHcfteent réparée,' M. Kaîl' rapporté' ëncoi-é ' clfeux' aùlres'^
ftîts-ftv^rabfes.-' -■■;•=' ^" ^'' -;'^^^';^ ^' *; ';;|' ;;' '':";;;^;;^;.
*^'ti*ti>âge def ï'huile d'olivie, dàni'Teici$^ deï>rùTarej est menfionn(|
dàÀs lès phis ancien^ "aùtëurs^iW.'Wisfeltifj^i^^^^
lèee^, p: 538), l'econnâissâfaf lèé BdU'ètféts rfé ce liti'ùîdef a clier:.
cîië'« le Véhai^ plùV actif eticofe p lé''ibode^(l^âpp!i^c^^^^^^^ if'a
pTAiigg Ws inâfade^ dàrii de's ikinij'Jnuifé'â^olive; t^uïlè'ktaii
3
Iroiae u abords puis pôttée progressivement a la température de 16
a 18 dTégtés neaumur. L immersrpn doi^ durer de sept à seize beu?
ïes. La tempét-âturé de'ïë'ï i'SlfegfS^fiî^âïïnaur'â laquelle!^
TOME râx. 8« LIVB. ^
— 354 —
est portée dlani relativement froide, it semble qu*nne erreur d'in-
dication ait éié commise par M. Wislet.
Dans la relation des Biesmres produites par l'explosion rfeife
chaudière du yacht royal lb Comtb-d'Eu, on lit que le doctei^
Moras, chirurgien à bord de ce navire, trempa dans Thuitedes
draps de lit, dont il enveloppa les malheureuses victimes de Tac-
cident.
L'emploi de Thuile a été expressément indique par M; Ràtier
dans les brûlures par le phosphore, à propos d'un accident arrivée
un professeur de chimie. Il s^agissait de brûlures aux mains ikites
par le phosphore : Teau froide ne calma pas les douleurs ; Ratier
pense qu'on aurait dû se servir d'huile et non d'eau, parce que, dit-
il, rhuile se combine avec le phosphore. L'explication n'est pas
exacte. Les bons effets de Thuile, qui dissout à peine le phosphore,
sont dus, dans ces cas, à ce qu'elle forme une couche imperméable
à Tair, et empêche ainsi le phosphore de passer à l'état d'acide
phosphorique.
Un topique dont on se sert fort souvent est un mélange d'huile
de lin et de chaux, désigné sous le nom de liniment oiéo-calcaire.
Connu depuis longtemps et déjà conseillé par Hunter, qui recom-
mande un savon composé avec de Veau de chaux et de VhuUe, ce
médicament rend d'excellents services.
Parmi les topiques qui ont pour but de mettre les parties brûlées
à Tabri du contact de Tair, c'est-à-dire les topiques protecteurs^ il
faut citer en première ligne le coton cardé. Ce moyen très-ancien-
nement connu, les Grecs nous en ont indiqué l'emploi, a été expé-
rimenté d'une façon suivie, et remis en honneur par le docteur
Anderson, de Glascow (Glascow; Médical Journal^ mai 1838.
— Annali unio di med., août 1828). C'est à Thôpitel de crtte
villequc le docteur Anderson en fit les premières applications qui,
répétées partout depuis, se font encore journellement. On remploie
pour les brûlures à tous les degrés, et presque toujours on en ob-
tient un soulagement plus ou moins prompt ; les premiers phé-
nomènes de douleur, d'irritation, d'excitation^ sont ^caceoient
combattus, et l'étal général ressent \me influence heureuse de
l'apaisement des accidents locaux. Il ne faut pas croire cependant
que ces avantages puissent faire du coton une panacée» ainsi que
l'espérait et le prétendait quelquefois le docteur Anderson. Voici
de quelle manière ce praticien l'employait. Il faisait carder le cotoi
en couches assez minces pour être transparentes ; il évacuait 1^
— 255 —
sérosité des pblyctènes^ lavait lés parties avec l'eau tiède, et ; dans
les cas de brûlures peu profondes, avec l'alcool de lavande ou
Thuile de térébenthine; puis il appliquait le coton par couches su-
perposées. On remplaçait les couches à mesure qu'elles étaient
souillées par la suppuration. Il est recommandé de faire les panse-
ments avec douceur et rapidité, afin d'éviter les douleurs et le con-
tact de l'air.
Le duvet du typha a été employé de la même manière que le
coton. Dioscoride (lib. Ill, cap. 133) conseille l'usage de ce duvet
mêlé à Taxonge. M. Vignal {Thèse de Paris, \ 833) a relaté plusieurs
observations de brûlures traitées par ce moyen. Nous l'avons vu em-
ployer plusieurs fois, et nous avons pu en constater l'efficacité.
Après le coton cardé vient le collodion. M. Lambert [Gazette
médicale de Paris, 1850, p. 404) relate les observations de deux
brûlures aux deuxième et troisième degrés, traitées par M. Valette,
professeur de clinique à l'Ecole de médecine de Lyon. M. Valette
fit, avec le pinceau, une première application de collodion^ qui fut
suivie d'un soulagement immédiat. Une seconde couche fuf
appliqnée au bout de quelques jours, la première s'étant écaillée
et fendue en plusieurs points. Dans ces deux cas la guérison fut
obtenue dans un très -court espace de temps, sans que révolution
de la maladie ait amené la moindre réaction fébrile.
M. Svrain [British Médical Journal, et Union médicale, 1859,
t. ÏV, p. 327) rapporte trois observations de brûlures des deuxième
et troisième degrés, traitées par les applications de collodion ricîné
(une partie d'huile sur deux de collodion). On renouvelle la couche
de tollodîon deux ou trois fois par jour, jusqu'à ce que la suppu-
ration soit franchement établie, puis on applique des cataplasmes
jusqu'à ce que les surfaces suppurantes soient complètement dé-
tergées, et l'on panse au linimentoléo-calcaire jusqu'à cicatrisation
complète. Ce traitement a été largement expérimenté àKing's Col-
lage Hospital^ et a donné des résultats très -avantageux. Le collo-
dion préserve les parties brûlées du contact de l'air sans les dérober
à la vue, et son odeur mitigé les émanations désagréables des brû-
lures. Il calme ordinairement les douleurs en quelques instants ;
dans tous les cas où il a été mis en usage, les eschares ont paru
être beaucoup moins profondes que d'habitude.
M. Rhind, d'Edimbourg [Gamte des hôpitaux, 1843, p. 604),
avait conseillé d'enduire la partie brûlée avec une solution de
gomme arabique ; puis de Vexposer à l'air, et de la recouvrir d'wtsft.
— 250 —
nouvelle toûVlie^cIbltl «6hili^%iîfsi^'^t*.qùc-4w |>r^Mïiihfè «sligèob^
S*j1 existe des vdsicule.s elles d^}iî^t'Ê^at*éiyV»Ae9ldetaftt i'mppMv^
iion'de^i^kHiàl't^it^ ^tifiit dttfr^teindètte
'i'M\àbil\''M'dk ^èk '7htehriè§,'^Mi Ldff»rdtfni'iinï'ddb.parAaèiôi^
imbTÏë'*'ifiïe 'mdmtàii!Ai k'ce^^ïéiAeni\^rAwintoAïeià?d}àu\k
tÀmjtëi jaéM'm/Fi'Méàl^U Aif»te^loml)àdanâ'ttaétQLd?aliMTie
^rbtBiAreri{ài^isia7lf^pi^ëkàgèt1 u^>'niort'frKplmihe.;.>Mi'>iIiof]y «it
l*idëe de badigeonner légèi^èmc%f 'l6i$» fAaii^v^eci [fn^prtAàunsvaidc
Wj ëii M^é^'iàd^H iW^bmt^^k «éiètm^MUtiûatiomfeofflptèfo^ él le
dit tt.^'EôIféii'^ài^lt agfk'Vénmc'^Htr Y«Vffis(«iyisaini^dût(mi]( prêt-
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i^^ie;-' qti'bil 'dbit '(dlij^Ur^ te/iiv tompie dÈs^tT^'iIlthtBictus-i^rsoti
Vêl^ëku ï ttf^tildé^'uti^hiôj^ * detmttmenVdansiloqAicé les* psai-
i\^ W&\éyi^; l^mériêei'éé}^tôntkGié&i\Vair^ iojiiiîsoi|ra(isesià(Jli
"ëûmp^es^tiôrh; l.arcoir/pi'esrioti^, 'dan«'' le Jbi*aitoaa#Qt >de$îbiiâiuriié;ii4
eti^'é/irfirséniéë' ^^^ïmiéraLtià {Noêographie et ^Ti\éràpmi)U^mjeki^
WftiMiès.'^ï 39)ét^àr Bretonneait (fA^^ db tjPiinia^oftti^^fGe
BèriiM péH^aH'^e é^étaiti le moyen le piiisifatiéiiaebiêl^te^ipLus
'ëfflc^éé d^'f^rëVéHh'lQ^^ohfleifBënt iiiflàniniatxHre ;7iil.>'HpptiqHàkiiài
ItktfétàVt^tf ^!^ill' 'là '))àl g«f -bi'ilrfëe) m '«Karçait 4ài aoqipnessidft lùi
tà(/;^)Ëâ d^j(i1 l)aÀtU[gë't^)«ilë^ t Vel^u ebotiloyartiddsIianddeUèaife
^diaèby IdiJ / liriibi'iJ^ës lèM^ «ine^ 'suf 1e6^ 'aiai«S''«uf ohhan t 'unei âèrte
'' NcTtiï'à^bh^^nUniéM t(i»as eisfaoyeitsidert^ait&nteHijsanfi^^les îu*
ger^ sans donner une apf^ëi^aiiroii-;* oltascùii d'euk' nou» semble ra-
tiontfè)^^'bli8teiiri'W'i^&â<dèd «êrvice^; et lAiacuh peutièive. Employé
"stijviftilf^desi^iditibbs qtie'i^ prëcîasr^ mais que
fé^ 'cK^tUéns' Ifa^tjlrtâi^umr -dailG^ les caft-partieuliers.' i ' : •
' Ehgëdé)ratf,' lélflilté^éht «dquel nous donnons la phéfércBice
cohsi^ dl^îis' Plij)|)lkatîbii litMiédiate d'une couche deiiînmieit
ôléb-î6kttâ1ré'ba*tië èëMt; ttu^Vn^yeri de linges'fins, par^ssuslef-
quels' ^oAtdi^picfsëë&'dé^ loUcbefsJ^ (duate^Boivant-^ies règles don-
nées par Ahdérsén i le tout ëdt' maintena par un bandage sofG*
'sàrament serre pbtir exercer uneidgère ctHiipression.'Lebiesi^ doit
— 251 TT
mokk^r^lé lie plus xftreaïe«^.|)9ftsiWç|., ,..î,^ .>'»inw<o/ >.•.{. ■.;?(> i i^-P.
-aMiphén<imèaes;4es'rieH*ipverwiGrf^
qu'ib8eit4|d(«Afôir«iCQii>wu*iRW^ï}ttM^fiJSUjî,4^^
'tcfawii|t f^crut ô toc; mflifMi q^mi i fe§i U^^^^jiBr^ v^i J^ cjf:?'*}^"^
4idii0ife^i.(feltedeiaup|>Hrp*mnj )k trîLi<^fi^t;)^aJf4»>eri^^^^^^
i5uU)siosihian>n0Alajia )l68q|ilAliies,.pi2[ ipJjfSWl.flfte .jj^fa$f,^pp4r
11*66 fcift(alierife.i.5.fJfls^p^•^l^wowAf p^ngé^§qa,YgÇiJaig^fÇi^fânf4p
WttiieietHcalméc par. jrà|)pUcaiiQn. >dep.ttPpigffesfjC^^
rtempsifi^Haildill/eiiciUiioïiiîjpia, yiyet.pï>iiJpnR^§ii,f|p ),'^jijm,^, l'in-
térieur ; mais le plus souvent on observe la sidération dos f^F^e^^^
4o froid àallq)OiUréBiiléfl^iia40fl8^^eâl. eR€ijtarrfSf4p^y,i^j[l^i}t,Jça||i^o-
tiiqxies/iktpuficfavi^fe yia eliaJid.vIùû&aniljiphUlgiaijiv^ 9^(-i/^ ^f
iseiiysiimséii^ilafiaigttéai ideii purgatif) énc^:^i^u^% j|et,(;ç|j3L^.^eDj,yji^i^
•dG^«o11l^iHimle9•pKénom6l1çs djB conge$|ipn j^çci^ra)^ ^'^Iff^'-lî^^J^S}^
'à»laipi«<ili^rcptfkiode deîA brûlw-e ;.. ri9|péi:^ppp?38 e?^,.F^W^^^^
•montré cetteiinédicfttÂoaj elle peut4$uQ|qMç{qi£i .^y^yc^'ni[iQ. %Tk-4?
idnocèsiiiqoiédiat, raats.Ci^fisJti'ao -^uoi^iiemppii^ii^^jt ,^Uf <(i^bj[|i^
idesiblessë&iitti* n'àiuxuitims ;U'op ^eiqule^ )p^r^|forcçs ptj^mr.tray/^rr
«epifB^baseédilveiiseB.d^ la nmi^àie. Cçiii'^s^ qj^jÇ^J^^^-eftcj^pUoa-
iiellenifint .qu>'f 1 laudr«i aVioii^,/i*açigiiu-^> ;«UX) {^i|Upi^lpgJ8iiqif(f&,f à^ îa
saignée. De plus, les congestions viscérales qui existent à i|ç mo-
ment, sont produites par/unte x»ti0e in飣uuqjq[e,iiQt .Iç&ijfppyeii^ çrdi-
naHreèiinedoivcnt'/pâis i}éu9.sipeni<pai!:0il^»; un^ i }>,,/ .?.,<,..
■j : ^^iiAs^l3BàLfB^,i^ jfaiihide jL'étÉaljtg^oéi^l l^tll^^^e y^u. ^%itemf»|;^t d^
vbfùlttvesi. Dans .les|cas> dtiïgrpnde^ibrékrp^ilfeiJLlJA?^
tcmcnt les malades idi^nst leuii LitM U AcMri#^47iQi«it!!e é^^^lf^^Bpjp
jdiâ«siUQs^i;tino portion cxHidialOipii^ 8i>»^i':flf9#e^ dj'ç^dÇifîp et
'iBÛigciutli» do(laudanujii^jptti%ilrteiMfifai|î bfir^^^
-llliMywnjtoandje deîflur««oir rtUipfto»«vnc^tîfcain:J qwq,^Sk,fp^adq8 ï^e
4ûUr<doi3y»e,deïrettu gaptm^g/IWKiÇiûllcii^éfifi^ dccU^l^qç/ ..^
'i. ! C&i'6)fceiuplc(i4«u» A^}bleJkH).(i^mvre»{jïeuk{mi^ii^r(iau^,. croyons
— 2o8 —
qu'il conviebt d'appliquer tout de suite le pansement, fans atieadre
le moment de la réaction.
Dans la seconde période, les phénomènes inûamniatoireft domi-
nent. M. Cloquet, frappé de ce fait, avait proposé de se conduire
alors comme dans les cas d'inflammation ordinaire, de traiter la
hrûliire comme on traita un phlegmon ; ses idées n'ont pas pré-
valu. Du reste il avait été précédé dans cette voie par les anciens.
Heister dit que lorsque la brûlure du second degré est con sidé-
rable, qu'elle occupe une grande partie du corps, pour prévenir
des ulcérations^ des cicatrices difformes et même la gangrène, on
ne peut se dispenser de tirer copieusement du sang au malade,
surtout s'il est pléthorique, et même jusqu'à défaillance, suivant
l'espèce et la grandeur de la brûlure* Les idées de cette époque et
la pratique à laquelle elles conduisaient ne sont plus les nôtres.
La saignée, si fréquemment ordonnée autrefois^ est une opération
que l'on pratique rarement aujourd'hui ; dans le cas particulier
qui nous occupe^ nous croyons qu'on ne doit avoir recours à la
saignée locale ou générale que si Ton constate l'inflammation fran-*
che et circonscrite d'un viscère important^ et toujours en tenant
compte de la constitulion du sujet. Nous savons que pendant la
deuxième période on voit quelquefois se développer des pneumo*
nies, des péritonites...; en pareil cas la saignée peut être indiquée.
Biais on doit avoir toujours présente à l'esprit la pensée des mau*
valses chances qu'une déperdition sanguine fait courir au malade
en l'affaiblissant. L'état inflammatoire de cette période doit donc^
en général, être surveillé plutôt que combattu éuergiquement ; on
pourra faire usage des purgatifs doux^ des boissons adoucissantes
et quelquefois diurétiques.
C'est à ce moment qu'on observe des troubles du côté des orga-
nes thoraciques, du côté des intestins ; Tattenlion sera donc tOtt«
jours éveillée sur ce point. Quant aux ulcères du duodénum, que
Curling, comme on sait, a signalés le premier, ils ne donnent lieu à
aucun symptôme qui permette de les diagnostiquer sûrement. Le but
qu'on doit se proposer, c'est de ne pas affaiblir le malade, de le
soutenir par des moyens convenables, en même temps de ne pas
exciter une irritation qui pourrait devenir fatale. On ne peut pas
instituer une médication unique et absolue ; on devra la diriger sui-
vant les indications fournies par l'état de la circulation^ de l'appareil
digestif, en interrogeant la langue, en consultant le pouls.
Quant au traitement général de la troisième péj'iodc, il peut se
— 2B9 —
formttlor en un mot : soutenir les forces du malade. Ce traitement
empruntera à l'hygiène ses meilleurs moyens d'action. Les malades
arrivés à ce moment n'ont plus à craindre les inflammations qui
les: menaçaient auparavant ; mais ils sont sous le coup des accidents
que peut produire la suppuration. La première indication est do
leur donner des toniques, une nourriture réparatrice qui les mette
•o-^t de suffire aux pertes que la formation du pus fait éprouver
ebaque jour à l^organisme ; la seconde, d'éloigner d'eux toutes les
causes des accidents à redouter^ depuis la diarrhée jusqu'à la ré-
sorption • purulente, et, je le répète^ c'est surtout par des soins
hygiéniques appliqués avec intelligence^ le régime^ la propreté, la
bonne aération, qu'on anivera à ce résultat.
' On n^oublie pas que nous parlons des brûlures des deuxième et
troisième degrés dont la guérison s'obtient sans qu^on ait à crain->
dro-la formation de cicatrices difformes ; ce n'est donc pas le mo-
ment d^insister sur le traitement de la cicatrisation ; nous donne*
Fons les indications spéciales que ce traitement comporte à propos
des brûlures plus profondes.
Les brûlures des autres degrés nous arrêteront moins longtemps.
Les brûlures du quatrième et ducinquième degré, à moins d'occuper
un -espace très-'limité, existent rarement seules, elles se confondent
avM œlles dont nous venons de parler, et les mêmes moyens de
traitement peuvent leur être appliqués. Supposons cependant le
CCS' où elles existent isolément.
Le traitement de la première période est assez simple ; on se
rappelle on effet que, dans les brûlures de cet ordre, si la douleur
est extrêmement vive au moment de l'action du corps comburant^
elle cesse en même temps que celle action ; on n^a donc pas
alors à combatti^e la douleur et Texcilation, phénomènes l'edouta*-
Mesdans les brûlures des autres degrés. 8i la brûlure est peu
étendue, bien limitée, il conviendra d'envelopper les parties dans
des compresses imbibées d'eau froide renouvelées fréquemment ;
c'est ainsi qu'on agit après rapplication du cautère actuel. Si la
brûlure est plus étendue, l'eau froide puut présenter les inconvé*
nients que nous avons déjà signalés ; il faut alors mettre les parties
à Tabri ducontacldeTair, et pour cela les recouvrir de ouate,
soit directement, soit par -dessus des linges cératés.
Le phénomène principal de la deuxième période est la chute
des eschares. Les chirurgiens ne sont pas tous d'accord sur la con-
duite à suivre à ce moment : les uns conseillant les émollionts^ les
— 260 —
cataplasmes; ies. autres, cpnsfeilIftQLrufiage de topiques cxdrtaiMlSi
Je iiépét^r^içinepre. ce^ue^ïbacuQ seU^ qu'il myia/pas d^i sèglé
fj)solu^,eQ ç^r^rgie ^..dfn/^fP^taJiis oasv-ot >ceM<aoD(fdebeauc(m
les pli|.,s |if[f^b^eu;^ 1^, émolliepU et > l^S; eatapla&mes devronL^ètse
ein^^f^yés^ d^s^Â'autrc^s las^,exçitan4^ 8ont.f^férQS ^i-e^eistile scnb
piratiqtie ç^t le^tac^ médical qui décideront cQHe:^(uestion]:iLe -Mè
^ aUçipdre est la>ép4iration«dePr esçbares ; ce travail d'éliniinatioiv
s'apç()n(iplj^ à . raide. dfjune infla^owatioiv plus ou mdinsf vivie* il
s'a^git 4e njajflttenif cel^e inflawroalion dans de justes' limites;
h^^tuellement il, faylvla modérer, c'est pour cela^qu'hasbiluelle»'
ment les émollients sont ^préférables aux. excitante» ' - : ;^ r >;
Jj'ipflammiatioii qui. ;se développe alors peut avoir des ^ fuites fu-
nestes si elle ^'étend 3141: .un$ large surface«.M.Lacretella> cbipurgieh-^
major, ^u Val-dç-Gràce^ imagina, rdans^n cas de iîc genre^uiMi
p];'atique iiigéaiçuse qui fut suivie 4'uu succès presque inespéré;'
Dans un cas de brûlure au troisième et au quatrième -degré^ ^uii
comprenait la plus grande partie des tégumenls de la itégioA pée^:
tëricure du mçmbre abdominal, de la fesse et du GÔté.corresppnduit
du tronc, ce chirurgien, craignant que rinflammatioD.et.la sup*
purati^on, développées à la fois dans une étend uie «aufisicoasidc-
ra,bl^ , ne détermipassent des. symptômes funestes 1 de réactiooi^
repouvrit une grande portion de la surface brûlée de vessies orei»**:
plies d'eau à la glace, dont il continua Tapplicatioa pendaQjL doutt;
ou quinze jours. De cette manière^ les portions restées à décoU"'
vert s^étaient. déjà enflammées et commençaient à. marcher Nersila-
cicatrisation, lorsque les autres, demeurées sous l'influence da
froid, commencèrent seiulement à s'échauffer et à eutrereii oiouve^
ment. Cette pratique mérite d'être imitée. (Bégin, DicUonnatre'
de médecine et d^ chirurgie pratiques ^ article Brulurb.)
Pour favoriser la chute des eschares, il conviendra quelquefois,
de les fendre, de les scarifier avec le bistouri ; mais, dans aucun
cas, il ne faudra les tirailler, les arracher violemment.
La troisième période enfin est marquée parla chute.des eschares
et la suppuraXionr Je n'ai pas besoin de répéter ce que jfai dit à
propos des dangers que peut présenter la chute des eschares dans
les brûlures du cinquième degré, lorsque des vaisseaux auront été
intéressés, de.s articulatio.us compromises. L'attention et les soins
du chirurgien s'attaçbent à ces deux phénomènes : suppuration et
formation des cicatrices. Le traitement des plaies suppurantes
consiste localement dans des. pansement^ bien faits et renouvelés
à pffûpos ; ii pe présente rrèn dèptfrticuHer dans !es cas de biû-
Ittce- Qnattl i^u mode de formation des ckJatiibésV it devîeril Tobjet
t\1ttne'ppdocCupaiion' constante. Lés Irduf^bnsUhênrnus sont lanlôl
satiréH^.^reiius, solides -îd'unrougè vif* ;= les pai^ties, cbmriie douées
dfuB ërdlbisme <paiiîcliilièl*,'0!« ùhe'grtittdë 'tèhd^^^ à ^*anîr ;
elles sdntrtiréesvfces ifties Mers les afatfès';' disitis bés'tias, il ftiuttâ-
eher: tdei<faiix}<<ies$et ce te^sérremehf * des tisètis,' dô ^jt-ovoquer
fcxpansion des bourgeons chartins; et péiir cela lés applications
dmollientes et narcotiques ébnvîetttïèht ; îlest Mti iViênie quelque-
fois de^ftvatiqfier des saignées capillaires par dé légères scarifica-
tions sur les bourgeois- ch'arnas éùx-bêinés. -'
ijDaoâ-d-autipes cas les ; bourgeons charnus sont, an contraire,
cellulevxi -vasénfaires, exubérants ^ét dépassent le niveau de la
pbie f si on kis^ait- les choses mav6iiéi^ 'àini^i; dii aurait à craindre
non pas le i^^serrement'deë parties, comme dans lé cas précédent,
miÂs la forma^otï dé cicatrices tardives saillante^, ' irrégulières et
dïfformes. 14 fautialors pirdmener légèrement le crayon de nitrate
d-argentià la surface dés bourgeons trop élevés et favoriser^ par
une' légère- compression^ la dépression qu'on veut obtenir.
Il ne suffira' pas toujours d'agir sur la *plaie elle-même,, et Ton
devi^Vaidei^ de moyens mécaniques. Ainsî^ dans les cas où la
bpâlttt-o ^sîégé sur des ouvertures naturelles que là cicatrice pour-
rait f^rniei^/itfaùdi^a interposeï* des linges fins, de la charpie aux
bdrds^'de' ces ouvertures ; on devra agir de même polir éviter la
réiiiifdA,4-acccflément des doigts et des orteils. Des attéAès iii flexi-
bles^ 'des foandeleltes de diachylon tirant en sens contraire^ ren-
dront dé l^ns 'Jérvices^ en empêchant la réunion de parties qu*il
fant maintenir dlvisi^s, en forçant, pour ainsi dire^ la nature à
organiser un trs^u de cicatrice suffisamment étendu pour réparer la
perte de substance, pour la combler, au lieu d\)pérer celte répa-
nition par le rapprochement des boi*ds de la plaie. Les soins que
j'indique doivent toujours être assidus, mais surtout quand la
brûlure siège sur des parties délicates, comme la face, les paupiè-
res ; malheureusement il arrrve trop souvent que le succès ne
vient pas les récompenser.
Lorsque la cicatrisation est obtenue, il convient de ne pas en-
core abandonner les parties à elle€-inêmcs, dé continuer l'emploi
des moyens mécaniques; caries cicatHces, tant qu'elles ne sont
pas complètement organisées, jouissent d'une véritable puissance
de réh'actiiité, laquelle pourrait reproduire lés difformités qu'on
— 2©2 —
avait d^abord évitées. Je rappôUerai aussi que remploi de tous ces
moyens prolonge la suppumtion ; si on s'aperçoit que- son aboiw
dance affaiblit trop le malade, il faut j renoncer, la oonservalîoD
de la rie ne pouvant être mise en balance avec la formation d^dtie;
cicatrioe vicieuse. ■! i-în ,-'i:}i' '
L'étude des dififérentes opérations pratiquées sur les cicatrices
dans le but de rétablir des fonctions lésées, de remédier à des dif-
formités, ne saurait, on le comprend, rentrer dans le cadre de cet
article; aussi ne l'abord on s-nous pas ici.
Quant au traitement général^ il sera le même que celui que
nous avons conseillé pour les brûlures des deuxième et troisième
degrés, quand apparaîtront les phénomènes d'excitation^ d'inflam-
mation, d'épuisement.
Je doi« dire qu'habituellement, dans les bi*ûlurei du-quâlrièiiie
et du cinqnième degré, la première période n'est pas Marquée ^an
des accidents généraux aussi graves que ceux qu'on observe daiiV
les brûlures des deuxième et troisième degrés ; en Tav'arïche,' aa
moment du travail de séparation des eschares, ies pliénamèdèi
inflammatoires les plus menaçants peuvent apparaîlre> =cl/q«â1fHl-
arrive la période de suppuration, la déperdition des forées peut
être telle, que le malade succombe complètement épuisé. -'
L'opportunité de l'amputation se présentera aussi quelquefois-;
nous n'avons pas à en discuter ici les indications.
Les brûlures du sixième degré sont des lésions telles^ que la
question de leur traitement peut être f)osée en ces termes : deit«oii.
ou ne doit*on pas amputer ? i. .
Heister conseille l'amputation, il dit : a Si la brûlure' a pénétré
jusqu'aux os et qu'il ne reste rien de vivant, tous les yemèdeeeont
inutiles, ou n'a plus que la triste ressource de l'amputation du
membi-e brûlé, comme nous l'avons dit pour le sphâcèle, et encore
faut-il se hâter le plus qu^il est possible, afin de prévenir les pro«
grès de la pourriture, d
Bégin se prononce nettement dans le même sens; pour lui, tes
brûlures au sixième degré exigent l'amputation de la partie, prati^
quée au-dessus de leurs limites supérieures^ Tamputation subMiloe
une plaie simple à une plaie dont la guérison se fera longtemps
attendre.
Nous croyons que l'amputation, utile dans certains cas, peut
être évitée dans d'autres, qu'il faut tenir compte du siège de la
brûlure, de sou étendue et aussi de la constitution des blessés;
— 263 —
nous devou« nous rappeler qu'un certain nombre de malades qui
ayaient refusé Taraputation ont eu cependant la vie sauve; il y
aurait encore à déterminer le moment le plus favorable pour la
pratiquer. La question ainsi posée ne ressort plus de l'étude deâ
brûlures^ mais bien de celle des amputations et de leurs indications.
CHINIE ET PHABMA6IE
"••■
li^abufl du sucre;
Par M, BoQiLuoK, pharmacien-chimiste.
Lfti première personne qui ouvrirait un formulaire s'imaginerait
qu'il n'y a rien de plus aisé que d'administrer les substances des-
tinées à rendre la santé aux malades. En effet, tous les formulaires
regorgent de recettes plut ou moins surannées^ compliquées et
variées ; les unes ne contenant que peu de substances, les autres
riiBpUMant tout les termes d'une progression dont le dernier se-*
rait la tbériaque.
Les potions surtout s'étalent complaisamment dans ces recueils^
où elles tiennent une si large place, et il semblerait^ au premier
coup d'œiK que le médecin et le malade n'ont plus rien de nouveau
à désirer en ee genre. Mais il ne suftit pas de donner des modèles
nombreux de formules plus ou moins usuelles^ ayant une efficacité
reconnue ; il faudrait aussi s'inquiéter de la saveur de ces prépa-
rations et du dégoût que souvent elles ne tardent pas à faire éprou-
ver aui: patients à qui elles sont destinées.
On a généralement la monomanie d^abuser du sucre. En effet,
que n^a-t-on pas essayé de mettre en sirop ? A peu près tout ; de-
puis le navet, le choux, la carotte, jusqu'à la fécule et la tortue.
Mais on sucre même outre mesure les potions. Aussi, les malheu-
reux malades auxquels on administre tous ces liquides plus ou
moins sirupeux aspirent-ils ardemment après l'instant oii il
leur sera permis de déguster un liquide salé^ ou même de Teau
pure.
Cette critique n'est pas aussi exagérée qu*on pourrait le suppo-
; les chiffres sont là à Tappui, et il suffit d'un simple calcul pour
convaincre.
Sachant que les sirops contiennent en uombre rond les deux
lierside leur poids de âucre^ nousamveâonsiàcilemenlà conoaitre
Ê loGprinBëiiçt^opar :]& i Godex:)< èésili monades y/doBt tes J o^
fatiguent asHB rai^émeptjiAwl^é) ieuiisaprèuru acidb/' lociiarnBan^
400 (|k*ftnim^<iâe><0irop par) iki^iû^sliniipe^aûriqitifCotnéBpoaJ à
7 pour i 00 environ de sucre. : Mlurn
Si nout examinons Je^ potions, leur titre senaiiM^rf^upérieur.
lia poliott cordiale contient iâ pour 10Q de suerei'lïèlls fMtfbns gom-
fflfmf^.^P^i^R??WP%»^.Wtifeys^^^^^
n/.^ npW P,*.s5^PM».fiPf.JWî^f^.,«îio^| tfwvpr^s^^ l^h^^|)!^o^a ^g
contient que 11 pour 100 de sucre, aussi est-il plus acceptâmes.., .
Cet e](appen explique la difficulté que les malades épvouvent à
achever un loocli qui leur empâte la bouche (tiljre ei;i sifcre, 16 à
24 pourlOO)^ tandis qu'ils prennent avec plaiûr.lekii^îd^mandes,
qui n'en contient que .5 pour 100.
Passons a d autres formules^ et pi*enons un exemple parmy les
plus employées : , .
. .POTION UEBMtfTISÉB. ,
'f'-| •■■• .';î :J-.- ;i'* ii; :■; '-i) .. ■'. ^'mjI jUTîM '•il.' )I';.j«|r.|
Potion gomn^we . ,,..,,.. . . • ,v,r. '(r. .^M'Hi^Vh..
Kermès *••... 0 ,30 '
Sirop d'opium 15,00
Sirop de belladone 15 ,00
«.lyoïii iil* in4| '>**'t itlàt i t^tiirii» Ik 1^*111 .fit hU inà •
Cette potion contient 23 pour lOÔ de sucre.
INous savons que la potion gommeuse, qui en renferme
13. pour lOOg est d^jà trop sucrée;il (aut donc^éviter dV ajouter
des sirops. Mieux vaudrait Ja composer de loul^espiecaîs, en. ^
menant à un titre de 10 pour 100 de sucre au maximum, ou, si tVn
tif;i;kt pour abrijger, h ^ifldifjuer )a jPortio^ goïpme]use^ se coçlcifter
^'ajjOiUcr l^s quanlités d'^trait^ CQirresgondant è| la do^e de s|rpp.
_Ipettl^ç,dfî Teau pouf;,cpmplétcrkppids; total, ciîa fprmuïpr ÀinsT.: j
' Tolloii é^mlgDse .= '. ' . : 'r. '. ■ . ; . ■.' ; . . - -ffôif.OÔA ■ '-'"î •'' '
Egu 'dlstttléei j-. :. . .. é ■\, i:..' . * ., i . ^vOOO -L- ./.
Extrait de Wladone . ,..,.,, ^ ... . ; 0,025 ,.
' Cette^^(jtiôn4it»'côWtièiiaiail qiid'lO po»^* lOé'Ae-glicfe; ' ; • '•''•
v»ilL»'ôO gii<immd$^.4i!c^u'iii«tûlléajfteuvait>ôNâ'ia)<<Hlép senisdneikii^
vénient^ car lo kermès, bien porphyulsklqpiirsjinrltirihbde^favffcfnliiil
jb Laoqièm»3*cadpcali»p)fuat>«i^b|bf>iiqiœ|* a:|ixiik>Qfihs^mirTBi'J^ tùfh
mule : ,M%i'< !>L ivWmiiiOiU 'woq T
46 pour 100 en renferme 24 '^[^tàinTHfe'S, te'SÔ' p'rtiMcs"îfi''ai*b|)
,Lc litre en sucre ne sera que de 12 pour 100. ,
Ces exemples de formules uemonlrent parfaitement qu ,il est lou-
jours possible de modifier la saveur d'une potion sans cnarigér lé
rapport des principes actifs au poids total du médicament, et par
consi^qu^ft^^lïns en' altérer aucunement TactforiV ' ' '■'-'[
ijCKôt ^. rr ■■.;.- -: .X.
H\ ^'t . ..:•.. ■:.',■■■■-■
Eau de fleurs €l*oraiiBer altérée par ilu caiiiiiii^
Par M. Stanislas M ARTt >>-. .
'" té" mun (i^'Uï'rance a expédié au commerce de Paris uiVe'éaii
fjj^fitiéc Oê flëiib d^oi^ârfger,' CMitre laquelle 'ît s'est élevé de 'nom-
'^ Célfe eau aune ôdèÙT Irès-agréable; maikelle n'a pas celte ttiti-
]^dStë. propre àut liydfrotàts qiri hbùs viennent'* ordinal rértrérit^ de
Criasse : 'elle laisse déposer dès matières floconViéûses, hiëhiHfattî-
formes, blaaetiAtres, qui doivent appartenir au g/^nre hygrocrocis ,
Nous ftvûns évaporé de celte eau au bain-maiie jusqu'à siccite.
Vu au ntâcro^cope, le résidu qu'oti obtient permet de distinguer un
sédimenVCrOloré, soluble dans Teau et dàhs Pétlier.
Cette eau, mise en contact avec un sel de fer, se colore en brun
foncé; enfinjes 4ifiérent« E^aciif?,î,veQ Jj^^wçls npus. I^yon.sf ,çxpé-
— 266 —
rimentoo ne laissent aucun doute qu'elle contient du tannin. D'oii
provient ce tannin? Nu) doute qu'il ne soit dil au peu de soin qa'tm
a mis à faire la distillation.
On sait que toutes les parties de Foranger, fouilleit, fleurs, froits
et bois, contiennent une énorme quantité de tannin.
Pendant la distillation des fleurs^ une certaine quantité du dé*
cocté a été soulevée par la chaleur, entraînée dans le serpentin et
mêlée à Teau distillée.
On sait que quelques centigrammes d'acide tannique suffisent
pour communiquer à une assez grande quantité d'eau une saveur
astringente; de là sans doute les récriminations.
CORRESPONDANCE MÉDICALE
TrolA rAM d*arcfclents graves et un raii de mort eauséa |Mir l*<
plol de rbydrate de cbloral.
Tous les jours on administre l'hydrate de chloral, à tftre do
sédatif et d'hypnotique, assez largement, même à doses très-éle-
vécs, et sans aucune précaution^ absolument comme si cette sub-
stance était douée d'une innocuité démontrée. Il n^est donc pas
hors de propos, mon cher Rédacteur, de faire connaître un certain
nombre de cas oii, à doses même modérées^ elle a donné lieu^ non
seulement à des accidents inquiétants, mais k des effets funestes.
Les faits sont rapportés dans la Lancêt du 25 mars 1871, par
M. le docteur H. W. Fullcr^ médecin à Saint-George's Hospital, à
Londres^ dont je vous traduis la note textuellement :
(( Le 9 février 1870 entra dans mon service^ à ThApital Sainl*
Georges, le nommé J*** S***, atteint de bronchite et d'un pan
d^anasarque liée à Texistence d'une maladie de Bright chronique»
Cet homme était nerveux, agité, dans l'impossibilité de dormir;
cVst pourquoi^ au bout de quelques jours, comme il était ëpaisé
par le défaut de sommeil, je lui prescrivis pour la nuit la polkin
au chloral en usage à l'hôpital, laquelle contient 30 graina de
chloral. Presque immédiatement après Tavoir prise, il se jeta sur
son lit, comprimant de sa main la région cardiaque, et se plaignaot
d^unevive sensation de brûlure causée par le médicament. Au
bout de [quelques minutes il tomba dans un violent délire, qui ne
dura pas.UngtempAj mais auquel succéda un (el dtat de ^lépres-
t\o»^ (luelcdQcLeui* Joues, médecin résident^ ^ut beaucoup de peine
à empêcher les battements du cœur de ^'aiTÔter- Peu à peu, tou-
l9f(M9»4^^:baUe|iients se rétablirent, le pouls reparut au poignet^
et peu d'heure9: après tout danger avait disparu.
i <ii:Go9llPf) je venais de lire cette assertion de M. Liebreich, que
l'h^^ro^ de.fîhloral, quand il se trouve en présence d'un alcali ^ se
transforme en chloroforme et en acide formique, il me vint à l'es-
prit, que les effets extraordinaires accusés par mon malade pou-
yaienl élte attribués à un état alcalin de Testomac, en vertu du-
quel le chloral se serait immédialement converti en chloroforme
ayant fait naître les symptômes observés. Je voulus donc essayer
encore une fois le chloral, maw cft prenant la précaution, pour me
mettre en garde contre le retour de tels accidents, d'administrer
en même tenî^ imfe fbHe dose d'acide. Le résultat, cependant,
fut identiquement le même que la première fois. Il se manifesta
de nouveau la même sensation de brûlure et d'oppression à la poi-
-♦ri»iè,'««iir!(*d'*berd d'excitation violente et de délire, puis ensuite
de collapsus, avec'défaîllance de Taclion du cœur. Celte fois-ci
ëncottt, de tnémé que la première^ le docteur Jones resta longtemps
-gains -savoir si le patient parviendrait à se rétablir. Je n'ai pas be-
Hnîn d'ajouter que Tidée ne me vint pas de recommencer une troi-
sième fois l'expérience.
' * Depuis lîctte époque jusqu'au premier jour de la présente année
je n'ai rencontré aucun cas qui pût me faire mettre en question
f innocuité du chloral. Je i*ai administré à plusieurs centaines de
malades, à des doses variant de 40 à 45 grains, et chez deux ma-
ladesy peur lesqtiels j'ai été appelé en consultation, il avait été
donné sans inconvénient, à l'un à la dose de 2 drachmes et demie^
et àVatitre àcelfe de 3 drachmes (1 drachme = 3«',88) la nuit qui
«Tait préeédé ma visite. Dans certains cas, son action hypnotique
se trouva en défaut ; dans quelques-uns il donna lieu à de la cé-
phalalgie; dans d'autres il fît naître une excitation plus ou moins
eoBsidérable ; mais dans aucun l'ingestion du médicament ne fut
suivie d'aucun symptôme capable de catiser de l'alarme.
« Mais le 1*» janvier dernier, j'ai été appelé en consultation pour
un cas dan» lequel l'administration de 30 grains d'hydrate dechlo-
v«l a été suivie de conséquences fatales.
«La malade^ jeune dame de vingt ans^ jouissant d*une bonne
santé les jours précédents, se plaignit^ le ^ décembre, de constipa*
— 268 —
tion et d'auties symplôme/ ddnolant un trouble «les fonctions gas-
triques^ pour lequel son médecin hahiluel lui fit prendre une pilule
le soir, suivie le lendemain malin d'une boisson laxalivc. Le 30^ il
y eut des évacuations intestinales et la malade se trouva soulagée ;
mais elle passa une nuit sans sommeil^ et le 3i , elle se plaignit de
malaise dans la partie inférieure de Tabdomen, malaise qu'on crut
pouvoir attribuer à l'approche de Tépoque menstruelle. Des acci-
dents hystériques étant survenus» on se décida à envoyer chercher
le matin de bonne heure un praticien du voisinage, et ce dernier
sMtant rencontré dans l'après-midi, avec le médecin ordinaire de la
famille, il fut convenu par ces deux messieurs, la patiente étant très-
nerveuse, agitée, et ayant été privée de sommeil ta nuit préicédente,
de lui faire prendre 30 grains do chlojraV. La malade prit cette dose
vers dix heures du soir, 31 déceiobro,. et presque immédiatement
elle tomba dans une excitation tnès-grande et se plaignit de dou-
leur dans la poitrine. Dans l'espacé d'environ une heure Texcita-
tion disparut et le sommeil survint, oiais un sommeil lourd qui se
prolongea toute la nuit. Dans la matinée suivantBv elle dornrait
encore si lourdement et elle était si pàlc^qùe la famille prit l'alarme
et envoya chercher le médecin qui Tarait vue la veiUe. Lorsque
celui-ci arriva, la malade était très-pâle et respirait avec difficulté ;
la respiration était profonrde et suspirieuse, le -pouls ne se sentait
pas au poignet et les extrémités étaient un peu froides. Il était im-
possible delà réveiller, môme à un faible degré. On lui administra
des stimulants; on fit des applications chaudes sur les membres,
et graduellement le pouls reparut au poignet, mais seulement assez
pour y être simplement perceptible. Un peu plus tard^ le médecin
de la famille vint se joindre à son confrère, et tous deux, de con-
cert, firent tout ce que leur expérience leur suggéra de plus expé-
dient. Mais comme rien ne parvenait à tirer la malade de sa tor-
peur, ni à modifier d'une munière quelconque sa situation, ces
messieurs m'appelèrent en consultation.
« A deux heures après midi, lorsque je vis la malade, elle était
étendue dans le décubitus dorsal^ les yeux fermés, la respiration
pénible, avec le caractère suspirieux. Elle était très-pâle^ un peu
froide ; la peau était sèche, les pupilles étaient larges et dilatées,
mais se contractaient avec lenteur sous l'influence d'une vive lu-
mière ; le pouls était à peine perceptible, mais le cœur battait régu-
lièrement, environ 120 fois par minute^ et bien que son action fût
trcs'faible, cependant les bruits en étaient bien nets et le rbytbme
— 269 —
normM. L'abdoniên n'ëtak pas'4Jstendî«, itfaispléit, ttWUet^sdtiplëV
il. iP;*p^i«(aJtj ni. contrudion/irti ingidiléy iwî flhccJdi^^
fpembi^».. Uiétaili knpossjiiie dé |îéH^ei1lÊli*'^>piôii'lr|'de W
qnnodioaiplnoidnisaiti ail liquida' dabâ'là-I^UchëV'^HëTëtVa^âii ^tthii
Qr4J0«ire [à bom '.d*QaiHde4vi6 èt>d'eau ûmï^l 'eipAé^ db ^ t ^hiVH ^\W.
, . i«jfte%ftidicla4iorwidaicaitenïérit'AanliévWeift fe^
^i^a4M.C(9iit\}utiSqu'àioec^e lee ei}eU<du >éhldml serfti^ëéh^di^si^^,
s|ii^A44nUid^utfil>iés.^r'la'houcbcs~e»'4Mièdiigi^andôtx|u^
pos^ibl^i :Qi!d!aid4;i: à uû&efibrtB.daàsod isens(p»i''des' MMeltictitir^i'ë^
pql^^. de fû^tihc^dobBiif addition t»^ dfeaitt^idê-^
ra$fôirmiilQ<j Elle. demeura «dafis Ja iniéfn«i 8i(iîia^éb<}i)^^i%U lëhâè^
fmii^>yfi^^>x\n\x{ hûMi^SK^uisnatinyoù ëlleiéxpim^ èeîns a>Yt>iif dohrid te
Qju>px)(h!e tsigne'.^eiconnadssaiice ni reoiuë'iur mu^te'^pv^!^i)ë ttio^
jnqni /)jiivel)e>^'étftitend(>nsaiedaiiii; Ja soiréiel du'^srd^eerihbt^;' ^^' ^
< 4jr:3i;ji'ûu<j^{^' d'après ce quo j'ai a()fyri9=de divër^membreâ dé
jQoAr^ |ikrof4e8i»ipJiy jet pense que, s*il e%i • rare qiiê' dos eon^ëqiiieht^
f^^tei pt^sselQl; i^vlvre radmioistration de 30 grains d'hydvàter^e
cbloraU dea ;»yii1ptônaes pënibics, toutefois^ ^sinoivid^)ogiûi'é<iit; ^
sç^ A$Picz.;9di«veM.i. manifestés. Le dcjcteur Tukc m'in&)ivne'^(|«iè
$))e^ un vboMimev qu'il voyait pour des accidents résnhÀTi^ide^se^
^biljui^^id'ioiefnpérapce, 30 grains de cette »ul)i>tatYcefaiUirefn|l
AjyoÎRidelt;âuitcs,funeâte8^ des symptômes de dépre^^on ei dod«éfai1h
lAn€ial•do;^aotiaadu€œurs'ctant produits à un degré extrêmement
iklajmaMt- .UA^uiroi confrère^ M. Frédéric* W^h)^ m'a égatenoeitt
tatltponnaitre les détails d'un autre cas, dans lequeUt s'en fatlatdt
p^ti qu'mii homme déjà À'un certain âge ' ne succombât aux effets
d'une dcKse éû 30 grains ^chloral. LdL faiblesse^ la pâleur; ikdé-^
pression de l'action cardiaque furent excessives, et pendant quel^tîe
tempa M. Webh ne aut a'il parviendrait à soutenir les polsatk^nsdti
cœur jusqu'au moment où poorraient se «dissipa* les cifetf^-^dtt
cbloraK- ■ . ■■•:-■ "î ■- ■' '- •■
«Sans doute ces cas sont tout ù faitexcôptionhciset sétronv^ût
dai^ la même proportion à. peu près que les cas de mort causék^pav
l'adiDJoistration du chlovoforme^ Mais lesfaitâqnf^ J6'VT«né debiki"
sufftstsnt pour faire voir que de4ekMaècident^'S'0'nt"p4U»'fréqudnt!^
qu'on n^ le suppose communément, ^sdéi^onlivht ïiV nécessité de
1^ prudence dans i'adiainistr^on'dU'^hlop<il',U3k condnfêonc à'ieedd
<^clurioii: quejâO grainsifbrroeot utierdôse trop éoiiaidérablè ponr
TOME LXXX. 8* LIVR. ^\
ru«ngf> oniinairc, s|H^cialcmc!il quand il s'agit dt* malades chez
lesquels les effets du médicament n'ont pas encore été éprouvés.
Comme hypnotique dans l'insomnie nerveuse, 10 ou 15 grains se
montrent ordinairement efficaces, et je n'ai encore eu connaissance,
ni par moi-même, ni par d'autres, d'aucun symptôme fâcheux à la
suite de telles doses. Mais les cas qui précèdent prouvent que des
doses plus considérables, bien qu'ordinairement înoffensives et
souvent d'une merveilleuse efficacité, ne sont pas exemptes de péril.
Or, maintenant que, dans le public, on commence à s'administrer
le chloral de sa propre autorité, comme on Ta fait il y a quelques
années pour la chlorodyne, la connaissance du fait important que
je signale ici ne saurait être trop répandue. »
Trad. D' A. G.
BULLETIN DES HOPITAUX
Bons kpfets des courants continus dans la paralysie sa-
turnine (1). — C'est surtout dans les paralysies saturnines
que Remak a vanté l'influence des courants continus, et, dans
son Traité de galvano-thérapie^ cet expérimentateur a cité un
grand nombre d'observations de paralysies ayant cette origine, qui
ont été guéries par ce mode d*électrisalion. Cependant, M. Du-
chenne (de Boulogne) l'ayant expérimenté sur plusieurs sujets af-
fectés de paralysie saturnine, a déclaré n'en avoir obtenu aucun
effet avantageux.
Nous ne savons à quoi peut tenir une telle différence dans les
résultats. Quoiqu'il en soit, M. le docteur Constantin Paul a voulu
chercher quel profit on peut tirer des courants continus datis le
traitement de cette même affection, et il a pu guérir parce procédé
deux malados qui en étaient iatteints ; l'un était affecté d'une telle
manière que la guérison ne semblait pas possible, et l'autre avait
été abandonné par M. Duchenne lui-même.
Obs. I. — Louis Grandazzi^ quarante et un ans, peintre en bâti-
ments, est entré le \A mars à l'hôpital Saint-Louis, salle Napo-
léon, service de M. Paul.
(1) Extrait d'une trës-bonne tbbse de M. le docteur Ghapot-Duvert^ inti-
tulée : De quelques applications de Véleùtridté à la thérapeutique.
— 471 —
Cet hoiiimé à commence Èoti métier dé j^einlré eh bâtiments à
l'âge de quinze ans. Pendant une période de cinq ans, il n'a
éprouvé aucun accident de l^intoxication saturnine. A vingt ans,
il a quitté le pinceau pour être soldat. Pendant treize ans il est
resté sous les drapeaux, et ce n'est qu'en 1861, à trente-trois ans,
qu'il a repris son premier état. En 1867. au mois de mai, pour la
première fois, il fut pris de coliques de plomb, qui disparurent
rapidement ; il resta à peine huit jours à Thôpilal. En i868, nou-
velle attaque, qui, comme la première fois, céda rapidement au
traitement. Il continua toujours son métier de peintre en bâti-
ments, maniant chaque jour la céruse, lorsque vers le mois d'avril
4869, deux ans après les premiers accidents de Tintoxication satur-
nine, il s'aperçut que le bras droit perdait de sa force et de son
énergie ; il maigrissait rapidement. Un mois plus tard, le bras
gauche se prenait à son tour. Néanmoins il continuait toujours à
travailler, lorsqu'au mois de novembre de la même année, il fut
pris d'une troisième attaque de coliques de plomb, qui le firent
entrer à l'hôpital de Lariboisière, et c'est pendant qu'il subissait le
traitement de ses coliques que ses bras se paralysèrent, sans qu'il
lui fût possible désormais de leur faire exécuter aucun mouvement.
Il fut immédiatement soumis à l'influence des courants induits.
ht malade nous dit que M. buchenne le vit et qu'il ne lui donna
pas grand espoir de guérison. En effet, voyant que î:on état ne
s'améliorait pas, notre malade quitta l'hôpital Lariboisière et quel-
ques jours après il rentrait à Thôpital Samt -Louis.
Voici quel était son état au tnoment de son entrée. Nous aVons
été frappé tout d'abord de la teinte jaune-pâle que présentait le
malade et de son étal d'amaigrissement ; ses gencives étaient décolo-
rées, usées et détruites dans certains points, ses dents étaient chance-
lantes. On y remarquait aussi un liseré bleuâtre, phénomène carac-
téristique de l'impivgnation saturnine. Ses bras étaient pendants le
long du tronc, les poignets fléchis à angle droit, les doigts infléchis
dans la paume de la main.
Après avoir fait découvrir les bras du malade, nous avons con<^
stalé une maigreur extrême des muscles du bras et de l'avant-bras.
Les muscles de la main, qui, au dire de M. Duchenne, sont ordi-
nairdmeot respectés par Tintoxication saturnine, étaient frappés
également et surtout la région thénar. L'attitude du pouce au repos
musculaire n'était plus la même qu'à Tétat ordinaire; son méta-
carpien s'éiant placé sui* le plan du second métacarpien, sa pulpe
regardait directement en avant comme les autres doigts. A la place
des muscles qui foitnent l'ëminence thénar, nous avons trouvé une
dëprefision énorme . Tous les muscles du bras étaient amaigris, le
malade ne pouvait plus fléchir l'avant-bras sur le bras. Le del«
toîde ne nous a pas paru atteint; le malade exécutait encore des
mouvemeats d'élévation de l'épaule. A l'avant-bras, l'amaigrisse-
ment était surtout évident à la région postérieure ; le relief musco^
laire avait presque complètement disparu ; on y voyait une sorte
d'enfoncement entre le radius et le cubitus.
— 212 —
Le malade ne pouvait pas se servir Jcsc« bfas; les seuls mouve-
ments qu'il (louvail exéeuter liaient, comme noiiâ l'avoiis di^jà dit,
dcsmouvemeolsd'ùlévalion de l'épaule. Dans les muscles malades,
nous ne pouvions oblcnir aucime conliaclion avec l'appareil d'in-
duclion, men i\nc l'appareil fût gradué an maximum.
L'étal cacticciiquc du malade, le liséré blenàtie dci gencives, les
altaqucs de coliques de ploml) auldiicui-es, l'abolition complète de
la coniraclililé électro-musculaire uous ont lajt admettre Une para-
lysie saturnine des mcmliri'S supérieurs avec amaigrissement IrËs-
Avancé. - j
Nous avons immédialemént sjoumis Je, hfialade à t'influence des
courants continus avec 20 éléments de^ noire pile.
Lemmlcd'électrisation éUit jU^^M^viuit : ,/
Nous avons appliqué nos éWcl|od^al!érnaliïemenl' sur la face
"postérieure des bras et louj"iii-> !iv('(:''4i'-'"rn\iranl9 asccutlants. Le
malade a fié éleclris'^ doiJin- U' .n'- i-mv. réyulièremeiit pen-
dant dix minutes cliaquo |<m:i ' '■ . ■\:^A est le résultat que
nous avons obiciiu :
La paralysie a cessé dans lés miig(:)és tlii In'âsj qui ont repris de
la viect de la vigueur; le malade exécute mainleiianl tes mouve-
ments de flexion et d'cxlension.
La flexion de^ doigts a cessé ; le malaile peut rc'Ievur ses poignets
'et fermer ses doigts. L'amaigri ssêrtieul coramonce à dis'pai'ailre,;
lesmusclt's ont repris un volume ibtible i)e cului i|u'il:i avaient a»
moment où le malade est entré à l'Iiopilal. La coniraetilllé électro-
musculaire est complètement rcVçnuc. ,^^' ^ ', , •, ;
Le maladeest en bonnevijJel^^Mmân. bii lui appliqué tou-
jours les courants conlinus.
Obb. il Fournier, Ado1plie,q(urantet4un(Teans:, peintrcenbàli-
ments, est entré à l'hôpital Saint-Louis, salle Napoléon, le 16 avril
186% pour une paralysie des deux' bras.' :,■
Ce malade commence à seize ans son métier de peintre en hiti-
ments. A vingt ans il devient soldat et fait deux congés; Pendant
qu'il est sous les armes, il a au Sénégal des coliques sèches et plus
lard la dyssenlerie.
Alite Ititurlian.en 1849, il a la vérole, manifestée par un chan-
cre, qui n'a été suivi d'aucun ai^ident par suite d'un traitement
approprié, traitement mercuriel au dire du malade.
Ënlin en 1858 il quille l'armée et reprend son état de peintre en
bilimcnts. Pendant deux ans il n'a eu aucun accident. Pour la
première fuis, en 1860, il est pris de coliques de plomb et entre à
i'iiôpital de la Charité, oii il est guéri dans le service de M. Pelle-
lan. Dix mois plus tard il a de nouvelles coliques. Elles se sont
ainsi répétées à trois ou quatre reprises diiférentes, et alors avec
des douleurs violentes dans les membres et à la tâle. Mais tons ces
accidents disparaissaient sous l'influence tlu traitement qui lui était
a;>pliqué.
- 'irs -
En 1868. il enli-e dans le service de M. Bernulz ù la Piti^, pour
une nouvelle attaque de coliques àe plomb accompagnées de dou-
leurs 1res -violentes dans liis mcmhre?. Apres qirclques jours de
Irailcmenl, les coliques et les douleurs disparaissent ; mais alors le
malade commence à s'apercevoir que ses bras perdent de leurs for-
ces, ses doigis ne peuvent presque plus le servir, et bi)>nl6t ta pa-
ralysie devient complËte. Pendant trois mois, M. BernuU soumet
ce malade à l'inHuence de courants induits. Peu à peu la paralysie
■lisparalt cl le- malaile quille l'hApItal parfaitement giidri ponr rcr
pretidrc f^on ouvriige", - - ' '
Enlin le 16 avril 186^^ notre malade étant occupé à badigeonner
une devanture dé màriiha'nil tiè" vin, voit loiii à coup son pinceau
lui iomhei' des mains, ' ' "" '" ''"'" ' ' ' "'
Ne |iouv;iiii ],lus ïù siN>'ii 4'' ^çs liras, il entre ii l'Iiôpital Sainl-
Louis, salle Nu|>(il<-i>ii. tei \ici^ do' M.' Duinnnlp.-tllier. Pendant des
■DOIS entli'rs, nn lui lait chai|UL' joili' nui; a|i|iIii;nlion des courants
jnduils, rn.iîï ^iiicuiii' aiiit'']ii>r:iiui'ii iic se |Frb(luit dans l'dtal du
""tnalaiic. M. Duivii>nl|i;ilIliT lo pri'<i>iile ;i M. DiLcIii'nneqni l'électrise
pinsîcurs tVpLs lLii-[ii(nin>. iM;ii.- h coulruclililé tiluclro- musculaire
élail c')inj>li!<eiiH'nl ^Imlii' lUns les muscler |iaralys(ls, et elle ne
revenait ims ; aloi-s M. Diicln'iiiu' finii pnrrcnoin'er à la guèiison
«(engagea le in^ladi.' ii m' frtiri> iilîicer'à Bitèlre.
M. Peler, ayant icin])l;ici\ itans le service, M. Dumontiiallier,
lën^ede nouveau l'influfiin' iIl^ ri.'!LTl?irilc sur colle 'paralysie ré-
'frai;l'«irB jiisqu'fllois :tu\ i-omauls îiidiiiis. ' iMais il ne fui "pas plus
heureux nue son iiiédca-^tfur, ul n'obliiil aucun résultai.
ne jioiivail s'aider en aucune ina-
6es mains, un iDMrrtiîcr élnil cliargi: de lui donnera
manger.
ËnKn M. le douleur Paul pi-end le service au moisde décembre ;
voici 'q^iel était fétat^tlin 'malade ad ntoinent où nous l'avons
oboervé .■
Les poignets tombent à angle droit sur l'avant-bras, sans qu'il
soit possible au malade de les i-elever ; les doigts sont fléchis dans
la paume de la main et le malade ne [icul les étendre.
Tous les muscles de l'avant-bras et de ta main sont paralysés.
Sous l'influence des courants induits, nous ne pouvons obtenir
aucune contraction dans les muscles paralysés. II y a peu d'amai-
grissement. La main droite |iarallélrc un peu moins malade que
la gauctic.
Nous appliquons immédiatement les courants continus, et c'est
au courant ascendant que nous avons recours.
Tous les deux Jours nous faisons, une séance de dix minutes
avec vingt éléments de notre pile.
10 février 1870. — Le malade commence à exécuter quelques
mouvements du poignet, les doîgls ne ïont plus fléchis. Nous avons
de nouveau expluré l'état de k eontraclihté électro-musculaire par
<)ct courants interrompus. v
Côté giivche. — La sensibilité au contad est abolie. Le cubilat
— 274 —
cuU'aiuii \^ uoig(iet eu se contractant. L'extenseur du petit doigt se
contracte ; les autres ei^tenseurs se contractant moins bien, La con-
traction par action réflexe est plus énergique. Les fléchisseurs se
contractent mieux.
Côté droit, t— Les extenseurs sont très-faiblement contractiles.
Les supinateurs etleculntal sont tràs-contractites; Tabducteurdu
pouce se contracte ; les fléchisseurs se contractent bien.
Nous retrouvons ici Pordre dans lequel réapparaît le mouve-
ment dans les cas des paralysies saturnines, puisque^ de tous les
muscles de Tavant-bras, les extenseurs des doigts sont les muscles
qui ont le moins gagné, tandis que les fléchisseurs, le cubital
postérieur et l'extenseur du petit doigt retrouvent le mouvement
d'une manière beaucoup plus manifeste que l'extenseur com-
mun.
Nous continuons avec persévérance à électriser, et chaque jour
im mieux sensible s'opère. Vers la fln de ms^rs, nous trouvons que
les mouvements sont complètement revenus dans les membres du
côté droit. Le malade se sert de sa main aMssi facilement qu'avant
sa paralysie ; il serre très-énergiquement la main qu'on place daiis
la sienne, ce qu'il ne pouvait faire auparavant.
Mais du côté gauche l'amélioration est un peu moindre; le ma-
lade cependant relève un peu son poignet, on sent qu'il ferme
assez énergiqueraent ses doigts, mais pas aussi bien que du côté
droit.
D'un autre côté, toutefois, la contractilité électron-musculaire est
complètement revenue. Tous les muscles se contractent d'una ma-
nière énergique sous rinfluence des courants induits.
Au moment où nçus écrivons, le malade n'est pas compléteqient
guéri, il est vrai, mais le côté droit a recouvré complète logut, ^
mguYen^nts, le côté gauche lesarepi'is en partiei et* eoipmer^mé-
lipration contitme^ ngus i;ie doutons pas que dans un advenir pro-
chain la guérison ne soit complète.
BÉPEBTOIRE MÉDICAI,
REVUE DES JOURNAUX
pulmonaire. La courte note qu^
publie M. Gastan renferme deux olj-
servations : l'une empruniée à M. S eux
père ei tirée du Marseille médical
{2a avril 1^09). l'auire tirée de sa
pratique personneUe* Ainsi que l'au-
teur \t recoùnaU loyalement, son ob-
servation est moins »igniticative quo
celle de son confrère de Marseille.
Uu^ jeune iillo de divtiuU an:i épouse
un phthisique dont elle partage eoo-
sUmii^ent la cbacubre el le lu. Ët|e
accouche^ au bout de dix-buit mois
environ^ d'an enfant mort-n^. Deux
ans plus lard, elle met au monde ai
eu£ant vivant qu'elle vQulat fillailer;
mais bientôt les signes ùç. tul>erc|i«
lisalion pulmonaire se prononcèrent,
et la malade y succomba au bout de
quatre mois. Pendant ce temps, la
pblbisie du mari faiideâ progrès, mais
— 275 —
moins rapides que chez la femme» et
en est à la période de ramollissement.
Or, celte femme ^vait présenté, dans
son eqfance, des signes de i»croruIes ;
et la nais.<ance d'un enfant mort-né,
la cirpouHiancB d'une seconde couche
suivie d*ailaitementj peuvent avoir
ajouté à une ancienne prédisposition.
Dans Tobservation de M. Seux, une
femme mariée q vingt-sept ans a, dans
l'espace d'une vingtaine d'années, un
certain nombre d'bémopty&iâs sans
gravité; mais, à partir de l'époque
de la ménopause, les signes caracté-
ristiques de la pbtliisie se déclarent.
Les crachats deviennent abondania,
les sueurs nocturnes es^cossives. La
maladie, néanmoins, marche .lente-
ment. C'est dans ces conditions que
son mari, d'un tempérament sanguin,
bien portant jusque-là, n'ayant au-r
cune disposition aux affections thora-
ciqqes, ne comptant aucun tuber-
culeux dans sa famille, oq l'apoplexie
cérébrale avait fait plusieurs viclimesj
suivant un bon régime hygiénique,
ipais partageant le lit conjugal, eut
une hémoptysie, bientôt suivie d'à-
roaigrissemfnt, de fîëvre. et suc-
corona à la phtUisie cp treize ou qua-r
torze mois, tandis que sa femiqe, cïiei
qui Taffectiou a duré quarante aps^ a
survie V treUe ans à son mari.
Les faits de cet ordre ne sont pas
très-rares. Nqu^ en avons, nour notre
part, observé plusiours; et nqus en
connaissons on, entre autres, où une
sorte de contre- épreuve e>l venue dé-
montrer lu danger de la cohabitaiioa.
Le mari, pris de (pux et d'amaigris-t
semeot pendant la vie de sa femme
atleiute de phlhisio, revint rapide-
meqt à la santé à partir de son veu-
vage. Et pourtant aeux considérations
principales sont de nature, en dépit
de tout, à mettre le doute dans l'es-
priL D'abord celte répétition du mal
ne s'observe jamais qu entre époux , et
Ton ne voit pas la phlhisic passer,
par exemple, du fils à la mère ou du
urè^e à U sœur, i^^algr^ une vie en
commun des plus étroites. Kn sorte
que, si la contagion était possitilo^elle
semlUerait exiger absolument la co-
habitatiaii nocturne et le mélange
des haleines. Serait ce bii'n là une
coatagiou dans le sens riffoureux du
mot^ avec lu caractère uécessav'e de
la permanence de l'espèce morbi(ie
dans Tacte de la transmission? Ou
ne serait-ce qu*une infection dont les
eflfets divers compteraient seulement
parmi leurs modes possibles la IuUt-
culisation ? Et, de fait^ on voit soi)"
vent la cohabitation avec un phthi-
srqne amener dans la santé des dés<»
ordres auxquels les fonctions respi-
ratoires ne paraissent aucunement
participer : ramaigrisseroent, la diar-
rhée^ 1 inappétence, etc. En second
lieu, l'absence d'antécédents hérédi-
taires chez ceux qui paraissent pren-
dre la pbthisie par contagion est
beaucoup moins aisée à constater
qu'on n'a l'air souvent de le penser;
et cette simple mention, tant de fois,
répétée, que, a il n'y a pas du phthi-
siquedans la famille » |te nous satis-
fait que médiocrement. Que de phthi-
sies torpides ont porté un autre nqm 1
m les iriinsfurmalions que subissent
les maladies héréditaires dans leurs
migrations ? lît les sauts que fait l'hé-
rédité par-dessus uqe génération?
Que de difficultés et que de causes
d'erreurs! Qui saitsi^ déduction faite
de ces circonstances, la rencontre de
deux conjoints phthisiques ne serait
pas asseï rare pour pouvoir s'expli-
quer sinipiement par le hasard ?
En somme l'opiniu^ de la conta-
giosité du la phtbisie pulmonaire, eq
dehors des conditions expérimentales
si remurquablement déterminées par
M. Villemin, peut être raisonnal^le^
ment soutenue, mais ne nous semble
pas encore établie irrévocablement.
lMonfp*!Uier médical, fév. W\, et
■T <1
Tétanos tranmatiqsie;. tri»l-
tement pur l<^» iMilHai f)li<|ia<ls
e( pr^ilofigé* v% l^ suilftllpii \
^[iiériHOii mplfle. Le docteur
Martin de (*e<lrQ a un^ th^oriç qui
consiste à admettre le tétanos comme
une affection de nature rhumî^liiimalQ
siégeant dans l'appareil lousci^Uire et
^n dans l'appareil nerveux, et ayant
toujours pour cause le refroidisse-
ment. A ce rt^froidissemept, le doc-
teur Martin de Pedro oppose les bains
cl^auds et prolongés et Ui sudation à
leur suite.
Obs. — L.e cas, observé par le doc-
teur H amon Sagostuma, eat celui d'une
fvmmu de cinquante ans, de tempéra-
ment nerveux, qui avait éprouvé uqe
entorse de l'articulation tibio-tar-
siennc gauche. 11 s'en était suivi une
iuûamnialion et un gonûemeni in-
tenses qui avaient été traitéa par le»
répercussifs et le repos.
ttuit jours après, la malade se leva
liWT recevoir quelques personnes qui
lui étaient venues; elle eut chaud, et
— 27« —
f,
Uaos cet état elle subit un refroidis-
seroenl causé par des courants d'air.
Quatre jours plus tard, l'aggravation
des douleurs articulaires t'obligea à
se remettre au lit. i^ar le fait d'un
niouvemeiit brusque imprimé k son
pied, il lui survint des crampes vio-
lentes qui s'étendirent rapidement du
pied à tout le corps et déterrainërerit^
a la suite de contractions successives,
le trismus et l'épislhotonos.
Opium à haute dose^ antispasmo-
diques^ belladone en. topique, aggr^r
vation progres.sivp,, .rélenjllQn d'urine^
céphalalgie gravatjve, irisoronie t^aur
teur, appelé en consultation^ proposj^
de remplacer le traitement déjà ero4
lové, et qui avait été inefficace, p^V
es bains à haute température. A peipfe
plongée dans un bain à 40' d'cj^réss, la
malade éprouva une .sen^aliot^ ,.<^
bien-être inexprimable, elle (deni^nda
même de réchauffer l'eau ait. niveau
du cou ; elle y séjourna une heure. ^t
quart. Apres le bain, enveloppement
dans le lit et sudation modérée^ snmr
meil pendant la puil, pas U moinclfr«
menace d'^alUtque convùlaiye. te len-
demain prostration et fatigue, H^idiié
douloureuse dans plusieurs régionjs;
bain à 58 desrés, que cette fôL» .I9
malade trouve trop chaud, et dans le-
quel, au bout de cinq minutes, elle
éprouve une défaillance qui Toblige à
se retirer. A partir de ce moment,
amélioration graduelle, conyalesceuce
commencée au sixième jour, giiérison
au douzième.
Cette observation nous parait èiré
une des plus encourageantes que noiis
ayons lues à propos du traitement du
tétanos; nous ne voudrions pas en
diminuer la valeur, mais nous nous
demandons s'il s'agit bien ici d'un té-
tanos traumatique. Le point de départ
de la maladie était une entorse et no»
une plaie ouverte Une telle lésion est-
elle un véiitable traumatisme, et tes
accidents auxquels elle peut donner
lieu ont-ils la même gravité que ceux
qui suivent les blessures avec perte
de substance, broiement et désorga-
nisation des tissus et présence de
corps étrangers dans les organes?
(Gaceta med, de Grenada et Gaz,
méd. de Paris, 187i, n» 14.)
Do loi saignée dans la pra-
tique obsiéiricale. M. F. Bar-
ker est un transfuge de la méthode
des saignées, qui, forcé par l'expé-
rience, revient en partie à l'ancienne
pratique. Sans contester le rôle de
l'anémie dans la grossesse, ni les in-
dications thérapeutiques qui peuvent
en découler, il maintient que remploi
des évacuations sanguines dans la
grossesse et dans certains accidents
puerpéraux n'est pas absolument
commandé par Vétat particulier du
sang. Il croit que, dans le cas même
d'hydrémie caractérisée, il y a avan-
tage à diminuer de temps à autre, et
par faibles doses, la quantité de liquide
en circulation ; et l'on ne peut s'em-
pêcher de remarquer, à ce sujet,
qu'Âl;^ a quarante ans, quand on sai-
gn9it totites les femmes grosses, et
pitfjtôt deux fois qn'ane, on diminuait
d.'ordiBtiee..les étourdissements, les
dpuleurfi ^sle.f'pins. le sentiment géné-
ra) 4e fatigue et de pesanteur, bien
que!, d»n«. le nombre de femmes, das-
seni- M reootntrer nombre d*hydré*
rpiques. Mais tout au moins croyons-
nous que la pléthore vraie et l'aug-
mentation proportionnelle de la fi-
biiino du »ang se rencontrent assex
fréquemment dans la grossesse poar
motiver légitimement Vemploi de la
saignée. •:,;
L'auteur établit, plusieurs indica-
tions particulières des évacuations
sanguines, toit pendant la gealatioa,
spitaprë^ l'accouchement. Ces iodi*
calions sont tirées de : i» l'étourdU-
sement avec rougeur «t turgescence
de la face; ^ la pLèthore ; 3o la con-
gestion utérine : 4* la congestion ré-
nale; 5» ce qu'il appelle Vétat sthé'
niquA {sthenio condition) avec batte-
mefils violents et précipités dn cœur,
dyspnée. an|^isse précordiale, suenr
de la fnee ; 0» rni^mie avec convtd-
sions; 7« (es affections inflamma-
toires intercurreutes ; 8» certaines
formes de fièvre puerpérale; 0« la
manie puerpérale. Vous nous bornons
à mentionner ces indications qu'il
serait trop long d'apprécier ici. (Tht
MeUic* Record, 16 janvier 1871, cl
Gaz. hebd., 1871, n» 8.)
■ ■ I ■■ ■■■■■■ ^mm
JLne noawrlle opéra tlan
pour la cure radicale de
l'ongle incarné. Il y a des pro-
cédés, si nombreux pour la guérison
de l'ongle incarné, qu'à défaut de
Texpérience on pourrait bellement
conclure qu'aucun d'eux n'est souve-
rain. Celui que propose un chirurgien
américain, M. F.-B. Lawson, possède
au moins le mérite de Toriginalité.
L'auteur fait sur le milieu de Ton-
gle et dans toute la hauteur une inci-
sion en V dont la base est au bord
~ 277
il la pointe à la lunule de Ton-
enlëve ainsi une portion trian-
B de l'ongle comprise entre les
ncisions; de plus, il coupe obli-
ni les bords incarnés. Enfin, il
à l'aide d'une suture de fil de
s deux bords de l'incision en V.
L*ongl6 est ainsi diminué dans sa
largeur. Le docteur Lawson a pra-
tique ce procédé depuis trois ans^ et
toujours avec succès. {The Médical
liecord, 16 janvier 1871 , et Gaz. hehd.,
1871, no 8.)
TRAVAUX ACADÉMIQUES
■ncar flbro«cysti«|ae de
§;anche ; perforation de
roule orbitaire ; g;*^"
I* M. le docteur Giraud^Teutolh
n d'une commission dont il f»l^
irlie avec MM. Verneiflièt Trô-
donné lecture à la Société d'e
^ie (séance du 23 joli^ 1-8l0)
rapport sur une obserWatiDn
intitulée, adressée par le dO<3<>
lasgana, chirurgien dé Tlidpftal
e Smyrne. "-"^ ^' •• «
sujet de celte obser^tion efâl
mme de vingt-six ans^ lympha*
chez laquelle l'apparition -cTe la
r. fut précédée. d'une dépha^
occupant la région sus^orbl-
In eôté gavchc 800S forme d'une
m exercée au fond dei l'orbitei
t* si, disait le malade, on eût
lui faire sortir Ic^. Bientôt se
isterent - une ambhropie gra*
, des mouches vobinles, enfin
énomënes extérteurs d*un exor-
e commençant. Les tissus anté*
du globe finii'enttfar 8*altérer,
née devint opa^iue, s'épaissit,
*a ; la conjonctive^ ild * scléro-
se couvrirent de- bourgeons
lis et d'ulcérations; enfin, au
le quinze mois, le globe entier^
l saillie entre les paupières,
lit à la vue comme une tumeur
De, rouge et saignante, de la
!ur d'un petit oeuf de poule. Le
•ppement de celte exophthalraie
ser la céphalalgie proprement
nais il resta des douleurs lanci-
; dans la tumeur, assez fortes
roubler le sommeil de la ma-
et qui résistèrent à tous les
is employés pour les combattre,
moment où la malade se pré-
à l'hôpital grce de Smyrne. elle
tous les signes de l'épuisement
>rces La région orbitaire gau-
9it remplie par une tumeur sail-
de la grosseur d'une petite
e. paraissant comprendre tous
sus de l'œil et de ses dépen-
s immédiates. Cette tumeur était
. saignante, inégale, un |h;u
douloureuse au toucher, dure et ré-
sistante à la pression. A la partie ex-
terne et supérieure (environ au tiers
externe] de sa surface, on remarquait
on point noir, terne, recouvert des
débris flasques et ridés de la cornée,
et,, en arrière, l'ouverture pupillaire
dans laquelle se reconnaissaient les
Vestiges d'un cristallin opacifié; en
dehors des traces de sclérotique al-
térée ; en un mot, on eût dit que tout
îe ^lobe oculaire avait été refoulé et
aplati dans cet angle par la tumeur
développée en arrière de lui. L'aspect
était, à s'y méprendre, celui des tu-
meurs cancéreuses ulcérées, sauf eu
un point très limité, Tangle interne,
oh la tumenr était lisse et humide.
La paupière inférieure, déprimée,
adhérait par tout son bord libre à la
tumeur et ne pouvait en être déta-
chée* la paupière supérieure, au
conthaire, pouvait, du moins par son
bord libre dont les cils étaient con-
servés, glisser sur la tumeur, dont on
là' séparait aisément avec le manche
d'un scalpel. Les sourcils étaient re-
foulés en haut, à peu près à 2 centi-
mètres et demi au-clessus de leur
situation normale.
La malade réclamait l'opération,
surtout à cause des douleurs lanci-
nantes spontanées dont la tumeur
était le siège et d*un sentiment de
pression in tra- orbitaire intolérable
qui la privait complètement de som-
meil Dans une consultation qui réu-
nit un certain nombre de médecins et
de chirurgiens, indigènes ou étran-
gers, l'avis unanime fut qu'il 8*agis-
sait d'une tumeur cancéreuse ulcérée,
r^éaumoins, sur les instances de la
malade, M. M asgana consentit à Topé-
ration, qui fut pratiquée de la ma-
nière suivante :
Une incision de 5 à 4 centimètres
prolongea la commissure externe des
paupières en se dirigeant oblique-
ment un peu en haut et en dehors ;
une seconde incision prCv<que verti-
cale partit de l'angle interne de l'œil
et fMl conduit'.! de la carQ^c.vi\<i V\'^-
— 4*38 —
qu'au-dessus et en dedans du sourcil.
La paupière supérieure fut disséquée
assez fiicilement^ grâce à son peu
d'adhérence, l't le chirurgien put
ainsi remiinter sur le frontal jusqu'à
2 ceniimclros au-dej^sus de l'arcade
sourcilierc osseuse. 11 coinmeiiça
alors, nvec beaucoup de précautions,
le décollement de la tumeur de la ca-
vité orbilîiire, eu se servant du dos
du scalpel ei «le Tonule du doigt indi-
cateur l'eiitlanl ce décoll>menl^ la
tumeur, très- tendue, se. rompit brus-
quement bous la pression de l'ongle,
et un jet assez notable de liquide
jaune vcnlàlre fut lan^'é à une assez
grande distance La tumeur s'affaissa,
mais tn même temps i^e miiuifesla
une véritattlc héitiorrhagit:, Kn por-
tant .<on doigt dans la cavité, le chi-
rurgien s'aperçut que la voûte orbi?
taire était percée d un trou qui lais-
sait pénétrer facilement le doigt
indicateur jusqu à la moitié de Ta
deuiième phalange d^ms la cavité crà-
n^tinne, où l'on sentait parfaitement
rencéphatu.
A peine le doigt fut-il retiré que,
Sar cette ouverture^ s'échappèrent
eux lamelles de substance céré-
brale ayant chacune une longueur
de 2 à 5 ceuliinetres et une largeur
de un deoù-ceulimèlfe environ, l/hé-
morrl)ag^e coniinuant toujours^ i^
chirurgien se h^ti) de terminer en dis-
séquant plus rapidement le reste de la
tuineur et eu empoi tant avec e|U toute
la paupière inférieure qui fitihéritit au
ky^tc. U raiiatlil la paupière supé-
rieure, sans faire de suture, ei il bour-
ra la cavité béante de charpje iiv-
bibée d'eau. Ues compresses d'eau
glacée furent ai pliquées ^ur le tout,
et la malade, épuisée, fut reportée
dans ïou lit, oii on lui lit boire quel-:
ques cuillerées de vin vieux et de
bouillon.
L'examen microscopique montra
que la poche était constituée par du
tissu (ibreux comme celui de tous les
kystes séreux; il n'y avait pas de
trtce de cellule cancéreuse.
Les suites de l'opération furent des
plus SHtisi'uisantes : les douleurs ces
sèrcnt; l'hémorrhagic s'arrêta d'elle-
même. Pour la première fois, depuis
longtemps, la malade put goûter le
sommeil. Les pansements qui, sui-
virent au t)Oul de quatre jours l'en-
lèvement du premier appareil, con-
sistèrent en lavages à ^a décoction de
rat^ohia et en applications de charpie
imbibée du même liquide. La cicatri-
sation de cette vaste plaie, la répara-
tion des pertes de substance des pa-
rois orbitaires par hourgeonneroenl
charnu, la reconstitution de la ma-i
lade, demandèrent trois mois euvi-:
ron. [Un. mëd., 1870, n" 85.)
EmpoiMonnementpar l'am*
monlaquc U< e intéressante com-
munication de M. CaNtan à la Société
de médecine de Montpellier a pour
sujet le fait suivant :
Un indusiriel dirigeait un appa-
reil Carré, destiné à produire artifi-
ciellement de la iîlaoe, et il;ins lequel
le gaz ammoniac dégagé et liquéfié
est évaporé en vase clos afin de pro-
duire un froid intense. U resta ex-
])0s6 de cinq à dix minutes à une
fuite de gaz, f:iule de pouvoir ouvrir
immédiatement la porte d«i son ap-
partement. Il éprouva aussitôt une
sulfoc^Ûon extrême, une angoisse gé-
nérale, une sepsation de brûlure à U
gorge, utk ^ea^iment (^ roètstrictiau
épfgaxiriqufi et des vecVipes; desçra-
cliuienienls conliuuels survinrent ra-
pidenieul, ainsi que des vamissaments
de (uatières séreuses.
Quand M. Castjin arriva, au bfiitl
de peu d'instants, auprès du malade,
il constat» aveo le docteur Bringuier^
venvi un p«M plus l^t. les sympidme^
suivants • attattepieni, face pîle, lièda,
sueura pri^fusef, «i'odeur ammciBiiit^
cale; pouls pot|i et fréquent; tem-
pérature normaie ; oppression ; tous
sèche; e^puitian cuntipu^ilo (!»- sa-
live ; iH^ugeur do \;\ bouche et dn
pharynx ; rien (\e particulier |i*ei(
couslaté ni à la percussion, ni à l'aus-
cultation. On prescrit de U liroqi|ado,
une potion {^ntispaamodique et 4^ ai->
naiiismes.
Les mêmes accidents se continuent,
avec peu de changements, neudant
toute la journée ; niais le lendemain,
Tamélioration est sensible. Le mieux
s'est prolongé pendant toute la nuit;
le resserrement épiga;itrique n'a paa
disparu.
Les jours suivants, l^uélioralion
se prononce davantage ; ^n vouiiiirest
administré le quatrième jour à cauAc
des symplûmes gastriques. Un nouvel
accès de suffocation a lieu le huitième
jour, et est attribué à uqe odeur d'am-
moniaque répandue par Tappareil
resté dans le voisinage ; mais cet acci-
dent ne se répète pas et le malade
entre ep voie de guerison.
Les cas d'empoisonuenent par le
- 979 —
nniAnûiQ tout assez rar«« pour
^^ laisse pas passer ioa perdus
C|iii peuvent se primer. Od
^e jusqu'Ici, dans les uuvrages
l« classiques que deu](, repro-
^leoDent dans |6 mémoire de
MaQi qui déclare aussi u'en pas
lire d'autres. Le premier, ob-
par Njfsten, es( iiré de la
{• nkédicale (^e iqnté du SI mai
et If) second de la l^evMe W -
de mô (t. 1, p. '2&'\\. Il est
1er qu'on ne sesoiipas Muvonu
lis relatés par Fédéré cl par
, rappelés p«tr M . Ci*. G«Uier
ion Traité de toancologie (l. |i^
), et des deux observations pu-
Mr ce dernier auteur. Dans
1 elles, il est vrai, deTaramo-
I liquide avait été lalroduite
a iMuche en roème temps qu'il
I eu inhalation excessive de v«-
maiS) dans l'autre, les vapeurs
nificales, résultant de la rupture
laeoa contenant 50 llvrtis dam*
que, n'avaient pénétré dans
ïBàie que par les voies respira r
Les jours du sujet furent mis
nent en danger,
ime ledit très -bien M. Gastan,
énomeues symptomatiques sont
!mes, queTammuniaque sa|t py^
ar les poumons ou par les voles
ives; le gaz etit assez caustique
produire dans la bouche et la
autant d'inflammation que le
[fi de )'j)n)qioaiac|ue liquide^
es cas Qilés par B|, îîaltttT^ lesi
Hises nasale et labiale étaient dé-
( ; une grande quantité de mu-
( SAngijioolentes 9'éGûala\epi d\\
de la bouche. La langue était
ilK§ d*çpithé|iutt. Mj^is pourr
demande M. Gastaoj une con-
SB douloureuse à l'épigastre
\e poison n'a pas été ingéré 9
confrère ne se contente pas dû
et sympathique », et il a bien
. 11 croit seulement^ sans vou-
mner Texplication, que ce phé •
le se raltachje aux angoisses res-
ires et a son siégç dans le dia-
ne. Nous ne savons, et on peut
a remarqua qu'on le retrouve,
I moins marqué, dans d'autres
salions pi\r .les. g]i)%. nu^mme^t
eide carbonique! îjais une re-
vient k réspm ! Est-on bien
e. Blême (HiNW'fiflica»o|k Tarn-
que est inhalée, elle n'esi pas
Dgérée? Uoa.ç^ajjye ^o)(jaiie.em-
boucbo. et Té* m^tiadê, Tait' des
eoBlinus de déglutition. Gom-
ment Vammoniaque ne serait-elle pas
avalée ?
L'auteur est frappé dSine autre
particularité : i^'est l'immunité appat-
rentO'des bronches et des poumons
chez son malade. Il en a été de même
dans une des observations de M. GaN
lier: mais dans l'auire, oh le sujet
succomba, raulopsie révéla des signes
d'une vive phlegraasie dans l'aibre
respiratoire jusqu'aux plus petites
ramiticrilions; on y note même des
fausses membranes '(?). L'observation
de IVystep a fourni des résultais né?
crosGopi:|ue8 analogues. Toutefois,
nous inelinons à croire que la vio-
lent*) constriction du larynx sousTac-
tion du gaz irritant empêche en
grande partie celui-ci de pénétrer
plus avant ; et peut-être faut- il attri-
buer à Tasphyxie une partie des lé-
sions constatées à l'antupsie dans les
bronches et dans les poumons. (Alont*
pether médica', novemliire 1870, et
Qaa. hebtt., 1811, n« lu.)
Traitement du létan«is par
le chloral M. Destival, élève en
médecine, rapporte M. Liégeois, fut
blessé à Moulmédy par un éclat d'obus
qui lui enleva le tendon d'Achille. Au
dix^liuitlème jour de la ble>sure le
tétanos se dérlara ; huii jours après
Tapparition de cette complication, on
observa une contraclioii Irès-violmle
des muscles Ihoraciques qui dispa-
raissait et repiiraiÂsait « ces muso^^^set
le dtapliragine étaient tr'esrdouloureux.
J'allai voir M. Ueslival, et j'emportai
avec moi du chloral fourni par Kon-
tfiine (de Paris). Le trii^mus e.xisiait;
insomnie complète depuis cinq ou six
jo^F8. Déjii le çhlcur^l ^vait é^é em-
ployé à la dose de 8 grammes par
jour et sans succès; on avait égale-
ment administré Vupium et l^acétato
d'ammouiaque. Je donnai o grammes
4e chloral. et le malade dormit. A
partir de ce moment, pendant huit
joorSy dès que le malade s'éveillait,
on lui donnait du chloral et du
bouillon La moelle restait donc. com-
plètement en repos. La dose fut de
6 à 10 grammes de chloval par jour.
Je revis le malade dix jours apr<ïs le
commencemeutdu Iraiiement : il avait
du délire; je fis cesser le chloral, et
le délire disparut. Le malade est au-
jourd'hui guéri.
M. Guénioi a vu un cas de tétanos
terpiiné oar la guérison chez un sol-
dat blesse, li» 2 décembre, fi l'avant -
bras droit. Dès le onzième jour dt*. U
— m) —
blessure, insomnie et soubresauts Kncore la poudre d« cam-
fnusculaires dans Tavant^bras. M. . phre dans le tralcement de
Daavé fil des injecUons de morphinii la peurrltnre d'hôpital. De-
qui procurèrent du sommeil^ mais ne puis sa prernière communicalion faite
firent pas cesser les soubresautsl Au ' sur ce point important de thérapea-
qiialorziëroe jour, tétanos. M. Dauvé tique cbirurgicale , commun ieatioB
enleva des esquilles et donna le ctUo-".> dont nous avons rendu compte dans
rai à la dose de2 grammes. Le^ptaié- notre dernière livraison, M. le dœ-
nomènes tétaniques cessèrent de. s*ac- teur Netler ^ adressé, à TAcadémie
croître ; mais il restait toujours" de dès sciëiices uYie nouvelle note conflr-
la roideur des mâchoires. Jusqu'au malive de la première. L'auleur y in-
25 décembre on donna le ehloral; ie dique quinze nouveaux succès, dont
■ 1. <
grammes de ehloral : aroeKo^ ' iiroigÏDem
ratioft. i*oi8>je prescrivis 2- gramvaes-- cation v
de poudre de Dower pendant quatre Nous avons tenu à insérer ^anf-re-
jours : sueurs très-abondantes. Le . tard ce complémenjf donné par
14 janvier, le màtadê élàil guîéri '^è"' M. Néttllr^à dà cottiTniîiiicatiôn précc-
son tétanos. Les esquitlesavaltnt'j^é^^ "d^têi^ >Bfîn"'d'^ligtfg^r' n<^ cOflffrbn>s
terminé les soui)resHui^.:«MisculaH'e8=.i:i «Mimtttre, è. iV),co«siott, le moyet
'^bqporabi^
mililalrc
leur propre
culiëre de tétanos qu'iila m^icatiûiL; eapéHeoee, <t à en ;fiiire^eoirnàUre'i«B
\Soc. de chir., séance du. 15 féiv..da:B;s . ; T^Kit||f)t§^,. {^Comptes KBnflu;t hebd. de
Ga», hebd,) l'Accul, des sciences AHTI. n^ M,)
'1'
''■ ■'•';:■ T. ■' -•■•■■ ■ '!'• ".:' '/'ji ^^'.'*■^ 'cf'''.' '-'ti '--v '■ ':<:^'"-
I
VARIÉTÉS
.' • ■: ■ t- •:■, - • ■ :>■ f. ■■. .' ■ '. »r;.«i '■ i/î". .'.il- ''' '• v*^ In.i. i
• ' :; ■ ■ . . . '. - ■ . = I I -. 1 ...'.' ■ •!;.•' I ;l .■»!'■ »
Hyslène publique. — Itaiiport; «nr Mm 4^Hintéeiîondem Ï6cmn\ mt-
feelé0, durant le «légév' auk perftonriéii aticttii«f« àc WalnWl'éîi
coutil ffleu «en.
; 'i .- • :1 . ■■■ ■•.■>; ;'i VI.
(Commissaires: uif. Bussy, Laugicr. Né.lston ; r^^en^ rapporleur>)
L'Académie noas a chargés, Ulf . Bussy^ Latigiér, Nélaton et moi, de loi
soumettre les moyens d'assainir les divers locaux qui, à titre d*ambulaooes,
d'infirmeries temporaires, etc., durant le long siège de Pans^ ont rtçti le»
personnes atteintes de maladies iHfèclleuses. -''
Depuis assez longtemps déjà, on admet que ces affections sont traiismissibl
par des êtres vivants, germes, spores ou ferment», de roiorophytes on de ml
crozoaires ; aussi, les efforts de la science se sont-ils dirigés vers les
chimiques susceptibles d'attaquer ces organismes rudlmentaires et de détrni
leur vitalité, afin de prévenir ou d'arrêter la transmission des maladies conta
gieuses.
Dans plusieurs séances du Comité consultatif' d'hygiène et do service mé —
dical des hôpitaux, les moyens à employer pour atteindreine but 4)nl été expo
ses et soumis à des discussions approfondies, que- iiott.'paarra consulter dan
les procès -verbaux de ces séances. ' '•'^ ■!'!.'''
Mettant en parallèle le chlore et les hypochîèrttc^; î|iii"^(îctuenl une désii^
feclion véritable en décomposant les gaz infects, et l'acide phénique d'applv "
— 281 -
cation plus récenle, qui prévient ou arrêlc les fermentation;^ putrides en dé-
truisant la vitalité des êtres^ agents principau!^ dej.ceiS fermentations, on a
comparé les effets obtenus avec ceux que Ton pouvait attendre 4'agents chimi-
ques 1res -énergiques^ oxydants ou vénéneux, capables de brûler oii dé faire
périr les roicrophvtes f^t microzoaires. . ..
- De son cdté» une c«immi8:iion spéciale >a;- été chargée, (lar la direction de
l*Assi$tance publlquéi dîè"pré(jiàtér' ort traVa^lisurles tnesùi^s à prendre au mo-
ment de rendre au service, g'é()éraV les saitles affectées aux cholériques de l'épi-
4émle en i«C5 et 1866^ ; ; . v ; . \
M. J. Regnaald, directeur de la Pliarmàcié oeiifralé, membre de l'Académie
1de médecine, fut nommé rapporteur de lâi 8oàs-cônimis$iion, et invité à résu-
jner, soys la formc^ conrisf>\ f^l^^, jij^tructlonj. les pf /[;s,?i:ipM6its relatives les
unes à l'assainissement des localilÔK^Ies^autPes ayant pour but de purifier les
; G'e&%ilel>n$embJife fe ^^^^J;Jés|;r^ que nous allons
/Mlrair»- les .roQygQs.qnivseiQ^lQfil.fiiiQir ei|.iej(pliLt& id9 salaces ; et d'abord^ nous
lies dans les
les locaux
personnel
-^es infirjiiers diairgè. de la désinfectioitide^ ôlïjets de literie a été générale-
ment éxeatpt dès'^ttdhtes dû 1^^ en faveur
des moyens ator^ adoptes,' et inîs en pratique depuis lors, pour assainir les
locaux dépendants de l'assistance publique où avaient été reçus les varioleux ;
ensuite nous ferons connaUre un fainf^s- remarquable, démontrant l'action
non désinfectante directement, mais antiseptique de lacide phénique, constatée
par unacommission du conseil d'bygiènèiiiublique et de salubrité du • éparte-
raent delà Seine^ dans une occasion oh tous les autres moyens désinfectants,
notamment le chlore et les hypochlorites, avaient échoué.
An nombre et au premier rang^ des agents destructeurs qui peuvent atta-
qaeret détruire les gerip^s jqfej^ti^u^^^ôn pjest, j^ccordé à recommander Tacide
bypo-azotique, parce que, dans son action énergique en se réduisant lui-
même à l'état de gaz bioxyde d'azote neutre^ celui-ci emprunte aussitôt à
l'air ambiant de Tespacé clos deiix éqiiivâlents d'oxygène^ se reconstitue à
rélat de vapeur nitreuse acide et reprend son énergie première. Ces transfor-
OMtions se répètent un grand nombre de fois, tant qu'il rtste dans le local des
ittbslances organiques à détruire et dans l'air continé de l'oxygène libre.
Toutefois, on ne saurait méconnaître que, l'emploi des produits donnant
lien à la production d'abondantes vapeurs nitreuses corrosives, très-vénéneuses
pour Thomme, de grandes précautions doivent être recommandées aux gens
chargés de ce travail.
Avant de procéder au dégagement des vapeurs nitreuses, on doit calfeutrer
soigneusement avec des bandes de papier collé tous les joints des croisées et
des devantures de cheminées, et plus particulièrement encore les issues qui
pourraient communiquer avec des chambres habitées.
Pour chaque lit et l'espace correspondant d'environ 30 à 40 mètres cubes^
on emploiera les doses suivantes :
Eau 2 litres.
Acide azotique ordinaire du commerce. . 1500 grammes.
Tournure ou planure de cuivre 500 »
- M« -
On aura dispoài^ d'avance, (tour ces doses, autant de terrines d'titie coblè^
nance de 8 à 10 litres^ qu'il y aura de lits ou de ca]}acité de ^ à 40 ttbtftt
cubes dans le local.
On versera dans chaque terrine Teau et l'acide.
Gommençani alors par la terrine la plus éloignée de la porte laissée lafge-»
ment ouverte, on posera successivement dànn chacune des terrines, sans tfop
de précipitation, les 500 grammes de tournure de cuivre, enrérmé& dans ùfl IM
de papier grossier, et en se rapprochant de la ^orle. Celle-ci sera auéiltAt
fermée, puis calfeutrée avec soin.
Les choses seront laissées en cet èlat pendant quarante-huit heot*eâ.
On comprend que les réactions de l'acide Sur le calvrë donnant lîeii âi la
formation de l'azotate de cuivre et du bioxyde d*azote^
4 (AzQS.IlO) + Cu = S (AzO»,(îuO; + 4HÔ + AzO^
ce gaz, transformé aussitôt par l'oxygène, remplit l'espace de vapeurs ni-
Ireuses rutilantes, ÀzO^. Lorsqu'aprës avoir laissé réagir pendant quarante*
huit heures cotte fumigation, on veut ouvrir les fenêtres, afin delaisier sof'
tir les vapeurs délétères, cette dernière opération pourra s'effectuer bim
danger, mais à la condition Je munir l'opérateur d'un appareil Galibert* CM
ingénieux appareil a élé maintes fois employé avec succès dans des oiroonstat'*
ces analogues, depuis que l'Académie l'a signalé à l'attention pttbliqMt es éè*
cernant à rinveuteur une des récompenses de la fondation Montyon. On saM
qu'a l'aide de l'appareil Galibert il est facile de pénétrer dans Ira méltngsi
gazeux insalubres ou toxiques, et d'y ajourner pendant un quart d'heurti
même en y travaillant, sans que la respiration alimentée par un résenroir d'air
.su fusant y éi^rouvc une génc sensible.
Un procédé d'assainissement de semblables locaux, d'une exécution bfitt
plus facile, bien moinn dangereuse et moins dispendieuse, parait offrir dii
garanties d'efficacité aussi grandes, fondées sur des expériences démonstra-
tives. On le réalise par l'emploi de poudre siliceuse, ou même de aoiare dt
bois, imprégnée d'un tiers de leur poids d'acide pbéoique pur.
Ce mélange, 1 kilogramme d'acide phénique plus 3 kilogrammes d'excipiant
placé dans des terrines disposées comme nous venons de le dire> suffit, en
vertu de la diffusion de cet acide faible, pour remplir spontanément Tespaai
de sa vapeur, qui manifeste bientôt sa présence dans toutes lea parties de la
salle, par son odeur assez forte et caractéristique.
On a pu même, eu en ménageant les doses, employer cet acide» disaitu
dans vingt-cinq à trente fois son poids d'eau, en aspersions joarnaliëres sar
le sol des chambres ou salles des ambulances et les draps des lits dea maiadast
Un très-grand nombre d'expériences de ce genre, faites sur une vasH
échelle dans plusieurs villes d'Angleterre, oui montré la diminution oa la
cessation de certaines épidémies locales, coïncidant avec l'appliealiou deae
procédé ; ces résultats, communiqués par M. Grâce Galvert au cuttseil d'hy<*
gièue publique et de salubrité du département de la Seine, s'accordait d'aiK
leurs avec les faits nombreux rapportés par M. le docteur Julea LemitAtt,
mettaient en saillie les propriétés utiles de ce produit de la distillâlioi dli
goudrons de houille (1).
(1) L'acide phénique a été désigné par plusieurs savants qui se sont occtt**
Mais enflti èta pouvait toif danà c«& f^iU pMti uhe coïncidence qu^unê dé-
iDonstralion rigoureuse. Voici ub foit qui prouve Tefficacité de ccl agent anti-
septique dans des conditions où d'autres^ parmi ceux qui étaient cunsldérés
comme les meilleurs, avaient échoué.
G'étftit à roccâ3îon de la désinrectioil de la Morgue durant les chaleurs de
l'été, alors que les cadavres en pleine putréf)iciion produisent et dégagent
conlinuellemeniuiie telle quantité de gaz infects, quelavenUlatiOri était Insuffi-
Mnte pour les enlever, comme le chlore et les hypechlorites étalent impuis-
sants pour les détruire ou les transformer en produits inodores. Il ne restait
à tenter que le moyen de tarir dansleui* source les produits gazéifurmes de la
(Hltréfaotion, en détruisant la vitalité de ses agents et suspendant ainsi la pu-
tréfaction elle-même; telle fut la mesure adoptée pai^ la commission spéciale.
En dissolvant un litre d'acide phénique liquide dans un réservoir qui con-
tenait t900 litres d*eau ordinaire servant à l'irrigation des corps, la suppres-
sion de la fermentation putride a été complète.
La désinfection a même été obtenue lorsqu'on eut réduit de moitié la dose.
f Ainsi, dit le rapporteur, M. Devergie, il a suffi d'une eau phéniquée aux
quatre millièmes environ, pour obtenir, durant les fortes chaleurs» la désin-
fection de la salle des morts, sans l'aide d'aucun fourneau d'appel, alors que
six ou sept cadavres séjournaient dans cette salle. »
En résumé, il paraîtrait donc convenable d'employer, pour la désinfection
des salles ayant reçu des personnes atteintes de maladies infectieuses, Facide
phénique cristallisé ou liquide, blanc, diaphane (1), soit dissous dans vingt-
cinq ou trente fois son poids d'eau, pour humecter légèrement de temps à
autre les planchers, parquets ou carrelages et les escaliers, durant le séjour
des malades dans les salles, soit mélangé à l'état pur dans la proportion d'un
tiers environ àvéC des corps pulvérulents; silice ou sciure de bois, pour faire
dégagera froid, après ^évacuation des salles et durant quarante-huit heures,
dans nne salle bien close, assez de vapeur pour Imprégner fortement l'espace,
sauf à ventiler énergiquement ensuite pendant trente-six heures au moins, en
tenant ouvertes toutes les issues, avant de livrer ces locau!ii à l'habitation (2).
-*■-■•■'■' '■ -'■• ' — -- ...--Y.
pè& dé son étdde àoUS les noms Muivaiits : acide carboUquet hydrate de phé-
nyUy phénol, atCOOt phénique, Spirotj ialiCone, M. Ghevreut, k propos d'une
communication de M. Calvert à l'Académie des sciences, s'est élevé contre ces
dénominations multiples. Ceux qui pensent* a-t-il dit^ que les difficultés
inhérentes aux sciences naturelles sont assez grandes pour ne pas les augmen-
ter n'hésiteront pââ à blâmer lèâ dénominations irréfléchies données à un
même corpâ.
(i) L*acide phénique, liquide à la température ordinaire, incolore, diaphane,
que l'on trouve dans le commerce, est un mélange d'acide phénique,
Gl^H*0,HO. cristallin, fhsible à -h B5 degrés, et d'acide crésylique. Nous
nous sommes assuré que ce mélange d'acide cristallise lorsqu'on abaisse sa
Isflipératnre au-dessous de zéro.
(2) Quant à l'assainissement du mobilier et des objets de literie, voici com-
ment il s'effectue, d'une manière convenable, dans le service de l'assistance
publique : les matelas, tvant d' être cardés, sont soumis aux fumigations ni-
treuses dans les salles aux heures où ces fumigations doivent avoir lieu ; les
- 284 —
Voici comment s'effectuent actuellement les fumigations chlorées auxquelles
on expose les linges, matelas et autres objets de literie, d'après les dernières
dispositions indiquées par M. Regnauld.
Dans un sac de toile forte ayant une capacité de 1 litre, on introduit
500 grammes de chlorure de chaux (mélange d'hypochlorite de chaux et de
chlorure de calcium du commerce, ordinairement à 100 degrés) ; puis on ferme
solidement le sac à Taide d'une ligature. Ce sac est mis dans une terrine con-
tenant 1 litre d'acide cblorhydrique ordinaire (densité, 1150) etS Iitresd*eaa;
dès que le chlorure se trouve ainsi graduellement en contact avec le liquide
acide, on ferme toutes les issues de la pièce où Ton a suspendu les matelas, et
on les laisse exposés au dégagement gazeux pendant vingt-quatre heures; pois
on ouvre Isrgcment portes et fenêtres pendant quarante-huit heures. Dix
terrines dégageant 500 litres de chlore suffisent pour désinfecter vingt à
vingt-cinq matelas plus ou moins contaminés.
Académie de MénectKE. Dans sa séance du 12 avrjl dernier, TAcadémie a
élu : membre associé, 11. le professeur llartins, de Montpellier ; et membre
correspondant, M. le professeur Dupré, de Montpellier.
LéGioM d'homnedr. Par décret du 22 janvier 1871, ont été promus ou
nommés dans l'Ordre de la Légion d'honneur, sur la proposition du ministre
de la guerre, pour services exceptionnels :
Au grade d'officier : M. le docteur Alphonse Guérin, membre de TAcadémie
de médecine, chirurgien à l'hôpital Saint- Louis, et chef d'un service de chi-
rurgie à l'hôpital militaire Saint-Martin pendant le siège de Paris;
Au grade de chevalier : M. le docteur Panas, professeur agrégé à la Faculté^
chirurgien à l'hôpital Saint-Louis, et chef d'un service de chirurgie à l'hô-
pital militaire Saint-Martin pendant le siège ; M. le doeteur Guibout, médecin
à l'hôpital Saint-Louis, et chef d'un service de médecine à l'hôpital militaire
Saint-Martin pendant le siège.
NECROLOGIE. Mous avons le regret d'annoncer la mort de M. le docteur Mi-
tivié, médecin honoraire de la Salpéirière, qui a succombé le 22 janvier dans
sa soixante-quinzième année; et de M. Leblanc père, vétérinaire, membre de
l'Académie de médecine.
couvertures, traitées de même, sont ensuite nettoyées suivant les procédés
ordinaires de blanchiment. Tous les objets en laine peuvent, sans inconvé-
nient, éire immergés durant plusieurs heures, comme le linge, dans les caves
contenant 1 partie do chlorure de soude, représentant 200 degrés chloromé-
triques et 3 parties d'eau ; les lils de fer peints à l'huile, les buffets^ tables de
nuit, sommiers, poêles, sont soumis d'abord à la fumigation nitreuse dans la
salle oii cette fumigation a lieu ; ils doivent être ensuite soumis ai un lavagfr
avec la solution de chlorure de soude.
Pour les articles non signés : F. BRIGHETËAU.
i
— 285 -
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
TrAltenieni de l*cpllepflie ;
Par M. le docteur Aoo. Voisin, médecin de riio^pice de la Salpétriëre (i).
La thérapeutique de Tépilepsie comprend : i® le traitement de
Tattaque ; 2° celui des accidents qui suivent les attaques, les ver-
tiges^ etc. ; 3^ celui qui a pour but d'empêcher le retour des phé-
nomènes morbides; et 4° le traitement de la maladie elle-même.
i® Traitement de l'attaque. — Dès le début de l'attaque il faut
placer Pépileptique dans une position horizontale, à terre ou sur
un lit bas, exhausser fortement la tête, débarrasser le cou de tout
ce qui pourrait le serrer, et éviter que le malade se blesse. Si Fé-
pileptique se mord la langue, il faut s'efforcer de la repousser
d'entre les dents; mais il faut se garder d'interposer un morceau
de liège ou de bois, un linge, car on a vu des épileptiques dont les
dents coupaient tout ce qu'on mettait entre leurs dents et qui pou-
vaient l'avaler. Si Fon met des corps plus durs^ on s'expose à ce
que le malade se casse les dents. Lorsque la salive mousseuse est
très-abondante^ il est bon d'incliner la tête sur le côté pour qu'elle
puisse s'écouler dehors. Lorsque Tattaque est survenue, toute in-
spiration de subsistances excitantes est inutile.
La compression des carotides a déjà été employée un grand
nombre de fois avec succès ; son but étant d'empêcher la conges-
tion cérébrale par atonie des vaisseaux artériels et veineux qui suit
la contraction des mêmes vaisseaux, on doit l'employer au moment
où l'attaque va entrer dans sa période convùlsive.
J'ai eniployé aussi avec succès deux fois un moyen que Brown-
Séquard a recommandé : flexion aussi énergique que possible de
l'un des deux gros orteils.
Besson a relaté un procédé assez singulier, essayé depuis plu-
sieurs années au manjcôme de Rome, par Solizetti, d'après la mé-
thode de Guido Borelli : avec l'index et le pouce de la main gauche,
il fait un arc étendu et l'applique contre les régions temporales.
(1) Cet article^ que nous devons à l'obligeance de l'auleui*, fait partie de
rtrticle Epilepsie du Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie pra-
tiques (t XIII), publié par J.-B. Bailiiërc et fils.
TOMK l.XXX. 9« LIVR. 2?>
puis il place le pouce de la main droite dans l'espace qui est immd-
dialemenl inférieur à la luhciu.'ilc de roccipital. A Taidc des mains
ainsi appliquées, il exerce une compression vigoureuse en ap-
puyant fortement, dans le canal sous-occipital, la pulpe du pouce,
et en la portant de bas eti haut t*t d'arrière en avant. Ce mouve-
ment s'exécute au moment où les doigts de la main gauche com-
priment les régions temporales, refoulent le crâne dans un sens op-
posé à faction du pouce, et oMigcnt ainsi la tête à décrire un arc
(ie cercle en dehors et ep bas de l'axe spinal. Solizelti trouve Tex-
plication des succès obtenus par ce procédé dans les propriétés at-
tribuc^s à la moelle allongée. L*épitepsic a son siège dans le ))u1be,
et est produite par une accumulation d'électricité qui se fait dans
çetie portion Je moelle ; la coni pression du bulbe aurait pour effet,
en raison du mouvement imprimé h Tallas, d'interrompre l'accu-
inulation du fluide et de ramener Téquilibrc dans les centres
nerveujt.
La ligature fies membres a été employée dans le cas de séries
d^altaques, et dans le but d'empêcher la succession répétée d'un
grand nombre d'accès. Ce moyen parait agir en soustrayant rao-
inentanëment à la circulation générale une quantité considérable
de sang^ et présenterait tous les avantages de la saignée sans en
avoir tous les inconvénients. Quoi qu'il en soit de rèxjdication, il
a parfaitement réussi^ entre autres dans un cas relaté par Piégu.
{jorsqu'un épileptique a l^habiîude de tomber la tcte en avant,
il est bon de )ui faire porter continuellement un bourrelet; lors-
qni'il se luxe l'épaule dans ses attaques^ bri s'efforcera de nîainle-
nir je bras le long du tronc pendant Taftàque^ ou bien on doit
fixer sur lui uti appareil contejtiHt des luxations de l'épaule.
Lori^qu'on assiste à un î^ccès, il faut s'efforcer de prévenir où Je
çlimÎQuer l*asphyxie. Or le nieilleur. moyen est, pour cela, de faire
inhaler du cWorofortne , de verser sur la face de l'eau froide et île
fléchir énergiquement ^n gros orteil.
i*» Traitement des accidents cotj^écutifs aux attaques. — Lors-
que les attaques, les vertigeS; sont suivis de céphalalgie, de stM-
peur, de malaise général, il y a avantage de donner des baios de
pieds stimulants (Valleix) ; si les signes de congestion vers la tête
sont très-marqués, si surtout le malade a eu un certain nombre
d'dtt&que» qui se sont ré|)élées datis un court int€rTalle» une appli-
cation de sangsues derrière lès oreilles, à Tanus ou aux malldofies,
est utile, en même temps qu'il faut donner un purgatif. Lorsque
les attaques sont suivies de délire, d^ëgarément, d'agitation Aia-
Iliaque, do fièvre^ on se trouve toNJours hien d'appliquer à la nu-
que, le plus haut possible^ un vc^sicatoire que Ton doit cnti'etenir
pendant quelques jours, de donner du sulfate de quinine^ de la di-
gitale^ du calomel à dose fraclionnée, et des purgatifs.
Pour parer au délire maniaque qui se produit fatalement chez
quelques malades après des attaques qui reviennent en séries au
nombre de huit à dix, quelquefois moins, j'emploie avec succès,
depuis plus de trois ans, à Bicètre d'abord, avec M. H. Liou ville,
puis à la Salpètrière, le curare k la do?e de 45 centigrammes cl
plus. Voioi comment je procède : dès la première alliKjuc j^injecte
dans le tissu cellulaire sous-cutanc de Tavant-bras cette dose de
curaro en solution bien filtrée et bien claire ; je répète la dose
pendant les jours suivants ; je la porte même à plus de 3 déci-
grammes, et je la donne chaque jour, tant que le malade conserve
un peu de stupeur et de vague.
J'ai observé qu'avec ce traitement ces malades n'avaient plus de
fièvre, d^agitation maniaque ou ne présentaient plus que de l'in-
cohérenoe. Deux fois, pendant une période de quinze mois, je n'ai
pas donné de curare à une des malades ainsi traitées, et, ce.^ deux
fbis^ la malade a été prise d'un accès de manie des plus intenses.
Le curare m'a présenté aussi cet avantage d'empèclier la cépha-
lalgie^ qui survient si constamment après les attaques ; un malade
ne 88 plaignait plus d'un sont:iment très-douloureux de constric-
tien de la tête, qui suivait auparavant lès attaques.
J^ai aussi noté à Bioètre, et le fait a été aussi observé par le doc-
teur Bécouket, fuo les épilepti(]ues , soumis au traitement par le
bromure de potassium^ ont ti*ès-rarement du détirc après leurs at-
taques.
3«» Praitsinên^ qui a pour- hut à^empêckar le retour des phéno-
mèneit morbides, — L'épileptique doit éviter toute espèce» d'excès,
toQFt édart de régime; la venue d'attaques n'a pas souvent d'autre
cause. On a dit que la vue d'accès cbei des malades pouvait en pro-
dviro ches d'autres ; je n^ai jamais observé le fait dans mon ser-
vice de Bicètre, mais je l'ai observé sur une femme du service d'é-
pileptiques de lu Salpêtrière.
Il ne suffit pas de dire à un épileptique ce qu^if doit faire *, on
ptiescrira ce qu'il ne doit pas faire : ainsi l'épileptique ne doit pas
prendre des aliments excitants ou des alcooliques ; rester à une
température élevée, dans une atmosphère confinée ; se tenir xvcv-
— 288 -
mobile» expose à un soleil ardent ; fumer^ et surtout la cigarette ;
s'adonner à l'onanisme, aux rapprochements sexuels ; prendre des
bains de mer, ni même séjourner sur le bord de la mer. L'épilep-
tique doit en outre s'efforcer de se rendre la vie calme, dégagée
dVmotions et de passions.
Lorsque Tattaquc d'épilepsie est précédée de prodromes, d'auras,
tels que sensations périphériques, cpigastriques, bourdonnements
d'oreille, hallucinations, on a cherché souvent a en empêcher l'ex-
plosion, mais on y est rarement parvenu. Cependant^ dans le cas
d'aura dans une partie éloignée des centres nerveux, on a réussi
quelquefois, en plaçant une ligature, en exerçant une compression
entre ce point et les centres nerveux.
Les procédés les plus divers ont été employés dans ce but par
les épileptiques : une ligature un peu forte, manœuvrée quelque-
fois en garrot, et, mieux encore, suivant le conseil d'Odier, deux
bracelets en acier pouvant être serrés par un seul cordon, et pla-
cés à des hauteurs différentes ; chez une jeune fille à début par l'ex-
trémité inférieure du corps, une jarretière portée toute la nuit a
paru avoir une heureuse influence ; quelques malades, pendant que
la crampe est encore bornée à la main demi fléchie, en appliquent
la face palmaire sur une surface plane, et, de l'autre main, pressent
fortement sur le dos de celle qui est atteinte (Herpin).
Les frictions sur les parties où existe Taura, sont encore une res-
source instinctive que Ton peut employer avec ayantage. Herpin a
vu un épilcplique chez qui la convulsion commençait à la base de
la langue, et qui pouvait faire avorter ses accès par une contrac-
tion des antagonistes des muscles convulsés. Le militaire cité par
Odier, dont Pépilepsie dépendait d'une tumeur cérébrale traumft-
tique, empêchait ses attaques au moyen d'une ligature qu'il ser»
rait autour du bras droit, lorsqu'il éprouvait des crampes dans h
main correspondante.
Broca a présenté à l'Académie de médecine de Paris, en i868,
un appareil compresseur imaginé par Rozier (de Bordeaux), et em-
ployé avec succès sur un épileptique dont les crises étaient annon-
cées par une aura se manifestant dans l'index droit.
L'inspiration d'odeurs fortes (ammoniaque, tabac) donne quel-
quefois les meilleurs résultats lorsque les malades sont prévenus
par une aura de leur atta(|uc. J'ai pu aussi empêcher TexplosioD
d'attaques chez des malades qui en étaient prévenus par des auras
épigastriques d'une durée de près d'une minute, en leur faisant
— â89 -
manger une ou deux bouchées de pain. En particulier, chez un
malade dont les auras et les attaques survenaient le plus souvent
aussitôt après son lever^ alors qu'il était à jeun, Tingestion d'ali-
ments a suspendu ces auras et ces attaques du matin.
Je citerai seulement pour mémoire le fait singulier d'un ma-
lade de Bicêtre, sur les épaules duquel il suffisait de monter^ au
moment de Taura, pour empêcher Tinvasion de l'attaque.
L'épilepsie qui survient périodiquement, au moment des règles,
par exemple, ne peut que bien rarement êlre arrêtée par des mé-
dicaments antipériodiques, mais il est bon d'augmenter notable-
ment la dose du médicament aux époques des règles.
La suspension des attaques périodiques par le moyen du quin-
quina a été l'objet de recherches intéressantes de la part Je Du-
mas. CSet auteur avait pensé que^ si l'on pouvait rendre l'épi lepsie
périodique^ il serait possible de la guérir par les anli périodiques.
C'est dans ce but qu'il faisait prendre périodiquement des alcooli-
ques pour provoquer les crises ; puis il suspendait l'usage des al-
cooliques; la maladie conservait sa périodicité n^gulière, et il ia
traitait par le quinquina.
4* Traitement de Vépilepsie elle-même, — On doit toujours sup-
poser, surtout lorsqu'il s'agit d'un entant ou d'un adolescent, que
la maladie peut être produite par la présence d'entozoaircs^ d'un
tœnia dans l'intestin, cl par conséquent il faut administrer des
vermifuges. Nombre de faits prouvent que l'on a souvent ainsi
guéri des malades chez lesquels on ne soupçonnait pas^ au pre-
mier abord, une semblable cause.
Le traitement antisyphilitique est aussi celui que Ton doit em-
ployer avant tout autre^ lorsque l'épilepsie est survenue à partir de
Tadolescencc sans avoir été précédée de phénomènes de nature épi-
leptique; il sera bon certainement d'examiner si les organes géni-
taux externes présentent quelque trace de syphilis ; mais l'infection
pouvant n'avoir laissé aucun signe extérieur, il ne faudrait pas se
fier à Pabsence de symptômes cutanés ou muqueux, ou ganghon-
oairesy pour rejeter l'idée d'infection vénérienne et ne pas em-
ployer le traitement spécial.
Les observations de Tissot^ Locher^ Maisonneuve^ Veigel, Cul-
lerier^ Hardy et Ricord^ démontrent bien que l'on ne saurait trop
porter son attention sur la possibilité de l'infection syphilitique. Et
puis, dût-on se tromper, un traitement anlivénérien n'offre par liiii-
même aucun inconvénient.
^ 990 —
Le Iraitemeut 4u haut nouai n'est pas eeuleioent thérapeutique,
il est aussi hygiénique, et Thygiène des épileptiques doit être UM
spécialement surveillée. Les habitudes, les mœurs, la profesttion
doivent être, en effet, l'objet d'une attention scrupuleai^e de la part
du médecin ; la vie de rëpilepliquo doit être calme, eiemptcd'émo-
tioni$, de préoccupations^ de contrariétés, de causes d'excitation,
de grands travaux intellectuels ; un régime uniforme, même mo-
notone, une alimentation modérée , la continence absolue, lu so-
briété^ l'abstinence du vin pur, de café , de Ihé^ de bière sont de la
plus grande importance.
Tout exercice exagéré est mauvais ; mais les exercices modérés^
et en {>arliculier la gymnastique dite de chambre^ constituent un
bon moyen de traitement ; les bains de rivière sont mauvais en ce
sens qu^un épilepliquu peut se noyer pendant un accès. Une bonne
hygiène du corps et de l'esprit est une des choses qui sont les
plus nécessaires à l'épileptique et qui peuvent le mieux aider à la
gucrison en diminuant l'irritabiliié morbide du malade.
Quant à la thérapeutique proprement dite de l'épilepsie, elle est
entrée depuis une vingtaine d'années seulement dans i|ne voie
certaine. — Afiirmée à cette époque par Herpin (de Genève), le pre-
mier, la curahilité de l'épilepsie est devenue aujourd'hui une cer-
titude.
C'est au bromure de potassium que Ton doit maintenant les plus
nombreux succès. Employé pour la première fois en Angleterre^
par Laycock, en i8ô3, ce sel a été d'abord employé en France par
Bazin, Hardy, et a donné de beaux succès entre les mains d'us
grand nombre de médecins.
Le bromure de potassium doit être pur, exempt d'iode et de
chlore. Il doit être donné quelques moments avant le l'epas^ à des
doses variant de2 à iî grammes et plus par jour^ et très-lentement
progressives ; mais comme les doses à employer peuvent varier
beaucoup chez les individus, suivant Tàge, la constitution, la force,
j'emploie depuis plusieurs années un moyen qui m'a donné ks
meilleurs résultats et qui consiste dans Teiamen de l'état de la
nausée réflexe que l'on produit en introduisant une cuiller jus-
qu'à Tépiglotte. J'ai remarqué que l'on n'était réellement arrivé à
la dose thérapeutique du bromure de potassium que lorsque Ton
avait supprimé la nausée réflexe ; c'est seulement alors que Ton est
certain d'agir sur le bulbe cl de diminuer sa foi-co excito-motrioe.
J'ai été assez heureux pour voir ce critérium d'action tbérapeH-
iiqmin hromuro do pûlafisiuni $p{irouvé par M. Cl. Bç)'i)9tr4 4fW^
4f|« leçons au Gollégo de France. .
L'iilpdi) d'aMU'Câ phënomèncs réflexes, tels que \e l^vmoicimei^t,
)a touxj réleriiumânti parn^el austii de suivra i'acUû^i du mé^ïçs^r
mcmi sur le buibe çt la n^oella épiniàro.
Lorsqu'on a supprime la nauléq réflefie^ If) médicaïue^U jfm ivii
plus être augmenté, mais il duil ù\\a douu^ avec perràdv^rance ci
continuité pendant des années eqlj^res, lori»4i)e la iT)alaç|ie s^i^^q^r
liore ou guéri l. Au bout de deux ap« d'atnéburalion ou de guérir
«on, le mcdicament u'a plus bf^soin d'ôlro administré tous les
jours, mais tous les deux^ trois ou quatre juur^^ pourvu qu^ Vox\
s*assure que la naMséo réflexe est toujours abs^rit^, C'est sculem^at
après un ^rand nombre d'aqnées passées sans pl^éponaènes épiljpp-
tiques quç Poq peut peisser le traitement ; ipai§ ay^nt ce mui^ent
radministratioq du reipède doit être toujours uo^linue. L'iplçn-
mittenca est uqç grande faute; à la naaladie cbroQiqMe, il fani une
médication çbronique. l^^ bmmure de potassium doit rester presr
que un alirrient pour Tépileptique qu'il a guéri.
Certaines indications tbérapeutiquq^ propres au l^ropiur^ d^ pQr
tassiupa ir^e fout toyjours biqp augiiror de son a<2tipn d^ns l^pi-
lepsie t ainsi I4» Ypapifest^tiops hypnotiques^ la lassitude géqéralcL^
la facilité et la prontplitude avec iaqi|el|e dispavftjt la napsée ^^é-
0exe, ractioq Apti£^pbrodi|ii^qu|) son^ lUi meilleur Augura Iqrsv
«|u'oq trai&9 un épilçptique pai' le brppnuro dç potas^iupi, tipy^que^
au contraire ^ TfUîUon antiapbrodisiaque, bypppUqup, sédative,
est nulie^ lorsque la nausée ré(lexe est lente à disparaître , il esit |i
croire qu6 1^ bromuri^ m pro4uira aucun e(fjpt et qu'il f^udvH r^^-
courir à une autre médication.
Le bromure de potassiurri {Jautctre Qrpplpyé Hvec ^vap^ga dap^
toutes les formes d'épilcpsic, idiopathique, symptgniatiqu^i cpu)roç
daps lç8 ca^ d^ pUénomèpes épileptiforipesj iqôme lorsqu'il^ ^
lient à l'idiotie^ au crétinisnic ; non pas qu'il puisN lea gufSri)*
tous, fPAi^ il pÇttt tous les amender^ et la raispp pn ^»it (p^e p^y-
t^iologique : tout pbéponavua cpnvuliiif du gtiurp Ppftpptiqu§ étftut
le produit d'un« i,')caltatiou do la forcp ei^ciioi-iiiptrifîe 4u |)ultoi Ip
brpuïurM dii potassium ptîut tuujours |-4tt4pueri li^ «AllllPr> (iiupti
ie suspendrp, Mftis ç» reçopumandant l'eipplpi du bvppftwi'fl dfl po+
tassiura de préférence au^ auirps médipamentSi pour ipui# i|ilB^
tion convuUivc du g^niiî épijeptiquc, j^ qouiidpr^ que ppp ^i\\\\i
c>i plus graudo PAcorc ti^m lit» ^M où Tépilppsi^ «i»t idipp^lbiiiHi^v
— 292 —
dans ceux où elle est le résultat d'une grande impressionnabîlité,
d'une exaltation de la sensibilité , dans ceux oii elle a été produite
par des émotions vives, des impressions pénibles^ la peur^ Tona-
nisme, les excès vénériens, dans ceux enfin où elle est la consé-
quence héréditaire de névroses, telles que Thystérie, la chorée,
Tépilepsie même ; du reste, si le bromure de potassium ne guérit
pas toujours, il atténue le plus souvent la maladie, diminue ou
même supprime presque Téréthisme nerveux, les secousses, les
soubresauts si fréquents chez lesépileptiqiies.
Le bromure de potassium peut supprimer les auras, tout en ne
faisant pas disparaître complètement tes accès. Il agit moins bien
sur les absences et les vertiges que sur les attaques.
La proportion suivant laquelle je suis arrivé à suspendre les phé-
nomènes épileptiquesest devenue de plus en plus grande depuis que
j'ai trouvé ce critérium de la nausée réflexe ; en effet, tandis que,
en 1866, je disais avoir suspendu la maladie dans le quart des
cas, j'obtiens aujourd'hui ce résultat chez la moitié des individus
adultes traités ; chez les enfants, au contraire, la proportion des
succès est à peine d'un quart.
Pidoux et G. Séc pensent que le bromure de potassium ne gué-
rit pas répilepsîc, et que s'il suspend ou retarde les attaques,
c'est en les remplaçant par des préludes, des accès incomplets.
Cette opinion ne saurait d^abord résister aux observations déjà
nombreuses qui constatent la guérison sans qu'il reste trace du
mal ; et puis il faut bien savoir que le principal indice de guéri-
son de l'épilepsie consiste en ce que les attaques arrivent à être
remplacées par des préludes, des accès incomplets, de même que
l'épilepsie confirmée est toujours précédée^ pendant un certain
temps, par des préludes et des accès incomplets. Aussi lorsque,
sous l'influence d'une médication, un épileptique n'a plus que des
accès incomplets et des préludes, on doit le considérer comme sur
la voie de la guérison complète.
L'administration du bromure de potassium réclame^ lorsqu'elle
doit être continuée longtemps, quelques précautions^ sans les-
quelles on est exposée la nécessité d'en suspendre l'emploi. Ainsi,
des diurétiques doivent être régulièrement donnés pour favoriser
la sécrétion urinaire et l'élimination du bromure de potassium par
les reins et pour empêcher certaines éruptions cutanées du carac-
tère le plus désagréable pour les malades. Le fer doit être fréquem-
méat associé Au bromure de potassium pour empêcher l'aiiémie^
— 293 —
la cachexie qu'il produit à' la longue, et certaines affections de mau'-
vaise nature survenant chez les individus qui en prennent de hautes
doses pendant plusieurs années.
J'ai observé que le bromure de potassium réussissait en général
moins bien chez les enfants que chez Tadulte^ peut-être parce que
IVpilepsie de l'enfance est plus souvent liée que Tépilepsie de Tâge
adulte à des états congénitaux des centres nerveux, à des lésions
cérébrales de nature scrofuleuse, tuberculeuse, ou bien parce que,
le médicament étant très-rapidement éliminé chez eux , le cordon
médullaire est peu impressionné, et les actes réflexe^ dont j'ai parlé
ne sont que difficilement supprimés. On peut, chez des enfants de
deux à trois arfs^ employer des doses de 50 centigrammes à 18^50 ; de
cinq à dix ans, des doses de 2 à 5 grammes, et de dix à quinze ans^
des doses de 3 à 42 grammes. Le bromisme, que j'ai à plusieurs
reprises observé chez des enfants, et qui se caractérise par de l'a-^
battement, de Pinappétence, une grande prostration des forces, du
catarrhe pulmonaire, n'est jamais grave lorsqu'on suspend aussi*
tôt le médicament. Chez Tadulte, au contraire, le bromisme se ma-
nifeste par les phénomènes les plus graves de catarrhe pulmonaire,
d'adynamic ou bien d'ataxie des plus intenses. L*action du bro-
mure de sodium est la même que celle du bromure de potassium.
Les doses sont un peu moins élevées.
Lorsque l'épilepsie est compliquée de douleurs spinales retentis-
sant ou non dans les membres, il faut appliquer des cautères, des
moxas^ des vésicatoires le long de la colonne vertébrale.
. Lorsque l'épilepsie est accompagnée de stupeur, d'hébétude, de
dilatation permanente des deux pupilles ou d'une seule pupille, d'am-
nésie profonde, de troubles intellectuels, d'hallucinations, d'obscur-
cissement des sens , d'excitation cérébrale, de manifestations in-
stinctives, on retire le plus grand profit d'applications à demeure
de cautères^ de vésicatoires permanents à la nuque, de purgatifs
répétés.
L'extrait de haschisch, à la dose de i à 3 grammes^ produit les
meilleurs résultats dans les cas où des hallucinations terrifiantes
précèdent les attaques et poussent au suicide.
Tous ces moyens doivent être employés concurremment avec le
bromure de potassium. Lorsqu'une épilepsie idiopathique aura été
inutilement traitée par le bromure de potassium, il est inutile d'em-
ployer les autres bromures, tels que le bromure de cadmium, le
bromure d'ammonium^ le bromure de sodium; leur action est
nulle. U faut àlora Uier des préparations métalliques suivant lei
ifiéthodes de Laroche, Frank, Urban^Heim et Derpioi et des médi^'
caments dits vasculaires, concurremment ou isolément, l^s pré?
parations naétalliques, le liac, le sulfate de cuivre ammoniacal, le
nitrate d'argent, qui ohl sur le bromure de iiotassiuin^ pris à haute
dose^ le grand avantage de ne pas altérer la mémoire^ semblent agir
en pénétrant k Tétat moléculaire dann les cellules nerveuses du
bulbe et de la moelle^ en les naétallisanl pour ainsi dire, et en di-i
minuant leur exeitabilité et leurs actions réflexes.
Parit^i ces préparations^ celles de zinc (onyde, lactate, valéria-
nate) sont celles qui ont amené jusqu'à présent le plus de guéri-
sous; elles doivent être administrées une heure après les re|)as,
sous forme pilulairc. La dose initiale journalière d'oiiyde de wc
fieut être, chea les enfants au-dessous de dix ans, de 0,10 par jour,
et peut-être portée à 0,80 par jour> eu trois fois. Au-dessus de dix
ans^ on peut commencer par la dose de 0>i5 pai* jour et aller jusqu'à
6 grammes chea Tadulte sans produire autre chose que quelques
nausées^ un peu de diarrhée, un certain degré d'andmie et de dimi-
nution de fibrine du sang (llichaelis),
Herpin a pensé que l'on pouvait pour ainsi dire doser la quantité
d'oxyde de aine qu'un malade devait prendre avant d'abandonner
ce remède pour un autre, et il est arrivé à conclure que, dans U
pi^mière année de la ^ieet dans les eaa favorables, il faut atteindre
la quantité totale de 3 (grammes aVant d^ renoncer^ et que, depuis
l'âge de deux aha^ dans les cas favorables, il faut administra
45 grammes avant d'y renonoeri et 4)5 grammes dans les eas.à
pronostic peu favorable.
Le iulfaie de tuiure (tmmoniaoal doit être aussi administré sous
forme pilulalre une heure bprès les repas. La dose initiai quoti*
dienne, chea les enfants au-tdeasaus de dix ans est de 0,005 à 0,0t^
àtt-dessMs de diji ans^ elle est de 0,02 à 0,04; on |)eut -atteipdfe
chez un adulte la dose quotidienne de 0,40 à 0,60 *, mais on eit
sotitent obligé de la diminuer ou de la suspendre, à catise des nau-
sées, vomissements, inappétenoe^ diarrhée qui l'acuon^pagnont.
Quant à la quantité totale qu'il faut avoir donné d# sulfate di»
cuivre ammoniacal, pour siivoir si on doit ou non renonqcr au
remède, Herpiti pense qu'elle doit être pour l'enfant de 18 grammes^
et obea l'adulte de 70 grammes.
On fieut employer aussi le euivr^ porphyrisé à la dose iuitialQ
(juoiiJit'une de ) eeiiligranluus vt maximum de à (H-'Htigranuncsi
— 295 —
L'àititanoniure de enivre à )a doise de 1 à 4 centigrdmmes pAr joor a
réussi entre les mains de Belfour, Roussel, Frank et Mercurio.
Le nitrate d'argimi criêiallisé a été administré aux épile^rtiques,
depuis )à dose initiale de i centigramme jusqu^à celle M âO Qisiitir
grammes par joiir. De la Rive et Rayer ont obtenu un ceitaia
Nombre de succès avec ce médicament, qui offre le plus souvent
le grand désavantage de colorer les malades eri bleu, ainsi qu'on a
pu le constater, il y a quelques années» sur cet Américain qui, n(Ki
guéri, était venu demander aux chirurgiens dfe Paris de le castrer.
[jC chlurure d'argent a été employé avec succès par Riceardi
dans quelques cas.
Les médicaments dits vasculaires^ que l'on ))Out employer dana
Tépilepsie, lorsque le bromure de potassium* Toxyde de sine, le
sulfate de cuivre demeuï'ent sans efieis, sont inutiles, sont ia valent
rianc^ ia belladone, Tarmoise.
La valériane est donnée en poudre ou en extrait hydtx>^alcoo-i
lique. Connue depuis une époque très*reculée comme utile dans
l'épilepfiie, elle a été de nouveau recommandée par TissoC^ €Shauf-
fard (d'Avignon) et Odier. L'extrait alcoolique peut être donné chez
les enfants jusqu'à la dose quotidienne de )5 centigrammes, elchea
les adultes de 30 centigrammes. Lé valérianàle d'ammoniaque aétd
employé dans ces dernières années contre le vertige épileptique>
notamment par Michea.
La belladme^ conseillée dans le siècle dernier par Fredin, a éld
remise en honneur par Milrray, Debroyne, Bretonncau, Trousseau^
Leuret et Ricard. Ti-ousseau comptait un certain nombre de gué-»
tisons avec ce médicament lorsqu'il avait été pris avec persévé-
rance ; stussi Trousseau arrivait à donner pendant quinie^ vingt
moisj jusqu'à 20 centigrammes par jour, et ne diminuait ou sus-
pendait que lorsque la dilatation excessive des pupiiles> le trouble
de la vue, la sëcbisresse du gosier^ la diminution de la mémoire
iadiquaient un efiet toxique.
Lorsque la névrose se modifiait, il maintenait la dose adminis-»
trée en dernier lieu, puis la descendait suivant tioe progression
inverse; puis enfin suspendait pendant quelque temps la médica;-
tien pour la reprendre après cet intervalle de repos. Pour Trous-^
seau, une année quelquefois suffit à peine, pour oonnaitre i'in-
fluence de la belladone, et si Tannée d'après il y a quelque
amendement^ il faut insister encore deux, trois, quatre ans;
La belladone est un médicament qui s'applique plutôt, ainsi que
— 296 —
le zinc et le cuivre, à la cure du vertige épileptique; le bromure de
potassium^ au contraire, agit surtout contre les attaques.
Le curare aétë employé contre l'épilepsie, d'une façon ration-
nelle, par Thiercelin, le premier ; ses recherches sont restées mal-
heureusement peu complètes parla privation de médicament, et
peu concluantes par le défaut d'une posologie déterminée. Benedikt
a traité avec succès quelques épileptiques^ mais ses malades n'ont
pas été suivis assez longtemps pour qu'on puisse asseoir définitive-
ment une opinion à leur sujet.
Quanta nous, nous avons fait nos premiers essais à Bicêtre, de
concert avec H. Liouville. Dans une première série de six malades,
tous épileptiques et déments depuis longues années, la médication
n^a pas réussi. Depuis nous l'avons employée et nous Pemployons
chez des épileptiques moins gravement atteints et avons constaté
la disparition à peu près complète de grandes attaques chez cer-
tains malades ; elle a été complète chez deux. J'ai échoué entière-
ment chez le plus grand nombre; j'ai dit plus haut les résultats
excellents que le curare me donnait dans la manie épileptique.
D^autres médicaments^ tels que le sélin des marais^ le cotylédon
umbilicus, ont été employés avec plus ou moins de succès, par
Herpin, Thossalter, Bullar, Graves et Fonssagrives ; entre mes
mains, le sélin des marais n'a jamais produit aucun résultat ; mais,
pour le cotylédon, j'ai observé qu'il avait agi dans deux cas d'une
façon très-efficace sur l'excitation génitale ; cet effet est-il dû aux
principes ammoniacaux qu'il renferme? Quant au galium^ je ne
l'ai jamais vu réussir, et les succès de Tain me semblent bien dou-
teux, si j'en juge par le récit de malades qui y ont été traités par
ce médicament.
L'emploi des sternutatoires a été recommandé par Laycock :
s'emparant d'une donnée qui découle des expériences de Kussmaul
et Tenner, il considère l'attaque épileptique comme la consé«
quence d'une anémie subite du cervelet ; cette anémie aurait pour
origine une impression que le cervelet recevrait tantôt des centres
cérébraux affectés aux fonctions psychiques, tantôt et plus fré-
quemment de la moelle allongée. Pour modifier cet état morbide,
Laycock pense qu^il est rationnel d'agir sur le système respiratoire
et qu'on ne saurait agir plus sûrement qu'en irritant les branches
de la cinquième paire qui se ramifient dans la membrane de
Schneider. Le mélange sternutatoire auquel il a donné la préfé-
rence, est formé de 5 grammes de poudre d'ellébore blanc et de
— 297 —
60 grammes de poudre de quinquina ; les malades doivent s'en in-
troduire trois fois par jour une pincée dans les narines^ de manière
à provoquer des éternuments énergiques pendant dix minutes, puis
ils doivent renifler de Teau froide^ lorsque les éternuments ne s'ar-
rêtent pas spontanément. Ce traitement ne paraît pas avoir été suiv^
de succès durables, si Ton en juge par les observations de Laycock.
Uéiectricité à courant constant rend quelques services dans le
traitement deTépilepsie, par l'action calmante qu'elle peut exercer
sur les nerfs périphériques et sur les centres nerveux. Le courant
constant affaiblit et épuise Texcitabilité pathologîquement accrue de
la moelle. Des expériences ont en effet montré que dans Tintervalle
de la fermeture et de Touverture du circuit parcouru par un cou-
rant galvanique fort^ l'excitabilité de la moelle est à ce point anéan-
tie qu'aucune excitation portée sur elle ne détermine de contrac-
tion musculaire (Jaccoud).
Ce mode d'emploi de Télectricité, et son application au traite-
ment des névroses, est surtout connu par les travaux de Remak,
de Bcnedikt, de Fieber ; il n'a guère été employé en France^ au
moins à ma connaissance, pour le traitement de Tépilepsie. Quant
à moi, j'ai commencé à en faire usage depuis que j'ai vu mettre
en pratique l'électro-thérapie à Vienne, et je suis arrivé aux résul-
tats suivants :
Le courant constant supprime avec une grande rapidité les points
d'hypereslhésie cutanée et musculaire^ que présentent si souvent
les épileptiques, et qui jouent si fréquemment un rôle important
dans leur maladie.
Ce n'est pas en agissant directement sur les ganglions supérieurs
du grand sympathique au cou, ainsi que Tout fait Benedikt et Fie^
ber, que l'on peut espérer *agir dans Tépilepsie ; aussi il ne faut
pas s'étonner de voir Benedikt signaler l'inutilité de Télectricité
dans i'ëpilepsie ; c'est sur le bulbe en effet que l'on doit agir direc-
tement et non pas sur le grand sympathique; pour cela, j'ai suivi
les indications données par Ludv^ig Tûrck, et je suis arrivé, après
bien des tâtonnements, à découvrir certains points où Ton doit
appliquer les excitateurs de la pile électrique pour faire passer un
courant par le bulbe. Ainsi^ par exemple, j'ai observé qu'un excita-
teur placé sur certains points de la poitrine et un deuxième posé
sur la face ou sur la langue en arrière du V^ ou au menton, ont
produit des phénomènes très-significatifs qui prouvent que le cou-
rant passe par le bulbe.
— 29» —
La recherche de ces cercles, que l'on peut faire parcourir au coti«
ranl constant, amènera, d'après ce que j'ai dôjh observé, des résul-
tais d'une certaine importance; toujours cst-il que les malades
ainsi traités guérissent ou s'améliorent, alors môme que leur af-
fection avait résisté à d^autrcs traitements.
Fiehep a remarqué que les courants constants étaient utiles dans
le cas d'épilepsic vaso-motrice, dans celui de mal comitial Hë à de
la dysménorrhée ou de l'aménorrhée, et dans Fépilepsie réflesa ,
mais à la condition d'appliquer directement le pôle positif sur le
point (iû la périphérie que Ton suppose être le point de départ de
k convulsion^ ou sur l'utérus. Pour Remak et Pieber, les courants
constants interrompus sont utiles dans le cas où l'épilepsie est
acGom^pagnée d'hyperesthésie.
Toute espèce d'électricité autre que celle à courant constant obte-
nue par des piles dites de Remak doit être proscrite; elle est au
iBoins inutile.
Jo n'ai jamais vu obtenir aucun résultat avec la brosse dite
électrique, avec les ceintures électriques, avec les courants d'in-
du€ti<]in.
Gertaines manifestations de Pépilepsie anak)gues à ceUes de la
fièvre intermittente ont fait penser à plusieurs auteurs, et entre
autres à Dumas, à Selade^ qu'il serait bon de faire naître la fièvre
intermittente chez les épilepliques^ et qu'ainsi ili y aurait peut-être
dhanoe de guérir l'épilepsie. Uu fait que j'ai obsesvé de fièvre in-
Darraittente tierce des plus intenses chez un épileptique,, semblerait
prouver qu'il ne faut pas compter sur ce moyen pour la curabilité
du maL^omitial. La malade a bien eu pendant sa fièvre naoins de
vertiges, d'absences et d'attaques, mais la fièvre disparue^ Tafiec^
tioH a repris son cours habituel ; ^épilepsie s'est comportée là
oommedans le cas de toute maladie tibrile intercurrente qui sus-*
pead les attaques. La même coaclusion diûi être tirée d'un 6ul
publié par Girard^ d'une ëpileptfique dont les accès, suspendue deui
fois pendant une fièvre iotermittente quotidienne, reprirent lorsque
la fièvre fut guérie.
Pourtant il ne faut pas oublier le fait relaté par Ricard, d'une
jeune fille qui guérit radicalement de l'épilepsie pendant une fièvre
intermittente tierce.
La gymnastique dite de chambre, les exercices corporels de toute
espèce sont un adjuvant auquel on doit avoil recours, suiiout chei
les enfants et les adolescents qui sont d'une nature très-irritable,
^ 489 -
d'un lômp^ràmetit Irës-tierveut, (\\i\ présèfiletlt de h Maigreur deg
mu§clt?s, un diiveloppoitiont inctthiplet des membi'cs, une (jeHaiii0
étroitcssc de la poitrine, liée à de la saHHe des veines du eou^ du
fVoilt, des tcifnpes^ et à un voiiime disproportiotitlë de la tôte.
J'ai vu à Bicêtt*e et il la SaipêlHèré la gyhiuastiquè ainsi etn-
ployëe produire de bons HsuUats, éh taisaht cesser la prëdomitinnee
dé )â nérrosîté et en rétablissant rét)uîlibrG entre les foUctIotiB orga-
niques.
Rëcarhier a traité avec succès Un épile^tique^ dont lès attaques
étaient annoncées par des auras pëHphérii^ues, par de nombreux
vésîcfttôifos voktits apt^liqUés dahs tous les points oh le tfUilâde
éprouvait dès aut-as.
Lôrsqiic lés épileptiques éprôdvétit dans les metnbt^ en iBèine
(ëniips que le long de la coloiitie vertébrale des douleurs spontanées
et provoquées, l'application de vésicatoires ou de cautères sur les
points dbtiloiifeux du corps et de la crfonne vertébrale f)h)duit le
mérrié effet.
Mettais aurait obtetih de bons effets dé fritHlorts faites sUr (eeUir
chevelu avec la potntnade stibîéd. Plusieurs nialàdes de fiitsètre ont
ét^ ainsi traités pkv mes prédécesseurs, niali aucun n'a g^éri.
Lébtéloh a eltïployé avec succès lé cautère aduel sut* la ré^ioh
sincipitale dans utl cas d'épilëpste. La C(tu!Msation tim pkarynt,
fcôbfcèilléé t)ar Outros et Moreau (de Tours)^ a été en{\Mfée nVec
succès dâhé un cas d^^îlepsib àvêë aiirà pëHphériqué.
^râfik a fait pi'àllqUél* ta (iksiMibtr datis Ut) éàs où fa maladie
pârâîssafl avbir son point de départ daflS les lëstréi^fe^; depuis^
ôéttë opération a été tetjonlniàtidée p&t un tiMnirgieUàméricaiii.
ÏS^âis èet épileptiqué, coloré en bleti par lé nSt^e d'ai^eni, qnt
YoiiUlt se faire caslïer pài* un diirtitgicrt français, a été opéré en
Angleterre sans qiiè ké. maladie tfri ait été ^ûspèiidûe.
Un chirurgien américain a castré un épileptiquequi était adonné
à l^onàhisme et qut aurait éessé d'être épileptiqu«.
Le trépan a été depuis lôngietnps employé dans le traitement de
fépilepBîê. Celte méthode, adttlisë par Arétée^ Fabrice d'Aquapen-
dente, Lamotte, Tissot, Quild, Campbell, a été reitiise eh honneur;
ainsi Mason-Warl^n a trépané dix épileptiques : trois ont gin^Vi,.
deux ont été améliorés, cinq sont morts.
Broca a trépané aussi avec succès un enfafit atteint d'att^uc^ •
épileptiques consécutives à un traumatisme du crâne.
La trachéotomie a été employée par Marshall-Hall contre le mai ^
- 300 —
caduc. On se souvient que cet auteur subordonnait à la contraction
des muscles du cou et à Tobstruction de ToriBce glottîque la perte
do connaissance et les autres phénomènes convulsifs. Aussi il a
pensé qu'en ouvrant la trachée on devait conjurer la strangulation
et faire avorter les attaques. La théorie de Marshall-Hall a été mise
plusieurs fois en pratique en Angleterre; mais, de Tavis des méde-
cins anglais qui ont pu suivre le résultat de ses opérations, ce pro-
cédé n'a aucune action. Russell Reynolds et Wynn William, entre
autras^ ont constaté des attaques chez des épilepliques qui portaient
encoi*e une canule dans la trachée.
Preston (de Calcutta) n'a pas craint de lier Tartère carotide, et
aurait obtenu un succès momentané. Dans un autre cas, où un épi-
ieptique s'était ouvert, dans une idée de suicide, l'artère thyroï-
dienne, Boileau lia la carotide. Le malade guérit de cette opération
et de l'épilepsie.
D'un autre côté, Velpeau échoua chez un épileptique dont il avait
lié les artères temporales et faciales pour le guérir de sa maladie.
La ligature et la section des nerfs des membres dans lesquels les
épileptiques éprouvent des auras bien nettes et bien limitées^ au-
raient peut-être dans quelques cas une bonne influence, si Ton en
juge par les faits de Pontier et de Fabius (ce dernier rapporté par
Portai), et par les expériences de Brov^n-Séquard.
Ce dernier, en effet, a montré que la section d'un nerf sciatique,
qui produit chez un cobaye la faculté épileptogène, amène dans le
. bout central de ce nerf un état morbide qui doit nécessairement
^.produire quelque irritation .dans cette partie du nerf, et que U
c cessation de la faculté épileptogène coïncide avec la guérison
•de^eet état morbide^ c'est-à-dire avec l'atrophie du bout central
idu jserf; eh bien, il n'est pas impossible de supposer que la
.sectioft d'un nerf sur le trajet duquel existe une aura puisse guérir
ii'épilepsie.
.D'ailleurs, il est avéré que l'extirpation de tumeurs d'où sem-
lUaient pactir des auras a amené la guérison d 'épileptiques; c^est
ainsi que Schort a agi chez un malade dont les attaques débutaient
(. iiDAtamment par une vapeur froide partant du mollet. Il découvrit
^2 Vfiiia profondeur des tissus, sur le trajet des nerfs^ un petit corps
dur 'ganglionnaire^ cartilagineux, et en fil l'extraction. Depuis
Tépii. V^'ii^^uérit. Delasiauve a reproduit un certain nombre d'au-
tres ta. ^"^csen^blables dusàCaron, Leduc, Fabrice de Hilden, Lar-
morier.
— 30i —
L'avulsion de dents douloureuses a amené ie même résultat
heureux entre les mains de Malouet, Portai^ Ânglade^ Mosner.
On a dit que les diSeciions psoriques guérissaient^ par substitu-
tion, l'épiiepsie. Je puis répondre à ce sujet que j'ai observé deux
enfants qui présentaient un favus des plus libelles sans avoir été
améliorés.
La thérapeutique de Vépilepsie saturnine intense consiste dans
remploi de la diète et des boissons délayantes ; c'est au moins la
conclusion à laquelle est arrivé Tanquerel des Planches. Dans le
cas d'épilepsie saturnine subaiguê et légère, Tépilepsie cesse dès
que le malade renonce à Temploi du plomb : ainsi pour les ou-
vriers typographes. Lorsque l'épi lepsie persiste au contraire et de-
vient chronique, ce qui n^est pas rare, le bromure de potassium
réussit ordinairement.
J'en dirai autant de l'épi tepsie alcoolique et absinthique ; elle
peut cesser par le seul fait de Tabstinence de liqueurs; mais
nombre d'observations montrent que des individus sont restés épi-
leptiques tout en supprimant Tusage des alcooliques. Dans ces cas,
il faut recourir au bromure de potassium.
Le traitement de YhystétH>''épilepsie doit suivre les mêmes indi-
cations que celui des deux névroses qu'elle réunit en une seule.
S^il s'agit d'un entant prédisposé héréditairement, il faut, à la pre-
mière apparition d'accidents nerveux (éclampsie^ spasmes, con-
fractions), redoubler de précautions pour écarter tout ce qui risque-
rait de devenir une occasion de convulsions, comme les sensations
fortes ou agaçantes, la douleur, l'insolation prolongée, la colère, la
jalousie. Il faut équilibrer les goûts et les capacités exceptionnelles
de l'enfant en cherchant à amener au même niveau les facultés et
les sentiments qui sont moins développés, en ayant soin de sus-
pendre le travail intellectuel et corporel avant que la fatigue ait
amené une exaltation factice des forces (Dunant).
Lorsque dès accidents convulsifs ou spasmbdiques se sont pro-
duits, il faut employer plus souvent des toniques et des reconsti-
tuants que des antiphlogistiques, faire usage de Thydrothérapie,
qui agit à la fois sur le sang et sur le système nerveux^ et des mé-
dicaments suivants : belladone^ asa fœtida, bromure de potassium.
TOME LXXX. 9« LIVR. 20
302 —
THÉRAPEUTIQUE CHIRUR&ICALE
ne rappllcalion locale de ruelle nnlfurlqne dans le trAMemefit
de lu carie et de la iiécroiip de» on;
Par M. G. i'OLLOCK chirurgies i ThôpUal Saiot-Georges, iLo«ilrM(i).
Tout ce qui peut aider à oblonir une élimination prompte et
sans danger des os ou portions d'os mortifiés on en voie de morli-
ûcation, sans intervention instrumentale, ne peut qu^être un bien-
fait pour les malades et un moyen digne du suffrage des chirurgiens.
Ce n'est pas cependant qu'il y ait rien de nouveau dans la propo-
sition de hâter la séparation d'un os mortifié ou en voie de mortifi-
cation par rapplicalion d'un acide minéral énergique. Il n'est pas
un élève qui ne soit familier avec la préparation qui consiste à
priver un os de ses particules terreuses, et à le rendre ainsi flexible
et mou, au point de pouvoir le ployer sur lui-même ou le coup^
avec un couteau. Mais comme agent d'applical}on locale pour ac^
lérer le moment de l'ablation d^ un os qui se nécrose ou rendre plus
rapide la séparation d'un os déjà nécrosé, ou bien pour procurer Ja
destruction de la surface (Pune excavation carieuse et la désagré-
gation de toute la substance osseuse malade qui s^y trouve renfer-
mée, 1 acide sutfiirique ne pai'ait pas avoir été aussi généralement
apprécie qu'il le mérite, ni ses effets né semblent suffisamment
connus. Il réunit plusieurs avantages : cest un agent d'une appli-
C4.tion très-siniple, al)solument sans inconvc^nients e( parfaitement
sur en viiedes résultats indiqués; il jouit de propriétés antisepti-
q^ues manifestes quand on 1 emploie au pansement des cavités os-
seuses malades à suppuration altérée; il est relâtivéniient exempt
d'action douloureuse quand on l'applique sur les os affectés de
carie; enfin c'est chose rare qu'il détermine de rirritation sur les
tisàus moiis environnants.
Ces diverses raisons me donnent la confiance que iquelques ren-
sei'gnements sur l'application de Tacide sulfurique au traiCemenidâ
la carie et de la nécrose des os, et sur les résultats que m^a donnés
son emploi dans un nombre considérable de cas, ne seront pas mal
accueillis de mes confrères.
(1) In the Lancet, 28 mai 1870.
La premiàre fois que mon attention fut attirée sur l'importance
qu'il y aurait à être en possession d'un agent capable, corame l'acide
sulfurique, d'exercer une action dissolvante sur les os malades^ ce
fut dans un cas de nécrose étendue des os du crâne, suite de sy-
philis congénitale, chez une jeune femme qui n'avait pas encore
atteint Tàge de vingt ans. Il y avait plusieurs années que Taciion
morbide, chez cette malheureuse malade, s'était ainsi portée sur les
os. La suppuration était extrêmement fétide. Une large portion du
crâne se trouvait à découvert et se nécrosait; des portions d'os
étaient déjà mortifiées, mais non détachées. Il était évident qu'un
temps encofre très-long devrait s'écouler avant que la totalité de la
niasse malade fût en état de se séparer delà partie vivante et saino
de Pos, si le soin d'amener Tei^foliation était abandonne à la na-
ture. Je n'envisageais qu'avec répugnance toute espèce d'inlerven-
li'on instrumentale tendant à opérer l'ablation des portions d'os
ndfalades, car j'avais été témoin de conséquences fâcheuses et même
fatales à la suite de tentatives pour détacher par une opération un
08 malade de la boite crânienne. IVlais il me vint à l'esprit que si,
an moyeA de Talpplication de Tacide sulfurique sur la partie d'os
dëhndée, déjà nécrosée ou en voie de le devenir, il était possible
d^en effectuer la dissolution ou, la désagrégation d'une manière gra^
dqelle, s^re et exempte de tout danger, on épargnerait beaucoup
de temps et Ton arriverait à obtenir la séparatiqn 4e la masse ma-
lade beaucoup' plus promptément que si elle était abandonnée à
l'action lente du temps. De ce fait, qu'un os détaphé du corps est
susceptible ((e se dissoudre et de se ramollir par l'action de Tacide
sulfurique, je conclus qu'im résuhat ^emblablQ suivrait aussi sûre-
ment l'application de ce même agent sur un os fVafppé de mort sur
un sujet vivant. En conséquence, je me résolus à tenter l'expérience
^t k recourir à rapplîcaition de l'acide sulfurique,
Voici de courtes notes sur un petit nombre de cas^ choisis parmi
iieaucoup d'autres, dan^ lesquels ce mode de traitement a été
ddopté :
' Ow. I. M. M"*^*, âgée de dix-neuf ans, admise à l'hôpitatSaint-
Georges en mars i 865, pour y être traitée de plusieurs ulcérations
îrrégulîères et de mauvais aspect, baignées d une suppuration sai-
nieuse, siégeant sur le front et la région crânienne, et laissant
à découvert une lar^e surface osseuse nécrosée. La mère attribuah
la maladie à la vaccination; mais il ne pouvait y avoir le moindre
dodte qu'elle ne fût le résultat d'une syphilis congénitale^ et cette
eonchraion se trouva confirmée plus tard par ce fait qu'un autre
- 304 -
enfant plus jeune était atteint d'une affection des os du palais. La
malade fut mise à l'usage de Tiodure de potassium à haute dose et
des bains de vapeur mercurielle, traitement sous Tinfluence duquel
l'dlal dos parties ulcérées de la face et du cuir chevelu s'amenda
rapidement, l.cs portions d'os dénudées furent touchées chaque
jour avec une solution d'acide sulfurique et d'eau par parties
égales. Ce moyen accéléra beaucoup la séparation do la totalité des
parties osseuses alfcctées, et la malade se rétablit parlaitement sans
qu^aucunc des portions nécrosées ait été abandonnée à un travail
d'exfolialion spontanée. La totalité se détacha entièrement par l'ac-
tion de facide; elle tomba jour par jour par petits fragments jus-
qu'à ce que tout eût disparu. A mesure que les fragments se sépa-
raient, immédiatement des granulations saines remplissaient l'espace
que l'os occupait auparavant. Quoique extrêmement défigurée par
Tutcéralion étendue qui siégeait sur la face, etc., la malade sW
rétablie et est jusqu'à ce jour restée parfaitement bien portante.
Obs. II. Ë. F***^ âgée de quinze ans, est entrée à Thôpital en
novembre 1867, pour une ulcération de mauvais aspect, avec sup-
puration sanieuse, de la dimension à peu près de la paume de sa
mam, et siégeant à la partie antérieure et moyenne du tibia droit.
Cet os laissait voir une surface noirâtre, rugueuse, large comme une
pièce d'une couronne. La maladie avait eu pour point de départ an
engorgement strucneux remontant à trois mois, qui s'était abcédéet
converti en ulcération un mois avant Tenlrée. La jeune malade fut
mise à un régime fortifiant^ à l'usage de l'huile de foie de morue et
de la quinine. Le 9 décembre on toucha Tos^ pour la première fois,
avec uu mélange par parties égales d'eau et d'acide sulfurique, et
cet attouchement fut répété tous les jours. Le 11 février toute la
portion nécrosée du libia se trouvait élimiuée sans qu^on eût eu
recours à aucune autre intervention opératoire. La malade quitta
l'hôpital le 18 mars, son ulcération étant presque complètement
cicatrisée^ et sans qu'on y pût reconnaître la présence d'aucune
portion osseuse moiliiiée.
Obs. IU. H. G***, âgé de vingt-sept ans, admis en janvier 1867^
époque où le phagédénisme régnait tant au dehors qu'à rintërieur
de i'hôpitai; il portait à la partie antérieure de la jambe droite un
ulcère, de. forme ovale^ .de mauvais aspect, un peu plus luige
qu une pièce de cinq shihings. Plusieurs fois cet ulcère avait èé
envahi par lephagédénisme, en sorte qu'une assez considérable sur*
face.du tibia était restée à découvert quand l'ulcération était arrivée
à lepreuUre un caractère plus sain. Une application d'acide sulfuri-
que pur lut faite le 1®^ mars, et, le 11^ une large lamelle osseuse se
détachait, laissaut à sa. plac^ une pluie recouverte de bourgeons
de.boune nature.
ÛB8. ÏV. H. H'^**, âgé de quinze ans, entré en août 1869, pour
une ulcération phagédéuique d'origine syphihlique au-devant de
— 305 —
la jambe. Après la dispantion du phagédénisme, lorsque la plaie
fut redeveniie saine, le tibia resta à découvert, avec une surface ru-
gueuse, dans une étendue qui dépassait la largeur d'une pièce d'une
couronne. Le 9 août, on touche Tos avec de l'acide sulfurique pur,
et le 44 septembre on trouve détachée une large lamelle mince,
criblée de trous. Le malade quitta Thôpital le 1*' octobre, non com-
plètement guéri encore, mais en très-bonne voie : la cicatrisation
de Tulcèrc se faisait rapidement, la surface osseuse était couverte
de bourgeons charnus de très-bon aspect, et il ne restait pas à dé-
couvert la moindre portion d'os.
Obs. V. W. P***, âgé de trente-six ans, fut admis en septem-
bre 4869, présentant une ouverture fistuleuse à la face antérieure
de la jambe, qui laissait pénétrer jusqu'à la substance du tibia dont
on sentait une portion nécrosée, mais non libre. C'était la consé-
quence d'une fracture compliquée très- grave de la janibi\ survenue
dix-huit mois auparavant. Le 16 septembre Tos malade fut mis à
découvert, ce qui permit d'enlever quelques petits séquestres, et de
reconnaître dans le tibia une perte do substance formant cavité,
dont la surface était rugueuse et affectée de carie. Celte surface fut
lotionnée chaque jour avec un mélange d'eau et d'acide sulfurique,
et elle ne tarda pas à perdre son caractère rugueux, et à prendre un
meilleur aspect, se couvrant de bourgeons charnus de bonne na-
ture. Le malade quitta Thôpilal le 3 novembre, la perle de sub-
stance se trouvant presque entièrement comblée, et l'os étant com-
plètement recouvert.
Il n'est pas nécessaire de multiplier davantage les exemptes ;
beaucoup d'autres, si on le voulait, pourraient être relatés. Mais
ceux qui précèdent sont, je pense, suffisamment nombreux et assez
explicites pour mettre en lumière les principes et les résultats du
traitement que je viens soutenir ici.
Je ne sais si d'autres-, avant moi, ont eu recours à l'application
de Pacide sulfurique au traitement de la carie des os de préférence à
remploi de la gouge, du cautère actuel ou de la potasse caustique.
Je ne trouve aucun renseignement particulier relativement à ses
dfets, aucune allusion à sa facilité d'application ni à son efficacité
pour le traitement de la carie, dans aucun des ouvrages modernes
ior les maladies des os.
Sur le traitement de cette affection, M. Holmes s'exprime ainsi :
« Souvent, après une libre exposition des os cariés au contact de
Pair, la maladie s'amendera graduellement ; mais lorsqu'il n'eu
est pas ainsi, une question se présente: convient-il d'enlever la
surface cariée et d'en mettre h découvert une autre qui soit en
- 306 —
meilleur état^ soit en faisant agir la rugine ou la gouge, soit en
appliquant le cautère actuel^ ou bien vaut-il mieux modifier le
travail morbide par des injections ou par des a[)plications de sub-
stances diverses ? Les injections auxquelles on a recours sont com-
posées soit d'iode^ soit d'acide cUlorhydrique dilué. Le but qu'on
se propose, en employant ce dernier agent, esl d'obtenir sa com-
binaison avec la base des sels phosphatiques qui entrent dans la
composition des os, et d'en éliminer ainsi la surface en désa-
grégeant successivement de nouvelles portions. lia été expérimenté
et fortement recommandé par M. Ghassaignac [Mém, de la soc. de
chir,y t. IV, p. 286), et il ne paraît pas qu'il puisse exister des
objections à son emploi dans les cas favorables ; mais je ne puis
dire que j'en aie retiré beaucoup d'avantage (1). »
Plus loin, en parlant de la rugine, de la gouge et du cautère
actuel, il dit : « Ces opérations, toutefois, ne devront être prati-
quées que dans les cas d'évidente nécessité. Nous n'avons que de
trop fréquents exemples du danger de toutes les opérations sur les
os, spécialement de celles qui sont de nature à entraîner Texposition
de larges surface de tissu spongieux ou réticulaire (cancellous),
comme c'est généralement le cas dans ces procédés qui reposent
sur l'emploi de la gouge ou de la rugine, lesquels sont extrême-
ment aptes à être suivis d'inflammation diffuse de Tintérieur des
os, Tosléo-myclite, et de pyémic. »
Parmi les cas nombreux que jusqu'à ce jour j'ai eu occasion
d'observer tant à l'hôpital Saint-Georges que dans ma pratique
particulière, il n'est pas un exemple de conséquences fâcheuses
ayant suivi l'application de l'acide sulfurique sur un os malade
dans une partie quelconque du corps ; jamais non plus le traite-
ment n'a été trouvé douloureUlL lorsquls l'acide a été employé sous
forme diluée; S'il arrive que de la douleur succède à rapplieatîon,
elle ne dure eh général que peu de temps; car Tacide,- miseb
contact avec la substance osseuse^ ne tarde pas à être neutralisé,
et dès lors il cesse d'occasionner aucune souffrance . A l'état de
dilution» l'acide n'affecte pas d'ordinaire les tissus mous, même
au degré d'une simple sensation désagréable ; il n'y détermine pas
non plus la plus légère irritation ctihsécutive.
L'acide peut être employé pur, comme on l'a vu dans quelques
(1) System of Surgery, t. 111, p. 637.
— 3Q7 —
uns des exemples rapportes ci-dessus. Muis son application sous
c^te forme doit être réservée de préférence pour les caries ou les
nécroses des os dénudés ou sur lesquels il est facile de parvenir^
ou bien pour les cas où il est désirable de détruire rapidement un
os qui sq nécrose ou de se débarrasser promptement d'un os né-
crosé. Les résultats de son emploi dans de telles circonstances sont
très-satisfaisants. Maisponr la plupart des autres indications qu'on
peut avoir en vue^ un mélange d'acide et d'eau par parties égales
sera reconnu sufHsamment actif et efficace. Do môme pour l'abla-
tion d'une portion du crâne frappé de nécrose, je préfère ne pas
employer un mélange trop fort, de peur d'irriter la dure-mère
s'il arrivait qu'en pratiquant la lotion sur Tos^ le liquide vint à se
mettre en contact avec cette membrane ; car il peut se faire (]ue,
dans un assez grand nombre de ces cas,. des portions du crâne se
trouvent déjà exfoliées ou même déjà enlevées.
Si on l'emploie pour la destruction de surfaces cariées dans des
excavations osseuses^ pu de fragnfients cariés situés profondément
à la surface d'os plats, tels que ceux du bassin par exemple, on trou-
vera très- avantageux d'appliquer l'acide dilué à l'aide d'un tampon
de charpie convenablement humecté de la solution acide^ dont on
remplira la cavité^ ou qu*on étendra sur le fragment malade ; ou
liîen encore pn peut projeter chaque jour cette solution au moyen
d'une seringue. La première de ces deux manières d appliquer
l'acide estj toutefois, préférable, car elle assure d'une manière
plus effective le contact de l'agent modificateur avec la surface ma-
Jade» et pour une durée plus longue que si l'on se bornait à une
simple injection du liquide dans l'excavation carieuse.
Le second ou le troisième jour, quand on retire la charpie^ on
trouve ^excavation osseuse recouverte d'une coiicbe de tissu blanc
opaque, qu'un jour ou deux plus tard on peut ôter à l'aide de
pinces. C'est )a surface même de l'os qu'on enlève ainsi par cette
petite opératioq^ ^ous la forme d'une couche plus ou moins épaisse;
car ce n^est autre chose^ en effet, qu'une eschare molle provenant
de la super^cie deTos, dont le phosphate et le carbonate dechaux ont
é|édisspmi en très-grande partie, sinon en totalité. Si, après avoir
détaché cetlp escharci on trouve encore des parties rugueuses ù la
surface de l'os, il faut répéter l'application de l'acide, et continuer
ainsi autant de fois qu'on reconnaît de même la présence de rugo-
sités ou de ccurie. Ordinairement, lorsque une ou deux couches de
cette sorte d'e^chare ont été enlevées^ un bourgeonnement du Imuue
— 308 —
nature commence à se produire à la surface osseuse mise à décou-
vert et revêt rapidement Tos vivant d'un tissu vasculaire rouge
velouté, qui, se développant chaque jour^ ne tarde pas à remplir
la cavité et comble la perte de substance que l'os a subie.
Quand on applique l'acide quotidiennement avec un pinceau ou
une baguette de verre sur une portion d'os nécrosée mise h décou-
vert, on voit celle-ci se désagréger et s'émietter, pour ainsi dire,
en Irès-petits fragments secs, ou bien on peut l'enlever par menues
parties ayant Taspect du mortier friable, ou bien encore on peut
en raclant en ramasser une couche mince dans un état humide^ si
on agit (rès-pcu de temps après Tapplicalion, alors que la sur-
face de Tes se trouve encore mouillce. Lorsque la désagrégation se
produit et que Tos devient plus poroux et se perfore de trous nom-
breux^ des bourgeons charnus sains et abondants se forment au-
dessous, et souvent on en peut voir faisant saillie à travers ces ou-
vertur-es ; en sorte que, aussitôt que des portions d'os sont enlevées
ou se détachent, aussitôt la partie ainsi dénudée se montre cou-
verte par cette formation saine de granulations, qui vont combler la
perte de substance osseuse et aider à la cicatrisation de la plaie
externe.
Dans les cas où j'avais affaire à une portion dénudée du crâne,
j'ui toujours préféré l'application quotidienne de Tacide dilué, plu'
tôt que d'encourir quelque risque par une action trop vive et trop
rapide due à l'emploi de l'acide pur. Je n'ai pas hésité davantage 5l
recourir à cette application sur l'os malade^ alors même qu'on pou^ —
vail voir distinctement, sur le bord de la partie nécrosée, les mou.—'
vements alternatifs de la masse encéphalique au travers de la dur^^
mère découverte.
Je n'ai jamais observé, dans aucun cas, le plus léger effet fifr-^
chcux de Tapplication de Tacide sulfurique sur les os malades. Pla^^^ts
je m'en suis servi, et plus je me suis convaincu que c'est un d ^^
agents les plus précieux que le chirurgien ait à sa disposition po^B-^
l'aider dans l'ablation des os frappés de nécrose, et pour susci^-^
une action salutaire dans les excavations carieuses ou sur les sm^^^"
faces ulcérées des os longs ; précieux non-seulement comme ét^v-ii^
doué d'une action parfaitement sûre et exempte de danger comp^ ^'
rativcment aux effets de l'intervention instrumentale, mais enctf^^l^
en raison de la promptitude des résultats qu'il procure comparai'^'
vement à ceux qu'on peut attendre des efforts de la nature aband^'^'
née à elle-même. Le travail par lequel s'opère la séparation àeê-féf-^'
— 309 —
lies morles des parties vivantes est un travail toujours très-lent
dans les os longs, ainsi que l'a fait remarquer Holmes, et qui de-
mande en général un nombre plus ou moins considérable de mois
pour s'effectuer. Par l'emploi de Facide sulfurique, cette durée,
dans beaucoup de cas, peut-être réduite à quelques semaines, si le
traitement est conduit avec soin et attention.
Le docteur Fitzgerald, de Dublin, a recommandé et employé
avec succès la potasse caustique dans le traitement de la carie des
os ; et Ton ne saurait douter des avantages de cet agent si Ton met
en parallèle la rapidité de son action et la lenteur de celle du temps^
car il détruit promptement la portion malade et en avance d'une
manière sûre la séparation^ que suit la formation d'une membrane
granuleuse saine. Mais si on l'essaye comparativement à l'acide sul-
furique, on reconnaît qu'il lui manque une propriété essentielle dont
est pourvu ce dernier : c'est que l'acide^ quand il est dilué, n'afifecte
et ne lèse pas les tissus mous, bien qu'au même moment il agisse
chimiquement sur \'o8 malade seul; il n'affecte pas Tos vivant, et
son application n'est que rarement accompagnée d'une douleur de
quelque intensité.
Que, sous forme de dilution, il n'agisse que sur l'os mortifié ou
malade^ c'est un point d'une importance pratique très-considéra-
ble; et c'est le grand avantage que possède l'acide sulfurique, comme
agent d'application externe dans les circonstances ci-dessus spéci-
fiées, c'est sa grande supériorité sur l'emploi de la gouge ou du
cautère actuel^ ou de la potasse caustique. Les expériences suivantes
faites à ma demande par M. Henri M. Noad, mon interne, prouvent
d'une manière satisfaisante l'exactitude de cette proposition.
Des portions d'os mortifié, malade et sain^ont été choisies et sou-
mises à l'action de l'acide sulfurique, savoir :
i^ Os nécrosé, 10 grains ;
2* Os malade^ iO grains;
3^ Os sain (sujet d'âge moyen), 10 grains;
A^ Os sain (sujet âgé), id grains;
Soumis à l'action d'un mélange d'acide sulfurique et d'eau dans
la proportion d'une partie sur quatre, pendant trois jours, à la
température de 100 degrés (1); voici quels ont été les résultats :
(1) Sans doute du tlierinomëtre Fahrenheit, qui est celui en usage en Au<
gtèterre t environ 58 degrés centigrades.
— 340 —
i^ Os nécrosé : phosphate de chaux, 2 gr. ; carbonate de chaux^
3>30 gr. 'f dissous dans le mélange ;
^ Os malade : phosphate de chaux^ % gr. ; carbonate de chaux»
1^3 gr. ; dissous dans le mélange ;
3° et 4° Sur les deux échantillons d'os sain^ aucune action.
Le travail de désagrégation ou de dissolution^ avec commence-
ment de membrane granuleuse saine à la surface de l'os vivant^
peut s^observer marchant simultanément sur toute surface dénu-
dée d*os mortifié ou d'os en voie de mortification, sur laquelle on a
pu faire l'application de Tacide. Quand on compare son action et
SCS effets à ceux de la gouge^ à Pattrition qui accompagne nécessai-
rement remploi de cet instmment, à la douleur et à Tinflammation
fréquente qui s'en s^ivent^ et, même dans les circonstances les plus
favorables, au temps qu'exige la surface rugueuse lacérée pour se
réparer^ se débarrasser de ses petits fragments écrasés, et se recou-
vrir de bourgeons charnus, le traitement par Tacide sulfurique sera
trouvé de beaucoup préférable.
a Jusqu'à présent, dit M. Holmes {op. cit.], nous avons envisagé
la méthode ordinaire de séparation ; et comme elle consiste en un
travail lent^ d'une durée quelquefois considérable^ qui est fort rare-
ment complet à moins de plusieurs mois s'il s'agit d'un large
séquestre, qui souvent même se chiffre par années^ il n'est pas
surprenant que des efforts aient constamment été tentés pour avan-
cer l'époque de la cure en accélérant la séparation de l'os malade.
Ces e^brts, toutefois^ n'ont eu d'autres résulta^ que des inécomptes.
Il faut donc laisser ce travail trouver son accomplissenpient naturel
dans la séparation spontanée ^e la partie osseuse mortifiée de la parti<^
vivante ; et toute tentative pour effectuer cet^ séparation artificielle-
ment^ c'est-à-dire pour détacher la portion nécrosée et la retrancheiJ*
des parties vivantes, n'a d'autre résultat que d'accioitro refendues
de la maladie et de mettre en péril la conservation du nnembre. De^^
considérations spéciales c^p^^Ucables ^ certaines régions du corps^ js
telles que le crâne^ peuvent^ à )a vérité, engager un chirurgien ^
agir par une opération sur l'os nécrosé avant qu'il soit détaché, afi
de donner issue au pus renfermé au-dessous. De telles opération
toutefois, ne doivent pas être entreprii^es dans ie but de guérir V
malade, mais de rétablit* les fonctions d'organes affectés second^ih. i-
rement. »
U ne faut pas supposer^ toutefois, d'après ce que nous avons ^'^
prcccdommuiit sur l'application de l'acide sulfurique, qu'il soit 49- 1?^'
{
- âii —
Dôtre intention de mettre en avant cette idée: qu'une intervention
instrumentale dans le traitement de la nécrose ou de la carie nje
sera plus désormais nécessaire. Gela est bien loin de notre but.
Ifombreux seront les cas dans lesquels le chirurgien doit interve-
nir mécaniquement pour opérer l'ablation d'un os nécrosé ou pour
mettre à découvert une excavation carieuse. Le mérite réel du trai-
tement réside dans la limitation de l'action de Tacide à Tos ma-
lade, dans la sûreté parfaite de Tapplioation^ et dans ce fait qu'elle
ne détermine aucune irritation dans les parties molles. La li-
mitation de l'action de l'acide peut ètrç considérée comme prouvée
par les expériences rapportées ci-dessus ; sa sûreté se montre prin-
cipalement quand on l'applique au traitement d'aûections osseuses
du crâne et quand il y a lieu de désirer de ne' pas intervenir au
moyen des instruments ; enfin ses effets avantageux s'observeront
quand on l'appliquera aux surfaces cariées ou à la nécrose des OB
longs ou courts. On le trouvera aussi particulièrement utile dans
le traitement de la nécrose du maxillaire» non-seulement parce
qu'il l^te l'élimination de l'os mortifié ; mais parce que, au moyen
de ses propriétés antiseptiques, il modiCe considérablement l'hor-
rible fétidité qui infecte Phaleine des malades atteints de cette af-
fectiqp.
L'application de l'acide dans les maladies des os du crâne rend
inutile l'emploi de la force ou de la violence dans un état des parties
qui est très-critique et dans lequel le moindre trouble local peut être
suivi de conséquences gravesv L'application de l'acide dans les ca-
ries ou nécroses des os longs ou couits dispensera souvent de Tenj-
ploi de la gouge^ et par conséquent, épargnera toute meurtrissure
de la partie non altérée et vivante de j'os. Le chirurgien , avec la
gouge, enlève de Tos vivant en même temps que de l'os mort; car
il ne peut déterminer exactement la profondeur à laquelle sMtend
h couche cariée. L'acide désagrège seulement la partie mortifiée
ou en voie de mortification de la surface osseuse , et il paraît fair^
naître dans la pailie saine un état qui le rend propre à aider rapi-
dement h sa propre réparation. L'application de Tacide est donc
fréquemment requise au lieu de l'intervention opératoire ; elle sera
aussi constamment avantageuse après Temploi des instruments
dans le traitement des maladies des os.
Les propriétés antiseptiques de l'acide ne sont pas une faible re-
commandation en faveur de son usage. La suppuration sanieuse
et fétide qui accompagne si constamment les affections osseuses est
— 312 —
tout d^abord, par son influence, modifiée dans ses caractères, et au
bout de peu de temps^ en gënëral, il ne reste plus aucune mau-
vaise odeur.
Mon collègue, M. Pick, rend un témoignage favorable des effets
de Tacide sulfnrique tel qu'il est recommandé dans cette note;
on le trouve exprimé dans les remarques suivantes^ que je suis
heureux de i*eproduire : « Lorsque j'avais la charge de tenir tes
registres de chirurgie à Thôpital Saint-Georges, j'ai eu un grand
nombre d'occasions d'être témoin du traitement des os nécrosés
et cariés au moyen de l'acide sulfurique, et j'ai été vivement frappé
des résultats très-avantageux qui ont été obtenus. Le premier cas
dans lequel mon attention se fixa d'une manière particulière sur la
valeur de cet agent, fut celui d'une jeune fille qui était atteinte
d'une nécrose étendue des os du cràne^ comprenant la presque tota-
lité de cette région, et chez laquelle ce mode de traitement fut em-
ployé avec les meilleurs résultats. Et en inscrivant ce cas, aussi
bien que plusieurs autres cas de nécrose, au résumé annuel du
service chirurgical dans les Reports de Thôpital Saint-Georges
pour l'année 1865, je disais : une solution pnr parties égales d'a-
cide sulfurique et d'eau avait été appliquée sur les os dénudés, et
elle avait eu cet effet remarquable d'en déterminer la dissolution
rapide avec production à la suite d'une surface de bonne nature
qui se cicatrisa promptement. — Depuis cette époque , j'ai eu de
fréquentes occasions d'employer cet agent, particulièrement dans
les affections strumeuses des os chez les enfants, et j'ai toujours été
plus que satisfait du résultat. Quand on l'applique sur un os ma-
lade, une action dissolvante se produit^ Tos se dissout, se désa-
grège rapidement et est entraîné dans la suppuration, laissant une
surface bourgeonnante parfaitement saine , qui ne tarde pas à se
cicatriser. En règle générale^ je me sers de l'acide pur ; et si l'on-
prend garde, en faisant Tapplication^ que rien^ si ce n'est le tîssi^
malade,nc se trouve en contact avec lui, le procédé est absolument
exempt de douleur. Chez une petite fille qui est maintenant dans mo
service à l'hôpital Saint-Georges, j'ai eu recours à ce traitement
Malade depuis un certain temps, elle avait subi déjà de nombreuse
opérations au moyen de la gouge pour une maladie étendue à^^
tibia, mais avec très-peu de résultats déterminés. En août dernietr^ ^
je mis à découvert la face antérieure presque entière du tibia, ^^
ayant gratté les surfaces de toutes les portions malades, je con^'
tnençai le traitement régulier par l'acide sulfurique^ l'appliquar^^
-. 313 -"
pur deux fois par semaine. Aujourd'hui (i), il n'exisle plus que
deux points peu considérables d'os dénudé^ la plus grande partie
de la plaie est cicatrisée, et le reste est couvert de bourgeons char-
nus de bonne nature. »
Peut-être m'accusera-t-on d'avoir trop de confiance dans ma
manière d'envisager les effets avantageux de ce traitement ; mais
je ne suis pas loin de penser que Inapplication de l'acide sulfuri-
que, faite de. bonne heure^ tend à arrêter le développement de la
carie et de la nécrose, aussi bien qu'elle accélère l'élimination du
tissu mort ou en train de se mortifier. C'est un point que des essais
attentifs et l'expérience clinique pourront élucider avec le temps ;
mais je crois que j'ai produit des faits et des arguments qui suf-
fisent à justifier l'opinion que je me suis formée , à savoir : que
l'emploi le plus étendu de l'acide sulfurique en applications locales
dans le traitement de la carie et de la nécrose, mérite Tattention
des chirurgiens. Trad. D'^ A. G*
CHIHIE ET PHARMACIE
lV«te «nr le c«altar palTémlenl el «ob emplal dJann le pansemeiit
«es plaies ;
Par H. Maonbs-Lahbrs, pharmieien à Toulouse.
«
^ Pendant le temps qui s'est écoulé depuis la lecture de ma note de-
vant la Société de médecine de Toulouse sur le goudron pulvérulent,
j'ai obtenu avec le coaltar, ou goudron de houille, et le charboq^
un produit ressemblant au goudron pulvérulent, mais que j's^i jugé
préférable à ce dernier dans le pansement des plaies de mauvaise
nature (2) ; j'ai fait soit à nptre Académie des sciences^ soit à notre
(l/llaltaeureuseiii^nt Id date n'est pas indiquée, de sorte quMl n'est pas
possible de se rendre compte du temps qu'il a fallu pour obtenir ce résultat.
(A'o/« du traducteur).
(2) Pour que chacun puisse préparer le coaltar pulvérulent^ je. donn^ ici sa
formule et le mode opératoire, dans tous ses détails :
• > ■ • ■
Vf,: Pondre de charbon de bols léger passé au tamis de crin fin. 2 p.
Coaltar « 1 p.
A l'aide d*an pilon à tête large, je mêle aussi intimement que po98i|>le^.dans
— 3U —
Société de médecine des communications verbales touchant ee noct*
veau produit afin d'attirer sur lui Tattenlion de nos médecins et
chirurgiens chargés de soigner nos blessés. Mon appel a été en-
tendu et des résultats satisfaisants ont déjà suivi les premiers
essais. Certains praticiens se bornent à saupoudrer la plaie de coal-
tar pulvérulent, d'autres la recouvrent complètement d'une couche
légère dont ils augmentent l'épaisseur lorsque la sécrétion du pus
est très-abondante ; quelques-uns s'abstiennent d'ap|)liquer direc-
tement le coaltar pulvérulent sur la plaie, surtout quand elle est
enflammée, et préfèrent le renfermer entre deux linges avant d'en
faire l'application ; quelques autres introduisent le coaltar pulvé-
rulent dans les plaies profondes^ après l'avoir mêlé soit avec An
coton cardé soit avec de la charpie ; il en est enfin qui préfèrent,
pour le pansement des plaies, au coaltar pulvérulent le goudron
pulvérulent, h cause de son arôme et de sa moindre activité.
Gomme le goudron pulvérulent, le coaltar pulvérulent est très-
léger, très-poreux, ne tache ni les doigts ni le linge ; un léger
lavage à l'eau froide ou tiède l'enlève aisément de la surface des
plaies. j^ . ,
L'effet le plus immédiat de son application ^est la désinfection
des plaies les plus fétides ; vient ensuite un changement rapide
dans leur aspect : la couleur vermeille s ijcq^djB bientôt à.l^ tçinta
noire ou grisâtre; les bourgeons cbarous apparaissent, etc., etc.
Dans la période dç tâtonnement où SQtrQuye encore le traite-
ment des plaies^e mauvaise nature par le coaltar pulvérulent, il
serait téméraire de vouloir préciser, dès aùJoiifâ*hui, c^ael es^t son
mode d'emploi le plus avantageux, tl est mrèthê facile de^ prévoir
que les niodes d'emploi devtoAt VM'ier selon la nature, l'étendtie,
hk dcfntlguration dûs phkies; peùl-élre même ^era-t-il t>econna
ittile dé modifier lu formule du coaltar pCiflvértilent et d'en ttntigër
l'énergie en y intr^^duisAnt ttne prroportioA àt charbon plus Mvin^
dérable. . .
Op obtient i;ae liqueur richç en acide pbénique et représentant
iltill II f I J"' ' •" '' ' ' ' .' ''l'* " ■' ■--j-V -■-■■■*« t , y I
un grandi inartier évasé, tout le coaltar avec les quatre cinquièmes de la pou-
^e de ch'slrl)^ et fe &mfse Te Aiëlaiigé. Ce qui refuse dé basséf au lainisest
mêlé à une portion du charbon qui a été ténue en réser^ë'étjë'rêiteré là lami'
sation. I^e nouveau rés\d(( est mêlé à. d'aul^f^ cbaf/i)Qi^,.puû le.mélange est t9it
misé eijt continue delà sorte jusqulà ce que toute la matière ait ]Hiisé au
travers du tamis. Je renferme immédiatement le produit dans des bocaux qae
}tft>ouebe avec soin. . '
— 345 —
à uki haut degré les propriétés déskifiectanles du coftltai', «n i^
tant pendant cinq ou sîi minutes 50 grammes decoalCtr^iMnilent
avec 1 litre d^eau à 50 degrés centigrades. Celte liqueur, ^re ou
additionnée d'eau^ peut servir po«r laveries plaies ou pour «rmser
les salles.
Au point de vue de l^ygiène et de la salultrité des saHes affec-
tées aux'hiessés dans les hôpitaux, TeflopM du coapltar pulvéniieot
sjiëmbfe promettre de précieux TiésuUatB.,Nui doute que tes ëannà-
tiohs putrides qui s'exhalent du pus kaliiké daaslaiohaf^îe «tiaiis
lés compresses ne eotitribuent pour une lai^ paît à wâi»* Tair ide
<;es salles. E), au lieu de laisser le pus eerépfinéré sur «letlaB^es
surfaces, venir au contact de Tair et^présenter m!ù%\ les 43oqiy&iiH«s
les plus favorables à sa décomposition, on Tabsorbe^ à proportion
qu^il est sécrété, dans une couche de coaltar pulvérulent^ sa dé-
composition eàfiiAMmièA tàdtlUblpr^<fl«HI»ns pestilentielles
disparait. Des fumigations de coaltar pulvérulent faites dans ces
salles contribueraient aussi à les assainir.
âî les premiers "succès JfûjcoaliwpWvêrûTent se 'confii'ftent, Tes
administrateurs des hôpitaux et des ambulances auront d^ autant
plîts-defftcîtitë^ d^avantage à «n ttdopter4'efDploi^<9u*OQ (leiit le
ptiipârér*iypesque^)(8trt()ut'et (fUeBdn \pm de >re»ieiiitie9l4cte4aÊble,
surtout en ayant recours pour obtenir la poudéë de uQluNi)Oii àd^s
«prlMsédiés'ihc^trids deipttMriisdtioQ^ Iris^fue desvieules 'mues .par
^n oouréJnt d'eau, «tc^y etc.
t.*«eide bièhloraejèllqaej nooTean ^ausU^oe;
• ' ■• • .'■■'.■•■-.■.■■.
rar M« v. Schmipt.
On oiStîent cette oubstancede-P^oide Acétique ibyéraM, ^éh fai-
sant agir jsuT celui-ci du chlore à la lumière 'do.jsoleil, «m d«<hki-
rtire dé earMne'On ^ méttfint aveccde reaù aUK'EafybtM.dii s6leil.
EHe forme U'n'^de «nistallin, incolove, aisément délîiescent à
Tair, qui se iai's^-velatiiMer ët^ifgft rarila peau oofnme cauaii^.
Après que le docteur Marquardt eut préparé /poidaiit quatre: ans
i'acide monochlot"ac^tiqiie dans son labevatoire^ -eut â|it part de
son expérience sut' ieK' propriétés .tsànstiques (de oefe aâkie^ .aiinii
que de Tacide dichloract^tique, le. docteur 'Uraor iQsptfriaMalai<ae
dernier dans ses propriétés ^caustiques aur •desoorps ^oiganiques
tant mort» fuo vivanter,, «t ea expoaa tks iréauLbfts «dans .la tbo«e
inaugurale qu'il présenta à la Faculté de médecine de ftinn.
- 316 -
D*après luî^ cel acide serait préférable ù lous les autres caustiques
pour les néoplasmes, les ulcères, et en général pour toutes les
excroissances cutanées , en tant que celle médication est moins
douloureuse, qu'elle n'agit que localement et qu'elle produit bientôt
de belles granulations, bientôt suivies de guorison et de cicatrisa-
tion. Bajsé sur ces faits, le docteur Marquardt a construit de petits
étuis qui contiennent cet acide dans de petits flacons accompagnés
d'une baguette de verre, qui sont particulièrement commodes pour
•détruire les verrues, les œils^e-perdrix, etc. Le docteur Schaufel-
becht, médecin de l'hôpital argovien de Kœnigsfelden, a eu l'oc-
casion de vérifier pratiquement les assertions du docteur Urner.
(Montpellier médical^ sept. 1810.)
CORRESPONDANCE MÉDICALE
W% I* Méélleatleii mrmenMitmle ûmum Im taberculofle inéalncItHive el
pérltonéalf) %
Doit-on restreindre le traitement de la tuberculose par Farsenic
à la phthîsie pulmonaire ou l'étendre k la maladie en général, quel
que soit l'organe afiecté? :
Je n'hésite pas à répondre que le traitement arsenical convient à
toutes les formes de la tuberculose, et cela pour des raisons que je
vais exposer succinctement.
Quel que soit le point de l'économie sur lequel la tuberculose dé-
pose ses produits, le processus morbide est toujours fe même :
1® Congestions répétées du côté de Torgane qui doit être envahi ;
2<* Inflammation spécifique donnant lieu à une poussée de grana-
lalioDS tuberculeuses ;
i3* Appel fluxionnaire causé par la présence des granulations fti-
saoul «ffice de eorps étrangers, et piar auite développement d^aœ
inflamfBation plus ou oioins violente, inais simple^ dans, une cer-
taine aoiie autour d'elle.
Mais je le répète, que les granulations tuberculeuses, soient enc^
phaliqiies,.tkoraeîques ou abdominales^ noiis retrouvons toujours
le même prooesttts pathologique.
Prenons «n particulier la méningite granuleuse, et voyons qoeb
sont les signes qui peuvent faire pressentir son dévdcy pement piO'
chain.
--- 317 —
« Tous les jours (Bouchut, Traité pratique des maladies des
nouveau nés) on rencontre des enfants avec un appareil fébrile
marqué^ des symptômes non équivoques de congestion cérébrale,
caractérisés par la mauvaise humeur^ les cvis^ l'agitation, la con-
gestion et la chaleur de la face et du cuir chevelu^ sans qu'aucune
altération puisse expliquer ces phénomènes. On attend, prêt à sai-
sir de nouvelles indications plus caractéristiques de la lièvre céré-
brale, puis les accidents se dissipent^ et l'on est dans l'impossibilité
de donner un nom aux phénomènes que Ton a observés. Cepen-
dant sait ou quelle sera la conséquence de cette fluxion encépha-
lique? Qui peut dire qu'elle ne sera point la cause du développe-
ment de quelques granulations fibro-plastiques, au même titre que,
chez les autres enfants tuberculeux, la congestion pulmonaire ou
pleurale devient la source des granulations des poumons ou de la
plèvre ? Personne ne s'en occupe, et cependant c'est là tout ce qu'il
y a d'intéressant dans Tétiologie de la méningite granuleuse. »
J^ajuuterai, c'est tout ce qu'il y a de plus pratique dans la ménin-
gite granuleuse.
En efilet, nous avons affaire à une maladie qui parcourt ses pé-
riodes avec une grande rapidité compar« «tivement à la phthisie pul-
monaire; aussi j si Ton arrive dans la période d'état, il est en
général trop tard pour agir avec chances i ie succès^ quel que soit du
reste le médicament que l'on emploie. Mais ' dans la période prodro-
mique, alors que les granulations tubercule uses ne sont pas encore
développées^ je crois qu'on peut lutter d'une façon très-eflicace, et
arriver avec le temps à modifier sulfisamment l'état général et local
pour rendre impossible, et à jamais^ le plein développement de la
maladie; et nul médicament plus que l'arsenic ^^ me semble apte
à remplir ces conditions par son action générale reconstituante, et
par son action tonique sur les vaisseaux de Tencé^ ihale, c'est-à-dire
par son action décongestive.
Le tout est de bien saisir l'opportunité de h méc Ucation, de sa-
voir interpréter ces symptômes prémonitoires^ ah *n d'arriver à
temps. Â ne prendre que la valeur intrinsèque de ces ^ 'irodromes, il
est difficile de leur donner leur véritable signification; c'est en re-
montant aux antécédents dans la famille qu'on pourra i 'comprendre
toute la valeur d'accidents en apparence bénins. Souvei ^t ^^lors on
trouvera un frère, une sœur, ou un grand-parent, ou ul ^ père, ou
une mère^ ou plusieurs d'entre eux niorts de la tuberci ^lose, on
verra qu'on a afl'aire à un sujet prédisposé par l'hérédité à ^ ^a dia-
TOMB LXXX. 9* LITR. ^
— 348 —
thèse tuberculeuse ; c'est alors qu'il est, je crois, du devoir du mé-
decin de ne plus hosilor : il faiil ontrc|)reij<îre la lutte immédiate-
ment, c'est à ce prix qu'est le succès.
Le médecin doit faire appel dans ce cas à toute la sagacité dont il
est susceptible, afin de ne pas se laisser tromper par des prodromes
insidieux. Il faut bien se préoccuper non pas seulement de la cause
qui a pu entraîner la mort d'un ou plusieurs parents, mais aussi
de la santé des parents vivants, quelque favorable que soit leur ap-
parence.
J'ai vu dans une famille deux «enfants mourir de méningite tu-
berculeuse reconnaissant pour cause l'hôrédilé, bien avant leur
mère dont ils tcnriicnt ce germe vicieux *, à la mort du premier en-
fint, un ne se doutait pas encore qu'elle fût entachée du vice tuber-
culeux, elle n'avait pas encore a[)pelé Tattentioii do son médecin du
côté de ses organes respiratoire:^^ et sa structure, du reste, excep-
tiutmellement lorte, éloignait les toutes de ce côté.
Ainsi, jelen'pète, le médecin ne saurait, à la moindre appréhen-
sion, être trop méticuleux : il i joit mettre tous ses soins à découvrir
rinlerprétation des faits dont il ne saisit pas tout d'abord la valeur
séméiologique.
Lt)rs(|ue enOn la ménin gîte tuberculeuse doit éclater, les acci'
dents congestifs qui cohsl\iuent ce que Bouchut aapj)elé la période
de gerrtiinatwn^ devienne ^nl bien plus positifs et d'une interpréialioQ
plus facile. On observe alors chez les enfants un changement dans
le caractère : ils repoi issent leurs jouets favoris, fuient les cama-
rades con'ipagnons h ibitueU de leurs jeux; chiz eux, la g««îeté fait
placeà fennui, à là tristesse, le mouvement iMîrpétuel à l'inertie.
La nuit est trave ,rsée par une série de rêvasseries, de cau-
chemars, séparés par quelques courts instants de tranquillité. Us
expriment leur frayeur pài^ leurs cris, par leurs gestes, par
leurs yeux égaré g ; ils se jetféïit dans les bras de leur mère. Il» ont
des alternative? , de fièvre et d'apyrexic. Us se plaignent déjà de la
tête et l'annor xent par des gestes et surtout des gémissements ^
s'accentuent et deviennent caractéristiques à la seconde période.
Chez les adr ilies, on retrouvp à peu près les mêmes bym|)iôaies,
saut un plii s grand trouble du côté des facultés affectives etinlçll*^"
tuelles, qu j sont plus développées que chez l'enlant.
Ici eue ,ore, peut-être, a^i-xiji -ssible de conjurer le mal, de \^
rèter da ns sa marche? Mais'il ii'y a plus un seul instant à perdWi
car la | /ériode d'iuvasion est iiumineute.
- m -
Pour la tuberculose des organes abdominaux^ nous trouvons de
plus grandes diflicMltës eqcof^ ^ la prévoir, Çç^iendant, en s'aidant
des commémorât ifs, en tenant un compte rigoureux de la santé dos
parent.^, on arrive aut^si, au moins dans un certain nombre de
cas, à rapporter à leur véritable cause les premiers signes de la lu-
beroulose entëro-mësentéri(pie à forme indolente.
Il y a, au début, de la (lys|)epsie, de l'inappétence, du dégoût, de
la c«)nstipaiion. Le sujet dexicnt pâle; les attributs du tempérament
Ijmphatitpie, qui existaient généralem( nt chez lui, s accusent davan*
tage. Il devient triste, mélancolique. Ses furces diminuent au point
qu il a peine à marcher. Les yeux sont enfoncés dans les orbites,
almttus, et toute la physionomie exprime un grand état de souf-
france, etfi.
Con^me vous le voyez, ces prodromes ne sont pas très-tranchés,
et il e>t réellement très-difticile de les rattacher à leur véri^abl^
cause. Plu^ tard, les symptômes deviennent très positifs; mais il
serait important de prévoir la maladie avant leur arrivée.
Dans la péritonite tuberculeuse, nous trouvons les mêmes rai-
sons qui militent en faveur de la médication arsenicale. Les mêmes
lois physiologiques pré>ident au développement du tubercule, quel
que soit l'organe qui lerecèh ; donc même traitement principal dans
tous les cas. S'il doit y avoir des changements, cela ne peut être
que dans les détails, dans les adjuvants, par exemple.
Seulement, dans la péritonite tuberculeuse, le processus morbide
est plus diMicile à saisir que dans les deux autres fbrmes de tuber-
culose, rhypérémie du début persiste moins longtemps, et la médi-
cation arsenicale a natureliemeut ici moins de valeur que dans la
pblhi^iie et la méningite, parce quM|e est plus difficile à appliquer
à point.
Quant h la méthode selon laquelle on doit administrer l^arsenic
4ans ces deux formes de tuberculose dont npus venons de parler^
elle ne, diffère en rien de celle que nous avons formulée en parlant
de la médii-atioa aisenicale daas la phlhisie palfvionaire.
Les lois de la pathogénie et de la physiologie qui pfésidcnT au dé-
veloppement des tubercules dans les ménitifges et dans le péritoinç.
ét4pt absolument les mêines que celles qui président au dévelqp-
liemeat de la phthisie pulmonaire, je conclus que le Iraitement d«U
avvnr les iBémes bases dans tous les cas.
ly Cessot (de Langres),
I ■
— 3») —
BULLETIN DES HOPITAUX
Coup db feu dans l'abdomen ; perforation de l'intestin et db
l'os iliaque. Guêrison. — De tout temps les plaies par coup de
feu pénétrant dans Tabdoinen et lésant des viscères, ont été consi-
dérées comme un accident terrible et pres(|ue fatalement mortel ;
on cite bien que^iues cas de guêrison^ mais, ils sont si rares qu*iltf
sont toujours curieux à rapporter, ot c'est la raison qui me pousse
à publier aujourd'tiui l'histoire d'un homme que j'ai soigné pen-
dant le siège de Paris dans mon service du Val-de-Grftce, et qui
est arrivé à la guêrison très-heureusement^ quoiqu'il eût une lé-
sion de l'intestin à deux perforations et une fracture de la crête
iliaque par le fait d'un coup de fusil.
Tuhaut, soldat au 114* de ligne, âgé de vingt-deux ans, est
blessé le 30 novembre, à huit heures du matin^ à Tattaque deTHay^
d'un coup de feu (|ui le fi'ap|)e pendant qu'il était debout, la face
tournée vers l'ennemi, et qui pénètre dans l'abdomen au niveau
du tiers externe d*une ligne fictive qui irait de l'ombilic à l'épine
iliaque antéro-su|)érieure. La balle, mue (lar une énorme vitesse,
était dirigée un peu obliquement à l'axe antéro-postérieur du sujet,
car elle est sortie à environ quatre travers de doigt des apophyses
épineuses, un peu au-dessous de la crête iliaque^ c'est-à-dire à la
partie la plus élevée de la fosse iliaque postérieure. Tuhaut éprouve
une vive douleur et tombe sous te coup : peu d'hémorrhagie, mais
il est inondé bientôt de sueurs froides et des lipothymies presque
continuelles l'empêchent de se relever.
Appoi*té dans mon service à deux heures de Paprès-midi, je
constate que les deux plates précitées et qui sont parfaitement
rondes, d'un diaiuèlre de !2 ceiiti mètres, ont laissé écouler uué
petite quantité de sang ; elles sont déjà souillées de matières ÏAcàr
ioïdes en peiite qiianmé. En introduisant le doigt par la plaie
postérieure, on sent que la partie correspondante de l'os iliaques
été délruile comme à Temporte-pièce par le projectile. Le diagnostic
ne saurait éire douteux, c'est une plaie pénétrante, compliquée de
lésion intestinale et de tracture de la ci été iliaque; le sujet est
pâle et très-effrayé, son pouls petit et serré, Tabdomen ne présente
pas de tuméfaction, il u y a eu aucun vomissement.
Je recevais quatre-vingts grands blessés dans ce moment et entre
autres étaient trois plaies pénétrantes de l'alMlomen, de sorte que
je me hâlai de placer sur chaque ouverture un linge ceraié doubM
de charpie ei maintenu à l'aide de quatre tours circulaires de bande:
pansement simple, en un mot. Je prescrivis une potion avec9ceii'
tigramines de chlorhydrate de' morphine et 3 grammes de teiutui®
— m —
de difritale, recommandant à la sœnr de charité de «enrice de la
donner elle-même par cuîHerc^es à cafë, de manière à produire le
sommeil et à maintenir le sujet endormi. Dans ma pensée, Tuhaut
était perdu et je faisais pour lui ce qu'on fait dans des cas analo-
gues. Je cherchais à diminuer par le sommeil morphique les an-
goisses du dernier jour.
Le 1" décembre, l'état du sujet n'avait absolument pas changé,
soit en bien soit en mal. Je renouvelle rapidement le pansement et
je prescris de continuer à le faire dormir. Je m'attendais d'un
moment à l'autre à voir survenir les phénomènes de la péritonite ;
ainsi je fis la même prescription le i décembre, pressé que j'étais
de donner des soins et de faire des opérations à d'autres blessés
me semblant moins irrévocablement condamnés h la mort.
Le 3 décembre, soixante-douze heures s'étaient déjà écoulées
depuis la blessure et aucun phénomène réactionnel ne se produi-
sait du côté du péritoine ; le sujet était somnolent, le pansement
n'empêchait pas les matières de s'échapper à travers les plaies, de
sorte qu'il était dans un très-grand état de malpropreté ; je le lavai
avec grand soin et je le pansai de nouveau simplement. Je pres-
crivis de lui faire prendre des potages, du vin^ n'osant encore, je ne
dirai pas croire à la possibilité d'une guérison. mais même compter
âur une pntlongation de la vie pendant quelques jours, voulant
toutefois et à tout événement remplir les indications qui se pré-
sentaient.
Le 4 décembre, les chances de péritonite diminuaient naturel-
lement chaque jour davantage et une lueur d'espoir pouvait venir
à Tesprit. Le sujet étant continuellement souillé par des matières
fécales qui s'échappaient à flots par les deux ouvertures, je rae
demandai s'il n'était pas temps d'entreprendre im traitement local
plus eflîcace ; mais de peur que les matières fécales, ne trouvant
plus un chemin facile dans tout le trajet de la balle, ne s'infiltras-
sent entre l'intestin et le péritoine, je résolus de continuer les pan-
sements simples ; je me bornai à faire donner chaque jour deux.
rnds lavements émollients de manière à maintenir les fonctions
la dernière portion de l'intestin « je fis dimiuuer la quantité
de narcotique, et j'attendis.
Le 9 décembre, le blessé étant toujours dans le même état, au-
cune trace d'inflammation n'ayant paru, je pensai que le trajet de
la balle était assez organisé déjà pour querintiltralion des matières
fécales dans le péritoine fût désormais moins à craindre et je son-
geai à obturer les ouvertures anormales. Mais, pour procéder avec
une extrême prudence, je n'opérai que sur la plaie antrieure dont
je rapprochai les lèvres dans le sens horizontal ; je fis trois points
de suture entortillée avec des épingles ordinaires, puis je tis trois
plans superposés de bandelettes de linge collodionné et enfin
j'exerçai sur le tout une certaine compression.
Les grands lavements émollients furent continués : potion avec
90 centigrammes de kermès et 3 centigrammes de chlorhydrate de
nidrpbinc contre la bronchite qui s'est développée sous TmiUiencc
de l'hiimiditë perpétuelle dans laquelle la partie inférieure du tronc
du sujet (^tait plongée.
Le 12 décembre^ je commençai l'obturation de la plaie posté-
rieure à l'aide de trois points de suture entortillée et d'une cuirasse
formée de trois pians de bandelettes de linge collodionné sur-
montées de trois plans de bandelettes de diachylon. L'abdomen de
Tuhaut np prét^ente aucun phénomène réactionnel^ mais la perte
des matièri*s alimentaires qui sont imparfaitement digéri'es, puis-
qu'elles sortent à la fin de Tintestm grêle au lieu de sortir par
Tanus. produit un affaiblissement et une maigreur contre les-
quels jo ne puis lutter avec truit, étant déji à une |iériode du
si'^ge oïl tes aliments sont devenus très-rares; la bmncliile est
extrém^^ment intense, elle donne un mouvement fébiile marqué,
de sorte «{uc l'état du sujet est très-grave ; cet état général reste
inquiétant jusqu'au 20 décembre, moment où il s'améliore peu à
peu.
Les 13, i4et i5 décembre, je trouve chaque matin le panse-
ment souillé très abondamment par les matières féc^'es et quel
que soit mon soin, je ne ptiis obtenir aucune obturation ; le col-
lo lion produit la vé^icalion autour de la pean, les matières ; qui
sont composées d'aliments prestpie entièrement digérés et iVwn
liquide visipieux, jaune à odeur j'ade, sont très-irritantes pour les
parties voisines, de sorte que la plaie po^térienre est entourée
d'iuie surface biippurante : la plaie laisse échapper de petits détritus
osseux et le doi^l iutroiuit dans les tissus seul un «icmi-cercle os-
seux carienx sur Tos ilia {ue ; je cherche à diminuer le diamètre
de Tanus artificiel par l'applicatiou d une compresse graduée. Mais
chique matin , toutes les pièces de pansement sont souillées
d^une manière dégoûtante, el le blessé, dont IVtat général est tuu»
jours mauvais d'ailleurs, est un objet de dégoût pour ses voisins*
et |)0ur lui-'inême ; dès que le pansement est enlevé, on voit jaillir'
par saccades selon les divers nn)uvements, et même spontanément;-
de te'iipg en temps, de petites quantités de ce litpii le chymeux ou.
fécaloïie. Une plaie de position apparaît au sacrum ; ce|)endanl j^
persiste à taire le pansement avec un soin extrême et bieiilôl il y a.
une aiiélioratiou locale et générale assez marquée. E«i eflet, 1»
bronchite cède, la nostalgie, qui était asst z inquiétante le premier
jour, fait place à un désir de guérir qui est d'un bon augure ; les
débris osseux disparaissent de la suppuration, la surfaee ulcérée
p<ir le collo«liiui et l'aciion irritante des matières iécaloïdes se ré-
duit notablement el le trajet diminue peu à peu, au point que le
20 décembre il ne sort plus beaucoup de matière intestinale;
cliaqae jour le pansement est moins souillé, ce qui permet aU sujet
délie moins plongé dans ruumiiiité peiuiant la nuit.
Le :25 décembre, la plaie aulérienre est suffisamment obturée
pour que les matières fécales ne sVchap|)ent plus de ce côté ; mais
l'action des épingies ayant coupé les petits ponts cutanés des
points de suture^ celte plaie a une dispu^ition intuudibuliforme; je
pasuo le crayon de nitrate d^argent à la surface, dans le but ae
— 38a —
provoquer la cicatrisation de dedans en dehors par seconde inten-
tion : pansement simple. A partir de ce moment cette plaie marche
vers la gudrison lentement, mais sans aucune hésitation ; elle est
complètement fermée vers le 20 janvier; nous ne nous en occupe-
rons donc plus.
 partir du 26 décembre je ne fais plus le pansement que tous
les deux jours, j'oblige Tuhaut à se lever une ou deux heures
<lans l'après-midi. La plaie postérieure donne si peu de sup|)ura-
tîon, que je puis croire que ToriHce intestinal est obturé ou au
moins bien près de l'être, et «lans les premiers jours de janvier,
les bourgeons charnus ont si bien comblé tout le trajet, que l'on
peut espérer une cicatrisation très prochaine.
Le ^8 décembre, Tuhaut mange deux quarts de portion. Le
6 janvier il en man*{e trois, et jusqu'au 20 janvier il va si bien ((ue
je le considérais comme guéri, quand sou^^ Tinfluence des émo-
tions des derniers jours de Itombardement Tétat général devient
moins bon, Tappétit se perd de nouveau, un rehoidissement pro-
duit une nouvelle bronchite qui acquiert des proportions ini|uié-
tantes. Pendant ce temps les plaies prennent mauvais aspect, la
postérieure surtout est saignante , suppure davantage et tend à
•'agrandir rapidement.
Le \^' février tout est remis en question, l'amaigrissement s'est
reproduit, la bronchite avec fièvre résiste aux potions kermétisées
€t opiacées, les matières fécales ont reparu peu à peu danb le pan-
sement, et le trajet qui naguère était obture a repris les propor-
tions qu'il avait dans les premiers temps ; le duigl introduit dans
les chairs sent des esquilles nécrosées, qui sont extraites le 1*"' et
le 2 février : elles sont au nombre de trois, assez vofumineuses pour
figurer les trois quarts d'un anneau ; on dirait que Tus s'est inor-
tiné dans l'étendue de 1 centimètre tout autour du trajet de la
balle. Après avoir enlevé les esquilles, je panse cette plaie avec une
mèche de la grosseur du doigt enfoncée avec précaulntn jusqu'à
^intestin; j'obtiens ainsi une obturation assez parfaite pour que
les linges ne soient pas souillés dans l'mtervalle des panse-
ments.
Le 5 février, le doigt introduit dans la plaie ne sent plus de ru-
gOMÎtë cariense aU niveau de l'os iliaque ; on dirait que la répai*a-
tion s*y fait très-bien ; rorifice tend à se rétrécir; mais jecoulniue
l'emploi de la mèche en ayant soin d'en diminuer le calibre peu à
peu. Cette mèclie est extrêmement commode en cela qu'obturant
très-bien la plaie, elle empêche Técoulement de cette matière in-
testinale jaune bilieuse si irritante pour les tissus ({u'elle touche ;
f'e cherche h obtenir peu à peu une cicatrisation allant du fond de
a plaie vers la surface.
A partir de cette époque la plaie se rétrécit de jour en jour,
elle est ti es -amoindrie le 15 février; le 20 les matières fécales
ne sortent plus et la mèche e^t considérablement réduite, le doigt
tie peut plus arriver au niveau de Tos et un stylet même ne
pénètre plus bien avant.
^324 —
Lp blessé se lève, marche parfaitement, son appétit est bon, son
état général excellent et l'embonpoint est très-bien revenu.
Le 28 février, au moment de quitter le service, j'examine Tu-
haut; on peut dire qu'il est guéri et parfaitement guéri, la plaie an-
térieure est cicatrisée depuis longtemps, il n'y a de ce côté au-
cune saillie^ rorificeen est solidement obturé, de telle sorte que le
blessé peut tousser, marcher, faire tous les mouvements possibles
sans que l'on sente la moindre poussée intestinale sur la paroi.
La plaie postérieure est très-réuuite de diamètre, elle estinfundi-
buliforme et le doigt ne peut plus y être introduit, le stylet ne pé-
nètro pas non plus beaucoup plus loin au fond de l'entonnoir ; la
surface extérieure de l'os coxal est ensevelie sous des bourgeons
charnus de bonne nature, toute communication avec Tintestin est
absolument interrompue depuis longtemps et tout porte à penser
que dans quelques jours la guérison sera complète ; Téiat général
du sujet est excellent^ il marche absolument comme avant, ses
forces sont en excellent état.
Le 15 mars, j'ai l'occasion de revoir Tuhaut, la plaie est consi-
dérablement réduite, et Ton peut la considérer désormais comme
devant être complètement cicatrisée dans très-peu de jours; le
sujet gagne de l'embonpoint, il reste toute la journée levé et
n'est absolument gêné par rien ; on peut le tenir pour guéri et
parfaitement guéri.
Cette observation est assurément très-curieuse à plus d'un titre
et mérite bien d'occuper les méditations du chirurgien^ d'abord à
cause de l'extrême rareté de la guérison dans des cas pareils. En
effet, cette rareté est d'une notoriété assez bien établie pour que
je n'aie pas besoin de la fdire ressortir beaucoup. Mais ce qui^ en
outre, appelle l'attention, c^est la manière de procéder que j'ai
adoptée. Aurais-je dû chercher à obturer de suite les plaies de
l'abdomen ? aurait-il fallu les obturer dès que j'ai pensé que le su-
jet avait quelques chances de survivre ? ai-je mieux fait de laisser
au trajet le temps de s'organiser avant de chercher à obturer les
orifices extérieurs ? Voilà des questions que l'on peut se poser.
Pour ma part^ c'est après une mûre réflexion que j^ai adopté cette
dernière marche et je dois en fournir les raisons.
i° Aurais-je dû obturer de suite ? D'une part les plaies abdo-
minales par coup de feu sont si généralement suivies de mort, que
dans les premières heures Texpectation absolue me semble la
règle : faire dormir le blessé pour diminuer ses douleurs et attendre,
telle est la chose à faire, d'autant qu'en ce moment le temps
du chirurgien est une chose trop précieuse pour qu'il ait, en coo*
science, le droit de le donner à un sujet qui semble irrévoçableoieiil
— 325 —
condamné à une mort très-prochaine, tandis que d'autres blessés
peuvent être conservés à la vie par des soins immédiats ; d'autre
part, une plaie par arme à feu devant suppurer, l'obturation ne
réussira certainement pas, de sorte qu'elle est inutile, et par con-
séquent, on le voit, je ne devais pas obturer les trajets dès l'arrivée
du sujet à l'hôpital ;
2" A urais'je dû obturer k trajet dès que quelques chancefi de
vie ont été acquises ^ c'est- à dire <Jeux ou trois jours après? Non
encore, à mon avis, et j'ai cru nécessaire de laisser les choses en
l'état pour deux raisons ou plutôt pour une seule, car la seconde
est si secondaire, qu'elle s *efface presque devant l'autre. En efîet, je
pourrais dire que, sachant que Tos iliaque avait été traversé et par
conséquent serait le siège d'une exfoliation osseuse, j'avais la pensée
que la réunion échouerait. Mais ce n'e^t pas k cause de cela que je
n^ai pas obturé ; je n'ai pas fermé les plaies më disant que puisque
nous avions le bonheur de voir les matières fécales suivre le
trajet de la balle sans s'épancher dans les parties environnantes,
il fallait à tout prix désirer et favoriser l'organisation de ces tra-
jets avant de rien faire, de peur que gênant ce cours anormal, mais
non dangereux des matières, elles ne s'insinuassent soit entre l'in-
testin et le péritoine, soit entre le péritoine et les parois abdomi-
nales, ce qui eût été le p1u§ tetrihle danger, puisqu'il eût menacé
directement la vie, et il me semble que dans la situation où nous
étions il était préférable d'eiposer le sujet à un anus artificiel
plutôt qu'à la mort immédiate;
3* Fallait il chercher à réunir, une fois le trajet suffisamment
organisé f Oui, et c'est ce que j'ai cherchée faire; j'ai réussi pour
la plaie antérieure dont les environs mobiles ont pu se prêter da-
vantage aux tractions exercées par les agents de réunion, et le
mojen auquel je me suis arrêté ensuite pour la plaie postérieure
était tout à fait imposé et non volontaire. En e0et, l'exfoliation de
Fos ayant laissé un orifice relativement grand et que les compres-
sions latérales ne pouvaient combler tout d'abord, j'ai employé
une mèche qui avait un premier bon effet, celui d'empêcher Té-
panchement au dehors des liquides intestinaux, et qui ensuite, à
condition d'avoir les dimensions calculées avec soin et intelli-
gence, a permis chaque jour à la cicatrisation de se faire de dedans
en dehors peu à peu. On m'objectera que laissant une mèche ainsi
à demeure dans le trajet, je courais le risque de le faire tapisser
d'une cicatrice qtii pouvait prendre les caractères d'une muqueuse
— 346 —
et faire un canal permanent. Je n'avais guère à craindre une telle
terminaison ; en effet, pas un moment le trajet n'a paru s'organi-
ser à ce point ; mais même ce résultat eûi-il été possible que je ne
me serais pas découragé, car ultérieurement j'eusse pu facilement
aviver le canal depuis l'os iliaque jusqu'à la peau cl obturer ainsi
la lésion intestinale par une paroi extrêmement épaisse. On voit
donc que je me suis arrêlé, en somme^ à l'opinion la plus ration-
nelle et d'ailleurs le résultat a justitié mes prévisions^ puisque la
guérisoii e>i survenue ainsi bcureusement.
Je dois en dernier lieu insister sur l'utilité de l'emploi d'un
moyen (|ui empêchait parfaitement la sortie des matières fécaloides
pendant le traitement, lîln effet, ces matières fécaluides contenaient
d'ure part des principes nutritifs assez abondants encore pour
que la santé du malade lût très-sorieusement altérée par leur pcile;
d'autre part, ces matières, qui avaient la couleur jaunâtre-bilieuse
et qui étaient tantôt chymeuses, tantôt ayant Taspect de colle de
pâte i'idire ou solution de gomme louche ctdorée en jaune par la
bile (fluide inle>tinal), avaient une acti<m si irritante sur les tissus
qu'elles touchaient, que l'ulcération en était bientôt la conséquence
et que je n'eusse pu assurément empêcher la formation de vastes
plaies de position^ si je n'avais obtenu l'obturation momentanée
parfaite pendant quelque temps.
Quant à cet orage qui est survenu dans le cours du traitement et
qui a un moment tout remis en question, il s'explique très-bien
par la nécessité de l'élimination des portions osseuses nécrosées,
et c'est cette raison plus que le refroid issement, l'impression mo-
rale, etc. 9 etc., qui en a été la cause déterminante.
En somme, l'observation que je viens de rapporter est assuré-
ment extrêmement curieuse ; c'est un des faits les plus extraordi-
naires (|ue j'aie vus encore, et quelque petite que soit la somme
d'enseignements que ce fait porte avec lui, il m'a paru néanmoins
assez intéressant pour être raconté avec certains détails.
D' BÊaEMGBR-PÉRAUD*
— 327 —
hépertoire médical
REVUE DES
ÈmpolsoBneiueiit morfel
pur IcM fmillrH de Tiff (laxus
btircata). — On lit dsins l'ouvr^gt* de
Lia<iley : c Les ffuiles de Tif sont
féliilfs et li-ë8-v<uéiii-U8fS, (onlrai-
rt-iiieot à tifilaiiis auteurs qui pré-
tend* ut que les feuilles H'tnipuiaun-
Deut que certains animaux ei que
le» Imies suni seulfmeui purgatives »
L'/iri/i/irs/d/f, de Florence, rup-
|)orie qu'une fille de dix-neuf ans
avait pris, cimiroe eniniéua{fO}:ue. un
verrn de décnciion de leuilies dif,
le matin, peud^nt trois jours. On
avait employé 5 ou Goiicestic feuilles.
hv. qualrieine jour, la do^e fut por-
tée a ^ onces et provoqua des vu-
nissements aboudanls Un nié<lecin
fut appelé, qui favorisa les évacua-
tions A l'aide de IVau hë le. ei fil appli-
quer des sinapismi^s aux jauibes. La
malade nVn succombi pas moins
dans le déliée (nul heures après
l'adminif^tration de la dtunière do>e.
L'auiopsle u'auraii rien révélé de par-
ticulier. (.Uonz/Nfi ier méd , nov 16.U.)
EnapoiMoniiciueiit par leii
fruits du hottJK eomniun {Ùex ^
«9ici/"'tUfii).— Le ducb'ur liarkas (de*
Bow Bndge) fui appelé en avril der*
nier auprès d'un eniaiit de trois ans,
qu'oo di>ait atteint d'affection céré-
brale» Gelui-ci avait eu la vieille des
coliques et évacuations hi lieuses coq -
tenant une grande qua* tite de haies
de buux On crut «levoir lui faire
a¥aier un peu d'huile de ricin et
dVau-de-vie, el eu égard k 1 aggra-
Tation des 8>roptôiues. on manda le
médi-cin, qui cou«>iaia I élal suivant :
lace décolorée; pe-'U froide: r spi-
ralioii no maie ; pouls faible à Ho ;
lèvres fuligineuses; reli'ecis>euienl
fkupillaire: celles incessanles. — Le
ait et lf*a stiniu anis dilfusiblcs fu-
rent Si uIs pre: cnts.
1^ leo-ltsinain, amélioralion nota-
ble; encort? un eu de diarrbi e, qui
fiait par céder il l'opium et a la ci aie.
Ce fait prouverait que ces fruits
ne sont pas seulement purgal fa et
énétiques, comme le dis« ni bs au-
Irura de matière roé«licale. Il est clair
qu'ils ont agi Ici comme un poison ir->
JOURNAUX
rltant , d'une manière analogue à
l'opium en effet, les pupilles au-
raient été dilatées et non rehécies,
si le collapsus avait éie causé uni-
quenieni par une substance purement
irritanie.
(îeite observation offre un certain
intérêt, en ce sens qu'elle prouve-
rait tes propriétés vénéneuses de ces
fruits, à l'innocuité desquels on croit
à tort en France c<»muie en Angle-
terre. {Ihe Loncei, 10 avril.)
Déwinrrciioii et con^erTa-
tion dvti épOniirH eiuplt».%ées
au liivase ei au paiisemfnt
de» plaicM. lians les conditiuna
ordinaires, dit le «iocteur l..ericlie,
quelque soin qu'on pivnnr pour net-
toyer les éponges dont on se sert
dans b'S pansements des p aies; ces
ép'»nges I on.>erveiil toujours une odeur
désagréable, quelquefois même in-
fecte, et 1 on y constate la ptésence
de bactéries, de monades, de corpus-
cules de toute nature eu un mol de
ma ières qui ne peuvent manquer
d'exercer une influence fâcheuse sur
les plaies avec lesquelles on les met
en contact. Dans un grand nombre
de cas, la présence de ces matières,
provenant de plaies atteintes de »epti-
cilé, constituent un danger considé'-
rable.
Pour combattre ces inconvénients
graves, on a conseil é de traiter les
é|>ouges employées dans les sei vices
ciiirurgicaux par 1 acide phéniqne.
M'Ai> Tt-xpérience de tb^que jour dé*
montre que Tniee qu'on s éiaii faite
de son action n'est qu'une pure illu»
sion ; et qu il n'a pas d'autre avan-
tage que de mi^squer bs 0'leur>,ei de
r»'iarder les phénomènes de la fer-
roeniaiion. qu'il n'empêche point sur
le corps vivant. Aussi, le public mé-
dical commeuce-tit à revenir de son
engouement pour cet agent.
Il n'est pas nécessaire d'Insister ici
sur l'impoi tance extrême de ne met*
Ire en contact avec les tissus, dan.<* le
lavage des p aies et des parties envi-
ronnantes, que des sebstances pai*fai-
temciit pures de corps étrangers. Celte
importance redouble en quel(^ue sqK<&
— 32S —
lorsqu'il s'a(ri((1*époii«res. quipenvent,
ainsi que des e]^pf>rien('es récfnies
t*0Di démontré, déposer des principes
luxiqiies sur des plaies saf^tnanies.
Frap(i4^ de cette considération, l'admi-
nistrateur de l'Assistance piib1ii|iie
n'avait engagé à lui communiquer le
résultat de mes recherches sur ce
-tujet ; m»is 'es événements politiques
in'ont empêché de répoudre à cette
demande.
Voici, du reste, pour la désinfection
ti la Conservation des éponges Je pro-
cédé que je préconise après l'avoir
fmplovH avec succès t
Imprégner l'éponge d'une solution
de permanganate de potasse faite avec
4 parties de permanganate pour 100
parties d>ao : puis, la passer dans une
solution d'acide sulfureux au quart
(25 p. 100); enfin, la laver k grande
eau.
Par ce traitement, les éponges re-
i prennent leur état primitif et même
eur odeur niarine lors même qu'elles
ont été baignées de pus et de matières
Infectes. Avec le temps, elles devieu-
oent blanches, sans que leur tissu
soit altéré. Ainsi j*ai vu des éponges
soumises p^'odant quatre mois h ce
mode de dépuration sans être en rien
en-iommairées. l/^ur tissu devient
même beaucoup plus doux au toucher.
Quelque rang qu'on accorde h celte
nanipulation spéciale dans la grande
question du pansement dt*s plaies, il
^st permis d'udmettreque, dans Vam-
bulanre des Arts-el-Métiers. qui était
sous la direction de mes lden-aimé«(
maîtres, MM. Ciiseo et Léon l.abl»é,
elle a pu, combinée avec ta puissante
et efficice ▼eniilatioii appliquée par
M. le général Morin, contribuer h faire
de>-c«*ndre la mortalité à 17 pour 100,
chiffre qui n'a été obtenu nuie part,
pas même à l'ambulance américaine.
[Union méd., 1871, n» 24.)
De l'iodare de potasalaBi
daim le tralietncat d«* la pa-
ralysie tk(gUmnm. Il s'agit d'un
soldat de trente ans, chez lequel la
maladie débuta, en 18(>5, par des dou-
leurs dans l'épaule, le bras et la
jambe droite, avec vive céphalalgie.
Le 24 septembre 1869, le tremblement
commença k se manifester dans le
bran, et le 30 décembre dans la tête ;
les douleurs disparurent, mais le trem-
blement empira progressivement
Au moment de 1 admission à rb6-
pital, le tremblement occupe la tête
et le membre aupérieur droit ; il con-
siste, pour la tète, en des noaTe-
menls de rotation eontinuels vers ta
droite, acl'ompag^é^ d'abaissent-nt et
de ledr^ssemenl sur le cou, et pour le
membre supérieur, en mouvements de
f^ronation et de supination de la toli*
ité du membre combinés avec des
mouvements de flexion et d'extensioa
des doigts sur la main, de la main
sur lavant-bras, et de Tarant- bras
sur le bras. Le membre inférieur n'est
le siège d aucun mouvement paiholo«
gique, mais la couimciililè y est bten
diminuée. Les diverses sênsibiliiés
sont complètement perdues ou ti^-
notablement diminuées dans toute la
moitié droite du corps.
La maiadie, soumise anccetsWe-
ment aux eaux de Bourbonne. au
bromure de potassium jusque la doi^e
de 10 grammt-s par jour, an oitnite
d'argent jusqu'à commencement de
teinte bleuâtre de la peau, ne fut nul-
lement influencée et coniinoa ses pro-
grès, fil. Villemin administra alors
l'iodure de potassium. qu*il porta ra-
fddemenl k 3 grammes par jour. Dès
ors un am'^ndemeiit sensible n*a pas
tardé k se manifester ; ragiiaiion de la
tète a commencé k diminuer, elle èiait
complètement suspendue au bout de
trois semaines; la sensibilité atait
aussi légèrement reparu dans le bras
droit ; ro^is le malade, qui était ré-
formé, a voulu absolument soriir de
l'hôpital l/apteur ne donne aoenn
renseignement sur l'état de son ma-
lade au point de vue de la syphilis.
Qiioique l'observation de M. Ville-
min ne soit pas complète, elle nom
parait inlèressanle par les hiireux
résultats que l'todure de poiissiom a
paru obtenir dans une affection aassi
S rave que la paraivsie agltanle ;
I AxenfHd avait déjà pu snspendre
pendant div-huit mois les manifesta-
lions morbides dans un cas de para-
Ifsie agitante par l'usage eombinéde
rio<lnre de poiassiom, des bains anl-
fureux et (Tun i*aulère li la nuque.
(Becueil de méderinf et die cMrwgit
mUUaires, août 1870.)
Do anirate de ls«sla«
coaiBBe aBil|iérladlq|ae. Le
sulfate de buxine a été récemment
recoinmaudè comme fébrifogA par
Gaspare Pavia. et essayé par le diee-
teur Casati, a'après le PractUmêr.
qui l'extrait du Wiên WoehmilÀm
d*cictobre 1.809.
L'auteur a expérimenté le médica*
ment sur quarante -cinq maladet,
— 329 —
TiBgt bomines et vingt-einq femmes
de cioq à soixante ans. Dans vingt-
eioq cas le type de la fièvre était
tierce, il était quotidien dans dix,
quarte dans cinq, dooble tierce dans
un, et anomal dans quatre.
hans trente-six cas, le résultat fut
bHureux et peu satisfaisunt dans hiiil:
dans chacun de ces derniers, df'ux
doses seulement de sel furent admi-
nistrées, l<*s malades exigeant qu'on
leur donnAt de la quinine. Dans un
de ces cas une -seule do:<e suftii pour
éloigner l'accës, ce qui prouve que la
buxine avait mo<Hfié la maladie et
aurait suffi à la guérison si l'on en
avait continué l'emploi
1.8 dose tutelle que prirent les ma-
lades fut environ de la grains, admi-
Lislrés en six ou huit prises pendant
Tapyrexie ; chez nu malade 7 grains
surfirent pour amener la guérison;
chez dix adultes ou dut répéter la dose.
Dans deux cas seulement il y eut
recliute. Des trente-six guérisous,
Yîngt furent immédiates; dans les
seiie autres cas un ou deux légers
accès se manifestërent dans la suite.
En aucun c;is le médicament ne pro-
duisit de f&cbeux effets, une fois seu-
lement à la suite de la seconde dose,
il so manifesta un peu d'aballement.
%n aueuD cas non plus on ne vit de
complication.
La buxioe agit comme la quinine;
elle est aussi efficace dans le» cas
léip*rs; roab la quinine est préfé-
rable dans les cas graves. Le bon
marché de la buxine doit la faire
préférer k la quinine, elle sera re-
commandée surtout dans les cas oh
eette dernière est conire-indiquée
par quelque Intolérance idiosyncr»-
slqne du malade {^NetthYotk Med
Jomnuil et MouipeU^r métUcal^ 1871,
n*2.)
Il* |«s de citron dama le
tmiicmeait d« rhiinaaiiiime
mraiciilairc alcii. M de La Harpe
administre te suc de trois à six élirons
par juur. pur ou avec du sucre; il ne
présente pas le suc de citrons comme
nn spéeilique du rhumatisme articu-
laire, pour lui c'est un bon aniipfalo-
gintii|ue qui agit, soit directement par
lui-même, sott indirectement en pro-
YMMttl des sueurs critiques.
Las malades acceptent en général
nvee grand plaisir la mé«lication;
cfces quelques sujets cependant i peau
f «0, k«inê« de taches de rousseur, on
nBcontro quelquefois une susceptibi-
lité intestinale pour les acides qnl
empêche l'emploi du citron; les ma*
lades éprouvent alors des coliques, et
l'on est obligé de suspendre le médi»
cament ; mais ces cas sont rares.
Sous •'influence du suc de citron, lai
douleur et la fibvre diminuent, et la
maladie parait notablement atténuée
aussi quant à la durée.
Af . de La Harpe termine le traite*
ment de tout rhumatisme articuljNre
aigu par une petite cure de décoction
des bids suivant la méthode de
Schmidlroann, médecin de Meile (Ha-
novre*. Voici la formule de cette ti-
sane '• Bois de galao, racine ne sapo--
naire, racine de barda ne. de chacun
1 once ; ajoutez a la lin de la coctiun,
racine 'le réglisse demi once, bois de
sassafras 2 grus, pour 24 onces de
décoction.
C'est lorsque la fièvre est tombée et
lorsque les douleurs sont devenues
subaiguës, qu il est opportun de pas-
ser à la tisane des bois On repren-
drait le suc de citron si la fièvre on
les douleurs se réveillaient. {buU, de
Ut Soc. de méd. de la Suisse romande,.
juillet 187U.)
Ometione avec l'halle d'o-
live dstne l«*e insUadiee dea
enfant». Ce moyen si simple a été
employé avec succias, et pendant onze
mois, contre l'atrophie, la brunchiie,
les convulsions la diarrhée et les
maladies fébriles de Tenfauce, dans-
les cas uu les ftinclious cutanées se-
Irouveui compromises.
Ou enduit avec de Thuile d olive u»
peu ' haude, de bonne qualité, toute kn
suiface du corps et des extrémités- et
l'on répète ces frictions toutes l«'S:
douze les six, et mê.ne les quatre--
heures, suivant 1 urgence du cas. Uni
se sert d'une longue robe ou d'une
couverture de tlauelle.
L huile d'olive l'emporte sur le bain
chaud ordinaire :
1«> L'huile rétablit les fonetions de
la peau d une manière plus durable
et plus complète ;
i*» On évite par son emploi les dan-
gers de la reaction, parce qu'elle
n entraîne pas de cbaugemeuts de
température ; de plus, la couche hui-
leuse préserve la surface du corps dn
contact de l'air ;
3» Cette substance empêche la com-
bustion du système^ en supposant k In*
dénutrition ;
4<» Elle n'est pas déprimante, maig*
semble plutôt exhilarante.
— 330 —
Il «Rt cerfain que les affections si
graves, contre lenquelleg ch précieux
agt^nl est iniliqné cëilent souvriil de
vingl minutes à viugt-qualre lieunts
après snn emploi; parfois l'ameliiira-
tion n'apparaît qu »u bout dequa-
raalf^huil a aoixan e -douze heures.
Nou» V'ilà revi'Hiis à la praiiqne
deA Grecs el des liom»ins Tel est le
progrès. [Lancet, ^'i janvier 1H7U.)
lluelqneN téhrltu^^em Indl-
H^ncH. Iiepuîs longtemps SU. Mier-
giies emploie la piloM'l:e Hteforium
piUiXella pour Ciimbutlie la lièvre
quarte. Cette petite plante, de \a fa-
mllfl des composées, cridi alNindam-
ment en Afrique et n'est pas rare
chez nous, où on la trouve sur les
pelouses, aux bords des chemins et
sur >es coteaux arides. Pour I usage
roé<iical, on doit a réco'ier avant la
florais'n, c'est-à-dire en j<iin
L'auteu" emploie la plant'- entière et
fraîche en décoction ; ÏMI à (Hl gram-
mes par ve**re d'eau à pren<ire soir
el maiia II se sert aiiï^si de l'exirail à
la dose de 4 ^ 8 grammes.
M. Miergues emploie aussi comme
fébrifuge la Potei.tiUa ie:>tans iHo-
sar.ées , plante assez commune dans
Bus •nviruBs - c'est missi en décociou
qu'il I administre k l:i dose de
W grammes de raeine par verre
4Vau. à diviser en tnds punies (|ne
l'uu prend d:ins lintervalle de.s repas.
Vuici la formule d'un liouillon fé
brifu^e qui lui a ren lu de liramls
services : Faites cuire, dans irois
Verres de houilluo de vianile dégrais-
sée, une f>rie poignée de pilu>elle,
une pincée de clilcurée, de poteniilltt
rarap-inte, de fraisier el un peu de
noix muscride: passes et divisez en
tle*ji purl<, k pren re l'une une demi-
heurtt avant laeeës . Tauire deux
beur>8 ap'bs. {Algérie médical,
n" 13, lb7«».;
f Empoiiio une ment pair la
bellud^nr a|»|>li<|uée* i*ezté-
rleur Ces faits hunt rares , à ce titre
ceux que M. Gi<«caro rapporte pour-
ront présenter qui-lque imérét. En
voici le résumée très-succinct :
1° Femme de quarante ans; con-
stitution forle* It'mpeianient sanguia;
uoe mouche de belladone de la gros*
seur d'une piif^ce df deux francs est
appliquée sur la tempe p4tur une né-
vralgie temporo-faciale gauche très-
intense Huit heures après. agttatioQ
tr^l-gri»n4«, h9% pile, altérée, expri-
mant la frayeur; pools petit, fré-
quent, peau' froide et molle: refrtri
tij^e^ pupille extrêmement dilatée, hal-
lucinations vi^uel}es, céphalalgie in*
tense: nausées s}ins vomissement; li
mouche est enlevée, des sinaiii^met
aux jambes el de fort>'H iiifisiuBB
de café sont prescriis; les aicblents
ont Complètement disparu deux heures
après.
La malade raconte que, quelques
années au aravant. des acciilentsant-
lugues éiaieni survenus après Tappli-
cilion sur le derme i un dénudé d une
semblable mouche de bellailooe.
I** Une f''mnie de trente ans enviroa,
sur lavis de M Velpeau, calmait des
doul- urs provoquées par une affeelioM
utérine au moyen il'itnciions avec une
pommade de lielladone poiièe sur le
c(d (II- la mati ice. Invitée nn jour k un
bal, elle eut l'idée d'augmenter la dose
de la puuimaiie afin de prévenir pen-
dant la >oiré<' le retour îles douleurs.
Une heure après, sécheresse de la
gor^e avec s if pâl'ur des tégo-
roents forte dilMlation de la puidlle,
reuard Hxe, céphalalgie paroli^ diffi-
cile, mouvemt lits comme au omati»
ques; la uialade marchait, »e eviiit,
dansait comme mue par on ressort.
Klle se bâté d ■ (initier le bal ; et le
docteur Ibeiilafoy, prévKnu aiissi-
tM. n'a pas de peine à recunnallrs
l'ivresse atropique, q'o la «oppres-
sion do panseiuem lit disparaître fiici-
lemenl.
I.e docteur Giscaro elle plusieurs
faits de ce ireore empruntes aux re-
cueils périodiques ; tels août par exem-
ple les suivants t
|o Littimeut avec 30 irramiaes
d'huile de jusquiam'^ camphrée, et
4 fjrummes il extraii tie belladone ap-
idiqné sur répiga>tre AceMenis toxi-
ques au bout de quarante huit heures.
{Journ "e nn^d de l'MduUxe^ iKTi^.)
1^ D' ux cas d'empoisnnuenieut dus
à l'application d'un emhlàtre'dc Mh«
deo' aux loiNbes dans le preisi. r rs»,
aux Bolleis dans le second. \Bfitiik
Mtd JimmtU.)
3" Empoisonnement par ua en-
plAlre belladone appliqué daas If
dos. (Mêdicai Tiuieg and Gaatttê,
novembre 18 'O.)
é' Nous r.ippelleroB«< que M. Fer-
roud a relaté un exemple anolofroo
d emiioisouoement par un erepMtrs
belladone appliqué à rhvpogastre.
{tiai, méd,tie Lyon, I86<) )'
M. Gisi-aro ne croit que nédioers-
mont à raalagoDlsBio do l'opioai oi #•
- w -
la belladone et pense que jusqu'à pré-
sent on doit se montrer ir&s réservé
sur le plui d'iin île ces poisons
oomnnc antidote à l'autre. [Rfimptuéd.
de Toutouse et Lyon méd., 1871^
B» S )
EaipoiiMinneiiient par l*«-
aropine guéri par l'opliim.
L^auteur, M. >'an Ivughein. ebt de
ceui qui cruipnl à l'aniagonisme de
l'opium et ée la l»elladooe. Si les ex-
périi-Dcesdf M. Camus liMident à dé-
montrer que G<i antagonisme n existe
paa ctiez les oiseaux e( les lapins^ les
nombreuses observatiuns cliniques
rapportées par fiehier Lie. Morris,
TeMHIn^ tri»'., prouveiit qu'il et lilen
réel chez rtiomme. M. Van l*eleghem
cite le fait suiViint à l'appui de suo
dire.
• Une femme do vingt huit ans avale
une verrêe dVau sucrée additionnée
de jtts de citron et da>*6 laquel'e elle
avait versé par mégarde, au i<eu dVan
de fleur d'orangi'r, au moins deux
culUtM'éHS à cafë d'un collyre à l'atro-
pine dont on ne donne pas la Torroule.
Vingt minutes après, troublt; de la
vision. •• tout danse autour de ii.oi »,
dit la maliide, puis si chrresse de la
gorge, hallucination, perte dooop
naissance, délire at^ité ge>ticu!âtions^
paroles rapides, face rau;:e, conges-
tionnée : par nioininl tremldeinenls^
pouls peiit. fuit, très- fré(|Ui'iit, pu-
pille exlrâm* reeiii dilatée. tJu vumi-
tif egi a<iministré
C'est dans c«*t étal qne l'anleurest
appelé à voir ïa malade, une h> a e en
viroD après riBgrsliuH du toxique. Il
fait preadr* dctipq i-n cinq minuli-s.
Kr petites gorgées, 55 gouttes de
idiiuum dans une verre d'eau su-
crée; les premières doses sont reie«
téea sous linlliienci* du yomiiif: le
inéilicam<'nl est continué et 15 gouttes
de. laudanum sont a(lroini>tree» en
lavement ; le délire se suspendit et fit
pHaee k de t'asaoupunsemeai
Réapparitiou du délire une demi-
tarare après ; nouvelle potion avec
StI gouttes de laudanum ; bientôt apr^ ,
foruiD' il paisible; le pouls s'est re-
levé, 11 est a 11*2 puUatious.
Les symptômes de l'empoisonne -
ment reparurent plusieurs fuis dans
la journée et furent chaque fois éteints
par une nouvelle dose de laudanum.
^ gouttes de laudanum furent ainsi
adminisiiees sans produire dacci-
denls. Dans le courant de Taprës-midi
la coiutaia^a^ était revenue, la vue
étaU «encore abolie, m^iis tout danger
avait disparu; le troisième jôiir>ià
malade pAI se lever ; mais quoique leà
pupilles Tussent revrnues à leur état
normal, il lui était encore impossible
de reprendre ses travaux de couture.
{huit, méd, du nwd de la France et
Lyonméd., 1871, n» 9.)
Emiploi do chloral contre la
munit* aiKuë Déjà d'heureux ef-
fi'ts du ( bloral ont été obtenus par
diver> auteurs contre «erlains cas do
délires aigu^. Voici un Nouveau Tait à
ajouter aux précédents, qu'a observé
M. humas, de Ledignan
Un j> une tuilier de vingt-six ans,
d'une flirte eonstilulion, ne comptant
pas d aliénés dans sa l'aniille tt-i pris
tout k coup et sans cause appréciable
d un délire aigu avec état mainaqiie.
Ses paioles sont vives et incohé-
rentes il cesse do pleurer | our rire,
il supplie on commande, fitit des ex-
cuses ou invective. I a face est un peu
colorée, le regard ^ quelque cb^ae
d'égaré, d'effrayé même , la fièvre est
nulle.
On ne peut songer à un delirivm
Irftufna, te sujet étant un modèle de
tempérance. On sait seulement que de-
i^iia quelques semaines, api es avoir
éré vivenieni impre.N^ionné par la mort
d'un de se.s parents, il éiaii tli^(e et
préoccupé et avait «laiis ses allures
quelque cbo>e de vague et d indéfini
qui avait frappé meux qui 1 appro-
chaient.
^^. Dumas, après avoir en recours
inutilement aux purgatifs, au bro-
mure de potassium, k Ja duae da
5gismmes, à une saignée du bras,
administra lechioral;3 grammes dans
un Jiilep de liU gr.>mmes; le troi-
sième jour du «tèlire.
À la truisijenie cuillerée delà potlpi^
le mal<<de s'endort, ce qu il n'avait paa
encore fait. Le somineil, calme et
paisible, dure trois heures. Le reste
de la potion ast alors administré et
procura un nouveau sommeil de deux
heures Le lendemain, 4 grammes de
chtoral sont administrés dans la mémie
potion et le délire G4-sse comptétc-
menl. Deux jours après, le malade
reirenait son travail et personne ne
pouvait soupçonner ce qui veiiaii de
se passer. {Aiunî^^elMer rnéd, et Lyoti
méd.y 1«71,no2.)
Emploi de l'oignon cra
comme dluréiiquc- Un soldat
lymphatique, i^k de trente ans, ayant
— 332 —
déjà été atteint, il y a troia ans, de fib-
yre interroiUt^nte avec cachexie palu-
déenne et anasarque, entre à rbôpital
pour se faire soiKuer d'une gale com-
pliquée d'eczéma.
Pendant son ««"jour à l'hospice sur-
vint une plHuré>ie droite aiguë avec
épancberoent occupa ni les deux tiers
de la plèvre droite^ (iëvre vive et
œdème des membres. I^e second jour,
lauasarque se . généralise à presque
tout le corps, l'epanchement pleural
droit est augmenté ei un épanrhe—
ment notable se fait dans la plèvre
S anche. Les urines sont peu abon-
anies, brunes, sé'.limenieuses, sans
albumine. Une légère bronchite col-
latérale vil t de plus compliquer les
aocHlenls ^vin, bière, boissons sudo-
rifiqnes).
La fièvre disparut le septième jour,
Tappéiit revint, n als les phénomènes
do côté de la poitrine et l'anasarque
étaient (ianM le même état, peut être
an peu atcgravés. C'est alors que M. le
docteur Ùuprez ordonna comme diu-
rétiques des oignons crus. Le malade
en prit trois par jour, qu'il maigealt
avec son pain.
LVffet fut vraiment surprenant. Ce
maladf, qui rendait à peinf une demi-
pinte d'urine dans les vingt- quatre
heures, au bout de huit jours remplis-
sait deux pots et demi dans le même
espace de temps. Aussi, à dater de
cette époque, vit-on disparaître insen-
siblement les phénomènes hydrupi-
ques et tes liquides épanchés dan» les
plèvres, tant dans celle qui avaii été
primitivement enûamniée (|ue dans
celle oii l'épancht ment avait été con-
sécutif.
A,>rès trois semaines de ce traite-
ment, la bronchite, dernier vestige
de la maladie, était complètement
guérie. Toutefois, le patient il ut être
houmis à un régime fortement to-
nique pendant une convalescence de
flus d'un mois, pour pouvoir quitter
hôpital en bon état. Le BuU. de
Thérapeutique a déjà signalé cette
action de Toignon cru. [Arcti. méd.
belges et Lyon med,, 1871, no 2.)
VARIÉTÉS
Errata, Dans le numéro du 15 mars, p. 231-232, article TraitemetU Ai
psoriasis, au Képerioire médical, au lieu de : a Localement il se loue beaoconp
de l'emploi de l'acide carttontque.,, » lisez : acide carbolique (ou phéuique), et
de même dans le reste de cet article. - Cette faute d'impressiou qui, i notre
grand regret, a échappé à notre attention eu lisant les épreuves du journal,
démontre l'inconvénient que présente la multiplicité des dénominaiionA donnéet
il une Oiéme suiislance, inconvénient contre lequel s'est élevé avec tant de
raison et avec l'auturite qui lui appartient, le savant Bl. Chevreul, i propos
d^une communication de M. (ialvert à l'Académie des bciences sur Tadde
pbénique lui même (voir notre dernier numéro, p. 282, note an bas de la
page). Cet inconvénient est plus grand encore lorsque, comme dans le eu
préAenl, il y a une si grande ressemblance entre une de ces dénorainatioat,
acide carbolique, et une autre propre à une substance complètement dinëreale,
acide carbonique.
Pour les articUs non signés :
F. BRlCHETfiAU.
THÉRAPEUTIQUE MÉOICAU
IM» racropliie eomiue anlidote phyuioloskqac do l*aclioii
toxique de la fève du Calubar;
Par M. le docteur Thomas R. Fraskb, médecin-adjoint à l'infirmerie rojale
d'Edimbourg ' i).
La question de l'antagonisme entre certaines actions physîolo-
gi(|ues de différentes substances actives ou médicaments, a pris
depuis quelque temps un rang important dans la science médi-
cale. Déjà l'on a accumulé de nombreux exemples qui paraissent
bien constatés, parmi lesquels on peut citer Tantagonisme entre
les actions de la morphine et de Tatropine^ ainsi que de Tatropine
et de la fève du Galabar ou physosligma sur l'iris et les petits vais-
seaux ; de la morphine et de la quinine sur ces mêmes vaisseaux ;
de la fève du Galabar et de l'atropine, de l'acide cyanhydrique et de
Tatropine^ de la muscarine (2) et de l'atropine sur les nerfs vagues.
A cette question se trouve inséparablement liée la question plus
ancienne de l'antagonisme entre les actions léthifères de certaines
substances actives. Mais sommes-nous en réalité dès à-présent fon-
dés à énoncer comme positivement établi aucun exemple d^antago-
nisme physiologique de ce genre? Un grand nombre d'autorités
ëminentes soutiennent, il est vrai, comme on le sait généra-
lemcnt; que l'action léthifère de la belladone est combattue par
Topium^ et, réciproquement, celle de l'opium par la belladone.
Dès Tannée 1570, Pena et Mathias de Lobel alfirmaient que
Topium diminue l'activité de la belladone; plus tard^ Horslius
rapportait un cas dans lequel les effets d'une forte dose de bella-
done paraissaient bien avoir été guéris par l'administration de
l'opium; et dans ces derniers temps un grand nombre d'écri-
vains modernes, tels que Benjamin Bell ^ Graves^ Andersen^
Garrod, AJacnamara, Béhier^ Norris et Constantin Paul, ont publié
des témoignages qui bont évidemment favorables à l'hypotlicse de
cet antagonisme. Gependant nous ne sommes pas encore suffisam-
ment autorisés à regarder ces témoignages comme concluant;^,
(i) Traduit diaprés le journal The Practilionert livraison de février 1870.
(2) Voir dans la présente livraison^ p. 361^ un article sur cet alcaloïde.
TOMELXXX. 10* IIVIJ. 28
— 334 —
lorsque lums voyons (jiic plusieurs ohservalenrs d'une compé-
tence reconnue^ après un examen attentif et sévère de chacun des
exemples rapportés, les ont déclarés insufiisants. Ën6n les résultats
qu'ont obtenus d'expériences sur les animaux inférieurs Brown-
Séquard, Camus, Onimus, sont absolument opposés h rexîstence
de cet antagonisme.
Il y a quelques mois, le professeur Preyer, dléna, a annoncé
que Tatropine est un antidote physiologique de Pacide prussique;
et plus récemment encore les docteurs Schmiedeberg et Roppc,
de Dorpat, ont fait voir qu'il existe des raisons de supposer
que l'effet mortel de U muscarine^ principe actif dérivé de l'aga^
ricm muscariuê, peut être prévenu par l'atropine. Je ne suis
qu*impartaitement au courant du premier de ces deux sujets de
recherches^ n'ayant pas encore euToccasion de consulter le mémoire
de Tauteur ; quant au second^ je ne puis être parfaitement édifié,
les auteurs ayant omis de prouver que les effets neutralisés sui-
vant eux par Tatropine^ étaient causés par des doses de muscarine
qui, sans l'atropine, auraient eu certainement dea conséquences
fatales. Les expériences des investigateurs russes prêtent donc le
flanc à l'objection si juditiçuseroent soulevée par le docteur John
Harley et par Lemaitre contre un bon nombre des-cas d'antago-
nisme entre Topium et la belladone qui ont été publiés, à savoir
qu'il n'est pas démontré que, dans ces cas, une dose de poison
suffisante pour donner la mort ait été administrée.
Les recherches, sur certains résultats desquelles je me propose
d'appeler l'attention dans ce mémoire, ont été commences en
avril 1868. Bien qu'elles soient encore inaclievée9y divers faits sont
acquis, qui paraissent suffisamment importants pour justifier celte
publication ; ils démontrent en effet que, chez certains animaux au
moins, les effets mortels de la fève du Calabar peuvent être préve-
nus d'une manière remarquable et parfaite par l'action physiolo-
gique de Tatropine. Sauf un petit nombre d'exceptions, les expé-
riences ont été instituées sur des lapins et des chiens ; mais ce soa
de celles qui ont été accomplies sur les priçmiers de ces animaox
que je parlerai principalement, parce qu'elles forment une série
qui, quant à présent^ e$t de beaucQup la plu9 complète.
J'ai adopte la méthode suivante comme étant celle qui paraissait
la plus capable de donner des résultats concluants :
Après avoir déterminé approximativement la dose mortelle aai-
nimum d'extrait dej physostigma pour des lapins et des chiens
— 338 —
de différents poids, cette dose^ ou bien une beaucoup plus considë-
rable, était administrée aprk$ une certaine dose de sulfate d'atro-
pine, ou au même moment ou auparavant ; et si ta mort n'en
était pas la conséquence, le même animal était sacrifié, au bout
de quelques jours, à Taide d'une dose de ce mémo extrait de fève
du Galabar aussi forte ou moindre que celle qui avait été adminis-
trée concurremment avec Patropine. J'employais un extrait prépare
par moi-même au moyen de Palcool rectitié^ et comme cet extrait
est un peu hygrosmétrique^ j'avais soin de le sécher dans le vide
ate d'être assui^d'une préparation invariable^ dont chaque dose,
au monaent de m'en servir, était pesée séparément dans un état de
siocité absolue. Le sulfate d^atropine dont je faisais usage était le
sulfate ordinaire du commerce. L'extrait de fève du Galabar, aussi
bien que le sulfate d'atropine, était presque invariablement admi*
nistré par injection hypodermique.
Dana une première série d'expériences, le sulfate d'atropine
est administré avant une dose mortelle d'extrait de fève du Ga-
labar, de la manière suivante : on injecte à un lapin un grain
de cet extrait quinze minutes et trente secondes après un demi-
grain desulfate d^atropine; à un second lapin^ deux grains d'extrait
quinse minutes et quinse secondes après un dixième de grain de
sulfate d'atropine; à un troisième, trois grains d'extrait quinse
minutes après un demi-grain de sulfate d'atropine ; — la mort ne
survient dans aucun de ces trois ca^t. Les animaux employés dans
chacune ée ces ex^iériences sont tués plusieurs jours après, l'un
avec sept dixièmes de grain^ le second avec un grain et le troisième
avec il» grain et demi d'extrait de fève du Galabar. Or il y a lieu
de remarquer que chacune de ces doses d'extrait est considérable-
ment moindre que celle dont le même animal s'était rétabli alors
qu'on avait commencé par lui administrer le sulfate d*atropinc.
Dans une seconde série d'expériences, les deux substances sont
Injectées simultanément ou presque simultanément, un intervalle
înévîtahle de quelques secondes séparant de toute nécessité les deux
Tojectîons. A un premier lapin on injecte un demi-gi*ain de sulfate
d'atropine^ puis un grain d'extrait de fève du Galabar: à un second,
un demi-grain de sulfate d'atropine, puis trois grains d'extrait de
fève du Galabar ; à un troisième enfin, six dixièmes de grain de sul-
fate d'atropine, puis guatre grains du même extrait ; — - aucun de
-en animaux ne succombe. Le lapin employé dans la première expé*
rienice reçoit, treize-jours après, «n grain d'extrait de fève du Ca-
\à\)à\\ el Id inoil arrive en dix -huit iiiiiuttos ; l'animal lic la se-
conde e:^))éi jencc bubil^ le neuvième jour, une injection d'un grain
et demi d^exiraxi y el il meurt au bout de cinquante-quatre minutes ;
entîn, on injecte au troisième lapin, au bout de sept jours, un
grain et demi d'extrait de fève duCalabar, et il succombe trente-six
minutes après.
Ces deux st^ries d'expériences démontrent de la manière la plus
rigoureuse que Tatropine, par son action sur Téconomie vivante^
neutralise ou prévient l'action léthifère de la fève du Galabar. Des
expériences quej*ai faites sur des chiens m'ont donné des résultats
qui établissent d'une manière tout aussi satisfaisante l'existence
de cet antagonisme. Une de ces expériences a déjà été décrite dans
une communication à la Société royale d'Edimbourg ; j'en repro-
duis le compte rendu suivant^ d'après les procès-verbaux des
séances :
(( Huit grains de sulfate d'atropine et trois grains d'extrait de
fève du Galabar, dissous dans de l'eau distillée, furent injectés pres-
que en même temps sous la peau d'un vigoureux terrier anglais,
pesant 10 livres. Les principaux symptômes furent la dilatation des
pupilles, une paralysie partielle^ de l'hypnotisme. Le premier de ces
symptômes dura plusieurs jours^ et le dernier disparut en moins de
vingt-quatre heures. La paralysie partielle ne persista que quarante
minutes, au bout desquelles Tanimal se trouvait dans un état tout à
fait normal^ à l'exception que ses pupilles étaient complètement
dilatées et qu'il éprouvait une tendance manifeste au sommeil.
« Trois semaines après, le môme chien reçut 8 grains de sul-
fate d'atropine et six grains d'extrait de fève du Galabar, la dose
de cette dernière substance étant deux fois aussi forte que celle
administrée dans rex|)érience précédente. La dilatation des pupil-
les el une perte considérable de la faculté motrice se manifestèrent
de nouveau ; mais de plus il se produisit d'une manière marquée
certains phénomènes qui étaient indubitablement dus à la fève du
Galabar, tels que des tremblements et une exagération de la sé-
crétion bronchique. La paralysie partielle et les tremblements du-
rèrent plus de trois heures, et la dilatation des pupilles persista
plusieurs jours, après quoi le chien recouvra parfaitement son état
antérieur.
« Dans le but de démontrer d'une manière irrécusable que
c'était bien l'atropine qui avait empêché l'action fatale de la fève du
Galabar administrée dans ces deux expériences, ce chien reçut, au
— 337 —
boni de quelques semaines, trois grains d'extrait de cette dernière
substance, c'est-à-dire une dose égale à celle dont il s'était rdlabli
dans la première expérience, et seulement de moitié moins forte que
celle qui lui avait été administrée dans la seconde expérience et
dont il s'était également rétabli. Voici quels furent les résultats :
la paralysie partielle et les tremblements se produisirent avec rapi-
dité, les sécrétions lacrymale et salivaire s'accrurent excessive-
ment, la respiration devint de plus en plus laborieuse et saccadée,
et enfin la mort vint mettre un terme à ces symptômes dix sept
minutes après l'administration du poison »
Le dernier pas dans celte enquête, celui qui constitue Pépreuve
la plus complète de la valeur pratique des expériences qui vien-
nent d'être relatées, consistait à administrer Tantidote après une
dose mortelle du poison. Il importe évidemment que la nature des
faits observés dans les expériences soit bien clairement comprise,
et, en conséquence, j'ai pensé qu'il était convenable de donner un
court exposé de deux de ces expériences.
Dans la première, un jeune lapin, pesant 2 livres i4 onces, rc-
çoit, parinjcction sous-cutanée, ungrain e^rfewi d'extrait de fève du
Galabar suspendus dans 15 minims(l) d'eau distillée. Les symp-
tômes de l'action de la substance toxique se manifestent après une
minute et trente secondes ; mais ils ne prennent un aspect sérieux
qu'au bout de six minutes, oii l'animal commence ù éprouver une
grande difficulté à se tenir sur ses pattes. Au bout de neuf minutes,
il s'affaisse et reste étendu sur le venlie, le thorax et la mâchoire
inférieure, les pupilles sont un peu contractées. Après dix minutes,
les matières fécales sont expulsées, la salive s'échappe abondam-
ment de la bouche, Tanimal est dans un état de flaccidité complète
et absolument hors d'état de se mouvoir.
A dix minutes trente secondes, on injecte sous la peau du flanc
gauche un demi-grain de sulfate d'atropine dissous dans 15 mi-
nims d'eau distillée. Quatre minutes et demie se passent sans au-
cun résultat apparent ; à partir de ce moment la flaccidité générale
disparaît un peu, le dos reprend sa courbure normale, en quelques
secondes la tête se redresse, le flux de salive diminue d'une manière
notable, et les pupilles se dilatent légèrement. En huit minutes le
(1) Minim. mesure de capacité anglaise qui équivaut à 0,059 de notre
millilitre ; 15 minims d'eau distillée font donc 0,88 de millilitre^ soit, on
poids, un pfu moins de 1 gramme.
— aâ8 —
lapin parvient à se relever sur ses membres et reprend son atUtude^
naturelle ; le flux de salive a disparu complélement et les pupilles
sont largement dilatées. En douze minutes^ il n'y a plus d'auLr^^i
symptômes qu^une extrême dilatation des pupilles dueàractipQ,4u
sulfate d'atropine, et des secousses fibrillaires des muscleB, que j -ai
démontrées être sous la dépeudance de Tactioa de 1^ fè? e du Ca-
labar.
Douze jours après, on fait sous la peau du même lapin une
injection de un grain et un cinquième du même extrait de f^ysos-
tigma, suspendus dans 15 minims d'eau distillée. La moH arrive
en trente minutes.
Dans la seconde expérience, deux grains d'extrait de fève duGa-
labar, suspendus dans 20 minims d'eau distillée, sont iojeciéft
sous la peau du flanc droit d'un lapin pesant 3 livres et 11 onces
et demie. En huit minutes et trente secondes, l'animal gît éteada
sur le ventre et le thorax, un flux de salive s'échappe en abondance
de sa bouche, les pupilles sont un peu contractées^ la respiration
est pénible et bruyante^ et il se produit une évacuation abondante
de matières fécales liquides.
A huit minutes et trente secondes, un demi-grain de sulfate
d'atropine, dissous dans 45 minims d'eau distillée, est injecté
sous la peau du flanc gauche. En quatre minutes» les pupilles sopi
dilatées, les flux salivaire et diarrhéique s'arrêtent. Après six mi*'
nutes, l'animal fait de vigoureux eflbrts pour se relever^ mais ceift
efforts restent sans succès jusqu'à la quinzième miuuta. Dans Ve&*
pace environ d'une heure vingt minutes, le lapin est presque
rétabli, bien qu'il reste encore un léger degré de paralysie, fin une
heure quarante minutes, tout symptôme a disparu, à Texception do
la dilatation des pupilles et des secousses ûbrillaires des^ musclef .
Quatre jours après, ce lapin, étant dans un état paifaitement nor-
mal, reçoit par injection sous-cutanée un grain et demi d'extraitde
physosligma suspendus dans 15 minims d'eau distillée. A la suite,
apparition rapide de tremblements et de paralysie, augmentation
considérable des sécrétions salivaire et bronchique, évacuations
profuses de matières fécales liquides, contraction des pupilles, et
mort quinze minutes trente secondes après V injection.
Les expériences que je viens de rapporter n'indiquent à aucun
degré la proportion précise de puissance antagoniste qu'exerce
l'atropine sur la fève duGalabar; il faudra^ avant d^être en mesure
de déterminer ce point, multiplier considérablemt^ut le nombrt^t*
— 33« —
66e expériences. Telles qu'elles sont; cependant^ on ne peut se re<*
foàer à Tadmetti^, elles font voir que les effets mortels de doses de
physostîgma excédant de beaucoup la dose minimum sufflsantd
p6\if causer la mort, peuvent être prévenus par des doses d'atro-
pine TKHablemeAt inférieures à la dose fatale minimum de cet al^*
càlèîdè; on admettra également qu'elles contiennent la démonstra-
tion i'Ji plus complète du pouvoir qu'a l'atropine de prévenir les
(effets mortels de certaines doses de physostigma.
On peut dire qu'une telle démonstration, étant faite sur des ani-
maux inférieurs, n*est pas applicable à Tliomme. En réponse à
cette objection, je rappellerais que les phénomènes produits par
l'atropine et par le physostigma sont précisément les mômes sur
Phomrne^ les chiens et les lapins. Sails doute une différence mar-
quée existe entre la susceptibilité de l'homme à l'action de l'atro-
pine et celle dé cos animaux ; mais celte différence n'étant qu'une
simple différence de susceptibilité, iiignitle seulement que ches
l'homme la quantité administl-ée doit être moindre que chet les
chiens et les lapins pour obtenir des effets égaux. Il est d'ailleurs
en notre pouvoil* d'augmenter considérablement l'action de Tatro-
pîne, en modifiant le procédé d'adminislfation. Si l'on intj'oduit
dii^tement une très-^petile dose de cette substance dans une des
teihes superficielles d'un lapin, les effets toxiques se produisent
très«rapidemént, et dé la sorte ta différence apparente dé son action
sUl* rhokttrUe et sur les lapins se trouve dès loi's écalléé. J'ai fait
une eitpérience dans laquelle une très -faible ddse (un ({Uarantième
de gfaÎD) de stilfato d'altopine fut injectée dans Une des veines fa-
ciales d'un Iftpin qui avait rcçu^ peu de temps auparavant, par in-
jection hypodermitjue, une forte dose mortelle d'extrait de physos-
tigma. Cette dose dé l'antidote^ bien quo ne dépassaitt qu'un peu
celle qu'on administre fréquemment chez l'homme par injection
souy-cutanée, neutralisa parfaitement les effets mortels de la dose
exaj[éré^ de fève du Calabar.
Peut-être regardera-t-on comme nécessaire que je cherche à jus-
tifier le titre de cet article, l'atropine n'ayant jamais été employée
chez l'homme comme antidote coiitre l'empoisonnement par la fève
du Calabar. Il faut reconnaître qu'avant de se risquer à l'em-
ployer à ce titre, il est de toute ndcessilô que de bonnes raisons
soient d'abord fournies k Tappui de l'existence d'un pouvoir anti-
dotique^ car ce n'est ({u'ainsi que peut être autorisée l'application
pratique èl qu'il est possible d'y feèourir comme contre-poison
- 340 —
avec opportunité et confiance. La preuve que nous avons apportée
de rcxistônce d^uu tel pouvoir est de la nature la plus satisfaisante.
En effet, les expériences d*essai contenues dans la troisième série
témoignent beaucoup moins en faveur de ce traitement que ne
le feront les cas, quels qu'ils soient, qui pourront venir dans la
pratique se présenter à notre observation ; car dans les faits
que nous venons de rapporter, le poison a été administré par in-
jection sous-cutaiiée, et par suite son action sVst produite avec
beaucoup plus de rapidité que si l'administration avait eu lieu par
la voie gastrique.
Si Ton avait à traiter des cas d'empoisonnement chez Thomme,
le sulfate d'atropine serait donné en injections hypodermiques à la
dose de un cinquantième à un trentième de grain. L'administration
de Tantidote devrait être continuée, à doses répétées, jusqu'à ce
que les pupilles fussent complètement dilatées, le nombre des bat-
tements du pouls augmenté, et probablement aussi jusqu'à ce que
l'hypersécrétion du mucus bronchique^ qui entrave considérable-
ment la respiration, fût arrêtée complètement.
Ce n'est guère ici la place de discuter la question intéressante et
importante de l'action exacte ou des actions sur lesquelles repose
Tantagonisme entre ces deux substances. Il suffira de rappeler que
la fève du Calabar augmente l'excitabilité des nerfs vagues^ tandis
que l'atropine diminue et suspend cette excitabilité ; que la fève du
Calabar diminue la tension artérielle, tandis que l'atropine l'aug*
mente ; que la fève du Calabar accroît considérablement la sécrétion
des glandes salivaires, bronchiques , intestinales et lacrymales,
tandis que l'atropine diminue et même suspend complètement ces
sécrétions ; enfin que la fève du Calabar contracte les pupilles,
tandis que l'atropine les dilate dans une proportion comparati-
vement beaucoup plus considérable. Outre ces effets de l'action par
l'intermédiaire du sang, divers effets locaux opposés ont été ob-
servés, parmi lesquels la contraction des veines par la fève du Ca«
labar (dont l'existence a pour appui la haute autorité de M. Wharton
Jones), et la contraction des artères par l'atropine.
Aucune recherche peut-être ne pouvait être entreprise qui fût
plus propre que celle de l'antagonisme entre les actions des ^mé-
dicaments, ù avancer la science de la thérapeutique^ accro!ti*e ses
ressources, et ôtcr tout piétexle à ce scepticisme déraisonnable
avec lequel on l'envisage dans beaucoup d'endroits. Car l'objet
d une telle recherche est de démontrer la manière dont certain? états
- 341 —
anormaux exaclement dëtinis sont rappelés à la noi^alilc par des
actions d'un caractère également défini et exactement déterminé.
Trad. D"^ A. G.
THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE
De l'éeouleaieiit «anKnlu dans ecrtaliiCM opérations pratiquée»
aur la ff»rc et des mojeua propres h eu atténuer les Incouvé*
nlents (i)i
P8r le professeur Vbkneuil.
L*écoulement sanguin est une source de difficultés et de datigors
dans un grand nombre d'actes chirurgicaux, mais nulle part peut-
être il ne cause autant d'embarras que dans les opérations qu^on
pratique à Tintérieur ou sur les parois des cavités de la face.
Lorsqu'on opère^ en effet, sur la langue^ les mâchoires^ les joues,
les lèvres, les fosses nasales, le sang qui coule à profusion remplit
la boucbe ou le nez et tombe dans le pharynx, il provoque des
mouvements d'expuition et des nausées qui interrompent à plu-
sieurs reprises l'opération et en retardent Taché ve ment ; parfois il
pénètre dans les voies aériennes et occasionne des quintes de toux,
voire même des accès de suffocation, de plus il masque ta voie que
doivent suivre les instruments, et par là se trouvent compromises
la perfection et la rapidité de l'exécution. Enfin Tabondance mena-
çante de Hiémorrhagie impose souvent à l'opérateur une précipi-
tation fâcheuse.
Ce n'est pas tout encore. Le sang qui s'écoule dans la gorge en
quantité quelquefois considérable et qu'on ne peut apprécier, le
(i) Ce mémoire a été lu à l'Académie de médecine dans la séance du 7 août
1867. Les journaux du temps en ont donné quelques extrails. Mais il est
resté jusqu'à ce jour inédit. Je le publie sans y rien changer, bien que j'aie à
ma disposition des faits nouveaux qui confirment mes conclusions. J'avais
l'intention de reprendre la question avec plus de détails et d'examiner quel-
ques procédés nouvellement proposés et destinés également à empêcher la
pénétration du sang dans les voies aériennes pendant le cours des opérations
pratiquées sur la face. Les préoccupations du moment me forcent à ajourner
l'exécution de ce projet. (Noie de l'auteur )
C'est dans les Archives générales de médecine que cet important mémoire
vient d'êlre publié; nos lecteurs remercieront avec nous M. le professeur
Vrrneuil d'avoir bien voulu nous autoriser à l«» reproduire ici.
— 3i2 —
gang, dis-je^ est dégluti et s'accumule dans i'eslomac. Aloi*à tantôt
il est rejeté par le vomissement dans les heures qui suivent, tantôt
il est lentement et laborieusement digéré^ mais dans les deux cets
fatigue extrêmement les voies digeslives.
On diminue Técoulement sanguin dans le pharynx en opérant
les malades assis ; mais cette altitude, outre qu'elle est fatigatite
pour le patient et moins commode pour l'opérateur, a l'inconvé-
nient st^rieux de favoriser la syncope. C'est pourquoi on refuse au
malade le bénéfice de Tanesthésie complète, dans la crainte que les
actions réflexes étant abolies par la narcose, le sang ne s^enj^age
dans les voies aériennes que ne protège plus la sensibilité spéciale
de leur orifice.
Ainsi donc, difficultés opératoires suscitées par le sang d'une
part, et de l'autre privation de l'anesthésie dans le cas où précisé^
ment la richesse nerveuse de la région la rendrait si désirable, tels
sont les deux écucils inhérents aux opérations susdites, qui, parce
double motif, sont l'etfroi des malades et inspirent au chirurgien
le plus aguerri de légitimes préoccupations.
Je ne méconnais pas les efforts tentés jusqu'à ce jour pour atté-
nuer cos graves inconvénients : i^ en ce qui concerne t'anésthésie,
on endort le patient au début, pour les incisions superficielles; pai*
exemple ; mais si l'opération est longue, si elle pénètre dans la
profondeur, la sensibilité est revenue longtemps avant la fin ; ^ la
crainte de Thémorrhagie a fait mettre en usage une foule de mé-
thodes et de procédés fort précieux ; la cautérisation, la ligatArâ
lente ou extemporanée, Técrabcment linéaire, la galvanocaustique,
la ligature préliminaire des artères. Il est incontestable que sous lé
rapport de l'hémostase pendant Topcration, la chirui^ie moderne
a réalise des progrès considérables, mais il faut avouer que bon
nombre de mutilations exécutées sur la face n'en ont pas encore
profilé.
De ces garanties contre Thémorrhagie, quelques-unes d'ailleufs
sont inapplicables ; on ne peut lier toujours les vaisseaux afférefttS;
et la ligature lente, la cautérisation, l'écrasement linéaire luU
même ne sauraient remplacer partout et toujours l'action ti prompte
et si précise de l'instrument tranchant.
Il m'a donc semblé qu'il restait quelque chose à faire pour eili«
pêcher, dominer ou modérer du moins l'écoulement du sang dans
le pharynx et accorder simultanément à l'opéré les bienfaits com-
pletsâu sommeil.
— 343 —
. . Jecroiti y êli*e parvenu à Taîde de certaines précautions acces-
soires fort simples, n'entraînant par elles-mêmes aucun danger et
QCiféniaat tout au plus le reproche d'aUongei et de compliquer un
peu le manuel opératoire.
J'iû rais ces précautions en usage dans les trois circonstances
suivantes :
. i*' Dans les opérations n'intéressant que les fosses nasales.
.2° Dans celles qui portent seulement sur les parois de la
lM»Hchç.
3° Dans les mutilations plus graves encore qui atteignent simul-
tan^ment ks cavités nasale et buccale.
Dans le premier cas^ je fais à Tavance le tamponnement postée
rieur de» fosses nasales; dans le deuxième, je réserve pour les
dernières les incisions qui pénètrent dans la bouche ; dans le troi-
sième enfin, j'associe les deux précautions précédentes. Onze fois^
jusqu'à ce jour, j'ai agi de la sorte ^ dans cinq cas il s'agissait de
tumeurs de raite du nez, des fosses nasales ou des cavités qui en
dépendent. Quatre fois j'avais affaire à des tumeurs des lèvres, de
la joue ou du plancher buccal. Dans les deux derniers cas, Pos
maxillaire supérieur étant envahi ainsi que la voûte palatine, j'ai
diji -fair^ la résection partielle do cette dernière dans une assez
grande étendue.
Quoique ces faits ne soient pas encore très-nombreux, ils suffi-
ront, je l'espère, pour établir péremptoirement la valeur des pré-
ceptes que je cherchée établir, car on est moins exigeant pour la
miédecine opératoire que pour la thérapeutique, et il faut peu de
temps pour juger bon ou mauvais un procédé, surtout s'il ne fait
que faciliter l'exécution sans influer notablement sur les suites ul-
térieures. Or l'utilité du tamponnement préliminaire, par exemple,
est dès à présent démontrée sans contestation possible ; l'avantage
de l'ouverture tardive de la cavité buccale parait d'abord moins
évident, Tancienne manière de faire suffisant à coup sûr pour les
cas légers ; mais dans les cas graves, ce procédé de faire acquiert
uoe importance réelle.
Dans deux résections partielles de la mâchoire et de la voûte pa-
latine, j'ai tiré le meilleur parti du tamponnement. J'ai pu, sans
la moindre préoccupation, employer le chloroforme et éviter l'en-
trée du sang dans la gorge pendant les neuf dixièmes de la durée
de l'opération, résultat qui n'est point à dédaigner. Toutefois je
reconnais que pour Textirpalion totale du maxillaire supérieur, lo
— 344 —
procédé laisse encore à désirer et nécessite de nouvelles études
d'amphithéâtre.
Dix fois sur onze les suites de l'opération ont été d'une extrême
simplicité. Ceci ne surprendra pas ceux qui savent comhien sont
bénignes les mutilations qui portent sur les parties supérieures de
la face; cependant je crois devoir rapporter aux procédés nouveaux
une part d'influence dans ces résultats avantageux, et sous ce rap-
port, j'attends avec confiance des séries plus nombreuses. La
onzième opération, pratiquée dans les conditions les plus défa-
vorables, s'est terminée par la mort au neuvième jour.
Yoici maintenant l'analyse des cas dans lesquels j'ai employé le
tamponnement des fosses nasales. Je n'ai point à décrire le manuel
bien connu de cotte petite opération, je passe donc sans préambule
à l'exposition des faits.
Obs. l et II. — Epithélioma papillaire de la face interne de
taile du nez. Extirpation, Récidive, Seconde ablation sacrifiant
toute la moitié de f auvent nasal. Tamponnement de Varrikrt-
narine dans les deux opérations, — Un homme de soixante ans
entre dans mon service au mois d'octobre 18i)6 pour une tumeur
qui^ développée depuis quel(|ues semaines seulement et sans cause
connue, obturait déjà la narine et proéminait au dehors. La
peau de l'aile du nez paraissait encore saine et susceptible d'être
ménagée. Nul engorgement ganglionnaire, santé générale excel-
lente.
L'ablation par arrachement ou la destrnction par les caustiques
eussent été à la rigueur praticables^ mais ne donnaient pas une
sécurité suffisante \ et quoique l'implantation du mal fût évidcm*
ment rapprochée de l'orifice cutané (i), je crus pruilent d'opérer
de la manière suivante :
\^ Incision préliminaire dans le sillon naso-génal depuis la
commissure postérieure de la narine jusqu'à la rencontre de l'apo-
physe montante du maxillaire supérieur.
2*» Après l'ouverture latérale de la fosse nasale obtenue delà
sorte, renversement du lambeau vers la ligne médiane pour dé-
(J ) La tumeur reinpli; saU trop exactement l'orifice pour qu'il fût possible
de reconnaUre directement son insertion, mais l'aspect papillaire indiquait^
coup sûr l'origine à la peau. Or celle-ci double^ fn se rénéchissanl. U f>ee
interne de l'aile du nez jusqu'au niveau du sillon semi-circulaire extérieur, o>)
en d'autres termes, remoule environ à 12 ou 15 millimètres; plus faaot com-
mence la pituitaire, dont les tumeurs offrent un tout autre aspect.
Celte donnée, du reste, fut aisément vérifiée pendant l'extirpation ; rin^or-
tion, quoique large, remontait à peine à \ centimcire cl demi au-dwsttsde
rourict cu.'aiié de la narine.
— 345 —
Couvrir 5a face iiilerno cl par consctiucnt l'in>or(ion de Ici tumeur.
3° Extirpation de celle-ci en respectant la peau, autrement dit
dédoublement de l'aile du nez.
4* Réapplicalion en son lieu et place du lambeau dédoublé et
fixation par quelques points de suture.
Au préalable et avant même d'administrer le chloroforme, j'avais
pratique le tamponnement postérieur de la fosse nasale gauche.
Grâce à cette précaution, l'opération, dont il serait superflu de
donner les détails, devint fort simple. En raison de la grande vas-
cularité de la tumeur et des téguments de l'aile du nez, l'écoule-
ment sanguin fut assez considérable, mais nullement gênant, car
après avoir rempli la losse nasale le sang s'échappa directement au
dehors et ne s'engagea point dans la gorge.
L'extirpation faite et la suture réparatrice terminée, j'enlevai le
tampon à l'aide du til buccal.
Les suites immédiates furent très-simples, mais en respectant le
tégument externe, j'avais trop compté sans la récidive ; le mal re-
pullula promptement. Je dus donc quelques semaines plus tard re-
commencer, et celte fois exciser largement la face latérale du nez;
comme précédemment, je tamponnai et pus dans le cours de l'opé-
ration apprécier toute l'utilité de l'expédient. A peine, en effet,
avais-je ouvert la cavité nasale, que l'opéré, quoique plongé dans
le sommeil, fil des mouvements d'expuition el rejeta un peu de sang
par la bouche. Je m'aperçus alors que le tampon s'était déplacé et
obturait imparfaitement rarrière-narine. Il suflil d'une traction un
peu forte sur îe fil antérieur pour rendre Tocclusion exacte. Le
tampon, mieux enclavé, fonctionna dès lors parlailement, quoique,
chemin faisant, j'aie, par maladresse et sans m'en apercevoir,
coupé le lit nasal.
Ce que je viens de dire des tumeurs do la partie antérieure des
fosses nasales s'applique tout aussi bien aux productions morbides
|)lus profondément situées. Qu'on ouvre, en etïet, ces cavités ouïes
sinus qui en dépendent par un point quelconque, la paroi inté-
lieure exceptée, el Tocclusion de l'arrière-narine préviendra tou-
jours l'écoulement sanguin dans le pharynx ; c'est ce ([ue prouve
Tobservalion suivante :
Obs. lU. — Adénome des glandes de la pituitaire occupant la
partie supérieure et antérieure de la fosse nasale gauche. Ouver-
ture de cette cavité par la voie génale. Tamponnement préalable.
Extirpation facile. — Une femme de soixante-cinq ans présentait,
au niveau de la branche montante du maxillaire supérieur et de
Tes unguis, une saillie qui avait été longtemps prise pour une tu-
meur lacrymale, mais qui avait une origine beaucoup plus profonde,
comme le démontra du rci'le l'opération ultérieure et la structure
du produit morbide.
— 34G —
L^extirpalion, pour être radicale, rtovait nï^ccî^iireanent ontrirla
fosse nasale ; elle menaçait d'être longue et laborieuse, il ëtaîl donc
facile de prévoir que le sang coulerait abondamment en amère
dans le pharynx et peut-être dans les voies aériennes. Pour farter
toute préoccupation de ce côté et avant d'administrer \e chloro-
forme, je fis le tamponnement postérieur du côté gauche.- Le ft\
antérieur, dédoublé, fut lié à la sorlie de la narine sur un bour-
don net de charpie, de telle sorte que la fosi<e nasale fut close en ar-
rière et en avant.
J'abordai la tumeur par une incision en V, pratiquée dam les
régions sous-orbitaire et nasale, Fans intéresser la cavité buccale.
L^opération fut longue ; pendant toute sa durée^ la malade, profon-*
dément endormie, resta dans le décubilus dorsal, la face légèrement
inclinée sur le côté malade, aussi le sang s'écoula-t-il sur la joue
et ne gêna la manœuvre en aucune façon.
L^'xtirpation achevée, la plaie fut abstcrgée et réunie par que.-
ques points de suture. Le tampon postérieur fut retiré par la hou*
che, au bout de quelques heures. Les suites furent très -simples, k
réunion immédiate fut rapide, et le rétablissement ne se fit pas
attendre (1).
Dans le fait qui précède, les téguments étant intacts^ il a suffi
d'y pratiquer une ouverture temporaire pour atteindre et détrnifc
les parties profondes. Dans le cas suivant, le mal, ayant débuté par
la surface, s'était propagé de dehors en dedans jusqu'à une grande
profondeur; il était donc indispensable de sacrifier largement les
téguments du visage en même temps qu^ine partie du squelette du
nez et des fosses nasales. Peut-être aurais-je hésité à entrcprendfe
cette terrible opération, si le tamponnement préalable ne m'avait
pas rassure contre Thémorrhagie et la pénétration du sang dans les
voies respiratoires et digestives. Grâce à cette précieuse ressource,
j'ai pu enlever toute la joue, le globe de l'œil et les deux pau-
pières, la plus grande partie du maxillaire supérieur et de l'etb-
moïde gauches, sans plus de soucis et de difiicultés que s^il se fût
simplement agi d'extirper un cancroïde superficiel.
Obs. IV. — Epithélioma de la paupière inférieure datant de
deux ans^ combattu dès le début par des cautérisations répétées^
it*
(1) Les détails complets de ce fait sont consignés dans la th^ inaagortle
d'un de mes élevés (Pugliese, Essai sur les adénomes des fosHS na$alift;
Paris, 15 avril 1^62^ p. 8 et suivantes). J'ai appris plus tard que le mal a ré-
cidivé, conformément à mes prévisions. Une seconde opération a dft être prati-
quée par M. le docteur Baslien^ ancien prosecteur de ramphithèftlre de Cla-
mart.
"- 347 —
patlieihs et insu f fixantes, ^envahissement successif de la joue , de
la face latérale du nez, de la conjonctive et de la paupière supé-
rieure ; pénétration dans lorbitCy la fosse nasale et le sinvs maxil-
laire^ liargt extirpation de toutes les parties malades. Opération
fa^Hê Mns accident primitif ni consécutif, Guérison rapide, -r-
M**«; D.w.^.concierge, âgée de cinquanle-quatre ans, entre dans
ipoD lervice^ sall^ Sainte- Jean ne, Si, le 30 mai 1867. Elle est
d^une forte» eonsthulion, mais ml santé générale est minée par de
longues souffrances; ausdest^elle pâle, anémique, et se plaint-elle
de faii)ieiS6, d'^norenie et de tout le cortège qu^enlrainent les dou-
leurs inoeafiantes ei l'insomnie.
La face du côté gauche est tuméfiée, surtout au niveau de la pau-
pière supérieure et de Taile du nez. La paupière inférieure est
détruits en grande partie par une ulcération qui s'étend sur la joue
et qu^entoure un bourrelet induré d'un rouge violacé.
En soulevant la })aupière supérieure, on trouve le globe de Tœil
sain et conservant la facuhé visuelle, mai3 on constate que Tulcé-
vatioD a détruit lecul-dersac conjonctival inférieur et s'étend pro-
iondémant. Le rebord orbitaire inférieur et le plancher de Tovbite
ont disparu depuis la gouttière lacrymale jusqu'à Tos nialaire. Un
stylet pénètre dans le sinus maxillaire et dans la fosse nasale et s'y
meut librement. La voûte palatine et l'arcade dentaire ne sont point
atteintes.
Ecoulement sanieux peu abondant, très-fétide ; point d'hémor-
rfaagies^ douleurs continues interdisant tout repos,
La malade raconte que son mal débuta^ il y a deux ans, sous
forme d'une petite verrue siégeant à Tunion de la paupière infé-
rieure et de la joue. Un chirurgien consulté conseilla l'extirpation.
fille préfôra se mettre entre les mains d'un guérisseur qui promit
de la délivrer en un mois et sans opération. Trente et quelques
cautérisations furent pratiquées, non sans de vives douleurs. Au
iboutde quatre mois le mal s'était singulièrement aggravé, M*"* D...
cessa tout traitement et s'en tint à des applications anodines. Ce-
pendant les douleurs incessantes et le progrès de la maladie l'enga-
gèrent à consulter de nouveau. Comme l'ulcération ou les remèdes
rivaiinf détruit la paupière inférieure et que la conjonctive se pre-
nait, elle alla chez un oculiste qui, sans promettre la guérison^ es-
saya toutefois les injections d'acide acétique pratiquées à la circon-
férence de l'ulcération et dans l'épaisseur du bourrelet induré qui
i^ntouFait. Ce nouveau traitement fut suivi pendant le cours de
Fiiiver dernier. Trente injections furent pratiquées, et je tiens d'un
médecin qu'une amélioration très-notable s'ensuivit, surtout vers
Fangle externe de rœil.
i klAliieureusemeni^ tandis qu'on gagnait d'un côté, le mal pro-
ipressait de l'autre. Le grand angle, le côté gauche du nei^ la |)au-
pière supérieure, la partie intérieure de la joue furent successive-
ment envahis, ainsi que le sinus maxillaire et la partie antérieure
de la cavité nasale. Les progrès devenaient de plus en plus rapides
et les souifrances très-violentes. La pauvre femme, torturée par son
— 348 —
mal (t par l«'s inoycn."^ inis iii usage, avait penlii couragt» cl sVtail
résigiu'e à mourir, quaucl un médecin lui conseilla d'entrer dans
mon service cl de se soumellro à une dernière tentative.
Je constatai les désordres que je viens d^ipdiquer et portai le
pronostic le plus sérieux. Toutefois, considérant que le mal avait
débuté par la |)eau, que ses progrès avaient été lents et activés sur-
tout par la déplorable tbérapeutique employée, qu'au bout de deux
ans il n'existait encore aucune trace d'engorgement ganglionnaire,
que les viscères étaient sains et que les forces générales étaient
sufiisantes encore^ je diagnostiquai un cancroïde de nature assez
bénigne, probablement un noli me tangere (adénome sudoripare ul-
céré]^ et résolus d'enlever largement avec Tinstrument tranchant
toutes les parties malades, espérant obtenir du soulagement, sans
doute une rémission plus ou moins longue, peut-être une guéri-
son radical<3, rien n'indiquant encore la généralisation du produit
morbide.
Le 5 juin, je procédai à Topération.
La fosse nasale gauche devant être largement ouverte, je fis le
tamponnement préalable avec la sonde de Belloc; rintroduction du
tampon fut assez pénible et le corps étranger sans doute asseï
incommode^ car pendant toute l'opération et même alors que l'anes-
thésie était profonde^ la malade se livra à l'expulsion fréquente de
mucosités iilanles^ incolores, et venant de l'arrière-gorge.
Je commençai par circonscrire à l'extérieur tout ce qui devait
être sacriiié. Une incision courbe partant de la tête du sourcil lon-
gea le bord supérieur de l'orbite et vint aboutira la région malaire^
de là elle descendit sur la joue un peu en arrière du bord antérieur
du mdsséler jusqu'au niveau de la terminaison du canal de Sté-
non^ puis marchant horizontalement, vint gagner le sillon naso-
génal pour suivre le contour de l'aile du nez, remonter vers la
ligne médiane et continuer son trajet ascendant jusqu'à son point
de départ. Les deux pau[)ières^ toute la joue^ la moitié gauche du
nez, moins l'aile, étaient inscrites dans ce vaste tracé.
Ne sachant pas exactement jusqu'où les parties profondes étaient
envahies, j'enlevai d'abord cette large plaque de parties molles y
compris le globe de Pœil, dont le sacritice était commandé par la
pénétration de Tulcération dans l'orbite.
L'incision circulaire donna lieu à un écoulement sanguin asseï
vif, une seule ligature cependant tut nécessaire au niveau du sillon
naso-génal \ pour les autres artériules^ il suffit de l'application des
doigts et de bourdon nets de charpie au fur et à mesure qu'elles
étaient ouvertes. Je détachai rapidement toute la partie superficielle
de la tumeur sans ditlicullé; cependant, en ouvrant la fosse nasale,
j'eus la maladresse de couper le hl nasal qui maintenait le tampon.
Cet accident n'eut pas de suite et je pus, les parties profondes étant
dès lors exposées à la vue et accessibles au toucher, exécuter le se-
cond temps de l'opération^ c'est-à-dire la destruction des parties
osseuses du squelette facial.
C'est ainsi que successivement je pus : i"» réséquer la branche
— 349 ^
montante, Tos propre du nez, l*apophyse or]>îlaire interne, la paroi
interne de l'orbite, une bonne partie de la face latérale de l'elh-
moïde ; 2" exciser toute la paroi inférieure de Torbite et ruginer
Tos raalaire ; 3° détruire la paroi antérieure et interne du sinus
maxillaire avec la plus grande partie du cornet inférieur ; en un
mot, creuser une larse fosse jusqu'au point où je crus avoir atteint
et dépassé la limite des parties malades.
Pendant cette sôrie de résections partielles que je fis avec la pince
de Liston, le davier, le ciseau et le maillet, je pris également des
précautions contre la perte du sang ; c^est ainsi que, pour la mo-
dérer, je faisais remplir de charpie pressée fortement par un aide
toute l'excavation, sauf le point où j'agissais. Aussitôt le nettoyage
fait à cet endroit, la compression y était établie. Je découvrais
alors un autre point, et. ainsi de suite dans toute l'étendue de la
brèche. Tout cela demandait un peu de temps, à la vérité ; mais le
tamponnement de Tarrière-narine fonctionnait si bien, le sommeil
était si profond, Thémorrhagie si médiocre, que je ne lis nul scru-
pule de procéder avec une lenteur qui assurait le but cherché,
c'est-à-dire la destruction large et complète du mal.
L'extirpation, en somme, ne dura pas plus de vingt minutes, et
je puis affirmer que le sang perdu ne dépassa pas 300 grammes,
quantité certainement très-minime pour une opération de ce genre.
Par excès de prudence, je crus devoir promener le fer rouge sur
plusieurs points de cette immense plaie.
Pour tout pansement^ je remplis Texcavation avec des boulettes
de charpie réunies ensemble par un fil commun (tamponnement
en queue de cerf-volant), et assez pressées les unes contre les au-
tres pour prévenir Técoulement sanguin; quelques compresses re-
couvraient la moitié de la face ; le tout fut arrosé d'eau alcoolisée
et glacée.
Les suites furent d'une simplicité remarquable : cessation des
douleurs, absence de fièvre, retour de Tappétit, qu'on satisfait avec
du bouillon, des potages très -liquides et du vin. La malade accuse
seulement du mal de gorge h gauche et une légère difficulté à des-
serrer les mâchoires, encore ces symptômet» avaient disparu le qua-
trième jour. Du troisième au cinquième jour, le tamjmnnement
est enlevé peu à peu et remplacé au fur et à mesure par des bou-
lettes de charpie imbibées d'un mélange d'eau, d alcool et de
liqueur de Labarraque. Auhuitième jour, cette énorme brèche était
tout à fait détergée. Depuis ce temps, la cicatrisation a marché
sans arrêt ni accident quelconque, et la perte de substance diminue
de jour en jour. Je songerai bientôt à faire faire une pièce prothé-
tique pour masquer la difformité.
L'état général ne laisse rien à désirer, les douleurs ont cessé
d'une manière absolue ; la malade reprend à vue d'œil son ancien
embonpoint et ses forces d^autrefois (1).
(i ) CeUe gaérison apparente s'est maintenue une année tout entière ; en
TOUB LXXX. 10« MVR. âO
— 35() —
Tout récemment eucoie (47 juillet), j'ai Yé\féié la même opéra*
tioQ dans un cas à la vérité beaucoup plus grave, et sans comptdr
beaucoup sur le succès. Mes salles étaient d'ailleurs envahies par
Térysipèle et la pyohémie, et il n'a fallu rien moins que l^extrème
urgence pour me décider à intervenir dans un moment aussi iqop^
portun. Malgré toutes les précautions prises pour isoler le malade,
un érysipèle de la face et du cuir chevelu survint au quatrième
jour et enleva Popéré au neuvième. Quoi qu'il en soit de cette issue
funeste^ Topération en elle-même, malgré Tétendue de la mutila-
tion, s'effectua très-simplement et sans accident immédiat; jeta
considère donc comme une nouvelle preuve de l'utilité du procédé.
Obs. V. — Cancer volumineux et à marche rapide de la mâ-
choire supérieure. Pénétration dam V orbite^ la fosse nasale et le
cul- de-sac g éno- gingival. Tamponnement de Varinère-narine et de
la perforation buccale. Extirpation facile; suites immédiates W-
nignes. Erysipèle de la face et du cuir chevelu ; mort le neuvième
jour. — ifri homme de la campagne, âgé de soixante ans, entre
dans mon service le 4 juillet 1867.
Une tumeur, du volume du poing, occupe tout Tespace comptiB
entre le sourcil, la lèvre supérieure, la liçne médiane du nez et la
région parotidienne. Elle est molle, élastique, fluctuante à la mA-^
nière du cancer ramolli, rouge, indolente au toucher. Outre la sail-
lie considérable qu'elle fait à l'extérieur, elle a envahi les rég:ions
profondes et Ton reconnaît aisément qu'elle se prolonge dans le
sinus maxillaire, la fosse nasale et Torbite du côté droit.
Elle est ramollie à son centre, lequel est creusé d'une cavité cotn-
muniquant d'une part avec la fosse nasale, de l'autre avec le vesti-
bule de la bouche par une perforation du cul-de-sac géno-gingival
au niveau de la première grosse molaire.
Cette cavité centrale, dont le sinus maxillaire fait partie, &écrèlô
en grande abondance un liquide sanieux et purulent qui est Versé
à flots dans la bouche et le nez par les perforations inaiquées plus
haut. Celles-ci, à leur tour, laissent passer Tair de dedans en dehorè;
aussi lorsque le malade souffle ou fait un effort, la tumeur exté-
rieure se gonfle et donne à la percussion un son tyndpanique avec
gargouillement. La fosse nasale droite est complètement onstruée.
Au milieu de ces désordres, la voûte palatine, l'arcade alvéo-
laire et les dents sont restées indemnes.
Le mal date de quatre mois environ : il a débuté un peu en de-
dans et au-dessous du trou sous-orbitaire par un tumeur soltô-
cutanée adhérant à l'os, et qui, sans doute, dès l'origine, en faisait
''«^A***>>^M»«B.^NAM««*«*tf^|dMMItai
1868, la récidive s'est montrée du côté de la fosse temporale, et a caus^ la
mort lentement et sans douleurs vives.
— 351 -^
partie. Une incision y fut pratiquée de très bonne heure et n'amena
ni soulagement, ni amélioration ; peu à \)c\x la tumeur grossit au.t
dëpen» de la paupière inférieure et de la joue. L'œil droit devint
saillant et perdit la faculté visuelle, sans toutefois présenter d'alté-
ration visible dans ses milieux.
Pendant toute cette évolution, les douleurs avaient été exces-
sives et continues. Il y a cinq semaines environ, une inflammation
violente s'empara de la tumeur et des parties adjacentes. Toute la
moitié droite de la face devint énorme, ronge, très-douloureuse au
toucher. Au bout de quelques jours survint une délente presque su-
bite coïncidant avec l'issue, par la bouche et la narine, d'une
grïinde quantité de matière purulente. A partir de ce moment, les
souffrances furent moindres; mais^ en revanche, les forces dimi-
nuèrent, sans doute à cause de lYnupoisonnement progressif délor-
miné par l'ingestion continue de liquides infects.
Quoi qu'il en soit, le malade se présente à moi dans Tétat le plus
misérable : visage pâle, pouls petit, amaigrissement et faiblesse
considérables; soif vive, anorexie complète, langue sale, consti-
pation^ mouvement fébrile quotidien îiinvciiant le soii*, etc.
Dans ces conditions lamentables, je refusai d'abord toute opéra-
tion ; mais sur les instances dos parents, je consentis plus tard h
tenter quelque chose, et voici pourquoi. D'abord le mal, abandonné
à lui-même, devait causer inévitablement et prochainement la mort ;
puis l'état général, si grave^ étant probablemcHt sous la dépen-
dance des douleurs, de l'insomnie, de la diète forcée et de l'infec-
tion putride, l'opération pouvait, d'un seul coup, supprimer toutes
ces causes de ruine. Enfin, l'examen attentif des viscères n'y révé-
lait aucune lésion organique, et les ganglions eux-mêmes, au cou,
à la région parotidienne et sous la mâchoire, n'oifraienl aucun en-
gorgement.
Se me décidai donc à opérer^ le 17 juillet, en suivant le plan
exposé dans l'observation précédente. Ce plan se composait de
trois temps : 4*^ tamponnement de la fosse nasale et occlusion de
la perforation buccale pour prévenir l'écoulement du sang dans la
bouche et i'arrière*gorge ; ^" limitation au bistouri et ablation de
toutes les parties molles superticielles : paupières, globe oculaire,
joue et partie du nez ; 3" résection des parties osseuses profondes
suivant l'étendue du mal.
Jecms devoir cependant modifier le pi'emier temps et chloro-
former avant de faire le tamponnement ; les mâchoires s'écartant
avec peine et non sans douleur, j'espérais ouvrir plus facilement
la bouche {)endant la narcose et épargner ainsi au patient quelques
souflrances, mais je n'arrivai qu'à me créer des difficultés consi-
dérables. En ellet, l'insensibilité obtenue^ j'eus beaucoup de peine
à disjoindre les mâchoires, et plusieurs fois je faillis être mordu
en cherchant à introduire mon doigt dans la bouche; de plus, Pir-
ritatioD cautiée par la sonde de Belloc faisait contracter la langue,
qai se portait en haut et en arrière et empêchait le ressort de se dé-
velopper. Ëntin, après plusieurs tentativi^ faites à l'aveugle, le bour^'
— 352 —
ton de. la sonde |>iil être ramené en avant, el le lampon^ à son tonr,
conduit en arrière.
Ceci me conGrme dans Tidée qu'il faut toujours faire le tampon-
nement dès le début et avant de commencer les inhalations.
Le reste de l'opération n'offrit rien de particulier, et je pus sui-
vre mon programme sans encombre.
Apres avoir enlevé toute la superiicic de la tumeur, je réséquai
tout le maxillaire^ sauf la voûte palatine et Tarcade alvéolaire, puis
Tos propre du nez^ Tunguis et la masse latérale de relhmoîde^ dont
les cellules étaient remplies de fongosités. Enfin, je touchai avec le
fer ix)uge tout le fond de cet antre sanglant. A mon regret, en sai-
sissant avec la pince un lambeau muqueux, je décollai le périoste
de la voûte orbitairc. Je n'eus qu'une seule artériole ù lier au ni-
veau de la tête du sourcil ; nulle part ailleurs je ne rencontrai de
vaisseau de quelque importance ; aussi constatai-je avec satisfaction
que la perte du sang avait été insignifiante.
Chemin faisant, je fis une remarque qui démontre bien, non-
seulement Tutilité du tamponnement, mais encore la nécessité de
sa parfaite exécution.
Lorsque j'eus enlevé toute la portion saillante de la tumeur et
mis ainsi à découvert Tintérieur de la fosse nasale, je m'aperçus
que du fond de la plaie sortaient quelques bulles d'air qui bouil*^
tonnaient à travers la couche de sang. Je crus d'abord que le tam-
pon s'était déplacé, mais en tirant sur le fil nasal, je constatai sai
bonne position et son immobilité ; cependant le fond de la plaie
communiquait incontestablement avec Tarrière-gorge. Je m'em-
pressai de porter en ce point une boulette de charpie qui, complé-
tant l'occlusion de rarrière-narine, supprima sur-le-champ cette
communication. Or je pus connaître, avec la dernière évidence,,
l'inconvénient de la pénétration du sang dans l'arrière -gorge. Jus*
qu'alors le malade^ profondément endormi, n'avait point réagi
sous le couteau. Le pouls était caime^ la respiration régulière ; on
eût dit que l'opération se faisait sur le cadavre.
A peine avais-je constaté^ par le passage de l'air venant du fond!
de la plaie, l'occlusion imparfaite de Tarrière-nanne, qu'une cer-
taine quantité de sang s'introduisit dans l'arrière -gorge. Aussitôt
le malade s'agita, quoique faiblement, le pouls s'accéléra et la res-
piration se sus|)endit. Je portai rapidement mon index gauche daas
le fond de la plaie pour prévenir l'introduction d'une nouiwUe
quantité de sang, el, de la main droite, je percutai vigoureuseoMot
i cpigastre pour rétablir la respiration. Celle-ci reprit sur-le-chaiiipi
son cours, mais l'alerte fut assez vive.
Rien de semblable ne se reproduisit depuis lors ; mais à mes
^eux ce phénomène confirme les scrupules de ceux qui refusent le
chloroforme dans les opérations de ce genre exécutées par les pea-
cédés ordinaires.
Je crois même pouvoir expliquer pourquoi l'occlusion de l^ar-
rière-narine n'était pas complète. J'ai dit les difficultés que j'avais
eues à passer la sonde de Belloc et le Gl conducteur. Lorsque j'at*
— 353 —
tirai le tampon en amèie, Je ne pus te conduire que jusqju^au
bord libre du voile du palais^ et ne pris pas le soin si nécessaire de
Tenclaver exactement avec le bout du doigt dans Torifice quMl doit
boucher.
Or ce tampon était cylindrique, tandis que rorifice en question
est elliptique, comme on le sait ; il en résulte qu^un espace resta
libre vers la parlie supérieure de Torifice : de là Fimperfection qu'il
m'a paru nécessaire de signaler.
J'ai parlé de la perforation buccale ; pour éviter que le sang ne
s'introduisit dans la bouche par cette voie, je plaçai entre la lèvre
et l'arcade dentaire une grosse boulette de charpie que je fis main-
tenir en place par le doigt d'un aide. La boulette se déplaça plu-
sieurs fois pendant l'opération, mais je fus peu gêné par le sang
qui coulait peu abondamment d'ailleurs dans le vestibule buccal et
s^écoulail au dehors sans pénétrer dans la bouche.
Je remplis Tcxcavation du boulettes de charpie assez fortement
tassées, puis j'appliquai a l'extérieur quelques compresses lon-
guettes. Le tout fut imbibé d'eau alcoolisée et arrosé du même
liquide dans les jours suivants.
Tout alla bien pendant trois jours. Les douleurs avaient cessé,
l'opéré dormait bien ; on Talimentait avec du bouillon et du vin ; il
demandait à manger le surlendemain. Au quatrième jour, je con-
statai un peu de fièvre, la parole brève et de la rougeur au front. Ce
fut le signal d'un érysipèle peu intense en apparence^ mais qui s'é-
tendît de plus en plus, gagna toute la faceel le cuir chevelu^ et^en
dépit de tous nos efforts, amena la mort le neuvième jour.
J'ai dit, dans les deux observations précédentes, que malgré l'ex-
trême étendue de la plaie, la quantité de sang perdu avait été rela-
tivement très^minime.
Ce résultat est dû en partie ù la précaution de lier au fur et à
mesure les vaisseaux ouverts et de comprimer successivement avec
la charpie les points de la plaie où les instruments n'agissent
{K)int; mais la cause principale de cette économie du sang doit
être attribuée surtout à Taneslbésie.
J'avais déjà pu m'en convaincre de la manière, la plus nette pen-
dant une opération antérieure ayant nécessité l'ablation d'une
grande parlie du maxillaire supérieur et des téguments de la moi-
tié droite de la face. La simple introduction du tampon faite avant
l'inhalation du chloroforme avait déterminé des mouvements dés-
ordonnés^ une agitation violente, des cris, et par suite une tur-
gescence extrême de la face, avec écoulement sanguin notable par
la narine correspondante. Anss^itot l'anesthésic obtenue, le calme
s'était rétabli et le visage avait ivpris sa pâleur ; plusieurs fois,
dans la suite de l'opération^ je constatai le phénomène suivant ;
t^ni que Tinsenfibilité dursiit, la pUie saignait médioerement } a«
eantraire, dès que la perception de la douleur revenait^ le patient
s^agitait, se débattait, gémissait, alors la face devenait livide, et le
sang vpîneux inondait le champ opératoire pour s^arrêter 6pOBta>-
nément à la suite de quelques inhalations nouvelles.
D'où cetle conclusion que Vanenthhie dans les opérations sur kt
face rCest point seulement agréable au malade^ mais qu^elle lui est
également très-utile^ en diminuant beaucoup la perte de son san§^
A peine s'il est besoin de dire que cette économie est précietuie
pour des sujets anémiés et épuisés par de longues douleurs.
La pénétration du sang dans la gorge agit dans îe même sens
que les efforts et les cris ; comme je Tai dit en commençant, elle
provoque Texpectoration, la nausée, le vomissement, la gêne in-
cessante des mouvements respiratoires, parfois même la suffoet*-
tion, en un mot une série d'actes qui ^ en congestionnant la face^
activent T écoulement sanguin à la surface de la plaie, d'où cette
autre conclusion tout aussi fondée, que le tamponnement modère
Vhémorrhagie^ indirectement en permettant H administration du
chloroforme , et directement par la suppression des mouvemenh
réflexes qui font affluer le sang au visage.
S'il suffit en pratique de démontrer l'utilité d'un, procédé o||é-
ratoire, il est indispensable au point de vue scientifique d'en cher-
cher les origines avant de s'en attribuer le mérite. J'ai dono fait
tous mes efforts pour savoir si l'idée du tamponnement préalable
m'appartenait réellement, ou si je n'en étais simplement quel^i*
teur nouveau.
Mes recJiçrch^ , je dois le diie, ne m'ont pas donné de selution
décisive e^ m'ont laissé quelques doutes sur mon droit à la prie«
rite, c'est assea dire que je suis prêt à accueillir toute déclamation
fondée.
Bien avant 1862, en pratiquant et en voyant pratiquer diverses
opérations sur la mâchoire supérieure et les fosses nasales, j^a«
vais été frappé des inconvénients inhérents à l'introduction dH
sang dans l'arrière-gorge, les voies aériennes et digestives, je re-
grettais également que dans cette occurrenœ les patients fussent le
plus souvent privés des bienfaits de l'anesthésie.
Je n'avais rien trouvé dans les livres classiques qui répondit à
ces desiderata, et pourtant mes études sur les polypes naso-pha«
ryngiens m'avaient fait connaître la presque totalité des écrits pu-
bliés sur la matière : aiir;?.i, lorsque le 12 mars 186"2 je pratiquai
— 355 —
pour la première fois le tamponnement préliminaire de la fesse
nasale^ je pus me croire le promoteur de cette utile précaution,
el d'autant mieux que Malgaigne, Tërudit par excellence, disait,
ea 1861 : « On n'a recours au tamponnement que pour arrêter
une hémorrhagie incoercible par tout aiitre moyen. » (Méd, opé-
rai.,!^ éâh., p. AU.)
J'ai depuis retrouYë deux textes qui, s^ils ne me dépossèdent
pas« prouvent du moins que la môme idée naissait presque simul-
tanément dans plusieurs esprits.
Le premier est consigné dans la Gazette des hôpitaux du f i oc-
tobre 4862.
M. Edouard Fournie avait affaire à un polype muqueux des
fosses nasales^ situé très- profondément^ et qui restait invisible
malgré la projection d'un rayon do soleil dans la cavité nasale,
malgré les efforts du malade pour le pousser en avant , et malgré
la dilatation des narines au moyen d'une pince.
«I En présence de ces difficultés, M. Fournie eut l'idée d'em-
ployer la sonde de Belloc^ comme s'il voulait pratiquer le tam-
poQQementy espérant ramener le polype en avant au moyen d'un
gros bourdon net de charpie. Ce procédé a donné un résultat très-
satisfaisant, le polype a été en effet ramené en avant^ et il a été
poMible de l'extirper d'une manière à peu près complote, n
I^ tamponnement préliminaire est ici nettement indiqué, mais
dana la but unique et spécial do favoriser l'extirpation du polype,
et non point d'empêcher l'écoulement du sang dans la gorge. Le
tampon ren^plaçait avec avantage le doigt indicateur que certains
ohirui^iens anciens portaient derrière le voile du palais pour fixer
le polype et le pousser en avant.
Dans tous les cas, je n'ai pu m'inapirer de ce passage intéres-
sant qui ne parut qu'en octobre 1862, tandis que ma première ten-
tative était publiée dès le 45 avril de la mémo année (\).
Si les dates rendent facile la question- de priorité, il en est an-
(I] Hors des conditions parliculiëres indiquées par M. Fournie, U est peu
probable que le tamponnement préalable se généralise dans rextirpalion
des polypes muqueux, qui passe pour une des opérations les plus élémentaires.
Il est cependant des cas oii ce moyen adjuvant serait fort utile, ne serait-ce
(piepoor les sujets trës-pusillanimes. De ce porobre est l'un de mes clients :
aprè» la première iatroduction de la pince, il se refusa opiniâtrement à de
noovellei^ tentatives et réclama le chloroforme, que je refusai. 11 a depuis ton-
jours conservé son polype, et rien n'a pu le décider encore à une nouvelle
opération.
— 356 —
irement d*une autre citation^ malheureusement Irès-sommairc, et
que n'accompagne, d'ailleurs, aucun indice bibliographique.
M. Pugliese^ parlant incidemment de la manœuvre en question,
dit» à la page 12 de sa thèse : a L'idée de ce tamponnement est de
date récente. M. Gosselin Va, appliqué déjà, mais nous ne saurions
dire quel fut l'opérateur qui le proposa le premier. »
J'ai fait de vains efforts pour retrouver la trace du fait de
M. Gosselin qui^ s'il est antérieur au 12 mars 1862, m'était resté
tout à fait inconnu.
Aux cinq cas que je viens de rapporter, j'en pourrais joindre
deux autres où j'ai également employé le tamponnement préalable;
mais il s'agissait de faits beaucoup plus compliqués oii il a fallu
non-seulement enlever la partie supérieure du maxillaire et la
charpente des fusses nasales^ mais encore réséquer une portion
considérable de la voûte palatine, et par conséquent ouvrir large-
ment la cavité buccale. Je décrirai ces opérations dans un autre
mémoire, aussi bien que celles qui n'intéressent que les parois
molles delà bouche : lèvres^ joues^ région sus-hyoïdienne.
Aujourd'hui je m'arrête^ et je laisse incomplet le programme
tracé au début de cette note.
Je termine en posant les conclusions suivantes :
jo Uniquement réservé jusqu'à nos jours à l'arrêt des hémor-
rhagies nasales graves, le tamponnement postérieur doit compter
désormais parmi les opérations préliminaires et les procédés de
l'hémostase opératoire.
2° Il rend de signalés services dans les opérations sanglantes
pratiquées sur l'auvent nasal, l'intérieur des fosses nasales, le
sinus maxillaire, les parties élevées de la mâchoire supérieure ;
dans tous les cas, en un mot, où le sang menace de s'introduire
dans le pharynx.
3° Il prévient absolument cette introduction, tant que la voûte pa-
latine est respectée; mais alors même qu'il devient nécessaire d'in-
téresser celte dernière, il doit être encore appliqué dans les premiers
temps de l'opération.
4** En supprimant l'écoulement sanguin postérieur et les actions
réflexes qui en résultent^ le tamponnement donne au chirurgien
une grande sdciuité et permet d'agir sûrement, lentement, sans
souci d'une hémorrhagic d'ailleurs facile à dominer.
0° Il rend possible l'anesthésie complète pendant toute la durée
de Topéralion.
- 337 —
6® Cette anesthésie elle-même est très- favorable à ropcrë, non-
seulement parce qu'elle abolit la douleur» mais encore parce qu'en
supprimant toutes les causes de congestion subite de la face^ elle
diminue l'écoulement de sang veineux à la surface de la plaie.
7® Autant que possible le tamponnement doit être fait avant l'ad-
ministration du chloroforme^ parce que le concours du malade est
utile. La douleur qu'occasionne cette petite manœuvre estd'ordi-
naire assez médiocre et bientôt dissipée d'ailleurs par les inhala-
tions qui suivent.
8° Avant et pendaut Topération^ il faut s'assurer de l'occlusion
complète de Tarrière-narine, si l'on veut en obtenir tous les béné-
fices. Aussitôt Textirpation faite et dès que la plaie cesse de four-
nir du sang, le tampon doit être retiré ; sa présence, après le ré-
veil, gênerait le malade^sans avantages sérieux.
9^ Si la cloison était perforée, ou si l'opération devait intéresser
les deux fosses nasales, il faudrait faire le double tamponnement.
40^ L^occlusion de Farrière-narine pourrait être faite par l'ouver-
ture antérieure, si l'aile du nez était détruite et s'il s'agissait, par
exemple, d'une rhinoplastie.
CHIMIE ET PHARMACIE
•e l« préfleaee ém ptoaib dans le ph«sph«le de elieax effBeinal ^
Par M. H. DuQuuNKL, pharmacien.
Les pharmaciens ne sauraient apporter trop de soin a l'examen
des produits chimiques qu'ils ne préparent pas et qui leur sont
fournis par le commerce, mais auxquels, sur la foi de l'étiquette,
ils accordent trop souvent une confiance un peu aveugle.
Sans nous arrêter aux sophistications et altérations volontaires
que Ton ne rencontre pas chez les fabricants consciencieux et, di-
sons-le, lorsqu'on ne sacrifie pas la qualité à la valeur commer-
ciale, il peut encore arriver que, par suite d'une erreur de flacon,
d'étiquette, on livre un produit pour un autre d'apparence sembla-
ble, ou bien encore, et c'est ici le cas que nous avons à signaler,
qu'un accident de fabrication laisse ou introduise dans un produit
une substance étrangère qui peut êlreinofiensive, mais qui aussi peut
être plus ou moins dangereuse. Nous poumons en citer de nom-
— 358 —
breux exemples : tel est le sulfate de quinine contenant» par défaut
de purification, de la cînchonine ; le bromure de potassiumVîmtlé'î'"
nant de Tiodure ; le sous-nitrate de bismutb présentant des traçM
d'arsenic^ etc., etc. '
Dans ce cas se trouve le phosphate de chaux précipité (dirpAoj-
phate de eh aux des os), qui peut contenir d'abord du carb<Hialfll
de chaux, corps inoffensif^ mais souvent dans des proportions àSMi
considërablos, comme nous avons eu l'occasion de le donstàtêtf
dans plusieurs essais, et aussi un toxique redoutable, le plùtnh, in-
troduit accidentellement dans le produit à Tétat (Poxychkrtire de
plomb insoluble , généralement dans des proportions mtninieii
comme dans la plupart des échantillons que nous avons examinés,
mais souvent aussi en quantité asses considérable pour que le d(h^
sage nous ait donné dans un cas le chiffre de 0,66; cVst- à-dire tfae
le phopphate de chaux poiivait contenir un peu plus d*tin dctnî
pour 100 de plomb métallique, correspondant à environ 4 pour itfO
de céruse.
Cherchons donc comment et à quel moment de l'opéraltoti te
métal se trouve introduit dans ce produit.
Le phosphate de chaux précipité employé en médecine est le
phosphate basique de chaux, appelé aussi phosphate basique des
os. Pour le préparer m ^Qoè^B, dHiprèf ki 6fidex, de la manière
suivante :
Pr. : Os calcinés à blanc 500 grammes.
Aciae clilorbydrique ii 1,17 808 -^
Ammoniaque liquide Q. S.
Pilez les os et passez au tamis. Mettez la poudre obtenue dans
une terrine en grès (non vernissée) et traitez-ka par raciâeohlarliy'
driqno, auquel vous ajouterez assez d^eau pour donner à la niasse
la consistance d'une pâte liquide. Remuez de temps en temps pour
assurer la parfaite pénétration de la poudre ; après quelques jours
de contact, délayez la masse dans 5 à 6 litres d'eau ; laissez dépo-
ser et filtrez.
Veriioz dan.s le liquide obtenu la quantité d'ammoniaque néces-
saire pour lui communiquer une li^gère réaction alcaline, il s'y
formera un précipité blanc de phosphate de chaux.
Portez le tout à Téhullition pendant une minute et abandonna
ensuite au repos. Décantez, lavez le précipité à Peau chaude à
)]Jusieurs reprises.
Faites-le égoutter et sécher.
— 389 —
• .Cette opération qui, dans aucun cas, ne peut occasionner la
présence du plomb (lorsqu'on a soin de n'employer que des vases
en grès non vernissés) est facile à exécuter dans un laboratoire de
pharmacien où, pour de telles doses, elle ne nécessite pas des ap-
pareils de grandes dimensions. Il n'en est plus de mémo chez le
fabricant de produits chimiques qui opère sur des quantités d'os
calcinëi^ considérables (100 ou 200 kilogrammes)^ et qui a besoin de
vAstes récipients, sinon pour la première partie de Topération, au
nnoins pour la précipitation du phosphate de chaux par Tammo-
niaque et son lavage à graqde eau. Il est d'usage d'employer pour
ces opérations des cuves en bois ou plus souvent en plomb.
La solution acide de phosphate de chaux est donc introduite
d^fis œs cuves et précipitée par l'ammoniaque.
C'est évidemment à ce moment de l'opération que le plomb est
introduit dans le produit sous un état d'insolubilité tel, que les la-
vages réitérés ne peuvent Ten lever.
En effet, bien que l'acide çhlorhydrique attaque difficilement le
plomb à froid, il donne toujours lieu à la formation d'une petite
quantité de chlorure de plomb très-peu solublc, mais qui reste
eepend^nl d^autant plus facilement en dissolution que la liqueur
est acide ; par Faddition de l'ammoniaque, le chlorure de plomb
est tyfnsformé en oxychlorure de plomb insoluble qui se précipite
•n même temps que le phosphate de chaux.
Puis le précipité, lavé et desséché en plaques ou en trochisques,
est livré à la consoinmation.
Il doit satisfaire aux caractères suivants :
Blun^ insipide, insoluble dans l'eau, soluble en totalité et sans
ekffurvescaBce dans Tacide çhlorhydrique, avec lequel il donne une
solution incolore.
L'effervescence indiquerait la présence du carbonate de chaux,
qui s*y trouve lorsqu'on livre simplement des os calcinés et fine-
ment pulvérisés au lieu du phosphate qu'ils renferment.
Ajoutons à ces caractères que le phosphate de chaux dissous
dans l'eau acidulée par l'acide çhlorhydrique ne doit pas précipiter
par l'acide sulfhydrique.
Il importe au plus haut point que le phosphate de chaux précipité
9oit parfaitement pur, car il est fréquemment employé en médecine
el à des doses assez élevées^ soit dans la médecine des enfants, où
il sert de hase aux médicaments antidiarrhéiques ou antirachitiques,
soit dans celle des adultes, où il est administré en outre à hautes
— 360 —
doses, depuis quelques années, pour favoriser et amener i'indura-
tion des tubercules.
Administré pendant un certain temps, mais généralement assez
long, à des doses qui peuvent varier de 1 à iO grammes par jour,
il est permis de supposer que, quelque minime que soit la quantité
de plomb contenue dans ce médicament (nous trouvions 0,66 pour
100, soit un peu plus de 5 centigrammes de plomb métallique pour
10 grammes de phosphate), on produira chez certains malades des
accidents propres à cet agent toxique et que Ton verra apparaître^
sans en soupçonner la cause, des accidents saturnins bien carac-
térisés ou plus ou moins déguisés.
Nous appelons sur ce fait grave toute l'attention de nos confrères
et nous sommes persuadé qu'il suffira de le signaler aux fabricants
de produits chimiques pour qu^ils y apportent un prompt et facile
remède.
F«l«ifle«lion du 0iirr«n.
Cette substance est, à Tépoque actuelle, Tobjet de falsifications
beaucoup plus fréquentes que jamais, et M. Daniel Hanbury a eu
occasion d'en signaler une qui nous parait intéressante à faire con-
naître. On sait que le meilleur procédé pour vérifier la qualité
d'un safran consiste à en jeter une pincée sur un peu d^eau chaude
dans un verre :| immédiatement les stigmates se développent et
montrent leur forme caractéristique, qui ne permet pas de les
confondre avec les fleurs de carthame^ d'arnica, de souci, ou avec
les étaminesdu crocus lui-môme. En faisant un essai de ce genre,
M. D. Hanbury a constaté qu'un safran était mêlé, par un procédé
encore inconnu, d'une poudre terreuse qui ne changeait en rien
l'apparence générale et qui n*était autre que du carbonate de chaux,
qui se précipita au fond du verre. L'incinération lui a donné un
résidu variant de 15,36 pour 100 à 28,01 pour 100, tandis que pour
les safrans purs ce résidu ne s*élève jamais à plus de 4,41 à 5,^
pour 100. M. D. Hanbury recommande le procédé suivant pour
l'examen du safran. Placer dans un verre de montre un grain de
safran environ, le mouiller avec 8 à 10 gouttes d*eau et remuer
avec le bout du doigt. Si le safran est pur, il donne immédiate-
ment une liqueur claire, jaune brillant ; s'il est adultéré avec de
la chaux, la solution est (rouble et laisse déposer immédiatement
un résidu qui fait effervescence avec une gouite d'acide hydro-
— 361 —
cLIorique. {PharmaceulicalJournal andTramncliom^ et Journal
de pharmacie^ janv. 1871.)
Rpoque «le la récolte tle« ffenllle» de dlsiCale.
M. F. Schneider dit que les feuilles récoUëes en juin au mo-
ment de la floraison, comme cela est indiqué dans les pharmaco-
pées, fournissent un produit de très-helle apparence, mais dont
Pinfusion ne donne que rarement une réaction satisfaisante avec
le tannin et le ferrocyanure de potassium. Mairj depuis que, sui-
vant le conseil d'un de ses amis, botaniste et pharmacien émérite,
il a pris la coutume de faire sa récolte en août et septembre, sur
les rosettes qui doivent porter des fleurs Tannée suivante, il obtient
de ces feuilles une infusion foncée, de saveur et d'odeur fortes,
qui donne immédiatement avec le tannin un précipité al)ondant,et
qui se trouble fortement, après un quart d'heure environ, par le
ferrocyanure de potassium. II y a donc avantage à retarder vers la
fin de Tété la récolte des feuilles de digitale. (Schweiz. Woc/iensch,
fur Pharm,; Pharmaceut, Jourmdnnd Tramant. ^ eï Journal de
phofmacie, janv. 1871.)
Alcaloïde de rAaianKa luascarla.
MM. Koppe et Schmiedeberg ont retiré de ce champignon, par
un procédé assez compliqué, un alcaloïde auquel ils ont donné le
nom de muscarine^ et qui se présente sous la forme d'une masse
cristalline, très-déliquescente à Tair, sans odeur ni saveur, et à
réaction fortement alcaline. Insoluble dans Téther, un peu dans le
chloroforme, lamuscarine est très-sol uble dans le mélange d'alcool
et d'éther. A -|- 80 degrés centigrades elle brunit, reste solide à
+ 100 degrés, mais fond à une température supérieure ; si elle est
fortement chauflée, elle dégage une forte odeur de tabac et brûle.
Elle est inaltérable par Tébullition avec une faible solution de po*
tasse ou Tacide sulfurique étendu. Chauffée avec de la potasse en
morceaux, elle|dégage d'abord une odeur de poisson, puis de Tam-
moniaque en abondance. C'est une base puissante qui sépare les
oxydes de fer et de cuivre de Icursjsels, qui donne avec l'acide car-
bonique un sel assez stable et avec Tacide sulfurique un sel cristal-
lisé très -déliquescent. Le tannin la précipite seulement de ses so-
lutions concentrées, sur lesquelles Tacide picrique, le chlorure de
platine et lo ferrocyanure de potast^ium n'ont aucune action. Les
— 362 -
effets loxi(|ueii de la muscariDe se rapprochent de ceux de hi fête de
Calabar. (Wittsteins Vierleljahresschrifl; P/iarmaceut. Jtrtimàl
and Transùct.y et Journal de pharmacie, janv. 187i .)
CORRESPONDANCE MÉDICALE
%oi€t têur l« eoea t
Par M. le docteur A. Posada-Aharoo.
Le végéta) connu sous le nom de coca oméricaine ou simplemcat
de coca — et qu'il no faut pas confondre avec Vanamirta cocculus^
qu'on appelle aussi en espagnol coca (oriental ou du Levant), quoi-
que considéré comme originaire du Pérou — a été cultivé également^
depuis un temps immémorial, par les Indiens de la république de
l'Equateur et des Etats du sud de la Colombie ou Nouvelle-Grenade.
En parcourant ces dernières localités, en 1860, comme chirur-
gien d'une armée en campagne, sans savoir que ce végétal eût ét^
étudié nulle part, nous eûmes l'occasion de l'examiner^ de voir sa
culture et remploi qu* en faisaient les Indiens. Quelques-unes dé
nos observations sont différentes de celles publiées par WeddélV
Moreno-Maiz et d'autres auteurs qui se sont occupés de la coca du
Pérou ; c'est pourquoi nous avons pensé qu'elles pourraient scrtii'
à compléter sur quelques points et à rectifier sur d'autres les doti-i
nées acquises sur cette plante déjà célèbre et qui, si la prédictidh'
du professeur Bouchiardat se vérifie^ est appelée ft prendre tiiiè
place importante en thérapeutique.
Le genre Erythroxylum, qui constitue à lui seul sa famJtlej
comprend plusieurs espèces, presque toutes américaines^ A^stSt
quelques-unes se rencontrent à l'état sauvage dans les régidnschéftf^
des de la Colombie; mais quoique un peu semblables à la vraie
coca^ elles en diffèrent cependant par des caractères réels et M
possèdent pas, à ce qu'il parait, ses propriétés. \JE. coca^ au côiw
traire, est relativement rare : on ne le cultive que dans quelquèli
endroits des vallées du Canca et de la Magdalena et sur les verMtrtit
de la Cordillère centrale, au sud de Popayan. Nous l'avons trouvlfe
jusqu'à 1 800 mèti^es d'altitude au-dessus de la mer, c'est^à-dhi^
dans une zone dont la température moyenne est comprise efidô
^ ou 30 et i8 degrés centigrades; mais c'est surtout dafis 1e0
— 363 -
climaté iiUermMiaii'es^ comme 24 ou 26 degiës, qu'il prospère
davantage.
Tout en omettant la description de cet arbrisseau» qui est déjà
conâue, nous faisons observer que ses feuilles peuvent être ellipti*
quett et un peu aiguës, ou bien l^gèifement obovales, arrondies et
retuses à leur extrémité^ mais toujours terminées par une très-petite
pointe molle [obêoleiê muefonulala)^ sans que oes différences puis-
sent constituer autant d'espèces botaniques. Ce qui caractérise sur-
tout ces feuilles^ c'est leur nervation. Elles pi*ésentent de chaque
côté de la nervure principale une ligne, vraisemblablement une
veioe très-fine, qui va d'un bout à Tautre, comme dans les feuilles
trinervées, mais qui n'est apparente que par la face inférieure^ et
qui est traversée en dessous par les nervures latérales ; en outre,
l'espace compris dans ces deux lignes, c^est-à-dire la zone centrale
du limbe, est plus unie, comme &i elle avait été soumise à une
forte pression. Les fruits sont des drupes oblongs, de 6 niilJiraètres
de longueur, d'une couleur rouge-cerise.
Pour, «établir une plantation de coca, les Indiens recueillent une
quinlitë suffisante de fruits, les trempent dans Teau, les envelop-
pent dans des feuilles de n'importe quelle espèce de plante, et les
abandonnent ainsi dans un coin de la maison^ pendant une se-
nutine» afin que le péricarpe entre en fermentation et puisse se
délâchdr Cacilement. Alors ils les lavent, rejettent les grains qui
surnagei^f et sèment les autres dans un carré de terre préparée^ où
après ud temps de huit à quinse jours ils commencent à pousser.
Quand \m plantes atteignent une hauteur de 20 centimètres, ce qui
arrive au bout de dix ou douze mois, on les transplante dans un
terrain propre^ en les plaçant i un mètre à peu près de distance,
sttrdes lignes parallèles. L'arbrisseau commence à fructifier un an
aftm, et alors on fait la première récolte^ qui consiste à enlever
toutes les feuilles bien développées, opération qu'on répète ensuite
tous les trois mois, continuant do la même manière plusieurs
années.
(«es feuilles de coca qu'on vient de cueillir sont complètement
inodores, même quand on les broie ou qu'on les mâche ; mais par
rimmersion dans l'eau chaude il s'y développe un parfum délicieux,
comparable à celui du meilleur baume, phénomène qui n'a été
sifiiaté jusqu'à présent par aucun des auteurs qui se sont occupés
de. .la coca du Pérou^ et qui est cependant d'une grande impor-
I. fin efetf.les feuilles perdent tout k fait cette propriété en se
— 364 —
desséclianl, pl ccllos (jjfon tronvo dans le commerce, m6me les
mieux garanties à l'égard de leur origine et du bon état de conser-
vation^ ne donnent qu^ine odeur trop douteuse, moins prononcée
que celle du thé (que Ton pourrait à la rigueur appeler nulk) et
qui n'a rien de semblable à l'arôme exquis que répand l'infusion
dos feuilles fraiclies.
On doit conclure de ce fait, non-seulement que les préparations
de la coca fraîche seraient beaucoup plus efficaces ou d'une action
beaucoup plus marquée que celles faites avec la coca du commerce^
mais encore que, même dans le premier cas, on devrait préférer
la macération froide, soit dans l'eau ou dans des liquides spiritueux,
à l'infusion chaude.
L'arôme même ({ui se dégage dans l'infusion prouve que ce mode
de préparation a fait perdre à la coca la plupart de ses propriétés^
car la senteur provient évidemment de la décomposition de la co-
caïne^ de sa conversion en acide ])enzoîque, par effet de la chaleur
en présence de Tacide iannique et des autres principes renfermés
dans les feuilles. On peut donc regarder Tinfusion comme une
lioisson purement balsamique^ qui sera tout au plus un peu sti-
mulante et diaphorétique.
Rappelons-nous que la cocaïne^ découverte par Neimann, en
4859; est un alcaloïde cristallisable en aiguilles, amer, très-pen
soluble dans Teau pure, bien soluble dans l'alcool et dans Téther,
et fusible à 98 degrés, mais qui^ par l'élévation de la température,
en présence des acides ou des alcalis, se dédouble en acide benioi-
que et en une nouvelle base, Vecgonine dans le premier cas, Vky:
grine dans le second.
Les espèces d'Erythroxylum sauvages que nous avons examinées,
et qui difiercnt de la vraie coca, surtout par le défaut de cette appt>
rence de tri nervation dont nous avons parlé, ne donnent non plus
aucune odeur sous Faction de l'eau chaude.
Guilbert prétend que la coca du Pérou est tellement amère, qu'il
faut faire trois infusions successives et rejeter les deux premières.
On l'emploie sans doute en trop forte quantité, car nous pouvons
affirmer que Tinfusion théiformc, faite avec la coca fraîche ou avec
la coca sèche et de la meilleure qualité qu'on trouve dans le com-
merce, n'est pas plus amère que le thé, et même sans être édol*
Corée peut être bue sans répugnance. Celle qui a été prépara
avec les feuilles fraîches, étant sucrée, est une boisson fort agréft*
ble, qui pourrait figurer avec honneur parmi les plaisirs raffio^
— 305 —
des Orientaux. Les jjersonnes qui n'ont goùlé que la coca des phai-
maciesno sauvaient s^cn former une idée juste.
La coca du commerce, qui vient toute du Pérou ou de la Bolivie,
est en feuilles aplaties, pareilles à celles du séné, parce qu'on les
pre'pare de la même manière, c'est-à-dire qu'on les expose un peu
au soleil et on finit de les sécher à l'ombre, en les pressant ou
comprimant ensuite pour les expédier. C'est dans cet état que les
indigènes de ce pays-là mâchent la coca^ en y mélangeant, sous le
nom de yipta^ un peu de cendres de quelques plantes herbacées.
On nVxporte pas de la coca de Colombie : les Indiens consom-
ment celle qu'ils obtiennent. Leur procédé de préparation consiste
à la sécher au fou, sur des tessons, comme on fait en Chine pour
)e thé, de telle façon que les feuilles se recoquillent plus ou moins,
et on les conserve dans cet état. Quand les Indiens travaillent ou
vont en voyage^ ils portent un sac de fibres d\igave suspendu à
l'épaule et plein de coca, et une très-petite gourde qui contient de
la chaux délitée, qu'ils appellent mambi et qu'ils se procurent en
calcinant du calcaire. Ils prennent une pincée de feuilles, les mâ-
chent un peu en les triturant avec une petite quantité de la poudre
de chaux (comme 1 ou 2 décigrammes) et gardent cela dans leur
bouche, entre la joue et les arcades dentaires, rejetant dehors la
native^ de sorte que c'est à peine s'ils en avalent ({uelque peu. De
temps en temps, comme toutes les deux heures^ ils remplacent la
bouchée par une nouvelle.
Telle est la rare habitude qui a fait penser que la coca pouvait
remplacer les aliments, qu'elle devait être un tonique ou un forti-
fiant par excellence, et de là est venue l'idée de vouloir l'utiliser en
médecine.
Quoique Stevenson, Ischudi et beaucoup d'autres personnes sé-
rieuses acceptent ces idées, pour notre part, en nous appuyant sur
ce que nous avons observé en Colombie, nous les regardons comme
illusoires. Les Indiens, quand ils sont oisifs, font un repas le
matin de très-bonne heure et un autre dans l'après-midi, sans
avoir recours à la coca; quand ils travaillent, au contraire, ils
passent la journée à mâcher ces feuilles et ne dînent que le soir.
Ils ne font donc que retarder l'heure de leur second repas. En les
îolerrogeant à cet égard, ils nous disaient que la coca leur empê-
chait ia faim, a comme le cigare le fait aux blancs», mais seule*
ment pour quelques heures; qu'après cela elle ne suffisait plus, et
il leur fallait manger.
TOME l.XXX. 10«I.IYR. T^
On doit, en oiilre, remarquer que les Indiens sopt i^aifi^eHepi^eot
sobres, et que leurs travaux, qui sont toujours poodérës^ ne font
p^s dépenser ))^aucoup de forces.
Nous croyons donc que le célèbre mastic^tpire psi (pjut siri)p|e-
raent une distraction qui agit $ur l^imagin^tion pour faife Q^blî/eir
pour quelque temps la nécessite de s'alifnenter, coronne pottf^r^ît
le faire égalepnent une bonne lecture ou un arnusemept qi}c)^9pqgë,
surtout quand, par la fréquente fëpelition du ipême acte, cela de«
vient presque une b^bitude.
Nous avons ni^cbé la coca telle que les Indiens repiploient :
seule, elle est sin^plement amère; mais av/ec le mambî, quoiqu'en
petite quantité^ ejle prend un goût salé, dû peut-être au mélange
de Tamer de la cocaïne, devenue libre, nvep la saveur de la c)^ux
combinée au tapnin et aux autr^ acides fie la feuille. Aucun arôme
ne se dégage dans ces circonstances.
Quant au^ applipations paédicales de la coca dans notre pays,
nous n'avons que bien peu de chose à dire. Ou ne l'emploie qu'en
infusion, faite ordinairement avec les feuilles fraicbejs, à tiUre d^
tonique léger^ stiniulant dou^ et diaphorétique ; c'est-à-dire qu*oo
la regarde comme un analogue du (hé. 0^^ la p)ren4 par plaisir
après les repas, comme digestif, et on Tordoone dans les dyspep-
sies, les diarrhées atoniqui's et dans la dernière pério4e (jljes affec-
tions catarrhales. Son action^ dans ces circonstances^ ne parait
avoir rien de particulier.
■ ■ •<»»^f&»— ■ ■
BULLETIN DES HOPITAUX
Nécessité de l'embrtotomie dans certaines PRÉssMTATipKf m
l'épaull ; DEUX CAS suiYis DE SUCCÈS. — 11 est de certaines pré^q-
tations du tronc qui ne sont pas susceptibles de se réso.udr^ WfS ce
mécanisme qu'on a nommé évolution spontÇLnée, et daps le^qu^bf
il y a nécessité de recourir à Fembryotomie. Les faits de ce gçof^
offrent un grand intérêt pour la pratique o^slélricale, et CQ.qngtf
ils^^soiit heureusement rares et exçeptipfjri^ls, M- li? professpijr J)e-
paul a cru devoir en communiquer deu^ cas qu'il ^ lev 4^rQièr9«'
ment Toccasion d'obsprve^ dans sop seryice 4e l'bjipjit^ dç^clinj^
ques :
Dans un de ces cas il s*agit d'une femme qui était en (ravti'
depuis longtemps et qu'une sage-femme et de\ix np^fiçÎAS ^9 1^
— 367 —
vilte avaient en vain essayé d'accoucher. Dans cette situation, la
patiente avait été apportée à l'hôpital dos clinicjues, et M. De|>anl
avait été appelé auprès dVIle». A son arrivée, il trouva les deux bras
du fœtus et le cordon ombilical, déjà exsangue et fItHri, pendants
enire les cuisses. Parle toucher, qui lui fil constater la présence
dî'un pied dans levasrin, il s^assura qu'il pouvait parvoîn'r juscfu'au
09^ d^ fœtus, placé alors au niveau du détroit supérieur, mai*;
qu'il y avait impossibilité d'atteindre jusqu'à la tôle, fortement in-
clinée dans la fosse iliaque. Comme il y avait une forte rétraction
de l'iitérus, il eiit été tout à fait imj)ru(ient, et, pour mieux dire,
il n'était pas possible de renouveler les tentatives de version, car
elles n'agraîeni pu avoir d'autres conséquences que de graves dé-
chirures. Il n^y avait aucun doute que le fœUis ne fût mort. M. De-
paui, dans cet état de choses, ne vit iT^nire ressource, pour arriver
À la délivrance do la mère, que de recourir îi rcrr»hrY«»tomie. Il y
procéda par la méthode de la décollation nu m(»yen des longs et puis-
aajntii ciseaux dont le professein* Paul Dubois nvait coutume de se
servir. ï.es résultats furent excellents : la délroncation ainsi opérée,
ce qui ne demanda pas plus d'une demi-minute, une légère trac-
lion sur les bras suftit pour extraire h; corps de Tenfaîït ; la tête fut
ensuite extraite à son tour, sansaucnnj» dil'Iienlté, à l'aide de l'index
iniToduit dans ta bouche. Il ne survint ù la suite aucun accident
et la femme se rétablit parfaitement.
Le second cas ressemble beaucoup au précédent. 11 y est ques-
tion d'une femme qui fut également apportée à l'hôpital des clini-
qufes et dans une situation ?i peu de chose près semblable Le tra-
vail durait aussi depuis longtemps el de lo'gs et inTmctueux elforls
avaient été faits par un médecin pour opérer la version. Un bras
était dans le vagin, l'auire pendait hors de la vulve, ain.si {|ue le cor-
don ombilical; la mortdufœiiis ne faisait pas de doute. L'cmbryo-
tomie fut, dans ce cas comme dans le premier, (uatiipuîe par la
décollation, et le tronc du fœtus U\\ amené i^ans difliculli'. Mais il
n'en fut pas de même de la tè!e : le col de la matrice s'élant ré-
tracté, de longues et fortes tractions furent nécessaires pour la faire
arriver au dehors. Il n'y eut non plus, à la suite de cetle opéra-
tion, aucune espèce d'accident fâcheux.
M. Depaul a pris occasion de ces deux faits, dont nous venons
de donner l'analyse succincte, pour rappeler qu'il est dos présenta-
tions graves de l'épaule où, la version ne pouvant que déterminer
la déchirure des organes génitaux et lexpectation devant aboutir
fatalement à la mort de la femme par épuisement général, il y a
nélees^ité-dé recourir à l'embi-yotomie. Quant au procédé suivant
lequel celte opération doit être pratiquée, il diffère nécessairement
pour chaque cas, selon la variété de la présentation. Si c'est le
noîgn^u de ïoiiaule qjui se présente, comme le cou du fœtus est
f aûleiiiMit Aûcsâssible aui.doigts de Taccoucheur et aux instruments,
cVdt ie procé)ë4ii!! la Uécollatioii qui h<* troiivo indiqué. Mais t|uand
c'est le coude qui s'offre le premier, quand la présentation est
enôiiale^ suivant IVxpression de M™" Lachapelle, il est alors né-
cessaire de recourir à un autre procédé, car alors le cou et la tète
du fœtus sont trop élevés pour qu'il soit possible d'y atteindre :
dans ce cas, il faut amputer Tépanlo et le segment correspon<lant
de la paroi thoracique, ce que Ton peut faire également au moyen
des forts ciseaux de Paul Dubois; on commence abirs par extraire
les parties amputées, après quoi le reste du corps est amené an
dehors sans grande difticulté. Ou peut, au besuin, faciliter encore
l'extraction du tronc en en diminuant le volume par Téliminalion
préalable du poumon et du cœur, qu'on retire de ia cavité thoraer-
que; il suffit ensuite de saisir le corps par son milieu à l'aide dit
crochet et de l'attirer hors de la vulve. {Acad. de médecine^ séance
du 2 mai.)
Bons effets de la ponctiok de l'intestin dans la HBBimr
fiTRANGLÉE. — Un hommc de soixante-deux ans fut apporté à 1 hôpi-
tal Beaujon, dans le service de M. le professeur Dolbeau. Cet homme
était atteint d'une hernie inguinale qui,d'apiès les renseignement»,
était étranglée depui.s quatre ou cinq jours. Il y avait, en effet, dm
côté droit une entérocèle dure^ douloureuse, irréductible ; le ventre
était fortement ballonné. Mais celte hernie n'était pas la seule mala*
die dont ce malheureux liil atfecté ; il avait des ulcérations aux jambe»
et une fausse route dans le canal de Turèthre à la suite d'un calé-
thérisme antérieur; chose plus grave, il avait de plus une afiec*
tion du cœur à une période avancée^ avec asyslolie, intillratioD>
laquelle contre indiquait l'opération. L'étal général était donc des:
plus graves; nussi^ pensant que le malade succomberait dans lu
journée^ M. Dolbeau ne v«mlul pas l'opérer.
Toutefois la mort n'était pas arrivée le lendemain matin; niaise
l'état du malade s'était encore aggravé ; la tumeur était plus ten-
due. Celle circonstance suggéra à M. Doibtau Tidée de ponctionoer
l'inteslin avec Taspirateur du docteur Oieulafoy, pour évacuer l6»
gaz. li fil choix de la plus fine des aiguilles et l'enfonça dans \f»
centre de la tumeur. Les gaz et un liquide à odeur stercorale mon-
tèrent dans le lube; la tumeur s'aflaissa^ mais elle resta encore
assez volumineuse. L'inteslin put être alors réduit par un taxi'
modéré, et deux heures après le malade allait à la garde-robe. Mai*
il mourut dans la journée, sans présenter aucun accident d'étraft'
glement ni autres qu'il lût possible d'attribuer à 1 opération, etsafl^
aucun doute de sa maladie du * œur.
A laulopsie, on trouva le cœur énorme, rempli de caillots wovfs,
avec les valvules ossifiées. 11 n'existait dans l'abdomen aucune
itrace de pMionite, ni rongeur, ni fausses membranes, ni liquide
•épHnchf^, seulement (|uel()iies anses d'inlestin grêle aM^ghitinëes.
L'anse d'intestin (^ti-ang'f^e fut retrouvée. Elle présentait seule*
fmetit, sur la surfHre péritonéale, une érailliire de la membrane
.séreuse au niveau de la ponction ; soumise à Pinsufflation sous Teau^
•d'abord lente, puis force'e, elle ne laissa pas échapper une seule
l)ulle d^air L'aiguille avait donc simplement éraillé la séreuse et
•écarta les autres tuniques intestinales, sans laisser aucune perfo-
ration.
Ce fait démontre Tinnocuilë de la ponction intestinale au moyen
<de l'instrument de Dieulafoy. On est donc autorisé à appliquer cet
înslniment au traitement des hernies étranglées, afin de débar-
Tasser l'intestin des gaz et des li(iuides qui le distendent, et par là
rendre plus facile la réduction. M. Dolbeau a regretté de n'avoir
pas eu recours à ce moyen dès l'entrée du malade, et il se promet
bien de l'employer à la première occasion. Nous ferons en sorte de
tenir nos lecteurs au courant des résultats qui auront été obtenus.
(Soc. de chirurgie^ séance du 3 avril.)
Dbliriuh trehens; insuccès de l hydrate de chloral; bons
SFFBTS DE LA MORPHINE. — Puisqu'on a pour but, dans le traite-
ment du delirium tremens, de modérer l'agitation des malades et
de leur procurer le sommeil, on devait tenter et Ton a tenté en
effet l'emploi du chloral dans cette maladie. On a tenté cette médica-
tion surtout en Angleterre, où le délire alcoolique paraît être si
commun, et l'on en a obtenu de bons effets, comme Ta fait voir un
mémoire de M. Bames que nous avons analysé dans le tome LXXVIII
de ce journal, p. 476. Mais, ainsi que toutes les autres, elle
peut ne pas répondre à l'espoir du médecin, et c'est ce qui est arrivé
dans le cas suivant. Il ne faudrait donc pas accorder au chloral,
dans le delirium tremens, une trop grande confiance, comme on est
si souvent porté à le faire quand il s*agit d'un médicament nou-
irellement introduit dans la thérapeutique.
John G***, âgé de trente-trois ans, marié, garde-barrière sur
un chemin de fer, entre le 1t> avril 1870 à West London HoupUaly
dans le service du docteur Frederiik Simms. Cet homme a dû su-
l>îr, il y a ifuelque temps, Tamputaiion de la jambe immédiate-
ment aii-des.sons du genou, en cnnséipience d^in acccilent grave
dont il avait été atteint 11 y a environ huit jours, déjà soutirant
des suites d'un nouvel accident^ il a été pris d'une attaque de deli-
— 370 —
rium lremenB,et c'est pour en être traité qu'il a été envoyé à TM-
pitai.
Au moment de rentrée il présentait les symptômes snivatits :
pouls plein et fréquent, physionomie maussade, peau cliaude,
yeux larmoyants^ pupilles naturelles; réponses raisonnables aux
questions qui lui tout adressées, mais impossibilité de readre
compte de Taccideut qui lui est arrivé. On prescrit la demi •floftîof,
une piute de bière, et 20 grains (Phydrale de chlordl toutes Ici' ^
heures.
Le même jour, iiy avril, onze heures du soir : deux doses
d'hydrate de chioral ont été prises. Lie malade est agité, il parie
d'une manière incessante. Il s'imagine voir des trains de cherain
de fer se précipiter sur lui else croit entouré dVufants morts. Pouls
à 9^. A deux heures du malin, agitation excessivement violente,
c'est à grand'peine qu'on Toblige à rester dans son lit. 40 grains
d'hydrate de chioral, pas de résultat. 20 grains de plus, calme à
la suite pétulant une demi- heure.
Le 17 avril, onze heures du mtilin : il n'y a pas eu de sommeil.
Pouls à 125, 1 inguc couverte d'un enduit. Il est tellement remuant
et excité, qu'il a fnl'u pincer n? homme près de lui pour le surveil-
ler ; il rejette sans cesse les couvertures de son lit. Il a pris deax
œufs à son repas du malin, aura une demi-pinte de bière toutes
les trois heures. A neui heuied du boir, il a moins d'dgitatiuu,
mais n'a pas Joruii.
Le 18 avril, onze heures du matin ; le malade a été d'une vio-
lence extrême pendant toute la nuit et ne montre auCune disposi-
tion à s'endormir. On ordonne une demi-pinte d\i bière toutes les
trois heures, avec aduilion de AOminims de solution de raorphlite;
constipation, on lui adminiblre Ti grains de pilules de coloquinte
composée. A neuf heures du soir, trois doses de morphine ont été
prises avec la bière. Les pupiiles sont contractées, il parait disposé
à dormir. L'hydrate de cldoral, cpii avait été encore pris le 11, rtl
supprimé depuis le matin du 18 ; le malade deVra con(ititll>r iê
prendre la morphine mélangée à la bière^ pendant la uuit| «ril
s'éveille.
L? 10 avril, onze heures du matin : le malade a dornîi depais
dixlilMiresdu soir jnsqu'au malin cinq heures. Il est paifaitement
tranquille et parle d'une mu.iière raisonnable, mais il sesentif-
faibli. La langue esl netle, non hemblanie; le pbuls est à 11:2;
il y a eu deux j^arde-iohes ; les pujùiles sont contractées» Sua-
pendrc l'usage <ie l.i mor|)hine, h moins (jue l'agilalion ne reparaisse.
Portion enlière, trois pintes de bière, quinine. A neuf heure* du
soir, le malade est parfaitenienl calme et raisonnable, les pupiites
sont naturelles, appétit très-bon.
Le 2'), pouls à lOO, le malade va mieux. A partir de ce jour,
ramélioration fait des progrès non interrompus ; guéri soii > J^"^
le 27 avril. {T/ie Lancet, i juin 1870.)
— 371
lkÉPERTOiRE''IIÉDICAL
REVUE DES
AétioA pta7siologl4i.de et etn-
piol4hérapeaCl^ti4; de l'acide
phOHpiiorIque éiendà. Dans le
DUl de tonilitr te système herveux,
on a préconisé l'usage d'allmerilâ azo-
tés ou de sùbslauces pouvant fournir
dé l'acide phospiiorique. Le docteur
Judsoii iadiews conseille d'^dm}-
rifgtrer cet acide lui-râéme, qui jusqu'à
présent a été tro^ peil employé.
Il commence par en exposer les
effets physiologlùues^ qu'il a étudiés
stir dé nombreux malades et siir Ui-
méfnè. Le pouls, ^xamint* au sphyg-
mogi'apbâ un quart d'heure à uue
heurti après l ingestion d une quantité
d'acide variant eîitr^e I à 3 drachmes
( la dractime est de 4 gfammes envi-
rcfn). présente d'îjfiohi Un iris riot;ibl«
accroissement dans la force dès piil-
^iàUuus sanschaligeiuenl i>en>Ii)lé dans
ledr nombre. Ot àe'rroissement est
plué mftrqdê dhe heure ou deux àprës
l'admiuisiration du remède, et tl faut
plusieurs heures pour que le pouls
revienne à sÔh état normal.
A là doâë dé 40 goutteà à 5 dfach •
netf, l'acflè produit bne $orie dVxcl-
tellOn compiiraDié a due légère excita-
tion aliïOoliqué, en mêint; tempâ qu'un
peu de céphalalgie froiilaië ; à plus
nautë uose, ii hiirviehl de l'ussoupissb-
mcM et dde graâdu répilgnincé a tout
efftyrC iuieliectaêt, poén>imëiies qui
persistedt, pè'bdaiit plusieurs heures.
L'adHe plidsptidricrue é^i doric un sti-
muladt général qui s'adrésde plus
spécidlémèui au sjfsième nerveux ;
il augmente la force du cœur, il in-
fluence manifestement le sy>ième vaso-
molifUr; enlin, on peut le considi^rer
comme un tonlqut^ des nerfs
lies indications de ce reiiièJe se
tirent naturellem>'nt de son action
physiologique; le docteur Jiidson An-
drews le rocommauile dans ces cas
d'épuisement nerv< ii\ qui succèdeni
k iies efforts physi(iues ou intelle**-
tuels prolongés et que l'on a souvent
l'occasiou d'obsei'ver sur des hommes
de leilres^ lies médecins ou des ^ens
d'affaires. soi( dans les asiles d'alié-
nés, soil plus sobvenl encore clans la
pratique cvile. Le inalaile est lan-
guissant, ibcapable d'un effort mental
sérieux, lrî*.s-nèrven\, limîdê ou agité;
JOURNAUX
sa mémoire est affaiblie; un examen
minutieux ne démontre aucune lésion
organique; néanmoins les symptômes
sont alarmants. Ces cas, que l'on a dé-
signés souîi le nom de par^'sie eéré-
brale^ se trouvent irbs bien de rus:»ge
inferne de l'acide phosphorique. aidé
de quelques toniques appropriés et
d'ùh hepos intllecluel prolongé
Le sentiment de fatigue intellec-
tuelle qui succède à un effort mental
soutenu et qui oblige de suspendre
momentanément tout travail de tôte,
est calmé d'une manière étonnante
par l'ingestion de l'acide phospho-
rique. Celte substance, par ses effets
stimulants, dissipe si promptement la
fatigue mentale et prépare si admira-
ble -leni l'esprit à un nouvel effort,
qu im professeur distingué n'hésitait
pas à lui donner i,e nom de limonade
psychologiqur. « Mon repas de ioidi,
dit- il (lions dînons à six heures), con-
si.Ue en fromage avec du pain et un
verre de limonade d'acide phosphb-
rique ; par ce moyen j'ai travaillé huit
à neuf heures par jour avec ma
plume^ sans avoir éprouvé la moindre
lassitude ou le moindre mal de télé
par les chaleurs que n^us avons eues
pendant ces sept dernières semaines.
Jen'aijamaispri.sau delàdel5^ouiles
en une seule fois par jour^ ei c'est
étrange avec quelle promptitude le re-
mède monte dans les lobes anlérieu^s,
dissipe les congestions capillaires et
répare le tissu nerveux, dont il est
l'aliment propre. »
Contre les sueurs noclurni-s colli-
qiialives. l'acide phospiiorique est
d'un très -heureux effet et l'emporte
sur l'acide snlfurique aromatique, si
u^ité en (laieil cas ; il e>t en fffet
plus agréable, mieux supporté et il ne
constipe pas.
L'action antiscorbutique de cet acide
est bien connue.
L'acide phospborique n'exerce au-
cune influence directe sur les organes
de la génération. Si on l'a employé
comme aphrodisiaque, c'est simple-
ment d'après des vues théoriques;
l'aclion qu'il a pu avoir dans ce ^en8
n'est qu'indirecte et résulte de son
pouvoir tonique général. Ti ès-souvenl
nous avons employé cet agent, même
— 37:2 —
dans des cas où les organes génitaux
étaient dans un état d'cxciialion anor-
male, ni jama'b nous n'avons constaté
le moindr«' effet aplirodi^iaque ni le
moindre inconvénient résultant de son
usage
Gumnie principe général, on ne
donnera jamais le méilicamt-nl dans
les cas de congestion cérébrale, ni
lorsqu on constatera queWiue éiat iu-
flamro^iloire du cerveau ou des mé-
Diiig»-». Son action stiniulanie pourrait
en effet aggraver la maladie tians
aucun cas du resie, nous ne l'avons
vu troubler la digestion, ni irriter
Festomac, même à la suite de son ad-
ministration prolongée {Amt-ricun
Journal of Insanity, octobre 18(39, et
Lyon rnéd., 1871, n^b.)
De rhyoseyamine et de la
dafarine. M. le doileur Cbailes
Laurent, ancien interne des hôpitaux
de Paris, a publié, 1 année dernière,
une élude très bien faite sur ces alca-
loïdes dont voici les conclugions.
Action physioUigfque, !<> L'hyos-
cyamine et la daturine exercent spé-
cialement leur action sur le système
du grand sympatbique. — 2o De fai-
bles doses diminuent la circulation
capillaire ; des doses fortes déter-
minent une paralysie vasculaire. —
3" La tension artérielle augmente par
Vadministration de faibles doses; au
contraire , elle diminue avec des
doses toxiques. Ces résultats ne sont
pas modifiés par la section des nerfs
pneumogastriques. — 4» Le nombre
des pulsations augmente et leur am-
plitude diminue — ô" L'hyoscyamine
régularise les mouvements du cœur ;
la daturine produit souvent des inter-
mittences et des arrêts du cœur.
Portés directement sur cet organe, ces
alcaloïdes diminuent la fréquence des
battements et produisent un an et com-
plet du cœur. — G® Ils accélèrent
toujours la respiration. — 7® L'hyos-
cyamine et la daturine n'ont pas d'ac-
tion directe sur le système nerveux
de la vie de relation. I a sensibilité
et la motricité ne sont pas modih'ées
A dose toxique, la sensibilité péri-
phérique est énionssée. — 8° Ces al-
caloïdes n'ont aucune action sur Tex-
citabilité des muscles à fibres striées
Ils ne modifient pas leur structure —
90 A faible dose, ils accélèrent les
mouvements de l'intestin; à forte
dose, ils les paralysent — IO0 Les
phénomènes généiàux que Ton ob-
serve, FonI dus anx modification» sur-
venues dans la circulation. Ils dispa-
raissent rapidement. Os alcaloïdes
s'éliminent vile, surtout parles urines,
oii un peut les retrouver. — H-' La
dilntation de la pupille est due à Tex-
citation du grand sympathique, le
nerf de la troisième paire e»t étranger
à la mydriase. — 12- De faillies
doses déterminent, en général, une
augmentation légère de la te>i'|>éia-
ture; de furies doses diminuent la
température centrale.
ApplUutions thérapeutiques, 1* L'hy-
oscyamine et la daturine sont les prin«
cipes actifs de la jnsquianie et du
datura. — 2<' Ces deux alcaloïdes ont
des propriétés analogues à celle do
Tatropine et peuvent lui servir de
succé' anés. ~ 3o La daturine ne doit
être employée qu'avec de grandes
précautions, au lieu que l'hyoscya-
mine peut être maniée sans Inconvé*
nient, avantage qu'elle possède éga-
lement sur Talcalolde de 1» belladone.
— 40 Dans l'adroinisiration de ces
médicaments, il faut presque toujours
se servir de doses faibles, et éviter
les phénomènes toxiques, qui sont aa
moins inutiles. — 5» Leur action roy-
driatique petit être utilisée dans tous
les cas où la belladone a été recom-
mandée, et ne présente pas d'indica-
tion spéciale — Go L'influence qoe
ces alcaluldes exercent sur le système
musculaire lisse, quand ils sont admi-
nistrés à petite dose, peut être uti-
lisée dans les cas d'incontinence
d'urine, de constipation^ etc.— 7o L*u-
sage de ces alcaloïdes poar combattre
les inflammations et pour arrêter les
hémorrhagies ne saurait être recom-
mandé. — 80 L'hyoscyamine et la
daturine seront employées avec avan-
tage lorsqu'on voudra diminuer des
sécrétions exagérées. — 9® Ces alca-
loïdes et surtout l'hyoscyamine com-
battent d'une façun liës-efficace les
névroses douloureuses. — lO^* Par les
modifications qu'ils impriment à la
circulation des centres nerveux. il5
peuvent rendre des services dans le
trait^-mt^nt des névroses convulsive.«,
des affections spasmodiques et des
afièctions congestives de la moelle,
lorsqu'il n'y a pas encore d'alicration
organique avancée.
Dn hasrhl«rh daim Vhjér^^
phobie Parmi les phénomènett pro-
duits par Une forte duse dehascbiscb^
l'auteur a été frappé de la singulière
impressiounabilité qu'éprouvent les^
sujets à un léger rourant d'air el au \
— 373
oorps brillants et lumineux; il a noté
une espèce de sentiment ûc suffoca-
tion el unt> sensation df pêne au go-
sier compMrablH à celle que ferait
éprouver un»* mince cnucbe de coton
appliquée sur le pbarynx. Ces diffé-
rents phénomènes dus au haschisch
loi ont donné Tidée d'essayer <;• tte
substance dans le traiiemeni de l'hy-
diophobit* OVsl ce qu'il a fait sur un
bomme de trente huit ans. admis au
grand hôpital de Mil:in le 12 mai l8(iU^
et qui avait été mordu par un chien
enragé un mois auparavant. II pré-
sent^til déjà tous les symptômes de
Fhydrophobie.
L'autf'ur employa le haschisch seul ;
il àe servit de Textrait brun noir, uont
il avait f;iil usage dans se» expé-
riences sur lui même; il en donna
2 grammes et demi, divisés en cinq
doses de 50 centigramoies chacune, à
prendre toutes les quatre heures. Le
médicament fut coupé en petits mor-
ceaux que Ton appliquait sur la lan-
gue; l'administration en était du reste
facilitée, tantôt par du sucre, tantôt
par un peu de lait, tantôt par un peu
ae teinture de semence d'anis. Gomme
adjavant, on donna de plus de l'iofu-
sion de café '80 grammes de poudre
de café pour on litre d eau . C'est ainsi
que, en moiUN de vingt quatre beores,
le malade prit 2 grammes et demi d'ex-
trait de chanvre indien, et un litre
d*infasion de café par le rectum.
Ce traitement ne fil pas disparaître
Fborreur caractéristique que provoque
Teau ou tout autre liquide; il ne réta-
blit pas non plus la miction et la dé-
fécation ; la dysurie et la constipation
persistèrent; enfin le malade mourut
six beures après son admission à Thô-
pilal ; mais le baschiscb provoqua
une sorte de gaieté, une bonne humeur
salutaire, et procura au patient une
heureuse conn;«nce dans le secours de
la médecine: il fil ceser le délire, la
terreur et la fureur convulsive qui
s'emparent habituellement des hydro-
pbobes. à tel point qu'on est oblige de
les maintenir aitacbés ilans leurs lits.
La vue des corps brillants, la ré-
fl<*xioo des corps lumineux, les légers
courants d*air. qui sont insupportabks
ordinairement dans 1 bydropliobie, ne
provoquai«'nt chez te patient aucune
sensation désagréable; on put le laisser
éiendu librement $ur son lit. Ce calme
persista quarante- huit heures après
le commeiicement de radroiuistration
du baschiscb, il fut seulement inter-
rompu par quelques oonvulKlons et
par quelques grimaces qui augmen-
tèrent lentement de fréquence et par
la menace d'asphvxie par écume
bronchique, qui s'accrut avec les
signes (le l'agonie jusqu'à la mort.
Ainsi, ^ans guérir la rage, le has-
chiseh diminua le tableau de Thor-
rible symptomaiologie de cette ma-
ladie, ce que ne peuvent faire ni
l'opium, ni la morphine, ni la datu-
rine. C'est le meilleur sédatif el le
meilleur palliatif de la rage que nous
ayons; il transforme un mani;4quc
intraitable, agressif et eu délire, qui
mord el qui injurie, en un pauvre inva-
liiie content et tranquille qui vous
bénit. [Médical Press and Circular,
décembre 1870, et Lyon méd., 1871,
no 6.)
Alcool et absinthe ; épi-
lepsle abslnthiqoe Nous avons
déjà fait connallre quelque chose des
études de M. Magnan sur les dangers
qu'entraîne l'usage de la liqueur d'ab-
sinthe (voir tome LXXVII, p 159) ;
nous y revenons eiicore aujourd'hui.
C'est une question qui. malheureu-
sement, n'a pas cessé d'être à l'ordre
du jour.
C'est au moyen d'expériences sur
les animaux que M. Magnan a essayé
de déterminer la part d'influence et le
mode d'action de l'alcool et de Tes-
sence d'absinthe dans les accidents
produits par l'ingestion de la liqueur
d'absinthe. Voici les résultats qu'il a
obtenus :
« L'akool passe en natore à travers
l'organisme et en sort par les diverses
voies d'élimination ; de là une action
toujours la même, directe, immédiate
sur les différents organes et plus par-
ticulièrement sur les centres nerveux.
Une faitde partie seulement de l'al-
cool ingéré est transformée.
« L'ingestion de l'alcool chez les
chiens produit l'affaildissemeni pro-
gressif, puis la paralysie des menibres
postérieurs d*al>ord, puis des anté-
rieurs, et entin te relâchement des
sphincters ; mais, dans aucun cas,
M. Magnan n'a observé de convul-
sions épileptiques ou épilepliformes.
a A l'autoi sie, on constate la pré-
sence de l'alcool en nature dans les
différents organes ; l'injection des
méninges cérébro-spinales, de petites
intiltrations sanguines dans l'epairi-
seur de la pie-mère, quelquefois
même un pen de sang en nappe à la
surface de l'arachnoïde; l'injection
du cerveau ot de la moelle ; la colo-
— 374 —
ration rosée plus ou moins foncée de
la subsistance grise des rentres ou de
Vé périphérie ; l'injection de la mu-
qm-iisi' de l'es'umMC et de» intestins ;
la congf>tion partielle des poumons,
du fuie el des reins.
0 Qii;«iid un chien eAl soumis pi'mhint
un Certain iempî> u l'in^-'iion de '0 à
00 gr;<mnu> d alcool par juur, on ne
larilf [la^ à (<: .^c^v^■r «li's pl.eiioniê:.os
d'un a:'lre or«lre : un»' 1 ji'eie tiébé
tude (] alM.rii, pui> du tiemUmcnl
mu>^i'ulaire. lUms les os df celle na-
ture, on trouve d;4ns les orpaui s des
léioiis(|ui ont une C(:rt;iinH aualogit;
avec ««'Iles que l'on renconin* chrz
rtiomme qui a succombé aux progri'S
«le 1 .'l'.oooli^nic chronique.
'( Mcsenvf (l^ah- uthr inji»ctér fi;n ;^
les vcini-s d'ud chien à la dose lie
auelqurs eenliiiramnies ou iulroiiuiie
ans l'esiomac à la dose de r> à
4 (iiainiues, délermiue des pliéno-
nl^(:('s diinl la durée et l'intensité
^-Ollt <>n rai>on «lirecte de la i\\ii^t uu
poison .n^éré el qui bc manifestant à
]»er prH< dans l'ordr»* snivs'ni •
«' Krénlis<:ement musculaire plus ou
hiuiUA marque . |>elile&M'COJ.'>scii brus-
qHe>. s!iccM<lét»s. semblables à des
décharges électriques, dans It-s mus-
cles du cou (raburd, puis uaiis ceux
des éjiMules el du dos , ce qui déter-
mine des secousses brusques soule-
vant sur place el par saccades la
partie antérieure du corps ; dan^t quel-
que s cas, 1 uiiimal s arrête tout à
coup. r«'sl«' Immo; Il -, rfjn!m«' h»'bélé.
la léte bassH, le repard moi ne; il
conserve celli- allilude pêi.dant trente
à cent vinpl secondes puis reprend
ii'pontanédient ses allures habiluelleâ.
Cet él:it offre uiie certaine analogie
avec le veriig*' épib'ptiqoe
• A une dose pins forte, res>ence
d'absinttiu i^éleimine do véritables
convulsion.^ epiieptilorni -s avec iris-
miis. cuuvul>ions louiques prédomi-
nan; quclquelois «l'un <ôtf du lorps^
puis comilsioiis clonlqiies avec cla-
quement dis iiiâchcMivs. écume aux
liîvres, quelquefois morsures à ta lan-
gue, respiration slerloreuse. évacua-
tions d'urine, de rnalitres fécales el
parfois même de sper.iie. I.'aïuique
linie, l'animal conserve ordinairement
un pe>i d'hébétude, puis reprend son
étal habituel.
« Dans certains cas. plusieurs de ces
symptômes font (léfaul ; parfois aussi,
les accès se rapprochent, se super-
posent pour ainsi dire cl ou à quelque
fieine à rcliouver les caraetlirfcs de
'attaque convulsivp.
« Dans l'intervalle des attaqués, da
observe chez c« rtains animaux de Té«
ritables hallucinations de la vue; la
plupart manifestent une frayeur plis
ou moins vive
«1 11 résulte d'ailleurs d^expérleneta
faites avec soin que ces deux ordres
de phénomî^nes, convu1s1dtf«f >! hiJliu-
cinaiions, ont pour siège : les pré'
miëres la inoelle épliii'ere. et les aafrës
le cerveau. L'es>ehce d'absin:he acfit
doi'C sur le sys:ënie ceK>bro-s|fihàl
toutenlitr. Il sendde seulement t(ût
le Cerveau n'entre en action qué(|iiaBd
les autres parti- s dii système sblit au
repos, el réciproquement.
« Q and, au lieu d'alcool od d'es-
sence d'uL->inihe administrés séparé-
ment, on donne l'aUoitl ou ii(fUtH¥
(/absinthe, on observe les di*ux ordrtS
de phénomènes produits pur chacun
de ces a^zents : st* ulelnént rfvresse at-
cooli(|ue pr. cède louiours d une ua
plusieurs heures les phénomènes coo-
vulsifs propres â labsinihe. Cette
pai:iLutarilé parait t*nir uu rilafJ
af'porié a l'absofplion de l'el'ience
u'absii.ihe par I iiction irrjlanle de
l'alcool ur resldmac. Quand, en \iïëL
l'essence d'ahsintlie est injectée' par
les veines^ les pbéhomènes couvuUlfl
se produisent Immédiat* hteul ; ttiaU
ils sont toujours beaucouf/ moins lA-
lenses el surtout moins proloB^é^
a L'essence d'absiuthe ne prodojt
pas« dallleurs. dos lé^iOhs malC-
rielies aîissi prononcées que l'alcool.
Les divers organes en sont Im^râ-
gnés ; mais bs méninges ckrébtt-
spinal-s ne sonl qu'injeciérs — et ctfla
surtout au nUeaU du Imlbe^. ^ ^r pré-
sentent rifremehlded infiliratlonssao-
î^uines: lien est de niêhiedii certeau,
de l'estomac el des poumons. •
Faisant à !■• patbdbigîé l'applica-
tion de ces données expérlmeotajes,
Bl Magnan a cherehA à bien établir
qi:e l'alcool chez I hnfnme cbnme
chez les animaux étal! incapable, à Ittl
seul, de provoquer IVpilepsie ; il
donne lieu â du iremhlemenl. quel-
quefois même à de petites convul-
sions cloniques irrcgullferes, iiidisfc'est
tout. Quaml les attaques éplleptiques
surviennent, if faut l'altribuer â ail
autre agent que l'alcool et cet agent
est habituellement l'alisinihe.
Nous croyons, comme M. Magnan,
dit M. Luuier, â qui nous emprun-
tons cette analyse, que les effets de
la liqueur d'absinthe sur l'orgaiilfihé
— 375 —
difterenlnolablemeul de ceux Uéler-
ninés par les autres boissons aleoo-
liqueA ; mais les fails que nous avons
obij^rvés no nous pornit lient pas d*a(J-
mettre que la liqueur d'absinthe soit
la seùli! qui pro^lulse l'épilepsie. {Gaz,
des hôp. , el Ann. vied.'psyvhoL,
jaiiv. 1871.)
CtrosneHse avec hymen la -
tact — fis. il. Martin iUe ftiarrissa-
oid, Etai de New-York; rapporte ce
cas iDléfessanl dans le MedwAl and
Surgical litporler. En essayant le
toucher vaginal, la fi-mme étant en
travail, ce médecin ne put découvrir
aucune ouverture avei: le duigt ; pas-
sant à l'inspection oculaire, il Irnuva
an tissu fibl'eux, dense el blanchâtre,
se c-onfundaut graduelkmenl avec les
tissus voi.^ins de rentrée du vagin,
saii:! ligne nette de démarcation.
Vers le centre de la moilié iutéi iëui'e
de eeU6 membrane Dbluratrice, la
malade étant sur le dos. il décou-
¥rlt un petit bouchon de mucus rou-
gefttre et tenace, qui ne put être dé-
laebe avec du coioii ; mais, en le
Biisbsant avec des pinces, on vil
qu'il M Guntinuaii au delà de la
membrane à travers une petite bii
^ériure rottdë. Un petit siylet d'ar-
geilii dont l'extrémité reullee avait
ejkftctesietit un ^eièiëme de pouce de
(iiftmètt>è, Tut thirdduit sans trop de
peine dans le pertuls. dont tes bbrds
parurent un peu plus épais que le
tissu environnant. L'extrémité du
stylet étant courbée à angle à peu
près droit et introduite par le per-~
tuis, on put sentir celle extrénllté
mousse se mouvant sur !a surface
interne de la membiane, dot>t l'é-
paisseur put être comparée à celle
d'une peau de mouton apprêtée. 1/ac-
coucheur fit alors avec un bistouri
une ineisiou cruciale^ puis introdui-
sit le doigt, et avec lui agrandit l'ou-
verture par déchirure, de manière à
n'avoir pas d liémorrhagie dans le
oas où il y aurait eu des vaisseaux
dans l'épaisseur de rhyuieu. Apres
l'issue de quelques onces d'un li-
quide noirâtre et visqueux, il put,
en introduisant le doigt, Rentirnette-
ment la poche des eaux, la rompre,
puis reconnaître distinctement une
présentation du sommet en position
occipilo iliaque gaucbe antérieure. Il
s'écouta dix sept heures entre les
premières douleurs, et la délivrance.
\.SrW'York Mp'L Journal, et Mont-
pcUiermdd., 1871, n«' I.;
'fraitement da bubon par
lea injcctionfi hypodermi-
ques. Le docteur Werîheim , de
Viebiie, a cherché à obtmir la gué-
rison des bubons en provoquant la
résorption des produits épanchés. La
mctho'le qu'il emploie est très sim-
ple, c'est l'injecliou sous-tutauée. Di-
verses solutions, telles que celles de
moi-phin»', de camphre, de sulfate de
cuivre, peuvi nt êire employées sui-
vant les circonstances; le chlorhy-
drate de niol^phinc (4 grains :lans
4 grammes d'eau esi ce qui lui sem-
ble préférable dans la majorité des cas.
Lorsque l'abcès e»i arrivé à matu-
rité, on le ponctionne au moyen
d'une grosse aiguille ou du tube de
la seringue de Pravaz, on évacue par
Uiic douce précision le pus el Ton in-
jecte 8 à 1(1 goutie.H de la solution.
On a soin, du resl-, d'enseigner au ma-
lade à vid^r lui-même toutes les
trois heures le liquide qui aurait pu
s'amasser.
L'injection e:t d'j.liord répélée
chaque jour ; plus tard on ne la pra-
tique qu à longs iiitt-rvalles. Quoique
cela ne son pas essentiel, il vaut mieux
que le malade reste au lit.
les avantages de la méthode sont la
cessation pre««que immédiate de la
douleur dans l abr'es el la diminu-
tion ia|dded«'S autres symptômes in-
flammatoires. Le pus épaissi se trans-
forme peu à peu eu une exsudation
de plus en plus rare, diminuant gra-
duellement de quantité, de soi le qu'au
bout de trois ou quatre semaines, la
suppuration est comph'lement tarie
iiàhs lai>ser de cicatrice. Lindura-
tion circonvoisine diminue peu à peu.
\Wien AJpd. Wochcnschnft, : 870, et
Lyon médical, 1^71, n^ G.j
Traitement par l'îicldeph^
nique de rinloxiratioii par Se
venin de %î|»ère Voici les conclu-
sions qui résultent de nombreuses ex-
périence.N faites par M. Weir Mnchell
avec le venin du serpent à sonneties,
et p«r MM Gicquian et Viaud Grand-
Marais avec le venin de la vipère-
aspic :
L'acide phériîqoo introduit dans les
piqûres immédiatement après la mor-
sure du reptile empêche l'envenima-
lion. tant locale que générale, «le se
produire; un petit flacon de poche, à
bouchon plongeur, servant de porte-
goutte, peut très- Wen servira ce genre
d'expérience. , . .
Appliqué eu trop grande quantité
— 37(5
sur le poiiil monlti, ce caii^lique peut
produire 'les «'schari*s p'iis ou moinH
dang^n'use-i, huivant la taille «les ani-
maux sur losque g on opère : il peul
même empoisonner de jeunes ani-
maux; c'e^l pour cela que l'on doit
préférer à Temuloi «le l'acide pur celui
d*un mt*l»n|]fe ae deux parties d'acide
contre une d'alcool.
L'action de l'acide phonique, comme
remëde interne, est nulle dans l'enve-
nimalion.
Qu4nd il est appliqué localement.
Tacide agit plutôt sur la vitalité des
tissus que sur le venin lui-même,
dont il empêche Tal sorption en con-
tractant violemment le^* p«*lit8 vais-
seaux. C'est auMsi de cette manière
que semblent agir Tiode et le lanniD,
que l'on vante comme des antiilotes
du venin des serpents, et que leurs
propriétés moins caustiques permet-
tent d'employer localement à plus
h:iute liose
Introduit tardivement dans la bles-
sure, l'acide phénique n'arrête pas les
effets du venin. {Journ^ de méd. de
l'OueH.)
TRAVAUX
Eclampsic paerpérale chez
aoe albuminuriquc, traitée
et ^nérie par lecliloral M. Ray-
naud a fait à la Société médicale des
hôpitaux la communication suivante
sur un cas d'éclampsie puerpérale
traitée par le chloral.
11 fut appelé récemment; à sept
heures, du matin pour voir une
femme qui, depuis la veille au soir à
onze heures, à la suite de son accou-
chement, avait eu de trente à qua-
rante attaques d'éclampsie. Elle était
albuminuriquc. Elle conservait du
trismus dans l'intervalle des atta-
ques. Des inhalations de chloro
forme furent faites dans Tunique
but et avec le seul résultat de vain-
AGADÉMIQUES
cre la contracture des muscles des
mâchoires. Une potion contenant
4 grammes de chloral fut alors admi-
nistrée. Cinq minutes après cette admi*
nistration, l'accouchée tombait en ré-
solution^ et un sommeil profond et
paisible succédait aux attaques d'é-
clampsie. Il dura jusqu'à dix heures
et demie. A ce moment eut encore
lieu un accès qui fut le dernier;
2 autres grammes avaient été door
nés de sept heures à dix heures et
demie ; quelques autres doses fo-
rent encore ingérées. I^a malade prit
10 gramro s de chloral en totalité.
L'éclampsie a été guérie. L'albumi-
nurie a diminue depuis. (Séance du
23 décembre 1870.)
VARIÉTÉS
Oxyipéne pour awiialalr lei mnllem il'lidpltiiiiz (4) ;
Par M. K. Rabot, pharmacien, secréiaire général do Conseil d'hji^iène de Seloe-el-
Oise.
L'assainissement des hôpitaux est une des questions qui intéressent au plni
haut degré Thygiène publique, et cependant aucun traité ne renferme d'indi-
cations précises à ce sujet.
Hes notions générales se trouvent partout, indiquant l'emploi d'agents dés-
infectants plus ou moins actifs, plus ou moins énergiques, mais qui toos
exigent Tévacuation des salles et Téloignement des malades.
(i) Extrait du rapport général sur les travaux du Conseil d'hygiène de
Seine-et-Oise, 1870.
— 377 —
Ou puiirraii dire silure que le meilleur mode de dé>iHft'cUou et d'as^^ainisse-
ment esl, en réalité, TabandoD momentané de Ttiôpilal et la réfection des en-
duits des salles de malades.
Mais le plus souvent cet abandon immédiat, en cas d^alTections graves, re-
vêtant une forme épidémiquc, est impossible, sauf peut-être à Paris, où la
multiplicité des hôpitaux permet une évacuation momentanée de quelques ser-
vices.
11 est donc utile d'avoir à sa disposition une méthode d'assainissement pra-
ticable sans éloi){ner les malades, et, à ce point de vue, nous croyons rendre
un véritable service à l'art de guérir et à Tliygiëue des établissements hospi-
taliers, en faisant connaître Tapplication d'une méthode qui, à plusieurs re-
pribes, nous a donné des résultats rapides et Indiscutables.
Par suite de causes qu'il est inutile de relater ici, parce qu^elles ont en par-
lie disparu, grâce à nos conseils, causes tenant à un vice d'organisation dans
la con>tructiou et la destination des bâtiments, l'hôpital de Versailles vil deux
fois, dans la première moitié de Tannée 1^68, trois salles affectées au service
de chirurgie envahies par une sorte de pourriture d'hôpital, dont les effets dés-
astreux ne tardèrent pas à se faire sentir.
Malgré tous les soins apportés aux pansements, malgré les lavages fréquents
à l'eau chlorurée, les plaies de tous les blessés ou opérés prenaient prompte-
ment un aspect gangreneux caractéristique. Les surfaces devenaient ternes,
grises, douloureuses ; elles offraient bientôt des excavations dont les bords
relevés, taillés à pic, avaient le caractère particulier â la pourriture d'hôpital
ni éreuse.
Les plaies les plus légères prenaient alors un earaclère de gravité inquié-
tant, et une terminaison fatale est venue plusieurs fois justifier les tristes pré-
visions des chefs de service.
La première invasion du mal eut lieu au mois de février, et dans une saison
oii l'hôpital encombré ne permettait pas même l'évacuation d'une salle.
D'ailleurs le séjour des malades était notablement prolongé par l'envahis-
sement de cette gangrène, qui sévissait sur tous, et qui, d'un mal insignifiant,
faisait une affection dangereuse.
Le permanganate de potasse, employé depuis un mois en lotions pour les
pansements, n'avait donné aucun résultat appréciable, et cela, comme nous
l'avions prévu, parce qu'il modifiait momentanément la surface ulcérée, mais
n'attaquait pas la cause première.
Après une étude attentive des moyens employés jusqu'ici, de leurs résultats,
de leur mode d'action et des causes du fléau qu'il fallait combattre, nous
nous mimes à l'œuvre le 15 février, et voici à quel procédé nous eûmes re-
cours, après nous être assuré, à plusieurs reprises, par des analyses rigoureu-
ses, que c'était dans l'atmosphère confinée des salles qu'il fallait détruire le
principe délétère, et non sur les surfaces gangrenées.
Les analyses, en effet, y révélaient la présence de composés ammoniacaux
et salfurés qui ne se trouvent jamais dans l'air confiné, simplement vicié parla
reapi ation d'un certain nombre de personnes dans des conditions normales.
L'examen des matières microscopiques en suspension d.ns l'air et recueil-
lies dans une petite quantité d'eau tant par condensation que par cliargetf
snccesaives d'air dans uQ flacon contenant une petite quantité d'eau distillée,
- .178
n permis de reconngltre une quantité coiisi(lûrahl<' de corps orjtQDÎaéa, spores
de toute espace, dont 1.t détermination est encore à faire (1).
Divers essais nous décidërent à ne pas compter sur le permanganate de po-
tasse^ trop vanté par les praticiens anglais, ainsi que nous le ferons voir dans
une étude comparée des divers désinfectants employés en médecine.
Au lieu de chercher à produire une oxydation indirecte des principe^ viei^l)
absorbés par les malad»'s, nous eûmes recours à l'oxyîz'ene lui-même.
Lf's trois salles (lar.s I:>^qniils noii^ o;térioiis salles Saii^ile'Sopbie, Saint-
Philippe r>t SaiiitCômc) contiennent^ celle-ci vingt, les deux autres c^cnse
trente lits, dans les temps ordinaires; ce nombre peut aller ^ Irente-cinq
quand il y a encombrement.
La salle Saint-fftme cube environ 1 000 mètres.
La salle Saint-Philippe, 1 500 mëtres.
La salle Sainte-Sopliie est de même dimension.
Chaque soir nous fîmes arriver dans chacune de ces salles^ au moyen d'un
tube de caoutchouc, i>artant d'une cornue de fer de grande dimension, placée
en dehors, un vulume d*oxvgëne correspondant au millième du cube de la
salle, c'est-^-'iiro 1 mette cub*" pour la salle Sair.t-CAme, 1 rOO litres poar
chacune des deux antres. Cette dose nous parut suffisante ponr ne pas agir
trop vivement sur les voies respiratoires.
Le matin, les salles étaient ouvertes et aérées comme d'habitude, quand la
tempéiature et l'état de Tatmosphëre le permettaient; puis, aprës fa fermeture
des fenêtres, une pareille dose d'oxygëne était de nouveau introduite dans
chaque salle.
Après chaque séance, une fumigation était faite au moyen de quelques pin-
cées d'une poudre odoriférante que l'on jetait sur une pelle ronge.
Cette poudre avait la composition des clous fumants du Codex; seuleroeni
le charbon y était rempl:icé par une 'erlaine proportion de cascarille (Cro/Ofi
eluifria). delà famille des euphorbiacées.
Cette fumigation, purement accessoire, avait pour but de remonter le nonil
affecté des malades, en rendant perceptible à leurs sens ce quMls ne compre-
naient pas, et de masquer l'odeur désagréable et sut generis que Ton seutaft
en entrant dans les sall'S.
En outre, à chaque extrémité des salles et le plus loin possible des lits, on
installa un bassin dans lequel chaque jour on versait le mélange snitant:
Peroxyde de manganèse, 500 grammes ; solution d'hypocblorite de ctaaox,
5 kilogrammes, destiné à produire un léger dégagement continn d^oxygène.
Voici maintenant les résultats qui furent obtenus :
Dès le lendemain matin du premier jour d'expérience, les sœurs, les em-
ployés cl les malades constatèrent une diminution notable de l'odeur mépbi-
tique qui auparavant rendait l'entrée des salles très-désagréable, mène pour
les personnes habituées.
Cette amélioration devint sensible de jour en jour; les malades sceusaient
un excellent sommeil, moine de gêne dans la respiration.
(1) Le voisinage de lieux d'aisances, sur l'air desquels les sallet (aisftieiit
appel, et qui, malgré les lavages de chaque jour, étaient dassunét^t coBStatt
de mMpropreté, contribuait certainement à vicier ainsi ratin<^s|^l(ëre4ea.iiiile|'
— 379 —
..yn sf^nilmni de fratcbepr avait remplacé la sensation si pénible do l'air
▼icié.
Enfin, de jour en jour^ les plaies revenaienl à l'état normal ; la suppuration
s'établissait francbement, et le travail de cicatrisation s'opérait dans d'excel-
leBles conditions.
Le 80 février, bous cessâmes de nous occuper des salles, (ont phénomène
'morbide ayant disparu.
L#«inôn8fs (%\i$ se reproduisirent deux iQoi^ après, pt ]e premier roa| nous
eûmes recours aux mènes moyens ; mais la saison plus humide^ rencombre-
ment plus considérable, la crainte aussi de voir le mal se reproduire, nous
engagèrent à commuer plus longtemps^ et ce ne fut que le ^0 mai, lorsque la
Ifimp^rtilurp plus douce et Talmosph^re plus Fècbe permirent d'aérer large-
meni, que l'emploi de notre méthode fut complètement abandoni^é.
Gomme la première fois, les résultats heureux ne se firent pas attendre^ et
les mêmes symptômes favorables fureqt constatés chaque jour, tant par Mr l^
docteur Ozanne, chirurgien en chef, que par les autres médecins et chirurgiens
de l'hôpital.
Ces résultats nous on( semblé avoir une importance d'autant plus grande,
qye pas un d^ nombreux malades qui encombraient les salles n'a éppoové,
pendant les deux périodes d'assainissement, un seul instant de gêne.
Tous, ao contraire, aocui^aient, comme nous l'avons dit, une sensation de
tnXcï^p.w agréable et une respiration plus facile
Il nous paraU iuqlile de chercher dans les différentes théories actuelle-
ment en usage une explication de l'action de l'oxygène en pareil cas. Mous
nç^ voulons point élever de discussion sur la présence ou Tabsence de l'ozone,
C^ qni, ^ uptre jivis, n'avancerait nullement la question, Yozonv, dans bien
des cas, étant encore un agent problématique
!fop^9vons, après une étude approfondie des causes d'infection et des pro-
cédés dp désinfection, été amené à inaugurer l'emploi d'une méthode facile
et éninemmMi pratique ; elle nous a donné d'excellents résultats, et nous la
faisons connaître pour l'utilité qu^on peut en retirer.
IliHif j^yonç e^ v^^^ troisième fois l'occasion d'y avoir recours dans un autre
^bllss^ent, et l'effet a été le même que dans les deux observations citées
dans ce mémoire.
Aujourd'hui que l'oxygène est devenu un produit industriel et peut être
Hyr| j| ins prix, |'^pip)oi peut en être fait sans augmentation de personnel et
pneagne «gns frei«. iRsvufi médmU.)
Nécrologie. — La science vient de faire des pertes bien douloureuses :
M. le professeur Longet, membre de l'Académie des sciences et de l'Acadé-
mie de médecine, est mort subitement à Bordeaux, le !24 avril dernier, dans
la maison de son ami M. le profes-eur Oré. La physiologie doit surtout à
il. Longet des recherches sur les propriétés et les louclions des nerfs et de
la moelle épinière ^1841 j ; sur les fonctions des nerfs et des muscles du la-
rynx (1841); sur les fonctions de l'épiglolte et sur les agents de l'occlusion de
la glotte (1841); sur llrrilabililé musculaire (1841;; sur l action exf rcéf par
l'IubaUlion de l'élher sulfurique sur le système nerveux (1847;. Enfin tout le
mQn4ç çBI^^^ ^\ aporécie sou ouvrage sur Tanaiomie et la physiologie du
syâiciiie ui?rvcu.\ el son grand (railc^ devenu classique, de pliysiologit?. {Gaz,
heb'l.)
M Payen, Tillustre chimislc, membre de riuslUul, a élé frappé d'apoplexie,
te 11 mai dernier, pendiinl son repas, et a succombé le lendemain, âgé de
soixante seize an^
Nous avons aussi à regretter la mort bien tualtendue de M. le docteur Lié-
geois, agrégé de la Faculté de médecine de Paris, chirurgien des hôpitaux^
qui, si sou existence n eût été brisée si prématurément^ promettait de rendre
à notre science, des services importants
Enfin, d après ce qu'où uous annonce, M le docteur Poret. médecin de
l'Asile d'Auxerre, vient de succomber à l'âge de soixante et un ans.
Légion d'honneur. — Nous n'avons connu que tardivement les nominations
suivantes (qiti ont été faites par décret du 22 février dernier) de MM. les
docteurs Ulacbez. Letzrand du Sauile, fierthier, Prat et L*auoix, médecins
trailauts à rambulance militaire des varioleux de Bicétre (^services distingués
pendant cinq mois consécutifs sous le feu de l'ennemi).
Bulletin de ^étranger. — L'illustre professeur Slioda vient de quitter volon-
tairement son enseignement clinique à l'Université de Vieune. à la fin du se-
mestre d*hiver. A un âge où tant d'autres professeurs se cramponnent violem-
ment à une popularité qui leur échappe — il n'a que suixante-cinq ans ~ il
a donné sa démission, sans autre motif que le soin de sa réputation, en se fai-
sant remplacer par un plus jeune, M. le docteur Duchek. Une grande ovation
lui a élé faite à ce sujet par les étudiants, réunis au nombre de plus de I 700
pour lui présenter une adresse de remerclments et de regrets revêtue de
3500 signatures.
« A une époque oii la médecine reposait encore sur Pempirisme. disent-
ils, et quand le diagnostic plus ou moins fallacieux ne se basait encore
que sur des signes obscurs, vous vous fîtes réformateur, et votre logique la-
mineuse et vos investigations infatigables détruisirent les hypothèses artiii-
ciehes et fondèrent la science sur une base physiologique inébranlable. Le
monde entier sait ce que vous avez fait pour la science, mais ce que vous avei
fait pour vos nombreux élèves est inconnu du public. La postérité, comme vos
contemporains, honorera votre nom comme un brillant exemple d'une grande
et noble humanité et d'une intrépide fermeté de caractère. »
Ëmu par cette démonstration sympathique, le célèbre maître, entouré de
ses collègues Roliitanslii, Hebra, Braùn, Hyrtl et Br&clie, ne put répondre que
quelques mots.
On craignait des troubles à propos de celte manifestation entre les étudiants
allemands, qui voulaient prendre le premier rang, et les Esclavons, auxquels
M. bkodase rattache par sa naissance, et qui voulaient porter Pétendard de
leur pays en opposition avec celui des Allemands. Eu consentant à ne se parer
d'un drapeau ni les uns ni les autres, tout 8*est passé pacifiquement. Un des
élèves les plus constants el les plus distingués du maître, le docteur SchrOtter,
prépare ses leçons cliniques pour une prochaine publication. {Union mé~
dicale.)
Pour les articles non signés : F. BRIGHETBA0.
<- 381 —
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
Da traliement de la névralgie éplleptifforme %
Par M. le docteur Fhancis E. Anstib, médecin à rhOpitàl de Westmiasier (i).
Il n'est pas de sujet sur lequel Trousseau ait répandu plus de
lumière que sur celte cruelle espèce de névralgie faciale à laquelle
il a donné le nom d^épilepti forme. Le tableau de cette maladie qui
est sorti de ses mains est merveilleusement animé, merveilleuse-
ment conforme à la nature, encore bien que tracé d'une plume un
peu trop subtile ; et il y a une inspiration juste dans cette vue qui
Pa conduit à lui imposer cette dénomination d'épileptiforme,
quoique cette dénomination elle-même, ce qu'on ne saurait con-
tester, ne soit pas des plus heureuses. Et en effet, n'est-il pas bien
fâcheux^ par exemple, d'induire les esprits ordinaires à s'arrêter
trop strictement à l'aspect convulsif de Taccès douloureux plu-
tôt qu'aux remarquables conditions de constitution et d'hérédité
qui distinguent les victimes de cette maladie? Il est vrai, d'un
autre côté, que le mot épileptiforme peut servir à appeler l'attention
sur la réelle et importante parenté qu'il y a entre l'épilepsie et cer-
taines formes de névralgie faciale.
Quoi qu'il en soit, en ce qui concerne le traitement, Trousseau
me parait avoir fait l'inverse de ce qui convient, par les préceptes
qu'il a posés. Je parle ainsi avec la défiance qu'on doit éprouver en
critiquant les préceptes d'un maître si éminent, mais en même
temps avec la fermeté de conviction qui résulte de faits observés
incontestables. Trousseau décrit^ avec cette brillante éloquence
qui lui est propre, l^aspect tragique que présente à ses yeux la
malheureuse victime atteinte de tic douloureux, le peu d'espoir qui
est permis au patient d'en obtenir la guérison, et la certitude que
ce qu'il pourra gagner de soulagement par les médications mises
en œuvre sera suivi du retour de toutes ses souffrances. Il pose
comme une loi absolue que nous n'avons rien de plus à attendre
qu'un répit ou une atténuation temporaire, puis il continue en
disant que ce faible degré d'amélioration sera procuré par l'emploi
de doses très-élevées et croissantes d'opium, mieux que par tout
autre moyen.
(i) The Lancêt, janvier 1869. j
TOMB LXXX. \U LIVR. 31
Je remarque que les (jivers ailleurs nui sont venus depuis ont
suivi le môme avis ; mais je suis si foncièrement convaincu que le
principe ainsi posé est erroné, que je crois devoir protester ici. J'en
vais donner mes raisons aussi brièvement que possible.
Que la description qu'a faite Trousseau de la névralgie faciale
convulsive comme d'une affection pour laquelle il n'est pas d'es-
poir de guérison, ne fût^ à l'époque^ à peu près exacte, c'est ce
qui ne peut être rais en doute. Evidemment il dépeint une ma-
ladie complètement différente des névralgies plus bénignes qui
peuvent se rencontrer à toute époque de la vie, une névralgie qui
est rare^ qui est restreinte à certaines familles éminemment névro-
pi^thiques, et qui, dans ces familles, n'attaque qu'un nombre limité
d'îndiyidus qui ont dépassé la période d'épanouissement de la vie
et sont entrés dans celle de la dégénération organique. La douleur
est d'une effroyable intensité^ et il n'en est pas qui soit plus pénible
à supporter à cause de la soudaineté poignante avec laquelle elle
s'élance à travers le nerf afiecté^ à l'occasion parfois d'un mouve-
ment musculaire insignifiant en lui-même, mais nécessaire, tel que
celui de la mastication.
Que de très-hautes doses d'opium soient réclamées pour exercer
une influence puissante sur la maladie, si le médicament est ad-
ministré par la voie gastrique, c'est ce qui est encore parfaitement
exact. Ces doses doivent être continuées et rapidement accrues,
avec cet effet inévitable de troubler sérieusement les fonctions de
digestion et d'assimilation. Et après tout cela, le résultat le plus
avantageux auquel on puisse atteindre, c'est que, pendant un petit
nombre de semaines ou de mois, il peut y avoir une diminqtiou
notable de la violence de la douleur ; mais avec la certitude que,
plus tôt ou plus tard, elle s0 ravivera dans toute son intensité, et
qu'alors ni l'opium ni rien autre n'aura le pouvoir de produire sur
elle aucun effet sensible. Et pour surcroit, le rest^ de la vie chei
ces infortunés malades est rendu plus misérable encore, dans la
plupart des cas, par un dérangement total de la digestion et par le
défaut de la nutrition, qui en est la conséquence.
Maintenant, je pense qu'un résultat beaucoup plus avantageiUL
peut être obtenu si la maladie est traitée de bonne heure, confor-
mément à la méthode suivante : 1° révulsion d'un mode particu-
lier; 2° toniques nutritifs; 3° injections sous-cutanées de morphine
ou d'atropine, suivant les circonstances.
La révulsion, pour être utile dans 1^ névralgie faciale épilepti-
— 383 —
forme, ne doit pas êti^ appliquée sur les branches de la cinquième
paire de nerfs, mais sur celles ^u nerf occipital, à la puque. Un vé-
sicatoire pose au niveau des premiers de ces nerfs est aussi sou-
vent nuisible qu'avantageux ; sur les derniers, il a quelquefois
une efficacité remarquable pour procurer du soulagement. Ce sou-
lagement n'est, il est vrai, qu'un répit de courte durée ; mais ce
répit n'en est pas moins un résultat de très-grande conséquence
dans une si terrible maladie^ car le simple fait de laisser continuer
une telle (Couleur est lui-même du plus mauvais augure qu'i) est
possible.
L'usage assidu de l'huile de foie de morue, ou de qi^elque sub-
stance grasse pouvant lui servir de succédané, devra être prescrit
et continué avec persévérance depuis le début, et c'est là un point
de la plus haute importance.
Quant aux injections sous-cutanées, elles nous mettent, en ce qui
concerne Temploi de Topium dans le tic douloureux, dans une si-
tuation tout à fait différente de celle qui a été signalée plus haut.
Rien ne saurait plus justifier l'administration d'énormes doses
d'opium dès le commencement du mal ; il suffira de débuter par
UQ sixième de grain de morphine deux fois par jour, en augmen-
tant, s'il est nécessaire, jusqu'à un quart ou un demj-grain, et,
dans des circonstances rares, jusqu'à un grain entier.
Si ce médicament procure, de concert avec les autres moyens
ci-dessus indiqués, une rémission notable de la douleur, on en di-
minuera graduellement la 4ose avec circonspection et régularité,
en tenant compte des circonstances.
La morphine reste-t-elle sans effet, on peut essayer l'atropine,
en commençant par des doses d'un soixantième deg^ain ; l'injection
d'uue moindre quantité serait probablement sans utiljté dans le tic
douloureux intense.
S'il n'y a pas d'espoir de guérison pour cette forme de névral-
gie par la méthode de Trousseau, ou par toute autre qui aurait
pour objet et pour moyen de narcotiser profondément le malade,
la perspective est loin d'être aussi sombre quand on a recours à
l'injection sous-cutanée, avec les précautions mentionnées plus
haut. Bien que je ne puisse dire que j'a^e js^mais vu une guérison
positive et absolue d'une névralgie faciale, se présentant dans les
conditions qui ont été décrites comme propres à la forme dont il
est ici question, il est certain que l'expérience de ceux qui ont
employé dans de grandes proportions la méthode sous-cutanëe a
— 384 —
prouvé que les attaques de cette maladie, quand elles viennent à se
produire^ peuvent être refrénées et leur intensité grandement adou-
cie ; avec ce résultat général, que Tinvasion d'un tic douloureux
dans la dernière période de la vie, même chez un malade dont les
antécédents personnels et héréditaires sont du plus fâcheux au-
gure, n'est plus la notification d'une misère à peine endurable et
qui ne devra avoir d'autre terme que celui de Texistence.
L'économie dans l'emploi de l'opium, qui résulte de Tadminis-
tration par la voie hypodermique au lieu de la voie gastrique, est
énorme ; et cela non-seulement par rapport à chaque dose à em-
ployer pour produire un effet donné, mais aussi (ce qui est de la
plus haute importance relativement à l'intégrité de la digestion
et de la nutrition qu'il est nécessaire de préserver) par rapport à
la mesure qui doit présider à l'accroissement des doses.
Dans les remarques qui précèdent^ je ne me suis occupé que des
méthodes de traitement qui sont à la portée de chaque praticien.
Mais il est nécessaire de dire que, pour ceux qui sont en position
de pouvoir se munir d'un appareil propre à fournir un courant
galvanique constant^ l'espoir de réussir, même dans les cas en
apparence les plus désespérés de névralgie faciale épileptiforme,
se trouve grandement augmenté. Je ne m'appuie pas, pour juger
ainsi, sur ma propre expérience, qui est beaucoup trop limitée ;
mais j'affirme qu'il est impossible à toute personne sincère d'étu-
dier attentivement le traité d'électrothérapie de Benedikt sans ar-
river à cette conclusion, que nous avons dans le courant constant
un agent capable de donner plus de résultats, dans les cas les plus
intenses, qu'aucun autre traitement par les substances médica-
menteuses ou tout autre moyen que ce soit. Un courant de faible
tension d'une pile Daniell, appliqué chaque jour en séances de quel-
ques minutes, paraît quelquefois arrêter complètement une névral-
gie faciale du plus mauvais caractère et otfrant au début le pronostic
le plus défavorable. Nous pouvons surtout concevoir des espé-
rances, à ce qu'il me semble, à l'égard des résultats que peut don-
ner la galvanisation du sympathique, dans des cas qui, par d'autres
moyens, ne permettraient de rien espérer raisonnablement au delà
d'un amendement insignifiant. Mais, sur ce point, l'espace qui^me
reste ne me permet pas de m'arrêter longuement, et un exposé
trop resserré de ce mode de traitement induirait probablement en
erreur. Pour ceux qui possèdent les connaissances préliminaires
requises sur l'électricité et Télectro-physiologie, et en même temps
— 38Ô —
les moyens de se procurer le luxe assez dispendieux et embarras-
sant d'une pile à courant constant réellement efficace^ je me
permettrais d'insister sur la nécessité de se livrer à une étude atten-
tive des traités d'Althaus, de Remak, de Benedikt, etc., sur rem-
ploi médical de l'électricité. Ils y trouveront des faits qui arrêteront
leur attention et les engageront dans une branche importante de la
thérapeutique des névroses douloureuses. Trad. D' A. G.
De l'emploi du bain éleelrique dann le tretublemcnl mcrcurlol
et dauM le Iremblcmeut alcoolique (i) ;
Par M. le docteur Ga mille Chapot-Duvbrt.
Avant de faire connaître la valeur thérapeutique du bain élec-
trique, nous devons dire quelques mots de l'appareil dont nous
nous sommes servi. L'invention de cet appareil appartient à
M. Potin, de Yincennes, qui l'installa à l'hôpital Saint-Louis par
les soins de M. le docteur Lallier, médecin de cet hôpital.
Voici les éléments qui le composent :
1* Un couple de Bunsen moyen modèle ;
^^ Une bobine, à gros fil unique, munie d'un régulateur de
cuivre qui augmente et diminue la force de l'appareil en couvrant
ou découvrant une portion plus ou moins grande du fer central
de la bobine, lequel sert à interrompre le courant au moyen d'un
trembleur. A chaque interruption, V extra-courant se répand dans
Teau. Le pôle positif^ constitué par un gros charbon, correspond
aux pieds^ et le pôle négatif^ constitué, lui^ par une plaque de
zinc^ correspond à l'extrémité céphalique.
TREMBLEMENT MBRCURISL.
Le tremblement est une des manifestations les plus fréquentes
de rintoxication mercurielle. Sans présenter aucune gravité pour
la vie du malade^ ce tremblement est un accident fâcheux pour
l'ouvrier qui est obligé de gagner sa vie chaque jour par son
travail. La marche de la maladie est lente^ de plus elle récidive
(1) Extrait de la Dissertation inaugurale de M. le docteur Chapot-Davert,
intitulée : De quelques applications de Nlectricité à la thérapeutique, (Thèses
de Paru, 1870.)
— 386 —
AréqUebiment^ si les individu^ s'exposent de nouveau aux mêmes
influences.
Le traitement employé contre le tremblement mercuriel consiste
dans les sudorifiques^ les bains de vapeur, les bains stilfureiiz ;
Topium a été aussi empioyé ; mais le trailemeiit alors à été toti-
jours etcéssivehlent long, souvent même la maladie h'à pas ^té
modifiée.
Nous n'avons trouvé nulle part aucune observation de tremble-
ment mercuriel traité par Télectricilé. M. Axenfeld, dans une ob-
servation de tremblement publiée dans la Gazette des hôpitaux
du 1*' mars 1870, se contente de dire que les bains électriques
pourraient être un auxiliaire thérapeutique à utiliser dans Tempoi-
sonnement mercuriel en particulier^ afin d'aider à l'élimination de
la substance toxique.
M. Lallier ayant Fait installer à Phôpital Saint-Louis l'appareil
inventé par M. Potin, tenta de traiter par Télectricité les tremble-
ments mercuriels, et il obtint de très-bons résultats. M. Paul
voulut à son tour savoir quelle était la valeur thérapeutique de ces
bains dans le tremblement. Les observations que nous citons dé-
montrent que Ton ne pouvait désirer mieux des bains électriques
dans le traitement de cette maladie.
Obs. L — Elobay, vingt-six ans, miroitier, est entré à l'hôpital
Sàint-Louis, salle Napoléon, service de M. Paul, le i^jaiivier 1870.
Cet homme, d'une constitution robuste^ sans maladie antérieure,
est à Paris depuis cinq ans seulement. Jusqu'à vingt ans il s'est
livré aux travaux des champs^ et ce n'est qu'en arrivant à Paris
qu'il à commencé son métier d'étameur de glaces. Après quelques
mois de travail dans celte dernière profession, il fut pris de sto-
matite ; ses gencives étaient pâles et décolot-ées ; il crachait beau-
coup. Ces accidents disparurent après trois semaines de traitement.
Il reprit son métier, et pendant deux ans il n'eut aucune autre
manifestation de Tintoxication mëi'curicllé. Alors, les accidents
qu'il avait déjà eus du côté de la bouche reparurent peut-être avec
plus d'intensité que la première fois. Néanmoins, un mois de
traitement suffit pour les faire disparaître.
Cet homme nous dit qu'il ne boit pas plus d'un litre de vin par
jour, et qu'il ne prend aucune liqueur. Jamais non plus il ne loi
est arrivé de faire d'excès.
Vers la fin de décembre, il commença par éprouver une grande
faiblesse dans les membres ; il se sentait mal à son aise, rompu
comme s'il avait reçu des coups. Cet état persista pendant huit
joUrs, buis le tretnblement survint. La main droite trembla deux
ou trois jouis plus tôt que la main gauche. Le 14 janvier, iious
(;o/Ji>latpn;s que la main droite tremble plus que la main gadbUii.
- 387 -
Le tremblement a toujours été en augmentant depuis qùiiize
jours ; le malade peut bien saisir un objet, mais il éprouve beau-
coup de difficulté pour le déposer ; et ce n^est qu'après avoir fait
exécuter plusieurs oscillations à sa main (jii'il y parvient. Sa maiii
droite tremble tellement, qu'il est impossible au malade de s'en
servir pour manger ; il ne peut porter sa fourchette à sa bouche.
Les jambes n'ont pas été atteintes dès Ib début do là maladie;
ce n'est que vers le 8 janvier que le malade se sentait fatigué lors-
qu'il commençait à marcher ; mais, dans le courant de la jour-
née cette fatigue disparaissait, et le malade ne s'apercevait plus de
rien dans sa démarche pendant le reste de la journée.
Mais depuis deux ou trois jours ses jambes refusent de le por-
ter ; elles sont agiténs d'un tremblement considérable ; le malade
ne peut plus maicher du tout. Il ressent des fourmillements très-
incommodes dans les avant-bras et les mollets.
Depuis le 8 janvier, Elobay ressent une douleur en ceinture ; il
éprouve la sensation d'une corde qui lui serrerait fortement l'abdo-
Hien.
La sensibihté est intacte aux membres supérieurs et inférieurs.
La cohtraclilité musculaire s'exerce bien aux avant-bras ; il serre
vigoureusement les doigts. De mêiiie aux membres inférieurs nous
ne constatons rien d'anorhial dans la contractilité des muscles.
Le 14 janvier, Ëlobay prend un bain électrique pour la première
fois. Il reste dans le bain vingt minutes. Tous les jours il prend un
bain.
Après seJDt bains, le nialade marche beaucoup mieux ; le trem-
blement A beaucoup diminué dans les bras. 11 se sert de sa main
droite pour manger.
Après douze baiiis l'aoiélioration est encore plus sensible. Le
malade marche d'un pas assuré ; il court facilement, tandis qu'il
ne pouvait se tenir debout lorsqu'il est entré à l'hôpital.
Après vingt bains électriques, Elobay demande à quitter l'hôpi-
tal ; il est parfaitement guéri, le tremblement a complètement dis-
paru«
Obs. II. — Libaut (Théodore), miroitier, vingt-cinq. ans.
Jusqu'à l'âge de huit ans il a habité le Havre, où il travaillait
sur le port. Il y a sept ans, il est venu à Paris pour apprendre l'état
de miroitier ; mais il n'y a que trois ans surtout qu'il est employé à
étamer.
Pour la premièie fois, en mars. 4869, il comi^iença h, éprouver
les effets de l'intoxication mercurielle. Il s'aperçut d'abord que ses
bras et ses jambes perdaient de leur force ; puis ses bras commen-
cèrent à Iremhler et lu tremblement arriva bienlôL à lin tel degré,
qu'il ne pouvait presque plus se servir de ses mains. Ses jaiubes
n'éiaienl atteintes (\}ïé d'un tremblement léger.
Ses gencives étaient gonflées et le faisaient beaucoup sou!frîi%
cependant il y avait peu de ptyâlismè ; ses dents étaiéni vacil-
lantes.
— 388 —
Il fut placé à l'asile de Yincennes, où on lui fit prendre des bains
sulfureux et des bains de vapeur. Il resta à Tasiie trente jours,
puis^ voyant que son Iremblemcnt ne diminuait pas très-vite^ il
quitta riiôpital pour reprendre son travail. Il continua à travailler
jusqu'au mois de novembre. Mais alors le tremblement^ qui n'avait
jamais cessée devint tellement violent et dans les bras et dans les
jambes, que le malade dut de nouveau suspendre son travail.
A ce moment, ses gencives étaient très-gonflées ; il crachait
beaucoup.
Pendant trois semaines, il se reposa chez lui où il prit quelques
bains. Son état ne s'améliora pas. Pendant le mois de décembre,
il rentra de nouveau à l'atelier; mais ne pouvant se servir que dif-
ficilement de SCS mains^ il fut employé à servir les autres ouvriers.
nouvi
ficilement, sa parole
un peu, il lui était impossible d'articuler un mot. Il n'ouvrait que
difficilement les mâchoires, qui étaient fortement serrées Tune con-
tre l'autre.
Il entra alors à Thôpital Saint-Antoine dans le service de
M. Guyot, qui lui fit prendre des bains sulfureux. Il y resta pen-
dant tout le mois de février et prit vingt- cinq bains sulfureux.
Cependant son état ne s'améliorait pas. Il quitta Thôpital Saint-
Antoine pour rentrer chez lui, où il est resté jusqu'au 25 mars.
A cette époque^ il est entré à Thôpital Saint-Louis dans le ser-
vice de M. Bazin ^ qui lui fit prendre des bains sulfureux. Après
dix-huit jours de traitement^ M. Bazin, voyant qu'il ne pouvait
obtenir aucune amélioration dans l'état de son malade, l'adressa à
M. Paul, qui le reçut dans la salle Napoléon^ le 14 avril.
Voici ce que nous constatons au moment de son entrée :
C'est un homme d'apparence chétive ; il est maigre, au teint
pâle et décoloré. Sa parole est embarrassée, il parle en traînant.
Ses gencives offrent peu d'altération, elles sont complètement dé-
colorées. Il est vrai que notre malade ne travaille plus dans le
mercure depuis plus de trois mois.
Rien d'anormal dans la sensibilité^ ni dans la contractilité des
muscles.
Les membres supérieurs sont agités d'un violent tremblement, le
malade ne prend que difficilement son verre pour le porter à sa
bouche. Ses jambes tremblent également beaucoup^ il y éprouve
parfois des douleurs assez fortes.
^ Il ne peut ni marcher ni se tenir debout.
Le 15 avril, on l'envoie au bain électrique, il y reste vingt mi-
nutes. Tous les deux jours il prend un bain de la même durée.
28 avril. Il a pris cinq bains, le tremblement a un peu diminué
dans la main, le malade est plus maître de ses mouyements. Uais
ses jambes tremblent toujours beaucoup.
18 mai. Les mains ne tremblent presque plus après treisQ tMÛns.
— 389 —
L'amélioration des jambes est moins sensible, elles sont faibles et
tremblent toujours.
10 juin. Le malade marche maintenant d'un pas assuré, ses
mains ne tremblent plus. Il a pris vingt-six bains, il quitte Thô-
pital.
Obs. IïL — Jacquet (Joseph), miroitier, âgé de vingt-neuf ans,
est entré à l'hôpital Saint-Louis^ salle Napoléon, dans le service
de M. Paul, le 18 janvier 1870.
Cet individu, d'une santé habituelle excellente et d'une sobriété
exemplaire, sans aucune maladie antécédente, est arrivé à Paris
en 1859 pour y exercer son état de miroitier, dont il avait appris
les premières notions dans son pays depuis Tâge de onze ans.
Mais jusque-là il n'avait été employé que comme dégrossisseur et
n'avait jamais rien eu à faire avec le mercure. En arrivant à Paris,
il quitte ce premier emploi et devient étameur.
Pendant dix ans il n'a éprouvé aucun effet fâcheux du mercure
qu'il maniait pourtant journellement. Sa santé n'a jamais été
altérée. C'est vers le 20 décembre 1869 que les premières atteintes
du mal se firent sentir. Il commença à s'apercevoir à cette époque
que ses bras étaient moins sûrs et moins forts que de coutume. Il
sentait que ses mains vacillaient. Il ne s'inquiéta pas davantage de
son état et continua à travailler. Mais au bout de cinq ou six jours
ce vacillement qu'il ressentait d'abord se changea en un tremble-
ment qui devint bientôt lui-même très- intense, à tel point que le
malade ne pouvait plus maintenant se servir de ses mains pour
manger ; il ne pouvait rien approcher de sa bouche.
Cependant il n'avait encore rien ressenti dans les jambes ; il
allait et venait comme d'habitude. Mais le 17 janvier, lorsqu'il
voulut se lever, ses jambes refusèrent de le porter et il tomba par
terre. Il n'avait rien éprouvé d'anormal, ses jambes étaient agitées
d'un tremblement très- violent que le repos ne parvenait même pas
à calmer.
Pendant huit jours il dut garder le lit sans pouvoir se soutenir.
Cependant, sans avoir subi aucun traitement, il se remit un peu,
ses jambes redevinrent un peu plus fortes et le malade put se te-
nir debout ; toutefois sa démarche est chancelante et à chaque
instant il craint de tomber.
Notre malade a éprouvé un phénomène assez singulier. Deux ou
trois jours après l'apparition des premiers accidents^ il lui était
impossible d'ouvrir la bouche ; les arcades dentaires étaient for-
tement resserrées les unes contre les autres. Mais cet accident dis-
parut spontanément au bout de quatre ou cinq jours.
Ce malade ne présente aucun autre phénomène de la cachexie
mercurielle, si ce n'est peut-être un peu de pâleur du visage; les
gencives sont blanches.
M. Paul soumit d'abord ce malade à l'influence des courants
continus. Mais au bout d'une douzaine de séances, voyant l'inu-
tilité de ce traitement. M, Paul envoya le malade aux bains élec-
— 390 —
triques, tous les jours et vingt minutes chaque fois. Âpres huit
bains, un mieux sensible s^était opéré dans Tétat du malade, le
tremblement avait beaucoup diminué^ et après vingt-trois bains^
le ilialade sortait, le 5 mars 1870, parfaitement guéri.
Obs. IV. — Laugier (Joseph), vingt-huit ans, est entré à Fhô-
pital Saint-Louis, salle Napoléon^ dans le service de M. Paul, le
19 février 4870.
Cet homme est étameur en glaces depuis quatre ans ; quoique
soumis journellement aux influences délétères du mercure, sa
santé ne s'était altérée en rien, lorsqu'il y a deux mois environ
il s'aperçut que ses mains étaient agitées d'un léger tremblement.
Néanmoins il continua son travail, mais aussi il vit le tremblement
augmenter assez rapidement, et bientôt ce tremblement devint si
intense, que le malade ne put plus travailler et entra à Thôpital.
Cet homme nous dit qu'il ne boit pas.
Le tremblement des mains est en effet très-intense, à tel point
que le malade est obligé de se servir de ses deux mains, pour por-
ter son verre à sa bouche ; les jambes ont été épargnées, et c'est à
peine si on aperçoit un léger tremblement, qui cependant eët évi-
dent ; sa démarche est assez ferme et assurée.
Le malade nous dit que depuis quinze jours ses gencives sai-
gnent assez facilement. Ses gencives sont en effet épaisses, enflam-
mées. Le malade est tourmenté par un ptyalisme assez abondant.
Les dents sont déchaussées.
Laugier est soumis à l'influence des bains électriques. Après seize
bains, son état s'est sensiblement améhoré.
Mais il ne peut terminer son traitement, la santé de sa femme le
réclame chez lui et il quitte Phôpital, non parfaitement guéri,
mais avec un mieux sensible datis son état.
Obs. V. — Marie Marchalier, quarante-cinq ans, ouvrière en
peaux de lapin.
D'une santé habituelle excellente, sans maladie antérieure, cette
femme exerce son état d'ouvrière en peaux de lapin depuis trente-
cinq ans, employant tous les jours le nitrate acide de mercure.
Pendant que tous les autres ouvriers de l'atelier, ses camarades,
subissaient l'influence délétère des émanations du mercure, elle
seule résistait à l'intoxication professionnelle. Mais le 14 Dovem-
bre 1869, après avoir travaillé toute la journée, au moment où
elle se disposait à quitter l'atelier, elle fut prise d'un étourdisse-
ment et se laissa tomber par terre. Revenue à elle au bout de
quelques instants, il lui fut impossible de se tenir debout; ses bras,
ses jambes étaient agités d'un tremblement violent. Pendant un
mois elle se reposa chez elle ; mais voyant que son état ne s'amé-
liorait pas, elle entra à Saint-Louis, salle Saint -Thomas, service
de M. Paul.
Nuus avons coustaté alors les phénomènes suivants : le teint de
la malade ne [irésentait rien d'anuimal, ses gencives étaient
exemptes de toute altération adàlogùe à la gingivite tnercurielle.
Ses mains étaient agitées d'un tremblement considérable qui ren-
dait la préhension des objets difficile et même impossible.
Ses jambes tremblaient également beaucoup, la malade ne pou-
vait ni marcher ni se tenir debout.
La malade fui immédiatement soignée par les bains électriques.
Après trente bains elle quittait l'hôpital parfaitement guérie, tout
tremblement avait disparu.
. Quelques jours après sa sortie, elle reprit son métier d'apprêteuse
de peaux de lapin ; mais à peine avait-elle travaillé quelques jours,
qu'elle fut reprise de tremblement. Ses bi'as et ses jambes trem-
blaient adtanl que là première fois. Elle rentra immédiatement
dans le service de M. Paul, qui Tenvoya aux bains électriques.
A la date du 20 juin, la malade a pris quatorze bains, le trem-
blement a presque complètement disparu ; ettcorfe quelques bains
et la malade sera parfailement guérie.
Remarque. — Dans un cas de tremblement mercuriel traité pai*
lès bains sulfureux, M. Axenfeld fit faire l'âtialyse des urines et
de la salive du malade.
L'élimination du mercure par ces deux liquides fut toujours
constatée. De plus, ayant fait placer le malade dans une baignoire
eh bois remplie d'eau acidulée, on mit en côhimunication avec le
bain les deux pôles d'une série d'éléments de Ûuhsen. Une plaque
de cuivre disposée à l'un des pôles ne larda pas à se couvrir d'un
dépôt de mercure.
Nous avons voulu vérifier ce fait de M. le professeur Axenfeld ;
lâ plaque de zinc du bain électriqile a été examinée par M. Lutz,
professeur agrégé deTÈcole de médecine el pharmacien en chef de
l'hôpital Saint-Louis, et jamais on n'a pu y découvrir aucune trace
de mercul^e. Quant à l'analyse des urines, elle fut faite par
M. Bayard, interne eti pharmacie du service, qui ne put voir dans
ce liquide aucune élimination de mercure, bien que les procédés
qu'il a employés dans son analyse fussent ceux dont s'était servi
le chimiste de M. Axenfeld et que ses expériences aient été faites
sous les yeux de MM. Lutz et Glievallier.
TREMBLEMENT ALCOOLIQUE.
Le tremblement alcoolique a été rarement traité par rélcctricité;
Van Hoisbeek déclare dans son Conipendium d'électricité médi-
cale qu'il a eu un grand nombre de fois l'occasion de constater
les bienfaits de i'électrothérapie dans le trenibleineat alcoolique
en particulier.
Quant àRemak, il déclare en passant (p. 431) que parfois il a
obtenu très-rapidement de bons résultats dans \e.tremor potatorum.
Nous n'avons pas essayé dans de pareils cas les courants conti-
nus, avec lesquels nous n'avions eu que peu de succès dans le trem-
blement mercuriel.
Encouragé au contraire par les heureux résultats que nous avions
obtenus avec les bains d'eau tiède électrisée par le passage de cou-
rants interrompus, se succédant dans le même sens, nous avons
tenté le même moyen dans un cas de tremblement alcoolique et
nous n'avons eu qu'à nous en féliciter^ ainsi que le prouve Tobser-
vation suivante :
Obs. VI. — Fontaine (Eugène), trente-neuf ans, ciseleur, entre
h rhôpital Saint-Louis, salle Napoléon, dans le service de M. le
docteur Paul, le 26 avril 1870.
Cet homme, d'une apparence robuste et athlétique, nous dit
n'avoir jamais été malade de sa vie, si ce n'est à Tâge de treize
ans, où il a eu la fièvre typhoïde.
A quinze ans, il a commencé son état de ciseleur, et depuis le
jour où il a été indépendant, il a contracté l'habitude de la bois-
son ; il a toujours bu beaucoup, le matin surtout ; très-souvent il
lui est arrivé de boire à lui seul 2 et 3 litres de vin blanc à jeun ^
quelquefois il varie, et Teau-de-vie remplace le vin blanc.
Non content de ses libations du matm, il boit encore pendant
ses repas au moins 3 litres de vin rouge.
Depuis dix-huit mois il mange peu, et chaque matin il a des
vomissements pituitaires.
Il y a huit ans qu'il s'est aperçu que ses mains tremblaient un
peu; mais il a continué à boire et à travailler, bien qu'il dût ma-
nier des outils assez petits.
Pendant cinq ans le tremblement n'a pas augmenté ; mais, de-
puis trois ans, il tremble davantage ; ses jambes ont été atteintes
depuis cette époque, la droite tremble, la gauche tremble plus que
la droite.
Malgré tout, il a continué à boire ; au moins une fois par se-
maine, il s'enivrait et il a remarqué que le lendemain de ses orgies,
son tremblement augmentait d'une manière très-sensible, à td
point qu'il s'est vu obligé de suspendre son travail pendant deux
ou trois jours.
C'est alors seulement que son état a commencé à l'inquiéter. D
est entré à Thôpital le 23 avril.
A son entrée à l'hôpital, le tremblement est très^accusé, et celui
des jambes est assez fort pour lui rendre la marche difficile. La
dyspepsie existe toujours. On ordonne les bains électrisés, sans
autre traitement. Au bout de sept bains, le tremblement a com-
plètement disparu, il est. maître de tous ses mouvements et quitte
l'hôpital le 7 mai parfaitement guéri.
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THERAPEUTIQUE CHIRURGICALE
AppréelAtiOD eomparalive des divers moyeoa de IraltemeDt
des p«eadarlhroae«(i);
Par !!• BiRBKOBR-FiaAuD, docteur en médecine, docteur en chirurgie, médecin
principal de la marine, chevalier de la Légion d'honneur*, etc.
La longue étude que je viens de faire des moyens de traitement
des pseudarthroses serait tout à fait incomplète si^ maintenant
que nous avons une connaissance suffisante des détails de la ques-
tion, je ne cherchais pas à comparer d'une manière synthétique
les diverses méthodes thérapeutiques, afin de voir d'abord celles
qui doivent avoir la préférence d'une manière absolue» en second
lieu celles qui méritent d'être employées plus volontiers suivant
telle ou telle condition. Cette étude complémentaire indispensable
est extrêmement difficile à faire, et nous n'avons quelques chances
de nous en tirer qu'en redoublant d'ordre et de méthode.
Mais, avant de commencer, présentons, touchant la valeur com-
parative des divers moyens de traitement des fractures non conso-
lidées^ les conclusions de l'auteur qui jusqu'ici a fait le travail le
plus étendu sur la question. Ces conclusions vont pour ainsi dire
nous familiariser avec le sujet, qui réclame toute notre attention.
M. Gurlt a résumé {Bandbuch der lehre von den Knochenbrû-
chen, 1862, p. 726-727) de la manière suivante son opinion sur
les divers moyens de traitement des pseudarthroses :
V II n'y a presque rien à attendre des moyens pharmaceutiques
pour la guérison des pseudarthroses ; mais à la vérité un traite-
ment diététique peut contribuer dans certaines circonstances à la
guérison, et rendre quelques services par le retentissement local
qu'il peut avoir.
2® Il faut supprimer de l'ordre des moyens locaux l'application
d'un vésicatoire ou d'un caustique sur la peau, parce qu'ils sont
trop peu actifs; l'électropuncture ^ l'électricité, la scarification
sous-cutanée^ l'acupuncture, la ligature du cal fibreux (ce que j'ai
appelé récrasement linéaire), le grattage des fragments, la résec-
tion avec fixation des os à l'aide de vis d'acier^ comme étant d'un
(1) Extrait da livre de notre distingaé collaborateur, que nous avons cher-
ché à apprécier dans notre fascicule du 15 mars dernier.
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#
effet trop incertain ; il faut avoir recours d^me manière très-res-
treinte à la résection avec ses diverses modifications, et au séton.
3° S'il s'agit d'un retard dans la formation du cal, qui a com-
mencé à se solidifier, mais n'est pas arrivé encore au degré suf-
fisant de fermeté relativement au temps écoulé, il faut attacher
une grande importance à Timmobilisation de la fracture, en tenant
compte des dispositions individuelles et locales. C'est surtout par
un bandage solidifiable que cette immobilisation sera obtenue. On
produira une action vitale plus vive à l'endroit de la fracture en
badigeonnant au préalable, pendant quelque temps, la surface cu-
tanée de la région avec de la teinture d*iode. Qn pourra faire ce
badigeonnage pendant que le bandage est en place, si ce bandage
possède des fenêtres ou a des valves mobiles.
4° S'il existe une pseudarthrose réelle avec peu de mobilité et
sans dislocation des fragments, il faut avoir recours au frotte-
ment manuel poussé jusqu'à la production d'une réaction suffisante;
on peut ainsi faire la destruction sous-cutanée de la masse fibreuse
intermédiaire aux fragments, et on appliquera ensuite un bandage
solide. Si Ton n'arrive pas au but de cette p^anière^ on poi;rrait
aussi, après avoir comraiencé toutefois par le frottement, recourir
aux chevilles d'ivoire ou aux vis d'acier, ou peut-être aussi à la
perforation sous -cutanée des fragments.
5<» Dans le cas de pseudarthrose peu mobile et avec chevauche-
ment des fragments, il faut^ après avoir plongé le sujet dans le
sommeil chloroformique, faire le déchirenqent sous-cutané de la
masse fibreuse internaédiaire. On restaurera ensuite autant q^e pos-
sible la longueur normale des membres, l'on frottera ies surfacesde
cassure des fragments, et op les ^approchera. Ce frottement est fait
dans le but de produire le procès exsudatif. Quand on aura fait
ces frottements, on appliquera immédiatement et pendant que la
narcose dure encore, un bandage de gypse, afin de conserver la
longueur normale rendue de nouveau au membre. Si, ap^ès quel-
3ue temps, on trouvait, en défaisant le bandage, que la consoli-
ation n'a pas fait des progrès suffisants, il faudrait recourir de
nouveau à des frottements répétés pour produire une réaction éner-
gique.
6*» S'il se rencontre une articulation fausse très-^iobile, avec
une masse intermédiaire fibreuse longue et une atrophie considé-
rable des fragments, ou bien s'il s'agit d'un de ces cas rares de
pseudarthrose dans lesquels il existe une articulation très-parfaite
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^e nouvelle formation, il faut d'abord rapprocher les fragrnents et
les maintenir en rappor( par une compression qui agit ddns la
direction de la longueur du membre (diaprés la méthode d'Apaes-
bury); on aura soin ensuite de frotter les fragments à plusieurs
reprises pendant un temps assez long pour la destruction de la
masse intermédiaire empêchant la guérison. Pour améliorer l'état
atrophique des fragments, qui empêche tant la consolidation, on
peut enfoncer dans leur substance des chevilles d'ivoire ou des vis
d'acier ; on ferait peut-être bien aussi de pratiquer la perforation
sous-cutanée de^ fragments ; on produira par ces opérations une
augmentation de volume des extrémités osseuses. Si elles n'ont pas •
fait obtenir la guérison, on pourra tenter le déchirement sous-cu-
tané de la niasse intermédiaire avec une plus grande chance de
succès.
1*" Sj ces moyens ne ptiènent pas au but, ou si Ton a des motifs
pQipr considérer comipe cause de la pseudarthrose, soit l'interpo-
sition d'une portion de muscle entre les fragments, soit une ma- •
l{|()iQ des os (par exemple^ des échinocoques), il fefut mettre les
fj-agnaenjs à nu h^ l'aide d'une incision ; on retirera lefçjîsceau mus-
culaire interposé, et on fera la cautérisation des fragments, ou bien
la résçction s'ils sont trop nialades ; on augmentera les chances
dq la guérison, dans le plus grand nombre des cas, en ajoutant à
cette résection la suture osseuse. Si, dans les cas dont il est ques-
tion, on n'employait que le séton avec ou sans résection des os,
le succès serait très-douteux : il faudrait dans tous les cas faire
l'extraction des séquestres, s'il en existait.
8® Les pseudartbroses qui existent dans le voisinage d'une arti-
culation sont inabordables pour un traitement local quelconque,
et par conséquent inguérissables ; car, même dans les conditions
d'un succès facile, il faut rejeter tout moyen qui expose à la sup-
puration, quelque insignifiante qu'elle soit, parce que le danger
d'une suppuration de l'articulation est très-menaçant ici,
9° L'amputation des pseudartbroses est seulement admissible
dans les cas excessivement rares, mentionnés ailleurs (la réaction
exagérée et dangereuse à la suite de certaines opérations pratiquées
pour la cure de la pseudarthrose, la gangrène du membre, etc.).
Le chirurgien allemand a formulé là des conclusions très-sages
et que nous partagerons pour la plupart ; mais il les a présentées
d'une manière qui nous paraît trop brève, en même temps que
disposées, sans beaucoup d'ordre, d'une façon qui ne se prête pas
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bien à Tëtude; nous allons reprendre la question à un antre poin
de vue^ afin d'être plus clair et plus méthodique.
Dans chaque chapitre qui traite des divers moyens de traitement
des fractures non consolidées, nous avons déjà fait pressentir les
indications et les contre-indications de chacun d'eux. Nous allonst
maintenant nous poser la question d'une manière différente ;
nous allons nous demander à quelle série de moyens il faut re-
courir, suivant les cas^ que nous aurons soin de spécifier.
Quand le chirurgien est au lit du malade et qu'il se demande à
quelle méthode thérapeutique il faut recourir, s'il doit agir éner«
giquement, au risque de faire courir de mauvaises chances au su-
jet ; s'il faut^ au contraire^ user des moyens de douceur, au risque
de ne pas obtenir la consolidation, il doit chercher les raisons dans
trois séries d'idées.
V Le malade est*il dans des conditions de santé, de constitution,
qui permettent d'agir énergiquement ou commandent la tempori-
sation ?
2® Le sujet est-il dans une position qui lui permette de vivre
avec son infirmité^ ou doit-il^ au prix même de fâcheuses chances
à courir^ avoir l'intégrité de ses fonctions de mouvement ?
3® La forme de pseudarthrose que Ton a sous les yeux est-elle
de celles qui guérissent facilement sous l'influence de moyens
doux, est-elle de celles qui réclament un traitement énergique, ou
qui prescrivent d'une manière péremptoire le traitement palliatif !
Nous avons là trois chapitres distincts et d'une grande impor-
tance à étudier.
1® GoNSmÉRÀTlONS Tia£ES DE l'éTÀT DB SANTÉ OU DB HALADIB
nu SUJET.
L'état de santé ou de maladie du sujet, sa constitution, son âge^
doivent entrer en très-sérieuse ligne de compte dans l'esprit du
chirurgien qui entreprend la cure d'une pseudarthrose, ayant une
importance considérable dans la question. En effets supposons, par
exemple, que Ton ait affaire à une femme grosse ou allaitant,
ne voudra-t-on pas attendre son accouchement oii le sevrage de son
enfant pour opérer ? Si le sujet porteur de la non-consolidation
est scorbutique, tuberculeux, cancéreux, le chirurgien prendra-t-il
une détermination sans avoir tenu compte de l'état général ? As-
surément non, et l'on voit donc que nous ne saurions passer cette
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question sous silence, sans laisser une lacune énorme dans notre
travail.
Pour envisager tout ce qui est afférent à l'état général de Tindi-
yidu sans avoir à craindre d'oublier quelque point important^ nous
allons énumérer les diverses conditions du sujet dans Tordre que
nous ayons adopté^ quand nous avons étudié Tétiologie des fractu-
res non consolidées. C'est ainsi que nous parlerons successivement
de TAge, du sexe, du régime^ des influences morales, des maladies
aiguës et des maladies chroniques.
Age. — Toutes choses égales d'ailleurs^ la fracture non conso-
lidée peut exister sur un enfant, un adulte, un vieillard, première
condition capable de faire varier la détermination du chirurgien.
En effet, que Ton ait affaire^ par exemple, à un très-jeune enfant
porteur d^une.fausse articulation de la seconde classe (pseudarthrose
flottante, ou avec complète indépendance des fragments) sans inter-
position d'organes mous, on espérera plus qu'à un autre âge la con-
solidation^ pouvant^ vu le volume des parties, mieux produire la
coaptation des fragments et leur avivation par le frottement, de
sorte que cette prescription de la résection, qui est absolue dans la
pseudarthrose de la deuxième classe chez l'adulte^ ne Test plus ici.
ly autre part, il faut se souvenir que chez les enfants la vitalité
des organes est telle, la force de réparation est si puissante^ que la
nature secondera avec une grande efficacité les tentatives du chi-
rurgien, condition qui le poussera plus péremptoirement dans k
voie des efforts de toute nature pour obtenir la consolidation. Enfin,
il ne faut pas oublier aussi qu'à cet âge tous les organes se déve-
loppent rapidement^ et que le membre atteint de pseudarthrose,
grossissant moins vite que les autres^ il y aura bientôt, si Ton perd
du temps, une différence que rien ne pourra combler et qui sera
extrêmement fâcheuse^ on le comprend ; de sorte que Ton peut
dire hardiment que les pseudarthroses des enfants doivent être trai-
tées plus rapidement qu'à un autre âge et que le chirurgien, sa-
chant qu'il est puissamment secondé dans ce moment par les ef-
forts de la nature^ doit se décider plus facilement et plus vite à
parcourir toute la gammé des moyens thérapeutiques, jusques et
y compris la résection^ en laissant de côté le traitement palliatif,
qui donnerait ici moins qu'ailleurs de bons résultats.
Je n'ai rien à dire de l'âge adulte, qui est la loi commune; et
pour finir ce qui a trait à l'âge, il faut dire que le vieillard étant dans
les conditions opposées à celles de Tenfant, c'est la conclusion op-
TOME LXXX. ii« UVR. 32
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«
posée qu'il faut adopter. En ofTet, ici le traitement palliatif est un
excellent ilioyen de ntainti'nir le statu quo pendant le peu de jours
que le sujet doit vivre encore, et les autres tentatives quelles qu'eltos
soient, étant faites sur un organisme qui reste sourd aux influen-
ces thérapeutiques et qui même semble profiter souvent de la
moindre excuse pour engendrer ou laisser naître une complication,
sôtit absolutnent contre-indiquées.
Sexe, — Nous n'avons guère à nous occuper du sexe qu'à cause
de la grossesse et de l'allaitement, car, en dehors de ces fonctions,
l'organisme féminin ne présente rien de particulier au point de
vue qui nous occupe. Or^ pendant la grossesse et Tallaitement, la
temporisation j c'est-à-dire les moyens palhatifs sont formellement
indiqué8> tant pour la raison que souvent une guérison inespérée
est survenue à la cessation de la fonction^ que pour la raison^ aussi
puissante au moins, qu'il ne faut pas compromettre la vie de l'ea-
fanty pour soigner la mère d'une maladie qui n'a rien de bien
dangereux.
Régime» — La question de régime de l'individu ne doit pas nous
arrêter longtemps après ce que nous avons dit à rnaintes reprises.
En effet» lorsque le chirurgien est en présence d'une pseudarthrose,
il doit se demander^ entre autres questions^ si Talimentation du
sujet est ou non défectueuse. Dans le cas d'insuffisance ou de mau-
vaise direction de ce régime, il faut commencer par une modifica-
tion de la bromatologie avant de rien tenter d'énergique *, mais ce
sont là des mesures de prudence qu'il suffit de signaler sans avoir
besoin d'en parler longuement.
Influences morales. — Les influences morales dé l'individu
doivent être prises en sérieuse considération par le chirurgien,
qui manquerait tout à fait d'élévation de vue, s'il méconnaissait
cette cause dans nombre de fractures tardant à se consolider. C'est
ainsi, par exemple, qu'il faudra voir dans des cas analogues à
ceux du docteur Aubin (sérié Féntur^ ohs. 6)^ et plusieurs aiitres,
si quelque chose de l'ordre moral ne doit pas être, fait avant toute
intervention de thérapeutique matérielle ; on pourra m'objecter
que très-certainement l'influence morale ne fait rien pour la genèse
d'une pseudarthrose de la seconde classe, mais je répondrai que
peut-être cette influence morale fait secondairement quelque chose
de plus que ne pensent les sceptiques pour la guérison. £t^ en effet,
je touche là un point qui n'est pas spécial à la quesiion qui nous
occupe aujourd'hui; mais ce point domine la chirurgie tout entière
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et à ce titre ne saurait être méconnu. Dans toute intervention chi-
rurgicale, rhomme de Fart doit savoir inspirer confiance et bon cou-
rage à son malade : il faut donc que dans la thérapeutique des pseu-
darthroses Topératcur n'oublie pas de capter l'esprit du blessé à ce
point de vue ; chose plus difficile peut-être ici qu'ailleurs, car sou-
vent le malade a vu échouer déjà maintes tentatives, mais chose
néanmoins utile et dont rimportance, quoiqu'elle ne puisse être
déterminée d'une manière précise et matériellement pondérable,
n'en est pas moins à prendre en très-sérieuse considération.
Maladies aiguës, — Les diverses maladies aiguës ne peuvent
intervenir dans le traitement des pseudarthroses qu'à ce titre : que
toute opération doit être renvoyée à h convalescence pour deux
raisons : i° il est notoire qùë souvent la consolidation des os s'ëst
opérée à la <îonvalesc6nce^ alors qu'elle avait été nulle ou paru eom-
promil^e pendant la lùaladie ; â<^ il serait véritablement absiirdé
dé compliquer encore, sans chance de succès^ tm état de maladie
aiguë déjà plus ou moins grave, et coiitre-indiquànt assurément
toute tentative de quelque uatute qu'elle soit.
Scorbut et syphilis. — Lé scorbut et là syphilis ëont déâ itlà-
ladies qUi doivent être fériés avant toute tentative chirurgicale
contre une fracture non consolidée. Quelle que soit sa forme, cette
brève prescription est si justifiée par tout ce que nous avons dit
jusqu'ici, qu'il est inutile de nous appesantit davantage sur elle.
Scrofules:, rachiiismey goutte et cancer. — Ndlis ârrivbiis éh
dernière analyse à un groupe de maladies qui dôivetit infldèncêi'
d'une manière considérable l'esprit du chii'iirgien^ et ces faialadiës
86 partagent en deux catégories. Dans la première se rangeiii les
scrofiiles, le Rachitisme et la goutte ; daiis la setsoridë noiië ne pl^-i*
eerons que le cancer.
A. Dans les scrofule^, le rachitisme^ la goutté^ l'étfiit ^éfiêi'àl
est d'abord à améliorer avant d'intervenir chirurgicalement ^ ë(
souvent celte amélioration peut tendre de grands service^ ; titié fbis
qu'elle est produite^ les diverses opérations peuvent être tetitêëà,
et qnoiqti'on doive espérer moins eu un bon résultât qUe si Vbti
atait affaire à une excellente constitution^ oti peut tiéàtîDidihâ peh-
ser encore que la consolidation n'est pas imposéible à bbtëtiir. Le
traitement palliatif n'est donc indiqué que, d'abord petidàdt të
tiraitement général; en second lieu c[uedans le cas où Ton apprécie
qUe les opérations sont inopportunes,
B. Dans le cancer, nous avons vu, en nous occuçaxv\.d&\ï%SL^<;^-
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mie pathologique, les raisons qui font que toute intertention chi-
rurgicale est inopportune, et d'ailleurs la vie du sujet est menacée
d'une manière si fatale et à une échéance si rapprochée dans ce
cas^ qu'il est même inutile de songer à un appareil de traitement
palliatif bien compliqué.
^ Considérations tirébs de li position du sujet et des
circonstances extérieures.
La forme de la pseudarthrose et Tétat de santé ou de maladie
de rindividu sont assurément de nature à faire pencher très- for-
tement la pensée du chirurgien dans un sens ou dans l'autre ;
mais il y a un troisième ordre de considérations qu'il ne saurait
méconnaître et qui doivent aussi être discutées avec soin avant toute
tentative thérapeutique^ sous peine d'encourir le reproche d'une dé-
cision prématurée : c'est la série des conditions extérieures du su*
jet. Il semble de prime abord que les choses étrangères à l'individa
n*ont qu'une très-mince importance dans une affection purement
chirurgicale, et cependant nous n'aurons pas de peine à prouva le
contraire^ et il nous suffit, par exemple^ de rappeler les faits que
rapporte Larrey (série Humérus^ obs. 183, 184, 185). Dans ces
cas, puisque les sujets pouvaient remplir les fonctions de leur mé-
tier sans beaucoup de difficultés grâce à un appareil palliatif
simple, n'eût-il pas été tout à fait hors de propos de tenter toute
opération capable de produire des accidents, et de ne donner, en re-
vanche des mauvaises chances qu'elle faisait courir, qu'une solidité
dont le blessé pouvait à la rigueur se passer?
Sous la dénomination de conditions extérieures , nous allons
étudier Tinfluence que peut avoir la profession, c'est-à-dire la po-
sition sociale d'une part, les influences épidémiques qui peuvent
exister dans le moment du traitement de la pseudarthrose d'antre
part.
Profession, — • La position sociale du blessé exercera une grande
influence sur l'esprit du chirurgien quand, par exemple, il se trou-
Tera en présence d'une pseudarthrose bien caractérisée et parais-
sant devoir résister aux moyens les plus bénins employés pour sa
guérison. En effet, comme les diverses opérations de perforation
sous-cutanée, d'injections irritantes, de résection, etc., peuvent
être la cause d'accidents très-divers, il naîtra telle circonstance (A
il sera nécessaire de tenter la guérison au prix même de toutes les
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mauvaises chances; d'autres^ au contraire, où il faudra se conten-
ter des moyens palliatifs. Nous ne pouvons envisager toutes les
conditions dans cette étude, car les combinaisons sont si nombreu-
ses qu'elles se muliplient presque jusqu'à Tinfini. Néanmoins, nous
allons en présenter quelques unes^ et, après les avoir lues, il sera
facile au praticien d'avoir des jalons pour juger lui-même la ques*
tion telle qu^elle peut se présenter.
Etant donné une pseudarthrose qui a résisté aux moyens bénins
de traitement^ tels que Pimmobilisation prolongée, les irritants
extérieurs, le frottement, les aiguilles même quelquefois ; si la fonc-
tion du membre est assez conservée pour que, grâce à un appareil
|)eu coûteux, simple et facile à appliquer, le sujet puisse remplir
ses obligations, une opération exposant à des chances d'accidents,
de suppuration, d^impotence, de mort même, est formellement
contre-indiquée ; cette formule, prise comme base d'appréciation,
peut déjà guider très-sûrement le praticien dans sa détermination.
Si le sujet porteur de pseudarthrose est privé, au contraire, de
ses moyens d'existence par la non-consolidation ; s'il a besoin d'un
appareil compliqué et se dérangeant facilement, trop coûteux pour
sa situation de fortune ; en un mot, s'il est dans une situation op-
posée à la précédente spécification, l'opération doit être tentée,
même alors qu'elle exposerait à des accidents de diverses natures.
N*est-il pas rationnel d'admettre que l'homme de bureau ou
l'ouvrier qui peut travailler dans la position assise, n'aura pas aussi
péremptoirement besoin d'une solidité absolue du membre inférieur
que le matelot, le maçon et, en un mot, toutes les professions qui
réclament une agilité réelle de locomotion ? Le forgeron, qui a
besoin de manier de lourds marteaux, peut continuer à gagner son
pain avec une pseudarthrose du membre inférieur^ tandis que le
facteur, le commissionnaire, le surveillant peuvent se passer de la
solidité d'un membre thoracique.
Dans quelques circonstances, l'ouvrier estropié peut changer de
profession sans grand inconvénient, d'autres fois la perte de son
travail habituel le condamne à la misère. On voit là d'une part la
contre-indication, d'autre part l'indication absoluerd 'une opération,'
quelque graves que puissent en être les conséquences.
Les combinaisons sont donc pour ainsi dire infînies, et il serait
impossible de les prévoir toutes. Dans ce moment, il aura suffi,
comme je le disais tantôt, d'avoir montré quelques jalons pour que
le praticien puisse à son tourdéterminerau lit du malade la somme
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de raisons qui existent pour ou contre telle ou telle manière de
faire ; rappelons seulement que cette question est extrêmement
ardue, car elle touche par plusieurs points à ce grave débat des
opérations obligatoires et des opérations de complaisance^ qui est,
il faut en convenir^ un des sujets les plus difficiles et les plus com-
plexes en chirurgie.
Etat sanitaire extérieur. — Ce point est infiniment moins ira-
portant^ et il suffit de dire d'un mot que les pseudarthroses rentrent
dans la loi commune des affections chirurgicales, et qu'à ce titre
elles commandent de ne faire une opération sanglante que dans
telles conditions de l'atmosphère, dans telle salle ou tel hôpital^ etc.,
pour n'avoir rien à dire de plus.
f
3*" G0N8IPÉBATIQN9 TIP^BS |)|S \X FORMÇ pSS PSPODAUTWOSES.
Nous allons suivre la marche qui nous est familière et qui
partage les variétés anatpniiques des fractures non consolidées
en cinq classes distinctes^ ayant chacune ses caractères bien par-
ticuliers.
A. Première classe. — Retard dar\s la consolidation, — La
fracture non consolidée simple ou de la prenaière classe ne réclame
lout d'abord que les moyens de traitement les plus doux : ce n*est,
pour commencer, que l'immobilité prolongée avec ou sans corn-
pression d^s fra^ji^^nts. Les appareils qui permettent la coaptation
et l'immobilité, en même temps qu'ils laissent la plus grande par-
tiç (je l^ pg^u exposée à Tair^ sipnt particulièrement conseillés daps
çe^ cas, ei nou^ YPJPps ^ ?^!^f^^^^ i^^ R^^^4H^ ^^^^ ^TuR^H^?*^ ^
excitants et irritants extérieurs, qui sont, en première ligne, (es
embrocations alcoolique^, {es frjctiQns légèrenieqt irritantes ; puis
les irritations très-superficielles, rubéfaction, vésication et cautién-
satjon à la teinture d'iode.
Mais il ne faut pas oublier de spécifier que. dans les cas qui pous
r r . I.- I. ^v •J'f •• • -f ■ -ri f I ■ * 1 7i;t,
occupent, 1^ chirurgien doit chercher avec lé plus grand soin à
déterminer quelle est la cause du retard dans la consolidation ; car,
à côté de ces moyens locaux tout à fait secondaires, il sera le plus
souvent indiqué d'empjoyer tel agpt de traitenien^ général qui
fera infiniment plus pour la ^uérison, et notons^ avec la plus
grande insistance, que cette inlervention des agents thérapeuti(|ues
médicaux est d^inc importance capitale ici, et que leur oubli est
le secret d'une infinité d'insuccès.
Lorsque les moyens si bénins et si secondaires de l'immobilisa-
-m-
tion prolongée, avec oji sans compression et excilalion ou jrrjta-
tion cutanée, n^onl pas amené la consolidation, ef que tout traite^
ment général , qui a pu paraître indiaué, est terminé et n^a
manifestement pas produit la consolidation, le chirurgien est auto-
risé à songer à des moyens plus énergiques ; et parpii eux i^n des
premiers à mettre en œuvre est, ie crois, la punctiire et Téloctro-
puncture, à l'aide desquels on peut donner a la région le degré
d'excitation circulatoire que Ton désire. Il me i^einble que, lorsque
le diagnostic est bien assuré, et que d'autre part telles conditions
générales défavorables ont été parfaitement amendées par un trai-
tement général, l'immobilité et Télectro-puncture doivent venir à
bout de cette lenteur de la consolidation.
Lorsque, malgré ces moyens variés, le cal ne peut acquérir la
solidité suffisante pour les fonctions du membre, il m'est avis
que le moment est venu de recourir au frottement, qui sera d'abord
pratiqué par la main du chirurgien, et ensuite, en cas d'insuccès
de ces premières tentatives, soit par l'application d'un appareil
spécial de traitement palliatif : c'est du frottement automatique de
Hunter que je veux pailer ici, et je rappellerai qu^il a donné d'ex-
cellents résultats dans les mains habiles de M. Léon Le Fort.
Je ne prescris le frottement direct et automatique qu'en dernière
analyse et en cas d'impuissance avérée des autres moyens précé-
demment indiqués, parce que le frottement, tout bénin qu'il est,
n'a pas l'innocuité des moyens précédents, et je dois dire' ici toute
ma pensée : Je le conseille, en fin de conipte, pensant (pi'il va
faire sortir dans tous les cas le sujet de cet état d'atlente'passive
d'une consolidation. En effet, ou bien il produira une excitation
circulatoire favorable à la consolidation ; ou bien, au contraire, il
«
transformera la forme actuelle en pseudarthrose fibreuse simple
(troisième classe), et alors l'affection ayant gagné en gravité, pour
ainsi dire, justifiera l'emploi de moyens plus énergiques et plus
capables ainsi de rendre la solidité à Tos de la région.
Les autres agents de traitement des pseudarlhroses ne sont pas
indiqués dans la première classe de non consolidation qui nous
occupe actuellement, pour la raison qu'ils sont trop violents et
exposent le sujet à des accidents que la gravité de la maladie ne
justifie pas. D'ailleurs, il faut reconnaître que le frottement, qui
est pratiqué en dernière analyse, guérit ou transforme le retard de
la consolidation et par conséquent rend les autres moyens inutiles,
c'est-à-dire les contre-indique.
— 404 —
B. Deuxièmb classe. — Pseudarthrose flottante. — Dans cette
classe, il faut établir une subdivision suivant : A. que les fragments
sont séparés par une masse musculaire ou autre ; ou bien B. qu'ils
peuvent être mis au contact immédiat.
A. Lorsque les fragments sont séparés par une portion de par-
ties molles^ le traitement palliatif ou la résection sont les seuls
moyens à mettre en œuvre ; en effet, ou bien on se résout à rester
dans le statu quo, et à laisser le blessé avec son infirmité, et alors
on emploie un appareil approprié ; ou bien on veut ramener la so-
lidité entre les os, et alors il faut d^abord enlever la cloison acci-
dentelle, puis placer les fragments avivés en contact immédiat et
solide.
B. Lorsque les fragments ne sont pas séparés par des parties
molles, le chirurgien peut choisir entre: 1^ le traitement palliatif;
2* le frottement ; 3" les irritants intérieurs ; 4" la résection. Met-
tons le traitement palliatif hors de cause^ car nous n^avons pas à
déterminer actuellement s'il doit ou non avoir la préférence. Res-
tent donc en présence : le frottement, les irritants intérieurs et la
résection. Or, si les fragments sont difûcilement amenés au con-
tact^ s'ils sont de forme conique, effilée^ il est inutile de songer
aux deux premiers moyens, la résection peut seule être mise en
œuvre pour amener la consolidation. Si, au contraire» les fragments
peuvent seulement être mis au contact, sUls présentent de larges
surfaces se correspondant bien exactement y on peut essayer le
frottement d'abord^ puis les perforations osseuses sous-cutanées
(méthode de Brainard)^ pour remettre les extrémités des fragments
dans Tétat d'irritation qui les dispose à l'agglutination, seulement
on comprend que cette avivation des fragments est difficile à pro-
duire par ces moyens d'une manière régulière et dans le degré
voulu, sans rester trop en arrière ou le dépasser, de sorte qu'on
remploiera comme méthode de prudence, et je crains que^ bien
souvent, on ne soit obligé, vu leur insuffisance, de recourir à la
résection^ qui est infiniment plus grave, mais aussi infiniment
plus efficace.
C. Troisième classe. — Pseudarthrose fibreuse simple» — La
troisième classe de pseudarthrose doit ici, comme toujours, se
partager en deux catégories, suivant : A. que les fragments peu-
vent facilement être mis au contact immédiat ; B. qu'un os voisin
ou une jetée osseuse accidentelle empêche ce rapprochement.
— 405 —
Dans ce dernier cas on comprend^ sans que nous ayons besoin
de le dire bien longuement^ que toute opération tentée^ si elle ne
commence pas par enlever ^obstacle mécanique au rapprochement
des fragments, sera a&olument inutile, de sorte que l'on n'a qu'à
choisir entre le traitement palliatif et la résection, sans pouvoir
songer un moment à voir réussir tel autre moyen qu'on voudrait
employer.
Dans Tautre catégorie, c'est-à-dire dans les cas où les fragments
peuvent être rapprochés, la situation est toute différente, et on peut
dire que Ton est alors en présence de la forme de la pseudarlhrose
la plus facile à guérir, après la première classe. Enumérons les di-
vers moyens de traitement qu'on peut chercher à mettre en pra~
tique :
1® L'immobilité prolongée, avec ou sans compression des frag-
ments, ne peut, dans la grande majorité des cas, être considérée
que comme un adjuvant qui doublera l'efficacité des autres ; em-
ployée seule, elle serait ou bien insuffisante ou au moins trop lente
à agir^ de sorte qu'il ne faut y recourir que pendant que l'on em-
ploie des moyens plus énergiques ;
^ Même chose à dire pour les irritants extérieurs, qui sont en-
core- moins énergiques que le précédent, dans le cas qui nous oc-
cupe ;
3® Le frottement se présente alors comme l'agent indiqué de
préférence aux autres tout d'abord, et j'estime que c'est par lui
qu'il faut commencer ; ce n'est que quand il a été manifestement
inutile ou qu'il n'a pu ramener la consolidation complète, qu'on
songera à un autre moyen thérapeutique ;
4® Quand le frottement a été inutile ou insuffisant^ les irritants -
intérieurs se présentent alors à l'esprit du chirurgien^ et^ parmi
eux, je voudrais recourir de préférence : A. aux aiguilles avec
électro-puncture; B. aux injections irritantes sous-cutanées ; C. aux
perforations sous-cutanées de Brainard. La première catégorie
des irritants intérieurs me paraissant la plus bénigne^ c'est sur elle
que j'insisterais avant de recourir au séton et à l'écrasement li-
néaire du cal^ qui font subir aux tissus une agression infiniment
plus violente et par conséquent infiniment plus dangereuse.
Il est bien entendu que dans les cas où Ton recourt au séton, il ne
faut pas prolonger le séjour du corps étranger pendant longtemps.
Quant à implantation des corps étrangers dans les fragments (mé-
thode de Dieffenbach), je suis d'avis de n'y pas recourir, estimant
— 406
■/•
que le danger que l'on fait courir au malade n'est pas compensé
par les chances de guéri son que donne le moyen ;
5® C'est en fin de conipte que se présente la résection, et/ comme
j*aî eu Toccasion de le dire et de le répéter, ce n'est qu'après avoir
bien pesé dans son esprit le pour et le contre qu'on se décidera à
y recourir. Dans le cas où l^on emploie la résection, je crois que
l'on doit préférer la section des deux fragments ou leur grattage ;
dans tous les cas, on doublera la résection de la suture ou de la li-
Çature des fragments, pour en assurer le succès.
D. Quatrième classe. — Pseudarihrose ostéophy tique, — Dans
cette classe de pseudarthroses, il y a une distinction à établir : A. les
extrémités osseuses sont encore malades ; B. les extrémités osseu-
ses sont actuellement bien guéries.
A. 8i les extrémités osseuses sont malades^ c'est au traitement
médical qu'il faut recourir tout d'abord, si l'on peut penser que
cette maladie des fragments est entretenue par une affection diathé-
sique. Lorsque tous les doutes de ce côté sont effacés, c'est l'immo-
bilisation prolongée et les irritants extérieurs qui doivent constituer
le traitement ; on peut ajouter à ces irritants extérieurs des inci-
sions de cootre-ouvertures, le drainage, des injections dëtersives^
excitantes, antiseptiques à travers les fistules^ pour modifier leâ
surfaces osseuses ; mais remarquons que ces moyens habituera
la thérapeutique des lésions vitales des os ne peuvent ici âtre con-
sidérés comme Ips agents de la quatrième catégorie^ ks irritants
intérieurs.
C'est donc à l'immobilité prolongée et aux irritants externes que
l'ont recourt dans le cas qui nous occupe, et si la guérison n^est
pas obtenue ainsi, c'est à la résection qu*il faut recourir, d&ns le
£as oi| l'on veut employer un nioyen de traitement chirurgical réel-
lement capable de guérir le sujet. Les irritants intérieurs^ aiguilles,
cautérisation^ séton^ etc., etc., comme le frottement, sontpomplé-
tement et absolument contre-indiqués, ne pouvant que surirriter
intempestivement les os déjà malades, au lieu de (aire quelque
chose d'efBcace.
B. Si les extréipités osseuses sont actuellement guéries et
redevenues biçn saines, l'immobilité prplongée, puis le frottement,
les irritants intérieurs, sont les moyens qui sont successivement
mis en œuvre, suivant les cas, comme s'il s-agissait d'une pseu-
darthrose fi))reusc simple ; ^eulemepl reconnaissons qu'il est pos-
— 407 —
sible souvent que les ostéophytes soient disposés de telle sorte
qu'ils empêchent un contact assez étendu des fragments^ et que les
chances de succès de ces moyens secondaires sont beaucoup moins
nombrpses, de sorte que, quoiau'il faille d'abord \es employer,
il faut avoir aussi l'esprit tourné vers la résection y qui est un
moyen infiniment plus dangereux, il est vrai, mais aussi infini7
ment plus capable de produire la consolidation.
E. Cinquième classe. — Fibro-synQvwk- — tes psjfsud^-
Ibrose^ dans lesquelles il ej\^\& une membrane syqpvi^le fie Qpu-
v^lle formation, succédapt çqit^unq pseudartbrpse fit^reuse simple,
soit à upe pseudartbrq^e ostéophytiqMfi , dojjffpt r<?cl4ippf les
moyens qui réussissent d^ni; ces deux cUss^9« ^t il f^ut les r^ngçr
dans trois catégories : i» cplle^} dopt le^ fragroients sopt s^in3 ^t
peuvent être rapprochés ; 2^ celles dont les fragipents 9PPt ma-
lades ; 3*^ celles dont les fragments n^ peuvent être mis ep con-
tact.
A. Paps )a prepiièrç c$itégorie^ l-iipppbilité prplongée, ayec Qp
sap9 çpmpres^iop, pourrait %%\v e(fic(^ceinent^ fpais elje p;*ep(]r^jt
trop de tqrnps, «{e sorte qu'e)le doit ^tr^ reléguée au titre d^ mpyen
adjuvant. Lçs irrit$Lnt$ çxtérieprs sont (rès-jnutijes p^r leur jm-
puissjmQe; le froftemeptet quelques irritante intôriewrs (^guille?,
cftuférjpîitiqn) soptle^ mpyep^ k meUre ep œuvre. Pe n'est qp'après
qpe Iqpr imp^ii^^anc^ est abi^plupient dérppPtr^e^ Qpe la résectipp
doit se présenter à l'esprit dp chirurgien.
B. fiâDs la seconde c^tégorie^ c'est-i-dir^ si leti fragment» 3Qpt
malades, il n'y a qu'à attendre. leur gpéri^op en employant l'immp-
bilité et les irritants extérieurs. Lorsque leur impuissance est ma-
nifeste, I i4ée de la résection ^era débattue.
G. Dans la troisième catégorip, c'e^^t-à-dire si les {ragments ne
peuvent être rapprochés^ le frottenaent, U^ aiguilles et les injections
irritantes devront êtrç essayées, suns gr^nd espoir de réussite» et
ridée de la résection «e présentera aussitôt ^près, car, si on ne veut
pas se contenter du traitement palliatif, c'est ejle qui seple pept
donner des chances d'une popsolidation satisfaisante*
Cette appréciation comparative des moyens de traitement des
pseudarthroses^ bien quMlant le résumé aussi court que possible
du grand chapitre que nous venons d'étudier, est encore tellement
— 408 —
longue que nous avons besoin de condenser ici nos conclusions
d'une manière plus brève^ et, d'ailleurs^ nous suivons en cela une
marcbe qui n'est peut-être pastrès-ëlëgante, faisant revenir plusieurs
fois sur le même sujets mais qui me parait éminemment utile dans
une œuvre pratique, puisqu'elle procède par éliminations et con^
densations successives, permettant de dire en fin de compte^ en
quelques mots et d'une manière générale, tout ce qu'une longue
étude a enseigné en détail.
Le chirurgien qui est en présence d'une fracture non consolidée
doit s'inspirer de trois ordres de considérations : A. Tétat physio-
logique ou morbide de l'individu ; B. sa position sociale ; C. enfin
la forme de la non-consolidation ; et je crois que c'est en suivant
cette marche rationnelle qu'il aura le plus de chances d'arriver sa-
gement au but.
A. Première série. — La pseudarthrose est-elle chez un enfant?
la guérison doit être cherchée plus énergiquement au besoin, ayant-
pour auxiliaire une nature bien disposée, un plus bel enjeu dans
la réussite^ etc., etc.; chez un vieillard, au contraire, le traitement
palliatif est signalé par la raison ; la grossesse, la lactation^ doi-
vent faire attendre ; les maladies diathésiques guérissables aussi ;
celles qui sont incurables défendent toute intervention active.
B. Deuxième «érte. —Quand la pseudarthrose résiste aux moyens
simples, le traitement palliatif est indiqué si le sujet n'a pas un
absolu besoin de sa santé ; s'il faut à tout prix qu'il guérisse, les
opérations sont là malgré les chances fâcheuses qu'elles entraînent,
et le chirurgien a dans la nécessité d'une intervention active la
justification de sa détermination quelle qu'elle soit.
G. Troisième «ertie. —La fracture non consolidée simple où delà
première classe ne doit réclamer que les moyens de traitement les
plus doux^ l'immobilité prolongée avec ou sans compression des
fragments ; les irritants extérieurs, le frottement^ et, à fortiori, les
irritants intérieurs et la résection, doivent être laissés de côté dans
cette circonstance ; ce n'est que quand la pseudarthrose a changé
de caractère que ces derniers moyens peuvent être mis en œuvre.
Si la pseudarthrose est de la deuxième classe ou flottante, le traite-
ment palliatif ou la résection sont seuls indiqués^ dans le cas d'in-
terposition musculaire ou vasculaire. Le traitement palliatif, le
frottement, les irritants intérieurs^ la résection sont applicables
dans le cas où les fragments sont bout à bout.
Si la pseudarthrose est de la troisième classe ou fibreuse, le trai-
~ 409 —
tement palliatif ou la résection sont en balance^ dans le cas ou un
os voisin empêche le rapprochement des fragments. Si, au con*
traire, les fragments peuvent se rapprocher, l'immobilité avec
extension ou compression, le frottement, les irritants intérieurs,
la résection sont la gamme thérapeutique à suivre.
Si la pseudarthrose est ostépphytique, on recourra au traitement
médical et ensuite à la résection, en cas de maladie des fragments.
Si, au contraire, les fragments sont guéris, h cas rentre dans la
classe précédente.
Si la pseudarthrose est delà cinquième classe, le frottement, les
irritants intérieurs, la résection d'une part, le traitement palliatif
d'autre part, s'ofTrent au chirurgien, suivant les conditions de la
fracture non consolidée.
CHIMIE ET PHARMACIE
Du MiccliarAte de fer ;
Par M. B. DuQouKBL, pharmacien. ,
En précipitant une solution de sel ferrique, perchlorure ou per-
sulfate, par un alcali tel que Tammoniaque, la potasse ou la soude,
on obtient un précipité gélatineux de peroxyde de fer hydraté.
Ce précipité, facilement soluble dans les acides étendus et même
dans l'eau saturée de sucre (sirop à 35°) au moment même de sa
préparation, ne tarde pas à prendre une certaine cohésion, qui le
rend plus difficilement soluble dans les mêmes acides, et à peu
près insoluble dans la même eau sucrée après vingt-quatre heures
de préparation.
Cette modification dans l'état physique, sinon dans la composi-
tion chimique du peroxyde de fer hydraté, avait déjà été signalée
à propos de son emploi comme contre-poison des préparations arse-
nicales. Elle peut être facilement éludée en combinant, comme
difiérents auteurs Tout déjà proposé, l'oxyde de fer avec le sucre, de
façon à former un composé ferrugineux fixe, à l'état sec comme
à Tétat de dissolution aqueuse, et qui se décompose sous l'in-
fluence des acides les plus faibles en rendant à l'oxyde de fer
toutes ses propriétés.
Pour préparer ce composé, que l'on peut appeler un taccharate
de fer y on prend une solution concentrée de perchlorure ou de per-
sulfate de fer que Ton mélange à 100 volumes de sirop de sucre et
— 410 —
que Ton additionne, en l'ajoutant goutte à goutte^ d'une solution
au dixième de soude caustique jusqu'à t*apparition d'une légère
réaction alcaline au papier de tournesol.
L'acide du sel de fer se combine à l'alcali, et Toxyde de fer mis en
liberté 8*unit au sucre^ qui joue le rôle d'acidei pour foitner le
saccharate de fer.
On okient ainsi une préparation d'un rouge foqcé) complète-
ment transparente, se conservant indéfiniment sans donner lieu au
moindre dépôt d'oxyde de fer^ et qui renferme^ outre le saccharate
de feri un excès de sirop et du chlorure ou du sulfate de soude en
petite quantité et presque insignifiante.
Si l'on veut employer l'oxyde de fer sous forme de sirep^ i) suffit
de doser convenablement la proportion de chlorure ou de sulfate de
fer qui donnera un poids déterminé de fer. Par exemple :
Solution de perchlorure de fer à 30 degrés. ... 5 (soit6s,30)
Sirop de sucre 100
Solution au dixième de soude caustique. Q. S.
F. S. A.
V
Une cuillerée à bouche représente 10 centigrammes de fer métal-
lique ; la composition de ce sirop correspond à celle du sirop àd
tartrate ferrico-potassique du Ck)dex.
Si Ton préfère administrer le saccharate de ter à l'état sec et
privé du chlorure de sodium ou du sulfate de soude en petite quan-
tité^ dont la présence ne saurait cependant avoir de .graves incon-
vénients^ on additionne d'un grand excès d'alcool le sirop ci-
dessus.
Il se forme un précipité rougeàtre^ qui, recueillj et lavé à l'alcool,
puis desséché j représente le saccharate d'oxyde de fer solul^ie^ con-
tenant seulement la quantité ae ^ucre indispensable à sa solubilité.
C'est un corps inodore, possédait une saveur légèrement sucth
et nullement ferrugineuse^ très-soluble dans l'eau, et formant aiec
elle une solution rouge foncée, mais ne donnant plus toutes les
réactions des sels de fer.
Le saccharate d'oxyde de ter sec renferme environ 20 pour 100
d'oxyde de fer, et seulement des traces, au plus 1 pour 100, de
chlorure ou de sulfate de soude. Il peut être administré sous forme
de poudre^ avec ou sans addition de sucre ou de pilules; il nous
parait appelé à rendre des services comme ferrugineux d'une ad-
ministration facile^ d'un dosage rigoureux et d'une action sûre.
X- tTOiT — "lilOE?
■»i'.
ÎZ.-±i- 'fnniHII*:
"Sr- "ÎE-: _
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— 412 —
•
J'ai examiné encore l'amidon nitré ou xyloïdine. En traitant
Pamidon par Tacide nitrique ordinaire, on obtient l'amidon solu-
ble. Le mélange d'acide sulfurique et nitrique donne de la xyloï-
dine, mais Tacide nitrique fumant réussit beaucoup mieux : la
préparation ne demande qu'un instant. La substance se dissout
assez bien dans Talcool et Téther mélangés, mais par évaporation
on obtient un résidu qui n'a pas de cohésion.
J'ai essayé l'action d'autres dissolvants sur la xyloïdine, j'espé-
rais que Téther nitrique et les carbures nitrés^ en raison de l'ana-
logie de composition, la dissoudraient moins. Il n'en a rien été.
J'ai essayé d'employer le collodion pour faire les membranes
des dialyseurs, à cause des avantages que ces membranes semblaient
devoir présenter pour la dialyse des liquides corrosifs. Le collodion
non élastique n'a pas réussi ; il se déchirait en séchant : le col-
lodion élastique réussirait probablement mieux. J'avais renoncé
avec regret à cette application lorsque je vis au laboratoire de
M. Bérard^ à la Sorbonne, des ballons en collodion servant à ren-
fermer des mélanges détonants pour les expériences des cours de
chimie.
Ces ballons se font en versant du collodion épais dans des bal-
lons de verre de manière à recouvrir la face intérieure d'une mem-
brane mince. Quand le collodion a séché, on y verse de l'eau aci-
dulée qui fait détacher très-vite la membrane. On a ainsi un vase
très-mince dont on peut se servir comme dialyseur. Je n'ai point
fait d'expériences jusqu'à présent avec cet appareil, je me suis
seulement assuré que le sucre traverse le dialyseur. Il contient
une petite quantité d'huile de ricin, mais je ne me suis pas aperça
qu'elle empêchât la dialyse ; on s'assure facilement si le vase n'est
pas percé, en y insufflant doucement de l'air et en examinant s'il
conserve sa forme arrondie.
En résumé, je crois qu'il convient d'essayer le collodion qu'on
achète dans le commerce et d'exiger qu'il donne 7,5 pour 100 de
résidu s'il n'est pas élastique, 14 pour 100 s'il est élastique.
L'emploi de papier-poudre offre le moyen le plus sûr, le plus
rapide et le plus simple d'arriver à ce résultat. En outre, comme
sa dissolution est immédiate, il peut être préparé au moment
même de la prescription, ce qui permettrait de modifier sa com-
position en remplaçant l'alcool par des solutions alcooliques d'extraits
de produits chimiques, d'alcaloïdes, etc.^ ou être préparé par des
solutions éthérées.
— 443 —
Peut-être pourrait-on donner ainsi à la thérapeutique une nou-
velle forme de médicaments qui, dans beaucoup de cas, pourrait
remplacer les emplâtres, qui déplaisent aux malades.
Depuis quelque temps je me sers du collodion pour la prépara-
tion des emplâtres de thapsia. Les emplâtres de thupsia du com-
merce perdent au bout de peu de temps leur activité par suite pro-
bablement de la perte de Thuile essentielle. Il convient donc de les
préparer au moment du besoin. Un pharmacien de Lyon, M. Ga-
zeneuvô^ vend^ depuis quelque temps, une solution alcoolique de
thapsia, qu'il suffit d'étendre sur du sparadrap ou du papier pour
avoir un emplâtre très-actif.
M. Bourgeaud, pharmacien à Paris, vient d'annoncer un produit
qui n'est qu'une imitation du thapsia Gazeneuve. Ges produits ont
un défaut : ils sèchent trop lentement et ne peuvent pas être pré-
parés au moment du besoin. Voici la formule que j'emploie de-
puis quelque temps avec le plus grand succès.
Alcool 3,50
Elher 11,50
Papier poudre 1>00
Résine de thapsia 10,00
On l'étend avec un pinceau sur du sparadrap au moment du
besoin. Il sèche instantanément. (Joum. depharm. et de chimie^
cet. 1870.)
CORRESPONDANCE MÉDICALE
Care remarquable d'une eoniitipallou de quarante Jonr^^
obtenue par l'éleelrothéraple InduetiTe.
La constipation est une de ces anomalies de l'organisme animal
qui, bien que compatible avec l'état de santé le plus satisfaisant,
peut devenir quelquefois par son opiniâtre persistance la source
d'une foule d'accidents plus ou moins graves, auxquels il est urgent
que l'homme de l'art sache porter remède sous peine de compro-
mettre la vie de son client. Je crois donc servir utilement les inté-
rêts de la science et de l'humanité en signalant à la connaissance
des nombreux lecteurs du Bulletin de Thérapeutique la remar-
quable cure d'une constipation obtenue eu dix minutes par les
TeME LXXX. !!• LIVR. 55
coiuanb (rituluctioh, après une. ii^sistànco de (lùaraule jouis à
lôùtés li?s ressoiuces i\c l.i médecino. Voici le fait :
M"* àe ***, âgëe dé qualrc-vîngls ans, d'un tempérament ëmi-
nernndent satiguin, ancienne supérieure des ëtâbiissëinéhls de Tin -
slitut de la Présentation dans U proifincé de Bnrdeauk^ fut élleihtc,
à Tâge de vingt ans, d'une dyâsenlerie qui, d'après les l-enseighc-
nients qu'elle donne, ne dura pas moins de vingt-quatre mois
sans interruption, et fut bientôt suivie d'un état habituel de consti-
pation se prolongeant de six à huit joili's et s'actomuagnaiii le plus
febtivéhl de boilttécs de chaleutà la fncd. d'étdilitlissrHIentf et de
douleurs fronto -occipitales. Ces symptômes nôrt équivoques de
i)(ienace de eonge^tioti cérébrale cédèient toujours à rappîicâtion
des sangsues au fundemeut ou aux piemicres évacuations de ma-
tières stercorales. Au point de vite de la solution du problème étlo-
logicple qbe je rtic proposb d'effleurer en derhief lieti, je fcl'ois iie
devoir pas passer sttus feilënce i'invasioh d'ùné atteinte de rhahla-
tisme dont celle bonne religieuse fut saisie dix ans apl'èS| c'est-
à-dire en 1850, alïoclion qui de la rôgion lombaire, son siège de
prédilectiort, «i» portant successivement sur toutes l^s articulations,
sembla, depuis celte époque jusqu'à ce jour, a^dil^ bris droit de
domicile pélinanent dans son organisme, eti se jouâht de tous les
etTorts de VàH de guérir, voire même des l'àux thermales les plus
accréditées.
C^èiit ait mtliëil de cëé ciises alteHi^UVe^ de Cf^hstlpâtion et de
rhuniatisniè ({ue telle h.*spectable FoeUr fut pt*ise> ^n aôûl dertilBr,
de ce long accès de constipation (si l'on peut employer ce ttibt) qui
fait le sujet de celle observation et qui, par une série d'accidents
très-graves dont il fut cause, ébilduisit la malade aux portes du
tombeau. Habituée qu'elle était à ces fréquents retouis de consti-
pation, elle n'en tidl pas compte pendittl là t^rêttiière semaine, et
se contenta, comme à son ordinaire, d'user exclubivement de bouil-
lons gras, de boissons rafraîchissantes et de lavements laxatifs.
Ce ne fut que lors de rapj)arition des douleurs à la tête, des étour-
dissemenls, des coliques abdominales , des vomittsements, de la
somnolence et de l'inaplilude aux travaux intellectuels, que notre
▼éhérable cliente se décida à féclamer noss conseils. NeUs mimes,
à coDtiibution pendant cinq semaines tous les moyens pharma-
ceutiques et hygiéniques usités en pareille occurrence, tels que
l'huile de ricin^ potions à Textrail de belladone, selon la iDélhodè
de Trousseau, pilules d'extrait de noix vomi(lue, suppbsitbi^e8 tan-
tôt belladones , tantôt aloétiques , frictions abdominales Avee les
teintures de coloquinte et d'aloès, lavements drastiques^ huile de
croton-tiglium, bains de siège, etc., etc., et tout cela sans obte-
nir ombre de soulagement. Cependant, au quarantième jour, les
symptômes s^aggravent au point de devenir très-àlaî*mants : te dé-
lire ^é manifeste par intervalles, la face devient vultueuse. Tabdo-
mea est tellement dur, leudvx el çv:oéminent qu'une rupture de l'in-
— 418 —
■
féâtin Semblé à iedouler, la ffiiistiori est èxlrëfhèroehtdiftîcile, lé pouls
8ê déprime, l'haleine est fétide, lés eitréiilités feôht ttôldéi, etc., ètë.
En présence d'un danger de mort aussi menaçant, je propose,
en désespoir de cause, l'intervention des eourants éleCtro -magné-
tiques comme le moyen le plus énergique de solliciter les contrac-
tions du gros intestin. Après quelques hésitations probahlement
motivées par un excès de pudeur, réloclricité inductive localisée
est acceptée. Me servant du petit et excellent appareil électro-mé-
dical tieGailTe, je fais introduire dans le i-ectum le fil négatif comme
le plus puissant à mettre en jeu la contractilité musculaire, et ap-
pliquer sur Tombilic le fil positif. Je fais marcher penjant vingt
lûirtUlës le cotirant inducteur en commençant par les plus faibles
dosés, puis grdduelletnferit j'en augmenté rihtérisîté. Cette longue
et douloureuse séance est supportée avec beaucoup de courage et
de résignation. Dix minutes après, j'avais à i|iie féliciter d'avoir
obtenu TefTet si ardemment désiré et d'avoir ainsi arraché la ma-
lade à une mort qui semblait itiirhiriente.
Quelle SI été Ia causé déterminfttltc dé t;èt état habituel de consti-
pation ? Pour procéder d'une manière plus logique à la sottttibh
de ce problème étiologîque, nous distingueroris ici éëixx èspèëe^ dé
causes^ la cause prochaine et imiUédiate, et la ëaHsè éloignée dii
médiate. Niil doute pour nous qu'il faut (ihei*cher là {irërtiiêrè de
ces deux causes dans l'inertie, Tatonie de \ti ptiissanbc cdtitrâctilë
du gros intestin ou èneore mieux du reettim, et ceJa, ei\ vertu de
l'aphorisme natdram morborum ostèndit curatio. En effet, ott ne
peut contester que c'est à Téleetricité localisée que tloils devons
attribuer la cure de t^ttë constipation st tenace et si rebellé. Or,
comment a dû agir le cbm*ant inducteur, si ce h*est en réveillant,
en sollicitant ta contraction dé Iti tunique mtisculaire de rilltëstin,
et par suite en provoquant rexptll^ioh des rhfttières fécale^ t
Mais quelle a été lét éaùsë Médiate ou éloighëé ? Notis croydns
devoir la placer de préférence dans la dysséhtèrie chrorliqtië, soit
parce qu'elle a ptécéàé la ititihife^tfltioh dt réiitt habituel de êdtl-
stipation, soit par la raisoti que les efforts répétés et itiutiles d'dl*
1er à la selle ont pu et dû, peftdaht Tëtpàcè dé deul arië ^n'h duré
la dyssenterië^ épuiset, amoindrir la coMtràctilité de Fintei^tin. te-
pendant^ pour ne pas être exclusif, je h'oseràis {laè àffif'tUèr que
^élément rhumatismal, qui it'a |tas ettcore ceséé dé travaille^ éët
ôrgatiismë, quoique postérieur de dit ails ft la t>rënii6K irrlée de
constipàtiod,ait été totftleoiyit étranger à Tefitrétieti et ft la fiiefsis-
tance de cette infirmité, en maintenant ou en augmentant même
Tàtaiiie muéculairë da conduit digestif. DU reste, t;^Uti^t<^vac
— 416 —
médecin la véritable notion du pourquoi et da comment, pourvu
qu'il ait atteint le noble but de sa mission, qui est de soulager et de
guérir. Dans tous les cas, il est certain que c'est à l'électrothéra-
pie qu'est dû l'honneur de la cure*
D' A. Cade (de Bourg-Saint- Andéol).
BIBLIOGRAPHIE
Vlntendanc$t la Médecine et la Pharmacjie militaires, par le docteur Jeannel,
in-So^ 8 pages^ chez J.-B. Baillibre, 19, rue Hautefeuille, Paris. Prix : 30 cen-
times.
L'intendance militaire^ dont les services sont discutés avec pas-
sion^ ne mérite pas toutes les condamnations prononcées contre
elle dans Tarmée et dans le public. Elle a été souvent le bouc
émissaire du commandement. Dès le début de la campagne, un
immense magasin formé par Tordre du ministre de la guerre à
Sarreguemines^ à Textrême frontière, est devenu la proie des Prus-
siens aussitôt après notre premier revers; le J4 août^ Tempereur
Napoléon III ne s*est pas occupé de conserver ses communications
par le chemin de fer de TEst; le maréchal Bazaine a laissé inter-
cepter dès le i7 août Tembranchement de Metz à Luxembourg par
Thionville : il est donc injuste de rendre Tintendance responsable
de l'irrégularité des distributions et de l'insuffisance des approvi-
sionnements à Tarmée du Rhin et dans la forteresse de Metz.
M. Jeannel établit ces faits comme précaution oratoire, aûn de
démontrer qu'il ne veut pas faire flèches de tout bois dans les atta-
ques qu'il dirige contre Tinlendance.
Il est malheureusement fort à craindre que cette modération et
cette bonne foi ne soient pas beaucoup prisées par les ennemis
acharnés de Tintendance^ et que celle-ci, de son côté, ne sache
pas beaucoup de gré de sa courtoisie à celui qui lui porte d'ailleurs
des coups non moins dangereux que flatteurs.
Selon Tauteur, la constitution de l'intendance militaire est con-
traire aux principes mêmes de notre organisation sociale ; il rend
un juste hommage à la valeur personnelle des intendants, mais
il fait connaître la source légitime^ et jusqu'à présent mal appré-
ciée, des jalousies et des haines soulevées contre eux; il s'exprime
ainsi :
(if ... Les hostilités aux(\ueUes les intendants sont en butte résul-
- 417 —
tent, non pas de leur valeur négative, noiaisde la constitution pri-
vilégiée du corps auquel ils appartiennent. Je rends hommage à
leur honnêteté; je reconnais la parfaite distinction de la plupart
d'entre eux ; mais, à mon avis, Tintendance est atteinte d'un vice
radical : elle est dans l'armée comme un reste de Taristocratie de
l'ancien régime; j'oserais presque dire qu'elle e8t féodale. Je le
prouve :
(( Les officiers de rinlendancc se recrutent exclusivement parmi
les capitaines de l'armée, à la suite d'un concours dont le pro*
gramme comprend l'administration militaire dans son ensemble,
et ils sont les commandants-nés de six catégories d'officiers qui se
recrutent par d'autres voies; à ces officiers tout avancement est
absolument fermé dans le cadre même de leurs chefs perpétuels;
ce sont : 1° les officiers de santé militaires (médecins et phar-
maciens) ; 2^ les officiers d'administration des hôpitaux ; 3" les
officiers d'administration des subsistances; 4* les officiers d'adminis-
tration du campement et de riiabiliement; 5** les officiers d'admi-
nistration des bureaux de l'intendance; 6° les officiers du train
des équipages.
«Tous les officiers composant ces différents corps ont dû faire
au début de leur carrière un vœu d'obéissance éternelle aux offi-
ciers de l'intendance.
»... Cette situation, éminemment aristocratique, produit d'une
part une confiance en soi et un sentiment de supériorité qui vont
trop souvent jusqu'à la morgue, et d'autre part l'abaissement des
caractères, les flatteries obséquieuses et les animadversions cor-
diales et secrètes ; elle éteint l'amour du devoir et rémalation du
bien public -, elle fausse les responsabilités en les attribuant à qui
n'est pas capable de les porter ; enfin elle confond deux opérations
logiquement distinctes : le contrôle des dépenses et les dépenses
elles mêmes. »
La difficulté, c'est de remplacer l'intendance, qui offre l'avantage
d'harmoniser par l'unité de son joug tous les éléments distincts
des services médicaux, pharmaceutiques et administratifs des hôpi-
taux et ambulances et des magasins militaires.
M. Jeannel expose avec force les arguments produits par les mé-
decins militaires, qui réclament pour eux-mêmes l'administration
et l'autorité suprême dans les hôpitaux et les ambulances ; mais il
formule avec une parfaite netteté les arguments contraires.
11 conclut en demandant que tous les services dits administratifs
dç l'arma obtiennent l^iir autonomie $o)is les ordres du çominande-
ment en tout ce qui concerne la discipline ^et Texécution des règle*
ments, et soient mis sous la tutelle etia surveillance 4e leurs inspec-
teurs généraux respectifs en tout ce qui concerne la direction
professionnelle, l'appréciation 4m mérite, Tavancement, les féconi-
peq^es, etc. C'est d'ailleurs , comme il le fait remarquer, l'orga-
nisation des corps spéciaux : le génie et Tarlilierie.
Quant à Tintendance, elle aurait le contrôle des recettes et des
dépenses en argent et eu matières ; elle cesserait d'administrer et
de ppm mander.
\je recrutement des services administratifs de l'armée, qui a lieu
actuellement parmi les sergents, se ferait à la suite d'un concours
p^mi les jeunes gens du contingent annuel pourvus du diplôme
de bachelier es lettres ; et l'intei^dançe se recruterait, non plus
parmi les capitaines dont la vocation militaire est médiocrci mais
bien parmi les oftici ers d'administration comptables assimilés capi-
taines.
Cet opuscule, très-court, très-substantiel et très-précis, fait,
selon nous, grand honneur à son auteur, qui, préoccupé seulement
de rintérêt public, n'a pas craint de dire ce qui lui paraît la vérité
avep fermeté, mais sans rien qui puisse blesser les personnes. Il
arrive en temps opportun, et sera lu avec empressement par les
ofOeicrf de santé militaires, et surtout par les officiers d'adminis-
tratiopj^ dont la cause n'a pas encore eu, que nqi4i$ sachions, de
plj|idoyer pl<|s chaleureux et, nous le croyons, plus )pgique.
Il no^f i^mbie impossible que 1^ commission d^ réergj^ni^ation
de l'arm^ef actuellement réunie, ne tienne pas compte du travail de
potre confrère, si préoccupée, comipe elle j'est, du bien public avant
tout, ell^ veut entrer résolument ^^ns la voie de 1^ régénération de
notre i^dministratioa pilitaire.
•ULLETIH OCS HOPITAUJl
FlaiE pénétrante du CRANE, SUITE d'uN COUP DE FEU ; GUÉRISON,
MALGRÉ LA PRÉSENCE DE LA BALLE DANS l'eNCÉPHALE. — NojlS em-
pruntons à une publication de M. le docteur Mire, médecin aide-
major [i), cett0 importante et Irès-iruéressanle observation qu'il a
(i) ^ujV Union m¥i(^{^ <J«f tt et !6 mart dernier.
- m-
recueillie à l'hopitaj militaire (jeVjripgnnpff dapsl^ s^rfiçe d§ Ii|, |ç
(jocteur Flescbut, pendant le sicige dp Paris.
Le 40 octobre (870, Schock (ChaHes), soldat au 8l« de ligne,
élait couciié à terre pour éviter le feu de l'ennemi , lorsqu'il a reçif
une balle qui a traversé Tos frontal et a pénétré dans la cavité
crânienne. Aussitôt douleurs vives, hémorrbagie abondante, quj
n'amènent cependant aucune syncope. La blessure est située pres-
que sur la ligne médiane, à 1 centimètre et demi environ au-dessus
de la naissance du nez ; sa forme est arrondie et ses bords légère-
ment déchirés ; son diamètre est à peu près celui d'une pièce de
50 centimes. La solution de continuité de l'os n*a pas cette éten-
due, elle seml>le fort étroite et n'admet 'lu'avec peme Texlrémité
d'une sonde de femme M Fleschut, chef du service, introduit
dans la plaie un stylet de trousse qui pénètre à une profondeur dé
6 à "3 centimètres avant d'arriver au projectile, dont la direction
est sensiblement oblique de haut en bas, de gauche à droite et
d'avant en arrière. (L'exploration est faite en présence d'un dès
médecins traitants qui, lui aussi, constate parfaitement la sensation
toute pariiculièi'e que donne une balle frappée par l'extrémité
mousse d'un stylet métallique). Retiré au dehors^ I instrument ra-
mène quelques fragments de substance cérébrale. Du sang est
extravasé dans les mailles du tissu cellulaire de !a conjonctive ocu-
laire droite, et la paupière supérieure, fortement œJéraatiée, re-
tombe sur la cornée. La vision est comptéfement abolie de^ deux
côtés depuis le moment de l'accident. Il y a^ en outre, une hyper-
estliésie manifeste du sens de l'ouïe. Toute la région du fi'ont esf
le siège de douleurs très vives. Pour éviter les vertiges et les
étourdissements, on maintient la tête immobile dans une position
élevée. Le lendemain, en présence du baron Larrey, médecin en
chef de l'armée de Paris, le stylet pénètre tout entier dans la cavité
crânienne sans rencontrer la balle, qui, sous l'influence de fa posi-
tion élevée de la tête, a dû céder à l'action de la pesanteur et faire
du chemin en arrière.
Dans la journée du H, la vue est revenue partiellement à gau-
che ; à droite, les muscles du globe oculaire l'esfent paralysés et la
rétine absolument insensible. La tète doit être toujours maintenue
immobile, sous peine de douleurs vives. L'intelligence reste nette
et le moral excellent. // n'y a pas eu encore un seul instant de
fièvre, grâce peut-être à l'administration des opiacés, que l'on 4
donnés à haute dose dès les premiers jours (0,^0 ; — 0,30 ; — puiîj
0,40 d'extrait) pour empêcher les accidents inflammatoires que Ton
redoutait du côté de l'encéph-ile ; ils n'ont triomphé qu*à grand*-
|)eine de Tinsomme rebelle dont le patient est tourmenté depuis l|S
moment de Tacciilent ; mais, en tous les cas, ils ont eu cet heureux
— 420 —
pénible, se fait avec plus de facilité ; un hoquet assez fatigant, qui
suivait chaque repas, tend à disparaître. Bien qu'on ait diminué la
dose de laudanum^ le sommeil commence à revenir ; il n'est plus
aussi souvent interrompu par les soubresauts fort incommodes qui
le troublaient.
Une bronchite intercurrente, malgré les retentissements dou-
loureux provoqués par la toux, n'a pas aggravé la situation, et
Scbock peut déjà rester sur son lit, au moment des repas, sans
éprouver ni vertiges ni éblouissements.
Le 5 novembre, il s'est levé quelques instants ; les jours suivants,
il a pu faire quelques pas, avec de grandes précautions toutefois,
et en maintenant lu lête étendue en arrière.
La plaie, qui a beaucoup suppuré pendant les trois premières se-
maines, est déjà presque cicatrisée dès le commencement de no-
vembre. Il reste à peine un trajet fistuleux donnant encore passage
à quelques gouttes d'une humeur jaunâtre.
Le 22, la blessure, un instant complètement fermée, s'est ou-
verte de nouveau ; les téguments de la partie inférieure du front
et supérieure du nez ont pris une coloration rougeâtre qui s'est
étendue bientôt jusqu'à l'angle interne de l'orbite droit. Dans toute
cette région, les parties molles sont empâtées, un peu tuméfiées et
comme gorgées d'un liquide sanieux, dont la rétention provoque
quelques accidents qui disparaissent dès qu'il a repris un libre
cours.
A la fin de novembre, la douleur, déjà beaucoup atténuée par
les narcotiques, quitte la région postérieure du crâne pour se fixer
pendant quelques jours au sommet de la tète et regagner ensuite le
front, son premier point de départ.
Depuis le 13 octobre, date du retour partiel de la vision à gau-
che, jusqu'à la fin de ce même mois, l'état des deux yeux ne s'est
pas sensiblement modifié. Le releveur de la paupière supérieure,
les muscles propres du globe de l'œil, l'iris paralysé à droite, ont
gardé à gauche presque toute leur liberté. La rétine droite est in-
sensible à la lumière qui, néanmoins, provoque de la douleur et
un écoulement de larmes très-abondant.
il existe bien à gauche un peu de paresse de l'iris et un certain
degré de photophobie, mais cet œil peut encore distinguer à 1 mè-
tre les traits de Tinfirmier qui, au pied du lit, n'est déjà plus qu'une
ombre noire sans contours bien arrêtés. La lecture est possible de
très-près et à condition de ne pas durer plus de quelques secondes.
Cet état s'aggrave encore penclant les premiers jours de novembre.
L'œil droit, il est vrai, commence à percevoir vaguement et seule-
ment au déclin du jour, les contours des objets de gi*ande dimen-
sion ; mais, en revanche, l'œil gauche faiblit de plus en plus, et,
dimension. Contrairement à toute prévision, à la fin de ce même
mois, cet organe, loin de continuer à faiblir, semble devenir meil-
— 421 —
leur, et le 12 décembre, Schock peut déjà faire sa partie de piquet,
tenant ses cartes à une distance de plus de 30 centimètres.
Le 46, il reconnaît déjà le nombre des doigts qu^on lui présente
et il peut lire facilement les caractères d'imprimerie quand ils sont
un peu rapprochés.
Pendant que la vision de Tœil gauche a été ainsi s'améliorant,
Téfat de Toeil droit n'a subi d'autres modifications qu'un retour
partiel des mouvements des muscles droits interne et externe,
permettant déjà quelques mouvements de latéralité.
Dès la fin de décembre, le bourrelet formé par la muqueuse a
un peu diminué, grâce aux scarifications et aux excisions qui,
plusieurs fois, ont été pratiquées.
Vers le milieu de janvier, la plaie est complètement fermée par
un tissu fibreux cicatriciel adhérent. La table externe du frontal a
subi, à ce niveau, une perte de substance bien reconnaissable à une
dépression presque circulaire, toute parsemée d'aspérités et delà
grandeur d'une pièce de i franc environ. La rougeur et l'empâte-
ment ont disparu dans les tissus voisins, qui ont repris leur colo-
ration et leur consistance habituelles.
L'appétit est celui d'un homme en bonne santé ; le sommeil est
très -calme et n'est plus interrompu une seule fois pendant toute
la nuit. Schock passe sa journée à jouer aux cartes, à se promener
dans les corridors et dans les salles.
Dans les premiers jours de février, sur sa demande réitérée, on
lui permet de quitter Thôpital pour entrer au dépôt établi près des
Invalides pour recevoir les militaires convalescents.
A cette observation notre distingué confrère ajoute des rcQexions,
dont nous reproduisons les suivantes :
il Nous ne croyons pas, dit-il, que Ton puisse mettre sérieuse-
ment en doute la présence du projectile dans la cavité crânienne.
L'exploration de la plaio, faite à deux reprises différentes et en pré-
sence de témoins compétents, les fragments de substance cérébrale
ramenés au dehors par l'instrument, éloignent absolument l'idée
d'une erreur de diagnostic.
« La perte de la vision, la paralysie du releveur de la paupière,
des muscles droits et obliques, Tecchymose sous-conjonctivale, la
propulsion en avant de toutes les parties molles contenues dans
l'orbite sont généralement regardées comme des signes certains
d'une blessure de l'encéphale ou tout au moins des parties les plus
profondes de l'orbite, que la balle n'aurait du reste pu atteindre
sans traverser le lobe antérieur. En dirigeant un stylet un peu
obliquement, de haut en bas, de gauche à droite et d'avant en
arrière, on a pu l'introduire tout entier dans la cavité crânienne
sans parvenir jusqu'au corps étranger. On est donc autorisé à sup-
-m-
ppser qH^p))éis^ai)t m% iQJs ie la pesanteiir, et par suite de )a
position élevée de la tète pendant les premiers jours, la balle a dû
£aire du chemin en arrière et aller se loger dans le lobe moyen^
peut être même dans le lobe postérieur. C'est du reste vers celte
région que, deux ou trois jours après ^accident, le blessé ressentait
les plus vives douleurs^ occasionnées, selon lui^ par la présence
du projectile, qu'il assurait s'être arrêté à ce niveau^ et dont il pré-
tendait même sentir les déplacements. Les souffrances, les étour-
dissements causés par la mastication et les mouvements de flexion
de la têle, les retentissements doulpureux que provoquaient à ce
point réiernun^ent et la toux, semblent devoir donner quelques
probabilités à cette bypolbèse, contre laquelle la physiologie du cer-
veau ne nous paraît devoir élever aucune objection sérieuse (I).
qf La guérison ^st-elle définitive ? S'^sl-il formé un kyste pro-
tecteur qui préservera dans Tavepir les parties environnantes de
toute altération fâcheuse ? Cette supposition ne nous parait point
invraisemblable.
0 Les exemples de blessures du cerveau n'ayant pas eu une
issue funeste, ne sont point abso|urpent rares dans la scierice, et
nEialgrë les dangers qui en sont la suite, il nous semble que les
chirurgiens sont peut-être trop pertes à exagérer la gravité des lé-
sions de cette nature, regardées généralement comme au-dessus
des ressources de Tart.
(( Bon nombre de fractures des os de la tête ont guéri après
Textraction d'esquilles volumineuses implantées profondément dans
Tencéphale (2) ; même les herpies du cerveau, avec perte de sub-
stance, qui compliquent parfois les lésions [de cette nature, n*ont
pas toujours entraîné la mort. Quelques blessés ont pu survivre à
des abcès volumineux forn^és dans cet organe à la suite de violents
traumatismes, et on trouve dans les recueils spéciaux quelques ob-
servations remarquables où un corps étranger, après avoir pénétré
dans )es centres nerveux, a pu y séjourner plusieurs années sans
amener aucun accident gr^ve. Mais la guérison a toujoui^s été
achetée au prix de dangers considérables qui ont compromis le plus
(1) Voir les expériences de Ftourens et de Vulpian. D'après Longet {Traité
d'anatomie et de physiologie du système nerveux), après la perte presque
CMtpl^ d'à» bémisj^tière cérébral, rbomni6 peut eicure jouir BomaleneBt
(î) Mrrtf ■ Btu4p înr la tréj^anfitiqn 4» crâne y p. f5 ei çuiv^fates.
-413-
souvent i'eiistence du maM^ et qi|i, dans presque tous les c^s,
ont eu pour résultat final la perte de quelque sens. Presque toujours
les facultés intellectuelles ont été gravement atteintes; il y ^ çu iç$
accidents de paralysie et de convulsions qui ont persisté de longues
^npécs encore après la guérison de la plaie.
a Le cas qui nous occupe est remarquable par Tabsence complète
de tout symptôme fébrile ; il n'y a pas eu Mu seul instant de stu-
peur ou de délire, nul signe de contusion, de compression^ d'in-
flammation cérébrale. Nous n osons dire qu'il faille entièrement
attribuer cpt heqr^ux rési^ltat k Tactlop des opiacés^ qui ont été ad-
ministrés à haute dose, en même temps que l'on faisait des fomen-
tations froides. Cependant il est bon de rappeler que les narcoti-
ques ont joui d'une grande faveur auprès des vieux chirurgiens^
qui leur ont toujours attribua de grapqes vertus ()ans le traitenaent
des blessures de la tête. Cette guérison vient^ dans tous les cas, à
Pappui de la th^se de Vidal, qui regarde comme les moins graves
des plaies du crâne celles qui pénètrent jusqu'à l'encéphale, la vio-
lence du choc se trouvant ainsi amortie et le pus pouvant trouver
alors un libre coups. Nous croyons que, dans un cas pareil, il serait
prudent d'imiter la conduite du chirurgien de l'hôpital de Yincennes,
qui a m résister aux instances réitérées du lil^ssé^ et s^abstenir de
toi^l^ tentative d'extraction (i). Pour arriver sûrement au but sans
eiposer le malade à des délabrements dangereux, il eût été néces-
saire d'appliquer une couronnie de trépan, aQn d'agrandir Pouver-
ture, et l'on sait tout le péril que de pareilles manœuvres ajoutent
§ h gravité de telles bjessiires. ^es résultats, à coup sûr fort incer-
tains, n'en eussent point compensé le danger. »
RÉPERTOIRE MÉDIRAL
KEVUE DES JOURNAUI
BCuBls toxiques prodalfn de quiniae avait dètermÎQé des symp-
Mr !• aviniiie. A plusieurs re- tomes héroorrnagiques. Voici deux
prises déjà et derniëreroent encore exemples d'efTels toxiques observés,
(voir notre lome LXXIX, p. 573 u nous Tuo par AI. Uarraway, Taulre par
^vous enregistré des cas oti le sul&te M. Ilemming.
(I) H. tarrey conseiUe aussi, dans des cas pareils, d'attendre pour trépa-
ner qu'il se 8oi| produit 4iMl(|fl99-|inf def apd^^ts graves qui, «eatj^^ peuy^»!
— 424 —
Le fait de M. Garraway a été publié
dans le British Med. Journal^ octobre
1869. Il s'ap[it d'une dame de quarante
ans, d'une bonne santé antérieure^ et
aui tout à coup a été prise d'œdëme
es membres et de la face, avec rou-
geur scarlatini forme et vive angoisse
précoMiale. Elle pensait s'être empoi-
sonnée avec une pondre blancbe qu'un
pharmacien lui avait vendue pour de
la quinine et dont elle avait pris en-
viron 1 grain dans un verre de vin ;
elle affirma n'avoir mangé ni champi-
gnons, ni moules, ni fromage gAté, ni
autre substance indigeste. Cependant
le reste de la poudre blanche en ques-
lion fut examiné par M. Garraway et
reconnu pour de la quinine parfaite-
ment pure.
Au bout de trois ou quatre jours
l'œdëme et l'éruption persistaient en-
core, mais il se produisit sur la face
et sur les membres une desquamation
analogue à celle de ta scarlatine; la
malade restant faible , l'auteur or-
donna, sans y réfléchir» une mixture
de quinine comme tonique. Deux heu-
res après la première dose (2 grains)
les symptômes s'étaient exaspérés et la
malade s'écriait qu'on l'avait encore
empoisonnée avec de la quinine.
Pendant ces trente dernières années,
ajoute M. Garraway, il ne s'est pres-
que pas passé de jour que je n'aie
prescrit de la quinine, tellement elle
est nécessaire dans la localité, et c'est
Ja première fois que je lui vois pro-
duire des accidents en dehors de quel-
que mal de tête.
Un cas semblable est rapporté dans
le même journal (numéro de novem-
bre), par M. Hemming ; c'est le pre-
mier que, dans une pratique de vingt-
cinq ans, l'auteur dit avoir observé et,
si loin qu'il reporte ses souvenirs, il
ne se rappelle avoir lu rien de sem-
blable sur les effets toxiques des sels
de quinine.
La malade est une dame avancée en
âge, convalescente d'une graye mala-
die et à laquelle des doses de 1 grain
de quinine chacune avaient été pres-
crites. Le lendemain matin, l'auteur
est appelé en toute bâte, la nuit s'était
passée sans sommeil, la langue était
blanche et une éruption scarlatini-
forme, très-prurigineuse, s'était mani-
festée sur tout le corps; la face était
légèrement bouffie, sans œdème ail-
leurs; il y avait aussi un peu de gêne
précordiale. La malade n'hésita pas à
accuser la quinine, car quelques an-
nées auparavant, étant en France, elle
avait éprouvé deux fois les mêmes ac-
cidents ; rien, du reste, dans son ré-
gime, etc. ne put expliquer réclusion
de pareils phénomènes. L'éruption et
la démangeaison disparurent pea à
λeu après quelques jours de durée,
aissant après elles une desquamation
générale, qui à la fin de la troisième
semaine n'était pas encore complète.
 part un peu de fatigue, suite de
l'insomnie causée par réruption, il ne
résulta rien de fâcheux de cette petite
indisposition. La malade avait pris
seulement deux doses de mixture.
Une amie très-intelligente, qui dans
le moment se trouvait auprà de la
patiente, affirma avoir vu de pareils
accidents mentionnés par un auteur
français à la suite de radminlstration
de la quinine ; mais elle ne se rappela
ni le nom de l'auteur, ni le titre de
l'ouvrage. {Lyon m^dtcoZ, 1871, n«5.)
Hématurie produite par
l'usage interne du sulfate de
quinine. Aux faits que nous avons
rappelés ci-dessus et à ceux contenus
dans l'article qui précède, il faut ajou-
ter le suivant que M. le docteur Ga-
cherè rapporte dans le numéro d'oc-
tobre 18b7 du Journal de médecine de
la Nouvelle- Orléans t et qui a trait â un
enfant de treize ans, souffrant d'accès
de fièvre. Les parents lui donnèrent de
la quinine en aeux occasions, et chaque
fois l'administration du remède fut im-
médiatement suivie d'une hémorrha-
gie par la moqueuse urlnaire.
Appelé à voir l'enfant, M. Gacherè
prescrivit, contre les avis de la mère,
10 grains de sulfate de «quinine divisés
en trois doses. Le médicament devait
être suspendu si une nouvelle hémor-
rhagie se produisait.
Une heure après la troisième dose,
survint une abondante hématurie. On
suspendit alors la quinine et on la
remplaça par un autre fébrifuge. Ge-
pendant le petit malade ayant quitté la
localité, un médecin émînent de la
nouvelle résidence fut chargé de lui
donner ses soins ; il lui prescrivit do
sulfate de quinine, et cette fois encore
l'administration du médicament fut
suivie du même genre d'hémorrhagie.
Maintenant l'enfant est encore en
traitement. Dernièrement son père eut
ridée de lui donner trois ou quatre
doses d'une décoction de quina et de
serpentaire de Virginie : rhématnrie
se produisit de nouveau.
M . Gacherè a eu l'occasion d'obser-
ver dans ces derniers temps un cas
— 426 —
analogue : une enfanl de sept ans^ à
laquelle il donna de la quinine, pré-
senta chaque fois apr^ l'administra-
tralion du médicament une hémorrha-
gie par les voies génitales. (Lyon
méd., 1871, n» 5.)
Effieacité des injections io-
dées dans la cavité utérine
pour arrêter les hémorrha-
gles qni saluent la déli-
vrance. Nous avons déjà parlé
(1. LXXIY, p. 329) de ce moyen dont
M. le docteur Dupierris avait fait l'ob-
jet d'une communication à la Société
de médecine de Bordeaux. L'an der-
nier, ce confrère a publié sur ce su-
jet une brochure dans laquelle il rap-
porte vingt-quatre observations, où le
succès a été constant, et où il n'y a
jamais eu d'accident. Il y a là de quoi,
non -seulement intéresser les prati-
ciens, mais encore les faire revenir de
EréventioDs, qui semblent^ cependant
ien légitimes. Quoi qu'il en soit,
voici comment opère M. Dupierris;
c'est un point que nous n'avions pas
sufBsamment exposé dans l'article de
notre journal cité plus haut.
« La malade est placée sur l'extré-
mité d'un lit de sangles, sur lequel un
plan incliné a été établi au moyen
aune chaise renversée, les pieds ap-
puyés sur deux chaises. Cette position
prise, je retire, dit Tauleur, avec la
main introduite dans l'utérus, les cail-
lots et autres corps étrangers qui se
trouvent dans la cavité; immédiate-
ment après^ je glisse la canule de la
seringue, si l'instrument s'y prête, ou
bien une sonde de gomme élastique
qui admette dans son pavillon la ca-
nule d'une seringue moyenne, laquelle
contiendra une solution composée de
30 grammes d'eau^ 15 grammes de
teinture d'iode et 5 décigrammes dHo-
dure de potassium. Dans cet état des
choses, l'injection est poussée avec
force ; la main qui était dans l'utérus
sert à fixer la seringue, de manière
que rinjection soit faite dans la cavité
ae la matrice. Le liquide qui a baigné
rintérieur de l'organe est rejeté avec
assez de violence.
c 11 est facile de s'assurer de la con-
traction de la matrice en portant la
main sur l'bypogastre ; on trouve cet
organe parfaitement rétracté^ dur et de
forme sphéroïde.
c Les suites de couches sont d'une
bénignité remarquable; les lochies
sont peu abondantes et n'ont pas une
odeur très-prononcée ; elles durent de
cinq à sept jours ordinairement. 11 se
pourrait que des cas se présentassent
où il y eût quelques tranchées trois ou
quatre jours après l'opéralion. Ce cas
s'est présenté à moi une fois; la
femme rejeta, le cinquième jour, un
caillot qui portait la trace de la con-
traction de l'orifice, où il s'était arrêté.
La suite n'offrit rien qui ne fût normal.
a La seringue dont je me sers est
un tube de cristal de la capacité de
50 grammes, garni d'argent, et ter-
miné par une canule de 16 centimètres,
surmoutée d'une boule olivaire per-
cée de plusieurs trous.
< Quand je me suis trouvé au dé-
pourvu de cette seringue, je me suis
servi d'une sonde de gomme élastique
de 4 à 5 millimètres de diamètre et
d'une longueur ordinaire, comme celles
que nous employons pour le cathété-
risme chez l'homme. La canule de la
seringue est introduite dans le pavil-
lon, et le liquide est répandu dans
l'utérus en sortant par les yeux laté-
raux. »
Sar les remèdes spéeill-
qne» du tétanos. Les conclusions
que M. Yandell a formulées sur le té-
tanos mérlleut d'être soumises au con-
trôle de Texpérience, basée sur une
statistique étendue. Elles tendent à
diminuer la confiance avec laquelle
on a si souvent préconisé tel ou tel re-
mède comme spécifique du tétanos.
Suivant cet auteur, le tétanos trau-
malique survient ordinairement du
quatrième au neuvième jour après la
blessure, et ces cas présentent la mor-
talité la plus étendue.
La guérison du tétanos traumatique
a été observée, en général, dans les
cas où cette complication se montrait
après les neuf jours qui suivent la
blessure.
Lorsque les symptômes dorent
quinze jours, la guérison est la règle
et la mort l'exception, et la terminai-
son semble indépendante du traite-
ment.
Le chloroforme, jusqu'à présent, a
obtenu le plus grand nombre de gué-
risons dans le tétanos aigu.
Le véritable critérium pour un re*
mède contre le tétanos se trouve dans
l'étude sérieuse de la marche de la
maladie, c'est-à-dire qu'il faut cher-
cher si ce remède guérit les cas dans
lesquels la maladie s'est présentée
avant le neuvième jour, et s'il échoue
dans des cas dont la durée dépasse
quinze jours*
— 426
Jusqu'à préHent aucun aig«Bt souinis
à ce crilériuro n'a pu justitier les pré-
tenlIoDs (le ceux qui l'ont préconisé
comme le vérilable. remède contre le
tétanos. [The American Practitioner
et dus. hehdom., 1871, n« 12.)
Snr la iransffnsloii da mwtng
défibriné Nous avons rapporte dans
noire tome LXXVIll, p. 90. deux cas
de transfusion du i>ang détibrinc, sui-
vis de ^uccêâ, dont un sur un entant
nouveau-ué. par le docteur de Belina,
de Heidellierg Suivaiit cet auteur, les
eauses principales de l'insuccës de la
transfusion du sang et, par suite, du
di^^redit oti est lombê ce système en
France, sont : l'emploi du sang non
délibnné. le défaut de mesure de la
quantité de saiig à employer et enfin
l^impei fection des instruments et des
procédés opératoires.
L'emploi du sang non défîbriné
amène inévitablement la coagulation
dans les tubes de l'appareil; alors, ou
bien la transfusion devient impos-
sible, ou bien on peut introduire des
caillot3 dans la vrlne, et Topéralion
devient dangereuse et même fatale. Si
les caillots sont trop grands, obstruc-
tion de l'artère pulmonaire et mort im-
médiate; si la mort n'est pas immé-
diate, elle peut venir d'une embolie
produite parie dépôt des caillots daus
un endroit quelconque de l'appareil
circulatoire.
La lii*rine n'est pas line partie es-
sentielle du sang et peut en être re-
trancliée sans inconvénient; bien
plus, l'opération que l'on fait subir au
sang pour le défibriner a 1 avantage
de le saturer d'oxygèue et de te de-
barrdsser de l'aiidc carbonique.
Quant à la quantité, on a souvent
employé ou trop de sang, ou trop à la
fois; de là, aftlux au cœur, paralysie
consécutive, ou tout au moins conges-
tious dangereuses dans différentes ré-
gions de 1 organisme.
Jusqu'à présent, on a inventé au
moins vingt appareils différents, sans
qu'aucun satisiasse à toutes les condi-
tions requises. Ces condiiious sont :
1» Que l'appartil puisse être tenu
dans un état de propreté parfaite;
i2o Que sa capacité soit suffisante
8 oui contenir la quantité nécessaire
e sang, et qu'il puis>e être manié fa-
cilement et avec précision ;
5" Qu'il soit piossible de conserver
au saog la température voulue;
4^ Que l'introduction des buU«A d'a\T
dans la veine soit rétidde impiisslllé.
{liecueil de méd. vétér., octobre i87Ô.)
Observation d'opé^atloa éé-
•arleaae suivie de gaérisoto.
11 s'agit d'une femme des efirlrons
d'Orléans, qui se irouvaiteo mal d'en-
fant et qui né pouvait parvenir à aç-
coucber, bien que le travail durSt
depuis un temps considérable et q4e
les douleurs fussent extrêmement vi-
ves. M. d'Olief, appelé àupr)^ d'elle
par le médecin ordinaire de la patiente,
reconnut, après Tavolr examinée» que
les difticnliés de Paccoucbement pro-
venaient d'une tumeur impUhtée à la
face antérieure du sacrUin et rédai-
sant l'espace compris entre le sacram
et la sympbyse du publa à 4 centi-
mètres et demi environ. Le travail du-
rait depuis trente -six heures sans
avancer sensiblement, malgré l'éner-
gie et la violence des douleurs.
M. d'Olief pensa que r^cconctiê-
menl ne pourrait se terminer que psr
Topération césarienne; en consé-
quence, il conseilla à la itaalade de
se faire transporter à la Materbilé
d'Orléans, où elle arriva le lendemàtln.
Le chirurgien constata quVlle se
trouvait dans le même état que lâ
veille. La partie qui se présentiilt
était trè9-élevée. C'était la tête, sur
laquelle on pouvait sentir une tumeoi'
sanguine, notablement engasée à tra-
vers les lèvres du col et Tespàce pel-
vien rétréci par la tumeur. La lèvre
antérieure du col utérin était énor-
mément œdémaiié. M. d'Oller prati-
qua l'opération césarienne, en pré-
S' uce de plusieurs médecios de là
ville.
La femme ayant été nréalablemeùl
en 'ormie à l'aide du chloroforme, le
chirurgien incisa la paroi abdominale
sur la ligne médiane jusqu'à la matrice,
il s'aperçut alors que ceile-èi se pré-
sentait à IHncision âbdotninale ainsi
qu'il arrive souvent, par l'un de ses
côtés, i'our la mettre dans le parallé-
lisme avec la paroi abdomihàle, le
chirurgien ne ciaignit pas d'introduire
toute sa main dans le ventre, en pas-
sant derrière i*utérus, ei de releveircè
dernier, en le saisis^ant à pleine
main
L'incision de la paroi utérine s'ac-
compagna d'une hêmorrhagle consi-
dérable qui ne fut pas arrêtée sans
Deine ; deux artères utérines dorent
être liées; les iigat tires furent prati-
quées de manière que les fa'la.aa lien
a« tomber dans la cavité péntônétle,
- 4Î7 —
tgrubasseiil nalurelleménl dans la ca-
vité utérine, pour être ensuite entrât-
nés au dehors, à travers le conduit
utero vapinal.
Après l'extraction de l'enfant et du
délitre, M. d'Ulier constata cette par-
ticularité plus d'une fuis signalée paf
les obKervateurs. à savoir : rélarglS-
seiiient excessif de l'ouverture faite
par rincK>ion. Il senible qufi ta face
interne de l'utérus se porte en deliors,
et s^étalé comme si la matrice voulait
se fetourner, de manière que sa face
Interne devient externe, et récinrd-
anement. M. d'Olier dit qu'il a remé-
lé h cela avec uiie grande facilité,
en prenant les deuxlèvresde l'incision
uiéiine avec le^^ iioigls et en les rame
nant à leur place normale.
La hernie de ia face interne de l'u-
térus aliiSt réduite, aucun point dé
âuture n'a été app'.i(tiié âur rihcisldlt
uléHne: le chirtirgien s'est contenté
de fermer la plaie abdominale au
nen d'tin nottiliresuftiéâUi de points
iiture ênioriillée.
Avant celle suture, un accldeiit était
venu eilcore compliquer l'opération.
Des votnissements , provoqués paf
l'action du chloroforme, ont fait sor-
tir au d» hors tout té paquet intestibsll.
4ii*ii a fallu réduire apt-ës l'avoir net-
iové avec soin.
Le pansement terminé, la malade^
tr^s-affaiblle par là perte de sang, a
été remise dans son lit. Pendant les
huit bu dix Jours qui ont suivi l'opé-
rallon, l'éiat de la malade i inspiré
les pins vives ihquiétudes ; il seinblait
s'atfgt-avêr de joui* en j6ui> : ta fièvre
éûiTt Intense, le poulet e>i monté suc-=>
cessivement â hiO, i'>5, 150 et |u&-
qu'à 140 pulsations par minute; le
ventre était te siège don baltonne-
litenl considérable et de douleurs ei-
cessivemeut vives ; il y avait des éb-
vit's de vomir, deâ vomissements, uh
hoquet persistant de sinistre augure;
on s'atiendait chaque Jour avoir suc-
comber la malade IleureUsembht,
vers le dixième jour, est survenu un
commencement d amélioration qui n'a
ceshé de faire des progrès. Le ventre
a diminué de volume, les douleurs se
sent èalhiéès ; lès f oïdiéi^eniénts. les
H»uséèS, le bôi|ùet se sont ari-ltM i i$
pouls est descendu fiutïb^ssivëhlehi Ûé
140 à 120, 110, 100, 75 et 70 pulsa-
tions par minute ; enûn la malade
s'est trouvée èomplétemént guérie...
Elle est resiée à l'bèpiial jtf^y'aii
15 mat-^i. époque où elle ett est Sertie
fMittr retourner dans son pafs. Dt'puls
drs, elle n'a cessé de jbUir tl'une
santé parfaite. [Abeille thàt., 1871^
no4.)
temiiloi 4e l'eltclil^lltttft
Hlobttliis ûmiàm 1« iriilienleiit
ilti cbblérai. Ce sotit les f< uilles
que l'auteur, M. Martin, emploie^ de
préférence, de cinq à huit feuilles en
iufusiou pour un litre d'eau. Les
friiils et Técorcë dohiiénl le moihë ré-
sultSt.
L'eufeâlypius ainsi àdmiblstré est
d*Un gdflt agréable ; il hite la «lécré-
tion de l'uriné, iilof's HtéUe (|â'elle se-
rait SQspeiidUë depuis (iluslëuf^ jool's ;
Il bbabge souvent là taàture et là ëd-
lol-ation des sellés, ibais sui*ldut II
arrête les toiiilssénefals oti II en di-
mihue II fréqueficë; Sur buàhaiHe-
huit malades qui lb|érëheiil de l'iii-
fuslon, soit ttlacée. sdtt chaode, soit
itaélangée avec do riiorb, trenleéln^
diit eu les voifiissëmëbts at-rêtii thils
heUt*es après l'ingestinh ëh iiioyenue,
sept atndiridris et quatre ëhet qui leè
vomisselnënts cuhtirtuërëhl.
L'eUcaljrpios parait agl^par l'htillë
essentielle qu'il reoferrttt!^ et ^ul a
une très grande analogie àtëë l'es-
sence dé térébetilhiile. G'^st elle ^ui
donne I l'Infusiott son arôme;
On sait, en ëfhst, que ia lérébeii-
thine a été recommandée en jtotion
par le docteur Dru en 1847. ei par le
docteur Ouclo^ éd 1805, dans le iHii-
tëideut du choléra. Son actidii est à
peu prës là roéihe que celle de l'ett-
eal]{ptus. Elle est diurétique, antivo-
mitive et modifie au.ssi mattirestement
les Selles. .Maté I eucalyptus est d'Utf
goût bien preféhible et est bléb ttoieUic
toléré qu'elie. (Algérie médicale,
n» 16, 1870.)
VARitTÉt
Faculté dr médecine. — Les cours de la Faculté ont recommencé le lundi
12 juin courant.
Le registre des inscriptions a été immédiatement onverU
— -428 -
Les étudiants de la Faculté qui se trouvent dans des conditions scolaires
régulières seront admis à prendre cumula tivement les inscriptions de novem-
bre 1870, janvier et avril 1871.
HoNHcuR A Lk MÉMoiBE DE M. Russ. — Le Couvrier du Bas- Rhin, du 4 juin,
contient une circulaire adressée aux Alsaciens par les membres du comité d«
la souscription en l'honneur de feu M. Emile Kuss, le dernier maire français
de Strasbourg. « Aujourd'hui, la première partie du programme est réalisée,»
les frais du buste en marbre à placer à l'hôtel de ville étant couverts ; la
seconde devait être l'érection d un monument très-simple à la mémoire de ce
grand citoyen ; mais les honorables signataires de la circulaire proposent,
comme un meilleur moyeu de l'honorer, l'institution d'une ou de plusieurs
bourses a qui permettent l'étude de la médecine à des jeunes gens^ originairet
d'Alsace, que leur situation de fortune en aurait sans cela écartés^ » Cette
noble idée, pensons-nous, n'est pas faite pour ralentir le zèle des souscripteurs
alsaciens.
Utgièhe et Salubrité. — On lit dans le Journal officiel :
Le conseil d'hygiène et de salubrité du département de la Selne^ près la
préfecture de police, s'empresse de rassurer la population sur Tétat sanitaire
actuel de Paris, et de repousser les craintes que quelques personnes conçoi-
vent à tort pour l'avenir.
11 n'existe en ce moment à Paris aucune épidémie. La petite-vérole elle-
même, ainsi que le conseil l'avait affirmé à l'avance dans un rapport spécial
et rendu public, exagérée par des circonstances passagères, a cessé de régner
épidémiquement. Les maladies aiguës mêmes sont très-rares, ainsi que le dé-
montre suffisamment la situation des hôpitaux, situation sur ia(|uelle il faut se
baser toujours pour apprécier exactement la santé des populations (1).
Tout est donc, à ce point de vue, satisfaisant pour le présent. Les appréhen-
sions qui se sont produites pour l'avenir sont basées sur cette pensée que des
inhumations très-uombreuses ont été faites au milieu de la ville, dans des
lieux publics que l'on désigne^ en dehors des conditions sanctionnées par
l'expérience et ordonnées par les règlements. Ces appréhensions sont absolu-
ment sans fondement. Si dans les premiers jours, en raison des événements
terribles que nous traversions et des difficultés de tout genre dont ils étaient
rorigioe, quelques irrégularités ont en effet é^é commises, elles sont déjà
complètement réparées ; le transfèremeut a été opéré, et ce service s*est fait
depuis dans les conditions les plus normales et avec des soins exceptionnels.
Enfin, l'activité la plus grande a présidé à l'enlèvement de toutes les matiè-
res susceptibles de s'altérer et de donner naissance à des émanations miasma-
tiques (fumiers^ ordures, liquides chargés de substances organiques, etc.),
matières dont Taccumulation forcée eût pu exercer une regrettable influence.
On peut donc affirmer d'abord que Paris est en ce moment placé dans les
conditions de santé publique et de salubrité les plus satisfaisantes, et en se-
cond lieu, qu'on est complètement en droit d'en présager la persistance.
Le soin que le conseil a pris de partager entre ses membres les divers ar-
rondissements de Paris et la surveillance incessante qui en résulte sont les
plus sûrs garants de la rapidité avec laquelle toute cause d'insalubrité serait
immédiatement écartée.
(1) D'un autre côté, nous tenons d'un des médecins d'état civil que la
mortalité à domicile est descendue à un chiffre très-sensiblement inférieur au
chiffre ordinaire, ce qui peut, du reste, tenir pour une bonne partie à
l'absence d'un grand nombre des personnes qui habitent ordinairement Paris.
Pour les articles non signés : F. BRiCHETEAU.
- 4S9 —
THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
lies dMiserfl du chloral.
Que le chloral n'est pas ino&ensif, c'est une proposition qui as-
surément pouvait être formulée dès le premier jour que cette sub-
stance a été introduite dans la thérapeutique, et sans attendre
qu'on fût à même d'en fournir des preuves matérielles. N'était-il
pas en efiet, non - seulement vraisemblable^ mais certain qu'un
agent, qui à dose assez faible précipite dans un sommeil pro-
fond, pouvait, administré en quantité plus considérable — et
même sans cette condition^ car il est connu que certains sujets se
montrent plus sensibles que d'autres à l'influence des médicaments
actifs — pouvait , disons-nous^ occasionner des accidents ? Du
reste, les expériences du médecin qui a doté la thérapeutique de ce
médicament font voir que chez les animaux des doses sufGsantes
peuvent occasionner la mort, d'où la conséquence bien naturelle
que le même résultat funeste était aussi à redouter chez Thomme.
Cependant, et en vérité Ton est bien autorisé à exprimer ce repro-
che, dans la pratique un compte suffisant n'a pas été tenu d'une
si terrible éventualité. Comme le dit M. le docteur Crichton
Browne^ Tun des auteurs dont les observations servent de base à
cette note^ « jusqu*à présent la tendance générale a été bien cer-
tainement d'exagérer les mérites du chloral. Le caractère agréable
de Fespèce d'ébriété et d'oubli qu'il engendre^ la rapidité et l'évi-
dence de ses effets, ce qu'il y a de spécieux dans la réputation qui
lui a été faite d'être un succédané de l'opium^ possédant tous ses
avantages sans avoir aucune de ses propriétés délétères, l'ont porté
du premier coup à la place la plus élevée dans la faveur populaire
et professionnelle, et lui ont assuré un accueil plus flatteur et plus
largement répandu qu'il n'en avait été accordé à aucun agent
médicamenteux depuis l'introduction de son grand congénère, le
chloroforme. Un fleuve de chloral a coulé sur la terre et toutes les
maladies indistinctement y ont été plongées. On a célébré sa
puissance curative, mais jusqu'à ces derniers temps l'on n'a dit que
bien peu de chose de ce qui peut se trouver de décevant et se re-
celer de dangers sous ces apparences favorables. »
Ce n'est pas, cependant^ qu'indépendamment des effets mortels
observés dans les expériences de M« Liebreich sur les animaux et
TOMB LXXX, 12« LIVR. 34
— 430 —
signalés par lui, quelques remarques, et non sans importance,
n'aient été faites qui, si elles eussent franchi les limites encore
trop restreintes du cercle où elles se sont produites, eussent pu
servir de sérieux avertissement et, pour ainsi dire, sonner Fa-
larme.
Les communications suivantes, en effet, ont été faites à la Sb-
ciété de Thérapeutique (1) : — M. Legroux sait que des expérien-
ces ont été entreprises par M. Potain, dans son service de Thôpital
Necker, avec un chloral bien défini et qui paraît être identique à
lui-même ; il a pu voir là des effets physiologiques très-variés se
produire sous l'inQuence de cet agent, entre autres ceux de Fîvresse
et ceux de Tanesthcsie ; il a même vu se produire une fois une
véritable syncope ; il rappelle que, dans ses essais sur des lapins,
M. Chalvet a vu l'un de ces animaux succomber à Pinjection de
doses modérées de chloral. — M. C. Paul, secrétaire général, dit
que M. Giraldès, ayant dans un cas administré le chloral en injec-
tion sous-cutanée par cinq piqûres, a vu survenir phlegmons, abcès
et ulcérations dans le lieu des piqûres ; il peut donc y avoir quel-
ques dangers à l'employer par ce procédé. — M. Pidoux, ayant
administré le chloral, à la dose de 2 grammes, à deux hommes
souffrant de douleurs cérébrales violentes, les a vus tomber dans un
sommeil de plomb et se réveiller trois ou quatre heures après avec
les mêmes douleurs. D'après une autre observation de M. Pidoux,
des malades se refusent à prendre le médicament en question, les
uns à cause de Vétat de subdelirium dans lequel ils restent quelque
temps sous son influence, les autres à cause du goût qu'il laisse à
la bouche et de Tanorexie quMl arrive souvent à provoquer. — M. le
docteur Moutard-Martin a été aussi frappé de la brusque intensité
du sommeil produit par le chloral et, s'il agit en se changeant en
chloroforme, n'y aurait-il pas lieu de redouter quelques dangers
dans les cas où on l'administre? Il a vu le chloral, donné à un ma-
lade atteint d'artérite très-douloureuse, ne pas amener le sommeil,
mais au contraire une agitation notable, ainsi que le fait quelque-
fois Popiura. — MM. les docteurs Cadet- Gassicourt et Ferrand,
MM. Delpech etBIondeau, pharmaciens, confirment les remarques
précédentes, ayant été témoins soit de la soudaineté avec laquelle
les malades tombent dans le sommeil, soit de l'espèce de délire et
(1) BuMins et Mémoires de la Société de Thérapeuiiqm, 1868-1869, cbei
Asselin, 1871 ; voir p. 179, 186, 204 et 205.
— 4SI —
de Tagitation, soit de la somnolence qu'il peut occasionner ou
laisser au réveil.
Certes ces effets, sans être d'une gravité extrâme, étaient tou-
tefois de nature assez sérieuse et asses dignes d'attention pour faire
concevoir aux médecins qui voudraient recourir au chloral^ la né*
cessité de le prescrire avec beaucoup de précaution. Sans doute un
grand nombre auront apporté dans son emploi toute la prudence
commandée quand on manie un médicament qui peut être dan-
gereux^ surtout si ce médicament est nouveau et encore peu
connu ; mais nous avons quelque raison de penser que plusieurs
n'auront pas agi avec la même réserve et n'auront pas été exempts
peut-être d'une certaine témérité. Nous ne savons si^ chez nous^
une telle témérité, en supposant qu'elle ait eu lieu en effet, a
été suivie de conséquences fâcheuses; les épreuves douloureuses
par lesquelles la France vient de passer^ et Paris en particulier^ ont
^spendu dans une large mesure les communications que les pra-
ticiens font ordinairement soit aux académies et aux sociétés sa-
vantes^ soit à la presse. Il en a été certainement fait à la presse, et
même en assez grand nombre^ mais toutes presque ne citent que des
succès ; il a dû y avoir pourtant, il y a eu, à n'en pas douter, des
résultat négatifs ; peut-être aussi y a-t-il eu des résultats funestes.
Mais si les publications françaises ne nous apprennent rien sur
ce dernier points il n'en est pas de même de celles de nos voisins
d'outre-Manche. Déjà, dans notre livraison du 30 avril dernier,
nous avons rapporté, d'après M. le docteur H. W. Fuller, des ac-
cidents inquiétants et même un cas de mort manifestement causés
par le chloral. Depuis^ nous avons trouvé sur ce point de nouveaux
renseignements, et nous croyons de notre devoir d'en faire part
à nos lecteurs.
CSes renseignements se trouvent dans des articles publiés par
MM. W. J. Hunt et R. W. Watkins, puis par M. S. Winter Fisher
dans le British Médical Journal (25 février et l''' avril), et enfin
par le très-distingué confrère que nous avons déjà cité plus haut^
M. le docteur J. Crichlon Browne^ dans the Lancet {n- des 1" et
8 avril). C'est au travail de ce dernier auteur, beaucoup plus étendu
et plus complet^ que nous emprunteront le plus grand nombre de
faits, avec quelques-uns des commentaires dont ils sont accom-
pagnés, nous contentant d'intercaler^ chemin faisant, suivant leur
nature, les faits relatés par les trois autres observateurs.
Ces faits, qui dans le fond sont probablement le produit d'un
— 432 —
même mécanisme physiologique^ si Ton peut se servir d^une telle
expression^ revêtent des aspects différents, qui permettent d'en
former des groupes distincts.
Le premier groupe comprend des cas qui sont caractérisés par
une modification dans Tétat de la circulation en certaines parties
du corps. M. Crichton Browne les a décrits de la manière sui-
vante :
a Peu de temps après le commencement des expériences faites
avec le chloral dans cet asile (M. Crichton Brovirne est médecin-
directeur d'un asile d'aliénés), je remarquai^ chez un assez grand
nombre des malades soumis à son influence, une disposition sin-
gulière à une sorte de congestion vers la tête et la face. Il n'était
pas rare de voir un malade anémique, pâle, auquel on avait ad-
ministré le chloral, présenter à certaines heures du jour une colo-
ration rouge du teint qui aurait pu faire croire à la plus florissante
santé. Dans dix-neuf cas sur quarante où le chloral a été essayé,
du mois de février au mois de juin 1870, et sur lesquels je possède
des notes^ cette coloration a été remarquée à un degré plus ou
moins prononcé ; dans quelques cas, la rougeur était répandue
seulement sur les joues ; mais dans d'autres, beaucoup plus nom-
breux, elle embrassait de plus le fronts le cou et les oreilles, en
prenant une intensité de coloration complètement inusitée dans
les conditions naturelles. Dans un cas, qui est comme le type du
plus grand nombre, je trouve noté qu'une demi-heure après l'in-
gestion de 15 grains de chloral, la face, depuis la racine des cheveux
jusqu'à la base du maxillaire inférieur^ était d'une teinte écarlate
foncée, très-persistante sous la pression, ayant son maximum d'in-
tensité aux éminences malaires et sur le dos du nez^ et de là allant
en se dégradant dans toutes les directions. Les oreilles participaient
de cette même coloration^ qui se trouvait également éparse sous
forme de taches sur le cou et la poitrine, la tache la plus large
ayant à peu près la dimension d'un florin, et la plus bas placée se
trouvant au niveau delà partie moyenne du sternum. Ce singulier
état hyperémique^ auquel s'associaient une légère contraction
des pupilles^ une injection des conjonctives et de l'excitation
de la circulation^ continuait environ une heure, puis disparaissait
durant un accès d'éternument accompagné d'une certaine agi-
tation, pour revenir à la suite de la dose suivante de chloral. Une
observation attentive m'a convaincu que cet état se présentait rare-
ment après une seule et même après plusieurs doses de chloral, mais
— «3 —
qu'en général il se manifestait quand il en avait été pris d*une
manière régulière pendant un peu de temps. Uusage simultané de
boissons alcooliques en rendait l'apparition beaucoup plus certaine.
Une fois produit^ il ne cessait pas aussi aisément ; le chloral
était-il suspendu, la rougeur ne revenait pas moins^ à 1 asuite des
repas, pendant huit ou dix jours, et beaucoup plus longtemps si
le médicament avait été continué. C'était là une source de grande
incommodité pour les patients chez lesquels ces phénomènes se
produisaient, et qui avaient conservé assez d^intelligence pour expri-
mer leurs sensations. Us se plaignaient de chaleur brûlante à la
face, de se sentir tout en feu et d'éprouver en même temps de l'é-
tourdi ssement, de rincertitude dans la marche et de la confusion
dans les idées. »
M. Grichton Brov^ne, cherchant à s'expliquer cette rougeur de la
face déterminée par le chloral, compare ce phénomène avec celui
qu'on observe chez quelques personnes dont on voit le teint s'em-
pourprer dans certaines circonstances, par exemple à la suite des
repas ou après avoir ingéré des boissons alcooliques, avec celui no-
tamment dont s'affectent beaucoup un assez grand nombre de
femmes, qui ne peuvent prendre la plus petite quantité de vin sans
devenir cramoisies. Il en suppose Torigine dans une modification
subie par le système nerveux, modification que, d'après les recher-
ches de Brown-Séquard et de Lister, il regarde comme consistant
en une paralysie temporaire des centres vaso-moteurs de la tête
et du cou, consécutive à une impression violente ou de nature par-
ticulière exercée sur les nerfs afférents de l'estomac et les petits
ganglions avec lesquels ils sont en rapport.
Sans nous appesantir davantage sur les explications de notre
auteur, qu'il nous suffit d'avoir indiquées, nous arrivons à un autre
groupe d'accidents qui paraissent devoir être attribués à l'action du
chloral. Il se compose de cas d'urticaire aiguë, survenant chez des
sujets qui jamais, avant l'usage de ce médicament, n'avaient été
affectés de cette maladie, et qui s'en sont trouvés atteints au mo-
ment où ils étaient soumis à son action.
•
Obs. I. Urticaire,— Dbus la matinée du20 novembre i 870, on s'a-
perçoit que la nommée E. R***, âgée de trente ans, couchée salle 32
de rasile, présentait, environ une heure après avoir oris une dose
de chloral, une coloration vive du visage et, sur toute la surface du
corps, une rougeur inflammatoire diffuse ressemblant si exacte-
ment à une éruption scarlatineuse, qu'on crut prudent de l'isoler à
- 4M-
Thôpital pour les maladies contagieuses. Là, des symptômes plus
caractéristiques ne tardèrent pas à se développer. De nombreuses
élevures^ pâles, allongées^ se montrèrent spontanément sur les
jambes^ les épaules^ et vers la région moyenne du tronc^ tandis
Ju^il s'en produisait de semblables également sur d^autres parties
e la peau par l'action de gratter. En même temps la malade accu-
sait des douleurs cuisantes et pongitives^ un sentiment de tension
et de dureté dans toute la surface du corps, une respiration sif-*
fiante, des douleurs vives dans les yeux, de la céphalalgie et de la
lassitude. On administra une dose de poudre de rhubarbe com-
posée (1), et au bout de cinq heures (dix heures après le début de Tin-
vasioti) la peau était rentrée complètement dans son état normal.
Obs. II. f/r/icaire.-^Cecasaété rapporté parM.ledocteurS.Win-
ter Fisher, un des observateurs que nous avons nommés plus haut.
En juin dernier, dit notre confrère, j'eus Toccasion d'administrer à
une malade, femme robuste, d'âge moyen, un hypnotique, que je
formulai ainsi:
Hydrate de chloral 25 grains.
Eau ', . 1 once et demie.
Sirop simple Q. S.
Après avoir pris cette potion, la malade fut atteinte d'urticaire.
Je m'enquis avec soin si elle avait usé de quelqu'un des aliments
qui sont connus pour faire naître parfois cette affection, tels que
farine d'avoine, coquillages, etc.; elle m'assura que non. Je sus-
pendis l'usage du chloral, sans me croire en droit à ce moment de
lui attribuer la production de Téruption, Mais vingt-six jours
après, en ayant fait prendre une nouvelle dose de 10 grains, je
VIS en très-peu de temps les mêmes effets se manifester de nouveau.
Cette dernière circonstance de la réapparition de l'urticaire après
une seconde administration de Thydrate de chloral parait déci-
sive pour trancher la question d'étiologie, et à ce titre le fait de
M. Winter Fisher, quoique relaté dans les termes succincts qu'on
vient de voir, nous semble des plus intéressants. En le rapportant,
cet observateur s'est borné à exprimer la relation de cause à effet
qui lui a paru exister entre l'administration du chloral et l'appari-
tion de l'urticaire, sans proposer aucune théorie quant au mode de
(1) lit formule de ettte poudre se trduve dans le formulaire de M. Jeannelt
Magnésie calcinée 75 grammes.
Poudre de rhubarbe 25 -^
— de gingembre 12 —
M. Dose de d à 10 gramoleé.
— 435 —
production de la maladie. M. Crichton Browne Texplique par une
hyperémie capillaire générale due à une paralysie vaso-motrice,
avec spasme des fibres musculaires cutanées par irritation des nerfs
moteurs, et hyperesthésie résultant de modifications dans les ex-
trémités périphériques des nerfs afférents. Ici^ les effets du chloral
se seraient élevés d'un degré au-dessus de la paralysie vaso-mo-
trice simple admise par lui comme point de départ des phénomènes
dont il a été question ci-dessus.
Mais, dit le même auteur, Jes effets pernicieux que peut exercer
le chloral dans certaines conditions ne semblent pas se borner à
une paralysie vaso-motrice ou à une névrose transitoire de la peau.
Des cas qu'il a rencontrés lui paraissent démontrer qu'ils peuvent
aussi atteindre la constitution du sang et la nutrition des tissus, et
aller ainsi jusqu'à mettre la vie en péril. Dans ces cas, qui se sont
présentés chez des sujets affectés de maladie organique du cer-
veau, les phénomènes observés ont été ceux du purpura aigu.
Obs. ÏII. Purpura, — M. A***, femme âgée de soixante-neuf ans,
pensionnaire de Tasile depuis un grand nombre d'années, sujette
à des attaques périodiques de manie revenant tous les six mois et
s'accompagnant de convulsions et de coma, entra à l'infirmerie
pour une de ses crises habituelles, le 1" mars 1870, et fut mise à
rusagè de Phydrate de chloral, à la dose de 20 grains trois fois
par jour. Le médicament amena le sommeil et de Tanesthésie cu-
tanée, mais de plus, le 4 mars, un résultat très-inattendu, sous la
forme d'une rougeur vive ayant l'aspect de Térythème, mais per-
sistant sous la pression du doigt, et répandue sur la poitrine et les
épaules. Cette rougeur, le 6 mars, avait gagné toute Tétendue du
tronc et des membres, et s'était marbrée de plaques livides et de
taches d^un rouge foncé. Les lèvres et la muqueuse buccale étaient
devenues en même temps rouges, d'un ton de chair crue, les gen-
cives spongieuses, la langue excoriée superficiellement et ulcérée
par places. L'haleine était fétide, le pouls à 120, faible et dépres-
sible, et l'état général celui d'une grande débilité avec excitation et
délire. Le 9, il n'était survenu aucun changement, si ce n'est que
les ulcérations de la bouche étaient plus étendues et plus péni-
bles. Mais le 11, on put constater la diminution de l'éruption pé«-
téchiale sur le thorax et l'abdomen, où elle n'avait jamais eu au-
tant d'intensité que sur les bras et les jambes, et où l'on pouvait
maintenant apercevoir des intervalles de peau jaunâtres et môme
blancs. Les bras étaient rouges, mouchetés de lames épidermiques
blanchâtres en partie détachées, et les lèvres encroûtées de sang des^
séché. Le 15, une sorte de desquamation générale avait commencé,
l'épiderme présentant par places des soulèvements de forme arron-
die, ayecëpaississement, semblables à des ampoules de vésicatoire
— 436 —
où le sérum aurait été résorbé , et sous lesquels le derme était de
couleur pourpre foncée ou jaune en quelques endroits. Il se forma
ensuite une large ulcération à la région sacrée^ et quelques cre-
vasses et fissures au voisinage des articulations. La convalescence,
toutefois^ marcha d'une manière assurée, et la malade reprit assez
vite sa santé ordinaire. M. Pridgin Teale , qui eut occasion de la
voir dans la période d'état de la maladie, diagnostiqua un purpura,
sans y avoir été provoqué par aucune insinuation.
Obs. IV. Purpura. — Dans ce second cas, il s'agit d'une femme
de quarante-six ans, admise à Fasile. depuis quatre ans, et atteinte
d'une afibction du cœur, d'hémiplégie gauche et de démence avec
excitation. Le 24 février dernier, M. Crichton Browne lui pres-
crivit, comme calmant, 15 grains de chloral trois fois par jour, et
jusqu^au i5 mars les effets en furent avantageux. Mais à cette date
on s'aperçut de la présence autour de Tépaule gauche de nom-
breuses taches de couleur pourpre, qui le lendemain s'étaient éten-
dues et venaient se réunir à d'autres semblables dont s'étaient cou-
verts les épaules et les avant-bras. Le 17, plusieurs plaques livides
avaient envahi la face ; et en même temps le bras gaucne, devenu
tuméfié et dur, laissait voir sur sa surface rougie une quantité con-
sidérable de petits points ou de stigmates d'une teinte beaucoup
plus foncée et que la pression ne faisait pas disparaître. Le lende-
main, apparition de taches pourpres foncées et de décolorations
ecchymotiques , les unes petites, arrondies, circonscrites, les
autres larges et de forme régulière, sur les jambes, Tabdomen et le
dos, où elles se montraient restreintes à une sorte de bande de
2 pouces de large s'étendant de chaque côté de la colonne verté-
brale. En même temps prostration profonde, somnolence, faiblesse
et irritabilité du pouls, rougeur des lèvres, qui étaient complète-
ment dénudées de leur épithélium , langue crevassée et couverte
d'un enduit épais. Le 19, tes taches, les ecchymoses avaient gagné
dans tous les sens, en perdant de la vivacité ae leur teinte pour en
prendre une plus somnre. Il se manifesta des symptômes de con-
gestion pulmonaire, les forces baissèrent de plus en plus, des syn-
copes survinrent, et la malade succomba le 22 mars. A Tautopsie,
outre les taches^ vibices , ecchymoses, soit d'un rouge terne, soit
livides, dont le tronc et les membres étaient couverts, on trouva une
leurs capsules , un kyste de l'arachnoïde à droite avec aplatisse-
ment de la substance cérébrale, et diverses autres lésions de l'en-
céphale.
D'après l'opinion de M. Crichton Browne, il ne saurait s'élever
aucun doute que, dans ces deux cas, Taffection décrite, le purpura,
n'ait été la conséquence de l'action du chloral. Les symptômes.
— 437 --
dit-il> en étaient d'un genre unique^ et tels que jusque-là rien à peu
près n'avait été observé dans l'asile qui pût leur être comparé ; on
avait bien vu et Ton voit bien parfois^ chez les vieilles femmes alié-
néeSy du purpura senilis, affectant principalement la face dorsale
des mains et des bras, mais jamais du purpura ayant les carac-
tères décrits dans les cas qui viennent d'être relatés.
Sans suivre davantage l'auteur dans les explications théoriques
qu'il propose, nous nous hâtons d'arriver à d'autres faits aussi dé-
sastreux que ce dernier, c'est-à-dire à des cas de mort, qui sem-
blent dus à l'influence du chloral sur Tinnervation du cœur. Les
allusions qui ont été faites précédemment à des syncopes observées
à la suite de l'administration du chloral avaient déjà témoigné de
cette influence; M. Grichton Browne a été témoin de plusieurs acci-
dents de ce genre (lipothymies avec affaiblissement extrême du pouls
et vomissements) après une ou plusieurs doses de chloral ; il a ob-
servé de plus le cas suivant, où la mort lui paraît avoir été déter-
minée par l'action de cette substance sur Torgane central de la
circulation.
Obs. V. Mort. — M. B***, âgé de quarante-six ans, pensionnaire
de l'asile depuis quatre années, et affecté de mélancolie avec accès
d'impulsions violentes, se plaignit, en février 1870, d'une insom-
nie complète qui empoisoqnait son existence et détériorait sa santé
générale. Après l'essai inefficace de divers médicaments, on pres-
crivit le chloral, qui, ayant produit de bons effets, fut continué à la
dose de 30 grains chaque soir, du 24 février au 24 décembre, sauf,
occasionnellement , de courtes interruptions. Le malade se disait
considérablement soulagé par le chloral, mais privé ïde sommeil
chaque fois qu'il ne le prenait pas, ce qui était confirmé par les
témoignages des veilleurs^ Sous l'influence de ce médicament, son
état mental s'améliorait , devenant plus tranquille, plus gai, plus
maître de lui-même. Il présentait cependant, à un degré marc[ué, les
phénomènes de paralysie vaso-motrice ci-dessus décrits. Cinq mi-
nutes après avoir pris le chloral, son visage prenait une teinte
rouge foncée qui, en peu de temps, couvrait le front, les oreilles et
le cou. En même temps sa marche devenait moins ferme, sa pa-
role plus hésitante, et il avait l'air d'être dans un état incomplet
d'ivresse. L'accoutumance à l'usage du médicament ne diminuait
pas ces effets, mais ne semblait pas les augmenter. En novembre
et décembre, il fut à plusieurs fois pris subitement de terreur et
d'angoisse, et alors il serrait les mains et poussait des cris , sans
qu'il lui fût possible, quand il revenait à lui, de rendre compte de
ce qu'il avait éprouvé. Le 22 décembre , frissons et diarrhée ; un
examen attentif ne dénote aucun désordre , et le lendemain il se
trouvait mieux. Mais le 24, ayant pris, sa dose de chloral plus tôt
— 438 —
1a*à Tordinaire, et une heure un quart seulement après le repas
u soir, on le vit vingl-cinq minutes après marcher en chancelant,
ayant la face vultueuse, et dans un état de confusion d'idées et de
stupidité comme s'il eût été tout à fait ivre ; en cherchant à gagner
son dortoir, il tomba contre un lit, devint mortellement pâle, fit
quelques efforts convulsifs de respiration, et succomba. On s'em-
pressa de lui porter secours, et entre autres moyens on essaya la
respiration artificielle ; tout fut inutile. Le corps était pâle, les
muscles flasques, les pupilles largement dilatées, et une éjacula-
tion séminale avait eu lieu au moment de la mort. Uexamen du
flacon contenant sa potion fit voir qu'il n'en avait pas pris la dose
complète. Les principales lésions révélées par Tautopsie étaient les
suivantes : congestion hypostatique des capillaires et des veines su-
perficielles, celles-ci se dessinant en lignes violacées sur toute la sur-
face du corps ; plusieurs plaques blanches d'aspect fibreux sur le
feuillet viscéral du péricarde; amincissement des parois du cœur
gauche, épaississement des parois droites, dilatation des cavités
remplies de sang noir fluide; poumons gorgés de sang noir; état
graisseux du foie; congestion considérable de la rate; reins énormes,
avec la substance corticale pâle et les pyramides congestionnées et
Sresque noires ; estomac contenant oes aliments incomplètement
igérés, sa muqueuse fortement hyperémiée; épaississement du
crâne à la région frontale et adhérence à la dure-mère ; sinus vides ;
arachnoïde épaissie,) d'aspect laiteux ; substance cérébrale anémi-
que; ventricules remplis d'un liquide clair.
M. Grichton Brovirne attribue la mort dans ce cas à une action
paralysante exercée sur le cœur par le chloral, qui lui paraît être
doué; comme le chloroforme, de propriétés capables de diminuer
l'action de cet organe, et même de l'arrêter complètement. Il fait
remarquer Tidentité des phénomènes nécroscopiques notés dans ce
cas avec ceux qui ont été observés dans la plupart des cas de mort
par le chloroforme.
Nous terminerons en rapprochant de ce fait une dernière obser-
vation due à MM.Hunt et Watkins, et où il s'agit également d'ac-
cidents mortels survenus après Tusage du chloral.
Obs. VL J/br^.— Un ecclésiastique, âgé de cinquante et un ans, non
marié, de tempérament sanguin et sujet à la dyspepsie, commença
k prendre du chloral le soir du 15 novembre 1870 ; la dose fut d'a-
bord de 20 grains, combinés à 20 grains de bromure de potassium;
puis cette dernière substance fut laissée de côté, et la dose du chlo-
ral fut graduellement augmentée, mais sans qu'on ait pu savoir
jusqu'à quelle quantité et avec quelle promptitude. Ce qui est cer-
tain, c'est qu'un médecin ne fut pas appelé à en diriger l'adminis-
tration, et il ne paraît pas moins sûr que, malgré des avertisse-
ments donnas par kt chimiste qui fournit le médicament, le malade
— 439 —
en fit un véritable abus. Le 27 janvier, à huit heures du matin, on
le trouva mort dans son lit. Lorsque M. Hunt le vit, une heure
après, il trouva le corps encore partiellement chaud, avec la face
pâle et calme, sans traces de vomissements, sans rien qui donnât
lieu de supposer que la terminaison fatale eût été précédée d'aucune
agitation. On sut de la gouvernante du défunt qu il avait pris l'ha-
bitude de prendre de Thydrate de chloral le soir en se couchant, et,
en comparant le flacon trouvé chez lui aux notes du chimiste qui
avait fourni le médicament, on calcula qu'il avait dû, dans les dix
jours précédant sa mort, en prendre 14 drachmes (soit près de
55 grammes, ou 5 grammes et demi par jour). A l'autopsie, la plu-
part des organes furent trouvés en bon état. Les seules altérations
constatées furent les suivantes : concrétion blanche et lisse, de la
largeur de Tongle, dans la séreuse recouvrant la face antérieure du
ventricule gauche, sans adhérences ; estomac ample et distendu,
avec accroissement de la vascularité le long de la petite courbure
et vers l'extrémité cardiaque, où se voyaient aussi quelques petites
ecchymoses sous la men^brane muqueuse ; adhérences peu éten-
dues des membranes cérébrales de chaque côté du sinus longitudi-
nal supérieur^ avec d'anciens dépôts fibrineux ; les méninges gé-
néralement congestionnées, et contenant environ 1 once de sérosité
rougeâtre ; circonvolutions remarquablement larges et pâles ; sub:
stance cérébrale pâle, molle et friable ; pas d'augmentation de vas-
cularité en aucun point, à Texceptiou du plexus choroïde ; pas
d'épanchement dans les ventricules ni d'extravasation de sang.
Tels senties faits que nous avons pu recueillir dans la presse an-
glaise ; nous les avons rapportés tels que les auteurs les ont publiés,
et avec les commentaires de l'un d'eux, mais en abrégeant ces der-
niers. Ces faits méritent d'être pris en sérieuse attention, car s'ils
ne sont pas tous peut-être à l'abri de quelques objections relati-
vement à rintervention du chloral dans leur production (ce que
Texpérience pourra éclaircir], les principaux ne laissent mal-
heureusement pas d'incertitude sur la réalité des dangers que peut
entraîner cette substance. Ce n'est pas à dire, sans doute, qu'il
faille renoncer à son emploi ; elle nous paraît au contraire ap-
pelée à rendre de véritables et grands services dans la thérapeu-
tique, comme le prouvent surabondamment les faits nombreux
désormais acquis, et qui démontrent ses bienfaits dans beaucoup
d'affections nerveuses. Mais il y aura lieu d'étudier avec soin ses
effets, afin d'arriver à discei:ner les cas morbides où elle peut être
employée sans inconvénient, et ceux où *elle se trouvera contre-
indiquée (I). D'A. Gàuchbt.
— *^^ III I I I I ■■! I I I II..
(1) Aux faits continus dans cet article et dans celui que nous avons publié
— 410 —
Une formale pour le traltemeni de la eUoredei
Par K. le doetear Dblioux di Sàtxgràc.
C'est une grande erreur de croire qu'avec le fer seul on pour-
rait guérir une chlorose. La chlorose, qui est essentiellement une
maladie de femme^ différente de l'anémie^ et dans laquelle l'ané-
mie ou plutôt Taglobulie n'est qu'un élément, o&e bien d'autres
indications que l'administration du fer. Yoici^ par exemple, une
formule que je propose pour répondre aux indications les plus or-
dinaires de 4a chlorose :
Pr. : Tartrate ferrico-potassique .... 10 grammes.
Poudre d'aloës 2 —
— de castoréum 2 —
— de safran • 1 —
Térébenthine de Venise Q. S.
F. S. A. cent pilules. La quantité de térébenthine, nécessaire
pour donner à la masse la consistance pilulaire convenable est
d'environ 5 grammes ; chaque pilule sera donc du poids de 20 cen-
tigrammes et contiendra 10 centigrammes de tartrate ferrico-po-
tassique.
Administrez ces pilules au nombre de trois par jour, en commen-
çant ; augmentez graduellement d'une pilule par jour, en vous ar-
rêtant au nombre nécessaire pour obtenir et maintenir la liberté du
ventre, sans aller jusqu*à la diarrhée ; on diminuerait la dose en pré-
sence de cet accident. On arrive ainsi jusqu'à six et neuf par jour; il
est rare que Ton soit obligé d'en prescrire jusqu'à douze. Fraction-
nez la dose journalière de ces pilules en trois prises : la première
le matin à jeun, la deuxième au commencement du déjeuner, la
troisième au commencement du dîner. Il est généralement avanta-
geux de consommer plus de pilules à la première prise qu'aux deux
suivantes. A jeun, après le repos de la nuit , Testomac est mieux
disposé à la digestion et à l'absorption des substances médicamen-
dans notre livraison du 30 avrils il est nécessaire d'ajouter : 1» an cas de
mort qui parait également devoir être attribué au cbloral et qu'on voit rap-
porté dans la Correspondance^ à la page 465 de ^/le Ianc6^, numéro du i«' avril,
sous le titre de : Action of Chloral on the Blood ; 2» et d'autres encore qui,
d'après la Gazette hebdomadaire (no du 9 juin), se trouvent dans le Médical
Times, 1871. Nous nous proposons de rechercher ces derniers et de les ré-
sumer pour nos lecteurs.
— 441 —
teuses. Si parmi celles-ci il s'en trouve que Ton destine à faroriser
les évacuations intestinales, il est plus commode pour le sujet d'en
éprouver l'impression dans le cours delà matinée. En conséquence,
la dose ordinaire de ces pilules étant de six par jour, le plus habi-
tuellement je les répartis ainsi : trois le matin^ deux vers midi, une
le soir. De même^ si j'en dois prescrire un nombre impair, c'est la
fraction la plus forte qui sera réservée pour la première prise de la
journée.
U me reste maintenant à justifier la composition de cette for-
mule et à en spécifier les indications.
Le fer y tient la première place. La préparation de ce métal dont
je fais choix est incontestablement Tune des meilleures. Elle est
très-soluble, mieux supportée que beaucoup d'autres par les esto-
macs délicats, et dispose moins à la constipation. Elle jouirait même
d'un avantage spécial^ si l'on prend en considération de récentes
analyses du sang^ lesquelles auraient démontré que, tandis que les
sels de soude sont abondants dans le plasma sanguin^ les sels de
potasse se groupent particulièrement dans les globules. Le sel double
dont il s'agit apporterait donc à la reconstitution globulaire du sang
deux éléments au lieu d'un, le fer et la potasse, et serait ainsi, phy-
siologiquement parlant, plus rationnel que les sels simples de fer
et que les sels doubles de fer et de soude ou d'ammoniaque.
L'un des symptômes les plus habituels de la chlorose est la con-
stipation ; on la trouve à un degré plus ou moins prononcé chez
la plupart des femmes atteintes de chlorose^ de même que chez
beaucoup de celles qui , étant ou non chlorotiques, sont atteintes
de leucorrhée, d'aménorrhée ou de dysménorrhée. Ce fait n'avait
pas échappé à l'attention de nos prédécesseurs du dernier siècle et
du commencement de celui-ci, qui plus souvent que nous, ainsi
qu'on peut en juger par les anciens formulaires, unissaient les pur-
gatifs aux ferrugineux dans le traitement de la chlorose. L'aloès
possède les propriétés multiples des toniques amers, des purgatifs,
et surtout des purgatifs qui congestionnent les vaisseaux sanguins
de la région ano-génitale. U agit donc à la fois comme stomachi-
que, comme évacuant, comme emménagogue.
La femme chlorotique est très -fréquemment affectée d'une
tympanisation abdominale, parfois excessive, parfois même doulou-
reuse, avec de bruyants déplacements de gaz^ mais seulement inté-
rieurs, ce qui prolonge indéfiniment l'état tympanique de l'abdo-
men. Le castoréum est Tun des meilleurs moyens à opposer à cette
— 4é2 —
pneumatose], à ces coliques flatulentes ; en même temps ^ par ses
propriétés antispasmodiques il agit contre les divers troubles ner-
veux qui font partie du cortège de la chlorose ; par son influence
spéciale sur Tutérus il favorise Tapparition et la régularisation du
flux menstruel. Il facilite aussi les évacuations normales de l'in-
testin.
Le safran est un calmant^ et il entre certainement pour quelque
chose dans Taction sédative du laudanum. Je le juge susceptible
d'apaiser^ avec le castoréum^ qui est aussi un calmant, les lésions
nerveuses des organes digestifs, traduites par diverses formes de
soufirance et si communes dans la chlorose. Il est plus connu comme
emménagogue, et en effet son intervention peut être des plus utiles
pour vaincre Tinertie ou le spasme qui met obstacle à Tapparitiozi
des menstrues.
La térébenthine ^ en reliant comme excipient les divers ingré-
dients de ma formule^ a en outre pour but de combattre la leucor-
rhée^ accompagnement très-fréquent de la chlorose. Elle est tonique
et antinévralgique : elle aide et concourt à Taction purgative de
l'aloès, à l'action laxative du castoréum. Elle s'adresse donc aussi à
plusieurs des éléments morbides de la chlorose.
Je n'ai pas la prétention d'offrir ici un spécifique de cette mala-
die ; je recommande seulement une combinaison d'agents théra-
peutiques^ rationnelle en principe^ et dont une longue expérience
clinique m^a prouvé l'efficacité. L'application de ma formule^ d'ail-
leurs^ n'exclut pas Temploi de tout autre remède approprié aux cas
divers^ et j'y introduis même des modifications selon les circon*
stances. Ainsi, lorsque Taloès agit trop vivement sur les intestins,
je le remplace par de la rhubarbe; si^ au contraire, la constipation
reste opiniâtre, j'ajoute un peu de résine de jalap , de résine de
scammonée, ou de gomme-gutte. Si le ventre est et demeure libre,
j'élimine toute substance purgative. Je maintiens le castoréum et
le safran, parce que j'ai surtout en vue d'utiliser la formule en
question chez les chlorotiques dont les règles manquent, tardent ou
coulent insuffisamment. L'aménorrhée est en effet l'un des^symp-
tômes les plus ordinaires de la chlorose et qu'il importe le plus de
combattre. S'il s'agissait au contraire d'une chlorose ménorrhagi-
que, plus fréquente à l'âge de la ménopause qu'à celui de la pu-
berté, mes pilules ne conviendraient plus, et il faudrait là un autre
traitement dont je parlerai dans un prochain article.
Quant à ja térébenthine , lorsque je crois qu'elle agit trop vive-
— 443 —
ment sur certains estomacs, ou qu'elle proroque des ooliqued et de
la diarrhée, je la remplace par le baume du Pérou.
En résumé, je conseille mes pilules antichlorotiques spéciale-
ment dans les cas de chloroses où se trouyent> plus ou moins ex-
primés les éléments morbides suitants :
Pâles couleurs, appauvrissement de sang, affaiblissement mus-
culaire, mobilité nerveuse, palpitations et spasmes divers, gastral-
gie ou dyspepsie, pneumatose intestinale, constipation, aménorrhée
ou dysménorrhée, leucorrhée.
THÉRAPEUTIQUE CHIRURCICALE
Des hémorrhagle* daiMi les plaies d'armes à Êeu^
esiialsse des ambalanees de Hacaenaa el de 0inislN»«rs9
Par M. le doctenr B. Boeckbz., profeiseur agrégé (l).
Les hémorrhagies sont Tun des accidents les plus graves et les
plus émouvants qui se présentent dans la pratique des plaies de
guerre. Généralement on n'a que des hémorrhagies secondaires à
combattre, non que les hémorrhagies primitives soient en réalité
aussi rares qu'on a bien voulu le dire, mais parce qu'elles n'ar-
rivent pas d'ordinaire à l'observation du médecin. Si une grosse
artère est ouverte, la perte de sang entraîne le plus souvent la mort
dans l'espace de quelques minutes, et la victime est jetée dans la
fosse commune avec des centaines d'autres, sans qu'on s'enquière
des causes de la mort. Si l'artère atteinte est de moindre calibre,
ou si sa déchirure est incomplète, une syncope bienfaisante met un
terme à Técoulement sanguin. Ce fait reste ignoré à Tambulance,
où la blessure est considérée comme une plaie simple, jusqu'à ce
qu'une hémorrhagie secondaire vienne révéler la lésion vascu-
laire.
Il faut donc se garder d'appliquer aux blessures par armes à feu
la théorie des plaies contuses, d'après laquelle les artères déchirées
ne saignent pas, par suite du recoquillement de leurs tuniques in-
ternes et de la torsion de leur tunique externe ; cela n'est vrai que
(1) Gommunication faite à la Société de médecine de Strasbourg, le 2 fé-
vrier 1871. {Gaz, méd. de Strasbourg^ mai 1871.)
— 444 —
pour les déchirures par élongation. Mais quand une artère est at-
teinte en plein par une balle, elle se comporte comme si elle était
divisée par un instrument tranchant.
On ne peut guère constater ces détails dans la bagarre des com-
bats ; mais quelques observations faites en temps de paix en four-
nissent la preuve. Ainsi l'un des premiers accidents occasionnés
par le fusil chassepot eut lieu à Lyon^ il y a deux ou trois ans,
pendant la vérification des armes. Un fusil couché sur une table
partit par suite d'une maladresse, et atteignit un sous-officier au
pli de Kaine, exactement au niveau de Tartère fémorale ; le blessé
périt par hémorrhagie avant qu'on pût lui porter secours. Il existe
d'autres exemples de ce genre.
Néanmoins on doit reconnaître que la plupart des hémorrha-
gies primitives mortelles, produites par des balles, proviennent de
lésions des organes internes, et qu'aux membres les artères d'un
certain volume sont rarement déchirées en travers, puisqu'elles
fuient le plus souvent devant les corps étrangers.
Il n'en est plus de même pour les blessures des gros projectiles.
Les boulets pleins d'autrefois broyaient les membres ou les em-
portaient sans hémorrhagie primitive notable.
Les fragments d'obus, au contraire^ par leurs bords tranchants
et déchiquetés, coupent les vaisseaux sans mettre obstacle à la perte
de sang. Aussi la plupart des blessés qu'on apportait aux ambu-
lances de Strasbourg^ avec une lésion d'une artère un peu impor-
tante^ arrivaient-ils presque exsangues, malgré le faible trajet à
parcourir. Un certain nombre d'entre eux étaient tellement bas,
qu'on ne pouvait plus songer à les opérer, ou le chirurgien était
obligé de le faire dans des conditions déplorables. D'autres présen-
tant des fractures, susceptibles de guérison, durent être amputés à
cause d'hémorrhagies concomitantes.
Il serait inutile d'en rapporter des exemples, qui n'ont été que
trop nombreux pendant le siège de Strasbourg, et l'on aura, sans
doute, fait des observations analogues dans les autres villes bom-
bardées.
Je ne citerai qu'un cas, pris parmi ces nombreux accidents par
obus qui se présentent encore chaque semaine, et qui sont dus à
l'imprudence avec laquelle les gens du peuple manient ceux de ces
projectiles dangereux qui sont tombés sur notre ville sans éclater.
Obs. I, Blessure de la jambe par éclat d'obus; fracture dupé-
— 448 —
roné; hémorrhagie primitive; ligature des artères tibiale posté"
Heure et pêronière. Gangrène de la jambe ; amputation de cuisse ;
mort par hémorrhagie consécutive. (Observation recueillie par
M. Blazer, interne.) — Aloyse Schœffer, âgé de dix-neuf ans, garçon
brasseur à Schiltigheim, est apporté à l'hôpital de Strasbourg,
dans la soirée du 3 novembre 4870, pour une blessure par éclat
d'obus.
Quelques heures auparavant, il était occupé avec deux de ses
camarades à décharger un obus. Après l'avoir vidé aux deux tiers,
ils ont la malheureuse idée d'y jeter un charbon ardent pour brûler
le reste de la poudre. L'obus éclate et Tun des imprudents est tué
sur le coup ; je second a le haut du bras broyé, de façon à néces*
siter la désarticulation de l'humérus ; il guérit de sa mutilation
sans accidents. Ënfm Schseffer a la jambe gauche traversée par
un fragment. Il peut encore faire quelques pas, en perdant beau-
coup de sang, et l'hémorrhagie irest pas complètement arrêtée
quand on l'apporte à Thôpital en même temps que son camarade.
En Texammant peu de temps après son arrivée, on constate à
la partie postérieure de la jambe, juste au-dessous du mollet, une
plaie décniquelée, à bords noircis, de la grandeur d'un écu de
cinq francs. C'est l'ouverture d'entrée du projectile, qui est ressorti
en avant à la même hauteur, par le milieu de l'espace interosseux.
Des deux côtés des lambeaux musculaires et aponévrotiques font
hernie à travers les plaies, dont la postérieure laisse échapper un
filet de sang vermeil. Le tibia est intact ; mais le doigt introduit
dans l'ouverlure postérieure y rencontre des fragments du péroné.
Le blessé, d'une forte constitution, est anémique, mais parfai-
tement à lui et explique la manière dont l'accident s'est produit.
En présence de l'intégrité du tibia, je me décide pour la conser*
vation du membre ; mais il faut arrêter Thémorrhagie, qui est
évidemment de nature artérielle. Les trois artères principales de la
jambe se trouvant toutes sur le trajet du projectile, il est impossible
de savoir laquelle est blessée. Un instant j'eus l'idée de lier l'artère
fémorale ; mais ayant plus de conOance dans la ligature directe, je
me décide à débrider la plaie postérieure pour chercher la source
du sang, pendant qu'un aide fait la compression au pli de l'aine.
Arrivé entre la couche des muscles superficiels et profonds de la
jambe, je constate que l'artère tibiale postérieure est déchirée. Le
bout supérieur est rempli par un caillot, j'y applique un fil pour
plus de précaution ; le bout inférieur, qui donne un jet de sang
faible, mais continu, est lié également. Néanmoins l'hémorrhagie
continue; je me dirige alors plus en dehors vers l'artère péronière,
qui est également atteinte et dont je lie les deux bouts. Le nerf
tibial, qui sépare les deux vaisseaux, n'est plus représenté que par
quelques filaments de tissu connectif.
A ce moment il vient encore un petit filet de sang de la partie
profonde du trajet, dans la direction du ligament interosseux, ce
qui fait craindre que l'artère tibiale antérieure ne soit également
lésée. Cependant, après avoir débridé l'ouverture antérieure, je
TOMI LXXX. 12* LIVR. 3^
puis écarter le« muscles ^t (n'assurer de rintégrité de ce yaisaaau,
qui bat sous le doigt. Une petite éponge imbibée d'alcool, placée au
fond de la plaie derrière le tibia, achève d'arrêter toute hémor-
rhagie.
Après avoir enlevé quelques fragments mobiles du péroné^ le
membre est placé dans une boîte de lUudens, recouvert par une
couche de ouate^ sans aucune constiiction qui pourrait gêner la
circulation du sang, déjà si compromise.
A novembre. Il n'y plus eu ahémorrbagie^ quoique le malade
ait été très-agité toute la nuit. Le pied blessé s'est très-bien ré-
chauffé ; il est même plus chaud que celui du côté opposé. C'est
un signe de mauvais augure, puisque cela indique que la circula-
tion se fait par les capillaires.
5 novembre» Le pronoitic commence déjà à se vérifier ; le pied
gauche est sensiblement plus froid que le droit, et le malade y
ressent des fourmillements douloureux. Le tampon placé dans la
profondeur est retiré sans hémorrhagie. Pansement désinfectant
au sulfite de soude,
6 novembre. Le pied gauche est froid et prend une teinte bleuâtre ;
crépitation emphysémateuse. Affaissement du malade. Tempéra-
ture, a9%4. Pouls, 108.
7 novembre. La gangrène est manifeste dans la moitié inférieure
de la jambe ; une infiltration douteuse s'étend jusqu'au genou. Ou
se décide, comme dernière ressource^ à une amputation de cuisse
qui ne présente rien de particulier, si ce n'est une consistance pois-
seuse du sang.
8 novembre. Grande agitation du malade, vomissements fré-
quents. Température, 37®,6 le matin, SQ^^^S le soir. Le pouls fai-
blit et devient très-fréquent.
Vin chaud. Glace.
9 novembre. Même état. Température, 38<*,8. Dans la soirée le
malade s'afiaisse subitement et, quand on arrive, on le trouve bai-
gné de sang. 11 expire quelques instants plus tard.
A l'autopsie on constate ^ue la ligature de la fémorale a com-
plètement coupé l'artère, qui ne renferme aucune trace de caillot.
*
En présence de cette terminaison funeste, on peut regretter de
n'avoir pas pratiqué l'amputation immédiate du membre , mais
non d'avoir préféré la ligature directe à la ligature éloignée. Cette
dernière n'aurait sans doute pas prévenu le résultat fatal. Quanta
l'amputation, je Tai rejetée au début à cause de l'intégrilé du tibia.
Si les hémorrhagies primitives sont rai*ement observées, en rai-
son des circonstances que nous avons signalées plus haut, il n'en
est plus de même des hémorrhagies consécutives. Cependant, à
blessures égales, leur fréquence varie beaucoup selon l'état sani-
taire des ambulances. Plus la pyobémie et la pourriturç d'hôpital
y prédominent, plu^ aussi les hémorrhagies seroDt frëquen^ey et
plus elles seront difficiles à combattre. Par suite d'un état ulcéreux
des plaies, l'extrémité des artères blessées est corrodée et le caillot
oblitérateur se dissout. En même tenips le sang perd de sa plasticité
et, lors(]u'un fil est appliqué sur Tartre, il qe s^ forme pas de
bouchon fibrineux, ou celui-ci reste incomplet et ne contracte pas
d'adhérence avec la tunique interne. Cette circonstance est donc
extrêmement défavorable pour Thémostase, quel que soit le moyen
qu'on adopte. Même la ligature du tronc de Tc^itère, à une cer-
taine distance au-dessus de la plaie^ ne donne qu'un répit mo-
mentané, à moins qu'on ne parvienne dans cet intervalle à modi«
fier Tétat général du blessé, sinon Thémorrhagie se reproduit à
Tendroit même oii Tarière a été liée dans la continuité.
Obs. II. — A Haguenau, vers la fin d'août, je fus appelé au
milieu de la nuit, dans une maison particulière, auprès d'un lieu-
tenant d'artillerie qui avait été amputé de la cuisse, par un de
mes collègues, une dizaine de jours auparavant. Le blessé était
très-aifaibli, anxieux, en proie à une fièvre intense ; déjà la veille
il avait eu une petite perle de sang qu'on avait arrêtée par tam-
ponnement. Le moignon était douloureux, couvert d'une couche
grisâtre, et fournissait une sanie mince. 11 fallut recourir à Tanes-
thésie pour pouvoir l'examiner convenablement. On constata alors
que le sang provenait de l'artère du nerf sciatique. Deux fois je
saisis le point qui fournissait le sang, mais chaque fois les tissus
se déchirèrent sous l'étreinte de la pince. Mais voyant que la com-
pression au pli de l'aine suspendait Thémorrhagie, je hai la fémo-
rale, séance tenante, au-dessous du ligan^nt de Fallope. Un léger
suintement qui continuait fut arrêté par un tampon au perchlorure.
Le blessé succomba huit jours plus tard à la pyohémie^ sans re«
nouvellement de la perte de sang.
Dans l'observation suivante l'hémorrhagie m'a paru produit^
également par l'action corrosive du pus sur le caillot artériel. Elle
a été arrêtée avec succès par la ligature directe.
Obs. III. Blessure, par obus, de la iibiale postérieure. Abcès
profond de la jambe; hémorrhagie secondaire. Ligature de la ti-
ôiale. Guérison. — Schœnborn, Léonard, âgé de soixante-deux
ans, cordonnier de son état^ fut blessé pendant le bombardement
de Strasbourg. 11 était installé avec toute sa famille dans une
chambre basse, au rez-de-chaussée, donnant sur le quai Saint-
Thomas. Les fcqêtres étaient fermées par des volets pleins et gar-
nies de matelas. Le 36 août 1870, un obus de i^, lancé par une
batterie volante, traversa ce blindage incomplet et vint éclater au
milieu de la famille. Un petit enfant de deux ans fut tué sur le
— 448 —
coup ; la fille et le gendre de Schœnborn reçurent des blessures
assez graves aux pieds. Lui-même eut la jambe gauche fracassée
et fut en outre atteint à la jambe droite. Transporté à l'hôpital ci-
vil, M. le professeur Rigaud lui pratiqua immédiatement rampu-
tation du côté gauche ; à l'autre jambe un éclat d'obus avait écorné
la crête du tibia et pénétré dans l'espace interosseux. Quelques
jours plus tard il se forma un abcès dans le mollet et Ton y passa
un tube de drainage.
A la fin de septembre, quand M. Rigaud me remet son service,
le malade se trouve dans Tctat suivant : il est pâle, amaigri , en
proie à une fièvre intense^ causée par une vaste collection puru-
lente développée dans le mollet droit et qui ne se vide pas '*par le
tube de drainage. La crête du tibia est à nu un peu au-dessus du
milieu de la jambe et en voie de nécrose. La plaie du projectile^ qui
pénètre à côté de ce point dans l'espace interosseux , a fourni la
veille une hémorrhagie. Celle-ci s'est renouvelée dans la nuit et a
nécessité un bandage compressif serré. Quant à la plaie d'ampu-
tation de la jambe gauche^ elle est pâle et flasque, mais du reste
en bon état.
Le 4" octobre, au moment de la visite, il n'y a plus d'écoulé^
ment de sang, mais on ne peut laisser le blessé sous le coup d'une
troisième hémorrhagie qui l'emportera infailliblement. Je songe
un instant à la Hgature de la fémorale, étant dans l'incertitude sur
l'artère lésée. Cependant les probabilités sont pour la blessure de
latibiale postérieure^ d'après le trajet de la plaie, et comme il faut
de toute façon fendre le mollet pour ouvrir la collection de pus, je
me décide à faire une tentative de ligature sur place.
En conséquence, une incision de 10 centimètres divise les tissus
vers le tiers supérieur de la jambe, à deux travers de doigt en
dedans du tibia, et ouvre le foyer purulent qui se trouve entre la
couche des muscles superficiels et profonds de la jambe.
Après avoir bien abstergé la cavité, on découvre un point sur le
trajet de l'artère tibi aie qui fournit du sang rutilant. Le vaisseau
est dénudé et lié au-dessus et au-dessous de ce point. Toute hé-
morrhagie cesse aussitôt. La plaie est maintenue béante pour assu-
rer l'écoulement du pus et soumise à des pansements répétés an
sulfite de soude. Régime tonique.
Sous l'influence de ce traitement, les forces se relèvent et la vaste
plaie du mollet se comble de bourgeons de bonne nature.
Cependant vers la fin d'octobre il survient un nouvel arrêt dans
la guérison. Le malade perd l'appétit et a de la diarrhée. On l'en-
gage à rentrer chez lui pour le soustraire à l'influence nosoco-
miale. Il a de la peine à se relever; mais à la fin de décembre j'ai
la satisfaction de constater que la guérison est à peu près complète
des deux côtés et que l'état général est excellent.
En janvier J87i il commence à marcher avec des béquilles, en
appuyant sur la jambe droite, qu'on a pu conserver.
Voilà donc deux exemples d'hémorrhagies arrêtées primitive-
— 449 —
ment par un fil ou un thrombus, et qui reparaissent sous Taction
corrosive d^un pus de mauvaise qualité qui détruit le travail d'ob-
litération commencé.
Ces hémorrhagies pourraient être dites septicokêmiques ; d'au->
très se produisent par action mécanique. Ce sont les secousses
d'un transport trop rude, ou une impulsion cardiaque exagérée par
suite d'émotion ou de fièvre qui détache le caillot oblitérateur.
D'autres fois une esquille en voie d'élimination ulcère une
artère, ou le stylet trop zélé d'un aide inexpérimenté dérange le
travail d'oblitération.
C'est probablement à l'une de ces dernières causes qu'est due
Thémorrhagie suivante :
Obs. IV. — Un zouave d'une forte constitution fut atteint à la
bataille de Wœrth par deux balles qui frappèrent la partie
moyenne de chacun des tibias. Il en résulta une fracture commi-
nutive des deux jambes. On lui appliqua dans la journée deux ap-
pareils plâtrés, fenestrés au niveau des plaies, et il fut évacué à
Haguenau dans Tambulance de l'école des frères. Peu de gonfle-
ment et de réaction les premiers jours, malgré le transport. Plus
tard il fallut élargir les plaies cutanées et extraire de nombreuses
esquilles ; mais la suppuration resta de bonne nature et tout
semblait promettre la guérison de cette double lésion si grave,
quand, vers la fin d'août , il se déclara à la jambe droite des
hémorrhagies, qui se laissèrent chaque fois arrêter par un tam^
ponnement modéré, mais qui se répétèrent plusieurs jours de suite
et affaiblirent le blessé au point que je jugeai prudent de l'amputer.
Malheureusement le membre amputé fut jeté sans que j'aie pu
m'assurer de la cause véritable de Thémorrhagie. Cet homme
guérit parfaitement de son amputation et de son autre fracture
comminutive, et, en janvier 1871, je le vis passer à Strasbourg,
en bonne santé, pour rejoindre le dépôt de son régiment.
Il faut avouer cependant que les influences mécaniques que je
viens de citer causent rarement à elles seules des hémorrhagies,
quand la nature de la plaie artérielle n*y prédispose pas. Si une
artère, même du volume de l'humérale ou peut-être de la fémorale,
est divisée complètement en travers^ Thémorrhagie primitive em-
porte souvent le malade ; mais si elle est arrêtée, soit par une
syncope, soit par un pansement approprié, il ne survient plus
d'hémorrhagies consécutives tant que les conditions sanitaires
restent bonnes. Le travail de cicatrisation de Tarière, préparé par
la formation d'un thrombus et la rétraction des parois vasculaires,
s'achève sans encombre.
— 4»Ô —
D n'en est plus de même quand une artère, même beaucoup
plus petite, est divisée incomplétejïbnt ou dans le voisinage immé-
diat d*une forte collatérale. Une blessure de ce genre entraîne
presque forcément à sa suite rhémorrbâgie secondaire, quelcjue
bonnes que soient les autres conditions. Dans les cas les plus fa-
vorables, il estTrai, la plaie des parties molles se cicatrise, mais il
se produit un anévrysme ; encore cette terminaison est-elle rare.
Ces conséquences des plaies artérielles incomplètes ont été par-
faitement étudiées par les chirurgiens du commencement de ce siè-
cle et leurs recherches sont trop connues pour que je les rappelle
ici ; mais, tout en les connaissant, on en tient, en général, peu
compte dans la pratique. Et cependant elles ont une importance
majeure : en effet, si les lésions de Tarcadc palmaire donnent lieu à
des hémotrhagies si rebelles, c'est que les plaies de ce vaisseau se
trouvent presque fatalement à côté d'une collatérale, vu le grand
nombre de branches qui en naisseiit. D'un autre côté, toutes les
hémorrhagies à répétition que j'ai vues succéder à la blessure acci-
dentelle d'une artère radiale ou cubitale, coïncidaient avec une di-
vision incomplète de ces vaisseaux.
Les hémorrhagies de ce genre commencent ordinairement dès
les premiers jours après la blessure ; par des bandages compressifs
ou le tamponnement au perchlorure, oii les suspend mômentané-
iftènt ; knais, comme la cicatrisation définitive dé Tartërè n'est pas
possible dans ces conditions, la perte de sang reprend. La ligature
éloignée aussi n'apporte qu'un secours temporaire^ à moins de
provoquer l'oblitération complète de tout le tube Artériel depuis la
ligature jusqu'à l'endroit blessé. Or on sait que ce n'est pas le
cas ordinaire et qu'au bout de quelques jours la circulation se ré-
tablit le plus souvent dans le vaisseau au-dessous du point lié. Cet
espace de temps eût été suffisant pour la cicatrisation d'une artère
divisée complètement en travers, mais non d'une artère simplement
entamée.
Ces considérations s'appliquent également aux plaies par armes
à feu, quoique les balles entament rarement une artère comme le
ferait un instrument tranchant. Par contre, en les frôlant, elles les
contusionnent et provoquent la nécrose d'une portion de la paroi.
A la chute de l'escharct le cylindre artériel se trouve entamé et
nous nous trouvons en présence d'une plaie artérielle incomplète
avec toutes ses conséquences graves. C'est ordinairement du hui-
tième au douzième jour (\ue l'escharc commence à se détacher, et
— 481 —
c'est aussi à ce moment que les hémorrhagies proTënant de cette
cause se déclarent presque ëpidëmiquetnont dans les ambulance^.
Ordinairement une ou deux petites hémorrhagies prémonitoires
précèdent le moment critique ; sans doute Teschare se détache
d'abord en un point très-limité qui fournit la petite quantité de sanj^.
A Haguenau, dii jours après la bataille de Wœrlh, j'ai lèii à
lier deux artères blessées de cette manière.
Obs. V. Fracture de l'omoplate par balle. Lésion de VartkYe
scapulaire commune. Anévrysme faux^ hémorrhagies. Ligature de
l'artère au fond de la tumeur. Guérison, — Laurent Lafon , du
2® régiment de zouaves, reçoit le 6 août 1870 une balle qui pé-
nètre vers le milieu du moignon de Pépaule gauche et sort à côté
de l'épine de la onzième ou douzième vertèbre dorsale.
L'humérus est intact ; le doigt introduit dans Touverture d'en-
trée ne constate pas de fracture ; aucun signe de lésion thôracique.
Compresses d'eau fraîche.
La suppuration devient bientôt très-abondante et vers le 12 août
elle est mêlée d'un peu de sang, en même temps que la partie pos-
térieure de l'épaule devient le siège d'un gonflement considérable.
Première hémorrhagie légère par les deux trous de balle, le
14 août. Elle est arrêtée, par le docteur Strauss^ qui dirige alors
l'ambulance, au moyen du tamponnement; mais elle se Nîpète
plusieurs fois dans la journée du 15 août.
Le lendemain, 46 août, M. Strauss me prie de voir le blessé,
qui est déjà très-aiTaibli et qu'on ne peut laisser plus longtemps
dans cet état. Je constate k la partie postérieure de l'épaule uil
gonflement diifus^ élastique, qui présente le volume d'une tête d'ett*
faut à terme et est animé d'un mouvement d'expansion isochrone
au pouls. Les battements sont faibles, mais cependant indubitables.
Bruit de souffle lointain.
Il est évident que nous avons affaire à un anévrysme faux, diffus^
de la scapulaire commune ou d'une de ses branches, à en juger
d'après le siège de la tumeur, et je me décide à l'opérer par l'in-
cision directe.
A cet effet le malade est anesthésié et couché sur le côté sain ;
puis je pratique sur la partie la plus saillante de la tumeur une in-
cision de 1(>-12 centimètres dans la direction du bord postérieur
du deltoïde. Je tombe dans une vaste cavité remplie en partie it
caillots stratifiés et en partie d'un mélange de sang et de pus. Au
fond un vaisseau assez volumineux fournit du sang rutilant. L'in-
dex gauche^ introduit de toute sa longueur dans la plaie, le com-
prime contre le bord axillaire de l'omoplate, qu'on trouve ft'acturé
à ce niveau, avec des bords très-tranchants. La vraie difficulté
consiste à passer un fil autour de l'artère à cette profondeur, sut-
tout sans instrument approprié. Je fais monter une aiguille à su-
turc courbe par sa pointe dans un porte-aiguille, et le chas muni
d'un fil me sert à passer une ligature au-dessus et an-dessous du
— 452 —
point lésé, que j'ai dégagé préalablement avec la sonde cannelée.
Aussitôt la soie serrée, l'hémorrhagie s'arrête. La plaie est molle-
ment remplie de charpie et le bras fixé sur un coussin contre le
thorax.
Dès le lendemain le pansement fut régulièrement renouvelé
matin et soir, et la guéri son de cette vaste plaie marcha sans en-
combre, avec éliminations de quelques esquilles.
A la fin de septembre, quand je quittai Haguenau, toutes les
E laies étaient fermées, et le malade commençait à se servir de son
ras ; Tarticulation scapulo-humérale était tout à fait libre.
M. le professeur Sédillot a parlé de ce cas dans son intéressant
article sur la chirurgie de guerre (1). Mais il a commis une légère
inexactitude en parlant d'une fracture de l'humérus au lieu d'une
fractiure de l'omoplate.
Il n^est pas absolument certain que chez ce blessé Thémorrha*
gie ait été la suite d'une contusion artérielle ; le vaisseau a peut-
être été blessé par les fragments tranchants de Tomoplate que j'ai
constatés pendant Popération. Dans l'observation suivante, au con-
traire, la contusion est hors de doute.
Obs. VI. Anévrysme faux de la brachiale par blessure de balle,
Hémorrhagies. Ligature des deux bouts de l'artère. Guérison.
»- Claude Ancey, du 56* régiment de ligne, natif de la Haute-Sa-
voie, reçut à la bataille de Wœrth une balle qui pénétra vers le
milieu du bras gauche, au bord interne du biceps, et sortit à la
partie postérieure du membre sans lésion d'os ni de nerfs ; hémor-
rhagie primitive insignifiante.
Il fut reçu à Haguenau dans une maison particulière, où M. Ar-
naud, chirurgien-major, atteint lui-même à Wissembourg d'un
double séton de balle au bras et à la poitrine, lui donna des soins.
Le 15 août, première hémorrhagie qui fut arrêtée par tampon-
nement.
Le 16 août, à sept heures du soir, nouvelle perte du sang for-
midable. On court en toute hâte à la pension où nous dînions,
pour appeler du secours. Je me transporte auprès du blessé avec
mon collègue, le docteur Blum, quoiqu'on nous assure que nous
arriverons trop tard. Nous le trouvons exsangue, en syncope.
M. Arnaud, malgré ses deux blessures, comprimait l'artère hu-
mérale, et son dévouement a certainement sauvé la vie à ce
soldat.
Entre les deux ouvertures de la balle, sur le trajet de l'artère
humérale, il existe une tumeur sanguine considérable, qui, jointe
à la violence de l'hémorrhagie, indique la nature de la lésion. Je
(i) GazetU médicak d$ Strasbourg^ 1870, n» 24, p. 275.
— 453 —
me mets immédiatement en demeure de lier Fartëre sur place,
malgré l'éclairage artificiel assez incomplet. Les téguments sont
divisés en long sur le trajet du vaisseau ; puis j'enlève les coagu-
lums rouges^ au milieu desquels se trouve une coque fibrineuse,
blanchâtre, en forme de nid d'hirondelle^ du volume d'une noi-
sette. C'est la poche de Tanévrysme faux, qui avait assez de con-
sistance pour pouvoir être enlevée et conservée dans de l'alcool.
En faisant alors lâcher la compression, je trouve facilement le bout
supérieur de l'artère, qui est serré par un fil. Mais le bout inférieur
continue à donner et^ pour pouvoir le saisir, je suis obligé de re-
chercher d'abord le nerf médian , derrière lequel je parviens à
découvrir et à isoler l'artère. En soulevant légèrement les deux li-
gatures^ j'achève de diviser la bandelette du vaisseau qui est restée
intacte.
La plaie est pansée à plat et^ après quelques jours de forte sup-
puration^ elle guérit rapidement sans nouveaux accidents.
En résumé, les observations que j'ai pu faire pendant cette
guerre, quoique assez restreintes par leur nombre, m'ont confirmé
dans ridée que^ dans les hémorrhagies traumatiques, il fallait
chercher avec persévérance à lier les deux bouts de l'artère dans
la plaie. La ligature du vaisseau dans la continuité^ entre la plaie
et le cœur, ne doit être considérée que comme un pis-aller. Cepen-
dant beaucoup de chirurgiens la pratiquent de préférence, parce
qu'elle constitue une opération brillante qu'on peut exécuter rapi-
dement et sûrement avec des connaissances anatomiques précises.
Mais si le but immédiat est facilement atteint, le but final, c'est-
à-dire l'hémostase, ne l'est d'ordinaire que pour une courte durée.
Après un temps qui varie de quelques heures à quelques jours,
rhémorrhagie reparait dans la plaie et l'on est bien heureux en-
core s'il ne s'en joint pas une seconde au niveau de la ligature.
On reproche à la ligature directe dans la plaie d'être difficile et
chanceuse ; on n'est jamais sûr, dit-on, de trouver Tarière qui
fournit le sang et Ton a fait alors des délabrements inutiles qui ag-
gravent la situation du blessé. Il y a du vrai dans ces objections,
mais il ne faut pas s'en exagérer la portée. Les incisions néces-
saires, quelque larges qu'on les suppose, si elles agrandissent la
plaie, ont par contre l'avantage de débrider un membre gonflé et
infiltré de pus et de sang ; sous ce rapport, elles simplifient même
la situation. Le plus souvent on trouvera l'ouverture du vaisseau,
si l'on ne craint pas d'élargir suf6samment la plaie. Dans toutes les
opérations que j'ai entreprises, j'y ai réussi quoique l'éclairage et le
nombre d'aides fussent souvent insuffisants. Mais, même si on ne
tfoùTaîf pas le Taîsseàu, le tatnponnement jetait bieti plils èffieâte
datis ia plaie débridée, puisqu'il arriverait plus sûrement sur To-
rifice vasculaire.
De plus, la ligature directe, si elle réussit, est bien plus sûre àa
point de vue db l'hémostase définitive. Il faut la pratiquer avec une
certaine prédilection, sinon les incertitudes de ropération font re-
culer le cdirurgien et, à chaque nouvelle hémorrhagie, il trouve
des prétextes pour recourir à la ligature éloignée.
CHIMIE ET PHARMACIE
Note star on pafiler siaapfiiiie acheté en Alnftleteriré ^
Par M. le docteur J. Jeankel.
Les droguistes anglais livrent au commerce, sous le nom de
papier de moutarde (mustard paper) ou de tissu sinapique {sina^
pine tis$ue)y un papier parfumé enduit à'euphorbium (résine d'eu-
phorbe). J'ai reproduit exactement cette préparation au moyen de
Talcoolé d'euphorbium (euphorbium, 1 ; alcool à 80,5), dont j'ai
étendu sur du papier pelure quatre couches successives, recouvertes
d*une couche d'alcoolé de Tolu. C'est une préparation élégante et
qui aurait un grand succès si elle était efficace. Malheureusement
ce papier est très-peu actif. Après Tavoir mouillé^ ainsi que le re-
commandent les vendeurs, je m'en suis appliqué une pièce sur la
peau de Favant-bras ; au bout de quelques minutes j^ai éprouvé
une sensation de brûlure acre rappelant Turtication \ mais cet effet
ne s'est pas soutenu, et six heures après, Tem plâtre^ que j'avais
oublié, n'avait produit sur la peau qu'une rougeur à peine appré-
ciable. Les effets du papier imité par moi ont été à peu près sem-
blables. C'est donc une préparation infidèle et qui ne saurait en
aucune façon remplacer le véritable papier sinapique.
0ar i|aeli|«ie« propriétés de ralbamlDe de i*itea#^
Par M. A. Petit (i).
Dans une note adressée le 4 décembre 1865 à TÂcadémie des
sciences, j'ai constaté que presque tous les acides minéraux ou
fi) Ndlii èàtiliAUnHtLte 1 li S^te cMttiaâè de Pirié.
organiques s'opposent à la coagulation par la chaleur deh solùtiotisi
étendues d'albumine.
Cette albumine, chaufiëe en prdseiice des acides^ prend des
ptopriétés nouvelles. Elle devient pféci pi table par la potasse et
l'amtnotiiaque, comme s'il s'agissail d'un oxyde métallique.
Prenons Une solution faite avec un dixiëme dé blanc d'oéuf et
neuf dixièmes d'eau distillée. Elle est parfaitement transparente
après filtration^ et n'est pas troublée par une addition de potasse ou
d'ammoniaque. Elle se trouble légèrement si Ton sature l'alcali
libre qu'elle renferttiô.
Si nous ajoutons à 10 centimètres cubes de cette solution une
dizaine de gouttes d'acide acétique concentré, elle devient précipi-
table par la potasse, mais ne Test pas encore par l'ammoniaque.
En faisant bouillir cette liqueur acidulée, elle reste parfaitement
transparente, et devient précipitable hoii-seulemeut par la po-
tasse, mais aussi par l'ammoniaque.
Ces tHôdifications sont accompagnées d'iin changement dans les
propriétés polarimétriquës.
La solution albumineuse primitive (solution au dixième) manque
2 degt-és à droite au t)olarimètre dé Soleil, en se servant d'un tube
de 20 centiniètres de tbng^ et t degrés après Tébullition au contact
de Tacide acétique.
L'addition des alcalis à la liqueur acétique chauffée précipité
totalement l'albumirie^ sans qu*il soit nécessaire d'aller jusqu'à la
Saturation. Dans une solution qui contenait de l'acide acétique
libre, la saturation du sixième de cet acide a déterminé la précipi-
tation totale de l'albumine.
Les mêmes changements moléculaires avec augmentation du
pouvoir rotatoire sont produits par les alcalis.
En ajoutant à 75 centimètres cubes de solution de blanc d'œuf
au dixième 1 gramme de potasse caustique^ et saturant aussitôt par
l'acide acétique, j'ai obtenu, sans intervention de là chaleur, la
précipitation totale de l'albumine. Deux dosages effectués, l'Un pat
le procédé ci-dessus, l'autre en saturant exactement les alcalis libres
et portant à l'ébullition (ce qui détermine la séparation flocon-
neuse de la totalité de l'albumine), ont donné des chiffres concor-
dants.
L'albumine des urines ne m'a pas donné les mêmes résultats.
Je pense que ces phénomènes sont dus à une déshydratation pro-
duite par la combinaison plus intime de Talbumine avec |6S( acides
— 456 —
ou les alcalis^ et très-analogue à ce qui a lieu quand on porte à
rébuUition des solutions albumineuses.
Dans le cours de ces expériences, j'ai également constaté que le
charbon animal a la propriété d'absorber Falbumine en solution
dans les liquides^ qu'ils soient neutres, acides ou alcalins. G^est un
mode de séparation susceptible de rendre de grands services dans
les analyses végétales.
CORRESPONDANCE MÉDICALE
De Ia nentrAllMiiloii des effeis de la fève de Calabar par
le snlfete d*Atrepine.
Monsieur le rédacteur,
Le numéro du 30 mai de votre Bulletin de Thérapeutique ren-
ferme la traduction d'un mémoire de M. Th. Fraser, ayant pour
titre : De Vatropine comme antidote physiologique de Vaction
toxique de la fève de Calabar, Les faits expérimentaux avancés par
le savant médecin d'Edimbourg sont, à mon avis^ incontestables.
Mais il existe dans son travail une lacune que je vous demande la
permission de relever : elle est relative à Thistorique de la ques-
tion.
Dans une note intitulée : De l'emploi de la fève de Calabar dans
lé traitement du tétanos, et communiquée en 1867 à la Société de
biologie (1), après avoir relaté plusieurs observations cliniques^ j'a-
joutais^ à propos d'une expérience faite sur un cochon d'Inde :
« Une autre particularité qu'il faut noter dans cette expérience et
que nous ne devons point passer sous silence^ c'est la guériion par
Vatropine des accidents engendrés par \difève de Calabar.., Mais
cette opposition entre les phénomènes dus à la fève de Calabar et
ceux que produit l'atropine mérite d'être traitée à part. C'est ce que
nous nous proposons de faire, ayant déjà, sur ce sujet, quelques
expériences intéressantes. » Dans cette même note je citais un ar-
ticle de M. Kleinwachter bien antérieur à mes recherches, puis-
qu'il date de 1864.
(1) Ce travaU a paru dans la Gazette médicale de Paris, dans les Mémoi^
res d9 la Société de biologie et dans le Mouvement médical, avant d'être tiré
en brochure.
— 457 —
En 1868, sur la demande de M. Giraldès, j^envoyai à M. Fraser,
outre ma brochure, des renseignements sur les résultats que m'a-
Tait donnés à la Salpêtrière, dans le service de M. Delasiauve, l'ad-
ministration de la fève de Galabar contre Vépilepsie et la chorée.
Aussi, en raison de ces circonstances^ ai-je été très-étonné de voir
que M. Fraser ne faisait aucune mention, je ne dis pas de mon
opuscule^ mais des indications thérapeutiques de M. Kleinwachter.
Ce n'est pas tout. En juin i870, j'ai inséré dans la Revue pha^
tographique des hôpitaux un mémoire sur Y Antagonisme de la fève
de Calabar et de Vatropine; et, désireux de rendre justice à cha-
cun, j'ai placé en tête de ce nouveau travail une traduction de Tar-
ticle de M. Kleinwachter ayant pour suscription : Empoisonnement
de quatre hommes par Vatropine ; traitement de l'un d'eux par la
fève de Calabar, Au malade le plus affecté des quatre^ M. Klein-
wachter fit prendre sur du sucre iO gouttes d'une solution compo-
sée de 6 grains d'extrait de fève de Galabar pour 1 drachme d'eau.
Il survint bientôt un amendement remarquable^ et le malade fut ré-
tabli avant un autre chez lequel Tatropine avait déterminé des ef-
fets moins accusés. M. Kleinwachter termine par ces mots : « Je
ne crois pas qu'il faille attribuer au hasard Tamélioration qui sui-
vit l'emploi de la fève de Calabar, car elle fut trop rapide et trop
manifeste pour que Ton pût en méconnaître la cause. Cependant
il serait très-important, pour plus de certitude, de faire des expé'
riences précises et nombreuses sur la fève de Calabar comme an^
tidote de l'atropine (1). »
Cette indication, jointe à l'opposition d'action de la fève de Ca-
labar et de l'atropine sur la pupille, nous engagea aussitôt à insti-
tuer les expériences dont quelques-unes composent la deuxième
partie de notre mémoire. Cette seconde partie débute par un pas-
sage important au point de vue de notre réclamation : « Depuis
l'expérience que nous avons rappelée en commençant ce travail
(l'expérience de 1867)^ nous en avons institué d'autres en 1868.
Les résultats que ces dernières expérimentations nous ont fournis
ont été indiqués dans la Santé publique (1869^ p. 44) et résumés
dans the Lancet (1869^ vol. il, p. 233). )>
Arrive ensuite l'exposition détaillée de six expériences. Les rap-
porter ici serait inutile et fastidieux; aussi me bornerai-je à dire
quelle est la façon de procéder que j'avais adoptée. Après avoir
(i) BerL Klin. Woschschr.^ n» 38,1864.
— 458 —
administré à un cochon d'Inde une dose de fève de Cal^bfM^ recon-
nue toxique par des eipërimentations antérieures, je lui injectais
une certaine dose de sulfate d'atropine (1). L'animal^ à la suite de
ces injections successives, offrait des accidents plus ou moins graves
et guérissait. Deux ou trois jours plus tard, alors qu^il était remis,
je lui donnais la môme dose de fève de Calabar, cette fois seule;
au bout d'un temps variable, Tanimal mourait. D'où cette conclu-
sion par laquelle se termine mon mémoire « que les effets produits
par la fève de Calabar sont neutralisés par ceux de l'atropine^ et
par conséquent que, dans les empoisonnements par la belladone^ovi
pourrait avoir recours avantageusement à la fève de Calabar. »
I^s développements qui précèdent me paraissent suffisants pour
démontrer : 1° que la fève de Calabar a été employée cpntre j'em-
poisoniiemcnt par le sulfate d'atropine dès 1864 \ 2° que les pre-
mières expériences tendant à prouver Topposition des effets dç
ces deux substances ont été faites par mo\ (1867-68] ; 3° que la
publication de mes expériences a eu lieu avant celle du travail de
M. Fraser.
Je vous adresse cette réclamatiop, convaincu, Monsieur le rédac-
teur, que vous la jugerez fopdée, et je vous reo^ercie d'avance de
l'bospitalité que vous voudrez bien lui accorder.
BOURNEYIL^K.
Paris, 19 juin 1871.
BIBLIOGRAPHIE
Théorie et pratique : des dyspepsies dites esseniieUes, leur nature et kur
transformation ; par le docteur F.-J. Willième.
Nous pourrions citer un bon nombre de médecins qui, atteints
de maladies diverses, ont fait de celles-ci le thèm^ de monogra-
phies dans lesquelles les auteurs ont surtout mis en lumière le côté
subjectif de leur affection, laissant en partie dans Tombre ce qui
n'était pas senti. S'il est une maladie dans l'histoire de laquelle ce
(1) Dans la première partie de la première expérience, l'animal, da poids
de 430 grammes, a reçu 16 milligrammes d'extrait de fève de Calabar et 6 mil-
ligrammes de sulfale d'atropine, et il s'est remis des accidents toxiques qu'il a
éprouvés; dans la seconde partie, nous lui avons injecté 16 milUgranunei
d'extrait de fève de Calabar; etUa succombé assez rapidement.
-m-
danger soit à redouter» c'e%i surtout I4 dyspepsie, dont tn^te, daiif
le. Tolume dont pous çtllp^s parler brièvement^ notre très-honorabie
copfrère M. |e docteur Willième. Le distipgué médecin de Mons
se piontre, dans beaucoup de pages de son livre , trop judicieux
pour u^avoir pas compris , mesuré les iqcouvéniepts de cette sort^
d'autopsie de la sensibilité morbide; aussi I)ien^ quoi qu'il semble»
d'après une remarque de la courte préface qui précède son travail,
avoir surtout conçu le projet de ^oq intéressante monograpfiie
parce qu'il était et est encore peut-être dyspeptique^ ne parle-t-il
dau^ le cours de sa longue enquête qu'avec une excessive discrétion
de ses propres souffrances. Nous le louons sans réserve en cela,
car s'il ne s^était retenu sur cette pente, il eût couru risque de nous
faire une odyssée peu intéressante de ses laborieuses digt^stfons, au
lieu de tracer un tableau complet de la maladie, comme il Ta fait
ou tout au inoins essayé de le faire , en la poursuivant sous les
formes proléiques qu'elle affecte suivant les individus et suivant
les conditions ou elle se développe.
Autant qu'une lecture rapide nous permet d'en juger^ il y a peu
d'originalité dans ce travail, et l'auteur, modeste malgré une éru-
dition peu commune^ n'y paraît viser eu aucupe façon. L'en blâ-
merons-nous? Non certes. Nous préférons de beaucoup cette droi-
ture d'un esprit qui se sait et se classe de lui-même, aux illusions
d'un esprit infatué de soi, et qui se persuade et cherche à persua-
der aux autres qu'il voit mieux et plus loin que ceux qui Tonl;
précédé dans la même carrière, quand au fopd il ne fait que dire
autrement ce que tout |e monde pense.
Nous parlions tout à l'heure de l'érudition peu commune de notre
laborieux confrère M. Willième : cette érudition , le médecin de
Mons parait l'avoir surtout puisée à la source d'outre-Rbin et d'ou-
tre-Mauche. En s'appuyant sur cette érudition, pous craignons que
Tauteur n'ait un peu oublié que, bien que les piéthodes auxquelles
recouraient les médecins dont il suit trop exclusivement les leçons
n'aient pas, quoi qu'on en dise, perdu toute leur autorité^ des mé-
thodes plus sévères se sont au moins ajoutées à celles-ci dans la
culture des sciences naturelles, et qu'il faut demander aux unes
comme aux autres les solutions des problèmes qu'on poursujt. Quoi
qu'il en soit à cet égard, M. Willième ne se noie pas, ne s'englou-
tit pas dans cet océan d'érudition lin peu pédantesque, il en émerge
avec vigueur; et en somme les idées doctrinales auxquelles il se
rallie dans sa manière de comprendre la dyspepsie^ comme la thé-
— 460 —
rapeutique qu^il lui oppose^ sont celles d'aujourd^hui et non celles
d'hier^ en même temps qu'elles ne prétendent en aucune façon à
être celles de demain. Si, en cilel, le médecin de Monsva jusqu'à
Chomel^ dont il répète même un peu trop docilement la leçon,
il ne va guère au delà. Tout ce que Fauteur a dépensé d'érudi-
tion bien assimilée autour de cette donnée fondamentale est pure
broderie, et il ne faut pas s'y arrêter plus qu'il ne le fait lui-même.
Nous ne croyons pas amoindrir en ceci la valeur du livre , bien
au contraire ; nous voulons seulement en bien marquer l'esprit^
aQn que les lecteurs auxquels nous nous adressons soient édifiés
à l'avance sur le profit pratique qu'ils en pourront tirer.
M. Willième s'est si bien habitué à marcher à la lumière de l'an-
cien professeur de clinique de la Faculté de Paris^ que, quand par-
fois il abandonne son guide, il court grand risque de s'égarer : pour
n'en citer qu'un exemple^ voyez ce qu'il dit sur certaines formes
de gastralgie exquise qui, disons-le en passant, ne sont souvent^
ainsi que le professe avec raison M. Lasègue, qu'une expression
de la lithiase hépatique, et dans lesquelles il estime que le médecin
ne peut rien faire de plus que subordonner à cette hyperesthésie la
quantité et la qualité de TaUmentation, c'est-à-dire quelques cuil-
lerées de lait coupé, et vous vous convaincrez bien vite que si ce
médecin est souvent un bon guide à suivre, il faut aussi l'aban-
donner quelquefois pour suivre une voie différente. Ce qu'il faut
faire ici, ce n'est plus écouter cette sensibilité excessive, c'est s'en
rendre maître en chloroformisant l'estomac ou en l'endormant,
pour le forcer à laisser passer l'aliment. Hors de cette voie, si l'on
y persiste un peu, on n'a qu'un résultat à attendre, la mort par
inanition. Tout le monde sait cela, M. Willième comme tout le
monde; c'est donc de sa part une pure distraction, que nous avons
relevée, comme on supprime dans un errata un mot parasite qui
détone en une phrase correcte.
CLINIQUE DE LA VILLE
D£Uft CAS D'àSPHTXIB traités par les mHALATIONS d'oXYGIERE. —
Ces observations ont été communiquées par M. le docteur Créquy
à la Société de thérapeutique (1). Quoique déjà anciennes, nous
(1) Extrait des BuUetins et Mémoires de cette Société.
— 461 —
croyons bien faire de les rapporter ici ; elles confirmeront les résul-
tats que nous avons déjà signalés dans des circonstances sembla--
bles^ et montreront à nouveau les services qu'on peut attendre des
moyens qu^elles préconisent.
Appelé le 4 janvier, dit M. Gréquy^ près d^une femme asphyxiée
par les vapeurs du charbon et dans un état d'insensibilité complète^
nous eûmes l'idée de recourir aux inhalations d^oxygène* Les ré-
sultats obtenus nous ont engagé à vous faire connaître cette obser-
vation.
La dame X'*'**, âgée de cinquante-cinq ans, demeurant à la Cha*
pelle, après avoir soigneusement calfeutré sa chambre, s'était
étendue sur son lit à côté de deux réchauds remplis de charbon^ qui
amenèrent un état d'asphyxie voisin de la mort.
A notre arrivée^ Tintelligence et la parole sont abolies, il en est
de même de la motilité; les membres soulevés retombent comme
des masses inertes.
La peau reste insensible aux pincements des doigts et aux pi*
qûres aépingles. Les paupières sont fermées, les pupilles largement
dilatées^ presque insensibles à la lumière ; les mâchoires^ fortement
serrées, se laissent difficilement écarter. Le pouls bat environ
iOO pulsations. La respiration est un peu fréquente^ mais Taus-
cultation et la percussion ne révèlent rien d'anormal.
Traitbbiert. Frictions sèches sur la peau et sinapismes sur les
membres ; je fais en outre cingler vigoureusement la poitrine toutes
les demi-heures avec des serviettes trempées dans Teau froide; ce
dernier moyen excite un peu la malade et lui fait pousser quelques
grognements, mais bientôt elle retombe dans le même état.
5 janvier. Le coma persiste, Tinteiligence et la motilité restent
toujours abolies. La sensibilité est cependant un peu revenue dans
le côté droit, mais le gauche paraît avoir beaucoup moins gagné.
A onze heures je lui fais respirer 25 litres d'oxygène à Taide de
Tappareil de M. Limousin.
immédiatement après cette inhalation, la sensibilité devient plus
vive et se manifeste dans le côté gauche à Tégal du côté droit. L'in-
telligence se traduit par quelques mots mal articulés; les paupières
s'entr'ouvrent légèrement, et la malade peut expectorer quelques
crachats dont elle n'avait pas cherché à se débarrasser jusqu'alors.
De nouvelles inhalations furent faites le soir, le lendemain et le sur-
lendemain. Le 6, la sensibilité, Tintelligence et la motilité étaient
à peu près revenues à leur état normal; mais le soir uqe fièvre
assez vive se déclara avec expectoration de quelques crachats san-
glants.
L'auscultation fit reconnaître une pneumonie à la base du côté
gauche ; celle-ci, qui nous paraît avoir été déterminée plutôt par
une fenêtre que nous avons dû tenir ouverte près de la malade que
par l'inspiration de l'oxygène, resta bornée au tiers inférieur, eut
TOME LXXX. 12® LIVR. 5Ô
— 462 —
une marche assez rapide^ entra en résolution le \^, et permit à la
malade de reprendre ses occupations quelques jours après.
Celte observation, rapprochée de celles qu'd publiées le docteur
Constantin Paul (1), témoigne de Tefficacitéde Toxygène dans Tas-
phjiie ; il fest vrai que lorsque celle-ci est déterminée par le char-
bon, bh a plutôt affaire à un empoisonnement qu'à une asphyxie
réelle.
En effet, lorsque le jeu régulier des organes a été détruit par la
privation de Tair, aussitôt que le libre accès de celui-ci est rétabli,
les fonctions reprennent rapidement leur état normal ; c'est ainsi
que nous voyons les choses se passer lorsque la trachéotomie
est pratiquée pour le croup ou pour vaincre un obstacle quelconque
sur le trajet de l'air.
Mais il n'en est pas ainsi après Tasphyxie par les vapeurs de
charbon; l'économie a subi un véritable empoisonnement qui est
quelquefois très-long à disparaître; aussi n'est- il pas très-rare de
vôW ded malades succomber deux, trois jours et même plus après
l'accident, bien qu'ils aient été soustraits à Tactioti des gaz délétères.
C'est surtout dans ces conditions qu'il est nécessaire d'exciter le
malade, de ramener la respiration et la sensibilité par tous les
moyens possibles. Si, en efi^t, on abandonne les malades à eux-
mêmes; ils tombent dans ime espèce de léthargie qiii doit les con-
duire fatalement à la mort.
Ainsi, chez notre malade, voici ce qu'il était facile d'observer:
lorsqu'on l'avait excitée soit en cinglant la poitrine avec des linges
mouillés, soit en lui faisant respirer 20 litres d'oxygène, la respira-
tion devenait plus facile, la sensibilité s'éveillait; mais i'abandon-
nait-on à elle-mêine pendant quelques heures, elle retombait dans
un sommeil comateux dont on ne pouvait la tirer que par de nou-
velles excitations.
Il n'est pas douteux pour nous que si on Tedt abandonnée à
elle-même, elle eût succombé à ce ralentissement des fonctions res-
piratoires et sensorielles.
L'oxygène, en raison de ses propriétés chimiques, doit être un
des agents les plus propres & produire cette excitation; avec la faci-
lité qu'on a de s'en procurer, il est probable que, dans peu, de nou-
Telles observations nous feront connaître la confiance qu'on doit lui
accorder.
(i; Dans le Bulklin d» Thérapeuiiquef t. LXXV, p. 97.
— 463 —
Celte ohsérvalioh était écrite lorsque MM. les internes; mes col-
lègues de la maison de santé, me prièrent de visiter ùh de leurs
amis qui venait d'être victime de Taccidenl arrivé place de la Sor-
bonne.
Ce jeune homme^ habitant la maison où avait eu lieu Texplosioii^
se trouva suffoqué par les gaz résultant de la détonation ; il put
ce|;)endant prendre une voiture et se faire transporter à la Maison
municipale de santé.
Nous le vîmes deux ou trois heures après l'accident; son état
nous parut plus grave que celui de la malade d(>nt j'ai parlé d'a-
bord; cependant l'intelligence était parfaitement intacte, ainsi que la
sensibilité^ et celle-ci à ce point qu'il ne pouvait endurer les sina-
pismes plus de dix minutes.
Mais la teinte asphyxique était très-prononcée^ le visage lé-
gèrement plombé^ les ongles bleuâtres, la respiration fréquente et
difficile ; le pouls, petit et irrégulier, battait 140 pulsations. Des râ-
les sous -crépitants, fins, abondants, remplissaient la poitrine; il
existait en outre une tendance marquée à la somnolence; ainsi,
chez notre première malade, la sensibilité et l'intelligence avaient
été complètement abolies^ alors que les fonctions respiratoires et
circulatoires avaient peu souffert ; chez le second, au contraire, la
sensibilité et l'intelligence étaient parfaitement conservées, tandis
que la circulation et la respiration avaient subi des troubles tels, que
nous conservions peu d'espoir de ramener ce jeune homme à la vie.
Dans le phénomène asphyxie^ il y & donc la spéciiicité de Tagent^
comme dans tout autre empoisonnement ou tout autre acte mor-
bide^ spécificité dont on doit tenir le plus grand cas au point de vue
du traitement.
Dans le cas particulier^ quel gaz avait produit les symptômes
graves que nous venons de signaler? Nous l'ignorions^ constatant
simplement que l'état d'asphyxie dans lequel se trouvait ce jeune
homme était tout diilérent de celui produit par l'oxyde de carbone.
Cependant une indication nous parut dominer toutes les autres :
c'était de faire disparaître cette teinte bleuâtre des téguments et ces
râles fins, conséquence d'une stase sanguine veineuse dans les pou-
mons, de rendre au cerveau les éléments de son excitabilité propre.
Dans ce but^ des ventouses scarifiées avaient déjà été appliquées
sur la poitrine ; nous prescrivîmes de faire respirer au malade,
toutes les demi-heures, !25 litres d'oxygène, de faire suivre cette
inhalation de flagellations sur tout le corps avec des compresses
— 4«4 —
d'eau froide, de faire suivre celles-ci de massages et frictions sè-
ches, de terminer par des applications de sinapismes, pour revenir
ensuite aux inhalations d'oxygène en les faisant suivre des mêmes
pratiques^ et cela dans le but d'éviter l'état de somnolence que
je considérais comme pouvant devenir fatal au malade.
Une potion alcaline fut prescrite dans le but de fluidifier le sang.
Cette médication fut suivie toute la nuit; environ 200 litres d'oxy-
gène furent aspirés.
Après chaque inhalation, le malade se trouvait mieux, respirait,
disait-il, plus librement, se sentait comme allégé, la somnolence
disparaissait, et lui-même demandait qu'on revint à Toxygène.
Le lendemain l'asphyxie avait presque disparu ; mais la bron-
chite persista, et quelques jours plus tard survint une broncho-
pneumonie qui se termina par la mort, trente-six jours après Tac-
cident.
Quoi qu^il en soit, Toxygène n'a pas moins eu ce résultat remar-
quable de faire diminuer les phénomènes asphyxiques au moment
de son inspiration, et en l'espace d'une nuit d'avoir ramené ce
jeune homme dans une situation moins grave que la veille.
Quant à la bronchite et à la broncho-pneumonie, on ne peut les
attribuer rationnellement à Toxygèue, puisque la première existait
avant son emploi, et que la seconde ne survint que quelques jours
après qu'on n'en faisait plus usage. Peut-être faut-il attribuer la
persistance de l'état inflammatoire du poumon à l'action spéciale
et très-irritante des gaz résultant de la déflagration du picrate de
potasse.
On sait, en effet, que les corps provenant de la distillation de la
houille produisent des actions très-variées sur nos tissus *, les ou-
vriers qui travaillent au goudron de houille contractent souvent des
prurigo spéciaux. Ceux qui manient le brai sont exposés à des ké-
ratites et hypopions qui peuvent détruire l'œil en quelques jours,
et qui, dans tous les cas, guérissent difficilement.
Les gaz produits par la détonation du picrate de potasse nous pa-
raissent avoir produit quelque chose d'analogue sur la muqueuse
pulmonaire de notre malade.
— i«5 —
RÉPERTOIRE MÉDICAL
REVUE DES JOURNAUX
Sur le délire de faiblesse
aa déclin des maladies ai-
guës. Noas reproduisons l'analyse
de quelques observations sur ce point
intéressant^ due à M. le docteur ll.We-
ber, qui les a publiées dans the Lancet,
I. A. L***, garçon de seize ans,
fat atteint d*une rougeole compliquée
d'une broncho-pneumonie. La fièvre
fut très-modérée. Il n'eut point de
délire pendant la période d'augmeut
et d'état de la maladie. Le huitième
jour, la broncho-pneumonie entra en
voie de résolution. Le neuvième jour,
quand la fièvre avait entièrement dis-
paru, le malade tomba dans un état
de grande anxiété ; le pouls était
faible et fréquent; la peau couverte
d'une transpiration froide abondante.
Le malade se figurait qu'on le soup-
çonnait d*avoir commis un vol et
qu'on allait le conduire en prison. Il
avait des hallucinations de la vue et
de roule. Ce délire .continua pendant
le dixième jour, mais roulant sur des
sujets différents. Gr&ce à l'adminis-
tration de l'opium et à un régime
réparateur, le malade eut un som-
meil profond. Â son réveil, la raison
était parfaite et la convalescence se
déclara. La maladie mentale avait
duré deux jours.
II. M. M^^, petite fille nerveuse,
mais d'une bonne constitution, fut
atteinte d'une forme très-légère de
rougeole. Le cinquième jour, quand
la fièvre était déjà tombée, la malade
eut subitement un délire violent : le
pouls devint faible et la face pâle
et froide. Sous Tinfluence de doses
répétées de morphine, un sommeil
Îirofond se déclara, après que le dé-
ire eut persisté pendant douze heures.
La malade fut parfaitement raisonna-
ble le sixième et une partie du sep-
tième jour, puis le délire se déclara
derechef; la température du corps
n'était pas au-dessus de la normale ;
le pouls devint de nouveau faible, et
la peau baignée de transpiration.
Quelques doses de morphine procu-
rèrent encore une fois le sommeil, et,
en s'éveillant, la malade avait con-
science de son délire antérieur; elle
guérit parfaitement.
Environ deux ans après ^ cette
même petite fille eut une scarlatine
très-grave. La fièvre fut excessive-
ment forte le troisième jour de l'é-
ruption ; elle avait considérablement
diminué le sixième jour et encore
plus le huitième, quand la malade,
après un sommeil court, devint su-
bitement maniaque. Les extrémités
étaient froides, la transpiration abon-
dante et le pouls extrêmement faible.
Quelques doses de morphine procu-
rèrent un sommeil profond, et en
s'éveillant, la malade était parfaite-
ment raisonnable ; la scarlatine se
termina d'une manière favorable.
III. M. E***, âgé de vingt-neuf
ans, eut un érysipèle de la face et
du cuir chevelu. La maladie était lé-
gère et ne présentait aucune compli-
cation. La plupart des symptômes s'é-
taient dissipés le huitième jour; mais
le neuvième, le matin de bonne heure,
le malade fut atteint d'un délire ma-
niaque, accompagné de phénomènes
de collapsus. Quelques doses de mor-
phine, du vin, des aliments procu-
rèrent, après quinze heures de durée
des symptômes, un sommeil profond.
Au réveil, la raison était parfaite.
La convalescence marchait réguliè-
rement, quand, après un intervalle
de plusieurs jours, l'érysipèle se dé-
clara de nouveau, suivi de nouvelles
conceptions délirantes, accompagnées
d'une transpiration abondante et d^nn
pouls faible et irrégulier. Ces symp-
tômes furent combattus parles mêmes
moyens, et disparurent après avoir
duré pendant quatorze heures.
IV. J.-V. B***, âgé de soixante-
quatre ans, d'une constitution déli-
cate, d^un tempérament nerveux, était
atteint d'une pneumonie du côté droit.
Le huitième ou neuvième jour, la
fièvre et la plupart des symptômes
avaient presque complètement dis-
paru, quand il fut atteint subitement
d'un violent délire maniaque, accom-
pagné d'un état de faiblesse très-
prononcé. Sous l'influence des opia-
cés, de l'alimentation et des stimulants,
on obtint un sommeil profond, suivi
d'une convalescence rapide. Le dé-
lire avait duré pendant vingt-huit
heures
Y. C. M**^, âgé de vingt-deux ans»
— 466 —
d'une constitution faible, d'un tem-
pérament trës-nerveux , fut atteint
d'une pneumonie lobulaire du côté
droit. La plupart des symptômes s'é-
taient dissipes, et le malade était au
commencement de la convalescence,
quand tout à coup se déclara un dé-
lire maniaque trës-prononcé. Le pouls
était faible, la face pâle, les extrémités
froides. Le repos, les aliments, un
usage modéré des stimulants et quel-
ques doses de morphine procurèrent
un sommeil profond ; ^iprës quoi la
convalescence marcha n;gulièrement.
L'accës maniaque avait duré vingt-
quatre heures.
VI. Un jeune homme de vingt-
quatre ans, d'un tempérament ner-
veux, épuisé par un travail au-des-
sus de ses forces, était au commen-
cement du troisième septénaire d'une
fîëvre typhoïde d'une intensité
moyenne ; la plupart des symptômes
morbides s'étaient presque complète-
ment dissipes, quand tout à coup se
déclara chez lui un violent délire
maniaque, accompagné d'un collap-
sus trës-pro^once. L'accës dura pen-
dant quinze heures et se termina par
un sommeil profond, grâce à l'admi-
nistration des stimulants et des opia-
cés. La convalescence se déclara im-
médiatement aprës.
VIL A***, âgé de vingt-huit ans,
d'un caractère impressionnable et
nerveux, éiait atteint d'une fîëvré
typhoïde peu intense. Un accès de
délire maniaque se déclara subitement
ctiez lui, à la fin du second septé-
naire ou au commencement du Iroi-
zièmë, quand déjà la plupart des
symplOmes typhoïdes étaient en voie
de décroissance. Le délire persista
pendant dix heures, et disparut grâce
a l'administration des stimulants et
des opiacés.
Il y a bien lieu, comme le fait re-
marquer M. Lunier, de faire des ré-
serves sur le caractère asthénique du
délire dans quelques-unes de ces ob-
servations; nous pensons néanmoins
qu'elles renferment un enseignement
sérieux. {Lancet et Ânn, meU.-psy-
ciu)/., janvier 1871.)
Pe la salicine daos la fièvre
tjjpholde/par le docteur Vèr'ardîui,
de Bologne. Ce glucocide a été ad-
ministré avec succès pnr Ercolani
dans certaines formes de typhus
chez les bœufs et les chevaux ; Preli
etGotli l'ont employé également avec
succès dans le typhus du porc, du che-
val et du bœuf. Ces heureux résul-
tats ont encouragé M. Verardini à es-
sayer le remède dans la fièvre ^ty-
pholde chez l'homme.
Il le donne à la dose de 4 à 6 gram-
mes par jour et il en vante lui aussi les
bons effets; il rapporte avec détails six
observations de iiëvres typhoïdes gra-
ves rapidement guéries par ce moyen;
il cite aussi trois cas appartenant au
docteur Righi, deux au docteur Man-
fredini, deux au professeur Villa et un
au docteur Brugnoli;dans tous ces faits
la salicine guérit très-facilement la
fièvre typhoïde. A l'hôpital majeur de
Bologne, mêmes brillants résultats;
sur une trentaine de cas d'iléotyphus,
on n'eut à déplorer que deux cas de
mort, grâce à ce traitement.
La salicine ne parait pas agir comme
parasilicide à la manière de la qui-
nine, en tuant les micro -organismes
(microzoaires, bactéridies) que l'on
trouve dans le sang des typhisés, car
ces microzoaires placés dans une so-
lution de salicine continuent parfai-
tement à vivre. Ce médicament parait
agir plutôt en empêchant les actes de
fermentation qu'en tuant les microzy-
mas. M. Piazza croit que la salicine
se transforme dans Torganisme en
hydrure de salicyle et en acide sali-
cylique, qui s'accouple à la glycocolle
(produit intermédiaire de répression
très-abondant) et la réduit sous une
forme chimique assez stable.'
M. Verardini accepte cette manière
de voir et n'est pas éloigné d*expli-
quer ainsi l'action anlifermenlative de
la salicine ; cependant il remarque
^ue l'acide benzoïque, Tacide cumi-
nique, l'acide cinnamic|ue éprouvent
les mêmes transformations dans l'é-
conomie que la salicine, sans cepen-
dant avoir les heureux effets de cette
substance sur la fièvre typhoïde, ainsi
qu*il s'en est convaincu plusieurs fois
au lit du malade.
Gomme complément à cette étude,
l'auteur a institué chez des lapins une
série d'expériences confirmatives des
faits précédents. On sait que le nerium
oleandrum est une plante qui produit
chez les animaux auxquels on radmi-
nistre tous les symptômes ainsi que
les lésions qui caractérisent la fièvre
typhoïde ; M. Verardini a intoxiqué
des lapins, soit avec les feuilles, soit
avec quelques grammes de l'extrait
de cette plante, et il à pu se con-
vaincre que la salicine, administrée
ensuite, conjurait les effets du toxique
— 467 —
et amenait la gnénson de Vanimal.
{Journal de Bnuçelles, nov. 1870.)
Potioii émolsionnée con-
tre les coliques sèches 9
spasiiio4i4<>c>>« d'aii{(iistle et
die coaretations intestinales.
Dans une lettre adressée' au président
de l'Académie de médecine , et re-
produite par la Revue médicale, M. le
professeur Bertulus^ de ^larseille, dé-
finit ainsi Tindication générale qui
doit servir de t)ase au traitement de
ces maladies.
Agir avec toute la vigueur possible
contre le spasme, contre le létanos
intestinal ; faire cesser par suite l'in-
terversion du mouvement périslaUi-
que et les phénomènes qui en décou-
lent (nausées, vomissements, dou-
leurs et constipation).
A l'Hôtel-Dieu de Marseille^ U. Ber-
tnlus s'est toujours bien trouvé de la
potion suivante :
Pr. : Huile fine d'olive^ 60 grarom.
Extrait de datura, 10 centig.
Laudanum liquide, 15 gouttes.
Alcool de menthe, '20 gouttes.
Sirop de laurier-
cerise, 95 gramro.
Mêlez.
On peut joindre^, si l'on veut, à
cette potion l'emploi des cataplasmes
de feuilles de belladone, ou celui de
la pommade chloroformée, i Mais ce
qu'il faut éviter avec un soin scrupu-
leux, ce sont les drastiques^ qui ne
font qq'augmenter ou entretenir le
spasme. (Journ. de méd. $1 de chir.
praL, 1871, p. 78.)
Emploi du bandaiee ina-
movible gommé, l^'autéûr /
M. Andreini, depuis plusieurs années
emploie avec avantage, comme ' appa-
reil inamovible, un bandage forih'é
d'attelles de carton reliée^ pal* d^
bandes solides, le tout imbibé du mu-
cilage gommé suivant : gomme du Se'
négul , 200 grammes; eau tiède,
100 grammes; alcool, 80 gratbmes.
Cet appareil présente de nombreux
avantages.
La gomme du Sénégal^ ou au be-
soin la gomme arabique, se trouve
dans toutes les pharmacies.
Cette solution étant très-facile à
préparer et Ji conserver, on pourra!)
s'arranger pour eu avoir constamment
de prête dans les hôpitaux.
Elle donne à l'appareil une très*
grande dureté.
Son usage est commode; il suffit
pour s'en servir de tremper dedans
les bandes ou le carton, ou mènied'eil
couvrir purement et simplement l'^l^^
pareil, soit avec la main^ soit étf^e
servant d'un pinceau.
La solidification est très-rapide ; au
besoin on peut l'activer en se servant
du feu.
L'appareil s'enlève facilement au
moyen d'un peu d'eau chaude qui lé
ramollit.
Le prix en est peu élevé, contraire-
ment a celui du'siliciate de spude, au-
jourd'hui tant recommandé. (ili^éV'itf
médicale,) • ■ - , /
VARIÉTÉ
Faculté de MéDEcmB. Hôpital des enfants. — M. le docteur Ueiiri ftoger,
professeur agrégé de la Faculté, a commencé le cours clinique des naladies
des enfants, le samedi 17 juin.
Conférences et exercices cliniques les lundis, jeudis et samedis^ à (lujt heures
et demie.
Légion D^noNHEUR. — Par arrêté du 5 juin 1871^ ont été promus ou nom-
més dans l'ordre national de la Légion d'honneur :
Au grade de commandeur : M. Walther (Charles), inspecteur adjoint du ser-
vice de santé de la marine ;
Au grade d'officier : MM- Lantoin, Girard de la Barcerie, médecins prin-
cipaux de la marine ; Boûcgarel, Cosquer, )ean, médecins de première classe
de la marine ;
Au grade de chevalier : MM. Ricard, médecin de première classe de la ma-
rine ; Grand, Molle, Gousyn, Defornel, Jacquemin, Caillière, Aube, Rit^ méde-
cins de deuxième classe de la marine.
— 468 —
N£cmoLooiE. — Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. le profes-
seur Stœber, qui occupa le premier et avec la plus grande distinction la chaire
de pathologie et thérapeutique générale à la Faculté de Strasbourg. Praticien
trës-estimé, il avait acquis un renom de science et de grande habileté en
ophthalmologie.
On a rendu, il y a peu de jours, à la Madeleine^ les derniers devoirs à M. Bar-
reswill, chimiste distingué, homme de bien et des plus généreux, qui avait
fondé la Société de protection des apprentis et des enfants employés dans les
tnanufactures.
Parmi les victimes qu'une mort prématurée a faites dans les rangs de la mé-
decine, au milieu des tristes événements qui viennent de se succéder^ nous
devons une mention à M. Fax, interne provisoire à Thôpital Beaujon, qui est
mort k peine âgé de vingt-huit ans, victime du zële avec lequel il prodiguait
toins aux malades des services de MM. Dolbeau et Dubreuil.
La Société protictrice de l*enfance informe les parents qu'ils peuvi'ut,
comme par le passé , s'adresser à elle pour la surveillance de leurs enfants
placés en nourrice en dehors de Paris, et que, chaque mois, elle leur trans-
mettra des nouvelles de leur état de santé, d'après les bulletins de ses médecins
Inspecteurs.
Les bureaux, situés rue Magnan, 5, près la place du Gh&teau-d'Eau, sont ou-
verts de dix heures à quatre heures ; les dimanches et fêtes, de dix heures
il midi.
H n'y a absolument rien à payer.
La Société prévient, en outre, qu'en raison des événements qui l'ont empo-
chée de tenir sa séance annuelle de 1870, les récompenses qu'elle a l'habi-
tude de décerner aux nourrices les plus méritantes, ainsi que le prix qu'elle
amis au concours, sont ajournés au mois de janvier prochain. Eu consé-
2uence, les propositions en faveur des nourrices devront être adressées au
iége de la Société, avant le i«' décembre, et les mémoires pour la question du
prix avant le 1«' novembre i871, terme de rigueur.
Le sujet proposé est ainsi conçu :
« Etude des causes de la mortalité excessive des enfants pendant la pre-
c mibre année de leur existence et des moyens de la restreinure. i
Les concurrents devront :
1o Envisager, sous toutes ses formes et sous ses différents aspects Pinfanti-
cide tel quMl est défini par la loi : meurtre d'un enfant nouveau-né ;
2o Rechercher et apprécier les circonstances diverses qui peuvent détermi-
ner la mort des enfants: abandon, défaut, insuffisance, mauvaises conditions
de l'alimentation naturelle ou artificielle ; froid, incurie, malpropreté, insalu-
brité des habitations, etc. ;
30 Examiner au point de vue de la répression, la question de la responsa-
bilité des parents, des nourrices, des gardeuses, etc., dans les circonstances
oh la vie et la santé des enfants peuvent se trouver compromises par leur im-
prudence, leur négligence ou leurs sévices ;
40 Indiquer les dispositions préventives qui pourraient être introduites dans
la législation actuelle, pour restreindre la mortalité générale des enfants.
Le prix sera de 500 francs à 1 000 francs, selon l'importance du mémoire
|ui l'aura mérité.
Les mémoires seront écrits en français et envoyés francs de port.
Les travaux admis au concours ne seront pas rendus à leurs auteurs. — Les
membres du conseil d'administration sont seuls exclus du concours.
Les concurrents accompagneront leur envoi d'un pli cacheté, contenant leur
nom et leur adresse avec une devise qui sera répétée en tête de leur travail.
■
PIN DU TOME QUATRE-VINGTlàMB
P&ur les mrticlês non signés : F. BRIGHETEÀU.
TABLE DES MATIÈRES
DU QUATRE-VINGTIÈME VOLUME
Une pagination double dans le courant du volume se trouvant produite
par suite d'une erreur typographique^ le lecteur devra vérifier, seulement
pour les pages 205 à 504, les chiffres correspondant dans le volume à celui
de la table.
Absinthe (Alcool et); épilepsie absin-
thique, 373.
Absorption (De 1') par la vessie^ 44.
Accidents graves (Trois cas d') et un
cas de mort causés par l'emploi de
Vhydrale de chloral, 266.
Acide phénique (Traitement par V)
de l'intoxication par le venin de vi-
père, 575.
— phosphorique étendu (Action phy-
siologique et emploi thérapeutique
den, 371.
— sulfurique (Application locale de
r) dans le traitement de la carie et
de la nécrose des os^ par M. Pol-
lock, 302.
Albumine de Vœuf (Sur quelques pro-
priétés de V), 454.
Alcaloïde de Vamanita muscaria, 361 .
Alcool et absinthe ; épilepsie absinthi-
que, 373.
Alcooliques (Du pronostic des lésions
traumaliques et des opérations chi-
rurgicales chez les), par M. Ver-
neuil, 15.
Alcoolisme (De l'influence de V) sur
la vue, 234.
Alimentation (Note sur Y) dans la
glycosurie, par M. May et, 286.
Alun (Effet abortif d'un morceau d')
dissous par mégarde dans une fasse
de café, 132.
Amanila muscaria (Alcaloïde de 1'),
361.
Ammoniaque (Empoisonnement par
l'),278.
Amputations (Suppression de la com-
pression préalable des artères prin-
cipales des membres dans les), 234.
Ankylose de la hanche ; section sous-
cutanée du col fémoral ; guérison,
177.
Antip&iodique (Du sulfate de buxine
conme)^ 328.
Antiseptique {Unnonyéi), 182.
Appréciation comparative des divers
moyens de traitement des pseudar-
throses, par Bérenger-Féraud, 393.
Arme à feu (Blessure de l'artère hu-
mérale par); guérison spontanée de
la plaie artérielle ; absence de sup-
puration de la plaie des parties
molles, 83.
Artère humérale (Blessure de 1') par
arme à feu ; guérison spontanée
de la plaie artérielle; absence de
suppuration de la plaie des parties
molles, 83.
Asphyxie (Deux cas d') traités par les
inhalations d'oxygène, 460.
Atrophie musculaire consécutive aux
congélations, 226.
Atropine (Empoisonnement par 1')
guéri par L'opium, 331.
— (De 1') comme antidote physiolo-
gique de l'action toxique de la fève
du Galabar, par M . Fraser, 333.
>— (De la neutralisation des effets de
la fève du Galabar par le sulfate
d'), 456.
Attelle de Smith (Deux cas d'emploi
de Y) dans les fractures du fémur
(épinarthécie), 274.
B
Bains chauds prolongés (Tétanos
traumalique traité parles) et la su-
dation ; guérison rapide, 275.
— électrique (De l'emploi du) dans le
tremblement mercuriel et dans le
tremblement alcoolique, par M. Gha-
pot-Duvert, 385.
Bandage inamovible gommé (Emploi
du), 467.
Belladone (Traitement de l'empoison-
nement par l'opium et par la), 230.
— (Empoisonnement par la) appliquée
à l'extérieur, 330.
BicMoracétiqUie (Acide) , nouveau
— 470 —
''caustique, par M. Y. Schmidt, 515.
Blessure de l'artëre humérale par
arme à feu ; gaérf son spontanée de
la plaie artérielle ; absence de sup-
puration de la plaie des parties
molles, 85.
Bombardement de Paris (Protestation
contre le), 45.
Bromure de potassium (Empoisonne-
ment par la strychnine ; succès du),
233.
— — (Emploi du) dans le diabète^
234.
— - 0f du chlorure de potassium (De
Taction thérapeutique duj dans
répitepsie. 229.
Bronchite (Série de formules pour le
traitement de la), par M. Delioux
de Saviguac, 252.
Brûlures (Traitement des)^ par M. Le-
gouest, 246.
Buoon (Traitement du) par les injec-
tions hypodermiques^ 375.
Buxine (Du sulfate de) comme antipé-
riodique, 328.
Camphre en poudre (Emploi du) ap-
pliqué en abondance pour la gué -
rîson de la pourriture d'hôpital,
235, 280.
Carie douloureuse des dents (Mixture
contre la), 82.
— (De l'application locale de Tacide
sulfurique dans )e traitement de la)
et de la' nécrose des os, parll. pol-
loçk, 302.
Caustique (L^acide bichloracélfque ;
nouveau), par M. V. Schmidt^ 315.
Céphalœmatome (Observation de), 90.
Çéohalée intense et rebelle de cause
douteuse ; chloral donné comme
hypnotique avec plein succës, 282.
Çnloral (Les dangers du), 429.
— (Trois cas d'accidents graves et
un cas de mort causés par l'emploi
du), 266.
— (Le) en obstétrique, 43.
— (Traitement du tétanos par le),
235,279.
— (Succbs du) comme hypnotique
contre une céphalée intense, 282.
— (Emploi du) contre la manie aiguë,
— (Eclampsie puerpérale chez une al-
buminurique, traitée et guérie par
le), 276.
— (Delirium tremens ; insuccès du) ;
bons effets délai morphine, 369.
Chlprose (Une formuje pour le trai-
tement de la), 44p.
Chlqr^re de jjotfissium (De X^^Wqia^
thérapeutique du bromure et du)
dans l'épilepsie, 229.
Chloruré de stnc (Pansement des
plaies au), 182.
Choléra (Emploi de l'eucalyptus plo-
buîns dans le traitement du), 427.
Ciguè (Bons effets de la), dans les
convulsions, 232.
Citrate de magnésie (Sur la prépa-
ration des limonades purgatives au),
par M. Duquesnel, V41>
Citron (Suc de) dans le traitement du
rhumatisme articulaire aigu, 5291
Clavicule (Extirpation de la), 45.
Coaltar pulvérulent (Note sur le) et
son emploi dans les pansements,
par M. Magnes-Lahens, 313.
Coca (iNote sur la), par M. Posada-
Arango, 562.
Col fémoral (Section sous -cutanée
du) dans un cas d'ankylose de la
hanche ; guérison, 177.
Colchique {^pWei^sie chez un goutteux
guérie par le), 230.
— (Action thérapeutique de l'extrait
alcoolique de semences de) dans le
rhumatisme articulairej, 271.
Coliques sèches spasmodiques d'an-
f^ustie et de coarctations intestina-
es (î'otionémulsionnée contre les),
467.
Co^^odto» (Note sur le), sa prépara-
tion et ses applications, parll- Gui-
chard, 411.
Complications (De quelques) peu fré-
quentes de la scarlatine et du trai-
tement qu'elles réclament, 232.
Compression (De la) du perf vague an
cou comme moyen d'arrêter le vo-
missement, 133.
Congélations (^tropbiç musculaire
consécutive aux), 2*26.
Conseil général des hospices (Compo-
sition du), 141.
Constipation de quarante jours (Cure
remarquable d'une), obtenue par
l'électrothérapie induclive , par
M. Amable Cade, 413.
Contagion de la phthisie pulmonaire,
274.
Contracture réflexe ascendante par
traumatisme articulaire, 88.'
Convulsions (Bons effets de la ciguë
dans les), 232.
Corps étranger volumineux de Tor-
bite, 15|.
Coup de feu dans V^bdpmen ; perfo-
ration de l'intestin e( de l'os ilia-
que ; guérison, par M. Bérenger-
Féraud, 320.
Courants continus (Bons effets des)
dans la paralysie saturnine, par
M. C. Chapot-DuvcrI, 27Q.
— A^^ —
Cure abortive deTérysipële au moyen
du silicate de potasse, 1 84.
— radicale (Une nouvelle opération
pour la) de loiigle incarné, '276.
Cytisine (Sur la), son extraction, par
M. A. Uusemann, 2^8.
Cytisus laburnum (Empoisonnement
parle), 252.
D
Daturine (De l'hyoscyamine et de la),
572.
Délire de faiblesse (Sur le) au déclin
des maladies aiguës, 405.
Delirium trernens ; insuccès de l'hy-
drate de chloral; bons effets de la
morphine, 509.
Dents (Mixture contre la carie dou-
loureuse des), 82.
Désinfection et conservation des épon-
ges employées au lavuj^e et au
pansement des plaies, 52'.
Diabète (Emploi du bromure de po-
tassium dans le), 254.
Diarrhée (Cas rare de) datant de vingt
ans, traitée sans succès, en Améri-
que comme en France, par tous les
moyens imaginables, suite de cause
spécitique primitivumeul incounue,
et guérie par le sulfate de quinine,
par 14 • Juies Simon, 225.
Digitale (filmploi de la) dans le deli-
rium trernens, 235.
— (Deux cas de delirium trernens
dans lesquels, après l'échec de To-
pium, la guérison a été obtenue au
moyen de la). 174.
— Epoque de la récolte des feuilles^
301.
Dilatateur utérin (Nouveau), 234.
Diurétique (Emploi de l'oignon cru
comme), 5.11.
Dyspepsies dites essentielles ^ leur na-
ture et leurs transformations, par
M. NVillième (compte rendu), 458.
E
Eau de fleurs d'oranger altérée par
du tannin, par M. Stanislas Martin,
205.
Eclampsie puerpérale chez une albu-
minurique, traitée et guérie par le
chloral,576.
Ecoulement sanguin (De 1') dans cer-
taines opérations pratiquées sur la
face et des moyens propres à en at-
ténuer les inconvénients , par
M. Verneuil, 541.
Effet abortifd'un morceau d'alun dis-
sous par mégarde dans une lasse
de café, 152.
Electricité (Observation d'iléqs guéri
pari'), 180.
Electrothéràpie inductivé (Cure re-
marquable d'une constipation de
quarante jours obtenue |>ar V)y par
M. Amàble Gade, 415.
Embryotomie (Nécessité de V) dans
certaines présentations de répaule;
deux cas suivis de succès, 366.
Emphysème insolite des deux paupiè-
res à droite, 151.
Empoisonnement par la strychnine ;
doses des préparations de noix vo-
mique susceptibles de le produire
et moyens de traitement proposés,
par M. Delioux de Savignac, 49,
145, 195.
— par le sulfate de cuivre, 155.
— par te cytisus laburnum, 232.
— par la strychnine ; succès du bro-
mure de potassium, 255.
— par l'ammoniaqxie^ 278.
— par le fruit de houx commun ,
527
— par les feuilles de Vif, 327.
— par la belladorte appliquée à Vex-
térieur, 330.
— Voir Atropine, Belladone, Opium,
Encéphale (Plaie pénétrante du crâne,
suite d'un coup de feu ; guérison,
malgré là présence de la balle dans
1), 418.
Endoscope (Des applications de 1'),
son utilité dans le traitement des
affections de certains organes, par
M.Ed Labarraque, 297.
Epilepsie (Traitement de T), par
M. Voisin, 285.
— simulée ; son diagnostic par les
caractères graphiques du pouls, 88.
— absinthique (alcool et absinthe),
575.
— chez un goutteux guérie par le
colchique, 250.
— Voir tiromure et chlorure de po-
fassium.
Eponges employées au lavage et au
pausemeni des plaies (Désinfection
et conservation des), 527.
Equitatton (Etude médicale sur 1'),
par M. Rider, 91, 150,185, 235.
Errata. Traiiemont du psoriaris,352.
Erysipèle (Cure abortive de 1') au
moyen du silicate de potasse, 184.
Eucalyptus globulùs (Emploi de V)
dans le traitement du choléra, 427.
F
Fac.'. Voir Opérations.
Falsification (Du miel rosat et dosa),
par M. J. Patel, 168.
Fébrifuges indigèties (Quelques) , 530.
— 472 —
F#r (Perchlonird de) dans le traite-
ment des fièvres muqueuses ii forme
torpide, 133.
— (Des succédanés du percMorure
de) et de ses incompatihilités, par
H. Bouilhon, 218.
— (Saccharatc de)^ par M» Duqaes-
nel, 409.
Fève du Calàbar (De Tatropine
comme antidote physiologique de
l'action toxique de la}, par M. Tho-
mas R. Fraser, 333.
— > — (De la neutralisation des efîets
de la) par le sulfate d'atropine, 456.
Fièvres muquetues à forme torpide
(Du perchlorure de fer dans le
traitement des), 133.
Flexion forcée (De la) pour arrêter
une hémorrhagie, i84.
Fractures non consolidées (Valeur du
séton dans le traitement des], 58.
— — (Des indications de la résection
dans les), par M. fiérenger-Féraud,
109, 153.
— — oupseudarthroses (Traité des),
par M. Bérenger-Féraud [compte
rendu), 220.
— — (Appréciation comparative des
divers moyens de traitement des),
par M. Bérenger-Féraud, 393.
— du fémur (Deux cas d'emploi de
l'attelle de Smith dans les), 274.
Gasiralgie (Doit-on toujours chercher
à guérir la) ? 88.
Glande lacrymale (Kyste d'un des con-
duits excréteurs de la), 134.
Glycosurie (Note sur 1 alimentation
dans la), par M. Mayet, 286.
Goudron (Du) en émulsion sucrée,
par M. Roussin, 124.
— pulvérulent (Mémoire sur le), par
M. Magnes -Lahens, 313.
Grossesse avec hymen intact, 375.
Guérison (Trois cas de) de pyémie,
— (Nouveau procédé pour la) des tu-
:. meurs hémorrholdaires, 233.
H
Hanche (Ankylose de la), section
sous-culanée du col fémoral ; gué-
rison, 177.
Haschisch (Du) daus l'hydrophobie^
Hématurie produite par l'usage in-
terne du sulfate de quinine, 424.
Hématosine (Emploi thérapeutique de
i ), lo2.
Béméralopie (Traitement de 1') par
rhuile de foie de morne et resienee
r de térébenthine, 133.
Hémoptysie de nature intermittente,
87.
— par fluxion (Efficacité de la mé-
dication vomitive dans le cas d'),
284.
Hémorrhagie (Flexion forcée pour ar-
rêter une), 184.
— utérine (Transfusion du sang dé-
fîbriné pratiquée avec succès pour
une), 283.
— (Efficacité des injections iodées
dans la cavité utérine pour arrêter
les) qui suivent la délivrance, 425.
'- (Des) dans les plaies d'armes à
feu, par M. Bœckel, 443.
HémorrhoVdatres (Nouveau procédé
pour la guérison des turoeurs),233.
Hernie étranglée (Bons effets de la
ponction de l'intestin dans la), 368.
Hotix commun (Empoisonnement par
les fruits du), 327.
Huile de foie de morue (Traitement
de l'héméralopie par V) et l'essence
de térébenthine, 133.
(De la préparation et des ca-
ractères du savon calcaire à r),par
M. de Beck, 265.
— d^ olive (Onctions avec V) dans les
maladies des enfants, 329.
Hydrate de chloral. Voir CMoral.
Hydrophobie (Du haschisch dans 1*),
372.
Hymen intact (Grossesse avec), 375.
Hyoscyamine (De 1'] et de la daturine,
372.
If (Empoisonnement mortel .par les
feuilles de V), 327.
Iléus (Observation d*) guéri par l'é-
lectricité, 180.
Incompatibilités (Des succédanés du
Êerchlorure de fer et de ses), par
[. Bouilhon, 218.
Indications (Des) de la résection dans
les fractures non consolidées, par
M. Bérenger-Féraud. 109.
Injections hypodermiques (Traitement
du bubon par les), 375.
— iodées (Efficacité des) dans la ca-
vité utérine pour arrêter les hé-
morrhagies qui suivent la déli-
vrance, 425.
Institut (Protestation de V) contre
l'arrcstalion de M. P. Thénard par
les Prussiens, 45.
Intendance (L'), la médecine et la
pharmacie militaires^ par M. Jean-
nel (comple-rendu), 416.
Intestin grêle (Elimination d*une por-
— 473 —
tion d') longae de 40 centimètres,
dans un cas d'occlusiou intestinale;
guérison, 89.
Invagination intestinale (Guérison
depuis dixansd'unej avec expulsion
de 75 centimètres ^intestin Rréle,
136.
lodure de potassium (De 1') dans le
traitement de la paralysie agitans,
loi.
K
Kyste d'un des conduits excréteurs de
la glande lacrymale^ 134.
— fongueux delà gaine des radiaux,
283.
— delà ré^on coccygienne; incision
et cautérisation ; guérison, 285.
Lésions traumaii(fues (Du pronostic
des) et des opérations chirurgica-
les chez les alcooliques, par M. Ver-
neuil, 15.
Limonades purgatives (Sur la prépa-
ration des). Voir Citrate de ma^
gnésie.
Luxation de la rottde ; réduction par
un procédé particulier, 44.
Maladies nerveuses (Métaux électri-
ques dans les), 181.
— des femmes (Le permanganate de
potasse dans quelques), 180.
— des enfants (Onctions avec Thuile
d'olive dans les), 329.
Manie aiguë (Observation de] défini-
tivement guérie par la saignée oc-
cipitale, au moyen de la térabdelle.
331.
(Emploi du chloral contre la),
231.
Maxillaire supérieur (Résection in-
trabuccale du)^ 233.
Médication arsenicale (De la) dans la
tuberculose méningitique et périto-
néale, par M. Gersoy (de Langres)^
316.
— vomitive (Efficacité de la) dans le
cas d'hémoptysie par fluxion, 284.
Métaux électriques dans les maladies
nerveuses, 181.
Miel rosat (Du) et de sa falsification,
par M. J. Patel, 168.
Morphine f Deltrttim trvmens : insuc-
cès de l'hydrate de chloral ; boni
effets de la), 369.
Mortalité pendant le siège de Paris,
145.
Nécrose des os (De Tapplication lo-
cale de l'acide sulfurique dans le
traitement de la carie et de la), par
M. G. PoUock, 302.
Nerf vague (De la compression du)
au cou comme moyen d'arrêter le
vomissement, 133.
Névralgie épUeptiforme (Du traite-
ment de la), par M. Francis £.
Ânstie,381.
Nota; vomique. Voir Strychnine^ Etfh
poisonnement.
Noyaux de cerises arrêtés à la val-
vule iléo-cœcale, 178.
0
Obstétricale (De la saignée dans la
pratique), 276.
Obstétrique (Le chloral en), 43.
Occlusion intestinale ; élimination
d'une portion d'intestin grêle de
40 centimètres ; guérison, 89.
Œufs (Nouveau moyen de conserver
les blancs d*), par M. Stanislas
Martin, 78.
Oignon cru (Emploi de V] comme .
diurétique, àSl.
Ongle incarné (Une nouvelle opéra-
tion pour la cure radicale de T),
276.
Opérations pratiquées sur la face (De
l'écoulement sanguin dans certai-
nes) et des moyens propres à en
atténuer les inconvénients , par
M. Ver neuil, 341.
— césarienne (Observation d'), sui-
vie de guérison, 426.
Opium (Traitement de Tempoisonne-
mentpar 1') et par la belladone,
230.
— (Empoisonnement par Tatropine
guéri par 1'), 331.
Orbite (Corps étranger volumineux de
1'), 131.
Oxygène pour assainir les sallei
d'hôpitaux, par M. E. Rabot, 376»
— (Deux cas d'asphyxie traités par
les inhalations d'), 460.
Papier sinapiquef 454.
Panaris tendineux du pouce droit;
suppuration de la gaine du muscle
long fléchisseur propre du pouee ;
ouverture de cette gaine ; guéri-
son, 37.
Pansement des plaies an chlorure de
zinc, 182.
— (Note sur le coaltar pulvérulent et
— 474 —
son emploi dans les)^ par M. Ma-
l^nes-Lahens, 315.
Pàràcmlèse du ftéricarde. Voir Pé-
. ricàrdite.
Paralysie agitans (De l'iodure de po-
tassium dans le traitement de la),
— saturnine (Bons effets des courants
continus dans la), 270.
Paupières (Emphysème insolite des
deux) à droite, 131.
Perchlorure de fer (Du) dans le trai-
tement des bëvres muqueuses à
forme torpide, 133.
— Voir Fer^ Incompatibilités,
Perforation de la voûte orbitaire (tu-
meur fibro-cysUque de Tœil gau-
che) ; guérison, 277.
— de IHntestin et de Vos iliaque par
coup de feu ; guérison, 3^.
Péricardite ; épanchement de séro-
i site purulente ; ponction avec Tap-
pareil du docteur Di'eulafoy ; gué-
rison^ 125.
Périoste ; de sa conservation dans la
chirurgie opératoire, 230.
Permanganate de potasse (Du) dans
quelques maladies des femmes^lSO.
Phénate de potasse, 82.
— _ — réactif de la présence de l'eau
dans l'éther^ 83.
Phosphate de chaux officinal (De la
Brésence du plomb dans le)^ par
[. H. Duquesneij 357.
Phthisie tuberculeuse (Nouveau mode
de traitement de la) au moyen de
Thuile de foie de morue saponifiée
par la chaux, par M. van den Gor-
put, 200.
— pulmonaire (Contagion de la),
274.
Piqûre de la scolopendre mordante,
. 135.
Plaies d^ armes à feu (Réflexions sur
les) observées pendant la campa-
gne de France de 1870-1871, par
M. Tillaux,211, 259.
(Des hémorrhagies dans les),
par M. BœckeJ, 443.
— pénétrantes de la poitrine et des
poumons (Du traitement des)^ 183.
du crân<i, suite d'un coup de
feu ; guérison malgré la présence
de la balle dans Tencéphale, 418.
Plomb (De la présence du] dans le
Shosphate de chaux officinal, par
1. il. Duquesnel, 357.
Ponction de l'intestin (Bons effets de
là) dans la hernie étranglée^ 368.
— du péricarde. Voir Péricardite.
Pouls (Diagnostic de Tépilepsie simu-
jée par les caractères graphiques
du), 8S.
Pourriture d*h6pital (Eîhploi du cam-
phre en poudre appliqué en abon-
dance pour la guérison de la), 235,
280.
Présentations de VépauU (Nécessité
de l'embryotomie dans certaines);
deux cas suivis de succès^, 366.
Principes thérapeutiques (Quelques) à
propos de la pathogénie des scro-
fules, par M. Dauvergne père, 241.
Pronostic (Du) des lésions traumati-
ques et des opérations chirurgicales
chez les alcooliques, par M. Ver-
neuil, 15.
Pseudarthroses (Appréciation compa-
rative des divers moyens de trai-
tement des), par M. îBérenger-Fé-
raud, 39?.
Psoriasis (Traitement du), 231.
— Errata, 332.
Purgatifs. Voir Séné.
Pyémie (Trois cas de guérison de),
179.
Quinine (Emploi de la) comme topi-
que dans les maladies des yeux,
233.
— (Effets toxiques produits bar la),
423.
— (Hématurie produite par le sul-
fate de), 424.
R
Recherches chimiques et physiologie
ques sur la nature des principes
purgatifs du séné de la Palte, par
ftlM. Bouchut et Bourgeois, 5.
Remèdes spécifiques (Sur les) du té-
tanos, 425.
Résections dans les fractures non con-
solidées. Voir Fractures, Indica^
tions,
— sous'périostées, 231.
— intrabuccale du maxillaire supé-
rieur, 253.
Rétroceps (Un insuccès du) ; ses cau-
ses ; réOexions. par M. E.Devaux,
Revaccination, Voir Variole,
Rhubarbes (Recherches historiques
sur les), par M. Stanislas Martin,
34.
Rhumatisme articulaire (Action thé-
rapeutique de l'extrait alcoolique
de semences de colchique dans le).
271. "
(Le jus de citron dans le trai-
tement du), 329.
Rotule (Luxation de la) ; réduction
car un procédé particulier, 44.
— 475 —
$àcàuira(e àefer (Ud), jiar M. tt.
piiquêsinel^ 409.
Saft-an (Falsification db); 360.
Saignée (De la) dans la pratique ob -
àt^trlcale , 276. ...
— occipitale (Observatioti de aàme
aiguë définilivemeut guérie par la)
au moyeti dé la térabdelle, §31.
Salicine (De la) dans la fièvre ty-
phoïde, 4ë6.
Sang défibriné (Sur la transfusion
du), 426.
Savon calcaire à Vhuile de foie de
morue (De la préparation et des
caractères du), par M. 0. de Becli,
Î65.
Scarlatine (De quelques cbiilt)licà-
tions peu fréquentes de la) et du
traitemeut qu'elles réclament, 232.
Scolopendre (Piqûre de la), 135.
Scrofules (Quelques principes théra-
peutiques à propos de ia pathogé-
uie des), par M. Dauvergne père,
241
Séné de la Palte (Recherches chimi-
ques et physiologiques sur la nature
des principes purgatifs du) , par
MM. Bouchut et Bourgeois, 5.
Séton (De la valeur thérapeutique
du) dans le traitement des fractu-
res non consolidées, par M. Bé-
renger-Féraud, 58.
Silicate de potasse (Cure abortive de
l'érysipëleau moyen du), 184.
Strychnine (De l'empoisonnement par
la) ; doses des préparations de noix
vomique susceptibles de le produire,
et moyens de traitement proposés,
par M. Delioux de Savignac^ 49,
145, 193.
— Voir Empoisonnement,
Sinus frontal (Abcès du), 42.
Succédanés (Des) du perchlorure de
fer et de ses incompatibilités, par
M. Bouilhon, 218.
Sucre (L'abus du), par M. Bouilhon,
263.
Sulfate de quinine (Modes d'adminis-
tration du) ; adjuvants, correctifs,
doses, par M. Delioux de Savignac,
237, 289.
— — (Hématurie produite par Tu-
sage du), 424.
— di cuivre (Empoisonnement par
le), 135.
Voir Buœine,
Sulfure de carbone (Désinfection du),
81.
Suppression (De la) de la compres-
sion préalable dea artères principa-
les des membres dans les amputa-
tions, 234.
Suppuration de la gaine dii musde
long fléchisseur propre du pouce.
Voir Panaris.
Syphilides ulcéreuses circonscrites
(Du traitement des) par, le spara-
drap de Vigo, bai* M. Constantin
Paul 9*7. . .
Syphili's (Traité historique et p/'ajliiîtie
de la), par, M.i Ë. Lancei'eàûXi
(compte rendu), lll:
s
tannin (Ëau de fleiirs ï'oriiiigdi* ai
térée pai* du), {iir M. Stanisià
Martin, ?65. . .
Taxis (Manière particulière de prati-
quer le), 130.
Térabdelle (Observation de manie ai-
guë définitivement guérie par la
saignée occipitale au moyen de la),
231.
Térébenthine (Traitement de l'hémé-
ralopie par l'huile de foie de mo-
rue et l'essence de), 133.
Tétanos (Traitement du) par le chlo-
ral, 235, 279.
— traumatique ; traitement par les
bains chauds prolongés et la suda-
tion ; guérison rapide, 275.
— (Sur les remèdes spécifiques du).
425.
Thérapeutique (Effet) de l'hémato-
sine, 152.
Traité historique et pratique de la
syphilis, par M. £. Lanceraux
(compte rendu, 171.
Traitement des syphilides ulcéreuses
( Du) circonscrites par le sparadrap
de Vigo, par M. Constantin Paul,
97.
— des plaies pénétrantes de la poi-
trine et des poumons, 183.
— delà phthisie. Voir Phthisie.
Transfusion du sang déftbriné^ pra-
tiquée avec succès pour une hémor*
rhagie utérine, 283.
(Sur la), 426.
Tremblement mercuriel (De l'emploi
du bain, électrique dans le) et dans
le tremblement alcoolique, par M. G.
Ghapot-Duvert, 385.
Tuberculose (De la médication arseni-
cale dans la) méningitique et péri-
tonéale, par M. Gersoy (de Langres),
316.
Tumew ftbrocystique de Pœil gau*
che ; perforation de la voûte orbi-
taire ; guérison, 277.
- 476 —
Utérin (Nouyeau dilatateur), 254.
V€Uiur thérapeutique du séton (De
la) dans le traitement des fractures
non consolidées, par M. Bérenger-
Féraud, 58.
Valvule iléo^œcàle (Noyaux de ceri-
ses arrêtés à la), 178.
Variole mortelle chez un enfant vac-
ciné depuis dix jours ; revaccina-
tions nombreuses avec du vaccin
' emprunté à cet enfant ; succès de
ces dernières sans transmission de
la petite-vérole. 86.
Venin de vipère (Traitement par Ta-
cide phéniqne de rintoxication par
le), 375.
Vessie (De Tabsorption par la), 44.
Vigo (Du traitement des syphilides
ulcéreuses circonscrites par le spa-
radrap de), par M. Constantin Paul.
97.
Vomissement (Compression du nerf
vague au cou comme moyen d'ar-
rêter le), 133.
Vue (De rinfluence de l'alcoolisme
sur la), 234.
VtUve (Rétrécissement cicatriciel de
la) ; débridement ; accouchement
multiple» 41.
Yeux (Emploi de la quinine comme
topique dans les maladies des), 239.
Paris. — Typographie A. Humivm, rue du Boulevard^ 7.
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